Fleur d'Ange : Oh bah tu me connais : je tape sur le drago jusqu'à ce qu'il aille bien. Ca va finir par marcher. Non ? C'est pas comme ça que ça fonctionne ?
Merci pour ton com, merci de t'accrocher

Guest : C'est bon de te revoir ^^ Harry est beaucoup plus mignon quand Drago va bien !

Merci de votre soutien 3


Potter finit par obtempérer et par s'en aller – lentement et à reculons.

Drago ferma les yeux, s'adossa au mur froid – anormalement froid, Potter avait peut-être laissé échapper un peu de sa Magie – et, même si l'exercice n'était probablement pas une bonne idée compte tenu de son état, il plongea dans les souvenirs du Détraqueur. Il resta à l'abri dans les pensées de la cantatrice jusqu'à sentir la main fraîche de Nguyen sur son front.

« Je vais bien, affirma-t-il alors à l'infirmier.

– Permettez-moi d'en douter. »

L'homme en robe verte s'empara de sa main et chercha le poul à l'intérieur de son poignet.

« Potter a suggéré qu'il était possible de me soigner et…

– Récitez-moi la liste des ingrédients du Polynectar dans l'ordre inverse de celui dans lequel ils sont utilisés. »

Drago soupira puis se plia à l'exercice.

Rien de ce qui précède un « mais » n'a d'importance. Potter avait jeté cette supposition en l'air avant de la détruire. Il n'y avait aucun espoir de guérison et ce n'était pas grave. Cette réflexion lui fit du bien.

Au bout de quelques minutes, et après un sortilège d'auscultation et une petite potion de régénération sanguine, Nguyen jugea Drago capable de se lever et de redescendre avec lui vers l'infirmerie. Arrivé sur place, Drago s'étonna de voir l'infirmier prendre la direction de son laboratoire. Cela faisait des semaines qu'il n'aidait plus à la préparation des potions, leurs recherches sur la Magipsychologie leur prenant l'essentiel de son temps disponible.

Il piétina un peu sur place jusqu'à ce que Nguyen lui tende une blouse de potionniste et un élastique pour ses cheveux.

« Il m'a ordonné de vous garder à l'œil », fit-il en guise d'explications.

Le « il » en question laissait peu de place au doute.

« J'ai du travail, gémit Drago.

– Moi de même. Et il est hors de question que je perde cet emploi par votre faute. »

Drago soupira et s'empara de la blouse d'un geste las.

« Vous pouvez trier les œufs de Megophrys nasuta .

– Formidable. Ils m'avaient manqué. »

Plus tard, on vint frapper à leur porte. Nguyen claqua la langue avant de se lever et d'aller ouvrir à Potter. Il s'adossa ensuite au mur adjacent à la sortie, et croisa les bras en toisant le Directeur d'Azkaban froncer le nez sous le déluge des odeurs des préparations ou plisser les yeux dans la pénombre.

Drago repoussa les épaisses lunettes télescopiques sur son front et regarda Potter s'avancer jusqu'à lui.

« Ça va mieux ? demanda celui-ci d'une petite voix inquiète.

– Je vais bien », répondit Drago dans une rengaine qui l'agaçait prodigieusement.

Potter se gratta nerveusement le bras puis posa sa main sur le bureau d'appoint sur lequel Drago avait été occupé à travailler. Le meuble grinça et le frais de ses œufs de grenouilles bloblota avec paresse.

Potter commença une phrase sur un ton lent, hésitant et inhabituel, mais Nguyen lui coupa la parole :

« Désolé. J'étais sûr que tu y avais pensé et que…

– Je vous prie d'éviter ce sujet de discussion dans mon laboratoire, Monsieur Potter. »

Potter ferma les yeux et pinça les lèvres, resta silencieux quelques secondes, puis reprit :

« J'allais y aller. Tu veux que je ramène quelque chose ?

– Non. »

Sa réponse claqua sur un ton un peu plus sec que Drago ne l'avait voulu.

Il aurait voulu parler de nouveau de la chambre d'Ekrizdis, mais cette conversation promettait d'agacer ou d'inquiéter Potter, et risquait par conséquent de le voir perdre le contrôle de sa Magie. À proximité des potions, la moindre perturbation était un risque, même s'il se maîtrisait.

Il leur faudrait également évoquer ce baiser et de ce qu'il aurait pu, mais ne pourrait pas, impliquer ou représenter. Le problème était le même.

« Est-ce-que… commença Potter en grattouillant le métal du bureau, visiblement mal à l'aise. Hum. J'ai besoin de savoir où on en est avant d'y aller. Elle va me poser la question, et je… Enfin… »

Mais Potter n'était pas du genre à remettre les choses à plus tard.

Drago se mordilla les lèvres en cherchant une réponse. Lui-même n'en savait trop rien. Cela faisait des jours et des jours qu'il se posait la question. La veille, il l'avait embrassé. Enfin, presque. Ça n'avait pas été un moment aussi bon qu'il l'avait imaginé, mais il avait eu envie de recommencer. Et à présent, il y avait ceci : la crainte de tomber de nouveau dans une relation d'emprise. La certitude que Potter pèserait sur son dos comme Lucius Malfoy l'avait fait avant lui.

Même s'il l'aimait.

Parce qu'il l'aimait.

« Je… reprit Potter à voix plus basse. Je… Est-ce que vous pourriez pas nous laisser, cinq minutes ? » demanda-t-il plus franchement en se retournant vers Nguyen.

L'infirmier osa grimacer devant la question et répondit d'une voix extraordinairement traînante :

« Certainement pas, non. »

Potter fit de nouveau face à Drago, désigna la sortie d'un coup de menton et joua des sourcils dans un effort pour l'apitoyer.

« Je ne sais pas, Potter…» avoua Drago. Puis, songeant qu'il avait peut-être une épingle à tirer du jeu, il demanda : « Suis-je autorisé à retourner à mon bureau ?

– Drago… » gémit Potter comme s'il était un enfant récalcitrant.

Ce dernier haussa les épaules et baissa le nez sur son travail. Il remit en place le monocle télescopique sur son œil pour reprendre là où il s'était arrêté. Ou du moins, pour essayer. Le frais tremblotait dans son récipient, la main de Potter traduisant la pulsation de sa vie, de sa Magie, de son rythme cardiaque au métal, puis au contenant.

« C'est pas une bonne idée, gémit Potter. T'es fragile. Et tu sais que… »

Drago déplaça quelques œufs avec délicatesse et déclara sans cesser son activité :

« Je vais rester ici, alors.

– Tu me promets ? Tu restes ici ? »

Le ton avec lequel le dernier mot avait été prononcé supposait que le sujet qui les avait séparés le matin était de nouveau le centre de la conversation.

« Quel est l'intérêt de ma promesse ? Tu n'as pas confiance dans tes sortilèges ?

– Si, mais je préfèrerais avoir ta parole.

– Et bien si ma parole te suffit, enlève tes sortilèges. »

Une vague traversa les œufs.

« Si tu comptes tenir ta parole, alors qu'est-ce-que ça peut foutre que quelques sortilèges protègent les lieux ? » demanda Potter d'une voix plus agacée.

Drago haussa de nouveau les épaules. C'était pour cette raison qu'il avait évité le sujet.

« Drago…

– Nous devrions finir cette conversation plus tard, Potter, suggéra Drago sans lever les yeux.

– Non. J'ai besoin de savoir maintenant. »

Il ponctua cette affirmation d'un coup léger sur le bureau. Une nouvelle vague agita les œufs qui continuèrent à frémir.

« Monsieur Potter… » intervint Nguyen sans aller plus loin.

Le silence se fit, mais Drago pouvait littéralement voir les œufs s'agiter. La Magie se concentrer, pulser.

« Drago… »

Drago soupira, puis se leva. Il ôta de son crâne le monocle, arracha l'élastique qui retenait ses cheveux en chignon au sommet de son crâne, puis attrapa la manche de Potter et le traîna derrière lui en direction de la sortie. En passant devant Nguyen il adressa à ce dernier un hochement de tête et une grimace empruntée. Il traversa le bureau de l'infirmier, passa devant la salle d'attente, sortit dans le couloir, puis claqua la porte et poussa sur la poitrine de Potter pour le plaquer contre le mur.

« Ta Magie et ton humeur abîment les ingrédients, Potter », cracha-t-il et le fusillant du regard et sans ôter ses doigts du torse sur lequel ils étaient posés.

Il avait eu le temps de distinguer deux uniformes noirs dans la salle d'attente. Les Surveillants l'avaient vu traîner Potter, avaient vu leurs mains jointes, et les rumeurs allaient de nouveau courir sur leur compte.

C'était sa faute.

« J'en ai à peu près rien à carrer de vos ingrédients et de vos potions, répliqua Potter. Le seul truc qui m'importe, c'est ta sécurité.

– Et bien enferme-moi ! cracha Drago. Si tes sortilèges et la surveillance de Nguyen ne te suffisent pas, boucle-moi pour la journée, et n'en parlons plus !

– Pourquoi tu… Pourquoi tu t'énerves ? Si t'avais pas prévu d'aller là-bas, alors…

– J'aurais pu y aller des dizaines de fois depuis que je t'ai parlé de ce carnet ! Des centaines de fois depuis ma première visite ! affirma Drago en soulignant ses propos d'un index impérieux sur sa poitrine. Je n'y suis pas retourné par respect pour toi ! Mais si toi, de ton côté, tu ne me fais pas confiance, alors ça change tout !

– Je te fais confiance ! C'est justement parce que je te fais confiance que je veux l'entendre de ta bouche !

– Rah ! »

Drago se détourna et secoua la tête, les bras croisés.

Il avait déjà promis à Potter de ne pas se rendre à nouveau seul dans la chambre et il avait respecté sa parole d'autant plus scrupuleusement qu'il n'en avait éprouvé aucun besoin ni aucune envie. Le fait que Potter lui demande de renouveler sa promesse était insultant : d'une part, parce que cela supposait que le Survivant ait oublié son premier engagement ; et d'autre part, parce que Drago ne savait pas trop si ce changement d'avis de Potter était la conséquence de leur maigre découverte concernant le carnet ou de sa tentative maladroite de baiser. Dans les deux cas, il avait la sensation d'être puni pour avoir réussi quelque chose.

« Je te fais confiance », répéta Potter et Drago remarqua qu'il frottait doucement sa poitrine, là où il avait enfoncé son doigt. « T'es sûrement la personne au monde à qui je fais le plus confiance. Par exemple, t'es le seul à qui je fais assez confiance pour gérer cette histoire de… »

Le tissu de sa robe, en se tendant, révélait une bosse inélégante et grossière sous son sternum. Le petit bocal.

Potter ferma les yeux, hocha la tête plusieurs fois, puis renversa le visage en arrière jusqu'à faire reposer son crâne sur le mur, puis il articula dans le vide quelques secondes avant de conclure :

« … Selkies. »

Malgré l'apparente insignifiance de l'exploit, Drago fut impressionné.

Potter lui adressa même un regard incertain et vaguement coupable, comme s'il s'attendait à ce que Drago le corrige et le rabroue. Ce dernier se trouva forcé de le récompenser d'un hochement affirmatif du menton, auquel Potter répondit d'un grand sourire victorieux et satisfait.

Jusqu'à ce que celui-ci se fane en constatant que le prisonnier ne se déridait pas.

Il soupira, se décolla de son mur d'un mouvement souple et se rapprocha doucement de Drago pour poser ses doigts sur ses poings crispés.

« Drago… Si j'avais su que ça te blesserait comme ça, j'aurais pas posé ces sortilèges. Je voulais…

– Si, tu l'aurais fait, coupa Drago. Tu aurais simplement été plus discret. »

Potter hésita quelques secondes avant d'admettre :

« Oui, bon, en effet. »

Drago regarda l'autre bout du couloir. Les lieux étaient déserts, mais il n'ignorait pas qu'à Azkaban, les murs avaient des oreilles. Et plus longues que dans bien des endroits.

« T'es pas obligé de rester avec Nguyen, admit Potter. Si il pense que t'es apte à bosser, et si t'y tiens, vas-y. C'est juste que tu m'as fait peur. T'as perdu beaucoup de sang. Je pensais pas que tu te remettrais si rapidement. J'oublie tout le temps à quel point t'es capable de te remettre vite quand ça a pas rapport avec… Enfin… »

Drago hocha la tête, à nouveau.

Potter caressait le dos de ses mains avec une espèce de fébrilité douce qui envoyait des frissons le long de ses bras. Un chatouillement pas tout à fait désagréable, mais difficile à supporter.

« J'enlèverai les sortilèges ce soir en rentrant », abandonna enfin Potter.

Drago se mordilla les lèvres, puis consentit à faire de nouveau face à lui.

« Je veux y retourner avec toi.

– Quoi ? » s'inquiéta Potter. Il plissa les yeux et examina son visage comme s'il espérait y découvrir un signe de plaisanterie ou de défi, mais, ne trouvant rien, il blêmit et décréta : « Non. »

Drago hésita, puis proposa :

« Qu'on en discute, alors. »

La réponse de Potter sembla lui coûter un effort quasi insurmontable et mit presque une minute à arriver :

« Okay.

– Qu'on en discute sérieusement, insista Drago

– Oui, on en parlera sérieusement, bougonna Potter, mais sur un ton beaucoup plus assuré, prouvant par là qu'il avait été sérieux lors de sa première réponse. Ce soir, si tu veux.

– Bon… »

Potter ne l'avait pas lâché des yeux, et ses doigts continuaient de rester sur lui en donnant l'impression qu'il craignait que Drago disparaisse soudainement.

« Je n'irai pas là-bas seul, souffla Drago. Je te l'avais déjà assuré, par Morgan !

– Bon Sang, merci mon Dieu. »

Potter ferma les yeux et son corps se détendit comme s'il se dégonflait d'un coup. Drago réalisa alors qu'il n'avait pas cillé pendant tout ce temps.

« Tu avais oublié ? râla-t-il malgré lui.

– Non, mais… Non, affirma Potter en le regardant de nouveau avec un sourire rassuré et des yeux doux. Non, mais j'avais besoin de l'entendre. Je suis désolé. Merci. Désolé. »

Drago soupira et fit un effort pour décroiser les bras. Il justifia son geste en attrapant son coude et en passant une main lasse sur son visage et ses cheveux pour se recoiffer. Potter laissa ses doigts glisser avec légèreté le long de son bras jusqu'à atterrir sur son coude et rejoindre, à nouveau, la peau de Drago, au niveau où ses doigts soutenaient la position.

« Et concernant ta question, reprit Drago sans trop le regarder, je… Je n'en sais rien. Ça me semble… Tout ça me semble une très mauvaise idée, mais je… Enfin, si tu… Je veux dire que… »

Les mots s'embrouillaient et Drago parlait avec plus de lenteur que jamais, mais Potter attendait patiemment.

« Je… »

Il ferma les yeux, soupira, et songea que s'il ne saisissait pas cette chance et cette main tendue, il s'en voudrait probablement toute sa vie. Potter avait tenté de le laisser tranquille, et Drago s'en été trouvé blessé. Il aimait l'affection que Potter lui portrait, et de son côté, il… Il prononça chaque mot avec peine, comme s'ils pesaient une tonne et risquaient de lui blesser la langue en sortant :

« Je ne regrette pas vraiment ce qu'il s'est passé. »

Potter lui sourit tendrement. Un sourire si doux qu'on aurait dit un velours sur l'âme. Il glissa ses doigts entre les siens, puis ramena sa main à sa bouche et embrassa les phalanges. Drago se laissa faire, un peu désemparé, un peu inquiet de ne pas savoir où risquait de l'emmener la route qu'il avait décidé d'emprunter.

« Je vais me contenter de ça. »