ça y est, après un trimestre de hiatus, Bras de Fer est de retour avec l'intro de la partie 8 ! J'espère ne plus avoir besoin de m'interrompre dans la publication jusqu'à la fin, mais en vrai, je ne vous promets rien, parce que ce n'est franchement pas simple à écrire !
La Y/con fut un succès avec des ruptures de stock pour les Secrets des Sorciers et les Closed Door, mais j'ai traversé un gros passage à vide après (je crois que j'ai un peu trop forcé et accumulé de fatigue). Heureusement, ça va mieux, j'ai pu remettre le pied à l'étrier et me remettre au boulot.
D'ailleurs, mon site lesbullesdastate. fr et la boutique d'Astate ouvrent aujourd'hui !
L'occasion de découvrir un peu ce que je fais hors de FFnet, et pour ceux que ça intéresse, de profiter des frais de port à moitié prix sur la boutique jusqu'au 14 février (ils sont même gratis pour les abonnés à la newsletter, je dis ça, je dis rien :P).
J'ai aussi réimprimé des Closed Door, puisque je m'étais fait dévaliser lors de la Y/con. Le retirage sera plus cher (45 euros, 40 pour la version censurée) parce que ça m'a demandé vraiment BEAUCOUP de travail et qu'il parait qu'il faut que je me respecte. ^^°
Côté site, je compte l'étoffer petit à petit avec une section blog (l'atelier) et la bibliothèque, toujours en construction. J'ai hâte de mettre en place tout ça et j'espère que ça vous plaira. J'ai beaucoup de mal avec la tournure que prennent les RS, alors je mets beaucoup d'espoir dans ce projet. D'ailleurs, je vous remercie de me suivre ici, sur un site qui, pour changer, n'est pas possédé par un milliardaire psychopathe ! \o/
(Désolé, je dérive, mais pour citer Kaamelot : "on en a gros !")
Bref, je m'arrête là et vous laisse avec mon intro de partie, dont je suis plutôt fière. Bonne lecture ! ^w^
Huitième partie: Les crocs d'Ouroboros
L'obscurité me dévorait de l'intérieur.
Je sentais mes entraves, les déchirures, la douleur, le trop-plein, l'absence de haut et de bas, et je compris à quel point j'étais en danger.
Je me débattis dans ce néant d'encre, cette noirceur étouffante qui me brûlait et me noyait les poumons. Je ne pouvais pas rester là. Tout m'oppressait, m'étouffait, trop de choses passaient dans mon esprit pour que je puisse le supporter. Des connaissances, des souvenirs gravés dans ma chair au fer rouge.
J'ouvris la bouche pour hurler, mais aucun son ne sortit. Je me sentais juste un peu plus englouti, noyé, sous pression.
J'étais en train de mourir.
Dans un soubresaut idiot, je levai les bras pour serrer mes tempes. Mes mains passèrent au travers de moi-même sans rencontrer de résistance, juste une vague chaleur dans le néant épais où je me trouvais.
Qu'est-ce que…?
Luttant contre des pensées parasites, des voix, des cris, des douleurs, des connaissances qui m'embrouillaient et m'empêchaient de me concentrer sur l'essentiel, je tendis la main devant moi, en vain. Je ne pouvais rien voir. Peut-être parce qu'il régnait une obscurité qui anéantissait tout. Peut-être parce que mon corps n'était pas réellement là.
Je ne savais pas où j'étais, je ne savais pas ce qui se passait…
Une seule certitude demeurait. J'étais au mauvais endroit. J'étouffais de souffrance, il fallait que j'échappe à ce non-lieu oppressant.
Je lançais de grands gestes autour de moi, conscient de moi, même si je n'avais aucune réalité. Je ne pouvais pas me toucher moi-même, mais je sentais résister le monde autour, je tentais de me mouvoir dans ce lieu sans contour ni limites.
Ce que je vivais, ressentais, ne ressemblait à rien de connu. Je me trouvais hors du monde, arraché à moi-même, baignant dans un entre-deux terrifiant, douloureux. Même le temps s'était arrêté, me laissant dans un état d'équilibre entre l'apathie et la panique la plus totale.
Je suis en train de mourir…
Je refuse. Je refuse que ça s'arrête comme ça.
Je tournai tout autour de moi mon regard irréel, cherchant quelque chose de tangible. C'était comme si ce monde avait tout aspiré — la couleur, la lumière, les sons, tout — pour devenir un magma pesant et intangible à la fois, qui continuait à remplir mes poumons inexistants.
Hors de question de me rendre sans résister…
Je tendis les mains, et crus voir quelque chose. Un éclat de lumière, vers lequel je tâchai de nager sans trop savoir comment. Ce magma ne me tuait pas, confirmant son irréalité.
C'était moins qu'un éclat, moins qu'un reflet, et pourtant, j'avais l'impression de voir briller des galaxies entières.
J'étais déjà venu ici.
Je devais revenir. Lutter encore pour atteindre la surface.
La surface de quoi? Je n'en savais rien; mais au fur et à mesure que je m'approchais de cette irisation, je sentais le poids sur ma poitrine s'alléger un peu, l'impression d'avoir les poumons remplis d'eau s'estomper.
Et, tout à coup, ma main jaillit dans le vide. Un vide froid, sec, noir. Je m'extirpai, toussant cette mort qui me noyait la gorge et me collait à la bouche. Cette sensation pâteuse, affreuse, se mouvait sous mes doigts. Cette masse noire, vivante et terrifiante, qui pourrait m'engloutir de nouveau, soutenait pourtant mon poids. Sa surface, lisse à première vue, frémissait de myriades d'ondes, comme autant de mains derrière un rideau, prêtes à s'emparer de moi.
Une image familière.
La surface sous mon corps inexistant semblait résistante, pourtant, rien ne me prouvait qu'elle ne pourrait pas m'engloutir de nouveau. Après un temps indéfinissable, je pris mon courage à deux mains et me mis debout sur ce sol instable, qui l'était tout à coup beaucoup moins. Mais la peur restait et mon cœur battait.
Enfin, l'empreinte de mon cœur, puisque mon corps, j'en étais de plus en plus convaincu, n'était pas là.
Je dois retrouver le chemin. Je dois le retrouver… Je ne me laisserai pas mourir.
Le sol ondoya sous moi comme un animal, me faisant chanceler et tomber à genoux dans ce néant sans contours. J'essayai de toucher de nouveau mon corps, mes genoux cette fois, en vain. Cette sensation de me percevoir sans pouvoir me toucher était vertigineuse, me laissant désorienté.
Il faut que je retrouve mon corps. Je dois rentrer. Je ne peux pas les laisser comme ça. Je n'ai pas le droit de faire ça.
Je levai les yeux au-dessus de moi, sentant au-dessus de moi un vide aussi infini que celui qui s'étendait sous mes pieds.
Au-dessus, le néant.
En dessous, un autre néant, d'un autre aspect.
Et moi, sur le fil.
Je perdis la notion du temps. Je me sentais exister, mais je n'avais plus d'enveloppe corporelle. Plus de faim, de soif, de fatigue. Plus de sang pulsant pour battre la mesure.
Puis, j'entrevis un reflet, un fin filet de lumière, et me mis à courir.
La distance me semblait infinie, mais j'étais soulagé comme je n'avais jamais été.
La Porte. C'est la Porte!
J'arrivai devant un mur, aussi noir que le reste, mais qui laissait filtrer par un interstice, l'autre côté d'un blanc immaculé, que j'avais déjà vu, où je devais retourner à tout prix. Au pied de la porte, dans l'autre néant, de l'autre côté de cette membrane presque intangible, son éclat semblait se diffuser malgré ses battants fermés.
Je m'arc-boutai de toutes mes forces contre eux, espérant faire bouger l'inamovible. Sans corps, je n'avais aucune force, aucun pouvoir. Je réalisai avec un sursaut d'horreur que je n'avais rien à offrir pour repasser de l'autre côté.
Puis, une main se posa sur la Porte. Une main d'un blanc éclatant, qui me fit rater un battement.
—Que fais-tu?
—Je veux rentrer. Je veux y retourner. Vérité! m'exclamai-je en tournant les yeux vers cette silhouette sans contours que je reconnaissais pourtant.
Un rictus immaculé me répondit.
—Pourquoi t'es-tu débattu à ce point? Tu ne fais que compliquer les choses…
—Je veux les retrouver! Je veux rentrer. Ma place est là-bas, de l'autre côté de cette porte!
—L'est-elle vraiment?
Ce sourire était insupportable. Il m'amenait une peur viscérale, l'intuition que quand il cesserait de parler, quelque chose d'horrible se produirait. Je ne voulais pas que cela arrive.
—JE REFUSE DE RESTER DANS CE NÉANT! hurlai-je en sentant la Porte s'ébranler.
Je perçus du coin de l'œil une expression dans ce non-visage, comme si la Vérité avait haussé un sourcil surpris.
—JE M'EN FOUS, DE LA CONNAISSANCE INFINIE, JE VEUX JUSTE QU'ON ME RENDE MA VIE!
J'avais sans doute un sourire dément vissé au visage, même si je savais qu'à cet instant, je n'existais pas… Ma volonté existait, et elle arrivait à ébranler cette porte. Je ne comptais pas m'éteindre sans me battre.
—Hé bien, quelle détermination!
Je n'avais plus de force physique, mais je poussais cette barrière de toute la puissance de mon âme. Je voulais retrouver ces sourires qui étaient ma vie et j'entendais déjà une voix chantante m'effleurer, me dire de me dépêcher de la rejoindre. Cette voix familière me mettait les larmes aux yeux, même si j'étais incapable de la nommer.
Je rentrais à la maison. Cela pouvait être difficile, peut-être même impossible, cela pourrait demander une vie d'éternité pour retrouver les personnes que j'aimais, mais je ne comptais pas cesser d'essayer.
Tu ne me poses pas de questions?
—Et toi, tu ne me demandes pas ce que j'ai à offrir? demandai-je d'une voix haletante.
—Ce n'est pas utile. Je constate par moi-même.
La porte grinça, laissant un rai de lumière m'éclabousser le visage. De l'autre côté, un blanc éblouissant ondulait comme des voilages dans le vent. Vivant. Magnifique. L'espace était trop étroit pour me laisser passer, mais si le luttai encore un peu…
—Tu n'es pas en position de passer un marché, ajouta la Vérité.
Au même instant, je sentis des doigts glacés se refermer sur ma cheville et ma cage thoracique sembla se décrocher sous le choc.
Non.
—NOOON!
Le hurlement résonna dans le vide alors que je luttais de toute mes griffes pour me maintenir sur une surface qui ne me portait plus.
—Ce n'est pas fini! Je me battrai! crachai-je à la Vérité avant que la mélasse de douleur me noie de nouveau la gorge.
—J'y compte bien, entendis-je avant de couler inexorablement.
Je fermai les yeux pour calmer la brûlure douloureuse que je sentais sous mes paupières, en vain, imprimant dans mon esprit l'image de la Porte qui m'échappait une nouvelle fois et le sourire glaçant de la Vérité qui me regardait lutter en vain.
Le néant m'écrasait, se fondant en moi, et je me sentais presque me liquéfier pour me confondre avec ces courants de douleur noire. Je serrai les dents, les poings, mais ils n'existaient plus. Alors pour ne pas sombrer complètement, je me raccrochai à ma rage, à ma détermination.
Je refuse de mourir.
