Voici l'avant-dernier chapitre !


Silence, ça tourne!

Chapitre 9

Pour la garden-party qui introniserait Thor à la tête de la société familiale, les d'Asgard n'avaient pas lésiné sur les moyens. Ils avaient loué le manoir de Lyndhurst, un magnifique bâtiment néogothique et ses jardins magnifiques, qui servaient régulièrement pour des tournages de films historiques ou simplement aux décors somptueux. Ce n'était pas la première fois que les d'Asgard faisaient appel aux propriétaires de Lyndhurst, car les photos prises pendant les événements étaient toujours incroyables, et le service en général était aux petits oignons.

La presse spécialisée était en effervescence. On attendait plus de deux cents personnes, triées sur le volet, toutes plus importantes les unes que les autres dans leurs milieux. Des capitaines d'industrie, des CEO, des entrepreneurs et entrepreneuses, des représentants et représentantes de grands groupes, des héritiers et des héritières. Le gratin de la haute société newyorkaise, et plus généralement étatsunienne, se réunissait pour s'autocongratuler et applaudir un nouvel arrivant parmi eux.

Thor n'était pas à proprement parler un nouvel arrivant. Il avait été initié, comme le voulait la coutume, dès l'âge de quatorze ans, aux mondanités. Il avait été applaudi par ses pairs lorsqu'il était entré dans la société de son père et de son grand-père, à vingt et un ans, à la tête d'une branche tertiaire. Il y avait fait ses preuves, mais aussi des erreurs, et était désormais jugé mûr pour les choses sérieuses. D'où la grande cérémonie.

Lorsque Loki avait présenté son idée à Tony, celui-ci avait d'abord été dubitatif et reluctant. Il n'apparaissait plus beaucoup en public, pour une bonne raison, avait-il argumenté.

A-t-on déjà mentionné que Loki était un garçon buté doublé d'une vraie tête de mule? Une fois encore, sa langue d'argent lui fut très utile, et après un raisonnement imparable, Tony accepta d'être son 1, comme il s'amusait à le dire.

Par ailleurs, Tony avait résumé les intentions de Loki en ces termes: accepter les convenances sociales de son milieu, à sa sauce. Autrement dit, profiter de l'obligation sociale et familiale d'assister au couronnement de son frère, tout en semant un peu de chaos sur son passage. Et la présence de Tony, à la fois immense star dans son milieu et réprouvé à cause de ses activités pornographiques, serait la fraîche cerise tentatrice sur le gâteau étouffe-chrétien.

Cela commença dès leur arrivée. Pour l'occasion, Tony avait sorti sa toute nouvelle acquisition, une FerrariF80, un véritable joyau de technologie routière. En tout cas, c'est ce que comprit Loki qui ne voyait dans la carrosserie rouge qu'un signe extérieur de richesse plus tapageur qu'un autre. Néanmoins, un tel symbole était difficile à manquer et il était plus facile d'être pris au sérieux dans une garden-party réunissant les plus grandes fortunes de la région si vous conduisiez une voiture de presque quatre millions de dollars. Une Ford Fiesta ne ferait pas l'affaire.

«Vous pouvez répéter votre nom? Je ne vous trouve pas sur la liste.»

Le jeune homme, pratiquement un adolescent, que la société organisant l'événement avait mis à l'accueil n'avait visiblement pas beaucoup d'expérience. À en croire le peu de réactions qu'il avait eu au nom de Loki, il ne savait même pas pour qui il travaillait ce jour-là.

«Loki d'Asgard, répéta-t-il assez fort. Je suis littéralement le fils de votre client.

—Ah, euh, hum, excusez-moi, bafouilla le jeune homme en rougissant. C'est sûrement une erreur de listing. Je vais en informer mon supérieur.

—Faites donc cela, répliqua Loki le plus froidement possible. Viens, chéri. Allons rejoindre les autres. Thor doit être avec ses amis dans les jardins.»

Loki prit ostensiblement la main de son compagnon pour le traîner derrière lui. L'accord entre eux était clair. Leur objectif était de mettre les autres convives mal à l'aise. Tout le monde savait que Tony réalisait des films pornographiques, et tout le monde allait se demander comment il avait rencontré Loki. Cette question devait rester en suspens. L'imagination des gens était bien plus efficace que n'importe quelle déclaration scandaleuse. Néanmoins, même s'ils n'étaient pas encore officiellement un couple, ils ne s'empêcheraient pas d'avoir des gestes tendres l'un envers l'autre, et sans doute vivaient-ils cette occasion comme une période d'essai.

Il y avait déjà beaucoup de monde, et certains marquaient un temps d'arrêt en reconnaissant Tony au bras de Loki. De nombreuses personnes vinrent les saluer, à la fois attirées par le potentiel d'affaires que représentait celui qui possédait encore cinquante-neuf pour cent de Stark Industries, à la fois pour tenter de recueillir des commérages en exclusivité. Évidemment, personne n'osa mettre les pieds dans le plat, mais dès qu'ils avaient le dos tourné, les ragots commencèrent à se propager, ce qui ravit Loki au plus haut point.

Tony n'avait pas paru en public dans ce genre de réceptions depuis près d'une décennie, mais il n'avait pas perdu la main. Il était à la fois insolent et charmeur, enjôleur sans être séducteur, irrévérencieux sans être obscène.

Et puis, soudain:

«Loki! Ah, je savais que tu viendrais. Je disais à ton frère de ne pas s'inquiéter, que tu serais là pour son grand jour. J'ai failli ne pas te reconnaître, la barbe te va bien!»

Par réflexe, le jeune homme passa une main sur son menton. Il avait oublié qu'il ne portait pas de barbe quelques mois plutôt, et qu'il s'agissait d'une exigence de son rôle.

«Mère, salua-t-il avec un vrai sourire. Je suis content de te voir.

—Ton père est avec Thor, ils révisent leurs discours. Mais viens t'asseoir avec moi, et présente-moi le jeune homme qui est à ton bras. N'allez pas croire tous les deux que je n'ai pas reconnu Tony Stark, mais mettons-y les formes.

—Mère, commença Loki soudainement un peu nerveux, je te présente mon compagnon de fraîche date, Tony Stark. Tony, voici ma mère, Frigga d'Asgard.

—Vous vous faites rare, Monsieur Stark, commenta Frigga avec un air sévère.

—Et je le regrette, affirma Tony avec un sourire éblouissant. Si j'avais su que je manquais à la compagnie d'une femme telle que vous, dont la beauté n'a d'égale que l'intelligence, je serai sorti plus vite de ma retraite.»

Frigga gloussa, et se prêta au jeu pendant quelques minutes, avant de se tourner à nouveau vers son fils.

«Je sais que la situation peut être difficile pour toi, Loki. Qu'avec ton père, vous ne vous entendez pas toujours très bien. Je suis contente que tu sois venu, vraiment contente, mais je ne peux m'empêcher de craindre des raisons qui seraient loin du soutien inconditionnel à ton frère.

—Je ne suis pas là pour faire échouer la succession, si c'est la crainte que tu n'oses formuler, répliqua Loki en levant les yeux au ciel. Et même si je criais "je m'y oppose", il n'y a aucun prêtre pour arrêter la cérémonie.

—Oh, non, pas quelque chose d'aussi extrême, sourit-elle. Mais je te connais. Un peu de grabuge n'est jamais complètement à écarter.

—Du grabuge? Comme tu y vas, mère, rit Loki de bon cœur. Je ne suis pas ici pour faire un esclandre, mais un peu de remue-ménage ne fait jamais de mal à tous ces pédants.

—Essaie de te tenir, tança-t-elle doucement. Je vous laisse, je dois encore m'occuper de modifier les plans de table. J'ai deux invités surprises à placer en urgence.

—Des malotrus, j'en suis sûr, ironisa Tony avec un sourire. Cela a été un plaisir incommensurable, chère Frigga.»

Quelques instants plus tard, un maître d'hôtel leur indiquait leur table. Les convives se regroupaient lentement pour accéder à leurs places et les serveurs et serveuses commençaient à piaffer. Loki et Tony s'assirent à la même table qu'une autre héritière, Hope VanDyne, et son conjoint, un certain Scott Lang, absolument étranger aux mondanités et issus d'un milieu modeste. Ils furent rejoints par Eleanor Bishop, veuve et CEO d'un grand groupe de sécurité, et sa fille Kate, qui, du haut de ses seize ans, n'était pas ravie d'être traînée là par sa mère. Enfin, les deux dernières personnes à prendre place furent deux proches de Tony.

«Pepper! Happy! s'exclama-t-il avant de se lever pour les embrasser.

—Tony! répondit MrsPotts avec un sourire crispé. Qu'est-ce que tu fais là?

—J'accompagne mon conjoint, Pepper chérie. Je te présente Loki d'Asgard, le frère de Thor et le fils d'Odin.

—Enchantée, répondit-elle aimablement. Pourquoi tu ne m'as pas dit que tu serais là? J'aurais briefé le service de communication.

—Surprise? tenta le réalisateur. On s'est décidés à la dernière minute. Mais venez, asseyez-vous avec nous. Je crois qu'on va nous servir le champagne avant le discours d'Odin et de Thor.»

Tout le monde prit place et en effet, le personnel commençait à circuler entre les tables, chargé de plateaux où les flûtes bullaient sagement.

«Non, merci, je ne bois pas, refusa Tony avec un sourire.»

Loki lui lança un regard surpris, mais ne commenta pas. Bientôt, on demanda le silence de l'assemblée pour l'arrivée sous les applaudissements des CEO du groupe AVA, pour Asgard, Vanheim et Alfheim, les trois sociétés à l'origine de la fortune de la famille d'Asgard.

Les discours furent assez convenus, n'annonçant rien d'autre que l'entrée de Thor à la direction du groupe, mais tous firent comme si cela était une surprise. Enfin, le parterre d'invités leva son verre à la santé de Thor et de la société, puis le repas put commencer.

Du coin de l'œil, Loki vit Frigga glisser quelques mots à Odin et Thor. Les deux hommes eurent l'air étonnés, mais si Odin ne bougea pas de son siège, Thor se releva aussitôt et s'avança vers la table de son frère.

«Loki! Je suis content que tu sois venu! J'ai eu peur qu'Amora se soit moquée de moi et m'ait donné un mauvais numéro.

—J'ai mis du temps à me décider, répondit Loki un peu fraîchement par rapport à l'exubérance de Thor.

—Mais pourquoi n'es-tu pas à notre table?

—Merci Thor, mais je ne tiens pas à passer trois heures avec père.

—Oui, je comprends, dit Thor avec sérieux. Je dois y retourner et je manque à tous les devoirs. Merci à toutes et à tous d'être venus. J'espère que ces festivités vous seront agréables.»

Frigga et les maîtres d'hôtel avaient fait du bon travail. Malgré l'arrivée surprise de Loki et Tony, la table était équilibrée et chacun y trouvait son compte. D'abord, Tony et Happy furent contents de se retrouver. Même si les deux amis se voyaient régulièrement, cette fréquence était tout de même bien faible à leur goût. Pendant que les trois femmes d'affaires parlaient business, Loki entama la discussion avec la jeune Kate Bishop. Il apprit ainsi qu'elle était déjà une athlète de haut niveau, de pentathlon moderne notamment, mais qu'elle pratiquait toutes sortes de sports. Puis elle tourna son attention vers Loki et posa la question gênante:

«Comment vous vous êtes rencontrés avec Tony Stark? Parce qu'il est de notoriété publique qu'il est difficile à approcher.»

Les conversations autour de la table ralentirent. Tout le monde voulait savoir comment Loki allait répondre à cette question. Pepper et Happy connaissaient la véritable réponse, mais les autres se doutaient que leur rencontre ne pouvait être que scandaleuse.

«Au théâtre, répondit calmement Loki. À une représentation de RichardIII.

—Oh, Shakespeare. Je n'imaginais pas que Tony Stark puisse être un admirateur de théâtre baroque.

—Au contraire, ma chère. Tony est quelqu'un de particulièrement baroque.»

Happy s'étrangla dans son verre. Pepper étouffa un rire. Il n'y eut que Kate et Scott Lang qui semblaient ne pas saisir l'insinuation de Loki. L'une parce qu'elle était trop jeune, l'autre parce qu'il était étranger à ce milieu et ses on-dit.

Pendant toute cette mascarade, Loki ne se priva pas de garder un contact physique avec Tony. Une main sur son genou, ou sur sa nuque. La réciproque était vraie aussi, et personne n'imagina une seule seconde qu'ils n'étaient pas encore véritablement ensemble.

Étonnamment, les amis de Thor vinrent saluer Loki poliment entre deux plats, les uns après les autres. Il était de notoriété publique que le jeune d'Asgard n'appréciait pas spécialement les amis de son frère, et que ceux-ci le lui rendaient bien. Loki en déduisit que Thor leur avait fait la leçon. Il aurait bien voulu les envoyer sur les roses, mais il avait promis à sa mère de bien se tenir.

En définitive, les retours de Tony et Loki dans les mondanités se passèrent bien. Certes, ils déclenchèrent une vague de rumeurs, certes, de nombreuses personnes semblèrent à la fois fascinées et scandalisées par les activités du réalisateur, et par extension de son conjoint, mais personne ne prononça une parole plus haute que l'autre et les chuchotements restèrent derrière les sourires hypocrites. Les deux hommes durent admettre que, même s'il ne s'agissait pas de leur activité favorite, ce n'était pas si terrible quand ils étaient ensemble.

L'arrivée à la villa brisa la bulle de contentement dans laquelle ils se trouvaient. Ils furent accueillis par un Edwin Jarvis catastrophé et des cris en fond sonore.

«Wade et Peter viennent d'arriver de chez May Parker, expliqua-t-il. Je n'ai pas bien compris ce qui s'était passé, mais Peter est absolument hors de lui.

—On va essayer de les calmer, merci Jarvis.

—Jemma a bien essayé, continua le majordome, sans succès.

—Bon, peut-être qu'il faudra un peu plus que quelques paroles rassurantes.»

En réalité, ni Tony ni Loki ne put placer un mot. Peter était tellement furieux que son visage était rouge et gonflé et que quelques larmes parfois roulaient sur ses joues. Il était difficile de comprendre ce qu'il reprochait à Wade, mais une chose était sûre, c'était grave. Les mots «trahison» et «tu n'avais pas le droit» volaient régulièrement, tandis que Wade se défendait à coup de «tu ne comprends pas» et «ce n'est pas ce que j'ai voulu dire». Autant dire qu'une telle défense était bien inefficace.

Les choses dégénérèrent quand Wade voulut prendre Peter par le bras, sans doute pour le calmer. Le jeune homme se dégagea avec un geste sec.

«Ne me touche pas! hurla-t-il. Tu n'as pas le droit de me toucher! Pas après ça! Tu me dégoûtes! Je ne veux plus te voir!»

Sans laisser à qui que ce soit le temps d'ajouter quelque chose, il tourna les talons et s'enfuit dans la chambre qu'il partageait normalement avec son conjoint.

Il était difficile d'oublier que Wade avait été gravement défiguré dans l'accident de voiture qui avait failli lui coûter la vie. L'homme affrontait le dégoût primaire des autres avec un humour tranchant et parfois ordurier. Il avait trouvé dans la dévotion que lui portait Peter un baume pour ses blessures et le soutien dont il avait besoin pour reconstruire son amour-propre. Entendre son conjoint dire une chose aussi grave que «tu me dégoûtes» devait être dévastateur.

«Tu veux que j'aille le voir? proposa immédiatement Tony quand la porte de la chambre claqua derrière Peter.

—Non, répondit Wade d'une voix blanche. Il va se calmer. Il va se rendre compte.

—Tu veux nous expliquer ce qui s'est passé?

—Je vais prendre un verre d'abord.»

Peter et Wade avaient passé quelques jours chez la tante du premier, May Parker, veuve depuis des années et doucement vieillissante. Elle avait élevé son neveu et Peter, qui n'avait que peu de souvenirs de ses parents, la considérait comme sa deuxième mère.

Peter et Wade vivaient pleinement l'aspect domination/soumission de leur relation sauf quand ils étaient invités chez May. Pourtant, Peter restait Peter, serviable à l'extrême, prêt à sacrifier sa santé pour le bien-être des autres, y compris et surtout sa tante.

«À un moment, cela n'était plus possible. May m'a demandé de lui dire de se calmer. En deux jours, il n'avait dormi que quelques heures, parce qu'il était trop occupé à lui rendre service, ou à s'inquiéter. Et c'est là que les choses ont dérapé. Je ne sais pas si c'est moi qui aie vraiment utilisé un ton inadéquat, ou si c'est lui qui s'est braqué pour rien. Enfin, il a simplement dit "on est chez ma tante", puis il a commencé à faire la gueule. Et moi, je n'ai pas compris tout de suite et j'ai insisté. Il était tellement furieux qu'il a écourté notre séjour et on vient d'arriver. Il a bouilli pendant tout le trajet et il a explosé en arrivant.»

Tony donna quelques tapes amicales dans le dos de Wade.

Loki laissa les deux amis discuter et s'attela à mettre la table, tout en gardant une oreille attentive à ce qui se disait. Tony essayait de remonter le moral de Wade, puis soudain, celui-ci changea de sujet.

«Alors, comme ça, tu renies tes principes? fit-il en désignant Loki du menton.

—On ne couche pas ensemble, rétorqua immédiatement celui-ci sans laisser le temps à Tony de répondre.

—Pas encore, ajouta le réalisateur avec un petit sourire.

—Vous attendez le mariage? ironisa Wade.

—C'est une idée, déclara Tony.

—Même pas en rêve, répliqua Loki.»

Cela eut le mérite de détendre l'atmosphère, mais tout le monde voyait bien que Wade n'était pas vraiment amusé, comme il aurait dû l'être. Une fois la table mise, Jarvis annonça que le repas serait servi incessamment sous peu et Tony décida d'aller frapper à la porte de Peter. Malheureusement, il revint bredouille.

«Je vais lui porter un plateau, déclara Jarvis. Il ne devrait pas se coucher le ventre vide.»

Loki se porta volontaire pour aider le vieux majordome. Peter ouvrit la porte, remercia Jarvis et Loki, puis la referma aussitôt. Néanmoins, ils purent voir que le jeune homme était aussi défait que son compagnon à l'étage inférieur.

Jemma et Leo les rejoignirent pour le dîner et pour changer les idées de tout le monde, Tony repassa en revue ce que personne ne devait oublier pour le départ du lendemain. Ils partaient pour une semaine de tournage au pied du Mont Rainier dans l'état de Washington. Les studios Arc Reactor possédaient un AirbusA318 aménagé pour accueillir l'équipe à transporter et les équipements nécessaires. Les techniciens, menés par War Machine, avaient chargé l'avion ce jour-là et l'équipe devait embarquer le lendemain matin. C'était un des rares moments dans un tournage où Peter pouvait côtoyer l'ensemble des équipes, lui qui travaillait la majeure partie du temps seul au Manoir. Mais Wade, qui n'était pas un employé des studios et qui avait d'autres contrats, ne pouvait pas les accompagner.

À la fin du repas, en désespoir de cause, Wade se présenta lui-même devant la porte de la chambre qu'il partageait avec Peter, en vain. Dépité et triste, il demanda s'il pouvait dormir au salon pour la nuit, ce que tout le monde accepta évidemment.

«Ne peut-on rien faire pour les aider? demanda doucement Loki à Tony dans le couloir des chambres.

—C'est une crise qu'ils doivent surmonter seuls, je pense, répondit Tony sur le même ton désolé. C'est la première vraie crise qu'ils traversent. Si les choses n'ont pas évolué demain matin… la semaine de coupure devrait leur faire du bien?»

En attendant que leurs amis retrouvent leurs esprits, Loki avait d'autres préoccupations, peut-être plus légères.

«J'ai passé une très bonne journée, malgré la fin un peu aride, dit-il avec un sourire. Merci d'être venu avec moi.

—Moi aussi j'ai passé une bonne journée. Finalement, ce n'était pas si horrible. J'ai même bien sympathisé avec Scott et c'était marrant de voir les coincés se tendre dès qu'on abordait des sujets en relation avec notre travail.»

D'un geste un peu timide, Loki avança la main vers celle de Tony. Ce dernier saisit l'occasion pour se rapprocher du jeune homme et le prendre dans ses bras.

«J'ai hâte que le tournage soit terminé, souffla Loki.

—Bonne nuit.»

Le lendemain matin, Loki se leva tôt. Très tôt. Il était le premier debout, et sans y penser, il entra dans le salon. Il avait oublié que Wade y dormait, mais en allumant malencontreusement la lumière, il ne réveilla pas une, mais deux personnes. Au moins, ce problème-là était réglé.

«Je n'arrive pas à croire que Loki soit venu aujourd'hui, et au bras de Tony Stark! fulminait Odin. Quel toupet!

—Je t'avais dit qu'il avait de la ressource, sourit Frigga. Assieds-toi. Tu as besoin de te reposer après la journée que nous venons de passer.

—Et dire que je me suis inquiété pour lui, inutilement!

—Odin, très cher. On ne s'inquiète jamais inutilement pour ses enfants. Mais il y a différentes façons de s'inquiéter. Tiens, prends une tasse de verveine. Je l'ai cueillie dans le jardin et fait sécher moi-même.

—Tu crois qu'il participe aux films de Stark?

—Odin, très cher. Je ferai comme si tu n'avais pas posé cette question.»