Bon sang que ça fait longtemps ! J'ai mis plusieurs minutes à me rappeler de comment on publie !

Comment allez-vous ? Ca y est, après plusieurs mois de tergiversation et de réécriture, nous revoilà !

Alors installez-vous confortablement et laissez-vous emporter dans ce dernier (looooong) tome !

Bonne lecture !


LE CYCLE DE l'ORIGINE DE TOUTES MAGIES : RETOUR AUX ORIGINES

Chapitre 1: Bienvenue en Azéroth

C'était une belle journée de printemps. L'air était chargé d'une délicate odeur de fleurs, des effluves de potions, du fumet de pains à la cannelle et de café. Profitant d'une matinée de repos, l'archimage Jaina Portvaillant parcourait tranquillement les rues de Dalaran, la cité des mages, et gratifiait d'un sourire les passants qu'elle croisait. Grande pour une humaine (elle dominait la plupart de ses semblables du haut de ses plus de 1m80), les cheveux blonds comme un champ de blé, les yeux bleus de la même teinte que l'océan, l'archimage était une célébrité dans le monde d'Azeroth. Elle était souvent encensée, parfois crainte, certains la détestaient mais toutes les créatures peuplant ce monde respectaient la kultirassienne.

Egalement connue sous le nom de "la fille du vent salé", Jaina était née plus de trois décennies plus tôt sur les terres deKul Tiras, un continent à l'ouest de celui du Royaume de L'Est. La maison Portvaillant dirigeait cette nation et son père, Daelin Portvaillant, était un homme bon et un grand amiral. Cependant, la première guerre contre la Horde l'avait profondément changé et le marin avait gardé en lui une profonde rancœur contre les orcs. Jaina, quant à elle, qui n'avait que 3 ans lorsque le conflit avait éclaté, n'avait que peu de souvenirs de cette période et avait coulé des jours paisibles à Boralus, capitale du continent.

Jeune fille brillante, d'un tempérament calme et gentil, elle était toute désignée pour succéder à son père et ainsi diriger Kul Tiras. Mais dans son enfance, elle avait révélé des dons pour la magie et fut envoyée à ses 11 ans à Dalaran, cité des mages, pour y suivre des études auprès des plus grands magiciens d'Azeroth. C'est lors de ce voyage qu'elle rencontra le Prince Arthas Menethil, apprenti paladin au funeste destin, qui deviendrait le sinistre Roi Liche. Quelques années plus tard, la réputation de la jeune femme était telle que les mages de la confrérie du Kirin Thor prédisaient qu'elle serait probablement la plus brillante magicienne que l'humanité connaitrait.

Si la vie que menait Jaina Portvaillant faisait des envieux, il y avait un revers à la médaille. Il ne se passait pas une journée sans que Jaina pense à son frère tué par les orcs lors de la deuxième guerre, à son père qu'elle avait laissé assassiner par la Horde afin de mettre fin à la guerre entre les deux factions que lui-même avait provoquée, ou qu'elle regrette de ne pas avoir tenté d'arrêter Arthas, son ancien amant, alors que ce dernier exterminait à coup de masse tous les habitants d'un village contaminé par une peste qui tuaient les personnes contaminées pour les relever en morts vivants. Elle ressentait une honte intense d'avoir laissé l'homme qu'elle aimait perdre son âme dans une quête désespérée. Jaina était rongée de remords et de culpabilité mais pour expier ses fautes, elle travaillait dur, chaque jour, à maintenir la paix entre la Horde et l'Alliance. Et elle donnait l'exemple aux habitants de la ville qu'elle avait fondée, Theramore, et dont elle était la dirigeante.

Mais Jaina avait surtout un secret qu'elle n'avait jamais révélé. Même Arthas, à l'époque où les deux jeunes gens entretenaient une relation, n'avait jamais su. Tout le monde savait que la fille de Kul Tiras était un véritable prodige en magie, qu'elle maitrisait des sorts ignorés par les plus grands mages de la confrérie du Kirin Tor. Certes, la jeune femme avait un don prodigieux, mais elle avait également un professeur particulier dont personne ne soupçonnait l'existence. D'aussi loin qu'elle s'en souvienne, lorsque Jaina s'endormait, une femme rousse, élégante, aux yeux vert émeraude, venait lui rendre visite dans ses rêves et lui enseignait la magie. Quand Jaina n'était qu'une enfant, la femme avait été douce, patiente, très pédagogue. Les leçons étaient des jeux, et la petite fille avait hâte de retrouver tante Aliénor chaque nuit.

Plus Jaina grandissait, plus Aliénor devenait exigeante, mais toujours d'une grande patience. Et les leçons enseignées s'étaient diversifiées: si la magie restait la première matière, la diplomatie, les arts du combat, les sciences, l'art, la musique étaient autant de nouvelles leçons.

- Pourquoi m'avez-vous choisie? avait fini par demander une Jaina de 16 ans en interrompant une boule de feu.

La femme rousse l'avait dévisagé avec agacement.

- Plus de 10 ans que je te donne des leçons toutes les nuits et tu ne me poses la question que maintenant? Parce que tu as un potentiel extraordinaire et qu'en des milliers d'années d'existence, je n'ai rencontré qu'une sorcière qui avait tes capacités.

- Et qui était-elle?

- Tu la rencontreras bien assez tôt, Jaina. Et c'est pour cette rencontre que je dois te préparer.

- Est-elle une ennemie? demanda la blonde avec appréhension.

- Je n'espère pas, rétorqua la rousse. L'avenir est incertain. Dans le doute, autant te préparer. Car si tu viens à la combattre, dis-toi que tu devras jeter toutes tes forces dans le combat.

Jaina s'assit avec grâce sur une chaise et leva ses yeux bleus sur son professeur.

- Aliénor, je… depuis que je vous connais, j'ai le sentiment que vous me cachez des informations. Et je me demande si cela a un lien avec… comment le dire? Avec le vide que je ressens en moi.

Aliénor agita mollement le poignet, fit apparaitre une deuxième chaise et s'installa face à son élève pour lui prendre doucement la main.

- Quel vide, Jaina? demanda doucement la rousse.

- Comme si j'étais incomplète, avoua la jeune femme. C'est une sensation, je ne sais pas comment le décrire mieux que cela.

La jeune mage inspira profondément et sentit la main de la rousse se serrer sur la sienne.

- J'ai un immense pouvoir, je le sens parcourir chaque partie de mon corps, mais… c'est comme s'il avait été amputé. Est-ce prétentieux de ma part de penser que je pourrai être plus puissante?

Aliénor eut un sourire et secoua la tête.

- Non Jaina. Comme je te l'ai dit à notre première rencontre, tu es promis à un brillant avenir et à une grande destinée. Mais pour cela, je dois te préparer. Et je t'assure que tu sauras tout en temps et en heure.

La rousse se leva et fit disparaitre sa chaise.

- Au travail, il te reste beaucoup à apprendre, jeune fille!

Jaina chassa le souvenir de son esprit. Elle prit le chemin de la boutique de l'herboriste et, après quelques achats, fit un portail magique pour regagner la cité de Theramore.


- HURLEVENT A L'HORIZON! A BABORD TOUTE!

L'appel du marin sortit Hermione de sa torpeur. Repoussant les draps rêches, elle quitta la couchette qu'elle avait occupée pendant toute la traversée de l'océan qui séparait la ville de Gadgetzan, sur le continent Kalimdor, jusqu'à la capitale humaine d'Hurlevent dans les royaumes de l'Est.

La Source attrapa sa cape de voyage pour la passer et abaissa le capuchon sur son visage. Quand elle sortit de la cabine, la belle luminosité de la matinée lui fit plisser les yeux. Elle porta son regard sur le sol et avança jusqu'à la proue du navire, respirant à plein poumon l'air marin. Le chant des mouettes qui volaient en cercle au-dessus de l'océan accompagnait le bruit du voilier qui fendait les vagues jusqu'au port. Une fois le bateau amarré, la brunette emprunta la cale en bois pour mettre pied sur le quai. Le port était animé, des marins chargeant les cales des bateaux qui s'apprêtaient à partir, des marchands vendant la pêche du jour, des militaires patrouillant entre les étals.

Hermione traversa le port et grimpa les marches menant à la place de la Cathédrale de la Lumière. Des enfants jouaient dans les rues, se courant après, tapant dans un ballon, et riaient aux éclats. Leurs parents, les surveillants du coin de l'œil, discutaient entre eux, les bras chargés de courses. Traversant un pont, elle contourna le quartier commerçant et, la chaleur se faisant sentir, décida de faire une halte à la taverne du Cochon siffleur, dans le quartier de la vieille ville. Elle repéra une table isolée à l'étage et fit signe à la tenancière qu'elle allait s'installer. Quelques instants plus tard, elle passa sa commande, un jus de baie lunaire, et écouta les discussions des aventuriers présents dans la salle. Elle capta des bribes de conversation sur l'instabilité politiques entre la Horde (composée des orcs, des trolls, des gobelins, des elfes de sang entre autres peuples) et l'Alliance (composée des humains, des nains, des worgens, des elfes de la nuit et des gnomes), sur le monde ravagé suite aux attaques du dragon Aile de Mort et de sa défaite grâce à des valeureux aventuriers. Un guerrier se vantait même d'avoir participé au raid ayant mis fin à la vie du dragon et un gnome se moquait de lui dans son dos. Sirotant sa boisson, la Source désespérait d'apprendre quelque chose d'intéressant qui l'aiderait dans son périple. Elle se leva, lâcha quelques pièces de bronze sur la table et quitta la taverne en direction du donjon de la capitale, les quartiers du roi Varian Wrynn.

Pénétrant dans le palais, elle longea un couloir, esquivant les aventuriers qui se pressaient auprès des hauts gradés afin de recevoir une nouvelle affectation pour défendre les couleurs de l'Alliance à travers le monde d'Azeroth. Elle passa devant un mage et un démoniste qui échangeaient sur la dernière monture qu'ils avaient gagné en vainquant le seigneur d'un donjon à l'autre bout du pays, et s'engouffra dans la bibliothèque. Le calme des lieux et l'odeur caractéristique du papier imprimé lui tirèrent un sourire de contentement. Qu'importe le monde qu'elle visitait, aussi étrange soit-il, elle se sentait toujours à sa place dans une bibliothèque. Elle s'approcha des rayons et parcourut consciencieusement les différents ouvrages. Elle en choisit quelques-uns et alla s'installer à une table pour les consulter à son aise.

- Deuillegivre… gnagnagna… épée du roi Liche… gnagna… Trouvée en Norfendre par Arthas… ouais, on est au courant, merci. Gnagna… Ah! L'épée a la particularité de fracturer ou d'aspirer l'âme de la personne qui a été tuée par sa lame. Mais celui qui tient l'épée tombe peu à peu dans la folie car l'arme ronge l'âme du porteur. Charmant… Bon, faut que je mette la main dessus.

Hermione parcourut rapidement le reste des ouvrages qui ne contenaient malheureusement aucune indication sur la localisation de l'épée.

- Bonjour, noble dame. Je suis Donyal Tovald, bibliothécaire. Puis-je vous aider?

La Source se retourna pour faire face à un homme au sourire affable.

- Hmm, je cherche des informations sur la localisation de Deuillegivre, répondit la brunette.

Le visage de son interlocuteur perdit toutes ses couleurs et son sourire se mua en grimace d'effroi.

- Deui…deuille… Deuillegivre? La lame maudite du Roi Liche? bafouilla le bibliothécaire.

- Celle-là même, répondit tranquillement Hermione.

- Elle a été détruite à la mort d'Arthas Menethil.

- Je sais, j'y étais. Mais que sont devenus les fragments de l'arme? insista la Source.

- Je ne sais pas, fit l'homme en fronçant les sourcils, soupçonneux. Et je vous conseille de ne pas chercher plus loin. On pourrait penser que vous poursuivez de sombres desseins, gente dame.

- Pas le genre de la maison. C'est par curiosité. Et inquiétude. Je ne voudrais pas que cette arme soit reconstruite par une personne ayant de mauvaises intentions.

L'homme aperçut une armure de plaque sous la cape de voyage et laissa glisser son regard sur les bottes en acier.

- Vous êtes un paladin? demanda-t-il.

- Effectivement.

- De quel ordre?

- Main d'argent, répliqua la Source du tac au tac.

Donyal Tovald sembla se détendre et sortit un mouchoir de sa poche pour essuyer son front.

- Je comprends mieux votre intérêt.

- Il ne faudrait pas qu'un disciple de l'assassin d'Uther, fondateur du plus prestigieux ordre de paladins, mette la main sur les fragments.

- En effet. Peut-être que Dame Jaina Portvaillant pourrait vous en dire plus. Vous la trouverez soit à Dalaran, la cité des mages, sur le continent du Norfendre ou dans la ville de Theramore, en Kalimdor. Elle fait des allers-retours entre les deux villes.

«Kalimdor? Putain, j'en viens…» soupira intérieurement Hermione.

- Le plus simple serait de vous rendre à Dalaran, madame. Vous pouvez emprunter un portail dans la tour des mages, dans le quartier du même nom.

- Merci.

La Source tourna les talons et quitta le donjon de Hurlevent, direction le quartier des mages. Il y flottait dans l'air une odeur d'herbes, de fleurs et de fumée due aux chaudrons qui cuisaient des potions. Elle grimpa la rampe en colimaçon jusqu'à l'étage des portails magiques et demanda à un maitre magicien lequel emprunter.

Elle traversa le cercle de pouvoir et se sentit aspiré dans un maelstrom avant que ses pieds foulent un sol carrelé. Elle avança, descendant quelques marches, et se trouva dans une rue calme, face à une fontaine.

Elle sortit une carte de la région de sa poche et la déplia sur un banc.

- Je ne suis pas loin de la citadelle de la Couronne de glace. Autant aller voir par moi-même avant de déranger Dame Portvaillant.

Elle trouva un vendeur et loua les services d'un griffon. Tandis que l'animal s'envolait dans l'air glacé de Norfendre, la Source se concentrait sur son objectif.

«Désolée Minerva, mais je ne peux pas te laisser faire…»


Minerva McGonagall avait fouillé plusieurs mondes à la recherche d'Hermione Granger. Aussi, quand elle apparut en plein cœur d'une ville sous-terraine, peuplée de nains, elle se demanda quel était cet étrange univers et surtout, si l'autre moitié de la Source s'y trouvait.

Elle avisa un garde qui patrouillait, lance à la main, et s'approcha de lui.

- Bonjour noble humaine, bienvenue à Forgefer!

- Bonjour, répondit Minerva. Je cherche une amie, humaine, plus petite, aux cheveux bruns bouclés. Hermione Granger. L'auriez-vous vu?

- Non m'dame. On n'voit pas beaucoup d'humains par ici. Vous devriez vous rendre dans leur capitale. Un tramway vous y conduira en un rien de temps.

- Hmm, pourriez-vous me montrer une carte de ce monde? Je ne doute pas de l'efficacité de vos transports, mais ma magie sera plus rapide.

- Oh, une mage! Bien sûr, j'aurais dû le voir à vos habits, dit-il en désignant de la main la robe de sorcière de l'humaine. Votre amie est mage aussi? Car dans ce cas, allez plutôt à Dalaran. Suivez-moi au poste des gardes, j'vais vous montrer tout ça.

Minerva acquiesça et accompagna le nain dans les nombreux méandres de la capitale naine.

«Désolée Hermione, mais je ne peux te laisser faire.»


Hermione mit pied à terre et attacha la bride de son griffon au mât d'un drapeau de l'Alliance qui avait été abandonné par les troupes du roi Wrynn. La neige craquait sous ses pas tandis qu'elle pénétrait dans la citadelle. Le silence était pesant et la Source sentait l'atmosphère angoissante qui se dégageait de ce lieu. Elle se décida à avancer, tirant son épée de son fourreau et tenant son bouclier de sa main gauche. Le hall imposant de la citadelle portait encore les stigmates des batailles qui avaient eu lieu en son sein. Des squelettes jonchaient le sol, des armes couvertes de poussières et de neige gisant à leur côté. Elle poursuivit son chemin, le bruit de ses bottes résonnant dans les couloirs déserts, son souffle créant de la buée dans l'air glacial. Elle finit par arriver au sommet de la citadelle et découvrit un trône de glace sur lequel était assis ce qui semblait être un homme dans une armure effrayante. L'homme, prisonnier dans la glace, devait être mort depuis belle lurette. Aussi, elle commença à inspecter les environs, cherchant du bout de sa botte en plaque dans l'épaisse couche de neige les fragments de l'épée du roi Liche à l'endroit où Arthas Menethil avait rendu son dernier souffle.

- Que viens-tu faire ici, humaine?

La voix ténébreuse avait retenti dans le silence, faisant frémir la Source qui se retourna vivement en direction du trône. A travers la glace, les yeux du roi Liche la dévisageaient et brillaient d'une lueur inquiétante.

- Bolvar Fordragon? fit Hermione en s'approchant prudemment.

- A la mort d'Arthas, et conscient de la nécessité qu'un Roi Liche contrôle l'armée des morts-vivants, le chevalier Bolvar Fordragon avait placé sur sa tête le heaume de domination, casque aux pouvoirs démentiels, devenant par cet acte le nouveau roi Liche.

- Qui êtes-vous? insista la voix.

- Hermione Granger.

«Nous nous sommes déjà rencontrés, dans un autre monde.» songea la Source.

- Peu importe. J'avais ordonné à ce que personne ne revienne jamais à la Citadelle.

- Vos dernières paroles après votre sacrifice sont parvenues jusqu'à moi. Mais il fallait que je revienne.

- Un sacrifice? Le mot est faible. La condition du roi Liche est un fardeau trop lourd à porter.

- Je sais ce que c'est, répondit la brunette. Désolée de troubler votre repos mais je cherche les fragments de Deuillegivre.

- Et c'est la dernière chose que vous ferez! gronda la voix de Bolvar. Personne ne mettra la main sur cette arme maudite!

Le sol se mit à trembler et un cliquetis d'os se fit entendre. Hermione tourna les talons et se mit en position de combat en voyant des dizaines de squelettes approcher d'elle. Elle recula alors que ses assaillants se faisaient de plus en plus nombreux, se pressant au sommet de la citadelle. Les têtes squelettiques aux orbites vides étaient tournées vers elle. Alors que ses pieds buttaient contre un rebord l'empêchant de tomber de la cime de la citadelle, la Source avisa à quelques pas une pente moins abrupte que les autres.

- J'ai toujours détesté les nécromanciens, soupira-t-elle avant de s'élancer.

Elle se mit à courir et, posant son large bouclier sur le flanc de la montagne, s'assit dessus et se laissa glisser. Sa luge improvisée prit de la vitesse sur la neige et la brune dévala la pente, le vent glacial giflant son visage. Une aspérité fit rebondir le bouclier, lui faisant quitter la route improvisée, et Hermione se retrouva à tomber sur plusieurs mètres en contrebas avant d'atterrir lourdement sur la neige dans un fracas métallique. Son heaume protégea sa tête mais une violente douleur dans son bras gauche résonna dans tout son être. Elle roula sur le dos, le souffle court, nauséeuse, et tenta de se relever. Ses projets furent mis en échec par la douleur qui irradiait en elle et la clouait au sol.

Le neige et la glace s'insinuèrent dans son armure et elle savait que si elle ne se levait pas, elle mourrait de froid au pied de la citadelle. Dans un sursaut de volonté, elle se retourna sur le ventre et se mit à ramper, s'aidant de son bras valide avec un objectif en tête : regagner son griffon pour retourner à Dalaran.

Une ombre apparut sur la neige devant elle et la Source leva la tête. Une créature à la peau grise, sanglée dans une armure en cuir sombre ornée de crânes, tenant un arc à la main, la dévisageait avec méfiance. Des cheveux blonds gris s'échappaient de sa capuche trouée pour laisser passer deux grandes oreilles pointues. Une elfe mort-vivant.

- Que faites-vous là? demanda la créature d'une voix aussi glaciale que la température.

- Je… j'ai besoin d'aide… souffla Hermione.

- Jamais je n'aiderai un humain ! Cracha la mort-vivant en tournant les talons. Et encore moins un paladin.

- Je ne suis pas humaine… pas complètement, lâcha la brunette. Je suis le dieu le plus ancien, la mère des univers.

Le rire froid de l'elfe glaça le sang de l'ancienne Gryffondor déjà transie de froid.

- Si vous êtes ce que vous dites, vous devriez vous en sortir sans aide, fit-elle, moqueuse, avant de s'éloigner d'un pas souple.

- Je ne peux pas utiliser mes pouvoirs… pas encore… Aidez-moi et, quand le temps sera venu, je réaliserai votre souhait le plus cher, Sylvanas Coursevent.

L'elfe fit volte-face, s'accroupit aux côtés de la femme en armure et la menaça d'un poignard.

- Que savez-vous de mes vœux, humaine? siffla l'elfe.

- Amenez-moi dans un endroit sûr et je vous raconterai mon histoire, promit Hermione.

Sylvanas se releva, hésitante sur la conduite à tenir. Mais elle finit par attraper la main presque bleue de l'humaine et la reine banshee les fit disparaitre toutes deux dans un nuage de fumée noire.


Thrall était penché sur l'humaine évanouie qu'il avait installée sur une paillasse. Le bras gauche faisant un angle étrange et l'orc souffla son exaspération.

- Qu'est-ce que tu veux que je fasse pour elle, Sylvanas? Je ne sais pas soigner, et encore moins les humains. Et puis, depuis quand tu aides les humains?

- Et toi qui me parles d'honneur à longueur de temps… susurra l'elfe. Depuis que Garrosh est devenu chef de guerre à ta place, je me suis dit que tu aurais un peu de temps à consacrer à cette chose vivante.

- Du temps ? Je répare les effets du cataclysme avec mon cercle de chamans, et je te prie de croire que ça ne se fait pas en deux jours!

L'orc se redressa et secoua la tête.

- Je vais chercher Jaina.

Sylvanas roula des yeux.

- Jaina, Jaina, tu n'as que ce nom là à la bouche, fit la reine banshee, moqueuse.

- C'est la seule personne qui lutte pour la paix dans notre monde. Elle mérite notre respect.

L'ancienne elfe haussa les épaules.

- Fais comme tu veux. Mais ne compte pas sur moi pour surveiller cette chose, dit-elle en désignant l'humaine inconsciente.

- Je n'en ai que pour quelques minutes. Tu peux bien me rendre ce service.

- Hmm… fit Sylvanas en se tapotant le menton. Tu me seras redevable, alors pourquoi pas…

Thrall poussa un soupir exaspéré avant de quitter sa hutte de son pas lourd. Seule avec l'humaine, la reine banshee examina la lourde armure de plaque. Pas de signe distinctif d'appartenance à un ordre quelconque de paladins, l'épée était ordinaire, tout comme le bouclier.

- Comment pourrais-tu réaliser mon vœu le plus cher alors que tu n'es même pas capable d'affronter quelques sbires de cet imbécile de roi Liche?

Sylvanas résista à l'envie de tirer sa dague et d'occire l'humaine. Elle était intriguée et décida d'attendre le réveil de la brunette pour en savoir plus.


Jaina faisait une sieste. Cela ne lui était pas arrivé depuis une bonne dizaine d'années. La dernière fois qu'elle avait somnolé en journée, Arthas se reposait à ses côtés. Jaina s'en souvenait très bien, car ce fut également la première fois qu'Aliénor l'avait visitée en dehors de ses songes nocturnes.

- Ce jeune homme n'est pas fait pour toi, avait attaqué la rousse, le regard flamboyant de mépris posé sur le prince.

- Aliénor, s'il vous plait, avait rétorqué doucement la jeune mage. Je profite du moment.

- Ne perds pas ton temps avec lui. Crois-moi, il n'en vaut pas la peine.

- C'est un homme respectable et charitable. Un futur paladin, chevalier de la lumière sacrée, et un futur roi.

- Le gendre idéal, s'était moqué Aliénor. Jaina, je ne t'ai jamais menti et aujourd'hui ne fera pas exception. Ne t'attache pas à lui. Il te fera souffrir et te décevra.

- Vous ne m'avez jamais menti mais vous me cachez des choses! s'était rebellé l'adolescente.

- Tu te méfies de moi? s'était offusqué l'ancienne reine.

Jaina avait baissé les yeux, honteuse.

- Non. Mais j'aime cet homme, sincèrement.

- Je sais, avait repris doucement Aliénor. Et c'est ce qui m'inquiète. Je ne veux pas que tu souffres.

- La vie est faite ainsi. De joie, de doutes, de peines…

- Mais celle-là est inutile et évitable.

- Je dois faire mes propres erreurs, et je doute qu'aimer Arthas en soit une.

- Soit, fais comme tu l'entends, avait conclu la rousse avant de disparaitre de ses songes.

Et quand Arthas avait rompu, sans raison, Jaina s'était remémoré cette conversation. Aliénor avait eu raison sur la souffrance. Et plus tard, quand il avait massacré toute la population de la ville de Stratholme pour finalement devenir le roi Liche, la déception vive et douloureuse s'était mêlée à l'horreur et au remord. Jaina aurait dû tenter de l'arrêter, elle en avait les pouvoirs mais elle avait été faible. Depuis, l'archimage s'était promis de toujours écouter son mentor.

Aussi, quand la silhouette de la rousse se dessina dans son esprit, Jaina sut que l'ancienne reine venait lui apporter une mise en garde.

- Bonjour Aliénor, fit-elle doucement.

- Jaina, c'est l'heure, fit sobrement la rousse.

L'archimage se redressa sur sa couche, interloquée.

- Ecoute-moi bien, poursuivit la rousse qui paraissait tendue. D'ici la fin de la nuit, tu vas rencontrer deux femmes aux pouvoirs démentiels. Toutes deux te raconteront une même histoire, mais chacune aura sa version. L'une te mentira, l'autre te dira la vérité.

- Et comment saurai-je celle que je devrais croire?

- Ais confiance en ton instinct.

- Le même qui m'a fait croire qu'Arthas était l'homme qu'il me fallait ?

- Tu étais aveuglée par tes sentiments. Ce ne sera pas le cas ici, assura Aliénor.

- Et une fois que j'aurai pris le parti pour une des deux femmes, que devrai-je faire ?

- Tu l'aideras dans sa mission et ton destin sera révélé.

- Et si je me suis trompée de femme ? Me sera-t-il possible de changer de choix ?

- Et bien… ne pensons pas au pire, je suis certaine que tu feras le bon. Souviens-toi seulement de tout ce que tu as appris ces dernières années et fais-toi confiance. Je crois en toi, Jaina. Quand nous nous reverrons cette nuit, tu auras pris ta décision et nous en discuterons. Bon courage, ma chère.

Jaina se réveilla subitement et s'assit dans son lit, hagarde. Des coups frappés à sa porte la forcèrent à quitter la chaleur de sa couche et, après avoir passé sa cape, alla ouvrir. Un de ses conseillers s'inclina devant elle en tendant un parchemin cacheté de la confrérie du Kirin Tor.

- Dame Portvaillant, vous êtes attendue de toute urgence à Dalaran.

- Merci beaucoup, fit Jaina en attrapant le courrier.

Elle brisa le cachet de cire et parcourut rapidement la missive. Ses yeux s'écarquillèrent à la lecture des quelques mots et elle dut s'y reprendre à deux fois pour être certaine d'avoir compris ce qu'elle lisait.

- James, je vais m'absenter plusieurs heures. Je vous laisse la charge des affaires courantes. N'hésitez pas à m'envoyer Kira en cas d'urgence.

- Bien, ma Dame.

Jaina se concentra et fit apparaitre un portail pour la cité des mages. En franchissant le portail magique, elle sentait l'excitation la gagner. Elle allait rencontrer la déesse primordiale, la mère des univers. Etait-elle une des deux femmes dont avait parlé Aliénor? Elle en était certaine. Mais qui pouvait être l'autre?


Thrall passa les portes de Theramore et se dépêcha de gagner la tour de Jaina. Quelque chose lui disait que c'était une mauvaise idée d'avoir laissé Sylvanas en tête à tête avec l'humaine. Car cette dernière risquait bien de perdre la sienne au moindre mot de travers. La reine des banshee avait son caractère.

L'orc tomba sur le conseiller de son amie et ce dernier lui appris que la dirigeante de la ville avait été convoquée en urgence au Kirin Tor.

- Serait-il possible de lui faire parvenir un message? Il y a une situation urgente qui nécessite son intervention, tenta l'orc, s'efforçant à utiliser la langue des humains.

- Quelle situation? demanda James.

- Une humaine blessée que les réprouvés m'ont envoyée. Et j'avoue ne pas savoir quoi faire.

- Je comprends. La blessure est grave?

- Aucune idée, c'est pour cela que je venais trouver Jaina.

- Je vais lui envoyer un message en espérant qu'elle pourra se libérer. Où peut-elle vous rejoindre? interrogea le conseiller.

- Dans ma hutte. Vous n'auriez pas quelque chose qui pourrait calmer la douleur? J'aimerais que mon invitée ne répande pas ses fluides dans ma demeure…


Jaina s'installa avec ses collègues du Conseil des six dans la salle des Airs et observa la femme qui leur faisait face. L'étrangère était plutôt grande, les cheveux noirs attachés en un chignon impeccable, ses yeux verts dévisageaient les archimages avec calme et ce qui semblait être une légère appréhension. Elle portait une longue robe vert émeraude dont elle chassa un pli d'un geste de la main.

- Nous sommes au complet, nous pouvons commencer, lança Rhonin, chef du Kirin Tor. Nous vous écoutons, madame.

- Minerva McGonagall, précisa l'étrangère. Je suis l'Origine de toute magie, la Source. Pour être plus précise, je porte en moi une moitié de cette essence divine. Et je suis devant vous pour requérir votre aide. Il se peut que l'autre moitié de la Source, Hermione Granger, soit dans votre monde et je sollicite votre concours pour la retrouver.

- Dans quel but ? demanda Kadgar.

- Il y a quelques décennies, dans un autre monde, Hermione et moi-même avons affronté la Force, pouvoir opposé au notre. Hermione a été blessée pendant la bataille et son âme a été contaminée par la Force.

La voix avait baissé en intensité et Jaina sentit que le chagrin de la femme était profond et sincère.

- Qu'attendez-vous de nous ? demanda la blonde.

- Que vous m'aidiez à la trouver. Hermione n'utilise pas sa magie pour que je ne puisse pas la localiser. La Force a corrompu son esprit et se sert d'elle pour mettre en œuvre ses projets.

- Quels sont-ils? s'enquit Vargoth.

- Anéantir le pouvoir de la Source et ainsi tous les mondes qui constituent sa création. Son but est le règne des ténèbres et du chaos.

Un page entra dans la salle et se dirigea vers Jaina pour lui tendre un pli portant le sceau de Théramore. L'archimage le remercia d'un signe de tête et se dépêcha de parcourir la missive. James la priait de retrouver Thrall pour soigner une humaine.

Jaina leva les yeux de la lettre pour les poser sur Minerva McGonagall. Elle le savait, cette étrangère était la première femme. Celle mentionnée dans le courrier était-elle la deuxième? Elle n'avait aucune envie de prendre congé mais quelque chose en elle la poussait à s'assurer de l'identité de l'humaine mentionnée dans la missive.

- Avez-vous des preuves de ce que vous avancez ? Excusez-moi, c'est quand même difficile à croire. Vous, une déesse ? lâcha Tisserune.

- Peu importe que vous me croyiez quant à ma condition de déesse, répondit doucement Minerva. Je veux juste retrouver ma compagne et tenter de la soigner. J'espère trouver dans votre monde un moyen de séparer la noirceur de la Force de l'âme d'Hermione.

Jaina acquiesça et se leva sous les regards ahuris de ses collègues.

- Madame McGonagall, une affaire urgente requiert mon départ. Néanmoins, mes collègues savent comment me contacter. Je vous souhaite bonne fortune dans votre quête.

Jaina quitta la salle des Airs et se hâta de prendre un portail pour la Vallée des épreuves, qui jouxtait la capitale des orcs, Orgrimmar, en Kalimdor. Elle voyait le soleil décliner à l'horizon et accéléra son pas. Quelques jeunes orcs la regardaient passer et, reconnaissant l'archimage, la saluèrent de loin. Arrivée devant la hutte de Thrall, elle frappa à la porte. Aggra, la femme de l'orc, vint lui ouvrir, leur nouveau-né dans les bras. Elle lui désigna une porte au fond de la pièce principale et Jaina se rendit dans la petite pièce. Elle fut surprise d'y trouver Sylvanas Coursevent, arborant sa mine des mauvais jours. Thrall était au chevet d'une femme brune endormie, au visage chiffonné de douleur et de mauvais songes.

- Bonsoir Jaina, heureux que tu aies pu venir.

- Pour toi, je serai toujours disponible, mon ami. Vous pouvez m'aider à ôter son armure?

Thrall et Jaina coulèrent un regard vers Sylvanas qui écarquilla les yeux.

- Vous plaisantez, j'espère.

- Sylvanas… gronda Thrall.

- J'ai déjà fait ma part. J'attends mes réponses.

- Et tant qu'elle sera dans cet état, tu ne les auras pas. Alors aide-nous ! insista l'orc.

La reine banshee le foudroya du regard mais finit par ceinturer l'humaine pour la tirer en position assise. Un gémissement franchit les lèvres de la femme inconsciente et Thrall et Jaina se dépêchèrent de retirer toutes les plaques d'armure qui s'étaient déformées dans la chute.

Jaina fit parler sa magie et afficha un air inquiet.

- Un bras de cassé, plusieurs côtes de fêlées et un problème aux poumons. De la fièvre également. Heureusement qu'elle avait une armure, sinon elle serait morte.

- Tu peux la soigner?

- Oui, cela ne prendra que quelques minutes, sourit Jaina en s'asseyant à côté de sa patiente.

L'archimage plaça ses mains au-dessus de sa patiente et activa son pouvoir. La magie pénétra le corps de l'inconnue et répara les côtes, les tissus et les organes. Elle fit un dernier contrôle puis, satisfaite, se redressa tandis que la femme brune clignait des paupières.

- Bonsoir, fit Jaina de sa voix douce.

- Je suis morte et je suis au paradis. Je ne savais pas que les anges étaient aussi beaux... murmura l'inconnue d'une voix faible.

- Merci du compliment, mais je ne suis pas un ange et vous êtes bien vivante. Comment vous sentez vous?

- Bien… répondit la femme d'une voix rauque. Et je suppose que c'est à vous que je le dois. Merci.

- Je vous en prie. Je suis l'archimage Jaina Portvaillant. Comment vous appelez vous? poursuivit la dirigeante de Theramore.

- Hermione Granger.

Jaina se raidit. La femme devant elle était celle recherchée par la déesse primordiale.

«C'est le choix dont m'a parlé Aliénor…» songea-t-elle.

Elle posa son regard sur Thrall qui la dévisageait avec curiosité. L'orc avait senti la tension qui avait subitement saisi son amie et ne comprenait pas la situation.

- Vous allez pouvoir enfin répondre à mes questions, lança Sylvanas en sortant un couteau de chasseur de sa botte. Vous avez promis d'exaucer mon souhait le plus cher si je vous aidais. J'ai rempli ma part du marché, à vous d'honorer la vôtre. Mais avant cela, que savez-vous de mes désirs?

La femme brune se leva du lit et s'étira longuement, visiblement peu impressionnée d'être menacée par une lame bien aiguisée.

- Rangez ça, Coursevent, vous risquez de vous couper, répondit Hermione avec flegme.

«Soit elle est inconsciente, soit elle sait que Sylvanas n'est pas une menace pour elle. Et pourtant, Coursevent est très puissante. Donc…»

- Vous êtes l'autre moitié de la Source… souffla Jaina.

Hermione se tourna vers l'archimage et fronça les sourcils.

- Vous avez rencontré Minerva, je suppose, fit la brunette d'une voix posée.

- Oui. Elle s'inquiète pour vous. Elle vous…

Jaina fut coupée par un éclat de rire sinistre. La brunette secoua la tête et soupira douloureusement.

- Elle s'inquiète surtout que j'empêche son projet de destruction des mondes.

- Elle dit la même chose de vous, rétorqua Jaina.

- Ouais, j'imagine. Elle a dû vous sortir le numéro de la femme inquiète qui me cherche désespérément pour me soigner…

- Minerva McGonagall nous a indiqué que vous avez été contaminée par la Force et que cette chose a pris le contrôle de votre esprit et de votre magie. Et je serai encline à la croire, vu que vous vous cachez d'elle et que vous êtes peu amène.

- Jaina, tu peux m'expliquer ce qu'il se passe ? demanda Thrall.

- Et rapidement, car j'aimerais passer à la partie où mon vœu le plus cher se réalise, ajouta Sylvanas.

L'archimage et la brunette se jaugeaient du regard et aucune ne semblait prête à baisser les yeux la première.

- Je vais vous expliquer, fit Hermione. Minerva et moi sommes les deux moitiés de la Source, la déesse première, celle qui a donné naissance à tous les mondes de l'univers. Le comment nous sommes devenues la Source est une histoire absolument passionnante mais beaucoup trop longue à raconter. Quant à la situation qui nous préoccupe présentement, pour faire simple, nous avons affronté notre alter ego maléfique et nous avons été blessées toutes les deux.

Le regard noisette se voila de tristesse et la voix se fit légèrement plus rauque.

- Minerva a été contaminée par la Force. Lentement, par petite touche, jusqu'à ce que son âme disparaisse pour laisser un être froid, calculateur, inhumain. Je ne m'en suis aperçue que trop tard. Et je m'en voudrai jusqu'à la fin de mon existence…

La dernière phrase avait été murmurée et Jaina n'était pas certaine de l'avoir entendue.

- Je me cache car elle cherche à m'éliminer. Si l'une de nous meurt sans que notre magie soit enfermée dans une des pierres que voici, poursuivit la Source en sortant deux colliers de son haut, la terre où nous nous trouvons sera rayée de l'univers. Et si les deux pouvoirs explosent de concert, c'est la fin de toute vie sur tous les mondes.

- Une bonne nouvelle à nous annoncer ? demanda Thrall.

- En lien peut-être avec le roi Liche ? proposa Sylvanas.

- J'ai besoin de reforger Deuillegivre. Je compte enfermer la Force dedans. Avec un peu de chance, Minerva est toujours là, à attendre que je la libère de son geôlier.

- Et si c'est impossible ? Enfin, en supposant que vous dites la vérité… fit Jaina, les bras croisés sous sa poitrine.

- Elle voudrait que je la tue. Elle n'aimerait pas être le pantin d'un être maléfique.

- En cela, je la rejoins. Je ne sais que trop bien ce que ça fait, murmura Sylvanas, se souvenant de l'époque où le roi Liche contrôlait le moindre de ses actes et de ses pensées. Mais peut-être est-elle déjà morte et que son corps n'est qu'une coquille abritant cette Force.

Hermione acquiesça sans un mot et Jaina perçut sa peine. Les deux femmes avaient été convaincantes dans leur exposé et l'archimage n'arrivait pas à se décider. Qui disait la vérité et qui mentait ?

- Alors, mon vœu le plus cher ? rappela Coursevent.

- Oui, désolée, reprit Hermione. Vous voulez que vous et vos gens retrouvent une vraie vie. Je peux annuler ce qu'Arthas vous a fait, vous rendre votre existence d'elfe. Et la vie que vous et vos réprouvés meniez avant le fléau.

Sylvanas rangea sa lame et planta son regard gris dans les yeux noisette.

- Si vous me mentez, je vous tuerai. Quand pouvez-vous faire ça ?

- Quand j'aurai mis la main sur Deuillegivre et que je serai prête à affronter Minerva, répondit Hermione. Le sort que je jetterai pour vous rendre votre condition la fera venir à moi.

- Vous savez que manier cette lame rend fou son porteur ? demanda Thrall.

- Rien que je ne saurais endurer pour sauver ce monde de la destruction. Dame Portvaillant, savez-vous où se trouvent les fragments de Deuillegivre?

- Je ne suis pas certaine de vouloir vous aider, avoua Jaina.

Aggra pénétra dans les pièces et regarda les protagonistes avant de porter son attention sur Thrall.

- Tes invités dînent avec nous ? demanda l'orc.

- Je ne vais pas vous déranger, fit Hermione en attrapant les pièces de son armure. Merci pour votre hospitalité.

- Je vais également y aller, ajouta Jaina sans quitter la brunette du regard. Je suis attendue à Dalaran. Mais avant de m'y rendre, je vais vous emmener à Theramore, Hermione Granger. Vous avez besoin de repos et j'ai encore quelques questions à vous poser.

- Et je vais suivre l'humaine, conclut Sylvanas. Jusqu'à ce qu'elle tienne sa promesse.

- Je ne vous ai pas invitée, répliqua l'archimage.

- Et c'est grossier de votre part, répondit l'elfe avec un rictus narquois.


Et voilà le travail ! On espère que ce premier chapitre vous aura plu ! A dimanche prochain pour la suite !

D'ici là, portez-vous bien,

Bises,

Sygui et Link9