Sabo était en souffrance, c'était le moins qu'on puisse dire. Depuis ce matin, alors qu'il mangeait son petit-déjeuner gargantuesque, il était pris de spasmes violents au niveau de son ventre. Ces douleurs l'empêchaient de sentir à l'aise, et d'être parfaitement serein.

À chacun de ses mouvements, il haletait, peinait à reprendre son souffle, jusqu'à ce qu'il se rende compte que les draps de son lit étaient inondés. Il appela un serviteur, qui passait par là, qui courut en direction de l'aile des médecins.

Les guérisseurs, qui avaient aussi la formation de mages, s'empressèrent de rejoindre la couche de leur prince consort. Ce dernier retenait à grand peine ses cris, et son visage était couvert de sueur. Sa pâleur habituelle avait été remplacée par des rougeurs sur son visage splendide.

Le blond avait les mains crispées soit sur son ventre, soit sur ses draps. Emprunts de sollicitude, les médecins empoignèrent des linges et épongèrent la sueur sur la peau de l'époux de leur roi. Sabo ferma les paupières, incapable de tenir davantage.

Tout son corps se crispa, alors que ses genoux se levèrent instinctivement vers le ciel. Quelqu'un s'empara de ciseaux et découpa son pantalon. Bientôt, il ne porta plus que sa chemise et on apporta élégamment un drap pour recouvrir son anatomie.

On déboutonna sa chemise quant on remarqua que l'habit était bien trop inconfortable, les mages-docteurs ordonnèrent à ce qu'on cherche une tunique plus appropriée. La poitrine gonflée du jeune oméga fut masquée à la vue de tous.

On prévint le roi Karasu, qui fut obligé de poursuivre un conseil de la plus haute importance, jusqu'à ce qu'il puisse se libérer.

Les sanglots de Sabo étaient insupportables pour tous, et pourtant, c'était malheureusement une étape nécessaire pour donner la vie. Du sang s'écoula de son antre, et un peu de duvet apparut entre ses jambes.

-La tête sort !

Il était proche de minuit quand des épaules s'infiltrèrent par l'ouverture, Sabo s'étonna qu'un corps aussi massif puisse passer par un antre aussi petit. En tous cas, son bassin s'évasa drastiquement, et son utérus criait grâce.

En une ultime poussée, l'enfant sortit. Son premier cri retentit à travers la pièce et le couloir.

-C'est un garçon !

On déposa l'enfant sur le prince consort. Dans ce cas, on appelait l'oméga génitrice, jument ou lionne, ou tout autre animal noble, quand il s'agissait qu'un couple royal. Sabo avait toujours adoré les chevaux, alors, il serait la jument.

Aussitôt, l'enfant chercha les tétons de sa génitrice, qui affichait une mine blafarde. Karasu pénétra en trombe dans les appartements de son époux. Les draps blancs qui enveloppaient ses épaules, ceux qui couvraient son corps étaient surprenants.

Ils affichaient toute l'intimité, la simplicité, la pureté et la beauté de ce moment. Le roi demanda à prendre son héritier entre ses mains, et pendant un moment, il joua avec, avant de le rendre à sa jument.

Des larmes coulaient sur les joues du couple royal. Sabo se sentait libéré d'un poids colossal et pourtant, il sentait que sa vie avait pris un tournant drastique. Non, plus jamais la vie ne serait la même désormais.

On lui accorda une semaine de repos, avant de l'apprêter pour une présentation officielle à la cour.

Suivant un protocole très strict, Sabo pénétra dans la salle du trône en portant des vêtements amples évoquant des robes, afin de masquer ses rondeurs post-partum. L'enfant était enveloppé dans des serviettes duveteuses, et portait des habits blancs de dentelle.

L'oméga s'installa sur son trône de parade, celui de génitrice, celui de lionne, conformément au processus en règle. Ses cheveux blonds cascadaient sur ses épaules. Il n'avait pas eu envie de se les couper. Sans doute plus tard.

Les aristocrates s'inclinèrent devant l'enfant, et les génuflexions se poursuivirent jusque tard dans la nuit. Sabo se retira dans ses appartements, alors que son fils tétait à son sein. Certes, il avait une nourrice, un homme oméga comme lui, qui avait eu des floppées d'enfants, néanmoins, Sabo voulait s'en charger quand personne ne le gênait.

Au cours de la journée suivante, le blond fut escorté jusqu'à un balcon, et cette fois, une bonne partie du peuple l'acclama. On avait prié pour cette naissance depuis des années, Karasu ne trouvant pas la bonne personne. Et maintenant, tous les souhaits étaient exaucés.

Bientôt, on monta le jeune homme dans un carrosse, et Karasu l'accompagna. Sabo portait un haut décolleté, qui s'arrêtait aux angles de ses épaules, et dévoilait une partie de sa poitrine, afin que le petit se nourrisse.

Le bas de ses habits était plus ample encore. Son ventre était arrondi, la ceinture de sa jupe plissée passait au-dessus de son nombril, et était lâche. Sabo portait des escarpins vernis. Même s'il aurait préféré des ballerines.

Néanmoins, c'était la tenue officielle des omégas royaux, les princes consorts, les reines omégas. Toutefois, cette tenue avait des aspects plus pratiques, Sabo saignait abondamment, il portait entre ses jambes ce qu'il surnommait des coussins duveteux.

Des infirmiers et infirmières omégas le changeaient régulièrement, le lavaient aussi souvent que possible. Il recouvrait la santé, et il devait avouer une chose, il voulait recommencer. Porter l'enfant de Karasu avait été un honneur grandiose, et l'objet d'une attente incroyable.

Aussi, Sabo faisant fi de toute bienséance, embrassa les lèvres de Karasu, qui l'enlaça, veillant à ne pas blesser l'enfant.

La foule explosa de bonheur.