- T'as fumé? Demanda sérieusement Stiles.
Il n'était pas capable d'autre réaction que celle-ci tant ce que lui disait Peter était invraisemblable. Allison, amoureuse de quelqu'un d'autre que Scott? Oui, bon… Elle avait effectivement commencé à s'amouracher d'Isaac avant de rapidement revenir à Scott tant sa nouvelle relation lui avait permis de comprendre ce qu'elle voulait vraiment – et qui. Sauf que ça, ce n'était un secret pour personne.
Mais qu'est-ce que lui, Stiles Stilinski premier du nom, venait faire dans cette histoire?
Alors oui, pour lui, Peter avait forcément consommé quelque chose avant de venir et ce qu'il avait pris devait être sacrément fort parce que pour sortir des conneries pareilles, il fallait vraiment avoir l'esprit à l'ouest. Stiles envia son imagination, sans doute exacerbée par l'herbe qu'il avait fumée. Si la situation n'était pas aussi dramatique, il en prendrait bien, lui aussi. Quoique, le fait qu'elle soit justement dramatique n'était-il pas la meilleure excuse pour se laisser aller à un petit plaisir récréatif? D'ordinaire, il était totalement contre ce genre de choses, et pas uniquement parce que son père représentait la loi. Mais là, là… Il était véritablement difficile d'appréhender une histoire comme celle-là… Laquelle avait littéralement manqué de le tuer.
Peter le regarda alors comme s'il était idiot… Ou qu'il avait lâché une si grande énormité qu'elle le rendait indubitablement idiot à ses yeux. Puis, son visage afficha une moue de dégoût.
- Stiles, je suis quelqu'un de distingué, lui rappela-t-il, la seule fantaisie humaine que je m'autorise, c'est le vin, pour le goût. Et même si je décidais de m'y mettre, ce genre de choses ne me ferait strictement aucun effet.
Il y avait dans sa voix un semblant de reproche, comme s'il n'arrivait pas à comprendre le fait que l'hyperactif ait pu penser une chose pareille à son sujet. Peter tenait à son côté impeccable et distingué – d'où, en partie, sa passion pour le vin. C'était élégant et il pouvait trouver des arômes fort sympathiques dans la boisson. Il ne sentait juste pas l'alcool, qui n'avait sur lui aucune influence en raison de son métabolisme lupin.
- Je peux néanmoins concevoir que la nouvelle te surprenne, il est vrai… Qu'imaginer une Allison éprise de toi relève plus de la fantaisie qu'autre chose, mais soit: c'est écrit noir sur blanc dans son cahier.
Stiles n'aimait pas l'air de Peter, devenu finalement espiègle et clairement moqueur. Il savourait le fait de pouvoir le rabaisser gentiment en tirant parti des informations qu'il avait trouvées.
- Ce n'est pas possible, objecta Lydia dans une vaine tentative de reprendre contenance. Elle m'en aurait parlé.
Derek et Jackson hochèrent la tête de leur côté. Stiles et Isaac ne le firent pas mais ils n'en pensaient pas moins pour autant. Avant qu'Allison ne perde tragiquement la vie, elle passait son temps à parler à Lydia. En fait, elles étaient rapidement devenues meilleures amies et n'avait rapidement plus eu de secrets l'une pour l'autre.
- J'ai une explication à ce sujet, reprit Peter, l'air vainqueur. Si vous saviez comme ces pages sont une mine d'or… Notre petite cachotière ne voulait confier ce secret à personne. Elle ne dit pas précisément pourquoi, mais je suppose qu'elle avait honte.
Stiles se mordit la lèvre inférieure en digérant cette information. Les causes de cette honte pouvaient être multiples, mais il retint automatiquement celle qui le dévalorisait le plus – un réflexe qu'il avait parfois, lorsqu'il se retrouvait dans des situations où tout régnait, sauf la joie. Cette fâcheuse tendance, il ne la laissait jamais entrevoir: c'était là son petit secret à lui. Derek, qui avait perçu quelque chose dans son odeur, décida de recentrer la conversation.
- Donc Scott est tombé sur son journal et c'est ça qui l'aurait fait vriller, résuma-t-il.
C'était évident, mais c'était tout ce qui lui était venu en tête: il n'avait pas trouvé d'autre moyen pour détourner l'attention des autres sur Stiles et faire momentanément oublier à celui-ci ce qui avait fait changer son odeur. Parce que Derek le surveillait, et pas uniquement pour savoir si tout allait bien pour lui, physiquement parlant. Le reste, ça comptait aussi. Alors, il veillait sur lui à sa manière, sans le lui montrer.
- J'aimerais bien le contredire, mais ça se tient, fit savoir Jackson.
Mais imaginer Scott sombrer dans cette folie restait surprenant, pour ne pas dire impensable, pour tout le monde ici. Lydia pensait un peu moins de cette façon dans la mesure où son alpha l'avait légèrement blessée: elle savait, mais sans avoir complètement réalisé. Cela viendrait, il lui faudrait juste un peu de temps pour l'accepter même si… Stiles avait, sans qu'elle sache comment, fait disparaître chacune des blessures infligées par Scott. Qu'importe néanmoins que les lacérations se soient effacées de son corps.
Elles étaient toujours là, dans sa tête et ne partiraient pas de sitôt. La folie meurtrière de Scott, elle l'avait vue dans ses yeux, ainsi… Elle crut au récit de Peter, d'autant plus qu'elle savait qu'il ne lui servirait à rien de mentir. L'enjeu ici était d'ailleurs trop important pour s'y risquer.
Stiles se laissa un peu plus aller dans le canapé. Il avait l'air pâle et se sentit soudain légèrement nauséeux – la nouvelle, il n'était pas près de la digérer.
- Mais ce que je ne comprends pas, c'est… Techniquement, reprit Jackson en cherchant ses mots, Stiles n'a rien fait dans l'histoire.
- A priori non, confirma Derek. A moins qu'il nous ait caché quelque chose, mais j'en doute.
- Je suis là, hein, bougonna Stiles après s'être bruyamment râclé la gorge.
Il n'avait jamais aimé être celui dont on parlait à la troisième personne sans que l'on fasse cas de sa présence… D'autant plus qu'ici, il restait le principal concerné. C'était lui, que Scott avait mordu et… Lui, apparemment, qui figurait dans le journal intime d'Allison. Bordel, jura-t-il intérieurement, ça n'a pas de sens. Il était doué pour analyser les gens et cette capacité-là… L'avait sorti de situations dangereuses un si grand nombre de fois qu'il avait confiance en elle.
Alors si Allison avait vraiment ressenti quelque chose à son égard… Il l'aurait vu, non? Mais bizarrement, il douta. Douta de lui, de ses capacités analytiques, de son instinct. Qu'il ait du mal à l'accepter, c'était une chose: le fait est que Scott avait eu la rage contre lui et qu'il l'avait attaqué sans faire cas de sa potentielle version, l'accusant de lui avoir volé sa petite-amie. C'était des mots qu'il lui avait dits et ça, il s'en souvenait.
Malheureusement, ça correspondait plutôt bien au récit de Peter – il ne pouvait pas le nier. Il aimerait bien car cela signifierait que l'affaire était plus compliquée qu'il n'y paraissait… Mais le déni n'était pas une solution et complexifierait les choses d'une autre manière.
- Et puisque tu es là, releva Peter en reprenant ses mots, si tu nous parlais de ta relation avec Allison?
L'information le rendait jovial, ça se voyait. Le loup-garou adorait les potins, encore plus lorsque ceux-ci pouvaient mettre les gens dans l'embarras: avec Stiles, c'était nécessairement le cas au regard de la situation dans laquelle il se trouvait. La preuve en était que son inconfort se voyait parfaitement.
- On n'en avait pas, répondit tout simplement l'hyperactif. On était juste potes.
Même pas vraiment amis, quand il y repensait.
