Note de l'auteur : Je viens à peine de me rendre compte que nous sommes déjà au vingtième chapitre et à plus de 600 follows (du moins sur la version anglaise). Je suis toujours ravi de voir l'engouement que génère ma petite histoire et j'espère que vous continuerez tous à prendre du plaisir à la lire.


Chapitre 20 : La vie est faite de rencontres surprenantes

Malgré l'incident rocambolesque causé par Lefiya, Riveria tint parole et ce fut ainsi qu'Ais eut droit à son fameux cours de biologie sur la reproduction sexuée des espèces humanoïdes. Bien sûr, Loki se porta tout à fait volontaire pour donner elle-même ce cours, avec travaux pratiques à l'appui. Cependant, un seul regard noir de l'ancienne princesse elfe lui fit comprendre que cette tentative lui couterait certainement un retour express au Tenkai.

Ce fut donc la haute elfe qui se chargea de cette besogne. Cependant, Riveria se cantonna à des explications purement scientifiques et techniques, expliquant juste le processus d'accouplement dans sa forme la plus mécanique et dénuée de toute connotation ambigüe.

Bref, ce cours, bien que très enrichissant, n'allait pas répondre aux questions que l'épéiste blonde se posait depuis que Lefiya avait fait son étrange discours. Elle avait besoin de réponses… sur un autre sujet.

Ce fut alors qu'elle se souvint des propos de la jeune mage elfe sur la collection privée de Riveria. Ais ne l'avait jamais trouvé avant, tout simplement parce qu'elle ne l'avait jamais cherché. Mais maintenant qu'elle était curieuse, il lui prit l'envie soudaine de fouiller les affaires de Riveria, ce qu'elle fit dès que cette dernière fut occupée.

Il lui fallut une bonne heure pour trouver, mais elle y parvint, découvrant une collection de quelques dizaines de livres bien cachés, dont les titres ne lui évoquaient pas grand-chose. Elle se laissa alors guider par son instinct et choisit celui dont le titre la rendit la plus curieuse. Un livre intitulé Mon petit frère ne peut pas être aussi mignon, qu'elle ramena en secret dans sa chambre pour le lire plus tard.

Ais Wallenstein ne le savait pas encore, mais elle venait de mettre le pied dans un monde dont elle ne pourrait plus jamais s'échapper…


Ouka n'était pas rassuré… mais vraiment, pas du tout. Contrairement à ses deux sœurs d'armes, lui, avait dû se rendre dans un endroit bien particulier, un établissement nommé Les Hommes du Pilier, où se trouvait tout un paquet de types tout en muscles et peu habillés. Un homme, qui avait l'air d'être le chef des lieux vint le voir.

"C'est toi Ouka ?"

"O-Oui." Répondit péniblement le capitaine de Takemikazuchi.

"On t'attendait. Bienvenue chez les Hommes du Pilier. Ici, tu apprendras la vraiment signification du mot 'virilité' !"

"Euh… d'accord."

"Même si c'est temporaire, un nouveau frère se joint à nous !" cria-t-il à l'intention de tout le monde.

""Gloire à lui !"" lui répondirent en chœur les autres hommes de l'établissement.

"Bien, mon frère, voici ta tenue de travail." Fit le chef en lui tendant un morceau de tissu très léger que l'on pouvait facilement identifier comme un simple pagne.

"C'est… minimaliste."

"Un homme, un vrai, n'a pas besoin de choses aussi superficielles que des vêtements, il n'a besoin que de ses muscles et de son âme ardente !"

Ouka était encore trop choqué pour répondre, essayant de se demander où est-ce qu'il avait atterri.

"Suis-moi mon frère, je vais t'amener à ta première tâche."

Quelque peu inquiet, Ouka suivit l'homme dans les entrailles de cet étrange établissement, vers un lieu d'où se faisaient entendre d'étranges grognements.

"Ta première tâche sera… l'entrainement !" fit l'homme tout en montrant à Ouka une salle de musculation. Une salle de première qualité qui plus est. Que du matériel de haute qualité et tous les équipements pour se faire un corps d'athlète. "Ces muscles ne viennent pas sans efforts ! Ils sont le fruit de notre travail et notre sueur ! Alors soulevez-moi cette fonte ! Faites-moi luire ces muscles ! Plus de passion messieurs ! Plus de passion !"

L'inquiétude d'Ouka n'avait pas du tout diminué. Mais, au moins, il pourrait s'entrainer et ce serait toujours utile.


La situation était très différente pour Mikoto et Chigusa. Les deux jeunes femmes s'étaient retrouvées à travailler au Soupir de Minuit. Mais comme l'avait promis Ishtar, ce n'était pas pour recevoir des clients. Non, la déesse les avait confiés aux bons soins de Neela qui avait récemment fait rénover une partie de l'établissement.

Le bordel possédait maintenant une partie bar lounge. Un lieu feutré et agréable où les clients pouvaient maintenant faire connaissance avec les filles de l'établissement avant de choisir d'aller s'isoler. Quant aux deux jeunes femmes, elles avaient été engagées pour passer derrière le comptoir et faire office de barmaids pendant quelques temps. Une petite formation rapide et elles furent lâchés sans filet.

Mais même si elles recevaient pas de clients, il était hors de question qu'elles travaillent dans leurs tenues habituelles, elle avait donc dû passer entre les mains expertes des filles de la maison pour un relooking intégral.

Mikoto était déjà une très jolie jeune femme, alors il n'y avait pas eu grand-chose à faire pour la mettre en beauté. Tout d'abord, elle avait dû se défaire des bandes qui enserraient sa poitrine en temps normal afin de laisser plus de libertés à ses atouts féminins. Neela lui avait ensuite fait enfiler une magnifique robe de soirée, bras nus, avec un décolleté prononcé juste ce qu'il fallait et des fentes pour laisser voir ses jambes au gré de ses mouvements. On avait détaché ses cheveux avant de les nettoyer et les coiffer, puis de lui rajouter une petite touche de maquillage pour intensifier son regard. La jeune femme était vêtue dans un style qui combinait à merveilles sensualité et élégance, démontrant toute l'expertise de la prum et des autres filles.

Pour ce qui était de Chigusa, Neela avait choisi une autre approche, en mettant l'accent sur son côté naturellement mignon. Elle aussi était vêtue d'une robe soulignant ses formes, mais réhaussée de quelques voiles légers sur les bras. De plus, elle fut obligée d'accepter qu'on la recoiffe de manière à dégager ses yeux. Selon Neela, ils étaient beaucoup trop jolis pour qu'on les cache derrière une frange.

Ce fut ainsi que les deux demoiselles se retrouvèrent à servir des cocktails aux clients de l'établissements. Bien évidemment, elles se firent draguer elles aussi et beaucoup de clients semblaient prêts à débourser de belles sommes pour un peu de temps en compagnie de ces beautés de l'Est lointain. Mais elles refusèrent et Neela les aida sur les clients les plus insistants.

Mikoto et Chigusa ne prenaient pas de clients. Sauf si c'était ce qu'elles voulaient, mais étrangement, ce ne fut jamais le cas.


Au sein de Folkvangr, la situation était un petit peu étrange ces derniers temps. Freya s'était entichée d'un jeune humain. Jusque-là, rien de bien nouveau, cela lui arrivait fréquemment de changer de favoris. Le pauvre garçon en question avait gagné bien malgré lui l'inimitié de toute la familia de la déesse, mais là encore, rien de nouveau.

Non, le problème était que le garçon avait fini dans la familia d'Ishtar et que cette dernière semblait avoir changé, ce qui troublait énormément Freya, qui avait demandé à ses enfants d'espionner discrètement le jeune homme. Le soucis étant que ce travail avait connu d'étranges échecs.

Allen avait échoué… par trois fois. Et maintenant, il semblait traumatisé et ne voulait plus remettre les pieds dans un certain établissement. Hogni avait déclaré qu'il allait s'en occupait, mais était lui aussi revenu la queue entre les jambes, traumatisé et refusant d'y retourner, au bout d'une seule fois.

Bien évidemment, cela avait amené à diverses moqueries, suivies de plusieurs bagarres. Mais même si tout cela était amusant, le travail n'était toujours pas fait. Aussi, Ottar décida de prendre les choses en main. Après tout, si vous voulez que quelque chose soit bien fait, faites-le vous-même.

"Prend garde Ottar ! Prend garde à l'elfe aux cheveux blancs ! Elle a l'air douce, mais c'est une incarnation des ténèbres !" fit Hogni avec un air terrifié, ce à quoi Ottar se contenta de soulever un sourcil.

"Soit, je ferais attention à cette elfe dont tu parles. Peux-tu me dire autre chose sur les autres personnes de ce lieu ?"

"Euh… la femme qui m'a reçu en premier, la prum, ça m'a l'air d'une femme intelligente, sinon, je ne sais pas. J'ai aperçu une humaine, une weretiger…"

Allen, qui était à côté, se mit soudainement à trembler alors que les poils de sa queue et ses oreilles se hérissèrent soudainement. Cela n'échappa évidemment pas à Ottar, qui nota donc qu'il fallait visiblement se méfier également d'une weretiger.

"Bien, il ne me reste donc plus qu'à aller régler cette histoire." Fit le colosse sans montrer aucune émotion alors qu'il retournait à ses préparatifs.


Ouka ne savait pas très bien comment vivre cette nouvelle expérience. Autant l'entrainement lui avait fait du bien, il avait notamment put obtenir beaucoup de bons conseils pour la musculation et l'entretien physique en général, autant le fait de se promener en pagne le laissait encore un peu dubitatif.

Sans compter que l'établissement restait un bordel, aussi étrange était-il. Pour sa part, il se contentait surtout de faire diverses corvées en tout genre.

"Ouka !" fit une grosse voix derrière lui.

"Oui chef !" répondit-il instinctivement.

"Apporte ces bouteilles dans la chambre du Grand Pilier."

"D'accord." Répondit-il tout en attrapant les bouteilles de vin, toutes de grands crus.

"Et soit impeccable, on a une cliente importante ce soir, une invité de dame Ishtar en personne. Tâche de ne pas la déranger."

"Oui chef !"

Le capitaine de Takemikazuchi se dirigea donc vers le lieu en question, qui n'était ni plus ni moins que la suite la plus luxueuse de l'établissement, réservée aux clients privilégiés. Bien sûr, il n'était pas question qu'il fasse le "service", lui se contentait de faire les corvées comme changer les bouteilles d'alcool, amener et ramener les plats, nettoyer, ce genre de choses.

Quand il arriva sur les lieux, il entendit plusieurs grognements, typique de ses collègues temporaires, en train d'exhiber leur musculatures, ainsi que les rires d'une femme. Ouka rentra discrètement dans la pièce, essayant de ne pas faire attention à ce qu'il pouvait se passer.

"Ouka !" cria alors une voix féminine qui lui parut familière. Il tourna la tête et avisa alors une werewolf à la chevelure flamboyante.

"Que… mademoiselle Rose ? Mais qu'est-ce que vous faites là ?" demanda-t-il un peu incrédule.

"Non, toi, qu'est-ce que tu fais là ?" dit la jeune femme en panique.

Ouka et Rose se connaissaient quelque peu. Pendant un temps, Rose fut la conseillère de leur familia, mais ils ne sollicitèrent pas beaucoup son aide et ses conseils. Entre sa façon d'être distante et sa volonté avérée d'en faire le moins possible au travail, la jeune femme n'inspirait pas beaucoup la confiance. Se faisant, ils avaient rapidement cesser de la solliciter, mais dans les faits, ils se connaissaient quand même.

Autant dire que chacun était surpris de retrouver l'autre ici. Surtout Rose, en robe sexy, maquillée et visiblement en train de se faire dorloter par une demi-douzaine de grands gaillards en pagnes.

"Moi ? Ma familia a une dette envers dame Ishtar, du coup, j'ai été obligé d'accepter ce petit boulot et… mais attendez, c'est vous l'invité importante de Dame Ishtar ?"

La question était légitime, comment Rose, simple employée de la Guilde, avait pu obtenir un tel statut en ces lieux ? Comprenant ce qu'il était probablement en train de se dire, elle se leva en trombe et l'attrapa par le pagne, seule pièce de vêtement qu'il avait.

"Toi ! Si jamais tu mouftes…"

Fort heureusement, Ouka pouvait maintenant compter sur quelque chose d'autres… des frères prêts à lui venir en aide. Rose fut alors entourée de deux grands costaux.

"Désolé mademoiselle, mais notre nouveau frère ne peut s'occuper de vous, il n'est là que pour les menues corvées."

"De toute façon, il n'est pas encore formé comme nous le sommes."

"Venez plutôt avec nous." Fit un troisième gaillard.

"Oui, venez… et laissez nos muscles puissants vous tenir compagnie toute la nuit." Rajouta un quatrième qui finit d'encercler la werewolf et l'assaillir de toute sa présence virile. Ce qui fut largement assez pour rendre Rose toute chose et lui donner envie d'oublier Ouka.

Un autre homme lui fit alors signe de sortir discrètement, ce qu'il fit, non sans un signe discret pour remercier ces nouveaux frères.

Ici, Ouka avait donc découvert que rien ne pouvait remplacer un véritable frère, ainsi que toutes les valeurs de l'amitié virile.


Le soir venu, Ottar arrivait au quartier des plaisirs avec l'intention d'accomplir enfin la mission que leur déesse leur avait confié. Mission que, ni Allen, ni Hogni, n'avaient été foutu de remplir. Vu qu'il savait à quel point il était reconnaissable, Ottar avait sorti un objet magique bien particulier pour l'occasion.

Une sorte de cape à capuche qui avait pour particularité de le rendre impossible à identifier. En soit, même s'il avait la capuche sur la tête, son visage n'était pas caché, mais l'effet magique faisait qu'on ne pouvait simplement pas l'identifier, comme si un voile embrumait la capacité de toute personne le regardant à le reconnaitre.

Certes, certaines personnes pouvaient comprendre qu'ils étaient sous l'effet d'un objet magique, mais cela ne leur permettait au mieux que de faire des suppositions. Ottar était peut-être un colosse tout en muscle, mais il était loin d'être le seul aventurier avec une telle carrure en ville.

De plus, dans le quartier des plaisirs, il n'était pas rare que des clients viennent en dissimulant leur identité pour une raison ou une autre. Cela faisait partie du jeu. Donc, Neela ne fut pas surprise quand elle le vit arriver au Soupir de Minuit.

"Soyez le bienvenu au Soupir de Minuit cher visiteur. Désirez-vous choisir de la compagnie pour la nuit ? Ou préféreriez-vous vous détendre dans notre tout nouveau bar lounge et prendre le temps de faire connaissance avec de nouvelles amies."

Un bar, voilà qui était intéressant pour Ottar. Après tour, un bar, c'était un peu comme une taverne en plus classe, toujours un endroit idéal pour obtenir quelques informations.

"J'aimerais alors m'installer au bar pour commencer."

"Avec plaisir, cher visiteur, par ici je vous prie."

Ottar lui emboita le pas tout en la jaugeant. Il était souvent difficile d'estimer l'âge d'un prum pour quelqu'un qui n'en avait pas l'habitude, vu qu'ils ressemblaient à des adolescents humains jusqu'à un âge avancé. Cependant, le boaz avait l'œil et comprit bien vite qu'il avait à faire à une femme mâture et intelligente. Elle avait probablement comprit qu'il cachait son identité avec un objet magique.

Elle l'emmena donc dans la partie bar lounge et l'invita à s'installer où il voulait. Il y avait bien quelques femmes en train de discuter avec ce qui devait être d'autres clients, mais il ne remarqua ni elfe aux cheveux blancs, ni weretiger.

Ce qui attira son attention fut plutôt deux humaines aux cheveux noirs, l'une derrière le bar, l'autre, un plateau à la main, en train de faire le service. Elles avaient quelque chose de différents, malgré leurs tenues, elles ne semblaient pas du tout à leur place ici. Peut-être de nouvelles venues.

Du coup, Ottar décida d'écouter son instinct et s'installa directement au comptoir du bar où il commanda un cocktail.

Mikoto avait rapidement assimilé sa formation de barmaid. Malgré les circonstances, elle trouvait cela amusant et ça lui permettait d'oublier un instant dans quel genre d'établissement elle travaillait ou ce qu'on lui faisait porter. Bon, cela ne l'empêchait pas de se faire souvent draguer. La plupart n'insistaient pas dès qu'elle disait ne pas prendre de clients, d'autres se montraient parfois plus insistant, mais Neela savait toujours comment les gérer. A sa grande surprise, la patronne des lieux n'avait pas cherché à les pousser à accepter des clients, prouvant qu'Ishtar semblait respecter sa part du marché. Les autres filles les taquinaient un peu parfois, mais toujours avec une certaine bienveillance. Ce bordel était très différent de ce à quoi s'attendaient Mikoto et Chigusa.

Elle fut un peu intriguée par cet étrange client qui vint s'installer au bar. L'homme commanda un cocktail et elle se fit un devoir de lui préparer au mieux de ses capacités.

"Voici pour vous cher invité." Fit-en glissant le verre devant lui et en parlant de la même manière que Neela, même si cela faisait peu naturel chez elle.

"Merci." Répondit sobrement le boaz avant de reprendre la parole. "Vous, vous n'avez pas l'air à votre place ici."

"Normal, car je ne suis pas une courtisane, c'est juste un travail temporaire, le temps de régler une dette."

"Une dette ?"

"Oui." Répondit-elle avec un soupir. "Et on a déjà de la chance que dame Ishtar soit aussi compréhensive, ça aurait très mal finir après notre terrible erreur."

Mikoto ne savait pas pourquoi, mais cet homme la mettait en confiance et lui donnait envie de parler. Elle n'arrivait pas à reconnaitre son visage, mais il se dégageait de lui une force et une assurance peu commune, la marque d'un guerrier expérimenté. Quelque chose auquel elle était plus réceptive.

"J'ai l'impression qu'il y a une histoire complexe derrière tout ça."

Ottar avait bien fait de suivre son instinct, car il n'eut pas à insister longtemps pour pousser la jeune femme à se confier. Après tout ce qu'il s'était passé, Mikoto avait besoin de vider son sac auprès d'une oreille neutre. Elle lui raconta donc tout dans les grandes lignes, comment son groupe avait fait subir un pass parade à l'équipe de Bell, avant de venir se dénoncer auprès d'Ishtar puis de faire partie d'une équipe de secours pour aller le sauver.

"Malgré la situation, vous avez choisi de faire amende honorable et d'y aller. Peu l'auraient fait, la plupart se seraient contenté d'abandonner ce groupe à son sort avant de se faire oublier. Était-ce par peur de ce qu'il se passerait si Ishtar le découvrait ?"

"Non, c'est juste que… je comprends la décision qu'Ouka a dû prendre. En tant que capitaine, il a certaines responsabilités envers nous et on ne peut pas toujours prendre les décisions les plus morales ou honorables, il faut parfois être pragmatique pour survivre dans le Donjon. Mais je ne pouvais pas les abandonner, sinon, je crois que je n'aurais jamais plus trouver le sommeil."

"Aller au-devant du danger pour des inconnus afin d'expier une faute, c'est pourtant là le comportant d'un guerrier honorable. Vous ne devriez pas vous en vouloir autant, au final, vous avez fait ce qu'il fallait."

Ottar était généralement peu bavard, mais selon les personnes, il pouvait parfois se montrer plus loquace.

"Peut-être… en tout cas, merci pour ses paroles."

"Ce jeune homme ne vous en pas voulu on dirait."

"Sir Bell ? Non, il a eu la grande bonté de nous pardonner et de plaider notre cause auprès de sa déesse, je lui en suis très reconnaissante." Dit la belle orientale avec un grand sourire.

Au bout du compte, Ottar avait obtenu bien plus d'informations sur Bell avec cette courte conversation qu'Allen et Hogni. Comme quoi, ça n'avait rien de compliqué.

"Vous semblez beaucoup l'apprécier on dirait. Ce garçon est donc si spécial ?"

"C'est un jeune homme bon et généreux, je l'apprécie beaucoup en effet… enfin je veux dire ! Je l'apprécie, mais pas de cette manière !" fit soudainement Mikoto en panique, apeurée que ses propos soient mal interprétés. A force de bosser dans un bordel, elle en avait fini par imaginer d'étranges sous-entendus partout. Ce qui tira à Ottar l'un de ses très rares rires.

"Ne vous en faites pas mademoiselle, j'avais bien comprit."

Mikoto se mit à rougir de gêne quand elle se rendit compte qu'elle s'était un peu emballée. Ce fut à ce moment qu'une charmante humaine à la longue chevelure d'un magnifique blond vénitien arriva avec un grand sourire.

"Eh bien, eh bien, que vois-je ?" Commença alors Kelsie avec un visage amusé. "Notre chère Mikoto craquerait-elle enfin pour quelqu'un ? Dans ce cas, cher invité, vous seriez un privilégié, car notre belle samourai refuse toujours de prendre des clients."

"Kelsie ! Vous savez que je ne suis pas là pour ça !"

"Roooo ! Ne soit pas si rabat-joie. C'est le premier avec qui tu sembles à l'aise. La vie est courte, tu es sûre de ne pas vouloir t'accorder un petit plaisir ? En plus, notre cher invité a l'air de t'apprécier."

Ottar avait juste dit à Mikoto qu'il la respectait en tant que guerrier pour son sens de l'honneur. Cette jeune femme avait fait un sacré raccourci.

"Kelsie, pour la dernière fois, c'est non. Ah ! Surtout ne le prenez pas mal monsieur ! Ce n'est pas contre vous ! Je veux dire… vous ne manquez pas de charme ou quoi que ce soit… c'est juste que…" tenta vainement Mikoto, soudainement très gênée.

"Ne vous en faites pas." Répondit Ottar en se levant. "J'avais parfaitement compris."

"Bon, eh bien, tant pis pour toi alors. Et toi Chigusa ? Ça te dirait pas d'aller t'amuser un peu ?" fit-elle à l'attention de l'autre jeune femme, qui revenait vers le bar.

"Que… moi ?"

"Oui, tu aimes les grands baraqués en plus, regarde-moi ce magnifique colosse, ne me dit pas qu'il ne te fais pas envie."

"Quoi ! Mais, je… je n'aime pas spécialement…" essaya-t-elle vainement.

"Non, on me l'a fait pas à moi, j'ai déjà parfaitement cerné tes fantasmes, n'oublie pas que je fais ce boulot depuis un moment."

En guise de réponse, la pauvre Chigusa se mit à rougir, ne sachant plus où se mettre. En plus, elle ne pouvait même plus se cacher derrière sa frange.

"Regarde-moi ces muscles d'acier, ces abdos si parfaitement ciselés, ose me dire que tu n'as pas envie de te coller à eux !" continua l'humaine tout en tâtant allègrement la musculature d'Ottar, qui se laissait faire pour le moment. "Tiens, viens tester toi-même, tu vas adorer !" fit-elle en attrapant Chigusa par la main pour l'amener tout droit contre Ottar.

Vu sa carrure, cela ne le fit évidemment pas flancher d'un millimètre, mais la pauvre demoiselle se retrouva le visage contre son torse musculeux, ce qui constitua un stimuli des plus puissants.

"Alors ? Toujours pas tenté d'aller t'amuser un peu ?"

Normalement, Chigusa, tout comme Mikoto, aurait directement dit non. Mais cette fois, une part d'elle était vraiment tentée… Cette homme semblait plutôt gentil et il avait des muscles tellement parfaits. Ouka était complètement aveugle, même s'il fallait rappeler aussi qu'elle n'avait pas pris beaucoup d'initiative sur le sujet. Mais elle avait tout de même une légère frustration au fond d'elle. Après tout, où serait le mal d'aller juste s'amuser le temps d'une soirée ? Tellement de tentation…

"Hoooooooooo… On dirait que quelqu'un est tenté en fin de compte. Tu devrais…"

Elle fut soudainement interrompue par un méchant coup d'éventail à l'arrière du crâne, châtiment vengeur infligé par Neela.

"Ca suffit Kelsie. Tu vois bien que cette pauvre Chigusa est horriblement gênée par ton comportement."

La concernée fut elle aussi ramenée à la réalité et se décrocha soudainement d'Ottar, rouge de la tête au pied, ayant honte des pensées indécentes qui avaient traversé son esprit pendant un court instant.

"Cher invité, je suis profondément navrée pour la gêne occasionnée. Nos charmantes fleurs de minuit peuvent se montrer un peu dissipées parfois." Fit-elle en s'inclinant poliment.

"Il n'y a pas de mal, ne vous inquiétez pas." Répondit sobrement Ottar, bien plus amusé qu'autre chose par cette scène, même s'il ne le montrait pas.

"Je vous remercie. Mikoto et Chigusa ne sont malheureusement pas disponibles pour prendre soin de vous en privé. Mais je peux vous présenter à d'autres charmantes jeunes femmes aptes à vous offrir une nuit délicieuse. Ou peut-être aimeriez-vous la compagnie de notre délicieuse et enjouée Kelsie ici présente ?"

"Pas pour le moment, je n'ai pas encore fini mon verre."

L'excuse était bien pratique, il n'avait pas spécialement envie de partir ou de s'isoler pour le moment, pas alors que ce bar semblait plus prometteur pour obtenir des informations.

"Comme il vous plaira, n'hésitez pas à nous faire signe dès que vous changerez d'avis." Conclut la jolie prum avec un sourire doux.

Mikoto et Chigusa reprirent alors le travail, nanties de quelques rougeurs en plus après cet étrange évènement. Et ce fut à peu près à ce moment-là que Bell arriva discrètement sur les lieux. Neela fut la première à le voir.

"Oh ! Bell. C'est rare que tu viennes nous voir aux heures d'ouverture. Laisse-moi deviner, tu viens t'assurer qu'on n'embête pas trop tes nouvelles amies, c'est ça ?"

En guise de réponse, Bell se mit à rougir avec un petit rire nerveux. Neela avait parfaitement deviné. Bell lui faisait confiance, mais il ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter, c'était dans sa nature.

"Bell ! Tu tombes bien." Fit alors Kelsie tout en l'attrapant pour faire un gros câlin au garçon, qui rougit de plus belle.

"K-Kelsie, qu'est-ce que vous…"

"Je recharge mes réserves de Bell-énergie." Répondit-elle en le serrant un peu plus fort. Mais une nouvelle, un coup d'éventail vengeur percuta sa tête.

"Kelsie ! Pas devant les clients."

"Rabat-joie…" fit-elle d'une mine boudeuse.

Ce fut à ce moment-là qu'un homme se leva et se dirigea vers Bell et la jeune femme.

"Ô ma belle Kelsie, que mon cœur souffre de vous voir me négliger ainsi." Commença l'homme sur un ton grandiloquent. Visiblement, il avait trop regardé de pièces de théâtre.

"Vous vous en remettrez mon ami." Répondit-elle avec cynisme.

"Pourtant, nous nous murmurons tellement de mots d'amour quand nous sommes seuls."

"Oui, oui, autant de mots d'amour que vous voulez si vous payez."

L'homme en question n'était pas bien méchant, mais un petit peu lourd parfois. Il n'était pas rare qu'un client finisse par réellement s'enticher d'une courtisane, ou parfois l'inverse, mais ce genre de relations finissaient rarement bien. Soit la courtisane se contentait de combler un manque affectif chez un client en lui disant ce qu'il voulait entendre, simplement pour le faire revenir et lui soutirer de l'argent, soit un client faisait croire à une courtisane malheureuse qu'il était sincèrement épris d'elle et lui donnait espoir d'une vie meilleure, souvent par jeu ou pour obtenir des faveurs. Il arrivait parfois qu'un client et une courtisane puisse développer une relation sincère, mais tellement d'obstacles se dresseraient face à eux, à commencer par le prix pour racheter le contrat d'une prostituée. Le nombre de fois où un client put racheter une prostituée pour vivre une vie heureuse à ses côtés se comptaient sur les doigts d'une main.

Kelsie ne croyait donc pas à ce genre d'idylle, pour elle, un client était un client et elle se contentait de faire preuve de professionnalisme. Elle en avait assez vu pour ne pas croire aux mots d'amour. Ce client était un gentil casse-pied qui se faisait des illusions, ni dangereux, ni violent, juste un petit peu envahissant. Et il en faisait toujours des caisses.

"Ô ma Kelsie, nous ne saurions réduire notre relation à un vulgaire échange mercantile."

"Si, si, on peut mon ami."

En général, Neela lui aurait déjà fait des remontrances pour parler aussi sèchement à un client, mais elle admettait que ce genre d'individu devait être remis en place avant de faire plus d'histoire.

"Ne soyez pas aussi dur ma tendre. Dans ce cas, expliquez-moi donc ce que ce pauvre garçon a que je ne puisse vous offrir en cet instant." Dit l'homme en pointant Bell du doigt.

Kelsie poussa un soupir et lâcha Bell avant de se diriger vers ce client adepte du cabotinage et lui murmura quelques mots à l'oreille.

L'homme devint soudainement blême et tomba à genoux, comme s'il portait tout le poids de Babel sur ses épaules.

"Ah ! Que le destin est cruel ! Mais effectivement, il semblerait que je ne sois pas en état de rivaliser… Soit ! Je me retire donc avec dignité !" fit-il alors en se relevant avec de grands gestes théâtraux.

"Oui, oui, revenez bientôt !" lui fit la courtisane avec un sourire cynique.

Pour ce qui était de ce malheureux client éconduit. Disons que si cette histoire s'était déroulée dans un monde moderne, il serait probablement parti s'acheter une grosse voiture…

Pour le coup, Kelsie pouvait remercier Lena, laquelle n'avait pas pu s'empêcher de rapidement raconter à tout le monde ce qu'elle avait aperçu lors du malheureux incident à la source chaude du treizième étage. Dorénavant, beaucoup de gens dans le quartier des plaisirs savaient de nouvelles choses sur Bell.

De son côté, Ottar avait observé tout la scène sans un mot. Il avait tout observé attentivement. Il avait alors vu la tendresse dans le regard de ces femmes, la façon dont elles semblaient tenir au garçon. Il eut aussi un bon aperçu des relations que Bell entretenaient avec sa familia. Des informations très intéressantes.

Le boaz posa l'argent sur le comptoir pour payer son cocktail et se leva, ce que remarqua Neela.

"Vous nous quittez déjà cher invité ? J'espère que cette scène ne vous a causé aucun désagrément."

"Pas du tout, ce fut même… amusant d'une certaine manière."

"Je suis heureuse que vous le preniez ainsi. Aucune de nos charmantes fleurs ne trouve grâce à vos yeux ce soir ?"

"Non, vous entretenez un jardin de fleurs magnifiques, mais j'ai à faire ce soir."

"Je comprends, revenez quand vous voulez cher invité, le Soupir de Minuit se fera toujours un plaisir de vous accueillir."

Ottar répondit d'un signe de tête poli et quitta les lieux. Sa mission était accomplie, il repartait avec plein d'informations intéressantes. Honnêtement, il ne comprenait pas comment Allen et Hogni avaient pu se planter aussi royalement, ça n'avait rien de bien compliqué pourtant…


Une autre personne était en train de passer une nuit très animée. D'abord curieuse, Ais avait finalement succombé à l'envie de lire le livre qu'elle avait "emprunté" à Riveria. Ainsi, l'épéiste s'attela donc à la lecture de Mon petit frère ne peut pas être aussi mignon, une fois qu'elle fut seule dans sa chambre.

Elle ne savait pas trop à quoi s'attendre. De base, l'histoire n'avait rien d'exceptionnel, elle parlait d'un frère et d'une sœur. La sœur étant l'aînée, présentée comme une femme forte et déterminée, le frère étant le cadet, au physique mignon et au caractère doux. Un frère et une sœur hantés l'un et l'autre par une attirance qu'ils savent immoral avant de découvrir que le petit frère est en réalité un enfant adopté et qu'ils n'avaient aucun lien de sang, déclenchant ainsi une relation plus intime.

D'ailleurs, ce bouquin ne parlait les trois quarts du temps que de leur relation charnelle, avec moults détails. L'auteur avait un certain sens de la poésie et de la métaphore, tout en rendant le tout parfaitement explicite, l'action étant parfaitement claire. Sans compter que le livre possédaient quelques jolies illustrations, elles aussi plutôt claires dans l'action.

Ais avait d'abord prévu dans lire un chapitre pour jeter un œil, mais elle fut vite happée par l'histoire et elle se mit à enchainer les chapitres les uns après les autres.

Etrangement, plus la lecture devenait chaude et plus elle ressentait l'envie de se cacher. Arrivée au milieu du livre, l'épéiste lisait l'ouvrage, cachée sous son drap, éclairé par la faible lueur d'une lampe magique.

"Maismaismais… ils font quoi là ?... Mais… pourquoi il met ça à cet endroit ?... P-Pourquoi est-ce qu'elle prend ça dans sa…"

En bref, Ais Wallenstein pénétra dans un tout nouvel univers qui ne voulait pas la laisser s'enfuir. La nuit passait et elle continuait sa lecture, comme si son âme fut aspirée par l'ouvrage. Elle aurait sans doute eu mieux fait de dormir. Mais présentement, Ais Wallenstein n'avait pas besoin de sommeil, elle avait besoin de réponses.

Quand elle finit enfin sa lecture, les premiers rayons du soleil perçaient à travers les rideaux de sa chambre. Ais était rouge de la tête au pied et on aurait pu croire que de la vapeur s'échappait d'elle tant sa chaleur corporelle avait augmenté.

Il lui fallait se débarrasser de ce livre impie ! Oui ! Rapidement !

…Et peut-être en emprunter un autre… à des fins de comparaison, bien évidemment.

En plus, elle n'en avait pas conscience, mais la mini Ais qui vivait au fond d'elle venait de commencer une lente évolution en Mini Ais coquine.


Ailleurs dans le quartier des plaisirs, le jour se levait là aussi. Dans cette partie de la cité, c'était le moment le plus paisible. Après avoir travaillé presque toute la nuit, la plupart des résidents dormaient. Bell s'était levé de bonne heure et retrouva Mikoto à la sortie arrière du Soupir de Minuit.

La jeune femme venait de finir de se changer et se démaquiller, lâchant un bâillement à s'en décrocher la mâchoire.

"Bonjour à vous."

"Bonjour messire…" la samourai s'interrompit le temps de bailler une seconde fois. "… Bell."

"On dirait que la nuit a été longue."

"Effectivement, il y a eu beaucoup de clients."

"Le bar a l'air d'avoir du succès."

"Oui, dame Neela semble avoir eu une excellente idée. Mais du coup, entre ça et le nettoyage après, nous avons fini il y a moins d'une heure."

Les habitants du quartier des plaisirs étaient par nature des oiseaux de nuit. Bien que Mikoto soit entrainée à veiller si nécessaire, ce n'était tout de même pas son rythme de vie naturel, alors elle était impatiente de rentrer retrouver son futon.

"Chigusa n'est pas avec vous ?"

"Elle était juste derrière moi." Répondit la jeune femme en se retournant alors qu'une voix timide et apeurée se faisait entendre.

"Aide moi Mikoto !"

Chigusa avait effectivement un petit problème. Un problème prenant la forme d'une weretiger accrochée à elle qui semblait avoir une envie soudaine de la câliner.

"Moooooooh ! Chigu ! Tu vas partir sans faire un gros câlin à maman ?"

Bell poussa un petit rire nerveux quand il constata que Dezra semblait avoir jeté son dévolu sur la pauvre demoiselle. Dès qu'elle trouvait quelqu'un qu'elle considérait comme mignon et adorable, elle ne pouvait s'empêcher de vouloir le câliner. Bell en avait d'ailleurs fais les frais plus d'une fois.

"Dezra, je pense que Chigusa a vraiment envie de rentrer dormir tu sais. Tu veux bien la libérer ?"

La weretiger eut une expression un peu peinée, mais s'exécuta.

"Bon, d'accord… mais en échange, c'est toi qui me fais un gros câlin !" dit-elle en se jetant sur lui pour le prendre dans ses bras.

"Dezra !"

"Eh bien, pour notre part, nous allons vous laisser, bonne journée."

Et sans aucune hésitation, Mikoto et Chigusa firent subir un nouveau pass parade à Bell en prenant la fuite pendant que l'attention de la plantureuse weretiger était concentrée sur lui.

"Dezra, j'ai des choses à faire aujourd'hui, il faut que j'y aille."

"J'accepte de te libérer uniquement si tu m'appelle 'maman'."

"Je n'ai pas l'intention de t'appeler comme ça !" protesta-t-il, bien qu'il jouait tout de même un peu son jeu. En fait, avec son niveau 2, il aurait facilement pu se libérer de la prise de la weretiger, mais il essayait toujours de la convaincre.

"Vraiment ? Dommage… Toi, plus que tout autre, j'aurais vraiment aimé que tu m'appelle maman…"

Bell se rendit compte qu'elle serra un peu plus ses vêtements et que sa voix semblait soudainement devenir plus triste. Il se retourna alors et vit que des larmes commençaient à apparaitre aux coins des yeux de la dame.

"Dezra ? Qu'est-ce qu'il y a ?"

Sa question sembla la réveiller, car elle le relâcha subitement et se rendit compte que ses yeux devenaient humides.

"Pardon ! Ce n'est rien ! C'est juste que… s'il était encore en vie, il aurait à peu près ton âge…" dit-elle d'une petite voix, presque un murmure.

Instinctivement, Bell leva la main pour caresser le visage de la weretiger, comme s'il était soudainement happé par la profonde tristesse que lui renvoyait son regard.

"Bell… Tu veux bien… que je te parle un peu de moi ?"

"Oui… Autant que tu le voudras Dezra." Lui dit-il avec tendresse. Il savait maintenant que la plupart des courtisanes avaient eu une vie compliquée, mais c'était rare qu'elle s'ouvre sur leur passé. Aussi, si Dezra était résolue à lui parler, il était résolu à l'écouter.

"Je suis née… dans un village loin d'Orario. J'ai perdu mes parents alors que j'étais à peine plus âgé que toi. Ils sont morts dans une guerre stupide à cause des dieux et de ces affrontements qu'ils appellent leur 'jeu des royaumes'. Par chance, j'ai rencontré celui qui allait devenir mon mari. C'était un homme bon et ambitieux, il voulait devenir marchand et rêvait de fonder une compagnie florissante. Nous avons fini par venir nous installer à Orario. A l'époque, la ville était dans son âge d'or, Zeus et Héra régnaient dessus, leurs familia étaient au sommet de leur gloire et de leur puissance, des gens du monde entier venaient à la recherche de nouvelles opportunités. Mon mari a débuté son affaire et moi je le soutenais. Tout allait pour le mieux et je suis tombé enceinte. Mais, ce qui aurait dû être le plus moment de ma vie est devenu un cauchemar…"

Bell continuait à l'écouter silencieusement, même si une part de lui se demandait vraiment à quoi ressemblait la ville à cette époque, quand Zeus et Héra étaient encore les maîtres incontestés.

"L'accouchement s'est mal passé… très mal. Mon fils est mort-né et mon utérus a été gravement endommagé dans le processus. A l'époque, mon mari venait à peine de se lancer, nous n'avions pas les moyens de nous offrir un bon soigneur, capable de vite s'occuper de moi et mon corps en a gardé les séquelles. Non seulement, j'avais perdu notre enfant, mais j'étais en plus devenue stérile. Mon mari, dont je pensais qu'il me soutiendrait, m'a abandonné. Pour lui, rien ne comptait plus à l'époque que cette ambition qui l'avait dévoré. Mais son idée de modèle de la réussite venait avec une parfaite famille, à savoir une épouse capable de lui donner une descendance pouvant assumer la succession de la dynastie commercial qu'il voulait créer. A peine le temps de me laisser me remettre qu'il m'a mise à la porte comme une malpropre sans rien d'autre que mes vêtements. Je crois qu'il avait déjà trouvé ma remplaçante."

Encore une fois, Bell ne dit rien. Que pouvait-il dire de toute façon ? Il ne pouvait plus qu'écouter le triste récit de la vie de Dezra.

"Pour une femme seule, sans famille, sans soutien et sans capacité particulière, il n'y avait pas beaucoup de possibilités pour l'avenir. Après avoir erré des jours dans la ville, je me suis effondrée pas loin d'ici et le destin a voulu que Neela me trouve. N'ayant pas d'autre choix pour survivre, je suis devenue une courtisane à mon tour. Puis, il a fallu que je tombe un jour sur un client un peu bizarre qui a demandé s'il pouvait m'appeler 'maman' en privé et voilà comment j'en suis arrivé là."

"Dezra, je…"

"Ne t'en fais pas Bell, il n'y a rien à dire. De toute façon, tout cela est maintenant de l'histoire ancienne. J'avais juste envie de partager ça avec toi, va savoir pourquoi. Enfin, je parles, je parles, mais tu as des choses à faire je crois. Allez, file, on se voit plus tard."

Lui répondant d'un signe de tête, Bell commença à partir, puis se retourna après trois pas.

"Peu importe ce que les gens disent, moi je sais que tu es quelqu'un de bien… alors… à plus tard… maman." Dit-il avec les joues rouges avant de s'enfuir. Il pouvait lui accorder de l'appeler ainsi ne serait-ce qu'une fois.

Quand elle entendit les mots de Bell, Dezra fit instinctivement un pas en avant et tendit le bras vers lui, mais nul son ne sortit de sa bouche alors qu'elle restait figée dans cette position. Ce fut alors que Neela sortit de l'ombre et s'avança.

"Tout va bien Dezra ?"

"Je… pendant un instant, j'ai cru qu'il était là…"

La prum ne dit rien, elle s'approcha silencieusement et prit la main de la weretiger dont les yeux commençaient à laisser perler de nombreuses larmes.

"Je… Je crois qu'il est temps que j'aille lui rendre visite."

Cette fois, Dezra parlait de son véritable fils qui, bien que mort-né, avait tout de même eu droit à une tombe. Mais en quinze ans, elle n'avait que rarement trouvé la force d'y aller, rongée par la culpabilité qu'elle ressentait de ne pas l'avoir mis au monde en bonne santé.

"Oui."

"Neela, je peux te demander un service ? Tu voudras bien… venir avec moi ? Je ne sais pas si j'y arriverais toute seule…" fit-elle avant de tomber sur les genoux et se mettre à pleurer, poussant la prum à la prendre dans ses bras pour la réconforter.

"Bien sûr Dezra. Je serais toujours là pour veiller sur vous."

Il n'y eut plus que le silence, coupé seulement par les sanglots de la weretiger. Des pleurs libérateurs qui allégeaient un peu la peine de son cœur.

Intérieurement, Neela se dit qu'elle avait raison depuis le début. Bell était bien celui qu'elles attendaient, celui allait enfin sauver leur familia de ses propres démons…


Pour la petite anecdote, le karma avait fini par rattraper l'ex-mari de Dezra. Ce dernier, impatient de monter et développer sa firme commerciale, avait choisi des partenaires peu recommandables et avait fait affaire avec des familias en lien avec les Fils de la Nuit. Comme tant d'autres, il fut victime de la terrible croisade vengeresse de Ryuu, l'Ouragan.


Et ainsi, la vie continua dans le quartiers plaisirs et plusieurs jours passèrent ainsi. Cependant, à Belit Babili, dans le plus grand secret, Ishtar s'apprêtait à quitter la ville avec un groupe de Berberas.

Un groupe qui était très affairé afin de terminer ses préparatifs. Une amazone vint alors vers la déesse.

"Tout est prêt ?"

"Oui, nous avons la confirmation que la déesse Kali est bien à Melen avec une troupe d'élite de sa familia, rien ne s'oppose à cette rencontre."

"Parfait."

Ishtar allait devoir se confronter à la gamine massacreuse et régler ce problème une fois pour toute. C'était risqué, mais potentiellement payant. Une autre femme vint alors la trouver et lui murmura quelques mots à l'oreille.

"Loki est à Melen ? Avec un groupe de sa familia."

"Oui, ma déesse, c'est confirmé."

"Sait-on ce qu'ils font là-bas ?"

"Nos informations ne sont pas clairs, apparemment, ils auraient inspectés le sceau du Léviathan."

Ishtar se plongea alors dans ses pensées.

"Le sceau du léviathan ? Mais pourquoi Loki irait… Ah ! Je vois… Elle doit chercher une autre entrée au Donjon. Donc, elle ne connait toujours pas l'existence de Knossos à ce stade. Mais ce n'est probablement qu'une question de temps maintenant…"

"Déesse ? Devons-nous faire annuler la rencontre ?" Osa alors une des berberas.

"Non, c'est peut-être même une excellente opportunité en fait."

Aucune ne comprit vraiment pourquoi, mais il était rarement facile de comprendre les pensées des dieux. Puis ce fut Aisha qui s'approcha d'elle.

"Ma déesse, nous laissons Haruhime ici ?"

"Eh bien, c'est pourtant toi qui a insisté sur le fait que nous ne devions pas trop dépendre d'elle il me semble ?"

"Effectivement, mais…"

"Et puis, je n'ai pas envie de mettre notre précieux atout en présence de cette cinglé de Kali et ses enfants."

"Très bien ma déesse." fit-elle en s'inclinant.

Ce fut alors qu'un son métallique attira l'attention de la déesse qui se dirigea vers la source du bruit.

"Phryne ? Je peux savoir ce que tu fabriques ?"

La principale intéressée releva la visière de son heaume.

"J'essaye ma toute nouvelle armure, ça me semble l'occasion idéale pour la tester si les enfants de Loki sont vraiment de la partie. Cette mocheté de princesse à l'épée me doit encore une revanche." Fit-elle avec son rire malsain.

"Une armure intégrale ? Quelle excellente idée Phryne."

"Ravie que ça vous plaise."

"Au moins, comme ça, on n'est plus obligé de supporter ta vue."

C'était totalement gratuit. Phryne se mit à bouillonner de colère, encore plus quand elle entendit des pouffements et autres rires étouffés dans les alentours. La monstrueuse amazone eut bien envie de répliquer, mais son esprit gardait encore en mémoire le souvenir d'Ishtar les remettant en place et cela suffit à la contenir. C'était d'ailleurs aussi pour ça qu'elle était restée docile ces dernières semaines et n'avait rien tenté envers Bell.

"Bien, mettons-nous en route dès que nous serons prêtes."

""Oui ma déesse !"" répondirent en chœur les berberas.


Alors que sa déesse se préparait pour cette rencontre décisive, Bell, de son côté, ne se doutait de rien et avait repris sa petite vie habituelle en compagnie de Lili et Welf, ainsi que quelques petites descentes dans le Donjon pour se remettre en selle après les derniers évènements. Le soir venu, Welf était resté dîner avec eux.

Ce fut une fois que Lili partit s'occuper de quelques affaires de son côté que Welf vint trouver Bell.

"Bell, j'aurais besoin que tu me rendes un service."

"Bien sûr, de quoi s'agit-il ?"

"Je dois mener une sorte de petite enquête et j'aurais besoin de ton aide."

"Une enquête ?"

"Oui, dans ce quartier, tu dois bien le connaitre maintenant."

"Effectivement, mais… Dites-moi Welf, vous n'essayez tout de même pas de profiter de moi pour obtenir une réduction dans un bordel ?" Demanda alors le jeune homme d'un air méfiant. Ce n'était pas qu'il n'avait pas confiance en Welf, mais vivre au sein de la Ishtar familia avait beaucoup diminué sa naïveté sur certaines choses.

"Que… mais non ! Je te jure Bell que ce n'est pas du tout ça ! C'est même très important pour moi." Se défendit le forgeron.

"Je te crois, Welf, c'était juste pour être sûr."

"Parfait, alors, allons-y de ce pas."

Un peu curieux, Bell suivit donc Welf dans le quartier des plaisirs alors que celui-ci commençait à s'animer. Il leur était difficile de circuler vu que Bell se faisait alpaguer par beaucoup de monde, preuve qu'il était vraiment adoré dans ce quartier. Cependant, il dut couper court à chaque fois pour éviter de perdre trop de temps alors Welf semblait suivre une piste bien particulière.

"Welf, tu cherches quoi exactement ?"

"Attends… je crois… que c'était par-là." Dit-il tout en cherchant son chemin. Bell le suivit et il finirent par arriver devant un établissement spécifique. "Je crois que c'est ici. Bell, tu connais cet endroit ?"

Le jeune homme vit l'enseigne et tira une expression très gênée. L'endroit se nommait Le Doux Murmure et d'une certaine manière, Bell connaissait les lieux.

"Oui, c'est un bordel."

"Ça, je m'en doutais Bell. Non, ce que je veux savoir, c'est de quel genre d'endroit de bordel il s'agit."

"C'est un établissement à gigolos… du genre qui ont ma carrure…"

"Vraiment ? Intéressant. Allons voir !"

"Non, attends ! Welf ! J'ai pas envie d'aller là-dedans !" protesta Bell d'une voix désespéré, mais son ami le devança et il n'eut d'autre choix que de le suivre.

A l'intérieur, un homme les approcha. Il s'agissait de Dylan, le gérant des lieux. C'était un humain aux cheveux noir et aux yeux bleus. L'homme, bien qu'ayant la trentaine, était de petite carrure et avait conservé une certaine jeunesse de traits. Bien qu'humain, il aurait aisément pu se faire passer pour un prum, ou du moins un semi-prum.

"Bienvenue… Oh ! Bell, tu t'es enfin décidé à venir travailler avec nous ?"

"Certainement pas Dylan. Non, mon ami semble chercher quelque chose." Répondit-il en désignant Welf qui semblait très concentré.

"Eh bien, ce n'est pas vraiment notre clientèle habituelle et… je peux savoir ce qu'il fait ?"

Sans vraiment se soucier de ce qu'il se passait autour de lui, Welf se mit à fureter et entendit soudainement quelque chose. Il se précipita alors vers une porte qu'il ouvrit en trombe. La porte donnait sur un petit salon privé. A l'intérieur, avachie sur un canapé se trouvait… Tsubaki !

La semi-naine portait une tenue à moitié défaite, un de verre de vin à la main et avait un gigolo à chaque bras. A sa gauche, un prum et à sa droite, un semi-elfe à peine adulte. Et toute ce petit monde était très occupé au moment où Welf rentra dans la pièce.

"Grande sœur, tu veux un peu plus de vin ?"

"Grande sœur, tu veux que je te masse les épaules ?"

Mais tout cela fut interrompu par l'arrivée impromptue de Welf. Il fallut quelques seconde à Tsubaki pour comprendre ce qu'il se passait et se mettre à paniquer.

"Que… Welfy ! Qu'est-ce que tu fais là ?"

"JE LE SAVAIS !" fit le forgeron en la pointant du doigt. Cela semblait idiot, mais vu le nombre de fois où elle l'avait taquiné, il avait le sentiment d'avoir enfin de quoi lui rendre la politesse.

"Eh ben quoi ? J'ai le droit de m'amuser et de profiter de mon temps comme je veux que je sache !" protesta la capitaine d'Héphaïstos, qui avait retrouvé sa contenance.

"Attends que je raconte ça aux autres." Lui dit Welf avec un petit rire sadique. Cependant, Dylan, le patron des lieux, ne tarda pas à débarquer pour arrêter ce bazar et qu'on cesse d'importuner une cliente.

"Alors là, jeune homme, certainement pas. Bell, j'apprécierais que tu évites de ramener des gens qui mettent du bazar dans les affaires."

"Désolé." Répondit-il avec un air gêné.

"Et je pense qu'il serait de bon ton que tu expliques à ton ami l'une des premières règles du quartier des plaisirs. Aller, tout le monde avec moi !"

Ce fut alors que Dylan, les deux autres gigolos qui s'occupaient de Tsubaki et même Bell se mirent tous à réciter en chœur.

""C'est le quartier des plaisirs, on ne juge pas les kinks ici !""

Welf fut un peu décontenancé et finit par comprendre qu'il s'était peut-être laissé un peu allé dans cette histoire. Bell parvint alors à lui faire quitter les lieux, non sans s'excuser une dernière fois auprès de Dylan. Ce dernier fut tenté de négocier quelque chose de Bell en échange de son silence auprès d'Ishtar, mais il se rendit compte qu'Aisha et Lena aurait probablement sa tête pour ça, ainsi ils en restèrent là.

Quant à Tsubaki, en guise de dédommagement pour le dérangement, elle eut droit à deux gigolos de plus pour la nuit. Puisque Welf savait déjà tout, alors pourquoi se priver de s'amuser ?


Si l'ambiance était légère au quartier des plaisirs, ce n'était pas le cas au port de Melen. Il y avait comme une ambiance oppressante en ville, sans doute dû à l'arrivée soudaine de toute une bande d'amazones violentes et dangereuses. Les filles de Kali manquaient particulièrement de discrétion. Il fallait rajouter à cela la présence de Loki et de ses enfants, un officiel de la Guilde pas très honnête et Njord qui magouillait lui aussi dans son coin, le tout formant un tableau délicieusement explosif.

Ce fut donc dans cette ambiance à couper au couteau qu'Ishtar arriva en toute discrétion en ville, pour la rencontre qui était prévue avec Kali. La déesse de beauté retrouva donc la déesse des massacres dans une auberge discrète pour ce rendez-vous.

"Eh ben, t'auras mis le temps à me répondre." Commença sèchement Kali, semblant vouloir s'éviter toute politesse.

"Apprends donc à faire preuve de plus de patience Kali, c'est une vertu salvatrice." Lui répondit ironiquement Ishtar, avant de commencer à allumer son kiseru et de s'installer tranquillement.

Son regard tomba alors sur Kali et elle se surprit malgré les siècles à la trouver toujours aussi ridicule. Avec sa carrure d'enfant, qui donnait l'impression qu'on avait mélangé une amazone et une prum, elle renvoyait l'image d'une une sale petite morveuse qui jouait à la dure. Et pourtant, ce petit truc était une déesse gouvernant à la guerre, au sang et au massacre. La Création savait faire preuve d'ironie parfois.

"A moins que te montrer aussi impatiente qu'une enfant soit fait volontairement pour faire écho à ton apparence." Lui balança Ishtar sans pitié, prenant tout le monde de court. Même parmi les amazones de la déesse de Telkyura, certaines étaient choquées, mais d'autres se retenaient de rire.

Kali, quant à elle, rougit soudainement, ne s'attendant pas une réplique aussi salée.

"Non, mais dis donc, je te permets pas."

"Si tu as finis de te plaindre, revenons à nos affaires." La coupa sèchement Ishtar, voulant visiblement prendre la main sur ces négociations.

"Si tu veux qu'elles se passent bien nos affaires, je te conseille de ne pas trop jouer à la conne. Je te rappelles que c'est toi qui a besoin de mes filles, en particulier des sœurs." Dit-elle en faisant référence à Bache et Argana, ses deux co-capitaines et, accessoirement, deux puissantes niveau 6.

Car c'était l'une des parties du plan d'origine, faire rentrer en douce des membres de la Kali familia, en profitant du fait qu'il s'agissait toutes d'amazones, et les faire passer pour des berberas afin d'augmenter significativement leurs forces lors de l'assaut contre Freya. Et surtout, deux en particulier, les redoutables capitaines de Kali.

Cela semblait un peu simple comme idée, mais en réalité, la plupart des gens n'étaient pas vraiment fichus de distinguer une amazone d'une autre, en particulier dans un familia qui en comptait autant que celle d'Ishtar.

"Il y a encore quelques temps, je ne t'aurais pas contredit, mais maintenant, je pense qu'il est temps de reconsidérer ce partenariat."

La déclaration d'Ishtar provoqua plusieurs cris de stupeurs et diverses réactions de surprises, y compris parmi ses suivantes, car personne ne semblait au courant de ses plans.

"Qu'est-ce que tu entends par 'reconsidérer' ? Tu vas quand même pas me trahir maintenant Ishtar ?"

"Te trahir ? Pourtant c'est toi qui fais n'importe quoi et mets toute l'opération en danger par tes actions."

"Je ne vois pas de quoi tu…"

"Ne joue pas à l'idiote avec moi Kali. Je parle de tes manigances contre Loki." La coupa Ishtar, provoquant une réaction de surprise chez la morveuse des massacres. "Quoi ? Tu ne pensais tout de même pas que je serais venu à ce rendez-vous sans me renseignez au préalable ? Alors oui, je sais que tu as carrément kidnappé Thousand Elfs, l'une des enfants favorites de Loki, je sais aussi que tu comptes essayer de récupérer les sœurs Hiryute. Et je me doute aussi que tu comptais m'entrainer dans cette histoire."

Kali ne sut pas quoi répondre, pour la simple et bonne raison qu'Ishtar venait de complètement la prendre de court en dévoilant tous ses projets.

"L'idée, Kali, c'était que tu te tiennes tranquille jusqu'à l'assaut contre Freya et après seulement, tu auras pu mettre à exécution tes propres projets et t'adonner à un joyeux massacre comme tu les aimes, mais tu es en train de tout saboter par tes actions irréfléchies."

"Hé ! J'avais pas prévu que Loki se pointe ici ! J'étais censé renoncer à une si belle opportunité ?"

"Oui. Tu étais censé être discrète, mais tu t'es jeté stupidement sur l'occasion, comme un chien affamé devant un morceau de viande devant lui."

"Et donc, tu me lâche ? Comme ça ?"

"Exactement." Lui répondit sobrement la déesse en éteignant sa pipe.

"Tu crois vraiment que tu vas t'en tirer à si bon compte ?" Commença Kali avec un air menaçant, ce qui ne sembla faire ni chaud ni froid à Ishtar.

"Je pense, ma pauvre Kali, que tu vas bientôt avoir des problèmes bien plus important à gérer. Tu as sous-estimé Loki et tu vas lourdement le payer."

"Effectivement. D'ailleurs en parlant de Loki, si je la croise, je pourrais toujours lui raconter… certaines choses."

La menace de Kali n'eut pour effet que de faire rire Ishtar.

"Oh ! Mais je t'en prie. Seulement, crois-tu que j'aie été assez stupide pour renier ce partenariat sans m'assurer au préalable de faire disparaitre toutes les preuves nous reliant directement ? Les dieux savent quand les mortels leur mentent, mais nous demeurons incapables de le deviner chez nos semblables."

En guise de réponse, Kali ne put que serrer les dents. Elle était obligée de l'admettre, pour ce qui était des intrigues, Ishtar était bien plus douée qu'elle.

"Au revoir Kali, je crois que nous ne nous reverrons pas avant un moment." Fit sobrement la déesse de beauté avant de se parer de sa cape à capuche et quitter les lieux.


Ishtar et ses enfants quittèrent donc Melen aussi discrètement qu'elles étaient venues. Mais chez les berberas qui l'accompagnaient, seule l'incompréhension régnait et Samira osa alors s'approcher de sa déesse pour lui parler.

"Ma déesse, pardonnez-moi, mais pouvons-nous vraiment nous permettre de nous passer de Kali ? C'était un atout majeur de notre plan et une puissante force de frappe."

"Kali s'est déjà saboté elle-même et ne fait que prouver à quel point elle est instable. Je n'ai pas besoin d'une bête de guerre qui risquerait de nous mordre à tout moment."

"Mais, le plan…"

"…Nécessitera des ajustements. Nous ne sommes pas à court d'options."

Cela ne faisait que renforcer les doutes de Samira, même si elle ne savait pas encore que tout cela faisait en fait partie d'une nouvelle stratégie globale de la déesse afin d'abandonner définitivement ce projet.


Et comme l'avait annoncé Ishtar, les plans de Kali tombèrent à l'eau et elle prit une méchante raclée de la part de Loki, en plus de voir ses féroces combattantes se transformer en jeunes femmes amoureuses qui n'avaient plus rien de ses terribles guerrières. Cependant, la petite déesse ne dévoila jamais à la trickster l'implication d'Ishtar, car, plus que de se venger d'Ishtar, il était plus important à ses yeux de ne faire aucun cadeau à Loki.

Le retrait d'Ishtar dans cette histoire eut également une autre conséquence assez particulière. Vu que sa familia n'avait pas affronté celle de Loki, Lena Tally ne se fit donc jamais sauvagement tabassé par Bete Loga et ne tomba donc pas sous son charme (très relatif).