Même disclaimer qu'auparavant, je ne cautionne ni ne soutiens JK Rowling dans ses propos et ses choix, mais je souhaite continuer à écrire à nous réinventer ce roman.


Percy Weasley - A tes côtés


- Ne dites pas à votre mère que vous avez parié de l'argent, dit Mr Weasley à Fred et à George pendant que nous redescendons l'escalier tous ensemble.

- Ne t'inquiète pas, papa, répond Fred l'air ravi. On a de grands projets pour utiliser cet argent et on n'a pas du tout envie qu'il soit confisqué!

- Vous êtes vraiment sérieux alors sur ce projet de magasin? je chuchote dans l'oreille de George, à l'épaule de qui je me tiens pour ne pas me gameller dans les marches.

- Et comment! Grâce à l'argent qu'on a parié avec Verpey, on va pouvoir faire plusieurs prototypes et trouver un local, c'était vraiment inespéré!

Je ris en imaginant la voix désemparée de Molly Weasley lorsque les jumeaux lui annonceront qu'ils sont déjà propriétaires de leur magasin – elle sera obligée d'admettre qu'ils ont de la ressource! Je m'arrête une seconde pour enlever de mes oreilles les Auriculettes qui m'ont permis de suivre le match Irlande-Bulgarie en direct, lorsqu'une bousculade de supporters hilares éloigne soudain George de moi. Zut! Je suis trop loin de la rampe pour descendre sereinement dans la foule. Une petite bouffée de panique monte dans ma gorge, et j'essaie d'appeler George, mais rien à faire, il a dû être emmené beaucoup plus loin. J'entends des rires au loin, Fred? Je descends tant bien que mal deux ou trois marches en essayant de résister au flux humain qui déborde des gradins, mais ma canne ne m'est d'aucune utilité ici, il y a bien trop de monde. On aurait dû attendre que tout le monde parte, nom d'un gnome!

Une main se pose doucement sur mon épaule et je tressaille. Je m'apprête à demander si c'est George, mais un parfum m'enveloppe soudain – un mélange de produit à cheveux, de parchemin et du Terrier. Je me retiens tant bien que mal de fondre quand une voix douce me glisse:

- Tout va bien, Anya? C'est Percy.

- Oh, oui, ça va super, dis-je d'un ton faussement négligent. Ton cher frère m'a lâchement abandonnée au milieu d'une foule déchaînée qui descend des escaliers en trombe, j'essayais juste de me concentrer pour le rejoindre au plus vite et lui lancer le pire Chauve-Furie qu'il n'ait jamais vu.

- Je ne suis pas sûr que tu puisses lui lancer de sortilège alors que tu n'es pas encore majeure, mais je veux bien te mener à lui pour… lui donner une bonne correction.

- Mais j'ai bientôt 17 ans, ça passe presque! Hmpf. Soit. Si vous m'accompagnez jusqu'aux tentes, je veux bien vous céder le droit de lui lancer un maléfice, cher Percy, dis-je d'un ton faussement pompeux.

Oh par Merlin, pourquoi faut-il que je sois aussi cringe quand je suis à ses côtés?! Cela fait pourtant bien quatre ans que l'on se connaît… On se parle si peu depuis qu'il est devenu préfet-en-chef et qu'il travaille maintenant au ministère, je ne sais plus où me mettre. Son odeur me fait tourner la tête et me rassure en même temps, tandis que le flot de sorciers et sorcières déboule de chaque côté de nous. A ma grande surprise, Percy rit. J'entends le bruit de ses lunettes qu'il remonte sur son nez, et une petite respiration, comme s'il hésitait à parler.

- Je ne suis pas sûr de vouloir être le bras armé de la vengeance… Je me c-contenterai de t-… vous guider, ch… chère Anya.

Je marque un moment de surprise. Cela faisait longtemps que je ne l'avais pas entendu plaisanter, et plus longtemps encore qu'il n'avait pas bégayé. Il hésite un instant, sa main à peine posée sur mon épaule, avant de demander:

- Est-ce q-que cela te va si j-j-je te prends la main?

Mon cœur s'emballe. La chaleur de l'été vient de prendre quelques degrés, non? J'acquiesce en riant fort pour masquer ma gêne, et sa main passe en douceur de mon épaule à ma paume. Nous avançons doucement, en silence au milieu du brouhaha ambiant. On dirait deux enfants perdus au milieu du reste du monde. J'ai envie de croiser nos doigts. Non mais ça ne va pas bien Anya ou quoi?! Tu te l'es déjà répété mille fois, c'est le frère de tes meilleurs amis, c'est Percy. Garde ton calme. C'est juste Percy. «Le binoclard buté» diraient Fred et George. Même si je sais qu'il est plus que ça.

Nos paumes s'entrechoquent doucement. Une vague de déjà-vu me submerge, et je me retrouve projetée des années en arrière, quand je découvrais encore Poudlard et ses escaliers mouvants. Un garçon de Gryffondor m'avait aidée après que je m'étais coincée la jambe dans la marche maudite, puis m'avait reconduite à la Salle Commune en me guidant dans les couloirs. Il n'avait pas décroché un mot à l'époque, à part le mot de passe. J'avais fini par comprendre qu'il s'agissait de Percy, mais je ne lui ai jamais dit merci. S'en souvient-il aussi? Machinalement, je caresse sa main du pouce, comme pour confirmer mes souvenirs. Je me rends compte de mon geste lorsque sa poigne se raffermit un peu. Il décontracte soudain ses doigts, et les entrelace aux miens, tout en continuant de me guider au milieu des cris de joie et des déflagrations. Des feux d'artifice explosent aussi à l'intérieur de moi, je me sens fiévreuse.

Des milliers de questions tournent dans ma tête: est-ce qu'il fait ça parce qu'il a peur que la foule nous sépare? Ou est-ce que pour lui ça veut dire plus? Et s'il était vraiment gêné parce que… alors, quoi? Et moi, est-ce la joie de passer de nouveau du temps avec un ami, ou… m'avait-il manqué tant que ça?

- Perce, Anya!

Percy lâche brutalement ma main comme s'il venait de se brûler. Les voix de George et Fred se rapprochent, et Percy murmure:

- Nous sommes arrivés…

- Désolé Anya, je t'ai totalement perdue de vue! s'exclame George en me prenant dans ses bras.

- Heureusement que tu as trouvé un chevalier servant et dévoué à la place de ton ami en carton, raille Fred.

- Venez vous installer, papa a accepté qu'on se prenne une boisson chaude avant de dormir! Oh, Anya baisse-toi, farfadet en approche!

Je me baisse à temps pour sentir un courant d'air faire voler mes boucles blondes, puis me redresse en riant. Je rejoins la petite table de camping, et Mr Weasley me tend une tasse de chocolat chaud.

- Perce, tu veux un fond de Whiskey Pur Feu dans ton chocolat? On n'a pas de crème pour faire un vrai Irish chocolate, mais c'est tout comme! fait Bill de l'autre côté de la table.

- Allez, pour fêter la victoire irlandaise, dit Percy sur ma gauche.

Nous célébrons gaiement la victoire de cette finale de Quidditch haletante. Tandis que les discussions vont bon train sur le match, et que Fred et George font des messes basses de leur côté, je me tourne vers Percy.

- Merci beaucoup, pour tout à l'heure.

- Oh, ce n'est rien, c'était tout à fait normal. Je n'allais pas te laisser là sans rien faire.

- Je ne m'étais pourtant pas coincé le pied, cette fois! Merci pour ce jour-là aussi, d'ailleurs. Je crois que je ne te l'ai jamais dit.

Il ne répond rien, mais je crois qu'il sourit. Il boit une gorgée, se racle soudain la gorge, et son ton devient à nouveau formel, comme depuis sa promotion de préfet-en-chef. Pourquoi change-t-il d'un coup? Ça m'agace.

- Comment cela se passe, à Poudlard? Prête à affronter la sixième année? C'est sans doute l'année la plus importante, la préparation des ASPIC commence maintenant – je sais que vous êtes très amis avec Fred et George, mais il ne faut pas…

- Cela ira très bien, Percy.

- Tu sais, c'est grâce à cette année-là que je suis devenu préfet-en-chef, et cela m'a aidé à travailler pour M. Croupton. Il ne faut vraiment négliger aucun aspect! C'est d'ailleurs ce que me dit toujours M. Croupton, il faut être performant partout et à toute heure – le travail avant tout!

- Il n'a absolument pas l'air de vouloir t'exploiter, dis-je d'un ton railleur.

- M. Croupton n'est pas du tout comme ça, il croit au mérite, et moi aussi. Il faut savoir sacrifier des choses pour que le travail soit bien fait. Je te dis ça car je m'inquiète pour toi, j'aimerais que tu aies toutes les chances de ton côté pour…

- Comment ça, tu t'inquiètes pour moi? Qu'est-ce que tu insinues? Que je ne travaille pas assez? je demande alors que l'impatience me gagne.

- Non! Non… je sais juste qu'en plus d'être souvent en compagnie de Fred et George, qui sont loin d'être des modèles, tu aimes… privilégier des activités moins scolaires, comme l'écriture ou la musique, et… enfin, je sais que tu écris parfois très tard dans la nuit et…

J'étouffe un cri de surprise mêlé de rage. Pour qui se prend-il, au juste? Balayés, les papillons dans l'estomac, envolée, la timidité. Il a beau être attendrissant parfois avec son air coincé et sérieux, là, il me court vraiment sur le haricot.

- Ah oui, c'est vrai ça, et comment le sais-tu déjà? Je parie que tes frères seraient ravis de savoir que tu passais des parties de tes nuits dans la salle commune non pas à réviser, mais à tenter de contrôler ton bégaiement! N'est-ce pas, W-W-Wistily?

Un bruit de dégringolade survient à ma droite et coupe court à la discussion. Le cœur battant, je me rends compte de la violence de mes mots, mais je suis trop furieuse pour revenir dessus. Je ne sais même pas par où commencer. Tandis que tout le monde rit de Ginny qui vient de s'endormir dans les chocolats chauds, Percy et moi sommes figés dans un silence chargé de colère, de frustration et de douleur. Heureusement que mes lunettes noires cerclées de bleu cachent les larmes qui commencent à affluer.

- Bon, il est temps d'aller se coucher, dit M. Weasley. Allez, au lit, jeunes gens!

Je ne demande pas mon reste, me lève prestement en agrippant ma canne, et file dans la tente que je partage avec Hermione et Ginny. Je desserre les mâchoires pour leur souhaiter bonne nuit, me brosse les dents, pose mes lunettes sur la table de chevet et m'allonge toute habillée. J'ai le cœur qui bat à cent à l'heure mais je ne sais plus pourquoi, et des bribes de souvenirs tournent en boucle dans ma tête. Au bout de quelques minutes, j'entends les respirations de Ginny et Hermione devenir plus lentes et régulières. Je n'arriverai jamais à dormir. Il faut que j'aille me calmer.

Je farfouille discrètement dans ma valise. Là! Je souris en extirpant ma radio portable – l'un de mes objets les plus précieux. Je n'ai pas envie de mettre d'écouteurs. Bon, direction la forêt. La radio dans une main et ma canne dans l'autre, je m'aventure dans le camping où quelques fêtards poursuivent leur nuit blanche. Je pars dans le sens opposé aux sons, vers les sous-bois. Je m'éloigne des quelques gloussements que j'entends venir des fourrés, et m'enfonce plus loin entre les arbres. J'ai l'impression que quelque chose me chauffe légèrement le dos. Etrange. Probablement lié au fait que je me sens encore énervée et honteuse.

Quand je n'entends enfin plus rien, je tâte les arbres autour de moi. Là, celui-là, il est parfait! Je pose ma radio et ma canne près du tronc, et m'élance pour grimper dans les branches.

- Hmpf!

Je m'arrête, à-moitié juchée sur la branche la plus large et solide. J'aurais juré avoir entendu un cri étouffé. Je tends l'oreille, mais, plus rien. Peut-être qu'un couple plus discret s'est caché dans un buisson tout près. Peu importe, ils partiront s'ils m'entendent. J'exécute un petit Accio pour récupérer ma radio, et l'allume sur ma station préférée. C'est toujours de la musique sans interruption – la meilleure chose.

What do I do to make you want me?
What do I got to do to be heard?

What do I say when it's all over?
Sorry seems to be the hardest word

Ah, un classique repris en version RnB. Un peu déprimant peut-être, mais ça me convient. J'ai un peu envie de chouiner. Je reprends avec les chanteurs le refrain: It's sad – so sad – it's a sad sad situation, why can't we talk it over ? Oh, it seems to me that sorry seems to be the hardest word... Ma gorge se serre. J'ai mis tant d'années à lui dire un simple merci, vais-je en mettre autant avant de lui demander pardon? Je suis allée trop loin, et je le sais.

Je fredonne le rythme des percussions, incapable de prononcer de nouveau les paroles, quand une voix mal assurée et un peu fausse entonne les dernières paroles:

- What do I do to make you love me?

Je tends l'oreille. Ça ne vient pas de la radio, qui…? La voix reprend, plus fort:

- What do I got to do to be heard?

La voix vient d'en bas. Je reste figée, interdite, et les larmes me montent de nouveau aux yeux – de soulagement, je crois.

- What do I do when lightning strikes me?

- Tu peux commencer par monter, dis-je faiblement.

- Nox, fait la voix.

C'était donc ça, la chaleur dans mon dos. Un petit rire étranglé reste coincé dans ma gorge – ma rancœur n'est pas encore complètement partie. Je m'écarte un peu sur la branche pour lui laisser de la place, et un mélange de dentifrice, de parchemin et d'encre me monte aux narines.

- Tu me suis depuis longtemps? C'est parce que tu t'inquiètes encore, ou tu me surveilles?

- Anya, je… je suis désolé. Je sais à quel point l'écriture et la musique comptent pour toi, je n'aurais p-pas dû…

Il laisse sa phrase en suspens.

- Je suis vraiment un abruti. Désolé.

- C'est vrai que tu n'as pas été le plus délicat, je murmure. Mais je suis désolée aussi. Je n'aurais pas dû me servir de tes faiblesses et t'appeler Wistily.

- C'était mérité, rit-il amèrement. Bien plus que quand Fred et George le font.

- Je sais que ça te blesse, et c'est précisément pour ça que je l'ai dit. Alors, je répète, je suis désolée.

Peut-être que c'est difficile de dire «pardon», mais je me sens un peu plus légère. La radio crachote maintenant un tube des années 80 bien trop punchy pour l'ambiance de cette conversation.

- Mais tu n'es pas un abruti, je continue doucement. Seulement, parfois, tu es un peu… borné? C'est comme si tu étais dans une bulle et que tu ne faisais attention à rien autour. Ou à personne. A part M. Croupton et les professeurs, peut-être.

- Et pourtant, si tu savais, marmonne-t-il d'un ton amer.

- Dis-moi, alors. J'avais réussi à t'adresser un peu la parole, quand j'écrivais mes histoires et que tu t'entraînais. Et quand les jumeaux m'invitaient chez vous. Je croyais m'être rapprochée un peu de toi, mais depuis ta septième année, je te trouve tellement… distant? Il y a des moments où tu es hyper attentionné, mais l'instant d'après, c'est un employé du ministère sans émotion à qui je m'adresse.

- Je fais attention à tout, tout le temps, dit-il d'un ton brusque. Je dois toujours faire mieux pour exister. Je ne suis pas aussi brillant et cool que Bill, je ne suis pas aussi fort et cool que Charlie, je ne suis pas aussi drôle et charismatique que les jumeaux… et je dois servir d'exemple à Ron et Ginny, parce que l'on se moque déjà bien assez de notre famille comme cela, et je ne veux pas qu'ils subissent les mêmes comparaisons odieuses. J'ai toujours travaillé trois fois plus que les autres pour que l'on me voit, pour obtenir tout ce que vous critiquez – mon badge, mon poste…

- On ne le critique pas. C'est que quand tu ne fais parler que de travail et de règlements, c'est parfois pesant.

Il ne répond pas tout de suite. Je l'entends renifler un coup.

- Je ne sais pas de quoi parler d'autre, avoue-t-il. Je dois toujours montrer le meilleur de moi, et le meilleur de moi c'est que j'ai appris à faire. Travailler et répondre aux attentes des plus haut-placés que moi. Je ne suis pas doué comme toi. L'écriture, la musique, la danse…

- Ça s'apprend aussi, je murmure.

- Il n'y a que là où je suis parvenu qui me rende fier. Et j'aimerais que les autres le voient. Que ma famille se rende compte à quel point je travaille à redorer le nom Weasley, à leur assurer une stabilité – je ne les ai pas abandonnés en partant à l'étranger, moi, ajoute-t-il entre ses dents.

- Tu peux être fier de toi. Ce n'est pas donné à tout le monde de travailler au ministère en sortant de Poudlard. Mais ce n'est pas la seule chose qui te rende unique et intéressant, Percy.

Je pose ma main sur la sienne. Il ne dit plus rien, et la radio émet une musique plus douce.

- Tes yeux sont magnifiques dans la lumière de la lune, dit-il soudain. Je ne me souvenais plus qu'ils étaient c-c-couleur ch-chocolat.

Mon cœur loupe un battement. Je pose mes mains sur mon visage. Oh non, mes lunettes! J'ai oublié de les remettre! Je détourne la tête, gênée. Je vais le mettre mal à l'aise, avec mes yeux figés…

- Je le pense sincèrement! Ne les c-c-cache pas… je suis- je suis désolé, je p-perds mes moyens quand je te p- je te parle.

Il se racle la gorge, et je comprends. Je comprends à quel point il est constamment vigilant – sa nouvelle façon de parler, c'est ce qu'il s'est forcé à devenir quand il s'entraînait à parler dans la Salle Commune. C'est un masque pompeux qui lui permet d'avancer malgré la peur. C'est plus que ça, c'est une partie de lui. Mais il a d'autres facettes, je les ai déjà vues, et j'aimerais qu'il les voie aussi.

- Tu sais que cette radio, c'est grâce à toi que je l'ai ?

- C-comment ça?

- Je me souviens d'un préfet de Gryffondor qui m'a appris, après m'avoir entendu négocier avec McGonagall, que certaines radios confectionnées par des entreprises sorcières pouvaient fonctionner dans l'enceinte de Poudlard? Et que sa mère écoutait d'ailleurs en boucle Moldubec sur RITM ?

- Je me souviens… tu avais l'air tellement dépitée.

- La musique, ça représente pour moi autant que la réussite pour toi. Sans cette radio, j'aurais dépéri, je te le jure!

- J'aimerais pouvoir partager ça avec toi, murmure-t-il.

Les premiers accords de la dernière chanson des Pretenders résonne dans notre bout de forêt, alors que ses mots résonnent dans tout mon corps. Je souris, prise d'une soudaine fougue, et empoigne la radio.

- OK. Suis-moi!

- Anya!

Je me suspends d'une main à la branche, et me laisse tomber à terre en pliant bien les genoux pour me réceptionner. Je l'entends descendre les branches, et entonne quelques harmonies sur la mélodie.

When the night falls on you
You don't know what to do
Nothing you confess
Could make me love you less

I'll stand by you
I'll stand by you

- Vas-y, essaie !

- Mais je chante faux…

- Je m'en fiche, laisse la musique te guider, ça ira très bien!

Percy commence à fredonner timidement la mélodie, et je souris avant de continuer à chanter et d'entamer quelques mouvements de danse pour m'accompagner.

Don't hold it all inside
Come on and talk to me now

Hey, what've you got to hide?
I get angry too
Well, I'm a lot like you

- Tu vois, tu y arrives très bien! dis-je juste au moment où il lance une fausse note.

- Tu es trop indulgente, fait-il en éclatant de rire. C'est affreux!

Je prends une grande inspiration. L'odeur des arbres et de la fraîcheur de la nuit me donne assez d'aplomb pour tendre ma main vers lui. Je tressaille en sentant se doigts effleurer ma paume, mais je continue à chanter en faisant doucement balancer ses bras. Il rit légèrement, et se détend suffisamment pour se prêter au jeu. Petit à petit, je sens que je me perds dans son parfum, et que sa présence me réchauffe. Je ne suis plus qu'à quelques centimètres de son torse. Je crois qu'il me tire imperceptiblement vers lui, et je me laisse faire. Ou c'est moi qui me rapproche, et il me laisse faire. Je pose ma tête contre sa chemise si douce et qui sent si bon, et son bras droit m'enveloppe. Je sens les pulsations rapides sous sa peau, comme si nos cœurs entraient en fusion et cherchaient à se rejoindre.

- J'aime ta voix, murmure-t-il. Je me sens bien quand je t'écoute.

- J'aime quand tu es là, dis-je en relevant la tête. Vraiment là. Je suis bien quand il y a toutes les facettes de toi.

- Est-ce que je p-p-peux…?

Je hoche doucement la tête, et attends avidement que ses lèvres se posent sur les miennes. Mais rien ne vient. Soudain, je tressaille en sentant ses doigts caresser doucement ma joue, dessiner mon sourcil et mes lèvres avant de descendre vers mon cou. Une chaleur émanant de mon nombril m'envahit lorsque je sens sa bouche embrasser la mienne. Les yeux fermés, je me plonge dans ce moment infini.

Je ne sais pas combien de temps on reste là, enlacés, pendant qu'une autre chanson défile, mais je n'ai que le refrain de I'll stand by you en tête. Il est le premier à se dégager doucement de notre étreinte, sentant que l'adrénaline commence à retomber.

- Nous devrions rentrer, père va s'inquiéter s'il se réveille dans la nuit.

Je souris doucement. Je n'ai pas envie de partir, mais je sais qu'il a raison. Il s'apprête à sortir sa baguette de sa poche, mais je pose ma main sur la sienne.

- A ton tour de me suivre.

Je lui confie ma radio éteinte, et récupère ma canne. Main dans la main, je nous reconduis jusqu'aux tentes, dans le bruissement des feuilles sur les branches. La chaleur de sa paume dans la mienne est la seule réalité à laquelle je me raccroche – le monde tourne autour de nos mains, à présent. Arrivés entre les tentes, je ne sais pas quoi faire: allons-nous nous embrasser? Dois-je lui dire bonne nuit? Est-ce que je lui propose de dormir à la belle étoile? Je n'ai pas le temps de trouver une réponse, que Percy, derrière-moi, m'enlace à nouveau et pose ses lèvres sur mes cheveux. Il place la radio sous mon bras libre, et ses bras autour des miens.

- Merci, Anya. Je… tu… Je ne t'en dirai pas plus, mais je te dois une danse plus travaillée, et je te promets que j'aurai l'occasion de te l'offrir d'ici Noël. J'apprendrai pour toi. Bonne nuit. Et même si je ne suis pas p- pas près de toi, I'll stand by you.

Il embrasse le haut de ma tête, laisse une dernière caresse dans les boucles qui tombent un peu au-dessus de mes épaules, et me pousse gentiment vers l'entrée de la tente des filles. J'entre comme si je marchais dans un rêve, et je me laisse tomber sur le matelas, un immense sourire aux lèvres. I'll stand by you too.