Heeeey je sais que ça sort de nulle part mais j'avais d'écrit depuis un certain temps et je me suis dit pourquoi pas u_u"

Avertissement /!\ /!\ /!\ : Le rating est passé à M pour une raison bien sombre.


Chapitre 3 :

Au final, cela prend plus d'un an à Light Yagami pour devenir un hacker confirmé et parvenir à s'introduire dans le système informatique de la police grâce à l'ordinateur de son père. Entre-temps, Kurô Otoharada fût arrêté et jugé coupable pour les meurtres et violations de onze petites filles. Le jeune garçon avait été déçu de ne pas avoir pu aider à le démasquer plus rapidement mais fièrement d'apprendre que c'était son père qui avait réussi à coincer le meurtrier. Cela n'avait néanmoins en rien entamé sa détermination à devenir un pirate informatique. Il s'avéra que c'était un milieu follement excitant, avec des défis toujours plus difficiles à relever. Sans son grand-père pour l'inciter à sortir de la maison et à explorer de nouvelles choses, il serait resté cloîtré dans sa chambre à surfer sur le web ou à bricoler des ordinateurs.

Heureusement pour lui, Daichi avait toujours le bon mot pour le pousser vers de nouveaux horizons et Light se retrouva à visiter Tokyo de fond en comble, à participer à des tournois d'échecs, de shōgi et même de tennis. Ce fut d'ailleurs à ces occasions que toute sa famille réalisait à quel point Light détestait perdre. Peu importe que la personne soit deux fois plus âgée que lui ou que ce soit le champion en titre du Kantō, le jeune garçon n'aspirait à rien d'autre qu'à la victoire totale. Ainsi, poussé par cet esprit combatif, Light redoubla d'effort dans son club de tennis et ajoutéa même un entraînement physique matinal pour pallier sa petite taille et son manque de puissance. À côté de cela, il se mit à lire divers livres de stratégie et à regarder les retransmissions des championnats d'échecs, de shōgi et parfois même de go. En classe, il rejouait les parties dans sa mémoire en modifiant à chaque fois les combinaisons, les rendant toujours plus difficiles à prédire.

Ainsi, tandis que le jeune Light Yagami finissait sa cinquième année de primaire, il remporta le tournoi de tennis inter-école et fut classé premier de sa catégorie dans son club de shōgi et d'échec. Cependant cela ne suffisait pas le moins du monde au jeune garçon de tout juste dix ans. Quel était le mérite pour lui de battre d'autres enfants ? Il désirait plus, se confronter à plus fort pour prouver qu'il s'était amélioré et savourer pleinement ses victoires auprès de Lawliet, Ojiisan, Okaasan et Sayu-chan. Alors pour la première fois de sa jeune vie, Light fit un caprice et exigea pratiquement d'entrer au collège à la prochaine rentrée.

Le primaire n'avait plus une fois de défi pour lui et à force de s'ennuyer en classe, il avait déjà lu et relu tous les livres à moitié intéressants de la petite bibliothèque. Plus agaçant encore étaient ses camarades de classe eux-mêmes. Anticiper et imiter leurs comportements était devenu douloureuxment prévisible et il n'y avait pas un seul parmi eux pour entretenir une conversation ne serait-ce que vaguement intéressante. À ce stade, Light parlait couramment dix langues, cuisinait aussi bien qu'Okaasan, résolvait des enquêtes de police en secret grâce aux rapports qu'il glanait dans l'ordinateur portable de son père et envoyait ensuite ses conclusions directement à l'enquêteur par email de manière anonyme. Il connaît aussi toute l'histoire de l'Asie depuis la Pangée jusqu'aux dernières Grande Guerre du dernier siècle. Il était si calé en physique et notamment en électronique que le garçon était certain de parvenir à construire un ordinateur d si sur lui en donné l'occasion.

Encore une fois, Ojiisan était du même avis que lui et à eux deux, ils réussirent à convaincre ses parents de l'inscrire au collège malgré ses trois années d'avance. La vérité était que Light avait plus le niveau d'un lycéen que d'un collégien sur beaucoup de sujets mais il était simplement inutile d'en discuter avec Okaasan. Il l'aimait, sincèrement et tendrement, mais malgré toute sa sensibilité artistique, elle ne comprenait tout simplement pas ce que signifiait d'être un génie entouré par une bande d'idiots brillant bêtement la majorité de la journée. À vrai dire, personne ne le comprenait réellement et il avait abandonné l'idée de rencontrer quelqu'un comme lui. Il se contentait de Lawliet, fils Détective Panda imaginaire qui résolvait des crimes et arrêtait des criminels.

Parfois, lorsque Ojiisan était en voyage et que Light s'ennuyait à la maison, il s'amusait à écrire des histoires où il était réuni avec son ami et enquêtait sur des mystères plus incroyables les uns que les autres. Quand Sayu-chan se réveillait en pleine nuit et se faufilait dans sa chambre pour du réconfort, il les lui racontait en chuchotant doucement dans son oreille. Elle adorait l'écouter et s'endormait toujours pelotonnée contre lui, le sourire aux lèvres. Le garçon ne l'avouerait jamais, mais il aimait quand sa petite sœur venait le rejoindre dans sa chambre. Habitué à la présence de son grand-père, il dormait toujours mieux lorsqu'il était en compagnie de quelqu'un d'autre.

Tout comme lui, Sayu-chan grandissait et avait maintenant six ans. Ses cheveux noirs lui tombaient au milieu du dos et ses grands yeux bruns, plus foncés que les siens, étaient toujours tournés vers lui lorsqu'ils étaient dans la même pièce. Elle était espiègle et sans peur et certaine que son grand frère avait les réponses à toutes les questions qu'elle se posait. Contrairement à lui, elle n'avait aucun mal à se faire de vrais amis qu'elle visitait fréquemment et qui suivait à leur tour à la maison. Sayu n'était pas un génie comme lui mais s'efforçait tellement de l'imiter et était si attentif à ses leçons qu'elle finit elle aussi par sauter une classe.

Light fut très fière d'elle et pour lui montrer cela, il consentit enfin à apprendre à jouer du piano pour qu'il puisse l'accompagner au violon. Ojiisan lui avait offert pour ses cinq ans et elle adorait l'instrument au point de le pratiquer tous les jours avec Okaasan. Elle fut folle de joie lorsque son grand frère la rejoignit dans ses cours de musique et ne fut pas le moins du monde étonnée lorsqu'il s'averra aussi doué que pour les autres sujets qu'il étudiait. Bientôt ce fut lui qui l'aida à lire des partitions et à corriger ses mouvements de doigts et de poignet au plus grand plaisir de leur mère qui leur enseigna tout ce qu'elle savait.

Parce que Light Yagami était toujours avide de découvrir de nouvelles choses -et aussi car le collège n'était pas aussi stimulant qu'il l'avait espéré- il se retrouva à savoir jouer du piano, violon, flûte, trompette, violoncelle et guitare en moins de deux ans. S'il était plaisant pour lui de décortiquer les différentes notes, arpèges et harmonies pour les reproduire le plus fidèlement possible, il n'éprouvait pas le contentement que ressentaient Sayu et Okaasan lorsqu'elles jouaient. C'était bien, mais dès qu'il maîtrisait un morceau, il perdait tout intérêt à ce dernier et passait au suivant. Là où sa mère et sa sœur étaient véritablement passionnées, elles exprimaient leurs émotions à travers la mélodie, ce que Light entendait clairement mais était incapable de reproduire. Ainsi, il en conclut que même s'il était doué mécaniquement parlant, il n'aurait jamais le talent d'Okaasan pour toucher les gens, ni l'adoration sans faille pour la musique qu'exprimait de plus en plus Sayu. Le garçon était heureux de laisser principalement cela entre sa mère et sa petite sœur. Après tout, il n'avait commencé que pour lui faire plaisir.

Par ailleurs, durant cette période, Soichiro Yagami, fut promuur d'enquête en chef de la cellule criminelle la plus éminente de la National Police Agency. Si la nomination était prestigieuse, la conséquence directe fut l'absence encore plus marquée de l'homme à la maison. Il arrive aux enfants de ne pas croiser leur père pendant des jours ou même que leurs vacances aux bords de la mer soient annulées à la dernière minute. Si ça ne bouleversait pas plus que cela Light, il supportait difficilement l'expression déçue de Sayu et le sourire croustillant de sa mère. La relation de ses parents se dégradait à vue d'œil et seul Soichiro ne s'en rendait pas compte. Okaasan tentait de leur dissimuler à quel point la situation lui déplaisait mais le jeune garçon n'était pas dupe. Une nuit, il l'entendit même pleurer dans l'étreinte rassurante d'Ojiisan.

- Il a manqué le récital de Sayu-chan et la compétition de Raito, il ne s'est même pas donné la peine de te souhaiter ton anniversaire Papa ! Je l'aime, c'est un homme bon et juste mais je n'ai plus l'impression d'être mariée avec lui. C'est à peine si nous parlons lorsqu'il est enfin à la maison...

La douleur dans la voix d'Okaasan, ses sanglots réprimés, la façon dont elle s'accrochait à Ojiisan, cela brisa le cœur de Light et le rend furieux. Sa Okaachan était la femme la plus douce du monde et si elle n'était pas parfaite -qui l'était vraiment de toute manière- elle ne méritait pas d'être traité ainsi. Elle était toujours là pour eux, s'occupait de la maison, des repas, du linge, écoutait tout le temps lorsqu'ils racontaient leur journée, leurs tracas, leurs rêves... C'était la meilleure mère qu'ils auraient pu pu avoir et c'était une femme encore plus merveilleuse. Elle était une artiste à part entière, ses mains délicates avaient la capacité de jouer les plus belles mélodies, de dessiner les images les plus saisissantes, de broder et coudre les motifs les plus complexes... Elle était mille choses mises bout à bout qui la rendait spéciale, importante et précieuse. C'était injuste de l'entendre sangloter ainsi à cause d'un homme et Light haïssait plus que tout l'injustice, d'autant plus lorsqu'elle touchait ses proches.

Cette nuit-là, après avoir piraté le réseau de la police et constaté que son père a travaillé sur le cambriolage de la maison d'un député - à première vue une arnaque à l'assurance assez basique - Light décision qu'il ne voulait plus Ressemble à Soichiro Yagami. L'homme ne savait pas tracer de limites entre sa vie personnelle et professionnelle. Le garçon de bientôt douze ans était déjà un partisan de l'ordre. Pour lui, il y avait un temps pour toute chose et chaque chose à sa place. Ce précepte dictait pratiquement le déroulement de ses journées et souvent, il savait une semaine à l'avance ce que serait son emploi du temps à la minute près. Plus que cela, si un jour il formait sa propre famille, elle serait sa priorité absolue, plus importante que n'importe quelle enquête, énigme, ordinateur ou partie de tennis. Car malgré ses journées chronométrées, il suffisait d'une demande de Sayu-chan, Okaasan ou Ojiisan pour qu'il modifie ses plans.

Cette décision l'amena à réfléchir profondément à la personne avec qui il désirait se marier. Il ne voulait pas d'un mariage comme celui de ses parents, guindé, distant, fondé principalement sur le devoir. Il souhaitait partager ses passions, que son épouse soit intelligente, vive et complètement indépendante. Il se refusait à la laisser toute seule à la maison à attendre bêtement qu'il revienne du travail. Il fallait qu'elle soit autant dynamique, curieuse et loyale que lui. Aussi, si jamais ils devenaient parents, Light ne serait jamais le genre de père à abandonner toutes les responsabilités à la mère. Il mettrait un point d'honneur à les élever et à passer tous les jours du temps avec eux, un peu comme il le faisait avec Sayu. Plus que tout, il souhaitait se marier avec une personne qui le comprenne, où il ne serait pas obligé de faire semblant d'être quelqu'un qu'il n'était pas vraiment pour se faire apprécier.

Blotti contre sa peluche panda, le bruit de la respiration d'Ojiisan en fond sonore, Light réalise avec tristesse que c'était quasiment les mêmes qualités qu'il désirait chez un ami. À part Détective Panda qu'il avait créé de toute pièce à partir des histoires d'Ojiisan, il n'avait rencontré personne qui se rapprochait même de loin de cette description. Peut-être que j'me marierais avec ma première vraie amie alors, songea-t-il aux portes du sommeil. Suis sûr de pouvoir tomber amoureux d'une fille comme ça...

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Un vent fort et une pluie fine s'abattait sur le terrain de tennis où allait se dérouler la demi-finale nationale du tournoi inter-collège d'hiver. Les gradins surplombés par un toit ouvert étaient parsemés par quelques spectateurs assez courageux pour braver le temps maussade de janvier. Sauf les membres de son club, son coach et le professeur référent, Light ne connaît pas grand monde. Sayu-chan avait attrapé une mauvaise grippe et Okaasan avait dû rester à la maison pour s'occuper d'elle. Ojiisan était en voyage -quelque partie en Afrique du Nord- et Light n'avait même pas proposé à son père de venir. Sacrifier trois jours de travail pour quelque chose d'aussi trivial qu'un tournoi de tennis, était hors de question pour le policier en chef.

Même si c'était la première fois qu'il était loin de chez lui sans sa famille, le garçon de bientôt treize ans n'en était pas spécialement affecté. À vrai dire, il était trop exalté par la compétition pour avoir autre chose en tête. On ne l'avait pas laissé participer aux précédentes fois à cause de son âge et comme c'était sa dernière année avant d'entrer au lycée, c'était aussi son unique chance de remporter le Grand Tournoi d'Hiver. Light s'était entraîné pendant des mois et des mois pour être en parfaite condition physique et prêt à gagner contre n'importe quel adolescent face à lui. Il était déterminé à ramener la coupe à la maison et à prouver qu'il n'était pas trop jeune pour affronter des garçons plus vieux que lui. Sa persévérance avait payé puisqu'il était le seul de son club à avoir remporté tous ses affrontements et à s'être hissé aussi loin dans la compétition.

En ce troisième matin du tournoi, il affrontait Eiji Tanaka, saisi et élève de troisième au collège Yukigaya à Fukuoka. Il mesurait près d'un mètre soixante-quinze et était plus à un lycéen qu'à un collégien. Il était arrivé premier l'année dernière et comptait bien gagner à nouveau le tournois. Light avait observé quelques-uns de ses matchs et s'il était plutôt bon, la plupart de ses adversaires avaient toujours semblé intimidés par sa taille et sa puissance. Le garçon n'en était pas effrayé, il s'était toujours retrouvé face à des personnes plus grandes et plus âgées que lui. Light savait en tirer parti et avait déjà une stratégie qui exploiterait le sol glissant, le faible revers de Tanaka et sa paresse à monter aux amortissements.

Son échauffement terminé, il aligna sa serviette avec son sac et sa raquette de rechange pour qu'ils reposent à côté de la chaise qui lui avait été assignée. Le match débutait dans sept minutes, juste assez de temps pour remplir ses gourdes et écouter les derniers conseils de son coach. Il trottina vers les toilettes les plus proches, ne croisant personne en chemin. Light pensa que la météo serait plus un défi aujourd'hui que son adversaire. Au moins, la finale se déroulerait dans un terrain couvert mais pour cela, il fallait gagner ce match. Un sourire ému étira ses lèvres pendant qu'il rebouchait ses bouteilles, il ne pouvait pas attendre que la rencontre ait lieu !

Il s'apprêtait à sortir de la salle de bain lorsqu'il fut brutalement repoussé à l'intérieur par un soutien-gorge robuste. Pas préparé, il trébucha en arrière et tomba durément sur ses fesses, ses gourdes s'échappant de sa prise.

-Eh ! Faîtes attention un peu quand vous entrez ! fulmina-t-il en fronçant les sourcils.

- La ferme gamin, gronda une voix rocailleuse et avant même qu'il ne puisse saisir ce qui se passe, Light fut soulevée par le col de son polo et plaqué contre la porte des toilettes. Tu vas m'écouter et tu vas m'écouter attentivement morveux.

Confus, le garçon se débattit et tente de crier mais une main poilue claqua sur son visage l'empêchant carrément de respirer. L'homme -cheveux noirs, yeux noirs, costume gris négligé, odeur de cigarette, petites cicatrices sur le visage-afficha un rictus sanguinaire.

- Si tu sais ce qui est bon pour toi, tu vas perdre le match contre Tanaka-sama et garder ton joli visage intact. Si jamais tu déclares forfait avant qu'il n'ait gagné un set, je te casse la gueule. Si jamais tu oses remporter le match, je me fiche d'où et comment, je te chercherai, je te trouverai et tu regretteras d'être né. Comprend ?

Le cerveau bouillonnant de dizaines de possibilités, Light hocha légèrement la tête lorsque l'homme desserra son prise sur sa bouche. Satisfait de sa menace et certain que le garçon avait saisi le message, il le relâcha complètement et le laissa tomber par terre. Avec un dernier regard noir, l'homme quitta la salle de bain aussi rapidement qu'il était venu. La rencontre n'avait pas duré plus d'une minute.

Light se relève lentement, redressa ses vêtements et attrape ses bouteilles. Voilà qui expliquait pourquoi les adversaires de Tanaka jouaient mal à chaque fois, ils n'étaient pas qu'intimidés par la stature de l'adolescent mais par de réelles menaces proférées par ce qui avait tout l'air d'être un Yakuza. Du moins c'était ce qu'il semblait, mais il ne suffit que de quelques secondes à Light pour réaliser que ce n'était que cela, des menaces vides de sens. Employeur ce type de tactique pour quelque chose d'aussi futile qu'un tournoi de collégien était simplement risible. Même si la famille de Tanaka était réellement impliquée dans le crime organisé, agressé le fils d'un officier de police notable pour un simple match perdu n'était dans l'intérêt de personne. Cette rencontre n'avait laissé aucune trace, alors c'était la parole de Light contre celle d'un homme adulte, mais ce que suggérait le gangster impliquait des preuves beaucoup plus lourdes et surtout l'occasion de lui faire du mal alors qu' il habitait une région complètement différente. Non, plus il y réfléchissait, plus cette rencontre lui apparaissait clairement comme de l'intimidation sans suite.

Même alors, le côté rationnel de Light lui murmurait qu'il serait prudent de ne pas provoquer d'inutiles représailles et donc de ne pas gagner le match pour échapper à tout risque. Le visage du garçon se durcit à cette pensée, il détestait perdre et céder à ce vulgaire chantage serait une défaite à plus d'un titre. Il était le fils d'un éminent officier de la NPA, le petit-fils d'un (ancien ?) agent du gouvernement renommé, il ne serait pas effrayé par un tas de muscles sans cervelle. Sentant son cœur se calmer finalement après cette montée d'adrénaline, un sourire carnassier orna son visage. C'était décidé, il allait écraser Eiji Tanaka.

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Light inclina la tête pour accepter modestement la médaille autour de son cou, son expression fermement maîtrisée dans son visage de cérémonie. Il attrapa la coupe qu'on lui tendait avec ses deux mains et sourit légèrement vers le photographe, bougeant discrètement sa veste de sport pour que le nom de son collège apparaisse clairement. À côté de lui sur le podium, Chikara Ennoshita ravalait ses larmes courageusement, encore bouleversé d'avoir perdu la finale dix minutes plus tôt. Eiji Tanaka bouillait de colère à l'opposé, même après avoir remporté sans mal la troisième place. Il fallait dire que lors de leur rencontre, Light n'avait pas du tout était tendre et ne lui avait même pas laissé une chance de gagner un seul jeu. Cela avait été très amusant de voir Tanaka s'énerver de plus en plus et commettre des erreurs encore plus grossières que lors de ses matchs précédents. Pour ajouter l'insulte à la blessure, le représentant de la Ligue de Tennis ne cessait de souligner son jeune âge et ses réalisations académiques.

Le sentiment de victoire était doux, même si la finale n'avait présenté aucun enjeu réel après son affrontement contre Tanaka. Il devait s'avouer que les constantes salutations noires du Yakuza auraient rendu le match follement excitant. Light serait aux anges, si seulement il avait eu le temps de se doucher avant la cérémonie de remise de prix. Il détestait la sensation de sueur séchée et son survêtement était irrémédiablement froissé. Mais bon, le jeune adolescent était plus que satisfait d'avoir accompli son objectif et son esprit courrait déjà vers la prochaine étape dans son programme. Comme par exemple le tournoi de gô qui aurait lieu dans un mois ou le prochain récital de Sayu, ou encore son entrée au lycée en avril avec son plan déjà élaboré pour participer dès sa première année aux championnats de tennis.

Cependant, tout cela était encore bien loin et il se trouvait qu'aujourd'hui, un nouveau mystère s'était présenté à lui. La famille Tanaka de Fukuoka paraissait avoir un lien avec le crime organisé et Light brûlait de savoir à quel point. Il souhaitait retrouver l'identité de l'homme qui l'avait menacé et pourquoi pas essayer de trouver des preuves qui l'incrimineraient. Ce n'était pas du tout la juridiction de son père, mais avec un peu d'effort, il pourrait parvenir au réseau de la police de la préfecture de Fukuoka. Il réfléchissait déjà à diverses stratégies pendant que les organisateurs terminaient de distribuer les prix et qu'il gardait une expression d'intérêt politique, la coupe dorée tenue sagement devant lui.

Une fois descendu du podium, il rejoignit son équipe qui le félicita à nouveau chaleureusement. Light accepte les acclamations avec grâce, déjà habitué à susciter l'envie et l'admiration. Il rend les compliments à chacun d'entre eux et les encouragea à s'entraîner davantage pour remporter le prochain tournoi. L'entraîneur appuya ses propositions et Light s'éclipsa dans le dernier vestiaire, tout au fond du gymnase pour pouvoir prendre sa douche en paix.

Ici, il n'y avait personne d'autre et le garçon relâcha son expression humble en quelque chose de plus odieusement victorieux. Il actionna les cinq pommeaux de douche dans le grand espace carrelé puis se déshabilla, plia ses vêtements sales, défroissa les propres et pendant que l'eau se réchauffait, il aligna sa serviette, son shampoing, son gel douche et son peigne. Une fois satisfait de la disposition de ses produits et que la température ne soit plus complètement glaciale, il glissa sous le jet le plus puissant, laissant les autres allumés pour éviter de tomber bêtement malade à cause des courants d'air. Il reste quelques minutes ainsi, l'eau effaçant sa sueur et étendant ses muscles fourbus par ses quatre derniers jours d'effort intense. Il soupira de bien être et commença à se laver les cheveux, fermant les paupières pour éviter que la mousse lui pique les yeux.

Light se rinçait méticuleusement lorsqu'un puissant coup de poing s'abattit brusquement sur son crâne, le faisant chanceler. Une main énorme et calleuse s'agrippa à sa nue et le tira violemment hors de la douche.

- Tu croyais t'en tirer comme ça petite salope arrogante ? aboya la voix rocailleuse de l'homme qui l'avait menacé plus tôt.

Sonné, désorienté, Light fut brutalement plaqué contre la faïence glaciale, il cria, tenta de se débattre, choqué que l'homme n'ait pas bluffé et ait mit si rapidement sa menace à exécution. Le poing du Yakuza heurta ses côtes et le souffle du jeune adolescent fut coupé. Profitant de cela, l'homme saisit l'une des chaussette qu'il avait prévu d'enfiler

et le bâillonna avec, Light se débattit plus fort, son cœur battant à tout rompre, son esprit tentant en vain de trouver un échappatoire.

- Arrête de bouger petite merde, ordonna son agresseur, essoufflé, en sortant un pistolet de l'arrière de son pantalon gris et le pointant directement sur sa tête.

Light se pétrifia, une peur comme il n'en avait jamais connu gellant tous ses membres. C'était un semi-automatique -un Colt 45, lui fournit inutilement la partie de son cerveau où il avait répertorié la liste des pistolets les plus utilisés par les criminels- et il ne fallut qu'une seconde pour qu'il soit chargé avec un doigt pressé sur la gâchette. L'homme se moqua, le canon de l'arme effleurant sa tempe alors qu'il se rapprochait inexorablement de lui. Dans sa tête, Ojiisan hurlait de toujours laisser reposer son index sur le rebord du pistolet pour éviter tout accident stupide.

- Huuum, plus aussi courageux n'est-ce pas ? se moqua-t-il avec une lueur vicieuse dans les yeux. Je t'avais dit que je te ferais regretter d'être né et pourtant tu ne m'as pas écouté, tu t'es pavané devant tous ses gens, humiliant Tanaka-sama comme s'il était de la merde sur tes chaussures. La main qui ne tenait pas l'arme à feu le gifla au visage, le geste se voulant plus dégradant que bénissant. Qui est la vente merde maintenant, hein ? rit l'homme, ivre de pouvoir.

L'esprit du jeune adolescent tournait en boucle, des plans se construisant l'un à la suite de l'autre pour être tous avortés par le canon béant et noir qui était pressé contre son crâne.

- Maintenant que tu es à ma merci, j'ai l'embarras du choix pour venger l'honneur de mon maître, jubila-t-il avec malveillance. Ça serait tellement dommage de devoir abimer un si joli visage... Hum je me demande comment je pourrais te punir ? ricanna-t-il sombrement en collant sa bouche à son oreille.

Une langue chaude et humide lécha la jonction de sa mâchoire et Light sut sans aucun doute ce que l'homme prévoyait. Impuissant et terrifié que la gâchette s'enclenche par accident, il força ses membres à arrêter de trembler alors même qu'une main moite et calleuse caressait langoureusement son corps.

- Tourne toi salope, je vais te faire sentir si bien que tu me fournisseursas de te baiser quand j'en aurais fini avec toi, grogna-t-il.

Contraint d'obéir par la menace du pistolet, Light se retrouva à chevaucher le banc en bois dur, ses mains s'accrochant à la rangée de porte manteau au-dessus de lui pour garder l'équilibre. Il entendit un bruissement de vêtement puis une masse chaude et poilue vint se presser derrière lui. Le bras gauche de l'homme -couvert de tatouage coloré- vint entourer sa taille et son épaisse main glissa progressivement vers son aine. Perdant le combat contre ses larmes, Light ferma les yeux et se força à ne laisser échapper aucun sanglot à travers le bâillon qui lui obstruait la bouche. Il n'allait pas donner satisfaction à ce connard de l'entendre pleurer, même s'il devait s'étouffer avec sa propre salive pour ça.

Tandis que l'inévitable se produisait, le jeune adolescent de douze ans se réfugia désespérément dans sa tête, s'éloignant le plus possible du poids glacé du pistolet appuyé contre sa nuque, de la principale calleuse qui ne cessait de le toucher et du sexe gluant qui se frottait derrière lui. De toute sa puissance mentale, il a commencé à réciter tous les composants de son ordinateur, en visualisant les pièces une à une et où elles se plaçaient dans l'unité centrale, comment c'était relié à Internet et au vaste réseau quasi infini. Et puis quand cela ne suffit pas, son esprit évoqua les huit régions du Japon de son manuel de géographie, subdivisées en quarante-sept préfectures qu'il nomma de la plus petite à la plus vaste, avec le nombre de districts correspondant, la superficie et la population estimée, calculant naturellement ainsi la densité de la population pour chaque préfecture, puis pour chaque région. Son esprit s'attaque ensuite au tableau périodique des éléments, nommant chaque atome avec le nombre d'électrons correspondant, puis évoquant des équations chimiques de plus en plus compliqués, jusqu'à dériver vers de pures équations mathématiques qui peuvent encore le nombre d'inconnue et prendre des nombres complexes pour ajouter de la difficulté.

Light évoquait les différentes étapes pour réaliser un kasutera parfait lorsqu'il fut brutalement arraché à ses pensées par la sensation de son corps atteignant l'orgasme. C'était choquant, dans la mesure où c'était seulement la deuxième fois qu'il éprouvait cette sensation et soudainement, toutes les sensations qu'il avait repoussé le rattrapèrent horriblement.

- Je savais que tu n'étais qu'une petite salope dans le besoin, gémit l'homme en terminant bruyamment son affaire. Tu m'as pratiquement fourni de te baiser tout le long, défiant mes ordres et t'isolant des autres pour m'attendre sagement tout nu.

Abasourdi, Light sentit le souffle haletant du Yakuza derrière lui pendant dix-sept longues secondes avant qu'il ne se retire de lui. L'homme le force à se retourner et le jeta en direction de la douche. Les jambes cotonneuses, l'adolescent s'efffondra au sol et se retrouva face à l'ordure dégoûtante. La pilosité de l'homme ne masquait pas les tatouages colorés qui ornaient une grande partie de son torse nu et de son bras gauche. Il reboutonna son pantalon nonchalamment et avant même que Light ne puisse cligner des yeux, le canon de l'arme fut pointé à un centimètre du centre de son front. Les yeux noirs du Yakuza étaient si froidement meurtriers que Light fut certain qu'il allait mourir d'une seconde à l'autre.

- Écoute moi bien Yagami, je sais où tu habites, et il récita cruellement l'adresse exacte. Je sais où et quand ton père Soichiro travaille, je sais où va à l'école ta sœur Sayu et où ta mère Sachiko va faire les cours. Essaie seulement de parler de moi à qui que ce soit et il me suffira juste d'un claquement de doigt pour faire de ta vie un enfer.

Il se pencha vers lui et marche brutalement sur son ventre avec son pied chaussé pour le maintenir au sol, le Colt sur son front ne vacilla pas une seule seconde. Son cri de douleur fut obstrué par la paire de chaussettes qui bâillonnait encore sa bouche. Le rictus sanguinaire qui déformait le visage du monstre déguisé en homme, termina de briser une partie fondamentale de Light Yagami.

- Je vais te surveiller, promet-il sombrement. Chacun de tes moindres faits et gestes et si jamais je n'ai que le soupçon que tu ais parler... Hum... ouais, la petite Sayu-chan sera enlevée juste à la sortie de l'école pour servir de pute dans les bordels les plus minables du Japon. Et tu ne pourras rien faire car je veillerai personnellement à ce que ta cervelle éclabousse la surface plane la plus proche pendant que je te baise jusqu'à ce que je t'ouvre en deux.

Il cessa enfin de l'écraser comme s'il était de la vermine et le repoussa vers la douche avant de l'actionner dans le côté le plus froid. Il lui ordonna de se laver et les membres tremblants, Light effaça toutes les traces de fluides corporels dans un état seconde. Il regardait le monstre s'éloigner pour remettre sa chemise et sa veste, le pistolet rangé négligemment à l'arrière de sa ceinture. Il lui sourit une dernière fois d'un air moqueur, ses yeux parcourant son corps nu et meurtris avec appréciation. Le Yakuza quitta le vestiaire nonchalamment, ces derniers mots résonnant sinistrement dans l'espace vide.

- À la prochaine petite salope.

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Light Yagami reprit pleinement conscience de son corps lorsque la douce fourrure de son panda utilise caressa sa joue de manière familière. Il était assis sur sa chaise de bureau, pivotant régulièrement de droite à gauche comme il le faisait souvent lorsqu'il était dans une réflexion profonde. Il cligna plusieurs fois des yeux en succession rapide, réalisant qu'il était dans sa chambre, vêtu de son pyjama le plus chaud. Le seul éclairage dans la pièce était la lueur du lampadaire à l'extérieur de la maison. Ses bras se resserrèrent convulsivement sur Lawliet lorsque la douleur dans tout son corps s'enregistra finalement. Pendant une seconde bénite, il crut que c'étaient les courbatures dû au tournois de tennis mais la brutale réalité de ce qui s'était passée après la finale s'imposa alors à lui.

On l'avait...

L'esprit de Lumière se vida complètement et la prochaine chose qu'il savait, il était agenouillé devant la cuvette des toilettes, vomissant tout le contenu de son estomac.

Il y avait... Il y avait...

- Oh Raito, mon chéri, roucoulait la voix tendre de sa mère alors même qu'elle l'aidait à laver son visage devant le lavabo de la salle de bain. Tu as quand même attrapé la grippe de Sayu-chan malgré toutes mes précautions, déplora-t-elle en soutenant la majorité de son poids.

Il cligna des yeux et les regardés dans le miroir, ne comprenant pas tout à fait comment il était arrivé là. Son visage était blême et couvert de sueur, ses yeux étaient rouges comme s'il allaitait ou avait pleuré. Sa mère l'observait avec amour et inquiétude, ses cheveux caramel exactement de la même teinte que les siens.

- Je suis plus grand que toi Okaasan, croassa-t-il d'une voix enrouée, le réalisant en même temps qu'il le disait.

Et s'il l'était, alors ça signifiait qu'elle n'aurait aucune chance... aucune possibilité de... non non non...

Et puis un baiser sur son front, sa douce peluche dans ses bras, sa couette complètement enveloppée autour de lui.

- Repose toi Rai-chan, un murmure dans la nuit. Okaachan veille sur toi...

Et puis l'oubli.

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Light passa trois jours cloué au lit, souffrant d'une forte fièvre, de nausées et de courbatures. Son psychisme était un désordre complet et il ne parvenait pas à aligner une seule idée, à l'ancienne le moindre plan ou la plus petite stratégie. Aller au toilette était une torture qu'il refusait de s'infliger plus que nécessaire alors il avait arrêté de s'alimenter après la première nuit. À chaque fois que ses yeux croisaient la couleur des grandes échymoses qui jonchaient son corps, son cerveau replongeait instantanément dans l'horreur de ce qu'il lui avait été infligé, ce qu'il le forçait à se dissocier pour se protéger de l' effondrement et il "se réveillait" en général des heures plus tard avec son cher Détective Panda blottit contre son visage, se balançant d'avant en arrière ou de droite à gauche. Lorsqu'il parvenait à s'endormir, ses rêves étaient peuplés de cauchemars qui l'envoyaient invariablement vomir ses tripes dans la corbeille placée juste à côté de son lit.

L'après-midi du quatrième jour, alors qu'il entendait sa mère parler de l'emmener à l'hôpital puisque les médicaments ne semblaient avoir aucun effet à partie diminuer sa fièvre, Sayu, à peine remise de sa grippe, se faufila dans sa chambre. La voir -dans son pyjama rose molletonné, les cheveux en pagaille, ses yeux bruns bouffis de sommeil, son petit nez boutonné irrité à force de s'être trop mouchée et pourtant le sourire si chaleureux et sincère lorsqu'elle se glisse jusqu'à son lit-fut comme un électrochoc pour son système nerveux. Les menaces du Yakuza, si cruelles et remplies de sombres promesses résonnèrent en boucle dans ses oreilles alors même que la fillette de huit ans se blottissait en toute confiance dans ses bras.

Non non non non non non non non non !

La possibilité que sa petite sœur -si jeune et innocente- soit molestée de cette façon si particulière était absolument intolérable. Pour la première fois depuis que l'homme était sorti de ce vestiaire, les pensées de Light se cristallisèrent en un but unique. La terreur paralysante, la honte débilitante, la douleur sourde qui le rongeait, tout cela fut repoussé au loin, ne laissant qu'une féroce protection teintée de fureur vengeresse. Il ne laisserait pas cet animal toucher un seul des cheveux de Sayu-chan, même s'il fallait démanteler tout un réseau de Yakuza pour cela. Prenant de profonde inspiration, s'imprégnant de la présence chaleureuse de sa petite sœur, Light força son esprit à se concentrer et commencé à planifier.


Wahouu, je n'arrive pas à croire que j'ai réellement écrit ça... Que pensez-vous qu'il va se passer ensuite ?