Jazzy, je sens bien que les disputes ne sont pas ton trucs :) Alors je te poste rapidement le prochain chapitre.

Chapitre 27:

Brittany poussa doucement la porte des appartements qu'elle partageait avec son mari, un sourire encore accroché à ses lèvres. Hagrid avait été absolument adorable, et elle n'aurait jamais imaginé vivre une telle rencontre.

Elle posa son manteau sur une chaise, ses doigts caressant distraitement le tissu. Pendant un instant, elle resta immobile, laissant le silence l'envelopper. Ses pensées la ramenèrent naturellement à l'après-midi qu'elle venait de passer, et une chaleur réconfortante effaça temporairement les tensions de la matinée.

Elle se revit, quelques heures plus tôt, suivant Hagrid à travers le parc jusqu'à un petit enclos légèrement en retrait derrière sa cabane. Il s'était arrêté devant un espace verdoyant où une créature magnifique déambulait paisiblement. Brittany avait retenu son souffle à la vue de l'animal. C'était un Abraxan, un immense cheval ailé à la robe d'un blanc éclatant qui semblait luire légèrement sous les rayons du crépuscule. Ses ailes, repliées contre ses flancs musclés, étaient d'un doré presque translucide, comme si elles avaient été tissées à partir de la lumière elle-même.

Celui-là, c'est un jeune Abraxan, avait expliqué Hagrid, sa voix empreinte de fierté. Vous savez, comme ceux qu'on utilise pour tirer les carrosses de Beauxbâtons. Celui-ci s'est blessé à l'aile l'année dernière, mais il est presque guéri maintenant.

Non, elle ne savait pas, puisqu'elle n'était jamais allée à Beauxbatons. Brittany était alors restée immobile, fascinée, incapable de détourner les yeux de la créature.

Vous pouvez vous approcher. Il est docile, ajouta Hagrid avec un sourire, en tapotant doucement le portillon de l'enclos.

Elle s'était avancée lentement, presque à pas feutrés, son cœur battant d'excitation mêlée d'appréhension. L'Abraxan avait relevé la tête, ses grands yeux d'ambre brillant dans la lumière déclinante. Il l'avait fixée avec une curiosité tranquille, ses mouvements mesurés dégageant une grâce presque surnaturelle.

Brittany avait tendu une main hésitante. Pendant un instant, le temps semblait suspendu. Puis l'animal avait baissé son encolure, reniflant doucement ses doigts avant de toucher sa paume avec son museau soyeux.

Regardez ça ! Il vous fait confiance, s'était exclamé Hagrid, les yeux pétillants de bonheur.

Un sourire s'était dessiné sur le visage de Brittany tandis qu'elle glissait sa main sur la crinière soyeuse de l'Abraxan. Une vague de calme et de chaleur l'avait envahie, comme si l'animal lui transmettait une part de sa sérénité. Elle s'était attardée, caressant l'animal avec une tendresse qu'elle ne s'était pas attendue à ressentir. Lorsque le cheval avait posé son museau contre sa joue et avait fermé les yeux, Hagrid avait murmuré,ému par la scène :

On dirait que vous avez un don.

Un soupir léger, presque rêveur, échappa à ses lèvres, mais il fut rapidement suivi d'un pincement au cœur. Son regard se posa sur le fauteuil vide près de l'âtre, et la réalité reprit doucement ses droits. Elle et Rogue ne s'étaient pas reparlé depuis ce matin. La tension qu'elle avait laissée de côté l'après-midi refaisait surface, une appréhension sourde s'installant dans sa poitrine.

Seraient-ils capables d'échanger plus que des regards froids ce soir ? Brittany se mordilla la lèvre, indécise. Elle détestait ce sentiment d'incertitude, ce poids de ne pas savoir si elle serait confrontée à un mur de mépris ou à une conversation qui déraperait inévitablement.

Un léger crépitement dans l'âtre attira son attention, mais la pièce restait vide de toute présence. Brittany passa une main dans ses cheveux, tentant de se calmer. Où était-il ? Avait-il du travail, ou trouvait-il un prétexte pour l'éviter ? Cette pensée la fit grimacer. Rogue n'était pas du genre à fuir, mais son absence prolongée, dans ce contexte, éveillait en elle un mélange d'interrogations et de malaise.

Elle poussa encore un soupir, laissant son esprit s'attarder sur ce qu'elle avait ressenti ce matin, en le voyant quitter la Grande Salle sous les regards amusés ou moqueurs des élèves. Sa jalousie à l'évocation de Bellatrix l'avait prise par surprise. Pourquoi avait-elle ressenti cela ? Ce mariage n'était qu'une façade, un arrangement forcé. Et pourtant…

Brittany sentit son cœur se serrer en repensant aux derniers jours. Leur relation, si tendue et froide au départ, avait commencé à évoluer. Ils s'étaient ouverts l'un à l'autre, par moments, presque sans s'en rendre compte. Ces instants, rares mais sincères, avaient eu un goût inattendu : celui de la complicité. Elle s'était surprise à trouver cela agréable.

Il n'était pas si mauvais, au fond. Rogue, malgré son sarcasme tranchant et son tempérament acariâtre, avait montré des éclats d'humanité, d'attention même. Elle avait vu un homme tourmenté, mais loyal. Un homme qui avait appris à survivre en fermant son cœur, et qui, peut-être, avait besoin de quelqu'un pour l'aider à rouvrir cette porte qu'il gardait farouchement close.

Brittany se surprit à imaginer ce qu'ils auraient pu être dans d'autres circonstances. Peut-être auraient-ils pu être amis. Ou plus. La chaleur monta doucement à ses joues à cette pensée, et elle détourna rapidement le regard, comme si quelqu'un pouvait la surprendre.

Elle secoua la tête, tentant de chasser ces réflexions absurdes. Ils étaient liés par un contrat, rien de plus. Et pourtant, elle ne pouvait nier que quelque chose avait changé.

Peut-être était-ce à son tour de faire le premier pas. Après tout, ils avaient tous les deux leur part de responsabilités dans cette tension qui s'était installée. Elle soupira, rassemblant son courage. Elle lui présenterait des excuses à son retour. Elle ne savait pas encore comment les formuler, mais l'intention était là.

Elle hésita un instant, puis s'avança doucement vers le fauteuil, son regard fixé sur les flammes vacillantes dans l'âtre. Mais avant même qu'elle ne puisse s'y installer, elle entendit le léger bruit de la porte. Le souffle qu'elle retenait se libéra, mais son cœur battit plus vite. La soirée allait commencer, pour le meilleur ou pour le pire.

La porte s'ouvrit lentement, et Rogue entra, sa robe noire effleurant le sol tandis qu'il refermait derrière lui. Il semblait fatigué, ses épaules légèrement voûtées sous le poids d'une journée manifestement éprouvante. Brittany s'avança instinctivement, mais il ne lui décrocha qu'un bref regard avant de détourner les yeux et de se diriger vers son bureau sans un mot.

Se sentant idiote de s'être tant préparée mentalement pour une rencontre qui n'avait finalement pas lieu, Brittany se mordit la lèvre et attrapa un livre sur la petite table basse près du fauteuil. Elle s'était attendue à des reproches ou à une quelconque tension, mais cette indifférence était presque pire.

Elle hésita, puis se dirigea vers sa chambre, décidant qu'elle n'était finalement pas disposée à supporter la mauvaise humeur évidente de son mari.

Vous allez déjà vous coucher? Fit Rogue en réapparaissant soudainement depuis son bureau.

Brittany s'arrêta, la main sur la poignée de la porte, surprise qu'il lui adresse enfin la parole. Elle se tourna légèrement, son regard croisant brièvement le sien.

Non, je vais lire dans ma chambre, répondit-elle d'un ton mesuré, tentant de masquer son agacement et sa déception.

Rogue resta immobile un instant, puis s'avança vers elle. Il la fixait, son expression difficile à déchiffrer, mais quelque chose dans son regard trahissait son envie de parler.

Je… commença-t-il, avant de s'interrompre.

Brittany sentit qu'il cherchait ses mots. Elle inspira profondément et prit les devants, sa voix douce mais ferme:

Je suis désolée pour ce qu'il s'est passé. Je n'aurais pas dû me mettre en colère. Ce n'était pas mes affaires.

Rogue fronça légèrement les sourcils, déconcerté par son ton apaisé. Il s'était attendu à une joute verbale ou à une froide indifférence, mais pas à ces excuses sincères qui semblaient effacer d'un coup la tension qui pesait sur eux. Il détourna brièvement les yeux, comme pour rassembler son courage, avant de répondre, d'un ton bas mais sincère:

Je… Je vous prie de m'excuser également. J'aurais dû vous en parler.

Le silence qui suivit ne fut pas pesant, mais presque… apaisant. Brittany hocha doucement la tête, son regard se posant un instant sur les flammes dans l'âtre.

Merci, dit-elle simplement.

Rogue sembla légèrement surpris par sa réaction, mais il n'ajouta rien, se contentant de hocher la tête à son tour.

Leur échange, bien que maladroit, avait désamorcé la tension qui pesait sur eux. Brittany hésita encore une seconde avant de retourner s'asseoir dans le fauteuil près de l'âtre. Rogue, de son côté, resta debout, les bras croisés, son regard s'égarant un instant sur elle, comme s'il tentait de comprendre ce qui venait de se passer entre eux.

Après un moment, il reprit la parole, plus posément :

Est-ce que… vous pensez réussir à dormir après… cette soirée ?

Brittany releva les yeux vers lui, le détaillant un instant avant de répondre.

La torture de ce pauvre homme est assez difficile à oublier.

Rogue resta silencieux quelques secondes, puis hocha lentement la tête, comme s'il comprenait.

Lorsque vous irez vous coucher, je peux vous donner une potion de sommeil sans rêves, proposa-t-il. Et… laissez votre porte entrouverte, au cas où.

Brittany cligna des yeux, un peu déconcertée par l'attention qu'il semblait lui porter. Un léger sourire, presque imperceptible, effleura ses lèvres.

Elle hocha la tête.

Merci.

Un nouveau silence s'installa, plus long cette fois. Brittany hésitait. Devait-elle lui parler de Drago? Elle lui avait promis de ne rien dire… mais elle sentait qu'elle pouvait lui faire confiance sur ce sujet. Elle finit par opter pour la prudence.

Étiez-vous au courant pour Drago?

Rogue plissa légèrement les yeux.

Qu'entendez-vous par là?

Qu'il allait… prendre la Marque.

Je savais que cela devait arriver tôt ou tard, répondit-il enfin. Mais je ne pensais pas que ce serait lors de cette soirée.

Brittany l'observa attentivement avant d'ajouter :

L'avez-vous dit à Dumbledore?

Non. Pas encore.

Pensez-vous que Drago soit convaincu par l'idéologie de Vous-Savez-Qui?

Rogue soupira, fixant un point dans le vide.

J'ai été proche de Drago, avoua-t-il d'un ton plus bas. Jusqu'à l'année dernière.

Il marqua une pause, son expression s'assombrissant légèrement.

Depuis qu'il est enfant, je veille sur lui, poursuivit-il, sa voix étrangement adoucie. Je l'ai vu grandir, devenir ce qu'il est aujourd'hui. Il était intelligent, curieux… bien plus que ce que les gens veulent voir. Il cherchait toujours mon approbation, et malgré les idées que son père lui inculquait, j'avais l'espoir qu'il puisse s'en détacher.

Il baissa légèrement la tête, sa mâchoire crispée trahissant une tension intérieure qu'il tentait de contenir.

L'année dernière, il a commencé à changer. Il était plus… fermé, plus sombre. Cela me peine de le voir suivre les traces de son père. Mais que puis-je y faire? Si j'essaie de lui parler, d'éveiller le moindre doute en lui, je risque de compromettre ma position.

Brittany se mordit l'intérieur de la joue, réfléchissant à ce qu'elle avait vu et entendu.

Il n'avait peut-être pas le choix. Je l'ai trouvé plus terrorisé que … joyeux. Enfin … je ne sais pas ce qu'on est censé ressentir le jour où un malade nous marque comme son esclave.

Rogue tourna brusquement la tête vers elle. Un muscle tressaillit sur sa mâchoire. Elle s'attendait à une réprimande, une remarque acerbe sur son manque de retenue, mais il n'en fit rien. Il resta silencieux, et son regard sombre, insondable, se fixa sur elle. Parce qu'au fond, il savait qu'elle avait raison. Il était esclave.

Lucius n'est pas du genre à laisser le choix à qui que ce soit, et certainement pas à son fils, répondit-il finalement

Le silence qui suivit était lourd de non-dits. Brittany sentit quelque chose se nouer en elle.

Alors… peut-être qu'il n'est pas trop tard pour l'aider, ajouta-t-elle après un moment, le regard toujours ancré dans le sien.

Rogue ne répondit pas immédiatement. Elle le vit détourner légèrement les yeux, songeur. Brittany n'ajouta rien. Lentement, elle se leva. Elle passa derrière le fauteuil et, dans un geste hésitant mais spontané, laissa ses mains glisser sur ses épaules en guise de bonsoir. Rogue ne bougea pas, mais il sentit la chaleur fugace de son toucher. Il la suivit du regard alors qu'elle disparaissait dans le couloir. Puis, dans le silence du salon, il laissa échapper un léger soupir. Peut-être avait-elle raison.