Cette fic est écrite dans le cadre de la 181ème nuit écriture du FoF (Forum Francophone) pour le thème "Entorse". Le FoF est un forum regroupant tous les francophones de ffnet où l'on peut discuter, demander de l'aide ou s'amuser entre nous. Le lien se trouve dans mes favoris. Rejoignez-nous !
- Dégage de là ! ordonna Dudley en poussant Harry dans l'escalier.
Harry ne l'avait pas entendu arriver. Depuis six ans qu'il vivait en compagnie de Dudley, il avait développé un bon nombre de stratégies d'évitement pour rester hors de sa portée. Ca n'avait pas suffi aujourd'hui et il n'eut même pas le temps d'accrocher la rampe de l'escalier avant que le choc ne lui fasse perdre l'équilibre. Il chuta et dévala les marches malgré ses efforts pour se tenir à quelque chose et ne s'arrêta qu'en bas, couché par terre après que sa cheville eut été tordue violemment par l'impact. Il ne put s'empêcher de hurler et de pleurer. Il savait qu'il allait s'attirer les foudres de son oncle et de sa tante mais la douleur était trop forte pour qu'il parvienne à retenir ses sanglots. Dudley lui asséna un dernier coup de pied en passant à côté de lui avant de filer vers le salon d'où sortirent Vernon et Pétunia.
- Relève-toi mon garçon, arrête ton cirque, ce n'est rien ! ordonna sèchement Vernon.
Harry s'efforça de ravaler ses larmes et de se remettre debout. Peu importe la douleur, il savait qu'elle serait négligeable comparé à celle qu'il ressentirait s'il testait la patience de son oncle. Mais, lorsqu'il reposa son pied au sol, un nouvel éclair douloureux traversa violemment sa cheville qui refusa de supporter le poids de son corps. Il retomba au sol dans un cri de douleur et, étouffant un juron de colère, l'oncle Vernon l'empoigna par le col pour le soulever et le jeter dans son placard.
Harry s'effaça devant sa tante pour la laisser passer. Depuis sa chute, trois jours auparavant, son pied avait gonflé et était devenu noir, depuis le milieu des orteils jusqu'au haut de sa cheville. Il lui faisait toujours aussi mal mais il arrivait tout de même à se traîner dessus, en le posant à peine assez pour pouvoir avancer. Il marchait lentement, grossièrement, et de façon très ridicule selon Dudley, mais il parvenait au moins à échapper aux foudres de l'oncle Vernon qui ne supportait pas de le voir rester immobile dans son placard. Il appréhendait cependant l'approche du week-end. Ils devaient depuis longtemps le passer dans une grande réserve animalière s'étendant sur des kilomètres, et il savait qu'il ne parviendrait pas à suivre les Dursleys au travers des étendues immenses aussi vite qu'ils le souhaiteraient. Il ne savait même pas ce qu'il appréhendait le plus, la douleur qu'il ressentirait en se forçant à marcher aussi longtemps ou la colère de son oncle et sa tante quand il les ralentirait. Constatant que sa tante avait l'air plutôt de bonne humeur, il décida de tenter sa chance :
- Tante Pétunia ?
- Quoi encore ?
- Ce week-end, est-ce que je peux rester chez Miss Figg au lieu de venir avec vous ?
La tante Pétunia releva un regard suspicieux de son magazine.
- Qu'est-ce que tu trafiques encore ? Tu as toujours détesté aller chez elle.
Après une seconde d'hésitation, Harry décida de jouer l'honnêteté.
- J'ai trop mal pour marcher longtemps. C'est ennuyant chez elle mais au moins j'aurais pas mal.
Pétunia jaugea Harry du regard pendant de longues secondes avant de replonger dans son magazine.
- Je lui en parlerai, peut-être qu'elle voudra bien de toi. Mais gare à toi si tu lui donnes une seule raison de se plaindre de ton comportement !
Harry parvint sans trop de mal à marcher jusqu'à la chambre d'amis de Miss Figg. Lorsqu'il était arrivé chez elle, son pied enflé tenant à peine dans sa chaussure desserrée au maximum, elle l'avait installé sur un canapé, une épaisse poche de glace sur la cheville. Il s'était ennuyé à mourir en regardant pour la centième fois tous les albums de ses chats, mais au moins, le froid avait fini par endormir la douleur et il avait dû admettre que cela lui avait fait du bien. Depuis deux semaines qu'il s'était blessé, il avait oublié ce que cela signifiait de ne plus avoir mal nulle part et l'épuisement physique et mental s'était installé petit à petit par-dessus la douleur. Il se glissa dans le lit qu'elle lui avait préparé, cent fois plus confortable que son matelas dans son placard, et la laissa poser une poche neuve de glace sur son pied en lui assurant que cela lui ferait du bien et qu'il irait mieux demain. Il s'était rapidement endormi.
Ses yeux étaient encore collés de sommeil quand des voix le réveillèrent. Soulevant difficilement les paupières, il distingua Miss Figg avec un homme, grand, aux longs cheveux blancs argentés, tout comme sa barbe.
- … a besoin de soin, disait Miss Figg, ils n'accepteront jamais de l'emmener dans un hôpital…
- Vous avez raison, convint l'homme. Je ne les guéris pas aussi bien que Mme Pomfresh mais…
L'homme agita un grand bout de bois et une douce chaleur envahit son pied. Voyant qu'il était réveillé, Miss Figg passa une main dans ses cheveux.
- Rendors-toi mon chéri, ça va aller mieux maintenant.
Les deux adultes s'éloignèrent.
- Dumbledore, vous pensez vraiment laisser cet enfant chez ces moldus ? A ce rythme-là il ne survivra pas jusqu'à ses onze ans…
Harry s'était rendormi sans entendre la suite. Lorsque, le lendemain, il parvint à poser par terre son pied qui avait repris son aspect normal sans éprouver la moindre douleur, Miss Figg nia que quiconque était venu le voir cette nuit. Il avait dû rêver et la glace lui avait fait le plus grand bien, affirma-t-elle.
En espérant que ça vous ait plu !
