Hey ! Après avoir pas mal traîné sur tumblr (lovelynarusasu) j'ai décidé de réécrire la fin de Naruto, post-chapitre 698, parce-que c'est thérapeutique. Mon but est vraiment d'écrire autant in-character que possible, après évidemment j'ai mes biais... J'avais envie de poster le premier chapitre pour voir si ça intéressait quelques personnes, je n'ai pas encore écrit cette fiction en entier.
Sur ce je vous souhaite une bonne lecture de ce "prologue" :)
Partie I – Konoha
Chapitre 699 – La vallée de la fin
Naruto et Sasuke gisaient allongés au sol. Leurs corps étaient étendus sur la roche dure, froide, mais familière, teintée des empreintes de leurs plus fervents combats. Les conséquences de leur seconde lutte étaient bien plus dévastatrices que celles de leur première rencontre en cette vallée, quatre ans plus tôt. Les pierres dans lesquelles étaient gravés les visages du premier Hokage et de son rival Madara s'étaient effondrées au sol, venues s'y briser en mille morceaux. Le lieu avait été remodelé dans son entièreté durant cet affrontement. Naruto et Sasuke en sortaient également différents. D'épaisses traces de sang reliaient leurs corps, là où leurs mains auraient dû s'enlacer si Naruto n'avait pas perdu son bras droit et Sasuke, son bras gauche.
Malgré tout, ils étaient en vie. Sasuke demanda à Naruto pourquoi il était prêt à aller si loin pour lui, à mourir pour lui, ce à quoi le blond répondit qu'il devait bien le savoir à présent. Mais Sasuke voulait plus, Sasuke voulait comprendre ce que le mot « ami » signifiait pour lui. Naruto ne pouvait pas réellement l'expliquer, mais simplement exprimer la douleur qu'il ressentait à voir Sasuke souffrir. Les deux combattants tombèrent ensuite de sommeil. Après avoir cru s'être retrouvés dans l'au-delà, Naruto et Sasuke se réveillèrent, bel et bien sur Terre.
Le brun admit sa défaite, renonçant à se couper des liens qui l'unissaient à Naruto. Ce dernier le convainquit de ne pas se donner la mort, lui indiquant qu'il avait besoin de sa présence. Sasuke ne comprenait pas pourquoi Naruto avait une telle foi en lui, et lui demanda comment il pouvait être si sûr de ses mots. La conviction de Naruto, cependant, était ferme, et le blond souligna comme Sasuke pouvait être lent à comprendre. Intrigué par le silence de son compagnon, Naruto ouvrit les yeux en sa direction. Alors qu'il découvrait les larmes qui roulaient sur les joues de son ami, il ne put s'empêcher d'écarquiller ses yeux abîmés par les coups. Le visage de Sasuke en cet instant était fatigué, mouillé et amoché, mais il était paisible.
– Tais-toi, usuratonkachi…
Naruto ramena sa tête au centre, ressentant les effets de leur bataille dans chaque muscle en mouvement. Il regarda le ciel bleu qui s'étendait au-dessus d'eux, désormais désert, ouvert, infini. Un sourire se dessina sur son visage.
– J'imagine que tout ce que l'on peut faire, à présent, c'est d'attendre que Sakura-chan et Kakashi arrivent…!
Le regard de Sasuke était également dirigé vers le ciel. Un moment s'écoula sans qu'aucun mot ne soit prononcé, durant lequel les deux shinobi respiraient calmement, essayant d'apaiser leurs douleurs physiques. Puis le brun se décida à briser le silence :
– Naruto, je… il soupira. Je ne peux pas.
Le blond se tourna vers lui à nouveau, grimaçant lorsqu'il sentit une vive douleur dans son cou.
– Qu'est-ce que tu veux dire ?
– T'as gagné, admit-il. Je n'attaquerai pas Konoha, je ne te ferai pas concurrence au poste de Hokage. Je n'essaierai pas non plus de me défaire de ce lien qui nous unit. Mais je ne retournerai pas au village, déclara-t-il.
Sasuke lança un regard lourd de sens à son compagnon.
– Je ne retournerai pas au village qui a dévasté ma vie.
Les sourcils de Naruto se froncèrent alors que ses yeux rencontraient le regard déterminé du brun. Il inspira, prêt à lui demander plus de détails, puis ne dit finalement rien. Au même moment, les deux shinobi perçurent une présence, puis deux, se rapprochant d'eux.
– Sakura-chan !
Naruto vit apparaître Sakura et Kakashi se pressant vers eux, inquiets. L'odeur du sang leur parvint rapidement, et la jeune fille se pencha vers les deux adolescents avec hâte afin de leur procurer les premiers soins. Son visage passa d'une mine choquée en découvrant leur état à un air triste, et ses yeux verts s'embuèrent. Son regard était fatigué, dénotant également le genjutsu dont elle venait de se réveiller.
– Merci, Sakura-chan !
La kunoichi se concentra tandis que Sasuke la regardait sans vraiment la voir, silencieux. Aucun mot de plus ne fut échangé entre eux, seulement quelques sourires du côté de Naruto et Kakashi. Alors que leurs corps avaient regagné un semblant d'énergie, Kakashi et Sakura aidèrent Sasuke et Naruto à se relever afin qu'ils puissent annuler le Mugen Tsukuyomi. La douleur qui s'empara de leur corps alors qu'ils tentaient de tenir debout était sans commune mesure, mais ils trouvèrent une force profonde dans le regard qu'ils échangèrent pendant quelques secondes. La main droite du brun vint enserrer les doigts du blond, et ensemble, ils libérèrent les shinobi sous l'emprise du jutsu lancé par Madara. Les êtres vivants commencèrent à se réveiller partout dans le monde, sous un nouveau soleil. Avant qu'ils ne s'en rendent compte, Naruto et Sasuke usèrent de toute l'énergie qui leur restait. Ils s'effondrèrent au sol dans un même mouvement, la poussière s'élevant autour de leurs mains toujours liées.
Naruto ouvrit les yeux lentement, à tâtons. La lumière qui filtrait des rideaux l'éblouit un instant, et il tenta de se tourner vers le mur afin d'y échapper, en vain. La douleur qui irradia dans son corps l'empêcha de bouger. Il ferma les yeux à nouveau, respirant profondément. Il comprit qu'il était à l'hôpital de Konoha, et se souvint alors vaguement qu'il avait annulé le Mugen Tsukuyomi avec Sasuke avant de perdre connaissance. La pensée de son ami lui fit ouvrir de grand yeux :
– Sasuke !
Il regarda autour de lui, combattant la douleur associée à chacun de ses mouvements. D'imposants bouquets de fleurs inondèrent sa vue, déposés sur la table à côté de son lit ainsi qu'au sol, partout autour de lui. Cependant, il ne remarqua aucune présence. Il était seul. Son cœur se mit à battre plus rapidement, ses sourcils se froncèrent. Il tenta de s'apaiser, mais son besoin de savoir était indomptable. Lentement, il se tourna à nouveau vers le mur. Il voulut déposer son bras droit devant sa poitrine afin de se relever, et se stoppa net. Les évènements se rappelèrent violemment à lui. Il avait perdu son bras droit. Naruto laissa passer quelques secondes, ressentant l'étrange présence de son bras qui n'était pourtant plus là. Il décida ensuite d'utiliser la force de son épaule gauche pour se relever. Il laissa échapper un grognement, et commença à forcer, quand une voix l'interrompit.
– Naruto ! Qu'est-ce que tu fais ?!
Sakura se précipita dans sa direction, le couchant de force.
– Sakura-chan…
– Tu n'es pas en état de te lever ! Est-ce que tu cherches à aggraver tes blessures ?
Son ton était ferme, et son regard était dur. Naruto se dit qu'elle lui aurait probablement assené un coup, s'il n'était pas déjà dans un tel état. Il baissa les yeux avec un faible sourire, aussi désolé qu'amer.
– Où est Sasuke ? fit-il en relevant les yeux vers son visage pâle.
La jeune fille aux cheveux roses le regarda un instant de plus avant de lui répondre.
– Dans une autre chambre. Ne t'inquiète pas, il va bien. Enfin… soupira-t-elle. Il est dans le même état que toi.
Naruto lui sourit, reconnaissant. Puis il remarqua une autre présence dans la chambre aux murs blancs.
– Kakashi-sensei ! lança-t-il gaiement.
– Yo, Naruto. Comment tu te sens ?
Le blond lui sourit plus franchement, et s'exclama :
– Je suis en vie ! Et apparemment, Konoha aussi !
L'homme aux cheveux gris acquiesça, les bras croisés sur sa poitrine.
– Grâce à toi, Naruto. On t'en doit une.
Le shinobi allait répondre quand une femme aux longs cheveux blonds accompagnée d'un jeune homme brun firent irruption dans la chambre.
– Tsunade-baachan ! Sai ! s'écria Naruto dans un sourire.
La Hokage s'approcha de lui et le regarda affectueusement, soulagée d'entendre sa voix.
– Naruto, tu t'es réveillé.
Elle scruta la chambre emplie de fleurs avant de poser à nouveau son regard sur le blond.
– Tout le monde à Konoha, comme tu peux le constater, te remercie pour ce que tu as fait pour le village. Ton attitude a été digne de celle d'un grand Hokage, sourit-elle.
– Merci, Naruto-kun, ajouta Sai.
Naruto hocha la tête en leur direction, un grand sourire aux lèvres.
– Pour ton bras… reprit Tsunade. Nous sommes en train de développer un bras de remplacement créé à partir des cellules du Shodaime Hokage, il devrait être prêt dans plusieurs semaines. Le reste de tes blessures devrait guérir rapidement grâce au Kyūbi ainsi qu'aux soins de notre équipe. Pour le moment, repose-toi, Naruto, dit-elle sur un ton plus doux.
– Merci, Tsunade-baachan, répondit-il sur un ton calme.
Le regard de la Hokage s'attarda quelques minutes sur le visage du jeune homme, dans lequel elle continuait de voir les traits de son petit frère. Sa confiance en Naruto était entière, et elle souhait prendre soin de lui, du mieux qu'elle le pouvait. Pour cette raison, elle décida d'inciter les quelques visiteurs à se retirer de la chambre afin de le laisser reprendre des forces.
– On repassera te voir, lui sourit Sakura.
La jeune fille ainsi que son maître avaient déjà une autre visite en tête. Kakashi fit un bref signe de la main à Naruto, et Sai lui lança un sourire sincère. Le shinobi regarda leurs silhouettes franchir la porte de la chambre, projetant leurs ombres au sol avant de disparaître.
Une fois seul, Naruto s'était à nouveau assoupi. Lorsqu'il se réveilla, il fut immédiatement accueilli par un sourire chaleureux qu'il connaissait bien. Le jeune homme était assis à côté du lit, sur une chaise, et veillait paisiblement sur le blond.
– Iruka-sensei, sourit Naruto.
– Tu as bien dormi ?
– Oui, je pense que j'ai assez dormi à ce stade…
Le rire du tuteur de Naruto résonna dans la pièce, autrement silencieuse. Naruto, désormais bien réveillé, sembla réfléchir un instant.
– Iruka, est-ce que tu pourrais… m'aider à m'asseoir ?
– Bien sûr, dit-il en acquiesçant.
Iruka se leva afin d'aider Naruto à se mettre en position assise sur son lit, et jeta un bref regard peiné vers son épaule droite, ce qui n'échappa pas au blond.
– Comment tu te sens, Naruto ? fit-il une fois assis sur sa chaise.
– Je ne sais pas, je suis heureux d'être ici, commença le blond.
Puis il ajouta, d'un air songeur :
– Je pense que j'ai sûrement besoin de repos.
Les yeux d'Iruka s'écarquillèrent brièvement.
– Toi, besoin de repos ? rit-il. C'est rare de t'entendre dire de telles choses. Mais tu as raison. Il est grand temps que tu prennes soin de toi.
Naruto acquiesça. Iruka se leva, et se dirigea vers la fenêtre qu'il ouvrit légèrement. Une brise légère pénétra la pièce, et fit voleter les cheveux blonds de Naruto, lui chatouillant la joue.
– Et comment est la situation, au village ? J'ai vu Kakashi, Sakura et Tsunade rapidement, mais elles ne m'ont rien dit.
Iruka vint s'asseoir à nouveau, et une légère ride vint se creuser entre ses sourcils.
– Eh bien… oh, fit-il alors en se tournant vers la table à côté du lit.
Il attrapa une corbeille de fruits qu'il avait déposée plus tôt.
– J'avais oublié, je t'ai apporté des fruits. Et je me suis permis de déplacer quelques fleurs… fit-il plus bas.
Naruto lui sourit, attrapant de son bras gauche une pomme dans laquelle il croqua avec joie.
– Je ne sais pas ce que je vais faire de toutes ces fleurs, de toute façon.
Il haussa les épaules, puis croqua à nouveau dans la pomme verte. Iruka le regardait sans rien dire, et Naruto reprit :
– Tu ne m'as pas répondu.
– Hm, fit-il. Eh bien, tout le monde au village se remet tranquillement. Il y a eu plusieurs cérémonies d'organisées, déjà… et certaines pour lesquelles le village a décidé d'attendre que tu sois rétabli. Notamment pour Neji…
Naruto acquiesça, ne quittant pas des yeux son tuteur. Il se remémora soudainement de scènes qu'il aurait préféré oublier à jamais. La violence de la guerre se rappela à lui, et il baissa les yeux, délaissant la pomme. Iruka approcha une main vers le jeune homme, qu'il déposa sur son épaule. Il n'avait pas vu tout ce que Naruto avait dû voir, mais sa vie de shinobi l'avait forcé à être témoin de nombreux désastres. Il se plongea dans ses propres souvenirs un instant, puis releva son regard vers le blond comme pour chasser ces images.
– Je ne sais pas ce que ce monde serait devenu sans toi et Sasuke.
Naruto releva des yeux brillants vers Iruka. Ce dernier lâcha un soupir et prit son visage entre ses mains, avant de fixer ses yeux sur le visage du blond.
– Je pense que tu as beaucoup de choses à gérer, émotionnellement. Ne te presse pas, Naruto. Tu fonces toujours tête baissée, mais tu as le droit de te reposer.
Naruto lui sourit faiblement. Il était épuisé, plus qu'il ne l'aurait imaginé. Sa fatigue n'était pas tant physique que psychologique, il s'en rendait compte. Puis Iruka lui demanda s'il avait soif, et versa de l'eau dans un grand verre qu'il déposa sur la table.
– Tu peux bouger ?
– Je peux bouger mon bras, ça va. Je ne sais pas si je peux encore me lever, par contre.
– D'accord, fit Iruka.
Puis, il se leva da sa chaise et s'étira, regardant par la fenêtre. Les couleurs d'octobre étaient à peine visible dans les arbres encore verts. Quelques feuilles dansaient au gré du vent avant de venir se déposer au sol, seul indice de l'automne qui se profilait dans l'air.
Alors qu'Iruka restait debout, Naruto lui dit :
– Tu peux encore rester un peu ?
Son tuteur ne répondit d'abord pas, puis lui sourit tendrement.
– Bien sûr, Naruto. Je reste autant que tu veux.
Le soleil se couchait derrière les montagnes rocheuses de Konoha. Iruka s'était assoupi près de Naruto, et ses yeux furent inondés de douces couleurs ambrées alors qu'il les ouvrait vers la fenêtre. La chambre baignait dans la lumière de fin d'après-midi, bercée par le chant incessant des cigales. Le jeune homme regarda le blond, endormi en position assise sur son lit. Il sourit légèrement, puis se leva sans bruit afin d'aller refermer la fenêtre. Son regard se posa sur un énorme bouquet de fleurs mauves au sol, puis se leva vers son ancien élève. Le temps d'un instant, Iruka se demanda quel chemin il choisirait à présent. Ses traits semblaient paisibles alors qu'il dormait, mais bien des questions devaient le tarauder. Iruka regrettait de n'avoir pas toujours été présent pour lui. En même temps, il savait pertinemment que bien peu d'adultes l'avaient été. Quand Naruto était enfant, Iruka était encore adolescent.
Il inspira profondément, puis quitta la pièce silencieusement. Il longea le couloir où il ne croisa personne, et arriva devant une autre chambre dont il avait noté le numéro sur un bout de papier. Il toqua à la porte, une voix lui dit d'entrer. Doucement, il fit coulisser la porte et immédiatement, il fut frappé par le contraste entre les deux chambres.
– Iruka ?
Une voix calme résonna dans la pièce. Les lèvres d'Iruka affichèrent un sourire, mais ses yeux ne suivirent pas. Le blanc des murs était plus flagrant et oppressant alors qu'aucune fleur n'ornait la pièce. Le jeune homme face à lui ne souriait pas. Couché dans son lit, il avait simplement tourné la tête vers le nouvel arrivant.
– Bonjour, Sasuke, fit-il en s'approchant. Je peux m'asseoir ? demanda-t-il en désignant un tabouret près de son lit.
Le brun hocha la tête. Ses cheveux de jais avaient repoussé, et lui cachaient à présent partiellement le front. Pour autant, ils ne cachaient pas son œil gauche, pourvu du rinnegan. Iruka s'éclaircit la voix.
– Comment te sens-tu ?
Sasuke tourna la tête, les yeux rivés au plafond.
– Comme quelqu'un qui vient de traverser une guerre.
Iruka baissa les yeux. Puis Sasuke reprit :
– Comment va Naruto ?
Un éclair de tendresse traversa les iris d'Iruka. Il fut cependant vite remplacé par une légère mélancolie, comprenant que personne n'était passé le voir avant lui.
– Il est plus ou moins dans le même état que toi, mais il a la forme. Il se repose.
Il essayait d'infuser sa voix de joie, mais son cœur n'y était pas. Il était soulagé de savoir Naruto et Sasuke en vie, mais son cœur se brisait quand il imaginait l'étendue des dégâts émotionnels infligés à ses deux anciens élèves. Il ne pouvait s'empêcher d'y penser alors que ses yeux s'égaraient vers l'épaule gauche de Sasuke. Peut-être n'aurait-il jamais dû laisser Kakashi s'occuper d'eux…
– Pourquoi es tu-là ?
La voix du brun interrompit le fil de ses pensées.
– Je voulais voir comment tu allais, sourit-il. Cela fait longtemps que l'on ne s'est pas parlé, Sasuke. Mais tu as été l'un de mes élèves, toi aussi.
– Et tu te sens responsable de ce que je suis devenu ?
Les mots du brun, prononcés sans bienveillance, retentirent jusque dans le cœur du professeur.
– En partie, admit-il.
Puis il soupira, se rendant bien compte que les évènements l'avaient dépassé.
– Sasuke… je t'en ai voulu, d'avoir laissé Naruto seul.
Les yeux du brun se posèrent à nouveau sur lui.
– Il a tant souffert de ton absence. Enfin… tu le sais. Tu le connais, peut-être mieux que personne, sourit-il légèrement. Je voulais te remercier, Sasuke. D'avoir sauvé le monde. Ça n'aurait pas été possible sans toi.
Les yeux de Sasuke s'écarquillèrent imperceptiblement.
– Je suis désolé de ne pas avoir été là pour toi, quand tu étais enfant. Je suis incapable d'imaginer ta souffrance, bien que j'aie également tout perdu, à une époque. C'est trop tard, à présent, pour te dire ça, mais… à voir Naruto si désespérément décidé à te retrouver, j'ai commencé à mieux comprendre ce qu'il voyait en toi.
Iruka lui sourit sincèrement.
– Tu n'es pas seul, Sasuke, et je voulais te le dire.
Le brun fonça les sourcils inconsciemment. Peut-être essayait-il d'empêcher une autre expression de se dessiner sur son visage. Il ne répondit rien, et laissa le silence s'installer entre eux. Iruka se sentait plus léger, et son sourire était plus franc. Il s'apprêta à se lever :
– As-tu besoin de quelque chose ? Je peux ouvrir la fenêtre, ou t'apporter de l'eau, si tu veux.
Sasuke secoua la tête en signe de négation. Il regardait à nouveau le plafond, uniforme et neutre, infiniment vide.
– Ce n'est vraiment pas de ta faute, Iruka.
Le professeur laissa passer un instant avant de se lever.
– Si tu as besoin de quoi que ce soit, Sasuke. N'hésite pas.
Leurs regards se croisèrent, et celui du brun semblait s'être adouci. Iruka retourna sur ses pas, et vint déposer un instant sa main sur la poignée de porte. Il allait se tourner vers son ancien élève à nouveau, quand il entendit la voix de Sasuke résonner doucement dans la pièce.
– Merci.
Ses doigts se resserrèrent autour de la poignée, et il ne s'attarda pas plus longtemps. Une fois hors de la chambre, il se retrouva nez à nez avec deux visages familiers. Il referma la porte, qu'il laissa légèrement entrouverte.
– Je vois que tu nous as devancés.
– On dirait bien, Kakashi.
Iruka laissa échapper un petit rire. L'homme aux cheveux gris lui souriait, mais Iruka n'aurait su dire si c'était franc. Peut-être n'était-ce pas Kakashi le problème, pas autant que…
– J'imagine que vous êtes aussi passé voir Naruto ?
La voix de Sakura le sortit de ses pensées. Il hocha la tête en sa direction.
– Bien sûr, fit-il.
Puis après un silence, il ajouta :
– Je vous laisse aller lui rendre visite, alors.
Les trois se firent signe de la tête, et Iruka s'éloigna dans le couloir teinté d'une lumière rougeâtre. Sakura fut la première à entrer dans la pièce, après avoir brièvement toqué à la porte.
– Sasuke-kun ! s'écria-t-elle en l'apercevant.
Le brun ne répondit pas, se contentant de tourner les yeux en sa direction. La jeune fille s'approcha de lui, fit mine de prendre sa température en posant sa main sur son front, et s'assit à ses côtés. Kakashi s'adossa à la porte refermée. Le silence régnait dans la pièce, et Sasuke ressentit le besoin d'air frais.
– Est-ce que tu pourrais ouvrir la fenêtre ? fit-il en direction de Sakura.
– Bien sûr !
Elle se leva rapidement, ouvrit grand la fenêtre qui laissa passer un courant d'air, et retourna vers Sasuke. Il inspira profondément, et soupira longuement.
– Comment te sens-tu, Sasuke-kun ?
– Pas trop mal, répondit-il.
Sakura examina l'épaule gauche du brun, et une ride se creusa entre ses sourcils. Kakashi ne lui avait toujours pas adressé la parole. Un silence épais se forma dans la pièce, que seule la brise du vent sur leurs joues venait alléger. Après un moment, Sasuke leva les yeux vers la kunoichi, n'affichant aucun sourire. Puis il dit :
– Désolé.
Il n'ajouta rien de plus. La jeune fille serra les poings, la tête baissée.
– Il était temps, fit-elle à voix basse.
Kakashi soupira à son tour, les yeux à présent fixés sur la jeune fille. Elle pleurait. Sakura releva lentement le visage vers le brun, les yeux humides. Elle admirait toujours autant ses traits fins, sa peau laiteuse et ses cheveux aux reflets bleus.
– Est-ce que tu comptes… quitter le village ? fit-elle d'une petite voix.
Sasuke confirma d'un hochement de tête. La jeune fille prit une grande inspiration, et sembla rassembler son courage afin de poser une nouvelle question.
– Est-ce que je peux… t'accompagner ?
Le brun eu un sourire en coin.
– Je suis désolé pour la peine que je t'ai causée, commença-t-il. Mais je n'ai jamais compris pourquoi tu t'étais éprise de moi. Je ne t'ai jamais donné de raison de penser que je t'appréciais. Comme je te l'ai déjà dit…
– Sasuke, interrompit Kakashi.
Le brun jeta un regard en sa direction, le visage toujours impassible. Il pouvait lire ce que le regard de son ancien maître renfermait. Son sourire en coin se transforma en léger rire narquois.
– Comme je te l'ai déjà dit, Sakura, et peu importe ce qu'en pense Kakashi, je n'ai aucune raison de t'aimer et tu n'as aucune raison de m'aimer, fit-il sur un ton ferme.
Kakashi le condamna du regard, et Sakura baissa à nouveau la tête. Pourtant, Sasuke poursuivit :
– Je ne pense pas non plus que l'on pourrait être amis. Nous n'avons rien en commun et l'on ne se comprend pas. Nous n'avons jamais essayé de nous comprendre.
C'en fut trop pour la jeune fille qui décida de se retirer sans rien ajouter. D'un geste brusque, elle se leva et se dirigea vers la porte. Kakashi la laissa passer, et elle quitta les lieux.
– Tu n'y es pas allé un peu fort ?
– Il serait temps qu'elle comprenne.
– Sasuke… elle t'aime.
– Et quelle partie de moi aime-t-elle exactement ? Quelle partie de moi connaît-elle ?
Kakashi se tut. Les sourcils froncés, Sasuke continua de le fixer.
– Si tu pouvais éviter de jouer les entremetteurs, ça m'arrangerait.
Le brun soupira, et se sentit légèrement soulagé. Ce n'était pas son rôle de les ménager. Ils ne l'avaient jamais fait à son égard. Sakura et Obito l'avaient sauvé durant son combat contre Kaguya, il ne l'oubliait pas. Mais il n'oubliait pas non plus la tentative d'assassinat de la jeune fille. Bien qu'elle ne l'ait pas tué, l'intention y était. Cette intention était amplement suffisante pour faire comprendre à Sasuke que jamais Sakura n'essaierait de savoir qui il était, et quels étaient ses sentiments. Les déclarations d'amour de la jeune fille avaient toujours sonné creux à ses oreilles. Ses pleurs alors qu'elle comparait sa souffrance à celle de Sasuke, se sentant « aussi seule que lui » s'il partait, lui avaient toujours laissé un goût amer. Kakashi soupira brusquement, coupant Sasuke de ses pensées.
– Je n'ai vraiment pas su être un bon maître pour toi. Alors c'est pour toi, aussi…
– Sakura n'a pas su être une meilleure coéquipière que tu n'as su être un bon maître.
– Oui, oui…
Kakashi soupira à nouveau, et regarda l'horizon rougeoyant à travers la fenêtre ouverte. Des voix enfantines leur parvenaient, dansant au gré du vent qui venait les rafraîchir.
– À l'époque… je ne t'ai rien dit pour mon sharingan. Ni pour le reste… Je n'ai pas su te parler. Je n'ai pas su être ouvert et honnête avec toi, ni être un bon maître. J'en suis désolé, Sasuke.
Le visage du brun s'était détendu, et il tourna également les yeux vers la fenêtre. Il comprenait, d'une certaine manière, l'attitude de son maître, et ne le tenait pas pour responsable plus qu'un autre. Cependant, il n'allait pas non plus le contredire.
– Mais je suis fier… d'avoir été le maître des shinobi qui ont sauvé le monde, finit-il dans un sourire.
Sasuke le regarda sans hostilité, et c'était tout ce qu'il pouvait faire en cet instant. Ses sentiments à l'égard de Kakashi et Sakura n'étaient pas inexistants, mais ils vivaient en surface. Ils faisaient partie d'un passé qu'il avait effacé sans difficulté, car il n'avait jamais réellement tissé de lien avec eux.
– Et que vas-tu faire, à présent ? Si tu quittes le village, où vas-tu aller ?
– Je vais voyager.
Kakashi acquiesça, puis attendit un instant avant de reprendre.
– Je ne vais pas te le cacher, Sasuke. Il y a une partie du village qui ne voit pas ton retour d'un bon œil. Pour autant, tu es chez toi ici, et si tu souhaites rester, je m'engage à faire tout ce qui est en mon pouvoir pour te faciliter les choses. Si tu pars, cependant, tu ne seras pas considéré comme un ninja renégat. Pas après avoir sauvé le monde. J'y veillerai, et Tsunade aussi.
Sasuke hocha la tête. Il se fichait d'être considéré ninja renégat. Il aurait préféré entendre ces paroles alors qu'il avait treize ans, pas maintenant qu'il était presque adulte. Un enfant pouvait-il seulement être un ninja renégat ?
– On te doit… au moins ça, fit Kakashi à voix basse.
Le brun reporta son regard sur le mur face à lui. Il se revit, à treize ans, en pleine discussion avec Kakashi. Ses yeux se perdirent dans le vague alors que des voix lointaines résonnaient dans ses oreilles. Celle d'un enfant perdu, abandonné, seul, rongé par la peur et par la haine. Une voix brisée et enragée. La sienne.
Lorsque Naruto se réveilla, il se demanda brièvement où il se trouvait alors que les murs de sa chambre étaient à peine visibles. Tous ses camarades étaient réunis dans la pièce, des fleurs aux pieds et aux bras, apportant de la couleur à l'endroit. Et surtout, beaucoup de sourires.
– Naruto-kun ! fit la voix enthousiaste de Lee.
– Naruto, tu t'es réveillé !
Les voix se mêlèrent tandis que Naruto déchiffrait leurs visages et laissait un grand sourire s'afficher sur ses lèvres. Sakura, de nouveau à ses côtés, l'aida à se relever en position assise. Alors que le blond regardait ses camarades un à un, passant du visage calme de Shino à l'air content de Kiba, il s'arrêta sur le sourire en demi-teinte de Tenten. L'expression de Naruto changea, se fana. Sa présence lui rappelait l'absence de son coéquipier. Devinant les pensées de Naruto, le groupe se tut et observa un instant de silence.
Ce fut le blond qui finit par le briser.
– Merci d'être venus.
Certains acquiescèrent, d'autres sourirent à nouveau légèrement.
– On voulait te remercier, N-Naruto-kun…
Le blond déposa son regard sur la jeune fille aux longs cheveux foncés. Ses yeux lui rappelèrent ceux de son cousin, et il baissa la tête. Des souvenirs lointains se rappelèrent à Naruto alors que les contours du visage de Neji lui apparaissaient nettement. La présence de Hinata lui rappelait comme leurs longs cheveux autant que leurs peaux pâles se ressemblaient, au point qu'ils auraient pu être frère et sœur. Neji voulait tant être libre, sortir de sa cage, et pourtant…
– T-tiens.
Alors qu'il relevait les yeux, la jeune fille était à présent face à lui. Ils échangèrent un regard. Naruto avait du mal à lui rendre son sourire, mais il accepta les fleurs qu'elle lui tendit. Il lui fit un petit signe de tête, puis détourna les yeux vers la fenêtre. La nuit était à présent presque tombée sur le village de Konoha. La fenêtre était ouverte, et l'air s'était rafraîchi. La pièce, tout comme l'extérieur, était silencieuse, baignant dans la lumière lunaire du soir.
Shikamaru s'éclaircit la voix.
– Je ne sais pas ce qu'on aurait fait sans toi, Naruto. Merci.
Naruto lui sourit.
– On s'est tous battu de notre mieux.
Ses camarades lui avaient tous apporté quelque chose. Des fleurs, des chocolats, et même des vêtements – ils s'approchèrent tous de Naruto un à un pour le remercier. Le blond était reconnaissant, mais il était surtout surpris. Il ne savait pas réellement comment répondre, et se contenta de se gratter la nuque en inclinant légèrement la tête.
– On a tous joué notre rôle, après tout, fit-il. Ino aussi a été très courageuse, d'ailleurs…
La jeune fille lui lança son plus beau sourire.
– Mais sans toi, le Mugen Tsukuyomi n'aurait pas pu être annulé, reprit Shikamaru.
Les sourcils de Naruto se froncèrent légèrement.
– Sans moi… fit-il. Sans moi, et sans Sasuke.
Le silence se fit à nouveau dans la chambre. Un silence épais autant qu'explosif.
– Vous… avez remercié Sasuke, aussi ?
Naruto les regarda à nouveau, un à un. Il s'arrêta sur chacun de leurs visages. Les traits de Kiba se durcirent, le sourire de Shikamaru se défit et Hinata détourna le regard.
– Vous vous rendez compte qu'il vous a sauvés autant que je l'ai fait ?
– C'est que… Kiba s'éclaircit la gorge. C'est qu'il a failli détruire le village, il n'y a pas si longtemps.
– Si tu es ici à l'heure qu'il est, c'est qu'il a choisi de sauver le village plutôt que de le détruire, je crois.
Le ton de Naruto laissa Kiba sans voix, et il ne rétorqua rien.
– Tu comprends sûrement que… Shikamaru commença, puis soupira.
– Je comprends à quel point c'est injuste, fit Naruto d'une voix rauque. Son regard était dur, et ce peu importe sur qui il le posait. Je comprends aussi que Sasuke a tout perdu à cause de ce village qu'il a pourtant choisi de sauver. Et je comprends que c'est comme ça que vous le remerciez.
– Ce qu'a fait Itachi n'est pas… reprit Shikamaru dans un murmure.
Naruto le coupa brusquement :
– C'est le village qui est à l'origine de –
– Naruto.
La voix forte de Kakashi se fit entendre dans la pièce. Naruto n'était pas sûr de savoir quand le jōnin était entré, mais il était bien là, prêt à l'empêcher de divulguer la vérité sur le massacre du clan Uchiha. Leurs yeux se connectèrent un instant, et les deux shinobi semblèrent se livrer à un combat silencieux alors que le reste de leurs camarades n'osait à peine respirer. Puis Naruto rompit le contact, et utilisa son bras gauche pour se déplacer légèrement et venir s'asseoir au bord du lit. Il posa ses jambes au sol, prit une profonde inspiration, puis se leva en prenant appui sur son bras. Ses jambes vacillèrent un instant mais il parvint à se redresser, quand Sakura accourut à ses côtés.
– Naruto ! Tu ne devrais pas marcher –
Il repoussa la main de la jeune fille qui essayait de l'aider, et elle n'insista pas. Les shinobi serrés dans la chambre se poussèrent à mesure que Naruto avançait vers la porte. Kakashi était appuyé contre celle-ci, et ne bougea d'abord pas. Il rencontra à nouveau le regard de Naruto, et se décida à céder sa place dans un soupir, lui ouvrant la porte. Le blond quitta la pièce sans se retourner. Lentement, il poursuivit son chemin vers la chambre d'où il ressentait un chakra complémentaire au sien. Il n'était pas loin. Il prenait appui sur le mur pour avancer, et respirait profondément alors que chaque mouvement était douloureux. Les paroles de ses camarades résonnaient encore à ses oreilles.
Ses pieds le guidèrent jusqu'à la chambre du brun, de laquelle aucun son ne lui parvint. Il prit le temps de frapper à la porte, mais n'obtint pas de réponse. Il s'exclama « Sasuke ! » et alors qu'il s'apprêtait à faire coulisser la porte, une faible voix retentit jusqu'à ses oreilles.
– Usuratonkachi…
Un sourire vint se dessiner sur ses lèvres tandis qu'il ouvrit la porte et découvrit la silhouette de son ami, assis sur son lit. Il s'approcha en titubant, et réussit à s'asseoir sur le tabouret près du lit du brun.
– Qu'est-ce que tu fiches à venir jusqu'ici ? Tu ne m'as pas trop l'air en état de te déplacer.
– J'avais envie de te voir.
Puis un silence s'installa entre eux. Ils détaillèrent chacun le corps de l'autre, les blessures et cicatrices qui leur avaient été infligées. Ils se rappelèrent leur combat à la vallée de la fin, leurs coups et leurs mots. Mais ils se rappelèrent aussi leur lutte acharnée contre Madara puis Kaguya, la manière dont ils s'étaient battus ensemble, en harmonie. Leurs yeux se rencontrèrent, et Sasuke détourna le regard en premier. Ils n'avaient pas besoin de mots pour se comprendre, et le brun savait pourquoi le blond était là. Ainsi, si le silence entre eux avait d'abord été confortable, il devenait lourd à présent. Sasuke se décida à briser la glace.
– Je ne m'attendais pas à ce que qui que ce soit ne me rende visite, Naruto.
– Ce ne serait pourtant pas cher payé après leur avoir sauvé la vie.
Sasuke soupira.
– J'ai aussi voulu tous les tuer.
– Mais tu ne l'as pas fait. Tu ne l'aurais pas fait.
– Comment peux-tu en être aussi sûr ?
Naruto le fixa, un sourire aux lèvres.
– Je le sais, c'est tout.
Le brun laissa échapper un son plus qu'une parole, ne répondant rien. Il tourna son regard vers la fenêtre d'où quelques étoiles pouvaient être admirées dans le ciel nocturne.
– C'est injuste, Sasuke, et tu ne me feras pas changer d'avis. Ils n'admettent même pas que tu les as sauvés.
Naruto déplaça son tabouret, faisant grincer les pieds en bois contre le sol. Il approcha son visage de celui du brun, prêt à le surprendre quand celui-ci se tournerait à nouveau vers lui. Un instant plus tard, Sasuke se retourna, et plongea son regard dans celui du blond sans même reculer. Naruto s'éloigna un peu. Ce qu'il lisait dans les yeux sombres du brun lui fit un pincement au cœur. Il s'attendait à ce que Sasuke lui dise qu'il était un crétin, ou qu'il lui rie au nez, mais le visage du brun était impassible. Les paroles qu'il avait prononcées à la vallée de la fin lui revinrent en mémoire.
– Alors… fit-il doucement. Tu vas vraiment quitter Konoha ?
Sasuke acquiesça.
– Me retrouver ici n'a fait que confirmer ce que je ressens.
– Sasuke… soupira le blond.
Son ton n'était pas plaintif, seulement une pointe de tristesse perçait dans sa voix. Le regard de Sasuke s'adoucit, et il se concentra sur les traits de son ami. Ses grands yeux bleus étaient chaleureux, compréhensifs. Son regard, alors qu'il se posait sur Sasuke, était inévitablement bienveillant.
– Si tu pars, qu'est-ce que tu vas faire ?
– Je vais voyager.
Devant la mine perplexe de Naruto, il ajouta :
– Et je vais essayer de me retrouver. De comprendre qui je suis, ce dont j'ai besoin maintenant.
Le blond baissa le regard, les sourcils légèrement froncés. Sasuke continuait de le fixer.
– J'ai vraiment fait tout ça pour que tu partes à nouveau ?
Sa voix était calme, mais son regard avait gagné en intensité alors qu'il le relevait vers son compagnon. Le brun haussa les épaules.
– Et t'appelles ça une victoire ?
Il lâcha un rire amer alors que le ton de sa voix était à présent empreint de colère.
– Qu'est-ce que j'ai gagné si tu restes tout seul au final ?
Sasuke détourna les yeux, les déposant sur le mur face à lui.
– Je ne t'ai jamais demandé de me sauver, Naruto. Je n'ai jamais été une princesse en détresse.
Un brin d'hostilité perça dans le regard du blond, mais il s'était déjà estompé alors que Sasuke posait à nouveau les yeux sur lui.
– Qui est-ce que tu cherchais vraiment à sauver, tout ce temps ?
Puis les traits du blond se détendirent. Il pouvait lire dans le cœur du brun.
– Notre lien.
Face à la confiance qui émanait de son ami, Sasuke tressaillit imperceptiblement. Sa présence n'était comparable à aucune autre. Il laissa une expression plus douce se dessiner sur son visage, dénuée d'amertume.
– Et je suis content d'avoir réussi, ajouta-t-il dans un plus large sourire.
Sasuke contempla le visage de Naruto, ses grands yeux plissés alors que ses dents blanches étaient dévoilées. Sa sincérité le prit de court, et son regard céda un instant, communiquant tout ce que ce qu'il se gardait de dire avec des mots.
– Usuratonkachi…
De retour dans sa chambre, Naruto fut surpris de constater que Kakashi l'attendait. Il vint s'asseoir péniblement sur son lit, et interrogea son ancien maître du regard une fois qu'il put respirer sans difficulté.
– Sakura et moi sommes passés le voir également.
Le blond acquiesça.
– J'imagine que Sakura-chan avait envie de le voir aussi.
– Oui. Enfin…
Puis Kakashi soupira longuement, fatigué de ce qu'il avait à porter malgré lui, de ce qu'il n'arrivait plus à porter.
– Je ne vais pas tourner autour du pot, Naruto…
Il regarda le blond, se remémora ses paroles à chaque fois qu'il s'agissait de son coéquipier. Qu'il ait treize ou dix-sept ans, sa détermination était la même. Il se souvint de sa déclaration sous le pont, alors que les shinobi de Konoha avaient décidé d'en finir avec Sasuke. Naruto, seul contre le monde, avait refusé de briser son lien avec Sasuke quoi qu'il arrive. Naruto, ne portant pas son bandeau de Konoha, avait souri à Sasuke avec sincérité. Il avait pensé à Sasuke avant de penser à qui que ce soit d'autre.
– Les conseillers du Hokage souhaitaient, et souhaitent toujours, emprisonner Sasuke, reprit-il alors.
L'aura entourant Naruto se chargea d'une animosité profonde.
– Ces espèces de…
– Ne t'inquiète pas, ni Tsunade ni moi ne les laisseront faire, voulut le rassurer Kakashi. Mais la situation est très tendue, je ne te le cache pas. A vrai dire…
Il s'arrêta un instant, jaugeant l'effet que ses paroles avaient sur le blond. Ce dernier le sentit et tenta d'apaiser sa fureur, de dompter le tourbillon de colère qui montait en lui. Kakashi soupira. Il aurait préféré taire ces faits, mais il savait pertinemment que Naruto l'apprendrait, et qu'il valait mieux avoir une conversation claire avec lui dès maintenant.
– Il a même été difficile de le faire soigner à Konoha. Tsunade étant en charge de l'hôpital, tu te doutes qu'elle a insisté. Mais cela n'a fait que les irriter encore plus.
L'expression indéchiffrable que Naruto avait lu dans les yeux de Sasuke quelques minutes auparavant lui revint en mémoire, et il serra les poings furieusement. Ce n'était pas seulement que les villageois n'étaient pas reconnaissants, c'est qu'ils ne voulaient pas de lui au village. Ce n'était pas seulement que Sasuke se sentait en marge des habitants, c'est qu'il se sentait entièrement rejeté.
– Si c'est comme ça que ça se passe, si Sasuke n'est pas le bienvenu dans son propre village, celui qui pourtant…
Il s'interrompit, laissant échapper un grognement à la place.
– Dans ce cas je ne souhaite pas y être non plus.
Un silence passa entre les deux shinobi, qui n'avaient pas besoin d'en dire plus. Puis une voix féminine résonna dans la pièce, suivie d'une voix plus mature. La discussion entre les deux femmes prit fin alors que leurs pas s'arrêtèrent près du lit. Tsunade fit la première à lui adresser la parole.
– Naruto, je peux désormais t'annoncer que ton nouveau bras sera prêt dans deux semaines.
Au lieu de lui rendre son sourire, le blond baissa la tête.
– Il n'attendra pas deux semaines… fit-il dans un murmure.
– Comment ? lui demanda la kunoichi.
– Je n'attendrai pas deux semaines, répondit-il sur un ton plus élevé.
– Comment ça, tu n'attendras pas deux semaines ?
– Et Sasuke, a-t-il droit à ce nouveau bras lui aussi ?
La médecin parut prise de court, et surprise de la colère dont était empreinte la voix du blond.
– Eh bien, c'est que…
Elle soupira.
– C'est que ça a déjà été difficile de l'admettre à l'hôpital, alors…
– Alors je n'en ai pas besoin.
– Quoi ?
Cette fois, ce fut la voix légèrement étranglée de Sakura qui résonna dans la pièce.
– Si Sasuke n'en a pas alors moi non plus, c'est tout.
Le blond haussa les épaules, et s'allongea dans son lit. La jeune fille sentit des émotions contradictoires bouillonner en elle, et elle tenta de retenir ses larmes face à l'obstination de Naruto.
– Est-ce le fameux, « comment puis-je devenir Hokage si je ne peux même pas sauver un ami ? »
Naruto ne répondit rien, son regard fixé sur le plafond. Il était toujours aux prises avec de fulminantes bourrasques qui dansaient dans ses tripes.
– Tu l'as déjà sauvé, Naruto, insista Sakura.
Kakashi soupira et s'appuya un peu plus contre la porte, ses épaules se voûtant.
– Le laisser seul n'est certainement pas le sauver.
La jeune fille ne put retenir la frustration qui débordait en elle et tapa du poing contre le mur, laissant une cicatrice courir le long de la peinture fissurée. Elle quitta la chambre sans ajouter un mot.
La Hokage soupira à son tour, s'asseyant près de Naruto. Elle déposa son menton dans sa main, et contempla le shinobi borné face à elle.
– Sasuke fait ses propres choix, et tu fais les tiens, Naruto. Tu en auras besoin de ce bras, si tu souhaites devenir Hokage.
Le blond tourna alors ses yeux vers Tsunade, la défiant du regard. Un instant, elle vit à nouveau le garçon déterminé de treize ans qu'elle avait rencontré hors du village, venu la chercher afin qu'elle guérisse Sasuke.
Tsunade sembla se résigner, et ne lui opposa aucune autre remarque. Elle acquiesça faiblement avant de se lever et de souhaiter une bonne nuit à Naruto, osant à peine faire face à son regard enragé. Kakashi fit de même, puis quitta la pièce sans bruit. Une fois seul, Naruto s'abîma dans la contemplation du plafond. Il assimilait peu à peu les paroles qu'il avait entendues au cours de la journée, et une certitude s'ancra dans son esprit. Une seule certitude qui faisait surface contre vents et marées, contre le temps et contre le monde entier.
Qu'en avez-vous pensé ? La suite vous intéresse-t-elle ? Merci d'avoir lu ! :)
