Note : Je vois que cette fiction a pas mal de vues, j'espère qu'elle vous plaît toujours ! Je ne publie que maintenant, la vie et ses obligations me rattrapent parfois, mais j'essaie de rester à jour. Ça faisait un moment que je n'avais pas tenu un rythme hebdomadaire… Je ne l'ai pas encore terminée, et honnêtement, il se passe encore pas mal de choses dedans. Quant à la fin… je ne l'ai pas encore trouvé ! Peut-être que c'est une bonne nouvelle pour vous parce que c'est loin d'être fini !


Le lendemain matin, Sam se réveilla en sursaut, tirant Lena du sommeil à son tour. Merde ! s'écria-t-elle en attrapant son téléphone. Mon réveil n'a pas sonné, et on est censés partir dans 20 minutes !

Lena jeta un coup d'œil au portable que Sam venait de poser sur la table de chevet, puis bondit hors du lit. Avec les heures de vol à venir, elle n'avait plus beaucoup de marge avant son rendez-vous.

Elles s'habillèrent à toute vitesse, renonçant même à un café rapide. Alors que Sam s'occupait de ses cheveux dans la salle de bain, un coup retentit à la porte. Sam ! On doit y aller, la voiture de Sara part dans cinq minutes ! appela une voix masculine en insistant.

J'arrive ! répondit Sam depuis la salle de bain, visiblement stressée.

Dans la chambre, Lena finissait d'enfiler ses chaussures tout en consultant ses derniers messages. Quand elle leva les yeux, elle resta figée. L'homme derrière la porte venait d'actionner la poignée. "Est-ce qu'il connaît la notion d'intimité ?", se demanda-t-elle avec exaspération.

Sam, on ne t'a pas vue au petit déj… La phrase de Russel s'étrangla dans sa gorge lorsqu'il entra et se retrouva nez à nez avec Lena, immobile en plein milieu de la pièce. Ils se fixèrent, aussi surpris l'un que l'autre.

Comme si elle avait deviné la situation, Sam débarqua au même instant, sa brosse à cheveux à la main. Oh, lâcha Russel, visiblement mal à l'aise. Euh… Bonjour ?

Bonjour, répondit Lena, encore sous le choc.

Un cri retentit dans le couloir, et Russel sembla enfin comprendre l'urgence de la situation. Il referma précipitamment la porte derrière lui et s'adossa à celle-ci, visiblement pour empêcher quiconque d'entrer. Lena espérait que c'était son intention, du moins. Je… je ne savais pas… balbutia-t-il, cherchant ses mots.

C'était une surprise, coupa Sam, pas du tout décidée à s'attarder sur le sujet. S'il te plaît, Russ', fais comme si tu n'avais rien vu. Et pas un mot à Andrea ! ajouta-t-elle avec insistance.

Russel hocha la tête, visiblement mal à l'aise. Il jeta un coup d'œil rapide à Lena, puis à Sam, et ses joues prirent une légère teinte rosée. Je… Je n'ai rien vu, murmura-t-il précipitamment.

Bien, répondit Sam avec un demi-sourire, bien consciente qu'il savait bien plus qu'il ne voulait admettre.

Mais, Sam, ajouta Russel, faites attention Andrea est perspicace. Si elle commence à me poser des questions, je ne pourrai pas tout cacher. Si elle savait que Lena était ici…

Lena croisa les bras, un mélange d'exaspération et d'amusement flottant sur son visage. Andrea adore tirer des conclusions hâtives. Elle devrait pourtant faire plus attention à… Elle s'interrompit brusquement, réalisant soudainement à qui elle parlait. Russel haussa un sourcil interrogateur, mais Lena se reprit rapidement. ...À vous deux, conclut-elle en détournant légèrement le regard.

Russel sembla sur le point de répondre, mais Sam prit les devants avant qu'il ne puisse ouvrir la bouche. Va rejoindre Sara et les autres. Je n'en ai pas pour longtemps, lança-t-elle d'un ton qui n'invitait pas à la discussion.

Voyant l'urgence dans la situation, Russel jeta un dernier regard à Lena. Celui-ci, empreint de sous-entendus, lui fit comprendre que leur conversation était loin d'être terminée. Mais il hocha simplement la tête et quitta la pièce, refermant précautionneusement la porte derrière lui.

Une fois seules, Sam se tourna vers Lena, les sourcils légèrement froncés. Comment ça, Andrea doit faire attention à « eux » ?

Lena haussa les épaules tout en récupérant son manteau, qu'elle avait laissé négligemment sur le canapé. Je t'expliquerai ça plus tard… Ce n'est clairement pas le moment. Disons qu'elle est très perspicace en ce qui nous concerne. Mais quand il s'agit de son propre couple, elle est aussi aveugle que nous l'étions.

Un sourire étira les lèvres de Sam, visiblement amusée par ce rappel de leurs débuts chaotiques. Mais son expression changea rapidement lorsqu'elle réalisa qu'elles étaient à court de temps. Elle rangea la brosse qu'elle tenait encore, attrapa son manteau, et s'apprêta à partir.

Se retournant une dernière fois, elle vit Lena, immobile, semblant attendre un moment d'accalmie dans l'hôtel avant de s'éclipser. Sans réfléchir, Sam s'avança vers elle, posa doucement ses mains sur ses épaules, et l'embrassa avec tendresse. Tu n'auras qu'à claquer la porte derrière toi, murmura-t-elle en fermant les yeux un instant après le baiser.

Lena hocha la tête, sa voix à peine audible. D'accord.

En quelques secondes, Sam avait déjà quitté la pièce, la laissant seule avec ses pensées.

Lena resta un moment immobile, le regard fixé sur la porte. Devait-elle vraiment partir pour Seattle et signer ce contrat ? L'envie lui manquait cruellement, mais elle savait qu'elle n'avait pas le choix.

Elle s'approcha de la fenêtre et regarda les voitures quitter l'hôtel. Andrea semblait visiblement agacée par le retard de Sam, un détail qui lui arracha un sourire amusé. Mais ce moment fut bref. Prenant une profonde inspiration, elle récupéra ses affaires et quitta discrètement la chambre pour se diriger vers l'aéroport, un poids inexplicable alourdissant ses pas.

Alors qu'elle se dirigeait vers son jet, Lena reçut un message WhatsApp d'un numéro qu'elle ne connaissait pas. Intriguée, elle ouvrit la conversation et fit rapidement le lien entre le message, la photo de profil et l'identité de l'expéditeur.

Russel
Pourquoi Andrea devrait-elle faire attention à nous ?

Lena soupira. Elle prit quelques secondes pour formuler sa réponse.

Lena
Ce n'est pas vraiment une question d'« attention », mais disons qu'elle est très impulsive. Au lieu de vouloir fouiller dans la vie personnelle de ses amies, elle devrait plutôt se concentrer sur la sienne.

Russel
Ça ne répond pas à ma question.

Lena
Écoute, ce n'est pas à moi de discuter de ça avec toi. Si tu as des questions, pose-les directement à Andrea.

Russel
Sauf qu'elle ignore mes questions ou répond toujours de manière évasive.

Lena pouvait presque visualiser Andrea évitant les sujets gênants, changeant de sujet avec sa désinvolture habituelle.

Lena
Vous en avez parlé la dernière fois que tu es venu à LA, non ?

Russel
Parler de quoi ?

Lena
De vous, de l'évolution de votre relation… quelque chose dans ce genre.

Russel
Elle m'a juste dit qu'elle aimait ce que nous avons maintenant et qu'elle ne voulait pas que ça change.

Évasive, comme toujours. Lena soupira de frustration. Andrea avait clairement esquivé le sujet, et c'était exactement ce qu'elle redoutait.

Lena repensa à leurs précédentes conversations. Andrea avait été incroyablement insistante sur Lena et Sam, cherchant des détails sur leur relation et tirant des conclusions hâtives. Pourtant, elle n'était pas capable de faire preuve de la même honnêteté avec Russel. C'était presque exaspérant.

Russel
Elle a ajouté qu'elle ne voulait pas que je me précipite à trouver un autre emploi ici. Que la distance, on pouvait la gérer.

Lena
C'est partiellement vrai.

Russel
Partiellement ? Qu'est-ce que tu veux dire ?

Lena
Si je t'explique tout, Andrea risque de m'en vouloir. C'est à elle de te le dire.

Russel
Je crois qu'elle ne le fera pas. Et si je commence à trop insister avec mes questions, elle va probablement se lasser et… rompre ou quelque chose comme ça.

Lena soupira, imaginant parfaitement Andrea esquivant les conversations sérieuses et se repliant sur elle-même à la moindre pression.

Russel
J'ai déjà demandé à Alex et Maggie, d'ailleurs. Elles m'ont dit que tu serais plus à même de répondre. Elles pensent qu'Andrea a juste peur de s'engager parce qu'elle n'a jamais vécu une vraie relation de couple avant.

Lena
C'est à moitié vrai. Andrea aime sa liberté, et elle a toujours voulu mener sa vie sans se sentir obligée de faire des concessions. Mais…

Lena marqua une pause, pesant ses mots avant de continuer.

Lena
Depuis qu'elle est avec toi, elle en fait beaucoup, des concessions. Plus que tu ne le penses. Elle a même ajusté son planning pour passer du temps avec toi, ce qui est une première. Elle ne l'a jamais fait pour personne.

Lena espérait que ses paroles suffiraient à rassurer Russel, tout en protégeant Andrea. Elle savait qu'Andrea n'aimait pas admettre sa vulnérabilité, surtout pas dans le cadre de leur relation.

Russel
Tu crois que si je lui demande de manière plus subtile, elle répondra ?

Lena
Non, justement. Il faut être direct, presque frontal. Andrea n'est pas du genre à se dévoiler si elle sent que tu hésites. Si tu n'appuies pas suffisamment, elle risque de détourner la conversation ou d'éviter le sujet sans vraiment répondre.

Russel
Donc, je dois poser des ultimatums ?

Lena
Je ne connais pas assez votre relation pour te dire quoi faire avec certitude. Fais comme tu le sens. Mais sois conscient que si elle perçoit une faille ou un doute chez toi, elle va s'y engouffrer pour esquiver.

Lena soupira en rangeant son téléphone. En sortant du taxi et récupérant son sac, elle prit conscience qu'elle se retrouvait à nouveau dans le rôle d'intermédiaire entre Andrea et Russel, un rôle qui ne manquerait pas de déplaire à Andrea si jamais elle venait à l'apprendre.

Quelques minutes plus tard, Lena était dans l'avion, regardant la nuit à travers le hublot.

Sam
Russel avait le nez collé à son téléphone tout le trajet en voiture… J'imagine qu'il t'a bombardée de messages ?

Lena
Tu imagines bien.

Sam
Andrea avait l'air tendue. Il n'a pas dit à qui il envoyait tous ces messages, ni pourquoi.

Lena
Elle doit être furieuse.

Sam
Pas vraiment le temps pour ça. On est arrivés à la librairie. Tu me manques… J'aurais aimé que tu sois là avec nous. Merci encore d'être venue et pour cette soirée. J'espère que tu n'es pas trop fatiguée :*

Lena
Un peu, mais c'est pas grave. Je n'aurais pas pu passer cette nuit sans toi. :*

Le reste de la journée s'écoula entre la signature du contrat, des visites et des poignées de main, avec quelques rares moments de répit où Lena en profitait pour regarder les nouvelles photos et vidéos du groupe WhatsApp. Chaque minute de pause était une bouffée d'air frais au milieu de ce tourbillon de travail. Cependant, Lena décida d'accélérer les choses. Elle rassembla toutes les tâches qu'elle devait accomplir pour le lendemain et, vers 23 heures, elle s'écroula enfin dans le lit vide de son hôtel à Seattle, épuisée par ces derniers jours bien remplis. Le lendemain matin, heureuse d'avoir condensé sa journée de travail, elle monta dans l'avion après un dernier petit rendez vous d'usage, impatiente de rentrer chez elle. En gagnant une journée de travail, Lena avait optimisé son emploi du temps, et, cerise sur le gâteau, elle avait pu dormir quelques heures supplémentaires pendant le vol.

Lorsqu'elle atterrit à 15 heures, elle se rendit directement à la librairie pour retrouver le groupe. La dernière tournée l'attendait, et l'accueil chaleureux de ses amies et des membres du RPG la fit sourire. Ils étaient ravis de la voir en personne, "la véritable Olivia", débarquer plus tôt que prévu pour leur dernier événement.

L'air étonné de Sam en voyant Lena arriver en avance valait tout le détour. Lena se sentait presque fière d'avoir pu ajuster son emploi du temps pour profiter d'une journée de plus avec eux. Après avoir expliqué comment elle avait réussi à avancer sa venue d'une journée, elle s'inclina légèrement pour remercier tout le monde et se fondre dans la fête. Ce fut un soulagement d'être enfin avec eux, loin des obligations professionnelles.

Lena se laissa emporter par l'atmosphère chaleureuse du groupe, mais une part d'elle ne pouvait s'empêcher de sourire en pensant à Sam. Elle savait que la soirée allait être encore plus agréable qu'elle ne l'avait imaginée. Sam, elle, semblait particulièrement rayonnante, bien que ses yeux cherchaient constamment à croiser les siens sans attirer l'attention des autres.

Andrea s'était rapidement rapprochée de Lena, son sourire en coin agaçant de plus en plus cette dernière. Lena, se rappelant qu'Andrea n'était pas dans la meilleure situation pour gérer son couple, décida de passer outre et de ne pas réagir à la provocation.

J'étais sûre que t'allais revenir plus tôt. J'avais parié à Alex 50 balles au moins. Andrea afficha un sourire ravi, comme si elle était satisfaite de l'avoir devinée.

Maggie a leur cotés fronça des sourcils en regardant Andrea. Eh ! Pourquoi je n'étais pas au courant de ça ?

Parce que tu aurais dit à Alex qu'elle allait perdre son argent. Andrea lui répondit sur un ton presque taquin.

Maggie leva les yeux au ciel et s'éloigna, ce qui fit que Lena, bien qu'agacée par Andrea, se détendit un peu. La tension se dissipait Lena se tourna vers Andrea.

Et toi ? Ça se passe comment avec Russel ? demanda Lena, espérant savoir ce qui s'était passé le matin même. Sam et elle avaient été tellement occupées qu'elles n'avaient pas eu le temps de s'échanger des messages, et Russel, de son côté, ne lui avait pas envoyé de nouvelles.

Andrea haussait les épaules, l'air de rien, mais Lena savait bien que cela cachait quelque chose. Crache le morceau, Rojas. Lena ne put s'empêcher d'être un peu brusque. Elle en avait assez qu'Andrea tourne autour du pot.

Il a envoyé des messages à quelqu'un ce matin dans la voiture. J'ai l'impression… Je ne sais pas… qu'il m'évite depuis. Andrea sembla un peu perdue, et Lena sentait que la situation était plus complexe que ce qu'Andrea laissait paraître.

Lena, intriguée, réfléchit à haute voix. Est-ce que vous avez décidé de prendre de la distance ? Elle se demandait si Russel avait compris qu'il devait éviter Andrea ou si c'était une décision de lui-même.

Andrea semblait perdue dans ses pensées. Je ne sais pas… Ça se passait très bien depuis qu'il est arrivé. Il n'a même pas abordé le sujet, franchement, c'était parfait… Et puis là, c'est limite s'il me fuit depuis ce matin.

Lena leva les yeux au ciel avant de répondre. Peut-être que c'est sa façon de montrer qu'il est triste de partir demain soir ? Elle tenta de trouver une explication plausible.

Andrea secoua la tête, l'air un peu agacée. Je pense qu'il y a autre chose, mais… je sais que j'abuse déjà donc je préfère rien lui demander.

Lena ne put s'empêcher de réagir vivement. Bordel, Andrea ! s'exclama-t-elle. Parlez-vous enfin ! Ce n'est pas possible de s'éviter comme ça et de ne pas vouloir aborder le fond du problème ! Elle était à la fois frustrée pour Andrea et désespérée de la voir fuir l'essentiel.

Donc, en gros, je lui dis d'être patient, ce qu'il est déjà, de ne pas trop me demander de choses… mais moi, je lui impose de rester et de me dire la vérité ? Andrea croisa les bras avec un air d'ironie. Ah, super conseil, Lena, je suis sûre qu'il va me répondre la bouche en cœur toute la vérité.

Lena leva les yeux au ciel, exaspérée par l'attitude de son amie. Tu sais quoi ? dit-elle d'un ton agacé. Il m'a envoyé des messages ce matin. C'était moi la personne mystère. Voilà la vérité.

Hein ?! s'exclama Andrea, dévisageant son amie avec étonnement. Mais pour te dire quoi ?

Pour me demander quel était ton fichu problème ! s'écria Lena, sa patience au bord de la rupture. Il n'ose pas te le demander directement, et toi, tu en profites ! Je lui ai dit d'être direct avec toi, parce qu'il n'y a que ça qui marche, et lui… Il prend la fuite parce qu'il a peur qu'en te posant des questions, ça t'oppresse et que tu rompes avec lui.

Andrea resta figée, la bouche légèrement ouverte, comme si elle n'arrivait pas à croire ce qu'elle venait d'entendre. Quoi ?! continua-t-elle, ne parvenant toujours pas à aligner une phrase cohérente.

Lena souffla lourdement, sa frustration grandissant. Sincèrement, tu te fichais de moi quand je t'expliquais mes problèmes avec Sam, mais tu es pire que moi en fait. Elle se laissa aller à une profonde exaspération. Vous vous aimez, ce gars a l'air hyper compréhensif, prêt à se mettre de côté pour te laisser de l'espace… Il a peur de te bousculer, toi, alors que franchement, tu mériterais d'être secouée comme jamais ! Vous êtes tellement différents que je me demande comment vous faites pour être en couple.

Andrea resta silencieuse un instant, les bras toujours croisés, son regard cherchant à éviter celui de Lena. Le silence entre elles était lourd, presque palpable, comme si chaque mot prononcé pesait plus que le précédent. Lena attendait une réaction, mais Andrea ne semblait pas prête à la donner.

Finalement, Andrea lâcha un long soupir, la tension dans son corps se relâchant à peine. Tu sais, c'est pas aussi simple… commença-t-elle, mais sa voix trahissait une hésitation qui n'avait pas été là avant.

Parce que c'est simple pour lui ? lança Lena, sans ménagement. Tu te caches derrière toutes ces excuses. Soit vous vous mettez d'accord pour arrêter tout ça, soit tu te prends en main et tu lui parles. Mais pas de la manière dont tu fais là, en fuyant. Tu t'assois, tu t'ouvres, tu lui dis que tu as peur et surtout, tu écoutes. Écoute-le vraiment. Arrête de t'imaginer des scénarios, parce que tu sais à quoi ça va aboutir : une rupture, et probablement une douleur bien plus grande que celle que tu ressens actuellement. Crois-moi, on sait toutes les deux de quoi je parle.

Andrea la fixa sans rien dire, ses lèvres pincées, les yeux rivés sur le sol. Lena savait qu'elle avait frappé juste. Elle connaissait trop bien cette douleur. Elles savaient toutes les deux ce que c'était de vivre une rupture dévastatrice. Lena, elle, avait encore du mal à évoquer cette relation passée sans que la douleur ne lui serre la gorge. C'était une période où elle s'était sentie comme une loque, dévastée après cette rupture, et seule Alex et Andrea avaient été là pour la soutenir. Maggie, quant à elle, ne la connaissait pas encore à ce moment-là.

Andrea souffla, mordillant l'intérieur de sa joue, avant de jeter un coup d'œil vers Russel. Lena suivit son regard. Elle savait exactement ce qui se passait dans la tête de son amie. Andrea semblait prise dans une tempête de pensées. D'accord. finit-elle par dire, d'un ton presque inaudible, avant de se détourner brusquement de Lena et de marcher d'un pas décidé vers Russel.

Lena resta là, observant la scène. Andrea s'approcha de Russel, et les deux s'éloignèrent lentement vers l'arrière de la librairie. Lena distingua l'air grave d'Andrea et le regard inquiet de Russel. Un léger frisson la traversa alors qu'elle espérait de tout cœur que cette conversation allait enfin apporter la clarté nécessaire. Elle savait que les choses pouvaient encore se résoudre entre eux, mais cela dépendait d'eux. Il ne fallait plus qu'ils se laissent engloutir par leurs propres doutes et peurs. Lena attendit, son regard fixé sur eux, en priant pour qu'ils trouvent le courage de tout mettre à plat.

Les gens bougeaient autour de Lena, certains parlant à ses côtés. Elle observa le reste du groupe avant de se faire surprendre par Sam, qui se posa à ses côtés, un sourire radieux sur le visage.

Ça me fait tellement plaisir de te voir ici… Ça aurait été dommage de rater ça, dit Sam, choisissant ses mots avec soin pour ne pas éveiller les soupçons des autres. Son regard pétillant trahissait néanmoins son enthousiasme, et malgré ses efforts pour rester discrète, Lena savait que Sam était plus qu'heureuse de passer du temps avec elle. Mais elles devaient toutes deux jouer le jeu, ne pas faire de vagues. Le groupe du RPG n'était pas au courant, et les rumeurs se faisaient déjà suffisamment insistantes.

Lena répondit par un sourire calme, presque détaché, comme si ces moments étaient devenus une habitude au fil des années. Après tout, Kara m'a bien dit de lever le nez de mon travail, non ? J'applique simplement ses conseils, ajouta-t-elle, haussant les sourcils dans un défi silencieux, scrutant le visage de Sam. Cette dernière, bien qu'essayant de rester calme, ne pouvait cacher son excitation qui se reflétait dans ses yeux.

Sam, se forçant à paraître détendue, acquiesça légèrement. C'est vrai… et j'en profite aussi en quelque sorte. Elle détourna son regard avant d'ajouter d'une voix plus basse, Surtout que nous avons de nouveau une soirée toutes les deux.

Lena sentit son cœur s'emballer légèrement à l'idée de ce qu'elles allaient partager ce soir-là. L'idée de passer quelques heures ensemble, loin des regards curieux, la réconfortait. Elle se surprit même à espérer que cette soirée serait un début, un moment privilégié dans le tourbillon de la situation.

Les conversations autour d'elles continuaient, mais Lena et Sam étaient dans leur petite bulle, se perdant dans des échanges furtifs de sourires et de mots à peine murmurés. Sam, bien qu'elle tente de cacher son excitation, ne pouvait dissimuler la lueur d'enthousiasme dans ses yeux. Après des jours sans se croiser, puis un rapide échange il y a deux jours, et à nouveau ce soir… c'était presque inattendu. Lena savait qu'elle avait eu raison de saisir l'occasion l'autre soir, et que s'avancer la veille pour être avec eux en cette fin d'après-midi était une bonne décision. Même si, au fond, ce n'était ni le groupe ni l'événement qui l'intéressaient vraiment.

À cet instant, Alex déboula, un verre de champagne à la main. Accaparée par Sara et visiblement un peu éméchée, elle enlaça Lena avec un grand sourire. Je suis super contente que tu sois venue ! dit-elle, l'émotion dans la voix. Kara aurait adoré ça, elle aurait… C'est vraiment le meilleur hommage qu'on puisse lui faire.

Je suis sûre qu'elle aurait été fière, encore plus en sachant que tu as aidé à mettre tout ça à jour. Sourit Lena, essayant de calmer Alex, son ton plus posé que celui de son amie, qui était visiblement envahie par l'émotion.

Alex hocha la tête, essuyant une larme qui avait échappé de son œil. Elle remarqua alors la présence de Sam. Oh ! Désolée si… J'interromps quelque chose… ?

Ne t'inquiète pas. affirma Lena d'un ton assuré.

Tu sais ! continua Alex, sans vraiment attendre de réponse, Sara est vraiment adorable. On a beaucoup discuté sur le personnage de Cass', et j'ai découvert plein de trucs sur… Enfin sur tous les autres personnages. Sourit Alex. Cette saga, c'est vraiment le début… enfin non, le point final à… Enfin, à tout ça quoi… Ça fait vivre encore un peu Kara, en fait. Alex commençait à se perdre dans son récit, prenant une nouvelle gorgée de champagne.

Tu devrais un peu ralentir sur ça. dit Lena, observant le verre d'Alex d'un air préoccupé.

Alex jeta un coup d'œil à son verre. Maggie me l'a dit aussi… Mais je crois que ça me donne du courage pour finir cette journée. soupira-t-elle, visiblement à bout d'énergie.

Lena, touchée par l'épuisement apparent d'Alex, l'enlaça de nouveau, lui offrant un geste réconfortant. Elle murmura quelques mots à son oreille, assez bas pour qu'Alex seule puisse entendre. Cette dernière serra un peu plus Lena dans ses bras.

Alex et Lena entendirent une voix derrière elles. Il faut absolument que tu vois ça, Alex ! s'exclama Sara, totalement excitée. Lena ne savait pas si Sara était aussi éméchée qu'Alex, mais son enthousiasme débordant semblait un peu suspect. Elle tira presque Alex des bras de Lena et la guida vers un coin de la table, à l'écart des autres.

Maggie apparut alors aux côtés de Lena. Qu'est-ce qu'elle me saoule, cette Sara ! s'agaca-t-elle.

Lena avait l'impression que les gens apparaissaient toujours quand elle ne s'y attendait pas, comme si elle avait atterri dans une sitcom où tout le monde savait quand prononcer sa réplique. Elle n'eut même pas le temps de répondre, car Maggie fonça presque vers Alex et Sara. Elle entoura Alex d'un geste possessif que Lena n'avait encore jamais vu, éloignant le verre de sa femme tout en parlant. Sara semblait visiblement agacée, son expression trahissant son mécontentement.

Tu penses qu'on aura un moment tranquille ? murmura Sam, son regard glissant d'Alex et Maggie au reste du groupe, qui riait et plaisantait autour d'elles.

Lena hocha doucement la tête. Oui, je pense. Une fois que tout ça sera fini, ce sera juste toi et moi. Elle déposa un léger baiser sur la tempe de Sam avant de se retirer doucement.

Hey ! s'exclama un homme que Lena avait du mal à reconnaître. Alors c'est toi, "Olivia", hein ? dit-il en haussant les sourcils de façon suggestive. C'est marrant, je pensais que tu étais blonde comme ton personnage.

Lena fronça les sourcils, cherchant dans sa mémoire. Finn ? Quel était son nom déjà ? Tous les personnages ne sont pas une copie conforme de l'univers de Kara, répondit-elle platement. Et tu es… ? demanda-t-elle, agacée de ne pas pouvoir remettre un nom sur ce visage. C'était une situation assez rare pour être soulignée.

Winn, visiblement à l'aise maintenant qu'il avait pris un peu de recul, lança un regard complice à Sam. Je suis Winn, l'ami de Cassandra, et je fais partie du groupe de Supergirl.

L'ami, pas tellement au début, corrigea Sam avec un petit sourire en coin.

Oh, c'est un détail ! dit Winn en secouant la main. Je suis un peu les yeux du groupe.

Le nerd qui passe son temps planqué derrière les ordinateurs pour aider le groupe de là où il est, dit Sam d'un ton un peu sec.

Eh ! répondit Winn, légèrement blessé par la description très réductrice qu'elle venait de donner de son personnage. Ça c'est pas cool.

Bref, reprit-il, je voulais voir Olivia en personne. C'est notre dernière journée et la dernière fois… Il y avait pas mal de monde à l'hommage de Kara l'autre fois… Et puis, on n'était pas vraiment là pour faire des présentations.

Lena hocha la tête, se souvenant qu'elle l'avait déjà croisé à plusieurs reprises, notamment lors du déjeuner chez les Danvers. Mais à ce moment-là, son état d'esprit n'était pas vraiment propice à discuter avec le groupe. Elle avait plutôt été occupée à organiser ses pensées par rapport à Sam.

Winn, observant Lena, posa une question à peine hésitante : Est-ce que tu es plutôt comme Andrea, ou plus comme Alex ?

Lena le regarda, confuse. Pardon ? demanda-t-elle, ne comprenant pas vraiment où il voulait en venir.

Eh bien, tu te sens proche de ton personnage et tu es contente d'être dans l'histoire, ou tu es agacée par ton personnage et tu n'as aucune affinité avec lui ? expliqua-t-il, son regard curieux.

Lena, un peu prise au dépourvu, réfléchit un instant avant de répondre. Je ne sais pas… Un peu des deux, peut-être ? dit-elle, ne voulant pas trop se livrer. Elle n'avait pas envie de dire exactement ce qu'elle pensait à Winn, car elle ne le connaissait pas assez, et cette situation était encore nouvelle pour elle. Discuter avec des gens qui se fichaient pas mal des étiquettes sociales était encore un terrain un peu flou. Kara avait eu raison de la sortir de sa zone de confort, mais elle se rendait bien compte que cela signifiait aussi qu'elle risquait de se retrouver dans ce genre de situation souvent.

Lena prit une grande inspiration, cherchant les mots. Je… je suppose que je suis un peu des deux. C'est difficile à dire, honnêtement. Elle se sentait un peu vulnérable en répondant ainsi. C'est étrange, tu sais ? Olivia a été créée par Kara, elle est une extension de ce qu'elle voyait en moi, mais ce n'est... pas moi.

Winn sourit, amusé. Ouais, je vois… mais c'est un peu comme un miroir déformé, non ? C'est toi, mais c'est aussi quelque chose de complètement différent.

Sam intervint alors, un sourire en coin. Et comme Kara adorait Olivia, elle a eu sa vraie histoire en plus de ce qu'elle avait écrit pour Supergirl.

Winn soupira, une petite étincelle dans les yeux. Oui, elle n'a jamais vraiment lâché ce personnage. Pour elle, Olivia avait un vrai message à donner aux autres. Mais ça a été fait de façon très subtile, j'espère que les lecteurs aimeront comment ça a été amené.

Sam hocha la tête. C'est ça qui est fascinant avec tout ça. Les personnages sont plus que de simples créations. Ils ont un pouvoir, une histoire.

Lena sourit légèrement. C'est étrange de voir tous ces gens se passionner pour un personnage qui est, en quelque sorte, un reflet de ma propre vie, même si tout vient de l'esprit Kara. Elle regarda autour d'elle, le groupe qui riait et discutait. Ça ne sera plus jamais la même chose, maintenant qu'elle n'est plus là.

Sam, qui observait la scène d'un air pensif, murmura : C'est un peu comme si tout le monde portait une part de Kara avec lui, dans chaque personnage.

Winn prit une inspiration avant de répondre. Oui, Kara a tout donné pour créer ce monde. Et même si elle n'est plus là, ses créations, ses personnages, continuent de vivre. Le RPG est devenu plus qu'une simple aventure. C'est une saga, une légende.

Lena sourit tristement, mais d'une manière presque apaisée. Elle a réussi à transformer tout cela en quelque chose de bien plus grand que nous. Et même si elle n'est plus là pour le voir, je pense qu'elle serait contente de voir où tout cela vous a menés.

Winn acquiesça, un regard respectueux dans les yeux. C'est une belle façon de rendre hommage à son héritage. Et Olivia, donc toi, en fais partie.

Sam, qui avait écouté silencieusement, se tourna vers Lena avec un sourire. Olivia pourra aider des lecteurs en quelque sorte… tout comme les autres personnages, évidemment, ajouta-t-elle en jetant un regard vers Winn.

Lena essaya de ne pas rire de la situation. Sam tentait vraiment de faire en sorte que tout le monde se sente inclus, tout en évitant de la dévorer du regard. Leur histoire n'était pas encore au grand jour aux yeux de tous, mais Lena savait qu'elle avait plus de facilité à cacher ses émotions, contrairement à Sam.

C'est fou tout ce qu'elle a fait et qu'elle fera pour les autres, même après… après sa mort, dit Winn, un léger tremblement dans la voix.

Lena baissa les yeux, un peu troublée par la profondeur de la remarque de Winn. Kara avait laissé une empreinte indélébile, même dans sa disparition. Elle se sentit légèrement déstabilisée par l'émotion qui montait en elle, mais elle la réprima rapidement, se concentrant sur la conversation.

Sam, toujours attentive à Lena, posa une main légère sur son épaule, un geste discret mais réconfortant. Lena se tourna vers elle et lui sourit faiblement.

Winn, de son côté, ne sembla pas vraiment remarquer ce qu'il se tramait entre elles, trop absorbé par ses pensées. Tu sais, Kara m'a toujours dit que ce n'était pas qu'une histoire. Elle disait que tout ce qu'on faisait ici, ces personnages, ces récits, c'était une façon de vivre et de continuer à avancer. Pas seulement pour nous, mais aussi pour tous ceux qui se sont laissés emporter par l'aventure.

Sam hocha la tête. Elle avait raison.

C'est un bel héritage, ajouta Lena alors que le regard de Sam se portait sur elle avec une tendresse discrète. Mais je doute qu'elle ait vraiment voulu qu'on s'attarde trop sur tout ça, juste qu'on profite de l'instant.

Winn sourit. En tout cas, je suis heureux d'en faire partit.

Lena échangea un regard avec Sam, qui la regardait silencieusement. Winn, après un dernier sourire, se tourna vers le groupe, jetant un regard distrait à Sam et Lena. Bon, je vais vous laisser avant que les petits fours ne disparaissent ! Il s'éloigna ensuite, disparaissant dans la foule, vers le petit buffet qui avait été installé pour l'occasion.

Le groupe continuait de rire et de plaisanter autour d'eux, personne ne semblant vraiment prêter attention à Sam et Lena, qui étaient restées là, un peu à l'écart mais toujours au milieu de l'agitation.

Sam, se sentant un peu plus à l'aise après le départ de Winn, tourna lentement son regard vers Lena. J'ai hâte que cette soirée se termine.

Lena lui sourit, comprenant parfaitement ce qu'elle voulait dire. Elle aussi avait hâte de rentrer. Bien sûr, elle ne pouvait pas nier que leur présence ici était un bel hommage à Kara et que le groupe était sympathique. Mais elle, elle préférait largement être seule avec Sam, loin du bruit et de l'agitation de la soirée.

(…)

Après ce qui sembla être une éternité pour Lena, le groupe finit par se diriger vers les voitures. Certains avaient encore l'énergie de prolonger la soirée dans un bistro, tandis que d'autres optaient pour un retour à l'hôtel.

Dix minutes s'étaient écoulées depuis le départ d'une partie du groupe, mais Andrea et Russel restaient introuvables. Sam, qui s'occupait de l'organisation des places en voiture, commençait à s'inquiéter.

Lena proposa de retourner à la librairie, encore ouverte, pour vérifier s'ils y étaient restés. Une idée qu'elle regretta profondément.

En ouvrant la porte de la réserve, elle tomba nez à nez avec Andrea et Russel dans une situation pour le moins explicite, leurs vêtements à moitié enlevés et une proximité qui ne laissait aucune place au doute.

Mon dieu! s'exclama Lena, se détournant brusquement, une main plaquée sur ses yeux fermés.

Elle entendit des bruissements de vêtements et un rire étouffé d'Andrea, mais elle ne leur laissa pas le temps de se justifier.

Ça fait presque un quart d'heure que tout le monde vous attend. On est sur le départ, alors rhabillez-vous et rejoignez-nous. Sa voix était rapide, presque précipitée, avant qu'elle ne quitte la pièce en refermant la porte derrière elle.

Sur le parking, elle retrouva Sam, Alex et quelques autres membres du groupe. Ils arrivent, dit-elle simplement, évitant tout contact visuel, avant de se diriger vers sa voiture.

Sam fronça les sourcils en la voyant si troublée et décida de la suivre.

Ah, bah d'accord, dit Alex, qui observait la scène avec un sourire moqueur.

Intriguée, Sam suivit son regard pour découvrir une Andrea, décoiffée, les boutons de sa chemise mal ajustés, et un Russel avec un air visiblement embarrassé. Elle soupira avant de secouer la tête, amusée.

Une fois dans la voiture, elle s'installa à côté de Lena, qui avait déjà démarré le moteur. Je suppose que tu as vu quelque chose que tu aurais préféré éviter… lança Sam, un sourire en coin tout en attachant sa ceinture.

Lena roula des yeux, exaspérée. Disons que ce n'est pas la première fois. La dernière remonte à notre première année de fac. Je n'avais pas vu ce qui était accroché à la porte ce jour-là… J'aurais dû.Elle grimaça en repensant à l'incident, tandis que Sam éclatait de rire, incapable de retenir son amusement.

Sam rit encore, son regard pétillant de malice posé sur Lena, qui semblait osciller entre l'embarras et l'agacement. Alors comme ça, Andrea était déjà pleine d'assurance à la fac? Je parie que tu as une ou deux histoires bien croustillantes à partager.

Lena, les mains serrées sur le volant, secoua légèrement la tête. Je ne suis pas sûre que "croustillantes" soit le bon mot… mais disons qu'Andrea a toujours eu un talent particulier pour transformer n'importe quelle situation en quelque chose de totalement… inapproprié.

Sam haussa un sourcil, son sourire s'élargissant. Inapproprié? Maintenant, je me demande ce qu'elle a bien pu faire pour te traumatiser au point que tu te souviennes de ça des années plus tard?

Lena soupira, jetant un rapide coup d'œil à Sam avant de reporter son attention sur la route. C'était une soirée après les examens. Andrea avait organisé une petite fête dans son dortoir. Tout le monde était invité, y compris des profs… ce qui aurait déjà dû me mettre la puce à l'oreille.

Sam pouffa de rire. Attends, elle invitait les profs à ses soirées?

Oh, oui. Elle prétendait que c'était pour "nourrir son réseau". Ce qu'elle oubliait, c'est que ce fameux "réseau" inclut parfois des gens pas vraiment prêts pour ses… performances.

Sam se redressa dans son siège, curieuse et amusée. Et alors? Qu'est-ce qu'elle a fait?

Lena soupira, ses joues prenant une teinte légèrement rosée, un mélange de gêne et d'amusement éclairant son regard. Une fois, à la fac, enfin… à sa fac, je ne fréquentais pas la même qu'elle. J'étais à une soirée où je ne connaissais presque personne, et je suis tombée sur une fille complètement bouleversée parce qu'un type venait de la larguer de manière assez brutale. Je l'ai accompagnée pour trouver un endroit tranquille où elle pourrait se calmer. Et où est-ce que je l'emmène? Dans la chambre d'Andrea. De toute façon je ne pouvais pas l'emmener ailleurs...

Sam plissa les yeux, devinant déjà où cette histoire allait les mener. Oh non… ne me dis pas…

Lena hocha la tête, l'air résigné. Eh si. En ouvrant la porte, on est tombées sur Andrea… et son professeur de littérature, dans une position plus qu'ambiguë. Elle était à moitié déshabillée, et lui aussi. La fille que j'accompagnais est devenue écarlate et s'est figée sur place. Et Andrea, bien sûr, totalement imperturbable, a levé les yeux vers nous et dit: "Lena, si tu veux parler de romantisme, je suis un peu occupée à l'étudier en profondeur, là."

Sam éclata de rire, frappant doucement ses mains sur ses cuisses, les larmes aux yeux. Oh mon dieu… Elle est incroyable! Et toi? Comment t'as réagi?

Moi? J'ai voulu disparaître sous terre. La pauvre fille était tellement mal à l'aise qu'elle n'a plus prononcé un mot. Et moi, qui étais censée l'aider, j'étais encore plus gênée parce que je connaissais Andrea. Cette situation pouvait déjà mettre mal à l'aise n'importe qui, mais là…

Sam riait encore, le regard pétillant de malice. Et Andrea, évidemment, aucune gêne…

Aucune. Elle s'est contentée de sourire, puis de refermer la porte tranquillement derrière nous, comme si de rien n'était.

Sam secoua la tête en riant. Elle a dû te faire vivre des moments mémorables… Je suis presque jalouse de ne pas avoir connu l'Andrea de la fac.

Lena grogna, mais son sourire amusé trahissait ses émotions.Facile à dire quand on n'a jamais dû gérer les catastrophes qu'elle provoque. Moi, j'en ai encore des sueurs froides. Lena jeta un coup d'œil amusé à Sam, qui peinait encore à se calmer après cette histoire. Tu sais, à force d'en rire, je vais finir par croire que tu aurais aimé être à ma place ce soir-là.

Sam haussa les épaules avec un sourire espiègle. Oh, clairement. Rien que pour voir ta tête quand Andrea a sorti sa petite réplique. Ça devait être mémorable.

Lena secoua la tête, un mélange d'amusement et de résignation. Mémorable, c'est sûr. Mais maintenant, je préfère des soirées plus calmes.

Oh, ne t'inquiète pas. Je suis sûre que tu trouveras le moyen de me raconter d'autres anecdotes gênantes. Mais pour ce soir, je suis prête à te suivre dans un endroit plus calme.

Lena lui lança un regard en coin, un sourcil légèrement arqué, alors qu'elles arrivaient près de son immeuble. Plus calme, tu dis? On verra bien.

Elles descendirent de la voiture, Lena ouvrant la porte du hall avant de s'engouffrer dans l'ascenseur avec Sam. Pendant le trajet silencieux jusqu'à son étage, l'atmosphère changea subtilement. Les rires se dissipèrent, remplacés par une tension douce et intime. Sam observa Lena, sa posture élégante et un peu plus détendue maintenant qu'elles étaient loin du chaos de la soirée.

En entrant dans le salon, Sam observa la pièce d'un regard curieux, se laissant porter par l'atmosphère intime du lieu. Ses yeux s'attardèrent sur les photos accrochées aux murs, particulièrement une photo d'enfance de Lena. Elle s'arrêta, un sourire amusé aux lèvres en voyant l'image embarrassante de Lena, enfant, avec du chocolat autour de la bouche. Tu as vraiment gardé cette photo?demanda-t-elle, haussant un sourcil avec un sourire malicieux.

Lena se haussait des épaules, son regard se faisant un peu plus doux, mais son ton restait décontracté. Pourquoi pas? C'est un souvenir, après tout.

Sam sourit en comprenant qu'il y avait quelque chose de spécial dans cette photo, quelque chose que Lena tenait à préserver. Elle ne poursuivit pas davantage et lui sourit avant de jeter un œil aux autres photos qu'elle avait sélectionne. Lena n'avait rien changé et tout était resté comme Sam l'avait installé.

Lena se tourna vers Sam, un léger sourire sur les lèvres, puis, d'un geste délicat, la prit par la main. Leurs regards se croisèrent, et un silence apaisé s'installa entre elles, comme si le moment était suspendu dans le temps. Sans un mot de plus, Lena s'approcha doucement, et leurs lèvres se rencontrèrent dans un baiser tendre mais empreint de passion. Ce contact brisa les derniers vestiges de distance, et Sam se laissa aller contre elle, sa main trouvant son chemin jusqu'à sa taille. Lena, tout en gardant un sourire discret, la serra doucement dans ses bras.

Quelques instants plus tard, elles se dirigèrent vers la chambre de Lena, leurs rires et murmures s'élevant légèrement, flottant dans l'air de l'appartement, réchauffant encore plus l'espace autour d'elles.

Une fois dans la chambre, elles s'installèrent sur le lit, les gestes naturels et instinctifs, comme si elles avaient trouvé leur place l'une auprès de l'autre. Sam se tourna vers Lena avec un sourire malicieux. Heureusement que personne ne risque d'ouvrir cette porte à l'improviste. Sinon, je crois que cette fois, c'est moi qui mourrais de honte.

Lena rit doucement, se couchant sur le côté et posant sa tête sur l'épaule de Sam, le parfum de ses cheveux enveloppant doucement son visage. Tu vois? On apprend toujours des expériences du passé.

Leurs mains se frôlèrent, et dans la chaleur de la chambre, entourées de rires discrets et de tendres sourires, la nuit les enveloppait.

(…)

Le premier tome avait reçu un bon accueil, principalement auprès des adolescents et des jeunes adultes. Ce n'était pas un succès fulgurant, mais l'objectif n'avait jamais été d'en faire un best-seller.

Par chance, Lena n'apparaissait sur aucune photo liée au projet, ce qui préservait son anonymat. Non pas qu'elle cherche à cacher son implication, mais cela simplifiait les choses sur le plan professionnel. Elle avait toujours été douée pour compartimenter sa vie personnelle et son travail, mais la donne avait changé depuis peu.

Être en couple avec Sam transformait son quotidien. Elle prenait désormais le temps, même en pleine journée, pour lui envoyer un message, l'appeler ou faire une visio. Pourtant, le décalage horaire entre Boston et Los Angeles ajoutait une difficulté supplémentaire à leur routine.

Le mois de juin marquait un nouveau tournant. Une opportunité professionnelle à Boston avait permis à Lena de prolonger son séjour de quelques jours et de partager un véritable moment de vie avec Sam et Ruby.

Étonnamment, Ruby s'était montrée très à l'aise avec Lena. Lors d'une discussion, elle avait confié, d'un ton posé, qu'elle se sentait rassurée de voir sa mère heureuse et entourée. Elle avait même ajouté que cela l'apaisait, alors qu'elle commençait à passer plus de temps avec ses amies. Lena avait été impressionnée par la maturité de l'adolescente, qui, malgré son jeune âge, réfléchissait déjà à l'idée de partir pour l'université en sachant que sa mère ne serait plus seule.

Lena avait senti son cœur se serrer en entendant Ruby parler avec une telle sagesse. C'était à la fois touchant et un peu déconcertant de voir cette jeune fille déjà si mature, presque prête à voler de ses propres ailes.

Ce soir-là, après avoir aidé Ruby à préparer un projet pour l'école – un diaporama sur les figures féminines marquantes de l'Histoire – Lena et Sam s'étaient installées sur le canapé du salon, une tasse de thé en main.

Tu as une fille incroyable, tu le sais ? murmura Lena en posant sa tasse sur la table basse.

Sam sourit, une lueur de fierté dans les yeux. Je le sais, oui. Mais ça fait du bien de l'entendre. Parfois, je m'inquiète de ne pas faire assez, ou de ne pas lui donner tout ce dont elle a besoin.

Lena se rapprocha, prenant doucement la main de Sam. Elle a tout ce qu'il lui faut : une mère forte, attentionnée, et maintenant une base solide pour avancer dans la vie. Elle est le reflet de ce que tu as construit.

Sam baissa les yeux, une émotion douce et sincère dans son regard. Tu fais partie de nos vies maintenant, Lena. Ruby t'aime beaucoup, tu sais ? Et moi... quand je te vois avec elle, je réalise à quel point j'ai de la chance de t'avoir à mes côtés.

Lena répondit par un sourire empreint de tendresse, un éclat de timidité illuminant ses traits. Elle se rapprocha un peu plus, posant doucement sa tête contre l'épaule de Sam. La chance va dans les deux sens. Toi, Ruby, nous… C'est probablement la plus belle chose qui me soit jamais arrivée.

Un silence confortable s'installa, uniquement troublé par le bruit lointain des voitures dans la rue et le léger bruissement venant de l'étage, où Ruby lisait dans sa chambre.

Tu sais ce qui me rend vraiment heureuse dans tout ça ? reprit Sam, sa voix douce et son regard plein d'affection.

Lena releva les yeux vers elle, intriguée. Quoi donc ?

Sam esquissa un sourire chaleureux. Que ça fonctionne. Malgré la distance, les décalages horaires, nos vies complètement folles… Je n'aurais jamais imaginé qu'une chose aussi simple puisse devenir si essentielle.

Lena hocha doucement la tête, un sourire complice illuminant son visage. Et pourtant, on y arrive. Parce qu'on le veut vraiment.

Sam déposa un tendre baiser sur le sommet de sa tête, son souffle léger effleurant ses cheveux. Oui, et c'est précisément pour ça que ça marche. Parce qu'on y met tout notre cœur.

Un bruit de pas descendit doucement l'escalier, et Ruby apparut à l'entrée du salon, une boîte de cookies à la main. Vous en voulez ? Il en reste quelques-uns.

Lena et Sam échangèrent un regard amusé. Sam hocha la tête. Oui, on arrive.

Alors que Ruby retournait vers la cuisine, Lena murmura à Sam, un sourire doux aux lèvres : Tu crois qu'elle fait exprès pour nous donner une excuse pour la rejoindre ?

Sam éclata de rire. Oh, probablement. Mais avoue, tu ne peux pas lui résister non plus.

Lena acquiesça, se levant avec Sam pour aller retrouver Ruby. En se dirigeant vers la cuisine, elle réalisa qu'elle avait trouvé plus qu'une famille. Elle avait trouvé une maison, une stabilité qu'elle n'avait jamais réellement connue auparavant.

Ces trois jours avaient été merveilleux, même s'ils avaient été ponctués par des rendez-vous et des visioconférences de travail. Mais maintenant que Lena était de retour à Los Angeles, la distance avec Sam et Ruby lui pesait plus que jamais. Elle chérissait la simplicité et la spontanéité de leurs moments partagés, des instants où tout semblait couler de source.

Être chez Sam à Boston lui manquait terriblement. Depuis début juillet, Lena vivait en mode pilote automatique : rentrer chez elle, manger, dormir, travailler, et recommencer. Seul le fil ténu de leurs échanges téléphoniques, les appels Skype volés entre deux obligations, et les SMS échangés au fil de la journée brisait cette monotonie. Mais même ces petites connexions ne suffisaient plus à combler l'absence.

(...)

Dimanche matin, 6h30. Lena émergea péniblement de son sommeil, assaillie par les coups insistants à sa porte. Andrea venait de débarquer, et visiblement, ce n'était pas pour une visite de courtoisie. Encore à moitié endormie, Lena ouvrit la porte en baillant, les paupières mi-closes.

C'est la merde ! lança Andrea, le souffle court, son visage déformé par une panique palpable. Putain, c'est la grosse merde internationale !

Lena referma la porte d'un geste lent, déjà épuisée par l'intensité de son amie. Elle passa une main dans ses cheveux en bataille et soupira profondément. Andy… il est six heures du matin, je n'ai dormi que trois heures… Les faits. Et un café. Il me faut un café, gémit-elle en se dirigeant vers la cuisine.

En traversant le salon, Lena réalisa que son téléphone n'avait probablement pas été éteint durant la nuit et qu'il était peut-être toujours connecté à l'appel avec Sam, abandonné quelque part sur son lit. Elle se souvenait s'être endormie en pleine conversation. À cette heure-ci, Sam devait sans doute déjà être debout, le décalage horaire jouant en sa faveur.

Lena poussa un soupir en entendant les pas pressants d'Andrea derrière elle. Cette dernière, débordant d'une énergie nerveuse, l'épuisait déjà avant même qu'elle n'ait prononcé un mot. D'un pas lent, Lena se dirigea vers la cuisine, consciente qu'Andrea la suivait de près, comme une ombre impatiente.

Lena prépara un café serré, son rituel habituel pour se reconnecter à la vie, et s'installa sur un des tabourets de la cuisine, espérant un minimum de répit. Andrea, elle, n'avait pas bougé, plantée là, comme si le sol pouvait s'effondrer sous ses pieds à tout moment.

Je suis enceinte. La bombe fut lâchée sans aucune précaution. Lena, qui s'apprêtait à porter sa tasse à ses lèvres, suspendit son geste. Elle fixa Andrea, figée, un mélange de surprise et de confusion sur le visage.

Qu… qu... oi ? balbutia-t-elle finalement, ses neurones luttant pour assimiler l'information. Quoi ?

Andrea commença à faire les cent pas dans la cuisine, ses mains agitées, incapable de rester immobile. C'est la merde, Lena ! gémit-elle, ses mots ponctués d'un désespoir si dramatique qu'on aurait cru qu'elle annonçait la fin du monde.

Lena, encore sous le choc, déposa lentement sa tasse sur le comptoir. Ok... souffla-t-elle, inspirant profondément, avant de poser ses mains à plat sur le plan de travail. On va recommencer depuis le début.

Andrea s'arrêta enfin de tourner en rond et fixa Lena, un mélange de désespoir et de confusion dans les yeux, comme si elle attendait que les mots de son amie apportent une solution miraculeuse.

Donc, il est bien de Russel ? demanda Lena, plissant légèrement les yeux.

Andrea grimaça, s'effondrant presque sur le tabouret qu'elle attrapa au passage. Mais enfin ! Bien sûr qu'il est de Russel ! Qui d'autre, Lena ?! Puis, baissant la tête, elle ajouta d'une voix plus faible : Mais c'est pas ça le problème. Ce n'est pas l'histoire de qui est le père... C'est moi.

Lena croisa les bras et la regarda attentivement. Tu veux dire... Andrea Rojas, celle qui a toujours juré qu'elle ne voulait pas être liée par un couple ni par des responsabilités... enceinte ?

Andrea laissa échapper un soupir lourd de déception, mélangé à quelque chose qui ressemblait à de la peur. C'est vraiment la merde...

Lena, avec un air compatissant, observa son amie. Avoue que c'est un scénario auquel tu n'étais pas préparée.

Andrea éclata d'un rire amer, secouant la tête. Pas du tout. Je ne voulais même pas être en couple, tu te souviens ? Et puis voilà que Russel débarque avec son charme, sa patience, et réussit à me convaincre d'essayer quelque chose de sérieux. Maintenant, qu'on est officiellement ensemble et que je commence à m'habituer à l'idée d'un « nous », bam ! Un bébé.

Et tu paniques parce que tu as l'impression de perdre complètement le contrôle, devina Lena d'une voix calme.

Andrea haussait les épaules, les yeux brillants d'émotion. Oui, exactement. Un bébé, Lena. Ce n'est pas juste un changement, c'est un raz-de-marée. Je suis censée être libre, indépendante, faire ce que je veux, quand je veux… Et maintenant, tout ça, c'est fini.

Lena soupira, repoussant sa tasse de café pour se concentrer pleinement sur son amie. Andy, je sais à quel point l'idée d'être enfermée dans une routine te terrifie. Mais ce bébé, c'est une autre forme de vie. Pas une prison. Et tu n'es pas seule. Russel est là, et il t'aime. Il saura gérer ça avec toi.

Andrea secoua la tête, son visage trahissant une profonde incertitude. Et si je n'étais pas faite pour ça, Lena ? Et si j'étais une mère nulle ?

Lena posa une main apaisante sur son bras, un sourire rassurant sur les lèvres. Tu n'es pas une mère nulle, dit-elle doucement. Tu ne sais pas encore ce que tu vas devenir en tant que mère, mais ça ne fait pas de toi quelqu'un de mauvais ou incapable.

Andrea inspira profondément, tentant de calmer le tourbillon d'émotions qui menaçait de la submerger. Et si je… je ne le gardais pas ?

Lena la fixa un instant, sachant très bien qu'Andrea était capable de prendre une décision aussi radicale. Écoute, je ne vais pas t'inciter à faire quoi que ce soit. Tu fais ce que tu penses être le mieux pour vous... Elle marqua une courte pause, cherchant à rassembler ses pensées. Elle n'avait pas assez dormi pour ce genre de conversation sérieuse, et voyant l'état d'Andrea, agitée, elle ne semblait pas dans un meilleur état. Qu'en pense Russel ?

Andrea la dévisagea presque choquée. Je ne peux pas lui dire ça !

Lena se massa la tempe, puis prit une gorgée de son café brûlant. Elle avait besoin de se réveiller pour donner une réponse constructive. Attends… Tu veux dire qu'il n'est pas au courant ?

Andrea marcha de nouveau dans la cuisine. Évidemment que non ! s'agaça-t-elle. Il me dirait que c'est super, qu'il faut absolument le garder et… Je ne pourrais pas… Je ne peux pas lui faire ça, Lena !

Andrea la fixa, totalement démunie. Si je fais ça, il ne me parlera plus jamais murmura-t-elle, les yeux brillant de larmes.

Lena reposa sa tasse et s'avança vers Andrea, la prenant dans ses bras. Oh, Andrea… dit-elle simplement, voyant la peur dans les yeux de son amie.

Je ne sais pas quoi faire… continua Andrea dans un souffle, sa voix brisée. Je ne vais pas le garder parce que j'ai peur de perdre Russel, c'est stupide ! cracha-t-elle, agacée par elle-même. Elle se détacha de Lena et continua de marcher de long en large dans la cuisine. J'ai tout fait pour qu'il s'éloigne, et… Ce n'était pas censé devenir sérieux, tu sais ? Avec Russel, au début, c'était juste… léger. Pas d'attaches. Et puis, il est arrivé avec ses grandes idées de stabilité, de projets communs, et j'ai fini par céder.

Elle s'arrêta au milieu de la cuisine, une larme glissant le long de sa joue. Putain, mais maintenant je fais quoi avec ça ?!

Lena resta un moment silencieuse, observant Andrea se débattre avec ses propres pensées, visiblement perdue. Elle savait que l'amie qu'elle avait en face d'elle était une femme forte, mais là, la situation la poussait à des limites qu'elle n'avait pas anticipées. Elle s'approcha doucement et posa une main sur son épaule, espérant lui apporter un peu de réconfort.

Tu sais… commença Lena, sa voix douce mais déterminée, ce n'est pas une décision à prendre à la légère, et tu n'as pas à tout résoudre d'un coup. Mais ce qui est important, c'est que tu ne dois pas porter ce poids toute seule. Russel t'apporte peut-être la stabilité que tu cherches, mais ça ne veut pas dire que ta voix n'a pas d'importance dans cette histoire.

Andrea tourna lentement la tête, ses yeux rougis par les larmes. Mais si je lui dis, Lena, et qu'il veut absolument garder l'enfant, et que moi, je ne suis pas prête, pas sûre… Est-ce que ça ne le décevra pas ? Et si ça détruisait tout entre nous, juste parce que je ne suis pas prête à assumer ce rôle?

Lena se pencha légèrement vers elle, son regard empreint de compréhension. Ce n'est pas ça, Andrea. Ce n'est pas une question de décevoir qui que ce soit. C'est de comprendre ce que toi tu veux, ce que toi tu ressens. Parce que ce bébé, c'est toi qui vas le porter, c'est toi qui vas vivre avec cette décision. Si tu ne te sens pas prête, il faut absolument que tu en parles à Russel. C'est vraiment important.

Andrea se laissa tomber sur le tabouret, ses mains se couvrant le visage alors qu'une nouvelle vague de frustration la submergeait. Je sais, je sais… C'est juste que… tout ça me tombe dessus comme… Putain, Russel est tellement différent de ce que je pensais, Lena. Au départ, c'était juste… juste du sexe. Un truc simple, sans prise de tête. Et puis, voilà que Russel commence à parler de déménager, de rendre ça officiel, alors que j'aurais dû rompre depuis un moment. Mais merde ! Ça fait à peine deux mois qu'on est vraiment en couple, et je commence à peine à m'habituer à l'idée de vivre avec lui… Je me suis laissée emporter, je ne sais même plus quand ça a basculé, putain !

Lena prit une profonde inspiration, posant sa tasse de café à côté d'elle. Elle fixa Andrea, cherchant les mots justes pour apaiser la tempête qui secouait son amie. Tu sais, commença Lena doucement, Russel a toujours eu une place dans ta vie, même avant tout ça. C'est peut-être difficile à accepter pour toi, parce que tu as toujours eu peur de l'engagement, de ce genre de relation stable. Mais lui, il a toujours su être là, sans pression, sans forcer les choses. Il a cette patience, cette capacité à te laisser respirer, à te donner l'espace dont tu as besoin, et c'est ça qui fait toute la différence. Il est fait pour toi, Andrea.

Lena marqua une pause, son regard sincère et plein de compréhension. Je sais que tu n'as jamais voulu te l'avouer, mais tout ce que tu fais, tout ce que tu dis, ça parle pour toi. C'est dans tes gestes, dans ton attitude. Même au début, quand tu pensais que ça ne serait qu'une aventure sans lendemain, Russel était déjà là, prêt à te donner le temps qu'il te fallait. Alors oui, ça fait à peine deux mois que vous êtes officiellement ensemble, mais ça fait bien plus longtemps que vous êtes déjà un "nous", même si tu ne voulais pas le voir à ce moment-là.

Lena s'approcha de son amie, posant une main sur son épaule. Tu n'as pas à avoir peur de ce qui vient. Russel t'aime, il est prêt à faire ce chemin à tes côtés. Et tu n'as pas à tout comprendre ou à tout savoir maintenant. L'important, c'est que tu sois honnête avec lui, et avec toi-même.

Andrea la regarda, cherchant un peu de clarté dans le brouillard de ses pensées. Tu penses vraiment qu'il serait prêt à entendre ça ?

Oui. répondit Lena, ses yeux pleins de conviction. Parce qu'il t'aime. Mais pour que ça fonctionne, il faut que tu sois honnête, d'abord avec lui, et ensuite avec toi-même. Lena marqua une pause, cherchant à bien formuler ses pensées. Parfois, la vérité, aussi difficile soit-elle, est la seule chose qui puisse vraiment renforcer une relation. C'est difficile, je le sais, mais c'est souvent ce qui permet de mieux avancer ensemble.

Andrea baissa les yeux, luttant contre les larmes qui menaçaient de revenir. Elle serra les poings, comme si ça pouvait l'aider à garder son calme. Je sais que tu as raison… C'est juste… Je n'ai jamais voulu que ça devienne sérieux, Lena. J'ai toujours eu peur de tout ça, de m'engager, de m'ouvrir à quelqu'un. Et maintenant… Voilà.

Écoute, tu connais mon point de vue. dit simplement Lena, son regard posé sur Andrea. C'est ta décision, mais il faut que tu te souviennes que Russel a aussi le droit de savoir. Ce n'est pas quelque chose que tu as fait seule, Andy.

Andrea souffla profondément, ses yeux perdus dans le vide, trop absorbée par ses pensées pour vraiment voir Lena.

Quoi que tu fasses, tu sais que je suis là. Alex et Maggie aussi. termina Lena, posant une main sur celle d'Andrea avec un geste plein de douceur.

Le soir même, Alex appela Lena, toujours aussi enthousiaste après sa discussion avec Andrea. Lena savait qu'Alex, fidèle à elle-même, avait abordé le sujet avec la même énergie. L'idée d'une famille, d'avoir des enfants, la faisait rêver, et dès que ce sujet était abordé, Alex perdait souvent sa capacité à prendre du recul. Lena se doutait qu'elle avait, sans le vouloir, mis encore plus de pression sur Andrea.

Maggie, quant à elle, semblait avoir une approche plus mesurée. Lena se demandait ce qu'elle en avait pensé, après leur conversation. Bien qu'elle ait toujours imaginé qu'Alex et Maggie finiraient par adopter, il semblait que le rêve d'Alex d'une vie de famille traditionnelle avait été mis de côté, comme si elle devait renoncer à cette idée pour sa compagne.

Lena écouta avec un petit sourire la voix vibrante d'enthousiasme d'Alex, mais elle savait que, malgré tout, leurs réactions étaient diamétralement opposées. Tandis qu'Alex se laissait emporter par l'image d'une vie idéale, Lena percevait la complexité de la situation d'Andrea.

Lena, je suis tellement contente pour Andrea ! Un bébé, c'est la meilleure chose qui puisse lui arriver. Ça va tout changer pour elle, je suis sûre que Russel sera là pour la soutenir. Elle ne va pas regretter, je le sens.

Lena laissa un léger silence s'installer avant de répondre, mesurant chaque mot. Elle savait qu'Alex vivait dans une vision idéalisée de la vie familiale, une vision qui ne correspondait pas à la réalité d'Andrea.

Je comprends ce que tu veux dire, Alex. Mais Andrea, elle n'a pas la même vision. Depuis qu'elle est avec Russel, ça a été un véritable défi pour elle d'accepter l'idée de vivre avec quelqu'un, d'être officiellement en couple. Tu sais qu'elle a toujours eu du mal avec l'engagement. Elle marqua une pause, laissant le poids de ses mots se poser. Et je ne dis pas que ça ne pourrait pas fonctionner, mais Andrea n'en est pas encore là. Elle n'est même pas sûre de vouloir tout ça pour elle. Elle a besoin de temps, d'espace, pour pouvoir prendre une décision qui lui appartient. Elle n'est pas prête à être ce qu'elle n'a pas encore choisi d'être. C'est plus compliqué que ça.

Lena se sentit impuissante à faire comprendre à Alex qu'elle n'avait pas à projeter ses désirs sur Andrea. Elle espérait qu'Alex parvienne à voir la situation sous un autre angle. Alex, cependant, semblait insensible aux préoccupations de Lena, rétorquant avec un enthousiasme débordant.

Je sais, mais tu ne vois pas le potentiel de cette situation, Lena ! Un bébé, c'est tout ce qu'elle a toujours voulu, un but, un ancrage. Elle va se poser, se stabiliser. Tu te souviens de comment elle était avant ? Toujours dans l'évitement. Mais là, avec un bébé, elle aura un objectif, quelque chose de concret. C'est exactement ce qu'il lui faut.

Lena, bien que touchée par l'optimisme d'Alex, ne put s'empêcher de répondre calmement, contrebalançant l'enthousiasme de son amie.

Je ne dis pas que ça ne changerait rien, mais elle doit être prête, Alex. Elle doit faire ce choix d'elle-même. Ce n'est pas juste une question de vouloir ou non un enfant, c'est une question d'être prête à assumer cette responsabilité, d'être prête à vivre ce changement profond. Ce n'est pas un ajustement facile.

Alex secoua la tête, visiblement peu sensible aux réserves de Lena, comme si ses convictions avaient pris le dessus sur la réalité.

Mais Lena, tu ne te rends pas compte de ce qu'elle pourrait gagner ! Un bébé, c'est un rêve qui devient réalité. C'est exactement ce dont elle a besoin pour s'épanouir. Je suis sûre que Russel sera là pour elle, il va l'aider à se stabiliser, à voir les choses autrement.

Lena soupira doucement, son regard se faisant plus sérieux. Elle savait que son point de vue risquait de se perdre dans l'enthousiasme débordant de son amie, mais elle n'allait pas baisser les bras.

Je sais qu'Alex, tu veux le meilleur pour elle. Mais ce que tu imagines pour Andrea, ce n'est pas forcément ce qu'elle veut pour elle-même. Elle a besoin de temps pour comprendre ce qu'elle veut vraiment, sans pression. Ce n'est pas à nous de décider ce qui est bon pour elle.

Alex, cependant, restait bloquée sur sa vision, parlant de tout ce que ce changement pourrait signifier pour Andrea, mais ne voyant pas que la route d'Andrea était bien plus compliquée que l'image qu'elle en avait.

Lena raccrocha, un peu frustrée par l'échange avec Alex. En voyant l'heure tardive, elle souffla en se rendant compte qu'il était trop tard pour appeler Sam. Cette dernière lui avait envoyé un SMS pour la prévenir qu'elle devait se coucher tôt de toute façon.

Lena jeta son téléphone sur le canapé avec lassitude, se laissant envahir par la fatigue de la journée. Ce jour censé être un moment de repos n'avait en fait été qu'un enchaînement de préoccupations. Entre la révélation d'Andrea, la réaction enthousiaste d'Alex et l'absence de la voix apaisante de Sam, tout cela s'ajoutait à une journée particulièrement difficile.

Soufflant d'exaspération, Lena décrocha son téléphone et commanda un plat à emporter. Fichu pour fichu, tant pis. Elle savait très bien que ce n'était pas l'idéal, qu'Andrea et Sam ne cessaient de lui rappeler l'importance de manger plus sainement, mais après une journée aussi chaotique, elle ne se sentait plus capable de suivre les conseils des autres. Elle se permit, au moins pour cette soirée, de céder à sa frustration.