Chapitre 14: L'étincelle


Après le repas, je trépignais d'impatience. Je préparai enfin mon tout premier thé. Aang, Sokka et Toph, de leurs côtés, riaient fort. Ils s'étaient lancés dans des devinettes en rot. Katara les regardait d'un air exacerbé. Chacun vaquait à ses occupations.

Seul Zuko n'était plus autour du feu. Où était-il allé? J'espère qu'il ne nous a pas faussé compagnie. Une boule d'appréhension me tomba dans l'estomac.

Je décidais de ne pas alerter tout de suite les autres et de partir à sa recherche. Ma théière et mes tasses avec moi, je m'éloignais pour le chercher.

Je le croisais peu de temps après. Allongé à même le sol, il avait le regard perdu dans le vide. Je préférais lui signaler ma présence. J'étais soulagée, je m'étais imaginée le pire alors que j'avais confiance en lui. Ma fatigue me faisait perdre la tête.

Je l'interpelais, bien qu'un peu maladroite:

- Salut.

Il tourna le regard vers moi.

- J'ai préparé du thé, tu en veux?

Je m'attendais à une réponse négative mais pour en être sûre, je posais quand même la question. Après un instant de réflexion de sa part, il se redressa et j'eus ma réponse:

- Oui, pourquoi pas. C'est toi qui l'as préparé? Je vais le gouter.

Je m'assis à ses côtés, dans l'herbe moelleuse de la fin de l'hiver.

- Je préfère te prévenir. Je ne te garantir pas que mon thé soit réussi. C'est la première fois que j'en prépare.

- J'aurais du mal à te donner de bons conseils. C'est mon oncle qui était un grand connaisseur de thé.

Parler de lui me fit un pincement au cœur. Nous étions partis si précipitamment et je n'étais pas sûre de le revoir. Iroh, cet homme sage et généreux m'avait apporté une belle opportunité en me laissant l'infirmerie. Ma peine me laissait un poids sur le cœur et ce n'était rien comparé à ce que devait ressentir Zuko.

Ce dernier attrapa la tasse que je lui tendis.

- Je regrette d'avoir été si impulsif avec lui, si tu savais. Il m'a toujours soutenue, aimé. Je n'ai été qu'un ingrat!

Ces quelques mots, prononcés d'un ton dur et sec, venaient du plus profond de son cœur. Ils avaient la force d'une culpabilité ruminé de nombreuses fois. Touchée par ses remords, je posais une main réconfortante sur son bras.

En ce début de soirée, la lumière avait pris brièvement une teinte dorée, éclairant nos visages de ses couleurs douces et chaudes. Je pris le temps de le regarder calmement avant de lui répondre:

- Il peut être fier de toi, de celui que tu es en train de devenir.

Il soupira, visiblement pensif.

Nous restons un moment tous les deux silencieux.


On entendait, toujours au loin, les rires de nos camarades.

Je portais le thé à mes lèvres.

Mais immédiatement je grimaçais. Il était amer et simplement imbuvable.

- C'est le pire thé que je n'ai jamais bu! Désolé, tu ne peux pas boire ça.

J'essayais de reprendre sa tasse au plus vite, pour éviter qu'il n'en boive.

Zuko me prit de vitesse et en prit une gorgée :

- Il n'est pas si terrible que ça…

Il grimaça à son visage le trahit, je savais qu'il mentait. J'en étais sûre, je devais reprendre cette fichue tasse! Avec rapidité, il tendit le bras pour éloigner le récipient, m'empêchant de m'en saisir.

- Zuzu, je ne peux pas te laisser le boire !

Il s'était levé et j'avais dû l'imiter pour garder une chance de l'attraper.

- Rends-moi la tasse! Je referais du thé demain.

J'avais beau gesticuler, sa grande taille m'empêchait d'atteindre l'objet.

- Je ne vais pas gâcher ce thé que tu m'as gracieusement offert.

- Mais il est affreux!

- Ça reste un cadeau!

Il rapprocha de nouveau la boisson de ses lèvres. Le moment était critique. Avec élan, dans une tentative désespérée, je réussis à attraper sa main. Mon mouvement, trop ample, me fit perdre l'équilibre. M'agrippant à son poignet, je l'entrainais dans ma chute.

Nous étions tous les deux étalés dans la verdure, de nouveau. La tasse avait roulé au sol, tout comme nous. Mon cœur battait si fort. Son odeur boisée me chatouillait les sens. J'avais atterrie sur lui, j'étais comme blottie dans ces bras. Son bras libre, me serrais contre lui.

- Rien de casser, Zuko ?

Pas de réponse. Étonnée, je voulus me relever, de peur de l'écraser mais il me retint.

- Reste un instant comme ça… s'il te plait. me chuchota-il d'une voix grave et légèrement étouffé.

- Euh, si tu veux.

Ces larges épaules m'enveloppaient. Je devais le reconnaitre, j'étais bien contre lui. Et son odeur… Un parfum ambré, viril et royal à la fois. Une odeur chaude et terreuse, une odeur d'épices légèrement poivrées.

À présent, je pouvais sentir son cœur battre contre ma poitrine. Si proche de mon propre cœur. Il était moins calme qu'il voulait le laisser paraitre. Son rythme rapide mais régulier et son souffle chaud contre mon visage me berçaient.

Du coin de l'œil, je pouvais apercevoir des lucioles éclairant la nuit qui venait de tomber. Leur douce lumière rendait ce moment magique.

- Ta chaleur est tellement réconfortante… pensai-je tout haut.

- Ose me demander un câlin la prochaine fois au lieu de me sauter dessus.

- Eh! Je n'avais pas prévu de finir par terre! C'est de te faute… si tu m'avais rendu ma tasse…

- Si la demande vient de toi, j'accepterais sans hésiter.

Il me regardait de ses yeux étincelants. Sa cicatrice encadrant son œil gauche ne faisait qu'accentuer la teinte rougeâtre présente actuellement sur ses pommettes. Son visage n'était qu'à quelque centimètre du mien. Mes yeux plongeaient dans les siens tel un océan infini.

- On devrait rejoindre le groupe. Ils vont finir par nous chercher.

- Bien sûr oui… Je te suis.

L'expression que j'aperçus alors, un sourire, lui allait si bien.