Chapitre 7 : La noirceur de l'âme
Les semaines suivantes, Hermione prit l'habitude de retrouver Severus pour discuter et travailler au deuxième étage, les mardis soir et les samedis matin. Le reste du temps, elle le passait avec ses camarades sang et or pour travailler sur les révisions ou les devoirs. Elle allait aussi, parfois, encourager Sirius et James durant leurs entraînements, mais ils avaient bien compris que cela ne la passionnait pas et ils ne la forçaient jamais. Elle leur en était reconnaissante. Lily y allait, en revanche, quasiment à chaque fois. Hermione avait la sensation que la rouquine s'attachait de plus en plus à James qui, de son côté, en plus de ne pas cacher son attirance pour elle, faisait de toute évidence beaucoup d'efforts pour être moins turbulent.
Le comportement des maraudeurs, apparemment bien moins impliqués dans les catastrophes du château, en avait étonné plus d'un. Il était clair qu'Hermione avait raté toute une période de troubles causée par ces hurluberlus, aujourd'hui si attachants à leur manière. Cela n'empêchait pas James et Sirius de se montrer régulièrement très hautains, voire carrément arrogants, ce qui exaspérait souvent Hermione et Lily.
Ce n'était néanmoins pas le seul changement. Depuis le cours sur le patronus, Lily avait recommencé à parler avec Severus quand elle le croisait. Hermione était, dans l'ensemble, plutôt contente d'avoir aidé à cela, à sa manière. Bien sûr, cela ne réjouissait pas les maraudeurs, et on sentait toujours une tension lorsque Severus était dans les parages, mais aucun incident n'était à déplorer. Elle n'en était pas certaine, mais elle avait l'impression que cela avait un lien avec une potentielle promesse que James aurait faite à Lily.
Au bout du compte, le seul souci dans cette histoire, c'était que malgré la joie de la lionne de voir une amitié se reconstruire, ou du moins une colère s'apaiser entre deux personnes qu'elle appréciait, elle se sentait aussi légèrement agacée. C'était puéril, elle le savait, car ce sentiment désagréable venait du fait que, la majorité du temps, Lily prenait le temps de parler avec Severus quand elle-même était en train de le faire. Que ce fût pendant les intercours ou les cours pratiques durant leurs classes communes.
- ENFIN, s'extasia Sirius en sortant de la salle de métamorphose. Ça va nous faire un bien fou d'avoir quelques jours de repos.
- C'est clair, fini les examens de fin de première période, ajouta James en souriant. On est tranquille jusqu'en décembre !
- Oui enfin, on peut toujours avoir des contrôles surprises !
- Quand tu dis ça Hermy, on dirait que tu es la plus heureuse ? plaisanta Sirius.
- Les interrogations surprises sont pour moi l'équivalent de tes matchs de Quidditch.
C'est du challenge avec à la clé une victoire ou une défaite face à la connaissance elle-même !
- Le danger en moins, ajouta Lily en riant.
- Ça dépend, couina Peter. Si on n'a que des mauvaises notes, on risque de finir à la rue après l'école !
- Je ne sais pas ce que tes parents te racontent quand tu es chez toi Queudver, mais tu sais qu'on peut très bien finir à la rue, même avec un diplôme ? demanda Sirius.
James lui donna un coup de coude et s'exclama alors que Peter semblait y réfléchir :
- Bon sang, Patmol, tu vas finir par le casser pour de bon si tu lui rajoutes des angoisses supplémentaires !
- N'écoute pas ces deux-là, soupira Remus en tapotant l'épaule de son ami.
Hermione secoua discrètement la tête. Elle avait déjà rencontré un garçon craintif, elle s'en souvenait vaguement, mais il était clair que Peter avait la palme d'or du froussard. Pourtant, si quelqu'un ici devait s'en faire pour son avenir, c'était bien Remus. Bien qu'il ne lui en ait jamais parlé, elle n'était pas dupe quant à la condition de ce dernier. Il s'agissait d'une évidence pour elle, comme si elle l'avait toujours su, mais c'était sûrement parce qu'elle l'avait vu au plus mal juste après les pleines lunes… ou à cause de son surnom. Hélas, il ne méritait pas ça, lui qui était probablement le garçon le plus compatissant et gentil qu'elle connaissait.
- En tout cas, moi, ce qui m'intéresse le plus, c'est Halloween, intervint Lily en souriant.
- Oui, parce que tu vas faire une petite sauterie avec le club de Slug, s'amusa James. Vous allez encore vous goinfrer avec des trucs ultra-chers.
- Comme si tu étais à plaindre, se moqua Lily.
- Tu ne te rends pas compte, fit Sirius avec un air faussement outré face à la rousse. Quand on a l'habitude d'un certain standing, vivre à Poudlard et devoir manger comme la basse populace est une torture. Moi-même, je donnerais père et mère pour manger un toast de dragon à nouveau !
James se mit à rire, tout comme les autres d'ailleurs. Hermione elle-même rit de bon cœur, malgré leur arrogance, ces deux-là savaient parfois faire preuve d'autodérision.
- Et toi Hermy, tu es contente de pouvoir aller à cette soirée ? questionna Sirius après avoir retrouvé l'usage de la parole.
- Franchement, oui, admit-elle avec joie. J'aime bien l'idée de fêter Halloween avec les autres passionnés de potions.
- Oh, ils ne le sont pas tous, tu sais, dit-il.
- Pourquoi feraient-ils partie du club de maître des potions alors ? demanda Lily qui semblait déjà connaître le fond de la pensée de son camarade.
- Ça s'appelle le « club de slug », pas le « club des potionnistes », rétorqua-t-il avec condescendance et humour mélangés. Tant que ce bon vieux Slughorn pense que tu vas finir célèbre, ou au moins utile, ça ouvre les portes.
- Si c'était le cas, James et toi y sériez, répondit Lily.
- Mes parents sont riches grâce à l'invention de mon grand-père, mais ils ne sont que de simples investisseurs, ils ne sont pas membres du ministère, fit remarquer le premier. Quant à moi, tout le monde sait que je veux simplement devenir Auror, ça n'est pas intéressant aux yeux de la société.
- Et moi, ajouta Sirius, j'ai été renié par mes vieux et grand bien m'en fasse !
Malgré la tristesse qu'elle ressentit, Hermione dut admettre que Sirius semblait vraiment content d'être banni de sa propre famille. Elle avait eu l'occasion d'en parler un peu avec lui, et sans entrer dans les détails, il lui avait expliqué la façon de penser rétrograde d'une grande partie de ses proches. Heureusement, il ne la partageait pas, et ainsi préféra-t-il partir de lui-même. Sans James et la famille Potter, Sirius aurait fini à la rue dès l'été dernier.
- Je ne vois pas ce que je vais apporter au professeur Slughorn, finit-elle par dire pour changer de sujet.
- Tout le monde sait déjà que tu vas faire une brillante carrière, quel que soit le domaine que tu vas choisir.
- Tu exagères un peu Sirius.
Elle s'attendait à avoir le soutien des autres, ou au moins de Lily, mais même celle-ci lui lança un regard mi-amusé, mi-exaspéré. Ce fut néanmoins James qui continua en riant :
- Ça fait presque deux mois qu'on te connait, tu as déjà prouvé que tu étais plus hargneuse que Lily.
- Hey, je ne suis pas hargneuse !
Répliqua Lily et elle donna un coup de poing dans l'épaule de James, qui continuait de rire pour autant, tout en s'excusant sans conviction. Elle ne savait plus si elle s'amusait autant et aussi souvent avec ses anciens amis, mais Hermione se sentit nostalgique. Oui, elle avait des moments de complicité avec eux, elle le savait, et dès qu'elle se souviendrait de leur nom, elle fera tout pour reprendre contact avec eux, elle s'en fit la promesse.
…
Le jour tant attendu de la soirée d'Halloween arriva enfin. La première d'Hermione avec le fameux club de Slug, où elle allait pouvoir côtoyer des élèves qu'elle n'avait pas l'habitude de voir. Sa seule inquiétude résidait dans le fait qu'il fallait se déguiser pour y aller, et même si Lily l'avait beaucoup aidée, en particulier avec sa coiffure, elle restait incertaine.
- Aller, descends, supplia Sirius qui attendait en bas avec les autres pendant que Lily essayait de la persuader de sortir du dortoir des filles.
- Tu es parfaite comme ça, aller, viens ! ajouta Lily avec un large sourire.
- Non, toi, tu es parfaite, moi, je suis juste une mauvaise imitation, soupira Hermione.
- N'importe quoi…
Déguisée en Daphnée de Scoobydoo, Lily était parfaite dans le rôle. La robe violette qu'elle avait mise la mettait en valeur et ses cheveux, naturellement roux, donnait l'impression que l'intrépide mannequin sortait tout droit d'un poste de télévision. Hermione, elle, avait l'impression d'être une caricature de mauvaise qualité, même si son amie lui avait promis que ce n'était pas le cas. Soupirant, elle sortit tout de même et remarqua très vite le regard perplexe de ses amis.
- Alors, commença James en se frottant le menton, toi tu es une chanteuse moldue célèbre et toi Hermy, tu es une scientifique !
Forcément, pour leurs amis, ce n'était pas évident et pour cause, ils ne connaissaient pas la télévision. Du moins, même s'ils savaient ce que c'était, ils n'en avaient jamais vraiment regardé. Cela rassura Hermione qui se rappela qu'au moins, personne ne la reconnaîtrait, mais elle pourrait toujours se réconforter en se disant qu'aucun élève de Poudlard ne regardait de série !
- Loupé et encore loupé, s'amusa la rouquine. On est…
- Attends, la coupa Sirius, c'est à mon tour. Alors toi, tu es une bimbo de ce que vous appelez les « jeux télé » et toi, tu es une politicienne moldue !
- Raté, une fois encore, à qui le tour ? demanda Lily.
- Tu es un personnage de dessin animé, répondit Remus. Je suis sûr que ça à un lien avec un chien marron qui ne fait que d'avoir peur. Et toi, Hermy… Je suis quasiment sûr que ça à un lien avec une série, mais je ne saurais pas dire laquelle.
- Bravo Remus ! s'exclama la Daphné du jour.
« J'avais oublié que sa mère était moldue… » se fustigea la lionne qui avait espéré, l'espace d'un instant, pouvoir oublier que l'école était remplie de sang-mêlé et de nés moldus comme elle et Lily.
- En tout cas, tu es ravissante Hermy, dit Sirius en s'approchant d'elle pour mieux l'observer. Les tailleurs te vont bien, et j'aime bien ton pull à carreaux, mais ce que je préfère, ce sont tes cheveux.
- Merci, c'est grâce à Lily, admit-elle non sans rosir des joues au passage.
Elle n'avait pas l'habitude de recevoir autant de compliments sur son physique et cela lui fit plaisir, elle se l'avoua volontiers. Même si Sirius était un beau parleur, c'était tout de même agréable, mais elle devait se méfier de ne pas tomber sous le charme des mots, qui pouvait bien vite faire oublier la raison.
- Dépêchons-nous, on va être en retard, fit remarquer Lily.
Elles saluèrent les maraudeurs avec Alice et se dirigèrent ensuite jusqu'aux cachots, où le club de Slug se retrouvait pour les soirées. Là, Hermione découvrit avec plaisir une salle décorée de noir et d'orange, avec des citrouilles riantes, des chauves-souris de fumée et autres babioles typiques de cette fête tout aussi typique, version sorcière. La musique d'ambiance était agréable et des tables étaient dressées çà et là, avec un buffet de qualité à disposition. Des élèves en tenue de squelette, tous identiques, se faufilaient à travers les membres, avec des plateaux pleins de boissons et d'autres amuse-bouches. C'était surprenant de voir des élèves servir d'autres élèves, mais au moins n'étaient-ce pas des elfes de maison.
Hermione suivit son amie dans cette foule et fut ravie qu'elle lui présentât plusieurs étudiants, d'années et de maisons différentes. Bien que personne ne reconnût son déguisement, elle passa un bon moment à discuter avec des gens tous intéressants et agréables, certains venant de grandes familles populaires, célèbres même aux oreilles de la nouvelle sixième année. Alors que Lily parlait avec un certain Belby Marcus sur les prouesses de la médecine sorcière, le regard d'Hermione fut attiré par le professeur Slughorn. Ce dernier, déguisé en farfadet, parlait avec intérêt avec une reine Victoria et un vampire qui n'était autre que Severus.
- Je reviens, dit-elle alors à son amie avant de s'éclipser.
Pour la première fois de la soirée, se sentant plus à l'aise, elle laissa volontiers Daphné terminer sa discussion. Elle s'approcha alors de Severus, tout en restant à bonne distance pour ne pas le couper dans sa propre conversation. Elle fit alors mine de s'intéresser aux toasts sur l'une des tables en attendant.
- Bonsoir Sarah Jane, l'interpela une voix grave quelques secondes plus tard. Vous avez laissé le Docteur derrière vous ?
- Il avait une affaire urgente à régler en 1998.
Elle avait répondu en cherchant à cacher au mieux son sursaut et sa joie. Il lui avait fait peur le bougre, mais il avait reconnu son déguisement !
- Qui cherche-t-il à sauver en 98 ? demanda Severus avec taquinerie.
- Probablement le Royaume-Uni tout entier, plaisanta-t-elle. Ou bien une pauvre âme perdue, quelque part, on ne sait où, je suppose.
- Qui peut savoir ?
Severus eût un rictus amusé, comme cela lui arrivait de temps en temps. Hermione aimait bien le voir s'amuser, même s'il fallait avouer que c'était régulièrement aux dépens d'un autre. Son humour était aussi noir que ses yeux n'étaient espiègles quand il arrivait quelque chose de saugrenu à quelqu'un dans les parages. Néanmoins, il lui arrivait de plus en plus de s'amuser des répliques de sa nouvelle – presque – amie.
- En tout cas, je te félicite pour ton costume, ajouta-t-il avec sérieux en l'observant comme Sirius avant lui. Tu as utilisé la métamorphose sur une de tes tenues pour avoir un résultat aussi proche de l'original ?
- Oui, dit-elle avec fierté.
- Tu es très douée, il faut l'admettre.
- Tu t'es bien débrouillé aussi pour ton déguisement, fit-elle remarquer.
- J'ai juste eu à emprunter une tenue de bal à Evan.
- Rosier ?
- Non, Evan Strix, l'élève de Serdaigle qui fait 1,70m… avec des talonnettes.
- Es-tu en train de te moquer des personnes de petites tailles, sous prétexte que tu es grand ? demanda-t-elle en le regardant de haut en bas avec dédain.
- Non, dit-il en levant les mains en l'air pour jouer les innocents. Je ne ferai jamais une chose pareille ! Je me fiche simplement de la tête des personnes qui posent des questions stupides, comme, par exemple s'il est possible de faire entrer une personne de presque 1,90m dans une tenue de gnome.
- 1,90m, répéta-t-elle avec un sourire moqueur. En comptant tes talonnettes alors non ?
- Ce sont des talons sur mes chaussures, se défendit-il.
- Des talonnettes extérieures en somme !
Severus semblait sur le point de ricaner et d'avouer sa défaite, puis Lily arriva à ce moment-là :
- Eh bien Severus, tu es super élégant ce soir, ça te va trop bien ! Tu es déguisé en vampire ?
- En Dracula, précisa-t-il. Je suppose que d'autres auraient préféré me voir en Nosferatu, mais il est hors de question que je me fasse chauve.
En disant cela, il jeta un œil à Hermione qui, même si elle était gênée – ou flattée – qu'il fasse allusion à l'une de ses remarques passées, ne répondit rien. Elle cherchait davantage à ne pas se sentir frustrée d'avoir été interrompue par Lily, comme celle-ci le faisait souvent quand Severus lui parlait.
- Oh, mais tu as même été jusqu'à agrandir tes canines ! s'amusa la rousse.
- Dentesaugmento, se venta le jeune homme en montrant ses dents.
- Je ne vois pas de différence, rétorqua d'un coup Hermione.
Ce n'était pas gentil de sa part, mais la réplique lui était venue d'un coup, sans réfléchir. Lily la regarda d'un air choqué, cherchant sûrement à comprendre ce qui était passé par la tête de son amie pour se moquer ainsi. Il était vrai que les incisives latérales de Severus étant, de base, légèrement tordues vers l'arrière, les canines de celui-ci étaient déjà naturellement mises en avant, mais de là à le souligner…
- Mais pourquoi tu…
La rousse ne put finir de houspiller Hermione que Severus ricana. Elles reportèrent leur attention sur lui alors qu'il dit, amusé :
- Bien envoyé, je l'admets.
Cela rassura Hermione autant que cela l'étonna. Pourtant, il était vrai que Severus appréciait les joutes verbales et, à bien y réfléchir, elle n'avait fait que continuer dans sa lancée. Cependant, elle avait l'impression que cela aurait pu le vexer outre mesure… probablement car elle aurait elle-même été blessée si quelqu'un lui avait dit une chose dans ce genre.
Le reste de la soirée, ils la passèrent tous les trois, à discuter de banalité du quotidien. Non pas que cela fût désagréable, mais cela manquait d'intérêt aux yeux d'Hermione, qui aurait préféré parler de sujet plus intéressant, comme les recherches de Severus. Enfin, l'ambiance et le repas restèrent suffisamment parfaits pour qu'elle se sente bien, jusqu'à ce que l'heure de retourner se coucher sonna.
…
Après cette soirée, Lily et Severus se reparlèrent plus régulièrement encore, et cette fois, pas uniquement quand Hermione était présente. Dès lors, le comportement de James et de Sirius changea légèrement. Le premier était plus continuellement de mauvaise humeur et semblait tendu la majorité du temps, là où Sirius semblait plus détendu, ce qui ne l'empêchait pas de toujours donner raison à son meilleur ami.
Hermione n'était pas dupe et savait parfaitement pourquoi James était aussi énervé : la jalousie. Elle-même était irritée par ce rapprochement, certes pas pour les mêmes raisons que son ami le maraudeur, mais elle avait l'impression de ne plus pouvoir autant passer de temps avec celui qu'elle avait pensé pouvoir être son meilleur ami. Severus la comprenait dans bien des domaines et les discussions avec lui étaient toujours passionnantes, parfois houleuses, mais jamais fades.
Ce qui l'inquiétait néanmoins, c'étaient les regards noirs que James lançait de plus en plus souvent sur les Serpentards et en particulier sur l'ami commun de Lily et Hermione, même lorsque ce dernier traînait avec des élèves de son groupe. Elle ne savait pas jusqu'où cette contrariété pouvait le mener, mais elle craignait le pire depuis un beau matin de début novembre.
- Regarde la belle brochette de Mangemorts, avait-il chuchoté un jour à Sirius en croisant Severus, Wilks, Avery et Rosier. On devrait…
Mais Sirius lui avait donné un coup de coude pour le faire taire, non sans sourire quelques secondes après à Hermione qu'il avait vu les rejoindre depuis la bibliothèque. Préférant ne rien dire à ce moment-là, elle en avait parlé un peu plus tard avec Remus, un jour où elle put être un peu tranquille avec celui-ci :
- Je peux te poser une question ?
- Oui bien sûr Hermione, qu'est-ce qu'il y a ?
- Je voulais juste savoir… j'ai entendu pas mal de rumeurs sur vos aventures, avec les maraudeurs j'entends… je me demandais, est-ce qu'elles sont vraies ?
- La plupart le sont, j'en ai peur, dit-il sans détours.
Hermione en était certaine, il avait compris de quoi elle voulait parler exactement : les frasques entre eux et Severus sur les années précédentes. Il semblait gêné et pourtant, prit le temps de défendre ses camarades :
- Ce ne sont pas… nous ne sommes pas des gens mauvais, Hermione. James et Sirius sont juste plus démonstratifs que Peter et moi, mais ils ne viennent pas du même milieu et, ils ont une image à préserver dans un sens.
- En faisant du mal à un autre élève ?
- Severus n'est pas tout blanc non plus, tu sais ? Il n'était pas en reste dans les conflits ! Il est doué en duel et n'hésitait jamais à répliquer, même avec des sortilèges dangereux.
- Tu n'en ferais pas autant si on t'attaquait sans arrêt ?
- Pas aussi violemment, répondit-il après réflexion. Après, ne te méprends pas Hermione, je ne suis pas d'accord avec ces accrochages. Ça avait fini par aller beaucoup trop loin l'an dernier. C'est pour ça que James et Sirius ont promis à Lily de ne plus s'approcher de lui.
- Mais pour combien de temps ? marmonna-t-elle plus pour elle que pour son ami.
Remus ne répondit rien, se posant la même question. Hermione soupira et continua :
- Comment toute cette histoire a commencé ?
- Je ne suis pas certain… je n'étais pas encore ami avec eux à ce moment-là.
- Mais tu n'es pas dans leur groupe depuis le début de première année ?
- Si… mais l'histoire a commencé dans le Poudlard Express.
- Vraiment ? s'étonna la lionne.
- Depuis leur première rencontre oui… James m'a rapidement expliqué qu'il avait entendu Severus dire un truc aberrant et qu'il n'avait pas pu s'empêcher d'intervenir, mais je n'en sais pas vraiment plus.
- Tu ne poses pas beaucoup de questions, fit remarquer Hermione sans chercher à le critiquer.
- Ils sont mes amis, c'est tout.
- Oui, mais ton avis à toi aussi compte Remus. Ils ne sont pas supérieurs à toi.
Ce dernier baissa un moment la tête et Hermione comprit sans mal pourquoi. Elle s'approcha de lui et posa sa tête contre son épaule, cherchant à le réconforter, ce qu'il accepta malgré son étonnement :
- Tu es quelqu'un de bien Remus, probablement le garçon le plus sage que je connaisse, dans tous les sens du terme.
- Tu ne sais pas tout sur moi, c'est pour ça que tu penses ça.
- Je sais tout ce que j'ai besoin de savoir sur toi…
Il se raidit légèrement en prenant conscience de ce qu'elle venait d'admettre en silence :
- Depuis quand ? demanda-t-il doucement.
- Je crois que je l'ai su presque instantanément en te voyant, quand je suis arrivée. Et ça ne change rien à ce que tu es, tout au fond de toi, crois-moi.
Elle se redressa pour le regarder dans les yeux :
- Tu es génial, j'espère sincèrement que tu vas finir par t'en rendre compte.
- Je ne sais pas si j'y arriverai, mais merci Hermione, ça fait du bien d'entendre… tout ça !
…
Toujours dans le flou en ce qui concernait la guerre entre James, Sirius et Severus, elle savait au moins maintenant que l'origine de celle-ci remontait à leur première rencontre dans le train. Elle aurait peut-être pu demander à Sirius directement, ou à Severus, mais elle avait la sensation désagréable qu'elle allait se faire envoyer paître par l'un, comme par l'autre. Laissant donc tomber cette idée, pour l'instant du moins, elle se concentra sur ses cours, les quelques jours de répit étant passés à une vitesse folle.
Comme toujours, le mardi après les cours, Hermione retrouva Severus, sous couvert d'aller réviser tranquillement dans son coin. Elle ne voulait pas avouer qu'elle restait avec le Serpentard, préférant ne pas jeter de l'huile sur le feu avec les maraudeurs. Mentir ne la mettait pas à l'aise, mais entendre des réflexions déplaisantes encore moins, et puis au fond, elle ne mentait pas vraiment, elle omettait juste les détails.
Une fois au deuxième étage, elle vit Severus un peu plus loin, en pleine conversation avec Rosier. Elle l'avouait sans peine, cet élève la mettait très mal à l'aise. Il avait une façon hautaine, si ce n'était même haineuse, de regarder Lily, elle-même, mais aussi tous les élèves nés moldus. Il ne faisait aucun doute qu'il faisait partie d'une famille de sang pur et qu'il avait des idées bien tranchées sur le sujet du sang, ce qui surprenait toujours Hermione quant au fait que Severus traînait avec lui.
Préférant en tout cas rester à l'écart des épines de ce malotru notoire, elle se mit dans un recoin non loin, lui permettant ainsi d'entendre la conversation sans être vue. Non pas qu'elle voulait espionner Severus, même si sa curiosité était satisfaite de pouvoir écouter :
- … devrait pas demander ça à Wilks plutôt ? Il n'est pas le remplaçant ?
- Si, mais comme par hasard, il est tombé des escaliers et s'est fracturé le bras droit.
- L'infirmière sait réparer ça en un rien de temps tu sais ?
- Je sais, grogna Rosier. Mais la douleur persiste et il ne pourra pas attraper le vif d'or dans ces conditions. Il ne pourra même pas tenir son manche à balais.
- Mais pourquoi moi, soupira Severus.
- Parce que tu as plus d'une fois permis à l'équipe de gagner grâce à tes stratégies.
- Mes stratégies oui, pas mes compétences sportives.
- Tu es doué sur un balai, tu ne peux pas le nier. Tes compétences en vol sont aussi bonnes que celle de ton super ami Potter !
Vu le ton employé, entre le dénigrement et la m
oquerie, il ne fait aucun doute qu'il cherchait à avoir Severus. L'avoir dans l'équipe de Serpentard, ce qui étonnait grandement Hermione, mais aussi et surtout le piéger pour être sûr qu'il acceptât. C'était mal connaître Severus, il avait le Quidditch en aversion, c'était pour lui une « perte de temps et d'énergie alors qu'il y a plus important à étudier ! », alors ce n'était pas ça qui…
- Bon, très bien, j'accepte.
Hermione ouvrit de grands yeux, sous le choc.
- Super, alors cherche une stratégie et on se voit à l'entrainement dès demain matin !
- Je sais déjà comment on va gagner.
- C'est ça que j'aime chez toi Severus, dit Rosier en lui tapotant l'épaule avant d'ajouter, n'oublie pas que c'est ça que tu es : un vrai serpentard, un gagnant. Ne laisse pas des tentatrices te distraire et t'emmener du mauvais côté. Tu es capable de beaucoup, malgré le sang de ton bon à rien de géniteur, et tu sais pertinemment qui peut t'aider à t'élever plus encore.
À ces mots, la Gryffondor sentit une vague de froid angoissante lui parcourir le dos. Severus, lui, ne répondit rien, là où Hermione aurait préféré l'entendre lui affirmer qu'il savait très bien choisir ses amis. Rosier partit alors, passant non loin sans la remarquer et heureusement.
- Tu sais que c'est mal d'écouter les conversations des autres ?
Elle fit un bond en avant et posa sa main sur son cœur qui venait de s'emballer. Énervée, elle lança un regard noir sur Severus qui semblait s'amuser de la situation :
- J'ai failli faire un arrêt cardiaque, espèce de… de…
- De quoi ? demanda-t-il en croisant ses bras devant lui, attendant avec intérêt ce qu'elle allait dire.
- De sagouin ! finit-elle en le bousculant légèrement vers l'épaule.
Severus souffla son amusement par le nez et arbora un sourire moqueur :
- Quelle repartie Hermione, ça fait presque mal à mon petit cœur !
- Très drôle, marmonna-t-elle avant de rajouter avec dédain, puisque c'est comme ça, je ferais mieux de partir. Après tout, tu devrais éviter de traîner avec des « tentatrices » !
Elle tourna le dos à Severus, voulant faire mine de partir, mais ce dernier lui agrippa le bras avec force, comme s'il s'était attendu à ce qu'elle cherche réellement à le faire. Il dut comprendre son erreur en constatant qu'elle n'avait pas vraiment bougé et la relâcha à la hâte :
- Evan dit souvent des trucs stupides, ne fait pas attention à lui, dit-il simplement. Aller, viens, je voulais te montrer un truc !
N'attendant pas de réponse, il se contenta de marcher en direction des toilettes de Mimi pour se mettre dans la salle en face, comme toujours. Hermione posa sa main là où Severus l'avait agrippé avant de le suivre, doucement. Il ne lui avait pas fait mal, mais elle se demandait pourquoi il avait été si brusque. Avait-il eu peur à ce point qu'elle ne décide de partir plutôt que de rester ?
Une fois dans la salle, il lança le sortilège habituel d'insonorisation et posa son sac sur leur table. Il sortit directement son manuel de potion et l'ouvrit à une page avant de le tendre à Hermione :
- J'ai enfin trouvé la solution !
Hermione se retint de tous commentaires en voyant la page dudit bouquin, totalement dénaturée avec de l'encre. Elle ne s'y ferait jamais ! En silence, elle lut alors les annotations. Sur cette page, sur les antidotes, elle avait déjà remarqué le « Bézoard » écrit comme solution à un empoisonnement, ce qui en soi était vrai. Elle n'avait en revanche jamais vu autant de lignes et de soulignements à ce chapitre, preuves s'il en fallait que Severus traumatisât ses manuels de façon récurrente, en particulier celui-ci :
- Je l'ai depuis longtemps, c'est tout.
- Hein ?
- Je n'écris pas particulièrement beaucoup dans celui-ci, je l'ai juste depuis plus longtemps que les autres, vu qu'il appartenait à ma mère.
- Et tu écris dans les affaires de ta mère ? Non mais attends, c'est pas ça la question, se reprit-elle d'un coup. Pourquoi tu me dis ça ?
- Parce que tu étais outrée que j'abîme particulièrement ce livre alors que c'est faux. Celui de métamorphose en revanche…
Hermione croisa les bras devant elle, coupant Severus dans son élan. Il chercha un instant et la réponse lui vint alors d'elle-même, dans un roulement d'yeux théâtral :
- Oh je vois, tu n'avais rien dit.
- Tu utilises la legilimancie sur les autres élèves ? Tu sais que c'est interdit.
- Techniquement ce n'est pas interdit, c'est éventuellement peu moral, et encore, les gens pensent fort d'eux-mêmes en règle générale. À ton avis, comment j'ai su que tu étais là tout à l'heure.
- Je préfèrerai que tu n'écoutes pas dans ma tête ! C'est privé ! s'insurgea-t-elle.
- Je ne le ferais plus, promis… enfin là, je ne l'ai pas fait exprès, j'ai lancé le sortilège tout à l'heure, je pensais qu'il était rompu depuis longtemps.
- Tu devrais revoir le sens de ta moralité, Severus…
Il la regarda avec un air interrogatif, ne comprenant visiblement pas ce qu'il y avait de mal à lancer un sortilège sur une amie. Hermione secoua la tête et soupira, exaspérée :
- Tu as vraiment des problèmes de socialisation !
Une fois encore, il resta silencieux tout en reprenant sa poker face habituelle. Pourtant, dans son regard, Hermione eût l'impression de voir une vague de tristesse déferler face à ce constat :
- Je ne voulais pas te vexer, tu sais ?
- Je ne le suis pas. Tu te contentes de faire un constat et force est de constater que tu as raison…
Sur cette affirmation, Severus s'installa au bureau qu'il avait l'habitude d'utiliser. Il pouvait prétendre ce qu'il voulait, Hermione restait persuadée de l'avoir vexé par ses mots et s'en voulait, quand bien même elle maintenait que lire les pensées d'autrui était mal. Elle s'installa alors à sa place, devant lui qui venait de sortir un parchemin déjà griffonné par endroit.
Sans rien ajouter, elle se contenta de lire les notes du Serpentard, trouvant fascinante la méthode qu'il avait trouvée pour modifier et techniquement améliorer les antipoisons. Sur le papier, tout semblait logique et au vu de la théorie de Golpalott, que Severus avait d'ailleurs annotée sur le côté de la page, ses calculs étaient bons !
- C'est extraordinaire, finit-elle par marmonner. Si on projette tes calculs sur les schémas de préparation des antidotes existants, leurs effets devraient être potentialisés ! Mieux encore, si ce que je comprends est exact, tes recherches pourraient à terme permettre de trouver un antipoison à large spectre, comme un bézoard, mais en beaucoup plus simple à trouver !
- Ça pourrait être mieux qu'un bézoard même, répondit-il sans relever la tête de son parchemin.
- Tu seras vraiment un grand maître des potions, Severus !
Cette fois, il daigna relever son nez de son papier et la regarda :
- Je ne sais pas si c'est ce que je ferai…
- Vraiment ? Tu sembles pourtant fait pour, vu ton amour pour cet art. Sans compter que tu es l'assistant du professeur Slughorn alors que les enseignants de Poudlard n'en ont pas en règle générale.
- Slughorn est peut-être un bon potioniste, mais il a un palmier dans les mains et moins il en fait, mieux il se porte. C'est face à ce constat que j'ai pris les devants en me proposant de l'aider, en sachant pertinemment qu'il accepterait d'avoir un larbin pour faire ses basses besognes.
- Pourquoi l'aider s'il t'agace à ce point ?
- Eh bien, j'avais besoin d'avoir accès aux réserves.
- Pourquoi faire ? s'étonna Hermione.
- Pour plein de choses… mais surtout pour mes expérimentations ! dit-il en pointant son manuel du doigt.
Il semblait sincère, mais Hermione resta persuadée que les « choses » diverses étaient toutes aussi importantes pour lui que ses expériences. Elle ne chercha néanmoins pas à en savoir plus, de peur de le braquer ou de le vexer à nouveau. Elle se contenta alors de poser ses coudes sur la table, puis son menton sur ses mains croisées, avant de demander avec curiosité :
- Alors dis-moi… qu'est-ce qui te plairait ?
Severus la regarda d'un air étonné. Il ne s'attendait pas à une telle question et sembla y réfléchir un instant :
- Je ne sais pas vraiment en réalité. C'est flou pour moi, je sais que j'adore les potions et que je pourrais facilement avoir mon master dans ce domaine, mais j'aime aussi énormément les recherches sur les sortilèges. Je me verrais bien continuer à étudier la magie sous toutes ses formes, plus en profondeur.
- C'est-à-dire ? demanda-t-elle en ayant la sensation d'avoir compris de travers.
- Eh bien, poursuivre mes recherches sur les différentes formes de magies, pour devenir un meilleur sorcier et pourquoi pas être reconnu pour mes créations de sortilèges.
- Tu voudrais… apprendre la magie noire ?
Bien qu'elle voulût rester neutre, cette idée lui sembla très mauvaise.
- Bien sûr, répondit-il comme s'il s'agissait d'une évidence. J'ai déjà commencé, mais même avec l'autorisation de Slughorn pour avoir accès à la réserve de la bibliothèque, je n'ai pas encore 17 ans et donc, je suis limité.
Presque choquée, si ce n'était totalement, Hermione croisa ses bras sur le bureau en regardant son ami, ne pouvant s'empêcher de s'exclamer :
- Mais c'est dangereux de faire ça !
Tant pis pour la forme de sa remarque et pour la réaction de Severus qui, de toute évidence, fut vexé. Quoique, non, il semblât exaspéré. Il s'adossa complètement à son siège et leva de nouveau les yeux au ciel tout en soufflant :
- Ça recommence… je pensais que toi, au moins, tu comprendrais !
Finalement, ce fut à elle d'être vexée en comprenant pertinemment avec qui il venait de la comparer. Avec mordant, elle répliqua alors :
- Je suis capable de comprendre, mais tu n'as qu'à avoir de bons arguments !
Cela parut le surprendre tout en le rendant joyeux. L'idée de pouvoir s'expliquer lui donna des ailes, exactement comme lors de leur première collaboration en cours de potion. Il se redressa et dit d'un ton professoral en faisant des gestes pour qu'Hermione suive son raisonnement :
- La magie noire est, comme les potions, un art dérivé de la magie tout court. Et, comme dans TOUS arts possibles et imaginables, il peut y avoir des dérives malsaines ! Est-ce que c'est pour autant qu'il ne faut pas du tout s'y intéresser ? On diabolise la magie noire à cause de ceux qui l'utilisent à tout-va ou pour de mauvaises raisons, et je suis d'accord qu'il y en a beaucoup, mais ce n'est pas une majorité. Tu ne vas, par exemple, pas me faire croire que Dumbledore n'a jamais étudié la magie noire, alors même qu'il est clair qu'il l'a déjà utilisé à l'époque où il côtoyait Grindelwald !
Hermione ne bougeait pas, prenant en considération cet argument qui, elle devait l'avouer, était plutôt bon, bien que gênant. Quoi qu'il en fût, Severus ne chercha pas à savoir s'il faisait mouche ou non, il continua simplement :
- Mais du coup, pourquoi ne diabolise-t-on pas les potions ? Après tout, avec cette simple utilisation de la magie, je suis en mesure de mettre la gloire en bouteille, de distiller la grandeur…
- Et enfermer la mort dans un flacon, termina machinalement Hermione, comme si elle connaissait déjà ce résumé à la fois exaltant et terrifiant.
Severus haussa un sourcil surpris :
- J'allais parler d'emprisonner les sens, mais j'avoue que je suis aussi capable de ça… enfin, tout ça pour dire, les potions aussi sont capables de choses terrifiantes et pourtant fascinantes, et parfois même utiles malgré tout. Cela dépend, une fois encore, de ce qu'on veut en faire. Préparer du Félix Felicis peut aider des personnes qui en ont besoin dans des moments désespérés, une potion de force peut aider des travailleurs Cracmols dans des tâches manuelles complexes, une potion mortelle peut aider une créature en fin de vie si elle est correctement encadrée…
Une fois encore, l'argument était plutôt bon, si ce n'était excellent, mais Severus n'avait de toute façon pas terminé :
- Etudier la magie noire, c'est comprendre comment elle fonctionne et c'est en connaissant son ennemie qu'on est en mesure de le vaincre. Comme je l'ai dit avant, bon nombre de personnes l'utilisent à tout-va et du coup, si on veut pouvoir la contrer et se protéger, c'est mieux de lui faire face. Après, c'est comme tout, il faut savoir ce qu'on veut, ce qu'on attend exactement de ce qu'on en apprend. Comme un écrivain qui veut partager ses écrits aux mondes, c'est au sorcier qui étudie de savoir s'il veut plutôt écrire des romans de capes, d'épées et de princes ensorcelés, des romans historiques sur le roi soleil… ou bien des livres sur l'idéologie des races ou des religions…
Ce final explicatif arriva presque à convaincre Hermione que sa méfiance était en effet infondée. Severus avait, après tout, entièrement raison, ce n'était pas la magie noire le problème, c'était le sorcier qui décidait de l'utiliser et comment il voulait l'employer.
- Et toi… quel genre d'histoire tu aimerais raconter ?
- La vraie question Hermione, c'est : quel genre d'écrivain j'ai l'air d'être à tes yeux ?
Il la regardait maintenant avec une lueur étrange qu'elle ne comprenait pas, mais qui l'hypnotisait quasiment. Plongeant ses yeux dans les siens, elle se contenta de répondre sans réfléchir :
- Un vrai Ian Flemming…
Il ne s'était pas attendu à cette réponse, mais elle sembla lui convenir, ou du moins l'amuser, car il eût un léger rire l'espace d'une seconde :
- J'aurais préféré Tolkien, mais va pour Flemming alors !
Hermione sourit à son tour et l'atmosphère changea pour être, enfin, moins pesante. Elle retrouvait le Severus qu'elle appréciait tant et son sentiment d'être avec un ami aussi cher qu'important. C'était juste, il avait tout d'un auteur de roman d'espionnage, mais elle avait avant tout confiance en lui et en sa capacité de faire la part des choses entre le bien et le mal.
