Natural - Imagine Dragons
Draco…
Une semaine est passée, et l'attente est étonnamment moins douloureuse, moins pénible. J'ai fini par me rappeler qu'en temps normal, Harry est du genre impulsif. Par conséquent, s'il prend du temps à me répondre, c'est qu'en un sens, il prend au sérieux ma déclaration et ne se précipite pas pour donner une réponse irréfléchie.
- Draco, tu es avec moi?
Je secoue la tête et me raccroche à la réalité, et surtout à Damien, qui attend patiemment que je lui réponde. Trouvant le temps long, j'ai demandé à mon ami s'il était disponible prochainement pour discuter autour d'un café dans mon bar. Celui-ci m'a répondu qu'il l'était aujourd'hui même, alors nous voilà.
Draco Malfoy, propriétaire et gérant du Bag'lette, papotant avec un «ami» pendant son temps de travail. On aura tout vu.
- Tu disais?
Damien me regarde, amusé par mon angoisse clairement visible malgré l'amélioration nette de mon état par rapport au premier jour d'attente où clairement, je n'en menais pas large. Je lui ai déjà tout raconté de ma déclaration et nous en sommes au point où il me raconte les avancées de son couple avec Grin.
Cela se passe incroyablement bien, et ça me ravi pour lui autant que ça me désespère d'en entendre parler aussi longtemps.
- … Et du coup, on va officiellement s'installer ensemble!
- Mais vous vivez déjà tous les deux?
- Oui, mais c'est mon appartement, ce n'est pas pareil; là, nous allons acheter à deux.
Je le félicite avant de repartir dans mes pensées. Je me demande ce qu'il fait, là, maintenant…
Harry…
- Passe moi la balle, sérieux là! crie Ron vers son frère, officiellement dans la même équipe que lui
- Rêves Ronron! répond Fred en éclatant de rire devant le visage de son frère
Les balais volent de toutes parts autour de moi, qui suis déjà prisonnier.
Nous jouons depuis une bonne heure au ballon prisonnier, pour qu'Hermione accepte de jouer avec nous… mais sur des balais, pour que Ginny accepte de jouer avec nous…
Ca fait une semaine que je suis au plus près de ma famille, et c'est formidable. Je me sens entouré, aimé, protéger… mais le temps passe, et Draco me manque.
Tout ce qu'il provoque chez moi me manque aussi, je me sens tellement bien à ses côtés. Et il recherche la même chose que moi.
Je suis heureux d'être prisonnier, je peux me laisser aller à mes pensées comme ça.
Son absence me pèse, le laisser dans l'ignorance me rend fou. Je sais qu'il est d'accord pour attendre, qu'il me laissera l'éternité si j'en ai besoin… mais je ne peux plus me passer de lui.
Il est tout ce dont j'ai besoin pour me sentir vivant, pleinement humain. Je me fout de savoir s'il est saint pour moi, je n'ai jamais réclamé quelque chose comme ça. Ce que je veux, c'est être la priorité de quelqu'un, pouvoir me reposer sur lui, savoir que si je tombe, il me rattrapera.
Ce que je veux, c'est savoir que je peux me perdre en lui, que lui aussi, me fait une confiance aveugle et peut se perdre en moi. Ce que je veux, c'est savoir qu'on vibre à la même fréquence, qu'on réclame la même adrénaline, le même amour, la même passion folle.
Ce que je veux, c'est savoir que Draco m'aime avec la même intensité que moi je l'aime.
Putain!
- En pleine face Harry, vieux frère, tu vas bien?
Mes lunettes étant tombées avec la violence du choc, je n'arrive pas à distinguer qui de Fred ou George a confondu la balle avec un cognard… et accessoirement, ma tête avec un but.
Je me suis ramolli depuis la bataille, les réflexes, c'est plus vraiment ça apparemment.
- Ca va, mais j'ai besoin de mes lunettes.
Cet évènement a marqué la fin de l'après-midi jeu. Nous sommes tous revenus sur terre et on m'a une énième fois réparé mes lunettes avant de rentrer au terrier.
Chacun s'est un peu posé dans sa chambre, y compris moi. J'ai tenu une trentaine de minute avant d'aller demandé à Mione si je peux lui parler.
Techniquement, elle est déjà au courtant de tout, j'ai passé mon après-midi, avant-hier, à tous lui expliquer en détail. Elle m'a déjà rappeler une bonne dizaine de fois que je suis libre de faire ce que je veux, avec qui je veux et que la famille ne me jugera pas. Elle m'a également dis que je n'ai pas besoin d'être sûr à cent pourcent qu'on ne va pas s'auto détruire et que parfois, il faut juste faire ce que notre cœur nous dicte. Evidemment, elle a conclu sur le fait indiscutable que, pour Ron, je lui ai dit exactement les mêmes choses et que contrairement à moi, elle s'est jeté à l'eau bien plus vite que moi.
Ron, qui n'a entendu qu'une petite partie de la conversation, en a tout de même profiter pour me traiter de «mauviette».
Ce qui est fou avec Draco, c'est que notre histoire est floue. D'une attirance dont on joue tous les deux, à une prise au sérieux très forte de mon problème, à la découverte de ses secrets, à devenir proches, à devenir intimes…à se déclarer. Pourtant, dans ma tête, c'est assez clair, assez évident avec le recul. Nous sommes mutuellement le sang et les hormones qui déclenchent la réaction cardiaque qui amène la sensation d'adrénaline. La passion en son sens le plus puissant.
J'ai envie d'être avec lui.
- J'ai envie d'être avec lui.
Mione soupire, fatiguée d'essayer de me ramener mon courage légendaire qui a récemment quitté les lieux.
- Alors pourquoi tu n'y vas pas?
- Imagine qu'on se trompe, qu'on en vienne à se quitter en se détestant, qu'on s'enfonce mutuellement dans nos souffrances et nos travers?
- Harry James Potter.
Elle se lève, apparemment décidée à en découdre, et vient se poster juste devant moi. Je suis devant la fenêtre, alors j'espère que je ne vais pas trop en prendre pour mon grade.
- Depuis quand tu te préoccupes à ce point des conséquences? Tu l'aimes et ça crève les yeux alors fonce! Tu imagines l'état dans lequel il doit être juste parce que tu as peur de l'avenir? On a tous peur et on ne peut rien prévoir! Alors peut-être que tout ce que tu dis arrivera, ou peut-être que vous allez rester fou amoureux toute votre vie, heureux à votre façon, et on s'en fout que ce soit pas traditionnel ou socialement inacceptable! Merde!
Je crois que je n'avais jamais entendu Hermione être aussi vulgaire. J'ai un don pour la faire innover son vocabulaire. Je souris en coin, un peu amusé, un peu taquin, un peu attendri aussi.
- Ne souris pas enfin! Agis!
Son regard accroche le mien tant et si bien que mes défenses tombent. Je me bats contre mes envies, mes besoins même! Depuis une semaine… Et Hermione Granger vient de me sauver pour la millième fois.
Sans lui répondre, parce qu'un acte vaut mieux que dix paroles, je me précipite dans la salle de bain. Je ne peux pas aller saisir la chance de ma vie plein de boue, Draco détesterait ça.
J'enfile ce qui me tombe sous la main en sortant de la douche la plus rapide de l'année. Je suis monté sur ressors et remonter à bloc, et je veux me précipiter avant de perdre cet élan de courage gryffondoresque qui daigne faire une apparition.
Hermione n'est plus là, je l'imagine avec Ron pour lui raconter son nouvel exploit: me pousser à me bouger le cul.
Sans prévenir personne, faisant confiance à Mione pour prévenir tout le monde, je me précipite vers mon balais et comme il y a quelques semaines, m'enfui par la fenêtre.
Sans avoir besoin de réfléchir, je prends la direction du Bag'lette, y entre, dépose mon balais à toute vitesse au «Severus junior». J'arrive donc dans la pièce principale du bar et me retrouve presque face à face avec Draco.
Juste à côté, je reconnais Damien, que je vois s'éclipser par la droite sans dire au revoir ni demander son reste. Draco n'y fait même pas attention, et je ne l'ai remarqué que parce que mon regard ne s'était pas encore plongé dans celui du serpent face à moi.
Par Merlin, du lion fuyard qui cherche à esquiver la morsure du serpent, le voilà qui tend le cou en le priant d'y enfoncer les crocs.
- Draco. Je souffle
Il ne me répond pas, il se contente de m'observer et attend certainement que je fasse le premier pas.
- On peut aller dans ton bureau?
Il hoche la tête et presque mécaniquement, se retourne pour s'enfoncer dans la foule et atteindre son bureau.
Je le suis, tremblant, le cœur battant la chamade et les joues brulantes.
J'entre dans cette pièce où tout à commencer une nouvelle fois, ou Draco et moi avons vécu notre renouveau. Va-t-il atteindre son point culminant aujourd'hui?
Il referme derrière moi, et je me sens prisonnier de son aura, de l'électricité entre son corps et le mien, de son regard qui ne lâche pas le mien, de la puissance de sa magie qui est décuplée sous ses émotions et qui vient chatouiller la mienne, toute autant stimulée que son homologue.
Il me contourne pour aller derrière son bureau et s'asseoir sur son grand fauteuil, tandis que mon corps, sans pour autant se déplacer, se tourne pour le suivre du regard. Toujours le regard, toujours les yeux, toujours ce lien visuel indéfectible.
Il pourrait sembler être fait de glace, mais son regard est de la lave pure. Et je continue de m'y brûler volontairement, encore et encore. Je voudrai m'y consumer. Si quelqu'un doit être ma perte, alors je veux que ce soit l'homme en face de moi.
Tout était devenu sain avec lui ces derniers temps, on se comportait normalement. On avait oublié l'essence même de notre attirance. C'est pour ça que j'ai hésité, que j'ai demandé à réfléchir. Je ne veux pas de cet amour sage qui nous pousse à uniquement nous respecter et essuyer nos larmes.
Je veux celui qui nous illumine, celui qui me fait avoir la chaire de poule, qui me pousse à vouloir coller mon corps au sien lorsque l'on danse, qui nous pousse à aller toujours plus haut, pour nous laisser tomber toujours plus bas.
Je veux celui qui me rend cramoisi pendant qu'il me toise, l'amour taquin qui nous pousse à nous piquer jusqu'à ce qu'un de nous craque sous l'attraction, celui qui nous pousse à faire l'amour dans des cabanes de bois en pleine ville, contre toute logique et bienséance.
Il me laisse le temps que je veux avant de commencer à parler. Il laisse le silence appuyer et renforcer la puissance de ce moment.
Draco est magnifique, et moi, Harry Potter, je suis intimidé pour la première fois au point de ne pas savoir que dire. Et non, Cho ne compte pas.
- J'ai pris ma décision.
C'est tout ce que j'arrive à sortir avant de presque m'étrangler sur mes mots.
Son regard s'adoucit et je le sens devenir plus protecteur, plus possessif envers moi. Cela se voit à sa posture qui change du tout au tout, des jambes croisées et des bras nonchalamment posés sur les accoudoirs, le voilà penché en avant, le menton sur ses mains, dans une position d'attente mais qui vise à le rapprocher physiquement de moi.
- Je te veux, je veux tout ça. Je veux le bon comme le mauvais et tant pis si je ne peux pas tout prévoir, si je ne pas dire comment on évoluera. Tu es tout ce que j'ai toujours cherché dans une personne. Tu es diablement intelligent, puissant, drôle, séduisant, tu es là pour ton prochain, tu es là pour moi… mais tu es aussi là pour toi. Tu prends soin de toi, physiquement comme mentalement, tu es entreprenant, ambitieux, sûr de toi, tu assumes ton passé… tu es parfaitement compatible avec un «élu sauveur déchu et abimé». Je suis prêt à tout te donner. Y compris ma personne.
Je laisse quelques secondes passer avant de finir ma tirade:
- Je suis amoureux de toi, Draco Malfoy. Fou amoureux de toi.
A ce stade, j'ai les larmes aux yeux et je ne dois pas faire très bonne figure, mais je me fiche d'avoir l'air détruit face à lui.
Il se lève, et je m'élance vers lui. Nous ne courons pas, mais nos pas sont pressés de réduire les quelques mètres qui nous séparent encore.
Son corps percute le mien et j'attrape sa nuque pour coller ses lèvres aux miennes.
C'est pressant, nos dents se cognent sous la violence de l'impact mais nous ne nous arrêtons pas à cette légère douleur et nous nous embrassons. Par Merlin, j'ai l'impression de revivre.
Je veux cet homme avec toutes les fibres de mon âme et de ma magie.
Je le pousse pour le faire s'asseoir sur son bureau et il écarte les jambes pour me laisser m'insérer entre elles et laisser nos corps se compléter à nouveau.
Nous nous laissons un peu d'air et je le vois sourire.
Un vrai sourire.
Le plus beau que j'ai jamais vu.
Un sourire débordant de bonheur… et d'amour.
Et je souris avec lui.
Comme deux débiles, comme deux fous essoufflés, nous sourions comme nous ne l'avons jamais fait de nos vies.
Nous sourions à notre lien, notre relation, notre dernier renouveau.
Dans un souffle, sans se départir de son expression faciale, l'homme de ma vie me souffle un:
- Je t'aime.
Juste avant que nous ne fassions l'amour, là, sur son bureau.
Deux semaines plus tard…
Je ne suis pas retourné au Terrier depuis deux semaines. Je les ai bien évidemment prévenus et Hermione a parfaitement gardé mon nouveau secret. Même Ron ne sait rien.
Aujourd'hui est un grand jour.
J'amène Draco au Terrier… et au passage, je leur annonce la nouvelle.
Je savais que je ne voulais pas vivre toute ma vie au Terrier, mais je ne voulais pas les blesser en partant, qu'ils se sentent abandonner, que je les trahisse, en quelque sorte.
Mais j'ai finalement compris que j'ai le droit de vivre ma vie aussi, tant que je leur montre mon respect, ma profonde gratitude et mon amour.
Nous allons partir à la découverte du monde.
Il n'est jamais aller ailleurs qu'en Angleterre et en France, pays de ses origines. Je n'ai jamais quitté l'Angleterre.
Il y a des communautés sorcières partout, et je veux en découvrir le maximum.
Vivre pour la première fois de ma vie, des aventures positives. Au revoir à la guerre, l'espionnage, les combats, la souffrance. Bonjour au voyage, l'amour, la bonne adrénaline, la découverte, la magie domestique.
Nous allons commencé par l'Europe, puis l'Asie, puis peut-être l'Amérique, qui sait vraiment?Nous allons suivre nos envies, nos caprices. Nous avons la chance d'avoir à nous deux, l'argent suffisant pour combler tous nos désidératas.
Lorsque nous arrivons, tout le monde est là, à nous attendre.
Ils sont vraiment sous le choc lorsque je tiens la main à Draco devant eux. En effet, non seulement je sors avec un Malfoy, considéré comme un ancien Mangemort, mais en plus un homme, donc j'avoue au passage aimer aussi les hommes. Enfin non, seulement un dans l'immédiat.
Je souris à cette pensée et malgré leur gêne évidente, surtout au vu de l'identité du fameux amoureux, ils font des efforts pour s'intéresser à lui et rester courtois.
Très vite, ils se détendent et Draco arrive à les convaincre du bien-fondé de notre amour.
J'épargne les questions redondantes et habituelles qui sont posées à tout nouveau couple: «depuis combien de temps, comment, pourquoi» etc.
Les jumeaux me font très vite des blagues salaces dans l'oreille, ce que je trouve très drôle et dont ma répartie sur le sujet les ravis.
Ginny a les yeux exorbités depuis le début mais elle s'y fera, je la connais et je lui fais confiance. Je lui prouverai qu'elle peut, elle aussi, se reposer sur moi.
Hermione est morte de rire devant les réactions de tout le monde, et Ron, bien que visiblement gêné, fait de son mieux pour être agréable avec Draco.
Si Molly reste très silencieuse contrairement à d'habitude, son mari trouve très impressionnante la mécanique qui fait tourner le Bag'lette.
Lorsque je leur annonce mon départ, en leur précisant toute ma reconnaissance, mon amour pour eux, et tous les remerciements possibles… Molly se met à pleurer.
Je la prends dans mes bras et lui assure qu'elle ne me perdra pas. Je prends juste mon envol, mais aucun gryffond n'oublie son nid.
Nous nous faisons un câlin familial géant, entre pleurs et rires, car c'est une nouvelle aventure, des changements, et même lorsqu'ils sont positifs, ils font peur car ils cassent un équilibre.
C'est une belle définition de la vie.
Draco à la bonne idée de nous prendre en photo à ce moment-là, et je la laisse à ma famille, comme gage qu'ils ne me perdront pas.
Je ne peux pas abandonner ma famille. Mais je comprends leur peur.
Si je ne décris pas plus ce moment, c'est parce que cette histoire ne concerne que Draco et moi. Draco et Harry. Harry et Draco. Nous sommes le centre de notre propre système solaire, et tout nos proches sont les planètes qui gravissent autour.
Alors trêve de bavardages, et nous revoilà Draco et moi.
Nous rentrons en balais, pour le plaisir de voler, jusqu'à son appartement. Nous partons demain.
Demain, nous partons vivre notre vie. Nous avons tous les deux enfin arrêter de survivre, de subir la vie. Nous allons pouvoir apprendre à respirer à pleins poumons, à se laisser tomber en toute confiance, à déclencher notre adrénaline de par nos aventures, de ne jamais être des gens biens, comme il faut.
Non.
Nous serons juste nous.
Tout ça pourrait paraitre trop simple et trop beau, mais n'est-ce pas là le but même de l'amour? De simplifier et d'embellir la vie?
Cette histoire est le reflet d'une renaissance simple, parce qu'elle est évidente. Parfois, il faut se contenter de suivre le chemin qui est déjà tracé devant nous.
- Dis Harry, je t'ai déjà dis pourquoi le Bag'lette s'appelle comme ça?
- Non? Dis-moi?
- C'est le mélange parfait entre baguette et branlette.
Fin.
