CHAPITRE 11

2 Décembre 1977

Dans la salle de bain, Ethel s'observait méthodiquement dans le miroir. Ses cheveux châtains étaient savamment attachés en un chignon déstructuré fait par les mains de Marlène. Ses yeux bleus étaient soulignés d'un fin et long trait de liner. Elle avait ainsi , grâce à l'ajout du mascara, des yeux de biches. Ses lèvres fines semblaient désormais pulpeuses suite à l'application d'un rouge à lèvres de couleur rouge et ses pommettes étaient sublimées par un délicat usage de blush. C'était Marlène qui l'avait transformé de cette manière. Pourquoi ?

La soirée de Slughorn.

Ou pour les intimes, le club de Slug'.

Pour l'occasion, Marlène et Dorcas avaient pu faire joujou avec Ethel et Lily. Elles étaient toutes les deux invitées à la soirée, tout comme Sirius et James. La châtaine n'était pas vraiment ravie d'y aller à cause de toute l'hypocrisie qui y régnait. Cependant, Ethel ne pouvait nier que cela pouvait s'avérer utile pour l'avenir. Durant ces soirées, le professeur amenait souvent du « beau monde » comme aimait dire ce cher vieux Slug'. Cela leur créait des relations et si comme Lily, on voulait faire de la politique, ça propulsait littéralement la carrière.

Sortant de la salle de bain, Ethel fit alors une pirouette pour montrer à Marlène l'effet de sa robe sur la Doge. En effet en acceptant l'offre de Slughorn, Ethel avait quelque peu oublié qu'elle n'avait pas emmené de robe dans sa malle. Et en oubliant ceci, la Gryffondor n'était donc pas allé à Pré-au-Lard pour en acheter une. La jeune femme n'avait donc toujours pas de robe lorsque Lily lui a rappelé cet après-midi qu'elle avait accepté de se rendre à cette soirée. Cela lui était complètement sorti de la tête puisque généralement elle refusait toujours les offres de son professeur de Potions.

Heureusement pour elle, Marlène restait féminine à toutes épreuves ainsi elle avait quelques robes dans sa malle et a pu lui en proposer une qui était à sa taille. Alors, Ethel arborait maintenant dans le dortoir, une robe noire assez classique. Elle lui arrivait aux genoux et la seule fantaisie se trouvait dans le dos. En effet une partie du dos était uniquement composé de dentelle.

Marlène frémit d'excitation en la voyant ainsi et lui prêta une paire de chaussures. Des chaussures à talons. Ethel réprima ses grognements et les enfila avant de leur lancer un sortilège de confort. Hors-de-question qu'elle ait mal toute la soirée. Heureusement qu'elles étaient à sa taille. C'était quand même assez pratique de faire la même taille que sa camarade de dortoir.

Marlène était littéralement en extase devant Ethel et la rousse. S'en était presque pitoyable, mais comme c'était son amie cela amusait Ethel plus qu'autre chose. D'ailleurs Lily était très belle, elle avait enfilé une sublime robe bleue qui la mettait incroyablement en valeur. Ses cheveux avaient été finement tressés par Dorcas pour en faire un magnifique chignon et elle portait des sandales à talons haut.

Enfin parées, les jeunes femmes laissèrent leurs camarades dans le dortoir. Avant de descendre l'escalier menant à la salle commune, Ethel ne put s'empêcher de regarder Mary. La née-moldue n'avait pas tellement participé aux réjouissances de ses camarades. Elle, qui était habituellement si joyeuse, était encore marquée par la perte de sa famille. Bien sûr cela ne faisait qu'un peu plus d'une semaine donc c'était tout à fait normal, mais Ethel ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter.

Dans la salle commune, Lily retrouva James en l'embrassant amoureusement alors qu'Ethel resta en retrait et échangea un regard amusé avec Sirius. Elle mit sa cape sur ses épaules avant de sortir dans les couloirs de Poudlard. Elle frissonna légèrement. Il n'y avait pas de doute l'hiver était désormais bien arrivé.

- Alors prête pour le club de Slug' ? demanda Sirius moqueur.

Elle lui asséna un regard peu amène. Bien sûr que le Black allait la taquiner. C'était évident qu'Ethel redoutait la soirée de ce soir, elle évitait les soirées de Slughorn depuis si longtemps. Elle soupira avant d'ignorer la remarque et demanda :

- Lily et James ne sont pas là ?

- Je les ai laissés en amoureux, certifia-t-il d'un clin d'œil.

- Je vois ... fit doucement Ethel.

Ils marchèrent silencieusement dans les couloirs. Ils n'avaient pas grand-chose à se dire. Ils s'étaient vus toute la journée en cours et il fallait bien le dire Ethel s'échappait dès qu'elle le pouvait. Elle avait beau apprécier ses camarades. Elle appréciait toujours autant de se retrouver seule pour travailler. Ce jour-là, elle n'avait pas pu prendre de temps pour elle. Elle apprécia donc le silence apaisant qui flottait entre eux.

C'était le calme avant la tempête. Alors qu'ils approchaient de plus en plus des quartiers de leur professeur de Potions, elle entendait la musique et les gens rires. Elle inspira discrètement avant de toquer à la porte. Celle-ci s'ouvrit rapidement sur un serveur embauché pour l'occasion. Il les accueillit poliment et récupéra la cape de Ethel.

La châtaine s'avança alors et découvrit une pièce remplie d'élèves plus ou moins vieux. Le professeur Slughorn ravi flânait entre eux accompagné de deux adultes. Sûrement des invités prestigieux qu'il souhaitait présenter. Dès qu'il les vit, il s'avança vers eux avec un grand sourire. Ethel paniqua alors et laissa Sirius à son titre sort. Elle partit près du buffet et prit un verre de champagne. Si elle devait faire face à son professeur autant le faire avec de l'alcool dans le sang.

Elle le but doucement, mais failli s'étouffer en voyant le nouvel arrivant. Jeremiah Goldstein saluait avec son air nonchalant le professeur, ses invités et un Sirius particulièrement amusé. Seulement ce n'était pas sa présence qui surprenait Ethel, après tout le préfet-en-chef avait de grandes ambitions. Non, c'était la présence de Vanessa Corner qui pendait son bras. La Serdaigle affichait une attitude supérieure comme si elle avait obtenu le gros lot.

Ethel roula des yeux et but d'une traite son verre, avant d'en prendre un autre et de le boire cul sec. Il lui faudrait au moins cela en fait. Voir ce spectacle la dégoûtait. Ce couple n'avait rien de naturel, mais tant mieux ils se complétaient bien entre opportunistes.

- Eh bien ... C'était une sacrée descente, commenta une voix grave.

Surprise, elle tourna son regard vers le nouvel arrivé. Grand brun, des épaules carrées et des yeux verts, Daniel Summerby se tenait à ses côtés. Actuellement batteur émérite et capitaine de l'équipe de Poufsouffle, il était aussi un de ses anciens amants. Non pas que la liste soit très longue, elle ne comprenait que cinq noms, mais il avait été le dernier en date avant Jeremiah. Ils s'étaient trouvés vers le printemps dernier suite à sa dispute avec Lily et ça s'était naturellement finis au moment de l'été.

- Il me faut au moins ça pour survivre à la soirée ... avoua-t-elle.

- Je comprends, rigola Daniel, je ne suis là que parce que Slughorn m'a promis de me présenter à des sélectionneurs.

- Toujours aussi à fond dans le Quidditch ? demanda naturellement Ethel.

- Toujours, confirma le Poufsouffle.

Ethel reprit une nouvelle coupe de champagne alors que Jeremiah Goldstein et Vanessa Corner passaient devant eux. La blonde adressa au passage un regard noir et la Gryffondor comprit immédiatement que le préfet-en-chef lui avait parlé de ce qui s'était passé entre eux.

- Je ne sais pas ce que tu lui as fait, mais elle a l'air de t'en vouloir, rigola le batteur.

- Elle doit avoir peur que je lui pique son rendez-vous, mais là-dessus pas de soucis ... soupira Ethel. Je lui laisse volontiers Goldstein ...

- Pourquoi il est si nul que ça au pieu ? blagua Daniel.

- Oh non, affirma la jeune femme, cette partie ça va. Ce qui pose problème, c'est quand il ouvre la bouche pour parler.

Pensive, elle observa autour d'elle tout en buvant à nouveau dans sa coupe. La châtaine tilta enfin et fronça les sourcils en regardant son interlocuteur :

- Comment tu sais pour Jeremiah et moi ?

- La tête que tu as fait quand il t'a proposé d'aller à Pré-au-Lard était mémorable, rigola Daniel avant d'ajouter plus doucement, et on sait tout les deux ce qu'il entendait par "on s'était mis d'accord sur tout autre chose" ...

- Tu as vu ça ? s'étonna la jeune femme.

- C'était difficile à manquer ! assura le batteur, Goldstein le si précieux préfet-en-chef qui demandait un rendez-vous à une fille ! C'était du jamais vu ! Toute la Grande Salle vous regardait.

- Tu m'étonnes que Corner me déteste, marmonna Ethel.

Alors qu'elle buvait une nouvelle gorgée de champagne, elle vit ses camarades la rejoindre. Lily et James avaient un air de bienheureux sur le visage alors que Sirius suivait les mains dans les poches. Avec air de reproche, il s'approcha d'elle avec le doigt pointé dans sa direction :

- Toi ! Tu vas payé !

- Sirius, tu vas vraiment reprendre cette phrase à chaque fois ? souffla Ethel en roulant des yeux.

- Pour sûr ! rigola le Black. En tout cas, tu t'es dégonflé ! Tu m'as laissé tout seul avec Slug' ! Tu vas payé et je n'ai pas encore utilisé le service que tu me dois.

Ethel lui lança un regard d'avertissement. Le brun savait très bien qu'il n'était pas supposé abordé ce sujet devant leurs camarades. James et Lily leur lançait d'ailleurs des regards perdus, tandis que Summerby semblait particulièrement amusé. La jeune femme crut qu'elle allait mourir sur place.

- Et justement ça tombe bien, j'ai un problème que tu peux m'aider à régler ! finit Sirius avec un air carnassier.

- On verra demain, soupira Ethel. En attendant, moi je rentre ... Y a rien pour moi ici ...

- Bonne nuit, avança doucement Lily.

Ethel enlaça doucement son amie avant de souhaiter une bonne soirée à ses camarades. Elle allait partir quand Daniel Summerby proposa :

- Je te raccompagne ? Il n'y a aucun sélectionneur ce soir.

D'un regard nouveau et appréciateur, elle analysa le batteur habillé dans sa tenue habillée. Sa chemise moulait ses muscles et ses épaules carrées. Avec un fin sourire, elle accepta d'un hochement de tête avant de partir au bras du Poufsouffle sans s'apercevoir du regard pensif que lui lançait Sirius.

Une fois qu'elle eut récupéré sa cape, ils rejoignirent les couloirs calmes et frisquets. Sans rien se dire, Daniel la guida à travers les couloirs. Alors qu'ils approchaient de la Tour Gryffondor au détour d'un virage sombre, le Poufsouffle la plaqua sans vergogne contre le mur et l'embrassa à pleine bouche. Si Ethel apprécia le baiser, elle répondit réticente à ses avances. Elle n'avait pas été surprise loin de là. Daniel lui avait déjà fait le coup plus d'une fois.

Cependant, le baiser paraissait étrange comme si la personne qui répondait aux avances du Poufsouffle n'était pas elle. La jeune femme sentait l'attraction physique, mais elle avait l'impression d'observer la scène d'un point de vue extérieur. Cela n'était pas correct. Ça n'aurait pas dû être comme ça. Et alors que le batteur passait ses mains larges sous ses fesses, Ethel ne put s'empêcher de s'éloigner et de le repousser.

- Je suis désolée ... souffla-t-elle essoufflé, mais ça n'est pas naturel ?

La Gryffondor se dandina gênée contre le mur. Elle-même ne savait pas bien pourquoi elle avait arrêté. Cela lui avait juste parut impossible de continuer, cependant le batteur sembla le réaliser pour elle puisque ses yeux s'illuminèrent d'une lueur compréhensive. Il déclara alors :

- T'inquiète pas, je comprends.

- Vraiment ? s'étonna Ethel. Parce que même moi je n'arrive pas à me l'expliquer ...

- Tu n'as pas encore réalisé, affirma Daniel doucement, c'est tout.

- Réalisé quoi ? fit la jeune femme perdue.

- Rien de grave, rigola le batteur.

Perdue, Ethel regarda son ancien amant. Il semblait particulièrement amusé, mais la jeune femme n'arrivait pas à mettre le doigt sur la raison du pourquoi. La Gryffondor était déjà bien assez perdue dans ce qu'elle avait ressenti quelques instants plus tôt, alors elle abandonna. Elle comprendrait sûrement un jour.

- Bon je vais te laisser ? demanda le Summerby incertain. Ça va aller ?

- Je pense ... soupira Ethel. Je connais encore le chemin jusqu'à ma salle commune.

- Super, souri Daniel, au revoir Ethel.

La jeune femme ne lui répondit pas encore chamboulée. Pourquoi avait-elle l'impression que c'était plus qu'un simple au revoir ? Pourquoi se sentait-elle différente ? Ethel secoua la tête. Ce n'était pas le moment de poser ce genre de questions. Elle inspira profondément avant de rejoindre distraitement la salle commune de Gryffondor. Elle remonta dans son dortoir aussi vite qu'elle le put. Les filles n'étaient pas couchées, mais Ethel éloigna les questions rapidement. Après s'être démaquillée et changée, elle alla se coucher sans plus attendre. Ce soir-là, elle avait l'esprit occupé et la jeune femme eut du mal à s'endormir.

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3 Décembre 1977

Le lendemain, c'est une Ethel de sacrément mauvaise humeur qui s'installa dans la Grande Salle pour son petit-déjeuner. En face d'elle se trouvait Dorcas et Marlène, tandis que Lily et Mary l'entourait. Aucune n'avait osé dire un mot à la jeune femme en voyant son humeur du jour. Après que Ethel ait entamé une bonne partie de son petit-déjeuner, c'est Lily qui entama le sujet sensible :

- Quelque chose s'est passé hier soir ?

- Il ne s'est rien passé, marmonna Ethel en fixant son assiette.

- Tu es sûre ? demanda Dorcas suspicieuse. Hier soir, tu paraissais distraite en revenant ...

- Summerby t'a raccompagné, il s'est passé quelque chose avec lui ? demanda Lily inquiète.

- Il ne s'est rien passé, grogna Ethel.

- Le capitaine de Poufsouffle t'a raccompagné et il ne s'est rien passé ? s'étonna Marlène.

- Il ne s'est rien passé, répéta la châtaine.

- Ne fais pas croire ça, fit l'écossaise moralisatrice. D'habitude, je te laisse tranquille Ethel, mais on est toutes au courant pour tes relations. Tu ne peux pas avancer ce genre de choses comme ça.

- Il ne s'est rien passé, certifia à nouveau Ethel en levant les yeux vers ses camarades.

Un silence accueillit ses paroles. Ethel sentait que cette fois-ci ses camarades de dortoir avaient compris. Comme pour confirmer, Marlène regarda autour d'elles avant de se pencher vers Ethel et de murmurer :

- Il ne s'est rien passé ? Rien ?

- Rien, confirma la châtaine.

- Mais pourquoi ? questionna Lily.

- Je ne sais pas ... avoua Ethel toujours aussi perdue.

- Tu ne sais pas ? insista Dorcas. C'est pas compliqué à savoir pourtant. C'est quoi alors ? Il t'a repoussé ou alors il ne t'as pas fait d'avances ?

- Non ce n'est pas ... soupira Ethel. C'est moi qui l'ai repoussé ... Je ne sais pas pourquoi ...

- Tu refuses les avances d'un des plus beaux mecs de Poudlard et tu ne sais pas pourquoi ? rigola Marlène. Par Merlin, qui que vous soyez rendez-nous Ethel Doge !

- Je suis perdue, d'accord ? chuchota furieusement la châtaine. Je ne sais pas pourquoi ! C'est juste que ça ne paraissait pas normal ! Ce n'était pas naturel !

- Oh ... sembla comprendre Lily.

Le visage de la rousse se para d'un sourire bienveillant alors que des grimaces apparurent sur le visage de Dorcas et Marlène. Mary, elle, souriait doucement en observant ses amies. Ethel soupira à nouveau. Marlène sembla vouloir poser une question, mais au même moment les garçons se joignirent à elles. James s'installa avec un grand sourire près de sa petite amie, tandis que Sirius s'asseyait en face à côté de Dorcas. Remus serra tendrement Mary dans ses bras. Peter se servit une assiette bien remplie près de Marlène, qui la regardait avec un regard dégoûté. Après s'être détourné de Peter, la blonde se pencha à nouveau et chuchota :

- Tu vas faire quoi avec Summerby ? Il a réagi comment ?

- On s'est quittés cordialement, murmura difficilement Ethel. Et je ne vais rien faire !

- Tu ne vas rien faire ? s'étonna doucement Marlène. Tu ne vas pas retenter le coup ?

- Pour le rejeter une nouvelle fois ? s'énerva Ethel. Je suis pas sûre qu'il le prenne aussi bien ! Et puis il ne s'est rien passé la première fois, je pense que ça suffit d'une fois, non ?!

L'écossaise lança des regards embarrassés autour d'elle et Ethel se rendit compte qu'elle avait élevé le ton. Si Dorcas, Mary et Lily affichaient un air aussi gêné que Marlène, les garçons regardaient la situation un peu perdus. James fut le premier à briser la glace :

- Il se passe quoi là ?

Alors que ses camarades de dortoir échangeaient des regards lourd de sens,Ethel roula des yeux. La jeune femme termina son verre d'une traite, tandis que les garçons réalisaient que l'attention des filles était sur Ethel. Remus la regarda inquiet et demanda attentif :

- Tu as un problème Ethel ?

- Summerby t'a fait quelque chose ? demanda James bizarrement censé.

- Non, répondit la châtaine avant d'ajouter en soupirant, et rien ... justement.

La Gryffondor se leva sans plus de cérémonie et déclara déterminée :

- Sur ce je vous laisse, je dois retrouver mon frère à Pré-au-Lard. Les filles, arrêtez-vous de vous inquiéter ! Tout va bien !

Avec les sourcils haussés, Marlène l'a regarda, peu convaincue. Dorcas semblait amusée, tandis que Lily et Mary souriaient doucement. Ethel s'éloigna en les saluant avant de se souvenir de quelque chose. Elle s'arrêta au niveau de James et Sirius. Ce dernier était pensivement en train de manger ses pancakes quand la jeune femme lui précisa :

- Black, je serais au Trois Balais si tu as besoin.

Un peu perdu, le brun releva la tête, mais son visage finit par s'illuminer avec malice. Il avait fini par comprendre qu'elle lui parlait du service qu'il lui avait demandé. Sirius hocha la tête et Ethel s'en alla enfin laissant derrière elle des Gryffondor plus que paumés. Sans plus attendre, la jeune femme alla récupérer sa cape, son écharpe et son sac au dortoir avant d'aller rejoindre les calèches.

Dans sa calèche, elle était avec des troisièmes particulièrement excités, mais elle les ignora et se contenta d'observer le paysage. La nature avait revêtu son manteau de neige. Le nez bien caché dans son écharpe Gryffondor, elle sortit quelques minutes plus tard de la calèche. Elle marcha vivement jusqu'au bourg du village sorcier tout en observant soigneusement autour d'elle. Sans trop de mal, elle finit par apercevoir la silhouette familière d'un grand brun. Ethel sourit grandement et se jeta sur son frère :

- Edric ! Comment ça va, idiot ?!

- Ça va très bien sœurette et toi ?

- Ça peut aller, répondit Ethel incertaine.

- Oh toi ! Tu as des choses à me raconter ! Rigola Edric. Aller viens ! Je vais t'offrir une bièraubeurre !

- Mais non, tout va bien ! fit la jeune femme avec une mauvaise foi évidente.

Cela ne fit qu'amplifier le rire de son grand frère. Le diplomate l'entraîna sans lui laisser le choix vers les Trois Balais. Edric salua alors avec confiance Rosmerta et quelques minutes plus tard, ils étaient attablés dans un coin tranquille de l'auberge avec deux chopes de bièraubeurre. Ils parlèrent joyeusement pendant plusieurs heures. Finalement, l'heure du déjeuner arriva et les Doge commandèrent une tourte au bœuf qu'ils partagèrent avec d'autres bièraubeurres. Ethel prit alors des nouvelles de son frère et il lui raconta tout de son travail à l'Ambassade sorcière de Paris. Après de longues minutes de discussion, elle demanda amusée :

- Sinon, est-ce que tu as trouvé une jolie française à nous ramener à la maison ?

- Figure-toi que oui, rigola Edric.

- C'est vrai ?

Le diplomate hocha la tête. Il avait un petit sourire tendre sur les lèvres. Ethel n'avait jamais vu son frère aîné ainsi. Elle le questionna donc avidement :

- Nom ? Âge ? Profession ? Rencontre ? Description physique ? Caractère ?

- Doucement ... rigola Edric.

La jeune femme se tut et observa attentivement son frère. Celui-ci reprenait une gorgée de sa bièraubeurre et sourit doucement en voyant le regard si vif de sa sœur. Edric finit par répondre avec tendresse :

- Elle s'appelle Caroline Delacour. Elle a 20 ans comme moi. Elle étudie pour devenir Guérisseuse. Je l'ai rencontré grâce au travail, c'est la sœur d'un collègue. Elle est très belle, blonde et des yeux bleu foncé. Elle est très douce, mais Merlin sait qu'il ne faut pas la chercher !

- Eh beh, c'est bien la première fois que je te vois parler avec autant de tendresse ! J'ai hâte de rencontrer cette fille qui te fait parler comme ça, assura Ethel.

- C'est gentil, remercia Edric avant d'ajouter malicieusement, et toi alors ? J'ai entendu des rumeurs comme quoi il y avait un certain Sirius Black dans l'équation ...

Ethel roula des yeux avant de reprendre une grosse lampée de sa bièraubeurre. D'un geste de la main, elle balaya le sujet :

- Je sais que vous parlez beaucoup entre Serdaigle, mais je t'assure qu'il n'y a rien avec Sirius. C'est juste Corner et Goldstein qui se sont montés le chou, si tu veux mon avis !

- Vraiment ? Alors ce n'est pas lui qui vient vers nous ? s'assura Edric avec malice.

- Hmm si ... confirma Ethel en fronçant les sourcils. Mais je lui avais promis de l'aider pour quelque chose ...

- Vraiment ? fit son grand frère amusé.

La jeune femme posa son regard énervé sur lui. Il prenait un bien trop grand plaisir à la taquiner. Elle but une autre gorgée de sa chope et elle allait le réprimander, mais c'était trop tard. Sirius était devant leur table avec un grand sourire :

- Bonjour Doge, ça te dérange si je t'emprunte ta sœur ? J'ai besoin d'aide pour quelque chose.

Ethel lança un regard outré au Black. Elle n'était pas une chose et elle pouvait s'exprimer d'elle-même par Merlin ! Avec véhémence, elle le reprit :

- Je ne suis pas une chose que tu peux emprunter, Black.

- Je sais bien Ethel ! rigola le brun. C'est une manière de parler !

- Ça ne justifie rien, certifia la châtaine avant d'ajouter avec mauvaise foi. Idiot !

La jeune femme tourna alors son regard vers son grand frère. Celui-ci regardait la scène avec les sourcils haussés. Il paraissait à la fois étonné et particulièrement amusé. Avec un fin sourire, il finit sa bièraubeurre et déclara :

- Je vais vous laisser. Si les parents apprennent que je suis au Royaume-Uni et que je n'ai pas été les voir, je risque de faire des mécontents. Tu les connais ...

Il se leva et aller embrasser le front de sa sœur avant de s'éloigner :

- Je vais payer l'addition. Bye ! N'oublie pas de répondre à mes lettres.

Ethel fusilla du regard son frère avant de le porter sur un Sirius particulièrement content qui venait de s'asseoir en face d'elle. D'un geste nonchalant, il attrapa sa chope de bièraubeurre et Ethel le laissa faire, blasée. Elle n'était plus à ça près. Peu amène, elle lui demanda :

- Qu'est-ce que tu veux ?

- Ne sois pas si dure Ethel, réclama Sirius mielleux. J'ai attendu le plus longtemps possible pour venir te voir ! Regarde, il est 15 heures passées !

Il lui mit sa montre pile sous son nez et Ethel roula des yeux, avant de remettre la main de Sirius sur la table. Elle soupira et se résigna :

- Très bien. Explique moi, quémanda Ethel.

- Tu vois la brune bien foutue assise au bar ? questionna Sirius.

La jeune femme faillit soupirer de dépit, mais se reprit et observa le bar derrière lequel s'agitait la jeune serveuse Rosmerta. Assise au bar, il y avait bien une brune aux cheveux courts et qui avait un corps bien proportionné. Ethel hocha alors la tête et Sirius continua :

- C'est Bethany Stebbins, une Serdaigle de notre année. Il se pourrait que j'ai fricoter un peu avec elle sans plus ... Sauf que depuis quelques jours, elle est toujours sur mon dos ! Je ne sais pas pourquoi ... Mais c'est lourd !

- C'est pas une des copines à Vanessa Corner ? demanda la jeune femme sceptique.

- Si sûrement ... souffla le Black. Elle traîne toutes ensembles les filles de Serdaigle.

- Alors je sais pourquoi, affirma Ethel.

- Vraiment ? s'étonna Sirius.

Elle détourna le regard de la Serdaigle et regarda son ami. Il n'avait l'air d'avoir aucune idée de ce qui aurait pu se passer. Avec un soupir, elle expliqua :

- Corner sort avec Goldstein maintenant. Elle a dû apprendre ce qui s'est passé entre lui et moi ... Donc elle doit savoir aussi pour ce qu'on a fait pour l'éloigner ...

- Tu veux dire le baiser ? précisa amusé Sirius.

- Oui, le baiser, confirma Ethel blasée. Toujours en est-il que Corner a dû en parler avec ses copines ...

- Ah oui, pas bête ... compris le Black.

- Oui, pas bête ... reprit la jeune femme. Stebbins doit essayer de marquer son territoire ...

- Oui et bien, c'est peine perdue ! Déclara le brun avant d'ajouter avec un clin d'oeil. Surtout que tu es là pour m'aider.

- C'est bien beau ça, soupira Ethel, mais on fait quoi ?

- Continue à toucher ma main déjà, rigola Sirius, je termine ta bièraubeurre.

En fronçant les sourcils, Ethel réalisa alors qu'elle n'avait pas enlevé sa main de celle de Sirius. Elle avait dû la laisser après avoir remis celle du Black sur la table. Avec un soupir, elle la laissa alors qu'elle le regardait finir sa chope. Elle se laissait vraiment trop marcher sur les pieds par lui. Finalement, il la termina d'une traite et lui indiqua d'un signe qu'ils y allaient. Ethel se vêtit de sa cape et enroula son écharpe autour de son cou. A peine cela avait été fait que Sirius lui attrapa la main et l'entraîna dehors.

Ils remontèrent le long de la petite rue d'un pas vif. Sirius paraissait particulièrement ravi alors qu'Ethel essayait de ne pas mourir de froid. Sa main droite dans la poche de sa cape et son nez dans son écharpe, elle aurait aimé mettre son autre main dans sa cape. Seulement l'emprise ferme de Sirius sur celle-ci l'en empêchait. La jeune femme regarda alors derrière eux, anxieuse. Elle affirma la voix incertaine :

- Elle ne nous suit pas ...

- Ne t'inquiète pas, assura Sirius confiant, Elle va finir par le faire ...

- Ralentis alors, conseilla Ethel, elle ne va pas nous trouver sinon ...

- Ah oui, pas bête ...

La jeune femme roula des yeux alors que le Black ralentissait. Cependant, il se dirigeait toujours doucement, mais sûrement vers la ruelle où ils s'étaient cachés la dernière fois. Après un dernier regard autour d'eux, il augmenta légèrement la cadence en précisant :

- Elle nous suit maintenant ... Elle est allée chercher Corner.

- Quoi ?! s'exclama la châtaine.

- Calme-toi, on est censé être des amoureux secrets et non pas en dispute ! rappela le Black.

Ethel faillit répliquer avant de se reprendre. Il n'avait pas tout à fait tord, mais Ethel n'arrivait pas à faire semblant. Ils arrivèrent finalement dans la petite ruelle et la jeune femme lança un regard interrogatif à Sirius. Celui-ci haussa des épaules en faisant mine que c'était son tour de réfléchir. Il s'appuya dos au mur et amusé, il croisa ses bras. La châtaine grogna le Black prenait un malin plaisir à la voir s'agiter ainsi. Furieuse, elle le regarda dans le blanc des yeux plusieurs secondes avant d'entendre des pas s'approcher.

Paniquée, elle s'approcha alors de lui et tenta d'avoir l'air attiré par le Black. Chose qui était assez peu compliquée. Il ne fallait pas se mentir Sirius était attirant surtout lorsque celui-ci entourait déjà ses hanches de ses bras musclés par le Quidditch. Ses yeux gris profonds se plantèrent alors dans les yeux perdus d'Ethel. Sirius la regardait avec intensité et comme dans une interrogation muette, il se pencha légèrement vers son visage. Ethel combla alors les derniers centimètres qui les séparaient et posa ses lèvres sur celles de Sirius.

Ce qui n'était qu'un simple baiser se transforma rapidement. Ethel, au son des chuchotements, avait glissé sa langue dans la bouche du Black. Celui-ci lui répondit avidement alors que ses mains bougeaient pour rejoindre le creux de ses reins.

La jeune femme s'agrippa au cou du brun titillant le début de ses cheveux tout en se collant un peu plus à son corps. Il réagit dans un grognement et resserra sa prise sur elle baissant même une de ses mains sur ses fesses. Ethel lui mordilla la lèvre inférieure alors qu'elle glissait sa main droite sur son épaule pour le pencher un peu plus vers elle. Sirius remonta alors sa main qui était sur sa hanche pour atterrir dans ses cheveux et approfondir un peu plus le baiser. La jeune femme gémit doucement et plaqua un peu plus si possible ses hanches à celles du Black.

Leurs langues formaient un manège qu'elles seules connaissaient, mais par Merlin ! Qu'est-ce que c'était grisant ! Les minutes passèrent sûrement sans qu'aucun ne fasse un geste pour s'éloigner. Ils avaient oublié la même raison pour laquelle ils s'embrassaient si avidement. Ils s'embrassaient et c'était tout ce qui comptait.

Finalement, ce fut Sirius qui se détacha en premier. Il la regardait les yeux écarquillés avec la respiration saccadée. Par réflexe, Ethel observa le bout de la ruelle et il n'y avait plus personne à l'horizon. Depuis combien de temps étaient-ils seuls ? Depuis combien de temps avaient-ils perdus le fil ?

Soudainement la jeune femme réalisa dans quelle position ils se trouvaient et se sépara du corps de Sirius comme s'il l'avait brûlé. Déboussolée, elle passa sa main dans ses cheveux décoiffés et tourna en rond quelques instants. Elle regarda ensuite le Black. Il semblait avoir repris contenance et la regardait maintenant amusé. Elle le désigna alors de l'index et l'avertit :

- Ne rigoles pas, idiot !

Sirius leva les mains en l'air signe qu'il n'en ferait rien. Cependant il avait beau agir ainsi, le Black ne pouvait pas enlever le fin sourire malicieux de ses lèvres. Furieuse, elle tapa alors le torse de Sirius avec son index en indiquant :

- Je t'ai aidé. Point. On garde ça pour nous. Pas un mot aux autres. Compris ?

Sirius hocha la tête avec sérieux. Ethel souffla alors discrètement de soulagement avant de partir aussi vite que possible. Car, quand une situation lui échappait la meilleure solution qui lui restait, c'était la fuite. Elle fuyait la conservation gênante qui pourrait irrémédiablement arriver. Elle fuyait Sirius et son visage bien trop malicieux. Elle fuyait ce baiser bien trop agréable. Elle fuyait son envie de recommencer.