Chapitre 39: La Danseuse
«Hé. Hé! Réveille-toi!»
Naegi grommela, à moitié endormi.
«J'ai dit, réveille-toi!»
Naegi ouvrit les yeux et eut un sursaut en découvrant que les menottes avaient été retirées de son poignet. «Que...?
-Enfin! Tu sais depuis combien de temps j'attends, là? Je suis pas venue jusqu'ici pour voir un garçon stupide et paresseux rester au lit toute la journée!
-Ah, désolé!» Naegi se hâta de se redresser en position assise, et se frotta les yeux. «Je ne savais pas que tu devais venir me voir, Saionji-san.
-Evidemment.» La Danseuse croisa les bras avec une moue boudeuse. Dans sa main pendait une clé pour ses menottes. (Est-ce que tout le monde avait une clé?) «Pourquoi tu t'attendrais à ce que quelqu'un comme moi vienne te rendre visite?
-Euh...» Est-ce que c'était une question rhétorique?
«Hé bah, devine quoi? J'ai décidé d'être gentille et de t'épargner de passer toute la journée avec cette... cette Infirmière merveilleusement attentionnée!»
C'étaient des tourbillons de désespoir. Il n'y avait aucun doute que c'étaient des tourbillons du désespoir.
Parfois, le désespoir paraissait absolument ridicule.
«… Merci, dit-il avec prudence.
-Ouais, qu'importe. Maintenant écoute bien! J'ai quelque chose d'important à te montrer.»
Naegi redoubla brusquement d'attention. Il s'extirpa soigneusement des draps, prêt à se lever si la situation l'exigeait.
«Ecoute, dit Saionji, avant moi aussi j'étais une toute petite crevette comme toi, mais ça ne veut pas dire que je laissais les gens me marcher sur les pieds. Alors, je vais te montrer comment remettre ces brutes à leur place!»
Houlà. Naegi se passa la main dans les cheveux. «Euh, merci, mais je n'aime pas vraiment dire des méchancetés sur les gens.
-Qui a dit que j'allais t'apprendre à insulter les gens?» rétorqua la Danseuse.
Naegi se recula pour tenter de s'assurer qu'il était hors de sa portée. «Désolé! Je pensais juste...
-... Parce que la violence est bien plus fun!» termina Saionji. Elle se tourna soudainement vers la porte. «Hé, magne-toi, espèce de singe graisseux!
-Ah mince, j'arrive!»
Soda fit irruption dans la pièce, envoyant les portes frapper le mur avec assez de force pour tirer Mikan de son sommeil. L'Infirmière eut un couinement alarmé et remonta la couverture sur sa tête comme pour se cacher. Elle pointa de nouveau la tête un moment plus tard, clignant des yeux comme un hibou à la vue de ses camarades.
«Génial. Maintenant, sois attentif!» Saionji brandit son doigt vers Naegi. «Parce que je vais te montrer comment faire de ce gars une loque tremblante!
-Ah, Saionji-san, attends!» Dans sa hâte de les rejoindre, Tsumiki faillit tomber à bas de son lit.
Saionji fit volte-face et son ton changea radicalement. «Oh, bonjour, Tsumiki-san. Tu as l'air ravissante, aujourd'hui.»
… Ouaip. C'étaient des tourbillons de désespoir.
«J... je suis désolée d'intervenir, mais je ne crois pas que Makoto devrait apprendre ce genre de choses.» Tsumiki baissa la tête, les joues légèrement rouges. «Makoto est si gentil et si doux, et c'est ce que j'aime vraiment chez lui...
-Tu préfères le laisser se faire persécuter tout le temps?»
Tsumiki recula en titubant, levant les bras au-dessus de sa tête. «Non, ce n'est pas ce que je voulais dire! Je suis désolée. S'il te plait, pardonne-moiiiii!
-J'apprécie que tu aies donné ton avis», dit Saionji, employant à nouveau ce ton particulier. Puis, son sourire disparut. «Est-ce que j'ai dit que je voulais t'entendre parler? La ferme!»
Naegi se demandait s'il devait intervenir...
Mais Saionji fut soudain juste devant lui. «Ecoute, je comprends! Tu es tout mignon et tout petit et tout le monde est jaloux et essaie de te rouler et tout ça. Tu peux pas rester là sans rien dire. Tu dois leur rendre la monnaie de leurs pièces ou ils vont juste continuer à s'en prendre à toi.
-Je ne pourrais pas tout simplement leur parler? demanda Naegi. Être méchant, c'est...
-Pourquoi gaspiller tout ton temps avec des mots quand il te suffit de faire ça?»
Ce fut si soudain que le pauvre Soda n'eut pas le temps de réagir. Le talon de Saionji s'abattit sur ses orteils, et le Mécanicien sauta à cloche-pied autour d'eux en beuglant.
Naegi s'écria: «Ça...!
-Marche tout le temps! compléta fièrement Saionji. Et peu importe que tu sois petit. Maintenant, debout. C'est à ton tour.»
Naegi se leva, mais il s'adressa plutôt à Soda. «Ça va?
-Ouais, ça va, dit Soda. C'est juste...
-Moins de blabla, plus de coups! ordonna Saionji.
-M... Mais... bégaya Naegi.
-Ecrase-lui le pied!»
La panique s'embrasa dans sa poitrine et il agit. Soudain, son pied reposait sur celui de Soda, et ce dernier et l'Infirmière lui jetaient un regard bizarre...
Saionji grogna et enfouit son visage dans ses mains. «T'es censé y mettre de l'effort. Pas agiter ton pied comme une nouille toute molle!
-Désolé, marmonna Naegi.
-Je crois qu'on devrait arrêter!» dit Tsumiki. Avant que Naegi ne s'en rende compte, elle était à ses côtés et l'étreignait. «Makoto est quelqu'un de très gentil, et il n'aime pas faire des méchancetés aux autres. N'est-ce pas, mon chéri?
-Ouais.» Il posa la main sur son bras pour faire relâcher sa prise étroite autour de son cou. «C'est à peu près ça.
-Quoi? Tu veux que Komaeda continue à te persécuter? lança Saionji d'un ton impérieux, les mains sur les hanches. C'est une sorte de truc pervers bizarre?»
Naegi se figea.
«… Komaeda-kun?» répéta Tsumiki, clairement perplexe.
La sueur ruisselait dans son dos.
«Hein? Mais ce type le vénère limite pas? demanda Soda.
-Vous êtes vraiment bouchés à ce point? Vous avez jamais remarqué comment Komaeda le regarde parfois?» Cette fois, Saionji enfonça son doigt dans la poitrine de Mikan.
Tsumiki tourna la tête vers lui. «Makoto... Komaeda te persécute?»
Oui. OUI!
«Non», dit-il. Pourvu que le sourire plaqué sur son visage soit meilleur que ceux qu'il avait été capable de feindre pour sa sœur. «Je crois que Saionji-san se trompe.
-Beuuurk! Alors c'est vraiment des trucs pervers chelou. Dégueulasse! J'avais pas pris du temps précieux de ma journée pour ça!
-T'es sûr? lui demanda Soda. Ce gars peut être un sale type parfois.
-Ça va, dit Naegi. Tout va bien.»
Par pitié, ne faites pas ça. Il sera tellement en colère contre moi. Il... Je ne sais pas ce qu'il fera, mais...
Soda haussa les épaules. «Ok. Si tu le dis.»
Il retint à grand-peine un soupir soulagé.
«Bon, qu'est-ce qu'on fait maintenant? s'enquit Saionji. Pas question que je me retrouve impliquée dans les trucs bizarres que vous faites tous les deux.»
Naegi haussa les épaules. «Tu peux danser, je suppose.
-Je viens de dire que je ne voulais pas être impliquée dans tes fantasmes bizarres! persifla-t-elle.
-Ce n'est pas... Je n'ai pas...!» Son visage s'embrasa à une vitesse impressionnante et il se sentit devenir complètement rouge vif. «C'est ton talent, alors je pensais...»
Il regarda Tsumiki, davantage pour implorer son aide à trouver les mots que par désarroi, mais l'Infirmière l'interpréta comme la seconde possibilité. Ses talons claquèrent quand elle virevolta pour faire face à Saionji et elle lui ordonna: «Présente-lui immédiatement des excuses! Tu le mets mal à l'aise.»
Saionji se fendit d'un large sourire, adoptant son ton de désespérée. «Je suis désolée. Je ne devrais pas me moquer de tes drôles de fantasmes.
-Ce n'est pas...!» Il enfouit son visage dans ses mains.
Aussi ne remarqua-t-il pas le regard calculateur qu'elle lui lança. Ses yeux balayaient sa silhouette de haut en bas, et l'ombre d'un sourire narquois commençait à se dessiner sur ses lèvres. Elle se recula pour confirmer qui était présent, puis marmonna quelque chose à l'intention de Tsumiki et partit comme une flèche.
A son retour, elle apportait un tissu jaune.
«Ok!» Elle s'arrêta en dérapant devant un Naegi décontenancé. «Tu veux faire quelque chose autour de la danse. Voilà. Enfile!»
Elle lui enfonça le tas de tissu dans les bras. Naegi le déplia et le tint par un bout. Il s'agissait d'un kimono jaune.
«Pourquoi...? commença-t-il.
-Il y a quelque chose qui ne va pas avec un kimono? demanda Saionji, sa voix empreinte d'une surprise clairement exagérée. Tu n'aimes le mien? Essais-tu de dire que je suis moche?
-Non, je...!
-Bon, si tu n'as pas de problème avec les kimonos, ça ne devrait pas t'embêter d'en enfiler un!»
Cette fois, il se tourna vers Mikan en quête d'aide.
«Je crois qu'il t'irait bien», dit l'Infirmière.
Zut.
Avant qu'il n'ait eu le temps de dire ouf, il se retrouva derrière un rideau au fond de l'infirmerie à porter le kimono. Il pinça l'une des manches et l'examina. Ce... ce n'était pas si mal, selon lui. Peut-être était-il trop fleuri à son goût, mais à part ça il était plutôt sobre. Et puis, il était à l'aise dedans. Excepté le fait qu'il était bien trop long pour lui, le seul problème était...
«Euh, Saionji-san?» Il quitta le couvert du rideau (pour le plus grand bonheur de Tsumiki). «Est-ce que tu peux m'aider à faire un nœud?»
Silence.
Soda et Mikan éclatèrent de rire.
Naegi cligna des yeux. «Quoi?
-Très malin, dit Saionji, le désespoir tourbillonnant dans ses yeux. C'était bien joué.
-Je n'ai aucune idée de ce qui vient de se passer», dit-il à Kuma, qui s'était apporté pour renifler la nouvelle tenue de son maître. Naegi fit un pas vers les deux autres...
Et trébucha sur le champ sur son kimono beaucoup trop long.
Tsumiki se précipita pour l'aider à se relever, mais Soda se contenta de redoubler de rire. Le Mécanicien était presque à terre le temps que Tsumiki passe son bras sous le sien pour le relever. Naegi s'accrocha à elle, la laissant comme par hasard se tenir entre lui et Soda. Non pas qu'il tentait de se cacher, ou quoi que ce soit d'autre.
«Je ne crois pas qu'il va pouvoir danser, lança Soda à Saionji, des larmes de rire aux yeux. Peut-être qu'il pourrait se tenir en arrière-plan et avoir l'air mignon?
-Je ne voulais pas qu'il danse, je voulais juste qu'il porte ça.» Une fois encore, les yeux de Saionji l'évaluèrent de haut en bas. «Tes cheveux gâchent un peu le tout. Bien trop décoiffés.»
Que voulait-elle dire exactement...?
Non. Elle n'oserait pas.
Ils n'allaient pas...
«Et ses ongles! continua la Danseuse. Tu les coupes dans le noir ou quoi?»
Elle n'allait pas...
«Hé, Tsumiki-san, sourit Saionji. Je crois qu'il a besoin d'aide avec son apparence.
-Non, c'est bon! se hâta-t-il de répondre à l'intention de Tsumiki. Vraiment, ce n'est pas la peine!
-Oh, mais tu aurais l'air si mignon! dit Tsumiki. On pourrait mettre des fleurs autour de son cou, et peut-être un ruban dans ses cheveux …
-C'est vraiment pas nécessaire!
-Hé, Soda! Rends-toi utile et va chercher Mioda, d'accord?
-Soda-kun, Kuma! A l'aide!
-... Hé bah, il faut que les autres voient ça», dit Soda en s'éloignant.
«Ça lui arrive de rester couché?
-Peut-être qu'on a besoin de plus de gel?
-L'ahoge de Makoto-chan veut juste être libre!
-Je peux partir maintenant?» demanda désespérément Naegi.
Les trois filles s'interrompirent dans leurs tâches. D'une seule voix, elles déclarèrent: «Non.»
Naegi s'affaissa dans son siège.
Mioda lui tenait la main, soufflant sur ses ongles tout fraîchement peints, qu'elle avait recouverts de vernis noir et blanc à l'instar de ses cornes. Tsumiki et Saionji étaient en train de s'attaquer à ses cheveux – plus précisément, elles tentaient d'aplatir son ahoge. Elles apprenaient rapidement, cependant, que rien ne pouvait faire disparaître le signe distinctif de Naegi. Il pouvait aussi sentir le maquillage étalé sur son visage, mais seulement quand il y prêtait attention.
Tsumiki soupira. «J'imagine que c'est le mieux que nous puissions faire.
-Je vais chercher le miroir!» Mioda partit à toute allure.
Le silence s'étira, gênant. Saionji tapait impatiemment du pied sans les regarder. Tsumiki soupira et lui caressa les cheveux avec tendresse.
«Ce n'était pas horrible à ce point, non? demanda-t-elle.
-... Non», admit-il à contrecœur.
Son sourire s'élargit. «C'était amusant, n'est-ce pas?
-Pas vraiment.»
Elle fut sur le point de répliquer quand Mioda réapparut avec un miroir à main. Le premier instinct de Naegi fut de fermer les yeux, ce qu'il fit, mais par la suite l'ennui – et les supplications de Tsumiki – eurent raison de lui et, avec une grimace, il regarda son reflet...
Hein.
Il...
Il n'avait pas l'air si mal que ça.
Il s'était attendu à apercevoir un étranger dans le miroir. Quelqu'un recouvert d'une bonne dose de maquillage avec une peau incroyablement blanche, comme une geisha. Ou quelque chose de ridicule, comme un clown. Mais non, il était toujours le même. Ses ongles étaient peints, ses cheveux plus aplatis que d'habitude étaient ornés d'une marguerite, mais personne ne pouvait le confondre avec quelqu'un d'autre. Chose surprenante, les filles avaient fait preuve de modération avec le maquillage dont la majorité semblait seulement destinée à apporter de la couleur à sa peau et à lui donner l'air de... de...
… de quelqu'un qui ne dépérissait pas lentement.
«Je crois que j'ai surréagi, admit-il.
-Tu vois? Makoto-chan doit se détendre et commencer à faire confiance à ses meilleures copines!» fanfaronna Mioda.
Tsumiki cilla. «Tu ne me fais pas confiance?
-Bien sûr que si!» s'écria Naegi sans succès. La minute suivante fut consacrée à ses efforts désespérés pour calmer Tsumiki qui venait d'éclater en sanglots. Kuma pointa sa tête à travers le rideau, attiré par le raffut.
«Tu me fais vraiment confiance? demanda Tsumiki.
-Oui. Oui, je te fais confiance, dit-il. Mais honnêtement, j'ai assez soif, là. Je vais juste chercher quelque chose à boire...»
Il contourna Kuma et franchit le rideau à reculons pour pouvoir continuer à parler aux filles. Mais quand il se retourna, il devint évident qu'ils n'étaient pas seuls.
Quelques secondes passèrent.
Les membres masculins du Désespoir Ultime (et Owari) éclatèrent de rire.
«Vous lui avez peint les ongles?» Kuzuryu se frappa le genou, presque à terre tant il riait. Pekoyama lui jeta un regard en coin mais resta sinon aussi impassible que d'habitude. «Vous auriez dû lui faire des bouclettes pendant que vous y étiez.
-Comment tu peux bouger avec ça? voulut savoir Hanamura.
-Je dois dire que t'as pas l'air trop mal!» s'écria Nidai en levant un gros pouce vers Naegi. Mais en dépit de l'atmosphère amicale derrière leurs réactions, Naegi grimaça et fit un pas en arrière. Il bouscula Kuma et l'ours lui renifla le visage. Paraissant décontenancé, Kuma lui lécha la joue, renâclant par la suite quand sa langue détecta le goût du maquillage.
Il regrettait à présent son sweat, de ne pas pouvoir remonter le col jusqu'au menton ou se cacher dans la capuche. Il était si embarrassé qu'il voulait se détourner et se cacher dans la fourrure de Kuma, mais en même temps, il était gêné de se protéger et d'admettre ce qu'il ressentait. Pris dans cette indécision, il demeurait figé sur place à fixer ses pieds quand le rideau bruissa et que les trois filles apparurent.
«Hé! Pourquoi vous rigolez, espèces de porcs?» cingla Saionji.
A sa grande surprise, la plupart des rires s'interrompirent. Et alors que Kuzuryu et Nidai arboraient toujours de grands sourires, la plupart des autres observaient Saionji avec prudence.
«Hé bien, c'est... euh... je sais pas? dit Soda. C'est juste drôle.
-Tu sais ce qui est drôle? Penser que je m'intéresse réellement à ce que tu penses!» Saionji se contenta de faire un mouvement brusque de sa jambe, et Soda sauta immédiatement en arrière comme si elle était sur le point d'asséner un de ses talons hauts sur son pied. «Je me fiche de ce qu'un fada de clé à molette jaloux a à dire.
-Je ne suis pas jaloux, brailla Soda.
-Je parie que si.» Saionji se pencha vers lui. «Tu sais que tu ne pourras jamais avoir bonne mine parce que ta peau est déjà couverte de toute cette graisse dégoûtante. Je parie que ça vient même pas de tes machines en plus.
-Ouais, je peux avaler ça, dit Owari en fronçant le nez. C'est quand la dernière fois que tu t'es douché?»
Soda geignit et tira son bonnet sur ses yeux.
Saionji se tourna ensuite vers Nidai. Le Coach leva les mains d'une manière apaisante et dit: «Hé, je ne riais pas pour le taquiner, je riais parce qu'on dirait qu'il passait un bon moment.
-Tu n'aurais pas dû faire ça!» s'écria Tsumiki derrière lui. Ses bras l'enlacèrent soudainement. «Tu lui as fait de la peine.»
Il était sur le point de dire qu'elle n'avait pas besoin de le défendre, mais son visage le brûlait toujours, et Tsumiki semblait si confiante et assurée. Il ne voulait pas la faire de nouveau se sentir mal.
«Désolé, dit Nidai. Je voulais pas te donner cette impression.»
Maintenant que même Nidai s'était dérobé, Kuzuryu avait l'air en rogne. Ses yeux lancèrent des éclairs quand Saionji lui jeta un regard suffisant.
«On devrait tous mettre un kimono! hurla Mioda. Ensuite, on pourra vous faire à tous un relooking, et puis on pourra aller sur le toit regarder des feux d'artifice!
-Oooh, ça me tente! dit Owari.
-Les feux d'artifice, pourquoi pas, mais on pourrait sauter le reste? Il faudrait que je prenne deux ou trois bains avant, se plaignit Soda.
-Makoto, et toi? Qu'en penses-tu? demanda Tsumiki.
-Des feux d'artifice», répéta-t-il doucement. Puis, les autres mots le frappèrent.
… Dehors?
Ce ne serait pas comme la dernière fois. Même s'ils n'étaient pas sur le toit, avec le Désespoir Ultime autour de lui il n'y aurait pas d'issue. Mais quand même... être dehors. Comment pourrait-il refuser?
Il hocha la tête.
«Makoto veut le faire! annonça gaiement Tsumiki, comme si ça décidait tout.
-Ok, ça m'est égal. Les feux d'artifice, ok, mais vous me peindrez pas mes ongles!» dit Kuzuryu.
Mioda et lui continuèrent à se disputer, sous les regards de tous les autres qui ne semblaient pas avoir à cœur d'intervenir. Certes, Pekoyama tentait de faire plier par son regard l'opposante de son maître, mais la joyeuse musicienne ne semblait rien remarquer. La scène commençait à devenir répétitive.
Finalement, Naegi prit la parole.
«Euh, Kuzuryu-kun! Tu es le chef des Yakuza, non? Alors ça veut dire que tu dois être un dur, n'est-ce pas?
-Tu peux le dire! lança Kuzuryu.
-Alors ce serait pas super désespérant que tout le monde te voie faire quelque chose de pas très viril, comme un relooking?»
Kuzuryu le fixa.
Puis, il commença à rire.
«Merde! Tu as raison.» Les yeux emplis de tourbillons, l'Ultime Yakuza s'avança avec impatience vers Mioda. «J'ai changé d'avis. Peins mes foutus ongles! Peins-les en rose, et... et mets-y des putains de chatons dessus! Mets des paillettes dans mes cheveux. Merde! Ne te retiens pas!»
Avec un cri de joie strident, Mioda attrapa la main de Kuzuryu et l'entraîna derrière le rideau. Pekoyama et Saionji les suivirent, la Danseuse en profitant pour donner une tape sur l'épaule de Naegi avec un «Bravo» en passant devant lui.
«J'imagine que c'est réglé, dit Nidai. Je vais installer les feux d'artifice.
-Euh, je viens t'aider!» ajouta Soda. A côté de lui, Tanaka hocha fébrilement la tête pour marquer son assentiment.
Aussi soudainement qu'ils étaient arrivés, le reste du Désespoir Ultime disparut avant de finir entre les griffes des filles. Il ne restait plus que lui et Tsumiki à présent (et Kamukura et Kuma, mais aucun d'eux ne comptait vraiment). Tous deux étaient silencieux. Kamukura s'avança. Il s'arrêta juste à la limite du champ de vision de Naegi, et ce dernier se tourna vers le jeune homme aux longs cheveux alors qu'il examinait Naegi.
«… Un kimono bleu sarcelle ou noir t'irait mieux», déclara Kamukura.
