Hello hello !
Voici la suite attendue avec beaucoup d'impatience =p Merci à toutes pour votre enthousiasme sur cette fiction, bonne lecture à vous !
Rar
Guest (1) : Ahah oui, là ça y est, on met les deux pieds dans le plat xD Ne reste plus qu'à voir comment Hermione va se remettre de la nouvelle ;) Bonne lecture à toi, à très vite !
Guest (2) : En effet il y a des chances pour que cette situation amuse bien plus George qu'Hermione x) En même temps, des deux, c'est Hermione qui a le plus de situations et aveux gênants réalisés devant le Minou ;) Bonne lecture pour la suite !
- Miaou ! Avait miaulé Charbon avec suffisance en levant les yeux au ciel, dans une expression qui, Hermione le réalisait seulement maintenant, n'avait rien de féline.
La jeune femme avait senti son estomac remonter dans sa gorge, comme lorsque l'on rate une marche dans un escalier. En l'occurrence, elle avait eu la désagréable sensation d'avoir loupé l'escalier complet.
Ce n'était pas possible. Ce n'était pas possible. Même dans un monde régi par la magie. Cela ne pouvait pas être vrai. Severus Rogue ne pouvait pas s'être transformé en chat suite à un accident de potion, et avoir vécu chez elle durant tout ce temps sous la forme de Charbon.
Et pourtant !
- Çà alors ! S'était exclamé George, sidéré. C'est vraiment vous, Professeur Rogue ? Le Professeur Rogue, Terreur des Cachots et Cauchemar des premières années ? Avait-il demandé, ahuri.
Seul un grondement courroucé de la part de Charbon lui avait répondu mais à l'évidence, cela avait suffi comme réponse au jeune homme, qui avait laissé échapper un sifflement impressionné tout en observant d'un œil nouveau le petit félin qu'il avait sous les yeux.
- C'est dingue ! Comment vous avez fait ça ? Il faut que vous me donniez la recette, cela serait une super base pour un nouveau produit ! S'était enthousiasmé le rouquin, nullement déstabilisé par la nature de leur découverte.
A l'inverse d'Hermione, qui avait chancelé sur ses appuis, fébrile.
Par Gryffondor ! Comment avait-elle pu ne pas réaliser ce qu'il en était plus tôt ?! La vérité aurait dû lui sauter aux yeux tout de suite, dès le premier jour où elle avait trouvé le laboratoire de Rogue sans dessus-dessous, et Charbon perdu et désorienté au milieu de la pièce en pagaille, déambulant près des robes du sorcier ! Oh, par tous les Saints, pourquoi fallait-il que cela lui arrive à elle ? Elle s'était pourtant promis d'arrêter les aventures rocambolesques et d'éviter les situations incongrues avec la fin du conflit sorcier, cinq ans plus tôt !
Charbon était Rogue. Rogue était Charbon.
Cette idée ne quittait plus son esprit, se répétant encore et encore tel le martellement entêtant d'un marteau s'abattant sur une enclume.
Alors que celle seule nouvelle aurait dû suffire à mettre hors jeu l'esprit cartésien d'à peu près n'importe qui, le sien avait eu la délicatesse de lui rappeler certains détails des dernières semaines passées en compagnie de celui qu'elle avait pris pour son nouveau compagnon à quatre pattes.
Comme le soir où elle s'était préparée pour son rendez-vous avec cet étudiant du ministère, et où elle avait débarqué dans sa chambre en sous-vêtements, choisissant sa tenue sous le regard abasourdi de Charbon… de Severus Rogue.
La jeune femme avait blêmi davantage, et avait manqué s'écrouler tout à fait en essayant de faire un pas vers la porte du jardin, restée ouverte derrière George. Elle s'était rattrapée in extremis au montant de l'armoire à ingrédients située sur sa gauche, s'attirant aussitôt l'attention de son colocataire et de Charbon, ce dernier ayant gonflé ses poils pour dissuader le jeune homme d'approcher et de le palper sous toutes les coutures.
- Hermione ? Ça va ? S'était enquis George, soudainement inquiet de la voir si pâle.
La jeune femme avait porté une main à sa tête, où une migraine carabinée était déjà entrain de s'installer. Non, ça n'allait pas. Comment cela aurait-il pu aller ? Elle venait de découvrir que son chat, son adorable chat noir, était en réalité son ancien professeur de potions. Et qu'elle s'était montrée à moitié nue devant lui! Sans parler de toutes ces autres choses qu'elle avait dites ou faites sous ses yeux sans en avoir conscience, et que son esprit n'allait pas tarder à lui rappeler, elle en était certaine.
- Je… J'ai besoin de prendre l'air un instant, avait-elle répondu, le souffle court, avant de se ruer à l'extérieur sous le regard inquiet de son colocataire et celui indéchiffrable de Charbon.
Elle avait fait quelques pas dans le jardin, sans réelle intention d'en sortir, mais elle avait tellement de tension en elle que bouger lui avait fait du bien.
Elle se sentait tellement perdue, en cet instant. Un bref sentiment de trahison, couplé à une colère fugace, l'avait traversée, avant de repartir aussi vite qu'il était venu. Elle ne pouvait décemment pas en vouloir à Rogue. Toute cette situation n'était due qu'à un fâcheux accident de potion, couplé à un navrant concours de circonstances qui avait fait que le Serpentard avait atterri chez elle alors qu'il n'avait rien demandé, ni à être transformé en chat, ni à être adopté par son ancienne élève.
La jeune femme avait senti la fatigue s'abattre sur elle sans crier gare, et elle s'était assise sur une chaise du salon de jardin, le regard perdu dans le vide, alors qu'une tristesse inexplicable l'envahissait soudain. Elle aurait aimé serrer son chat contre elle, ou au moins glisser ses doigts dans sa fourrure sombre et soyeuse… mais elle n'avait plus de chat, avait-elle songé avec affliction. Charbon n'était même pas un chat, mais Severus Rogue…
Retenant un gémissement dépité, elle avait ramené ses genoux à elle, posant ses coudes dessus avant de plonger son visage dans ses mains, mortifiée par l'énormité de la situation qui se présentait à elle, alors que de nombreux détails des dernières semaines lui revenaient peu à peu.
Le fameux soir de l'essayage des robes, bien-sûr, mais aussi toutes les fois où elle avait agi en toute inconscience devant le chat, sans rien soupçonner de sa nature humaine. Les séances de yoga, avec toutes les postures ridicules qui allaient avec. Les sessions de ménage durant lesquelles elle chantait toujours à tue-tête _ très mal, elle en était consciente, mais qui cela dérangeait-il puisqu'elle était seule? Du moins avait-elle pensé l'avoir été.
Hermione avait encore blanchi lorsque la soirée en compagnie des filles lui était revenue en mémoire. L'apéritif où elles avaient débriefé de son rancard raté, et évoqué son fantasme de huitième année. Fantasme qui ne concernait personne d'autre que le terrible et ténébreux professeur de potions… qui avait assisté à la soirée malgré lui sous la forme innocente de Charbon.
- Ooooooh ! S'était lamentée la Gryffondor en passant ses mains sur son visage, morte de honte. Mais pourquoi est-ce que ça n'arrive toujours qu'à moi ce genre de plan foireux ? S'était-elle exclamée, dépitée, en appuyant ses mains sur ses yeux, tentant vainement de faire disparaître les souvenirs tous plus honteux les uns que les autres qui affluaient dans sa tête.
- Miaou ?
- Oh purée ! S'était-elle écriée en sursautant vivement, rouvrant les yeux dans le même temps.
Elle avait manqué tomber à la renverse de la chaise sur laquelle elle était assise, et s'était stabilisée in-extremis, avant de baisser les yeux vers Charbon qui se tenait à ses pieds et l'observait de ses grands yeux sombres.
Non. Pas Charbon.
Severus Rogue.
Severus Rogue et son sempiternel regard d'obsidienne.
Comment diable avait-elle pu ne pas reconnaître d'office ces iris si particuliers ? Ce n'était pas comme si ce regard sombre et ténébreux ne l'avait pas obsédée lors de sa huitième année ! Oh, quelle poisse !
Elle avait senti ses joues s'empourprer tout à fait, comme si son visage était chauffé à blanc, et avait vivement détourné les yeux, incapable de regarder le chat _ le sorcier _ en face. Jamais plus elle n'oserait, avait-elle songé en se mordant la lèvre, honteuse.
Évidemment, cela avait été sans compter le caractère buté et entêté du directeur de Serpentard. Le chat s'était déplacé de sorte d'être de nouveau dans son champ de vision, l'air un brin agacé. Par Gryffondor, comment avait-elle fait pour ne pas se rendre compte qu'il avait des expressions bien trop humaines pour un chat !?
- Ne me regardez pas comme ça, je ne pouvais pas me douter que vous n'étiez pas un chat ! Avait-elle grimacé avec une culpabilité évidente.
- Miaou…
Hermione avait considéré le félin avec une expression désemparée.
- Je suis désolée, je ne comprends pas ce que vous dîtes…, avait-elle murmuré, impuissante face à cette situation qui la dépassait totalement.
Dans un premier temps, elle avait simplement cru récupérer un chat perdu le temps de retrouver son propriétaire. Puis elle s'était réjouie à l'idée d'adopter définitivement le beau félin sombre, avant de réaliser qu'il appartenait peut-être à son ancien professeur de potions. Jamais, ô grand jamais, elle n'aurait pensé héberger ledit professeur de potions en personne !
De fait, si servir de famille d'accueil à un chat, même à celui de Rogue, ne l'avait nullement dérangée, elle n'était pas certaine d'être prête à étendre sa colocation avec le directeur de Serpentard.
- Il faut prévenir le professeur McGonagall, elle aura forcément une solution, avait-elle dit, tentant de se convaincre elle-même que cela serait le cas
Le professeur Rogue n'avait pas semblé dupe de l'angoisse sous-jacente dans sa voix, et du peu d'assurance qu'elle avait mise dans cette affirmation.
- Miaou! Avait-il miaulé en signe de protestation.
Hermione avait senti l'étau du stress se resserrer un peu plus sur son cœur déjà bien malmené depuis le début de l'après-midi.
- Ou je pourrais vous emmener à St Mangouste, ils doivent bien avoir des médicomages pour ce genre de cas… Ou peut-être qu'au Ministère, quelqu'un saurait quoi faire…
Ce disant, elle s'était levée pour faire les cent pas près du salon de jardin, incapable de rester immobile alors que l'angoisse menaçait de l'envahir toute entière. Charbon l'avait regardée faire avec une expression ahurie qui n'avait pas tardé à se muer en un agacement certain quand elle avait ignoré plusieurs de ses miaulements indignés.
- Peut-être que le professeur Flitwick trouvera un contre-sort et… Aïe ! S'était brusquement exclamée la jeune femme en sursautant de nouveau.
Elle avait vivement baissé les yeux vers sa jambe, que venait de griffer sans vergogne celui qu'elle avait pensé être un simple chat jusqu'à seulement quelques minutes plus tôt. Elle avait regardé les trois petites traces rosées avec stupéfaction, avant de relever un regard incrédule sur Charbon _ sur Rogue _ qui l'observait avec humeur, l'air exaspéré. Nom d'un vampire, il n'avait tout de même pas osé… ?
- Non mais je rêve ou vous venez de me griffer volontairement !? S'était-elle exclamée, outrée.
Le chat avait roulé des yeux avec impatience, l'air de lui signifier qu'elle en faisait un peu trop, car il l'avait à peine touchée, à la vérité. Pas comme le jour où elle s'était faite griffer au visage et…
Hermione s'était figée à ce souvenir, réalisant seulement alors ce qu'il en était réellement. A l'époque, elle avait mis cela sur une quelconque sauvagerie de Charbon, qui n'était chez elle que depuis quelques jours, mais à présent qu'elle savait que Charbon n'avait jamais véritablement été Charbon…
- Attendez une seconde… c'est aussi vous qui m'avez griffée au visage avant de vous enfuir au début des vacances ! S'était-elle indignée, soudain furieuse. Vous ne manquez pas de toupet ! Je vous ai aidé en pensant que vous étiez un pauvre chat abandonné, et c'est tout ce que vous avez trouvé pour me remercier !
Contre toute attente, Charbon-Rogue s'était figé à ces mots, et avait rabattu ses oreilles sur les côtés de sa tête, l'air contrit. Hermione avait plissé les yeux, méfiante quand à cette réaction inattendue, mais elle doutait que le directeur de Serpentard soit encore en mesure de mentir sur ses émotions dans ce corps qui n'était pas le sien. De fait, elle s'était quelque peu adoucie, consciente qu'elle aussi avait eu ses torts lors de cette matinée mémorable.
- Bon, oublions-ça, avait-elle concédé en se massant les tempes, toujours en proie à une migraine bien corsée. Si j'ai bien compris, vous n'être pas féru de l'idée d'aller à St Mangouste, ni d'en parler à Minerva… avait-elle soupiré avec lassitude.
Le chat avait vivement secoué la tête de droite à gauche, l'air buté.
- Évidemment, pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué! Avait murmuré la jeune femme pour elle-même, sidérée par cet entêtement. Ok, pas d'hôpital, et je ne dirais rien au professeur McGonagall, si vous y tenez. Mais il va bien falloir trouver une solution ! Vous en avez une ?
Charbon-Rogue avait hésité, manifestement aussi impuissant qu'elle face à cette situation, avant de secouer de nouveau la tête avec résignation.
- Nous voilà bien avancés…, avait-elle murmuré, fataliste. Je demanderai au professeur McGonagall si je peux accéder à la bibliothèque dans la semaine, peut-être que nous y trouverons le début d'une piste pour… Hey, vous avez une meilleure option peut-être ? Avait-elle demandé en avisant le rictus dédaigneux du félin.
C'est qu'il était tout de même sacrément gonflé, ce goujat, de se permettre ce genre de mimique hautaine quand elle essayait présentement de l'aider ! Ce n'était quand même pas de sa faute s'il avait foiré sa potion, et fini enfermé dans ce corps de chat! Faire des recherches à la bibliothèque lui semblait être une idée toute à fait pertinente, au vue de la situation. La bibliothèque et les nombreux ouvrages qu'elle recelait, avaient toujours constitué un repère rassurant pour Hermione. Elle avait toujours, ou presque, trouvé des solutions à ses problèmes, dans la pièce chargée de livres. Et Merlin sait qu'elle en avait eu, des problèmes, au cours des années qu'elle avait passées à Poudlard !
Le Serpentard avait poussé un soupir résigné, qu'Hermione avait pris pour une acceptation de son idée. De toute façon, là, tout de suite, elle n'avait plus l'énergie de réfléchir plus en avant. Elle avait besoin de calme et d'un moment pour elle, loin de ce chat qui n'en était pas un, pour remettre de l'ordre dans ses idées et prendre le recul nécessaire afin de ne pas finir dingue avant la fin de la journée.
- Nous ferons cela alors. En attendant… je, euh… enfin, vous pouvez rester bien-sûr, avait-elle dit précipitamment en avisant le regard sombre que le chat avait levé sur elle. On va faire ce qu'il faut pour que vous… euh… soyez pour le mieux, étant données les circonstances.
Même si elle n'était définitivement pas prête pour cette idée, elle allait devoir accueillir Severus Rogue en guise de colocataire malgré tout, avec toutes les implications que cela comportait.
Que Merlin lui vienne en aide !
- Quand je pense que j'ai menacé de vous castrer ! Avait-elle gémi de nouveau, horrifiée, en tournant les talons pour regagner la maison.
OoOoO
Depuis un mois qu'il était prisonnier de ce corps, Severus avait toujours pensé que sa situation s'arrangerait considérablement une fois que Granger serait au courant de ce qu'il en était réellement.
Force avait été de constater que finalement, il n'en était rien.
C'était même tout l'inverse.
Les «petits arrangements» que Granger avait évoqués suite à la découverte de son identité, censés lui permettre «d'être au mieux», avaient consisté à changer son régime alimentaire en premier lieu. Ce dont il ne se plaignait pas, bien-sûr, même si manger avec des dents pointues était un véritable casse-tête, et qu'il préférait quand même le thon aux crudités, finalement.
Elle avait également apporté quelques changements à son panier. Avait acheté un plaid neuf, rajouté des coussins, mis une couverture supplémentaire… et l'avait installé dans le salon, et non plus dans sa chambre. Severus s'était senti étonnement affecté à ce constat, lorsqu'il s'était réveillé de sa deuxième sieste de l'après-midi, au lendemain de la prise de conscience de Granger concernant son identité. Il avait eu l'impression d'être mis à la porte comme un malpropre, alors même qu'il comprenait parfaitement que la jeune femme ne veule plus de lui dans l'intimité de sa chambre à présent qu'elle savait qu'il n'était pas qu'un chat.
Ce trouble du côté de son cœur l'avait surpris autant qu'agacé, d'autant qu'il s'était vite avéré que ce n'était pas qu'une sensation isolée. Cette déconvenue s'était répétée au fil des trois jours suivants, et de façon assez récurrente, à sa plus grande frustration. La raison en était, quant à elle, bien trop honteuse pour qu'il l'accepte sans s'y opposer fermement.
Granger avait changé de comportement à son égard. Rien de plus logique, quand on y songeait. On ne s'occupait pas de la même façon d'un chat et de son ancien professeur de potions transformé en chat, surtout quand ce dernier n'avait jamais été tendre avec vous. Outre le fait qu'il était, eh bien… lui, il avait deviné sans mal que la jeune femme était également tourmentée par ce qu'elle avait dit et fait devant lui au cours des dernières semaines, et que ces souvenirs la couvraient de honte. Si cet embarras à son égard avait amusé Severus, la première demi-journée, il avait vite déchanté lorsque cela s'était prolongé.
Lui qui avait appris à connaître _ et à apprécier, dans une certaine mesure _ la jeune femme spontanée et naturelle que Granger s'était révélée être, à présent débarrassée de son statut de Je-Sais-Tout, s'était trouvé étonnement amer de constater qu'il ne restait rien ou presque de celle qui s'était occupée de lui depuis le début des vacances. La jeune femme bredouillait toujours en sa présence, n'osait plus le regarder dans les yeux, et faisait toujours un détour considérable pour le contourner quand il se trouvait dans le salon ou dans la cuisine.
Weasley, au contraire, ne s'était jamais autant intéressé à lui que depuis qu'il savait ce qu'il en était, à son plus grand désarroi. Le rouquin était si curieux de ce qu'il lui arrivait qu'il ne cessait de le déranger pour lui poser des questions idiotes, comme lui demander jusqu'où il pouvait se tordre pour faire sa toilette, et ce que cela faisait d'avoir une queue. Malheureusement pour Severus, dont toutes les menaces sortaient sous la forme de miaulements, il n'avait pas pu faire grand-chose pour tenir à distance le Gryffondor.
Toujours était-il que s'il avait ardemment attendu le jour où Granger apprendrait la vérité, il regrettait presque la période où elle l'avait ignorée, à présent. Il se sentait étonnement seul depuis qu'elle avait cessé de s'occuper de lui comme de Charbon, et ce constat était extrêmement dérangeant. Severus détestait cette sensation sournoise qui s'insinuait en lui, et qui ne lui rappelait que trop toutes ses années d'études où il avait regardé ses petits camarades de classe former des groupes d'amis et plus si affinités, tandis que lui restait désespérément seul, même entouré par plusieurs centaines d'élèves.
La solitude était plus facile à supporter lorsqu'on la choisissait, que lorsqu'on la subissait.
Or, Severus était présentement entrain de la subir de plein fouet. Et avait été forcé de constater que, s'il avait maudit Granger à de nombreuses reprises au cours du dernier mois… la jeune femme lui manquait. Les soins qu'elle avait prodigués à Charbon aussi.
Néanmoins, la Gryffondor avait tenu parole. Dès le lendemain de la révélation de son identité, elle avait envoyé un hibou à Minerva pour lui demander l'autorisation de consulter la bibliothèque de Poudlard, et s'y était rendue deux jours plus tard, après avoir quitté la boutique, George l'ayant assurée qu'il pourrait faire la dernière heure de fermeture tout seul. La jeune femme n'avait pas ménagé sa peine, consultant et feuilletant un nombre incalculable d'ouvrages pendant presque deux heures, sans rien trouver de pertinent, toutefois.
- Je ne trouve que des articles sur les loup-garous et les animagi, avait-elle soupiré en refermant un énième livre poussiéreux. Rien sur une potion permettant de changer un humain en animal, de façon prolongée encore moins ! Il n'y a que des sortilèges à ce sujet, comme celui qu'avait utilisé le faux Maugrey sur Malfoy en quatrième année… Désolée de vous reposer la question, mais êtes vous bien certain que cet état est dû à la potion que vous avez loup… euh… pour laquelle vous avez eu une déconvenue? Avait-elle demandé, se reprenant de justesse face au regard noir qu'il lui avait jeté.
Non parce que, d'accord, il était réduit à l'état de boule de poils incapable de parler, mais ce n'était pas une raison pour insinuer qu'il avait raté sa potion. Il ne s'appelait pas Hermione Granger, lui ! Il ne butait pas sur une ridicule potion de sérénité ou autre idiotie dans le genre !
Même si, pour l'heure, Granger avait encore sa forme humaine, et lui pas.
- Miaou ! Avait-il répondu avec verve, exaspéré de devoir répéter la même chose pour la troisième fois au moins.
- Je ne sais pas, au cas où vous auriez subi un sortilège à retardement, ou autre chose du même acabit, avait-elle argué en se hâtant de détourner le regard, mal à l'aise.
Severus avait laissé échapper un reniflement dédaigneux, qui n'avait malheureusement pas aussi bien rendu sous cette forme que lorsqu'il était humain. On aurait juste dit qu'il était enrhumé, ce qui l'avait agacé profondément, d'autant plus quand il avait surpris le sourire amusé que Granger n'avait su retenir. La diablesse s'était empressée de se lever pour remettre le grimoire en place, masquant son amusement derrière l'étagère chargée de livre. Elle ne perdait rien pour attendre, celle-ci !
Lorsqu'elle avait contourné le rayonnage pour revenir vers lui, elle avait étouffé un bâillement, et jeté un coup d'œil à sa montre.
- Il est déjà vingt-heures trente passées, avait-elle annoncé en passant une main lasse dans sa chevelure ébouriffée. Je suis désolée, mais on va devoir arrêter là pour ce soir. George rentre du quidditch à vingt-et-une heures, je lui ai promis qu'on ferait une soirée film.
Severus lui avait jeté son plus beau regard hautain, lui signifiant qu'il se fichait bien des promesses qu'elle avait faites à Weasley, mais n'avait pas fait de difficultés pour sortir de l'antre de Mme Pince. En réalité, leur excursion à la bibliothèque ne l'intéressait que peu. Lui avait d'autres projets, et il les avait signalés de façon on ne peut plus claire à Granger lorsque, une fois parvenus dans le hall d'entrée du château, ils étaient passés devant l'escalier menant aux cachots.
- Quoi, vous voulez repasser au laboratoire ? Avait demandé la jeune femme lorsqu'il s'était assis sur la première marche en miaulant avec insistance. Comme vous voudrez, avait-elle concédé en haussant les épaules.
Heureusement, il n'était pas tombé sur la Gryffondor la plus mal dégourdie, ni la plus difficile à vivre, avait-il songé en ouvrant la marche jusqu'à son laboratoire.
Alors qu'ils arrivaient devant la porte de son bureau, que la jeune femme avait de nouveau déverrouillée en un instant sous son regard agacé, la demoiselle avait marqué un temps d'arrêt avant de pousser le panneau de chêne, hésitante. Severus avait levé les yeux vers elle, interrogateur.
- Euh… vous savez, la dernière fois que nous sommes venus ici, avait-elle bredouillé en détournant le regard, rougissante. A propos de euh… ce que j'ai dit, alors… le fait que je vous trouvais… Enfin vous voyez, avait-elle balbutié, s'empourprant davantage sous son regard perçant.
Si Severus avait encore été humain, nul doute qu'il aurait arqué un sourcil narquois, tant il était plaisant de voir la Gryffondor perdre ainsi ses mots, d'autant plus en sachant qu'il était directement responsable de son malaise. Oui, il voyait parfaitement où elle voulait en venir, et se rappelait très bien de ce qu'elle avait dit, la dernière fois qu'elle s'était trouvée devant cette porte, quelques jours plus tôt. Comment aurait-il pu l'oublier ? Ce n'était pas tous les jours qu'on disait de lui qu'il était «terriblement séduisant», et qu'il apprenait avoir été l'objet des fantasmes de l'une de ses anciennes élèves !
Malheureusement, il avait toujours le corps de Charbon. Il n'avait donc pas pu arquer le moindre sourcil, mais avait néanmoins incliné la tête dans une posture curieuse, impatient d'avoir la suite.
- Oubliez ce que j'ai dit, d'accord ? C'était terriblement déplacé de ma part, avait-elle murmuré en baissant la tête, sa crinière brune soustrayant son visage embarrassé à son regard.
Sans lui laisser le temps de répondre, ou de réagir, elle avait ouvert la porte et était entrée dans la laboratoire, faisant une nouvelle fois preuve d'un non-courage tout à fait Gryffondorien ! Depuis le temps qu'il le disait, que les lions n'étaient pas plus courageux que les autres, et faisaient simplement passer leur manie de foncer dans le tas sans réfléchir pour ce que cela n'était pas !
Si elle pensait vraiment qu'il allait oublier cela sans sourciller, c'était bien mal le connaître !
Décidant toutefois de garder son opinion sur la question pour un jour où il aurait retrouvé sa voix, il était rentré à la suite de la jeune femme.
Celle ci s'était arrêtée à quelques pas de la porte, et regardait avec impuissance les nombreuses rangées de fioles qui s'alignaient le long des étagères _ du moins celles qui n'avaient pas été détruites lors de l'exposition de sa potion d'animalité.
- Alors, qu'est-ce que vous vouliez voir, ici ? Avait-elle interrogé.
Severus avait sauté sur le plan de travail, remis en ordre et au propre par le sortilège de nettoyage de la Gryffondor lors de leur dernière visite, et s'était frotté contre le chaudron désormais vide, avant de se tourner vers la jeune femme. Celle-ci avait froncé les sourcils, incertaine.
- Oui, j'ai bien compris que vous aviez eu un accident de potions, mais en l'état, il ne reste rien de… Attendez, vous n'êtes quand même pas entrain de me demander de refaire votre potion ?! S'était-elle exclamée, sidérée, lorsqu'il était descendu de la table pour se poster derrière ses jambes et la pousser en direction du plan de travail.
Hallelujah, elle avait enfin compris ! Et c'était ça, le prodige de Gryffondor dont Minerva lui rabâchait encore les oreilles à chaque début et fin d'année scolaire, espérant une nouvelle Hermione Granger parmi la fournée des premières années en septembre, et désespérant de ne pas l'avoir trouvée en juin.
- Miaou !
Granger avait pâli, et s'était reculée d'un pas dès qu'il était remonté sur la table.
- Non, vraiment, je doute que cela soit une bonne idée, avait-elle dit, nerveuse. Je veux dire, c'est très aimable à vous de penser que je pourrais y arriver, mais vraiment… Je n'ai jamais été très douée, en potions. Vous me le disiez vous-même, à l'époque…
- Miaou ! Avait insisté le Serpentard, consterné de la voir se défiler ainsi.
Comme quoi, les lions et leur courage, tout ça…
- D'accord, je fais quelques préparations pour George à la boutique, mais je n'ai clairement pas votre maîtrise de l'alchimie, et si vous-même ne l'avez pas réussie, je vois mal comment je pourrais, avait-elle argué, de plus en plus sur la défensive.
A en voir son expression désemparée, voire même apeurée, il était évident qu'elle ne changerait pas d'avis. Severus avait reconsidéré, avec un peu de retard malheureusement, toutes les fois où il lui avait fait des commentaires désobligeants, lorsqu'elle était en étude, laissant largement sous-entendre qu'elle n'était pas particulièrement douée dans sa matière, et qu'elle ne devait d'avoir des résultats potables que parce qu'elle savait apprendre par cœur un livre et recracher son contenu à la demande. A la réflexion, peut-être n'aurait-il pas dû se montrer si incisif car à l'évidence, la jeune femme n'était pas prête d'oublier ses dires. Si Minerva avait été là, nul doute qu'elle lui aurait fait remarquer qu'il n'avait que ce qu'il méritait, depuis le temps qu'elle lui disait qu'il était trop dur avec les élèves !
Severus avait senti tout ses espoirs de trouver rapidement une solution s'envoler. Depuis le début, son plan avait été de refaire la potion afin de déterminer où exactement cela avait coincé, et d'avoir une base de travail pour ensuite imaginer un antidote. Il avait pensé le faire seul, les premiers jours de sa transformation, avant d'accepter l'idée qu'il aurait besoin de quelqu'un, pour une fois dans sa vie. Il n'avait jamais eu de doute sur le fait que Granger serait ce quelqu'un. Weasley n'était sans doute pas si mauvais que cela en potions non plus, mais il était hors de question de remettre son sort entre les mains d'un plaisantin pareil ! Cet idiot serait capable de goûter la potion corrompue avant même d'en avoir un antidote certain, se retrouvant lui aussi coincé dans le corps d'un chat, ce qui ne l'avancerait guère !
Il s'était assis sur le bord de la table, dépité, regardant avec impuissance le chaudron vide et ses capes de sorcier posées un peu plus loin.
- Oh non ne faîtes pas cette tête, on va trouver une solution ! Avait murmuré Granger d'un ton suppliant en s'approchant de nouveau, mortifiée.
Severus ignorait quelle tête il était présentement entrain de faire mais à l'évidence, cela suffisait à faire culpabiliser la jeune femme. Se rappelant soudainement à quel point les amies de la Gryffondor avaient craqué pour son petit minois couvert de fourrure, quinze jours plus tôt, il avait cherché au fond de lui tout ce qu'il pouvait de tristesse et de déception, et avait relevé un regard implorant vers la sorcière, qui avait semblé batailler contre elle-même quelques instants, avant de rendre les armes.
- Bon d'accord ! Avait-elle cédé, à peine une poignée de secondes plus tard. Mais seulement si on prend le temps qu'il faut pour s'assurer que cela fonctionne ! Je ne veux pas être responsable d'une surenchère de votre cas si jamais cela ne fonctionne pas. Et interdit de lever les yeux au ciel comme cela ! Avait-elle ajouté, un brin vexée, lorsqu'il avait roulé des yeux, exaspéré.
Il lui avait retourné un regard éloquent, mais n'avait pas protesté outre mesure. Il avait déjà réussi à lui arracher la promesse de l'aider, ou presque, c'était déjà amplement suffisant! Mais quand même, elle était bien naïve de penser qu'il allait la laisser faire sans tout superviser d ! Il n'était peut-être plus en capacité de parler, mais il n'était pas devenu idiot pour autant !
- Bon, j'imagine que vous avez une recette expérimentale quelque part, ou des notes ? Avait demandé la jeune femme en lançant un regard alentour.
Le regard de Severus s'était porté par réflexe sur un carnet en cuir relié posé non loin du chaudron, qu'il avait ouvert d'un coup de patte sans trop y croire. S'il avait retenu un soupir affligé en l'ouvrant, Granger n'en avait rien fait lorsqu'elle s'était penchée par dessus lui pour y jeter un coup d'œil.
- Oh… j'imagine que le sortilège de nettoyage ne pouvait rien contre les pages abîmées, avait-elle grimacé en avisant les pages ondulées et pleines d'humidité, collées entre elle pour celles qui n'avaient pas fondu sous l'effet de la mixture brûlante qui s'était répandue sur le carnet. Dîtes-moi que vous aviez une copie, s'il vous plaît, avait-elle ajouté en baissant son regard vers lui.
Il avait levé la tête vers elle, dans un angle cervical qu'il n'aurait sans doute jamais pu esquisser dans un corps humain, son museau se retrouvant à quelques centimètres à peine du visage de la jeune femme. A cette distance, elle avait semblé lire la réponse dans ses yeux avant même qu'il ne secoue la tête, car une expression défaite s'était peinte sur son visage.
- Voilà qui ne nous facilitera pas les choses, avait-elle lâché, pragmatique. Bon, nous allons devoir reprendre depuis le début. De quoi ai-je besoin pour cette génialissime invention ?
Severus avait couché ses oreilles sombres sur les côtés de sa tête, dans une expression passablement agacée, pas certain d'apprécier la touche de sarcasme dans sa voix. Malheureusement, ce n'était pas comme s'il avait le luxe de disposer d'un plan B !
Il avait passé les vingt minutes suivantes à lui désigner les ingrédients dont elle aurait besoin parmi ceux qui avaient été épargnés dans son laboratoire. Comme elle n'avait aucun moyen de connaître les quantités nécessaires, elle avait pris le tout et fourré l'ensemble dans son sac ensorcelé, sous le regard un brin consterné du propriétaire des lieux. Si on lui avait dit qu'un jour il donnerait sa bénédiction à Hermione Granger pour piller son propre laboratoire, il ne l'aurait jamais cru !
Puis, la soirée commençant à être bien avancée, ils avaient quitté le château pour rentrer à Pré-Au-Lard. Severus, qui n'avait pas eu le temps de faire ses quinze heures de sommeil quotidiennes ce jour-là, avait commencé à fatiguer après avoir passé la moitié du chemin du retour. Il fallait dire, pour sa défense, que lorsque Granger faisait un pas, il en avait presque cinq à faire.
La Gryffondor, inconsciente de ses difficultés à suivre son rythme, ne faisait presque plus attention à lui, l'esprit déjà entièrement focalisé sur la tâche qui l'attendait.
- Nous aurions dû emprunter un glossaire des ingrédients les plus couramment utilisés en alchimie, avait-elle dit à voix haute, sans même vérifier qu'il était encore à sa hauteur. J'imagine qu'il y a des ingrédients qui ne se trouvaient pas dans votre laboratoire. Cela aurait permis que vous me les montriez en photo, à défaut de pouvoir me les citer. Je passerai chez l'apothicaire demain, peut-être qu'elle en aura un à me prêter et… Professeur ?
La jeune femme s'était arrêtée, étonnée de ne pas avoir de réaction de sa part. Severus, qui traînait des pattes quelques mètres derrière elle, avait été soulagé de la voir s'immobiliser. Il était tellement fatigué qu'il ne s'était même pas offusqué de l'expression mi-amusée mi-attendrie qui avait brièvement traversé le visage de la Gryffondor, avant qu'elle ne se reprenne.
- D'aucun aurait pensé qu'avec le nombre d'heures que vous passez à dormir sous cette forme, vous seriez plus en forme le soir venu !
Severus avait marqué une courte pause, le temps de lui lancer un regard venimeux entre deux halètements essoufflés. Malheureusement, une fois de plus, force avait été de constater que sous cette forme, ses regards assassins n'avaient pas grand effet, sinon de renforcer un peu plus le côté mignon de ce corps recouvert de fourrure. Preuve en était s'il en fallait encore une, Granger avait rebroussé chemin et s'était arrêtée devant lui, le toisant de toute sa hauteur de géante.
- Permettez ? Avait-elle demandé, l'amusement persistant derrière son hésitation.
- Miaou ? Avait répondu Severus, perplexe.
Malheureusement, toutes ses phrases semblaient sonner de la même manière aux oreilles humaines de Granger. Alors qu'il ne se rappelait pas avoir donné sa permission pour quoique ce fut, la jeune femme s'était penchée sur lui et avant qu'il ne réalise ce qu'il se passait, il s'était retrouvé dans ses bras, calé contre sa cage thoracique d'où il pouvait clairement sentir son cœur battre étonnement vite.
- Ne le prenez pas mal surtout, c'est juste qu'à ce rythme, le film sera fini quand on arrivera, avait-elle dit comme il s'était raidi dans ses bras.
- Meoww, avait-il marmonné, vexé malgré tout.
- J'espère vraiment que trouver l'antidote ne prendra pas trop de temps, avait-elle repris quelques mètres plus loin. La rentrée est pour dans trois semaines… Même si vous connaissant, je ne pense pas que louper quelques semaines de cours vous attristerait tant que cela, si ? A moins que terroriser les premières année d'entrée de jeu ne soit véritablement une passion, avait-elle ajouté, songeuse, et clairement moqueuse.
Severus, qui commençait déjà à somnoler, bercé par le rythme régulier de son pas et la chaleur de ses bras autour de lui, n'avait eu que le courage d'ouvrir un œil et de gronder à voix basse, pour la forme. Par Salazar, cette fichue sorcière commençait sacrément à prendre la confiance ! Avait-il songé, avant de s'endormir pour de bon.
