(The English version will be released the next day)


"Disclaimer: Je ne possède ni les droits, ni les personnages de ces deux franchises. Ils appartiennent respectivement à Square Enix et à HoyoVerse"


Kingdom Hearts III.5: A journey on Teyvat

Chapitre 12: Machination par-delà les ténèbres


Alors que Sora, Aether, Paimon et Venti poursuivaient leur conversation, un tout autre événement se déroulait à l'horizon. Dans la vallée Dadaupa, non loin du cimetière d'Épée, un corridor des ténèbres s'ouvrit soudainement. Dans ce passage obscur, une silhouette mystérieuse, drapée dans un long manteau noir qui masquait entièrement son visage, fit son apparition. Ce n'était autre que le même homme qui était apparu devant Sora après qu'il eut repoussé la Marée Démoniaque.

(Kingdom Hearts OST - Villains of a Sort)

Depuis sa position reculée, à plusieurs kilomètres, l'ombre silencieuse regardait en direction de Ventlevé. Bien que celui-ci ne puisse pas distinguer les traits de Sora à une telle distance, il percevait néanmoins sa présence. Pour lui, l'empreinte de ce jeune héros ne s'exprimait pas uniquement par son apparence, mais par l'intensité de son aura, par la force avec laquelle son cœur semblait vibrer.

Il aurait aimé l'observer de plus près, mais il dut s'abstenir, car, à cet instant, Sora discutait avec un curieux personnage vêtu de vert. Pourtant, il savait que plus il s'approcherait d'eux, plus cette personne découvrirait qu'ils étaient surveillés. Après tout, lorsqu'il avait aperçu l'arrivée de Sora dans ce monde, il avait su, à deux reprises, que sa présence avait été découverte par la même personne avec qui Sora échange actuellement. Mais cela ne devait pas le surprendre, après tout, il était un Dieu, un Archon selon les termes de ce monde.

Quoi qu'il en soit, cela ne le dérangeait pas outre mesure. Même s'il ne voyait pas Sora de près, il ressentait sa présence. Après tout, Sora laissait une empreinte indélébile, touchant le cœur de ceux capables de percevoir sa véritable nature... qu'ils soient alliés ou ennemis.

? ? ? : Comment as-tu pu t'éloigner à ce point de ton destin, Sora ?
Murmura-t-il pour lui-même, sa voix résonnant faiblement dans l'air.

Il croisa les bras, pensif. Il avait cru que la perte de la princesse de cœur pousserait Sora à prendre tous les risques pour la sauver. Il connaissait le jeune homme, il l'avait observé maintes et maintes fois. Sora était prêt à tout pour secourir ceux avec qui il tissait des liens. Sa force résidait dans son cœur, dans les émotions qui le liaient aux autres… mais cette force pouvait tout aussi bien être une faiblesse, si l'on savait en jouer.

? ? ? : Ce lien qu'il avait avec elle… c'était de loin le plus fort.
Continua-t-il à voix haute.

Il aurait dû tenter d'utiliser le pouvoir de l'Éveil pour revenir en arrière… pour la sauver, encore une fois. Et accepter le prix à payer.

? ? ? : Après tout… c'était son destin. Nul ne peut s'y opposer.

Un instant de silence s'installa, uniquement troublé par le bruit du vent sifflant entre les pierres. Pourtant, il ne ressentait pas d'inquiétude. Le simple fait que Sora n'ait pas encore usé de ce pouvoir ne signifiait pas qu'il en avait échappé. Non, tout n'était qu'une question de circonstances. Un événement suffisamment fort, une épreuve plus terrible encore que la perte d'une seule personne…

? ? ? : Si la perte de son amie n'a pas suffi, alors il faut créer une situation qui l'y forcera.
Déclara-t-il d'un ton assuré.

? ? ? : Quelque chose de plus grand… de plus intense.

Son regard se tourna vers l'horizon, là où se trouvait Mondstadt. Un sourire imperceptible se dessina sous l'ombre de sa capuche.

? ? ? : Et ce monde me fournira tout ce dont j'ai besoin.

Il imaginait déjà Sora se liant d'amitié avec les habitants de ce royaume, forgeant de nouvelles connexions. C'était sa nature, après tout. Il ne pouvait s'empêcher de tendre la main aux autres, de tisser des liens aussi solides que sincères.

? ? ? : Oui… laisse ton cœur s'attacher à ce monde, Sora. C'est ce dont j'ai besoin.
Poursuivit-il, une pointe de satisfaction dans la voix.

? ? ? : Plus tu noueras de liens, plus tu renforceras ton cœur… et plus il deviendra fragile sous le poids de ces attachements.

Il s'arrêta un instant, comme savourant l'idée qu'il venait d'exprimer.

? ? ? : Comme je te l'ai déjà dit… les cœurs sont puissants quand ils sont liés, mais si on les surcharge trop de ce pouvoir ; certains de ces cœurs peuvent se briser.

Son ton était calme, dénué de la moindre menace. Il énonçait un fait, une vérité inévitable. Et Sora n'échapperait pas à cette règle.

? ? ? : Unir son cœur à trop de personnes… finit toujours par nous briser.
Murmura-t-il.

? ? ? : La vraie question est : comment réagira-t-il lorsque ces liens finiront un jour par disparaître ?

Il n'avait pas besoin de répondre à cette interrogation. Il connaissait déjà la réponse. Il pouvait presque voir le regard déchiré du jeune garçon, sentir son hésitation, sa tristesse, son désespoir… tout ce qui le pousserait à vouloir modifier ce destin.

? ? ? : Continue ton voyage, Sora. Continue de te rapprocher de ce voyageur qui te ressemble tant. Peut-être que lui aussi finira par jouer son rôle dans tout cela…

Un léger rire s'échappa de ses lèvres, vite emporté par le vent. Il ne lui restait plus qu'une chose à faire.

? ? ? : Mais pour que tout se déroule comme prévu… il me faut m'assurer que les bonnes pièces soient en place.

Il leva lentement la main, traçant un mouvement dans l'air. Devant lui, un corridor des ténèbres se matérialisa, tourbillonnant d'une obscurité insondable.

? ? ? : Et pour ce faire, j'ai besoin d'aller rencontrer cette personne… et de mettre mon plan en marche.

Sans un bruit, il s'engouffra dans le vortex, disparaissant dans l'ombre, tandis que la Vallée Dadaupa retrouvait son silence inquiétant.


(Genshin Impact OST - Forlorn Child of Archaic Winds (Dvalin's Nest))

Ailleurs, au sommet des ruines de l'Antre de Stormterror, sous un ciel tourmenté, une silhouette immobile dominait l'horizon. Aussi énigmatique que la figure apparue plus tôt, elle portait une cape noire ornée de motifs mystérieux. Contrairement à l'autre individu, cependant, il ne cherchait pas à dissimuler son visage. Son apparence trahissait une jeunesse certaine : des cheveux blonds encadraient ses traits froids et déterminés, tandis qu'un masque en forme de cache-œil couvrait le côté droit de son visage, ne laissant entrevoir que son œil gauche. Ses iris, loin d'être ordinaires, arboraient un motif singulier, semblable à une étoile.

Cet homme n'était nul autre que Dainsleif, Gardien du Rameau.

À ses pieds, un Mage de l'Abîme Cryo gisait, accablé de douleur. Son corps tremblait sous l'effet des blessures qu'il avait subies, peinant à se relever. Il ne faisait aucun doute : c'était bien le même mage qui, jadis, avait conspiré pour corrompre Dvalin et le pousser à se retourner contre Mondstadt et ses habitants.

Le silence fut brisé par un râle sourd. Le Mage de l'Abîme, malgré ses blessures, se redressa légèrement, fixant Dainsleif avec un regard empli de haine.

Mage de l'Abîme : Maudit sois-tu… En t'opposant à nous, tu défies l'Ordre de l'Abîme. Sa Majesté ne tolérera pas cette offense. Tu n'échapperas pas à son courroux.

Dainsleif ne bougea pas, son expression restant impassible. Il observa son adversaire un instant avant de lever la main. Une énergie crépusculaire entoura ses doigts, et d'un geste fluide, il fit disparaître le Mage de l'Abîme dans un éclat de lumière sombre. Seules quelques particules glaciales flottèrent un instant dans l'air avant de s'évanouir.

Dainsleif : Sa "Majesté"... Visiblement, tu ne la connais pas aussi bien que moi.
Murmura-t-il pour lui-même.

Il resta un moment pensif, le regard perdu dans le vide. Des souvenirs, qu'il aurait préférés laisser enfouis, remontèrent à la surface. Des bribes d'un passé révolu, d'un temps où tout n'était pas encore consumé par l'obscurité de l'Abîme.

Dainsleif poussa un soupir avant de recentrer son attention sur la situation actuelle. L'implication de l'Abîme dans les événements récents de Mondstadt l'intriguait. Manipuler un dragon pour semer la destruction, éliminer un Archon et ses fidèles… Une tactique implacable, mais aveugle.

Dainsleif : Leur haine des dieux ne justifie pas de tels actes...
Murmura-t-il.

Dainsleif : Même si…

Il s'interrompit. Il comprenait, mieux que quiconque, l'aversion envers les divinités. Lui aussi portait en lui cette rancœur silencieuse. Mais il n'avait jamais cherché à éradiquer des innocents pour autant. Chacun devait être libre de choisir son propre chemin, et si ce choix les menait à leur perte, il leur appartenait d'en assumer les conséquences.

Son regard se durcit lorsqu'une pensée traversa son esprit. Cette crise à Mondstadt avait été résolue non seulement par l'Archon Anémo et ses fidèles, mais aussi grâce à l'intervention d'un mystérieux voyageur blond. Cette seule information éveillait en lui une multitude de questions.

Dainsleif : Qui est-il ? D'où vient-il ?

Dainsleif serra les poings. Un pressentiment s'emparait de lui, une intuition qui ne le quittait pas. Le destin leur permettrait-il de se rencontrer ? Ce voyageur… ressemblait-il réellement à "elle" ?

Le Gardien du Rameau resta immobile, son regard perçant scrutant l'obscurité environnante. Le vent sifflait, mais il ne prêta pas attention aux bourrasques glacées. Ce qu'il ressentait à cet instant surpassait tout danger physique. C'était une présence, un frisson qui s'insinuait dans son être, une alerte que même son instinct le plus affûté ne pouvait ignorer.

Ce n'était pas l'Abîme. Non, il connaissait trop bien leur énergie oppressante, leurs intentions insidieuses. Cette sensation était différente, étrangère, et pourtant… familière. Une menace tapie dans l'ombre la plus profonde, invisible aux yeux des mortels, mais dont la présence était indéniable.

Il ne bougea pas. Il savait que ce qui se cachait là, dans les ténèbres, n'attendait qu'une seule chose : une ouverture. Dainsleif sentit alors un frisson parcourir son échine lorsque la première créature surgit de son ombre. Sans réfléchir, il pivota sur le côté, esquivant de justesse l'attaque qui visait son dos. Son instinct de combattant prit immédiatement le dessus. D'un geste précis, il projeta une onde d'énergie sombre de sa main, frappant la créature de plein fouet, le faisant disparaître en un nuage de fumée obscure.

Cependant, il n'eut pas le temps de se réjouir de cette victoire éclaire. À peine avait-il anéanti son premier adversaire que d'autres apparurent, surgissant des ténèbres environnantes. Ils rampaient hors du sol, se détachaient des ombres des ruines, prenaient forme à partir des ténèbres elles-mêmes. Ces créatures... Ce n'était pas des créature de l'Abîme, mais il les reconnaissait.

Dainsleif : Des Sans-cœurs...

Un souvenir refit surface. Une nuit de chaos. La chute de Khaenri'ah. Des créatures semblables rampant hors des ombres, se ruant sur les survivants. Elles n'étaient ni humaines, ni divines. Elles étaient autre chose.

Il n'avait jamais compris leur nature exacte. Il savait seulement qu'ils apparaissaient là où les ténèbres étaient les plus répandues. Nul doute que durant la chute de Khaenri'ah, ces créatures avaient toutes les raisons d'apparaître. Ils consumaient tout sur leur passage, comme s'ils cherchaient à s'emparer d'une essence invisible que seuls eux pouvaient percevoir. Et maintenant, ils étaient de retour.

Dainsleif : Pourquoi sont-ils réaparrus ?

Lui qui pensait ne plus jamais revoir ces créatures... Pourquoi réapparaissaient-elles ici, après tout ce temps ? Une question se forma dans son esprit, aussitôt suivie d'une autre. Quelque chose—ou quelqu'un—les avait attirés ici. Était-ce un simple hasard ? Ou bien une volonté orchestrée dans l'ombre ?

Un autre souvenir émergea. Une rencontre. Avec une personne, maniant une épée étrange, une arme qui n'était ni lame, ni lance, mais quelque chose de plus complexe, plus ancien… Une clé. Cette personne lui avait parlé de ces créatures, affirmant qu'elles se nourrissaient de la lumière, qu'elles traquaient ceux qui en étaient porteurs.

Dainsleif : Alors… cela voudrait-il dire… ? Est ce que ce jeune homme serait arrivé ?

Dainsleif raffermit sa prise. Si un autre voyageur était ici, un étranger d'un autre monde, capable de manier cette étrange arme, alors Teyvat était sur le point d'être confronté à une crise bien plus grande qu'il ne l'imaginait. Mais pour l'instant, il devait se battre. Car les Sans-cœurs ne comptaient pas lui laisser le temps de réfléchir plus longtemps.


Le Port de Liyue s'étendait majestueusement, baigné par l'éclat tamisé des lanternes suspendues aux échoppes animées. L'air embaumait le parfum des épices et des poisson fraîchement pêché, tandis que les cris des marchands vantaient leurs marchandises exotiques. Les quais bourdonnaient d'activité, où marins et dockers s'affairaient sans relâche, déchargeant des cargaisons en provenance des quatre coins de Teyvat.

Les rues pavées du port résonnaient sous les pas des passants, nobles et roturiers se croisant dans un équilibre fragile entre traditions et affaires prospères. Les silhouettes des Millelithes, postées à divers points stratégiques, veillaient avec vigilance sur la tranquillité de la ville, assurant l'ordre sous l'égide des Sept Etoiles de Liyue.

Loin de l'agitation du marché, dans une ruelle plus calme, se dressait un bâtiment aux allures discrètes : la Maison de thé Yanshang. Devant l'entrée, un jeune homme s'arrêta un instant, son regard azur glissant sur la façade familière du bâtiment. Ses cheveux oranges ondulaient, et sur le côté gauche de sa tête reposait un masque rouge, placé nonchalamment. Sa tenue, composée d'une veste et d'un pantalon gris aux motifs subtils, contrastait avec l'image qu'il laissait habituellement derrière lui : celle d'un combattant brutal, toujours prêt à se jeter dans la mêlée.

Un soupir imperceptible lui échappa. Il n'éprouvait aucun plaisir à revenir ici après le travail qu'il avait eu à faire récemment avec l'ancien patron de cet établissement. Cependant, il n'avait pas vraiment le choix. Une convocation n'était jamais une option, surtout lorsqu'elle émanait de ses supérieurs.

À l'entrée, deux silhouettes se redressèrent immédiatement à sa vue. Un homme et une femme, vêtus de longs manteaux noirs aux reflets mauves, se tenaient droits, leurs visages partiellement dissimulés derrière des masques noirs ornés d'une cicatrice rouge peinte sur le côté gauche. Ils inclinèrent la tête en signe de respect avant de prononcer d'une voix synchronisée :

Homme et Femme : Nous vous attendions, Jeune Maître Tartaglia.

Tartaglia, onzième Exécuteur des Fatui. Ses yeux se plissèrent légèrement. L'accueil était formel, trop formel à son goût. Un pressentiment l'étreignait. Si la personne qui l'avait convoqué lui demandait de se retrouver ici, ce n'était sûrement pas pour une simple affaire de routine…

Avant que les deux agents ne puissent prononcer une autre de leurs formules de politesse, Tartaglia leva une main, les interrompant.

Tartaglia : Très bien, inutile d'en faire trop. Je suis déjà là, alors allons droit au but… Elle est bien arrivée ?

Les deux agents échangèrent un bref regard avant d'acquiescer vivement.

Agent Fatui (Homme): Oui, elle vous attend à l'intérieur.

Sans un mot de plus, ils s'empressèrent d'ouvrir la porte. Tartaglia leur adressa un simple signe de tête avant de franchir le seuil.

À l'intérieur du bâtiment, l'attendait celle qui l'avait convoqué. Une grande femme à la peau pâle, dont les cheveux blonds platine tombaient en cascade sur ses épaules. Ses yeux gris clair luisaient d'une froideur aristocratique, et son visage était en partie masqué par un accessoire combinant une couronne et la forme d'un papillon, dissimulant son œil droit. Sa longue robe blanche, élégante et austère, était accompagnée d'un manteau dont l'intérieur rouge écarlate tranchait vivement avec le tissu extérieur.

La simple vue de cette femme fit grimacer Tartaglia.

Tartaglia : Signora. Je vois que tu est arrivée à bon port.

(Genshin Impact OST - Perilous Path)

Signora, un autre membre des Executeurs des Fatui, au même titre que Tartaglia, mais occupant cette fois le 8ème siège. Elle était la même femme que Venti avait décrite, celle qui s'était impliquée à la fin de la crise de Mondstadt et qui avait dérobé son Gnosis.

Tartaglia ne fit aucun effort pour masquer son agacement. Il s'avança sans même prendre la peine de la saluer et planta son regard azur dans le sien.

Tartaglia : J'espère que tu ne m'as pas convoqué ici juste pour entendre un compte rendu de ma dernière mission. Franchement, si c'était le cas, tu aurais pu nous épargner cette perte de temps à tous les deux.

Un sourire narquois se dessina sur les lèvres de Signora, son expression mi-amusée, mi-hautaine.

Signora : Toujours aussi charmant, Tartaglia. C'est un plaisir de te revoir.

Elle laissa planer un silence, appréciant sans doute la tension qui s'installait. Puis, d'un ton empreint d'une fausse bienveillance, elle ajouta :

Signora : Mais rassure-toi, est-ce que tu me vois perdre mon temps à régler avec des affaires aussi triviales que ça ?

Tartaglia croisa les bras, son regard se durcissant.

Tartaglia : Heureusement que non, pour notre intérêt à tous les deux. Et donc, si ce n'est pas à cause de ça, sois plus précise. J'ai autre chose à faire que de jouer aux devinettes. Tu es mieux placée que quiconque pour savoir à quel point la mission que je mène ici, à Liyue, est importante.

Un sourire narquois étira les lèvres de Signora alors qu'elle croisait les bras, toisant Tartaglia avec amusement.

Signora : Oh ? Aurais-tu besoin d'un coup de main ? Je me ferais un plaisir de t'offrir mon aide...

Tartaglia esquissa un sourire froid, ses yeux azur lançant un éclat de défi.

Tartaglia : Toi, m'aider ? Tu serais bien la dernière personne dont j'aurais besoin.

Il savait parfaitement qu'elle ne cherchait qu'à le rabaisser. N'ayant aucune intention de perdre une seconde de plus dans cet échange stérile, il se retourna pour quitter la pièce.

Tartaglia : Bon, il est clair qu'être en présence avec toi me fera perdre beaucoup plus de temps que d'habitude. Si tu n'as rien à redire, il serait préférable pour toi de retourner au palais et d'en informer notre Impératrice.

Mais à peine avait-il fait quelques pas que la voix de Signora résonna, cette fois plus sérieuse.

Signora : Ma mission à Mondstadt est accomplie. Le Gnosis de Barbatos est en notre possession.

Tartaglia s'arrêta net, mais ne prit pas la peine de se retourner. Il laissa échapper un léger rire moqueur.

Tartaglia : Félicitations. Tu veux une médaille pour ton exploit ?

L'Exécutrice des Fatui ignora sa provocation et poursuivit, son ton empreint d'arrogance.

Signora : Ce qui m'intéresse surtout, c'est ce que j'ai découvert vers la fin. J'ai eu l'occasion de rencontrer celui qui a joué un rôle clé dans la crise de Mondstadt.

Cette fois, Tartaglia daigna tourner légèrement la tête. Il savait déjà de qui elle parlait. Les rumeurs au sein des Fatui faisaient état d'un mystérieux voyageur blond, apparu de nulle part, qui avait été l'acteur principal dans la résolution du conflit impliquant Stormterror.

Tartaglia : Ah, oui… J'en ai entendu parler. Un étranger qui a réussi à se faire une place à Mondstadt. Les habitants le traitent comme un héros. Il a même reçu le titre de Chevalier Honoraire, d'après ce que j'ai entendu.

Il se retourna complètement, croisant les bras. Son regard s'était assombri d'un intérêt réel, mais mesuré.

Tartaglia : Et alors ? Qu'est-ce que tu en penses ? Ce voyageur vaut-il la peine qu'on s'intéresse à lui ?

Signora haussa un sourcil, un sourire amusé sur les lèvres.

Signora : Honnêtement ? Sa réputation est grandement exagérée. Il n'a rien pu faire pour m'empêcher de voler le Gnosis, ni même protéger ce cher Archon Anémo.

Tartaglia resta silencieux un instant, songeur. Il connaissait trop bien la nature hautaine de Signora. Contrairement à lui, qui prenait plaisir à affronter ses adversaires en face à face, elle préférait les coups en traître et les manipulations.

Il était prêt à parier qu'elle n'avait jamais réellement affronté ce voyageur, mais plutôt profité d'une situation à son avantage, comme à son habitude. Sortant de ses pensées, il haussa finalement les épaules.

Tartaglia : Bah… Je me ferai ma propre idée.

Le regard de Signora se fit moqueur, mais elle n'ajouta rien d'autre que :

Signora : Si ça t'amuse de perdre ton temps ainsi, libre à toi.

Tartaglia ne releva pas la pique et se contenta d'un sourire en coin avant de tourner les talons. Qu'importe l'opinion de Signora… Si ce voyageur était aussi spécial que les rumeurs le laissaient entendre, il comptait bien en avoir le cœur net. Le jeune Exécuteur croisa les bras, observant Signora d'un air intrigué.

Tartaglia : Alors, c'est pour ce Voyageur que tu m'as convoqué ? Tu penses qu'il va bientôt faire irruption à Liyue, et que je dois me préparer à son arrivée ?

Signora secoua légèrement la tête, un sourire suffisant aux lèvres.

Signora : En partie, oui. Mais avec un minimum de réflexion, tu aurais pu le deviner toi-même. La seule nation à proximité de Mondstadt, c'est Liyue. Il y a donc toutes les chances pour qu'il s'y rende.

Tartaglia ne releva pas son ton condescendant. Il se contenta d'un sourire en coin. Cette information était intéressante. Si ce fameux voyageur mettait les pieds à Liyue, cela signifiait qu'il aurait peut-être l'occasion de le rencontrer.

Tartaglia : Hm… Et quelles sont les chances qu'il interfère dans nos plans ?

Signora haussa un sourcil, avant de répondre avec un air de désinvolture.

Signora : Il ne pourra pas nous arrêter.

Elle disait cela avec une telle certitude que Tartaglia fronça légèrement les sourcils. Il ne doutait pas que Signora soit forte, mais il savait aussi qu'elle préférait éviter les affrontements directs. Peut-être sous-estimait-elle ce voyageur… Il verrait bien par lui-même.

Il reprit alors, son ton toujours léger, mais teinté d'une pointe de curiosité.

Tartaglia : Très bien, admettons. Mais si ce voyageur n'est pas le sujet prioritaire de notre conversation, alors qu'est-ce qui l'est réellement ?

Le sourire narquois de Signora s'effaça légèrement. Son regard se fit plus sérieux alors qu'elle sortit un document d'un pli de son manteau et le tendit à Tartaglia.

Signora : J'ai reçu un rapport de Mikhail et Lyudmila. Nos agents diplomatiques restés à Mondstadt ont signalé quelque chose d'étrange après mon départ.

Tartaglia plissa les yeux en entendant ces noms. Mikhail et Lyudmila n'étaient pas du genre à envoyer des rapports inutiles.

Tartaglia : Qu'est-ce qui s'est passé ?

Signora : Mondstadt... a de nouveau été attaqué… par des monstres.

Tartaglia arqua un sourcil, clairement surpris.

Tartaglia : Encore ? Je pensais que l'incident avec Stormterror était réglé. Quels monstres ont bien pu menacer la cité maintenant que le dragon s'est calmé ? L'Abîme ?

Signora secoua la tête.

Signora : Non. Selon nos agents, ces créatures n'avaient rien à voir avec celles que nous connaissons.

Tartaglia pencha légèrement la tête, réfléchissant.

Tartaglia : Des monstres noirs… Tu veux dire comme des chiots de faille ? Ou même des limiers de faille ?

Mais Signora coupa court à son raisonnement.

Signora : D'après leur description, c'est catégorique. Ce n'était ni l'un ni l'autre. Ces choses étaient… différentes. Ils l'ont décrit comme... un amas de créatures noires, grouillantes, se mouvant presque à l'unisson, comme une entité unique.

Tartaglia fronça les sourcils. Des monstres qu'aucun des deux diplomates n'avaient jamais vus ? Une masse sombre rampante, qui attaquait en groupe ? Cette nouvelle était pour le moins… troublante.

Il baissa les yeux vers le rapport, ses doigts tapotant légèrement le papier. Quelque chose clochait. Ce n'était pas une attaque ordinaire.

Tartaglia : Hm… Intéressant.

Il releva son regard vers Signora, une lueur d'intérêt dans les yeux.

Tartaglia : Et toi, tu as une idée de ce que c'est ?

Il observa Signora avec un air intrigué. Il remarqua que son attitude était légèrement différente de d'habitude, moins hautaine et plus mesurée. Cette dernière croisa les bras et haussa légèrement les épaules

Signora : En temps normal, je ne prendrais même pas la peine de m'attarder sur un sujet aussi absurde. Une histoire tirée par les cheveux, rien de plus.

Elle marqua une pause, puis son regard s'assombrit légèrement.

Signora : Mais cette fois… je dois bien admettre que j'ai eu tort.

Tartaglia arqua un sourcil, visiblement surpris.

Tartaglia : Oh ? Ce n'est pas souvent que tu ravales tes paroles. Qu'est-ce qui a bien pu te faire changer d'avis ?

Signora soupira légèrement avant de reprendre, son ton plus grave qu'auparavant.

Signora : Sur le chemin menant à Liyue, je m'attendais à croiser les habituels monstres qui peuplent Teyvat. Rien d'anormal jusque-là. Mais… j'ai fini par voir ces choses de mes propres yeux.

Tartaglia plissa les yeux.

Tartaglia : Attends… Tu veux dire que tu as réellement vu ces créatures dont parlent nos agents ?

Signora détourna légèrement le regard, agacée d'avoir à l'admettre.

Signora : Je ne vais pas te mentir, au départ, je pensais que ce rapport était une pure absurdité. Mais je n'ai pas eu d'autre choix que d'admettre la réalité quand ces choses ont surgi de nulle part pour nous attaquer.

Tartaglia resta silencieux un instant. L'idée que Signora elle-même ait été témoin de ces créatures rendait la situation bien plus sérieuse qu'il ne l'imaginait.

Tartaglia : Et à quoi ressemblaient-ils exactement ?

Signora : Je ne pense pas que tu puisses me croire sur parole si je te le disais.

Elle marqua une pause avant de croiser les bras.

Signora : Mais soit. Je vais te les décrire. Libre à toi après de croire à la véracité de mes propos. Ces choses… ne ressemblaient à rien de ce que nous connaissons. Ce n'étaient ni des Brutocolinnus, ni des monstres de l'Abîme. Elles avaient une forme humanoïde, entièrement noires, comme si leur coprs était faite d'ombre pure.

Elle plissa légèrement les yeux, se remémorant les détails.

Signora : Leur particularité la plus frappante, c'était leurs yeux… jaunes, perçants... brillantes dans le noir. Certains d'entre eux avaient des motifs en forme de cœur rayé sur certaines parties de leur corps.

Tartaglia réfléchit un instant. Ces descriptions ne lui évoquaient absolument rien.

Tartaglia : Hm… Je vois. Et leur manière de combattre ?

Signora eut un sourire narquois.

Signora : Ils étaient faibles. Rien que mes pouvoirs ont suffi à les faire disparaître dans une espère de brume sombre. Mais…

Elle s'interrompit un instant, comme si elle hésitait à donner trop de crédit à ces monstres.

Signora : Certains avaient des capacités… inhabituelles. Ceux qui avaient une apparence humanoïde pouvaient littéralement disparaître en se fondant dans le sol comme une ombre. Ils se déplaçaient en rasant le sol avant de surgir derrière leurs cibles.

Tartaglia se redressa légèrement, l'air plus sérieux.

Tartaglia : Vous avez dû en baver.

Signora haussa légèrement les épaules.

Signora : Pas assez pour nous mettre réellement en danger. Mais suffisamment pour désorganiser nos formations. Certains de nos soldats ont été pris par surprise. Les sergents et mages des Fatui ont eu un peu de mal à s'adapter au début… mais rien que nous n'ayons pu gérer.

Tartaglia passa une main sur son menton, réfléchissant à ces informations.

Tartaglia : Donc, ce rapport était bien véridique.

Signora confirma d'un simple hochement de tête.

Signora : Exactement. Et c'est bien pour parler de ça que je t'ai convoqué.

Tartaglia releva son regard vers elle, un sourire intéressé aux lèvres.

Tartaglia : Alors, ces nouveaux monstres… c'était ça, le vrai sujet de notre discussion ?

Tartaglia, désormais pleinement conscient de l'apparition de ces créatures mystérieuses, revint sur un point qui le tracassait.

Tartaglia : Si Mondstadt a de nouveau été attaquée par ces monstres… sait-on au moins qui les a affrontés ?

Signora haussa légèrement les épaules, son ton trahissant un profond désintérêt.

Signora : Qui d'autre que ce Voyageur ? Il s'est évidemment précipité pour jouer les héros.

Tartaglia eut un sourire amusé. Ce nom revenait une fois de plus dans la conversation, et loin de l'ennuyer, cela le captivait encore davantage.

Tartaglia : Intéressant. Alors, il n'hésite jamais à se jeter dans la gueule du loup.

Signora roula des yeux.

Signora : C'est bien ce que j'ai dit. Dès que le moindre problème pointe le bout de son nez, il fonce tête baissée, comme s'il était le gardien attitré de Mondstadt.

Tartaglia croisa les bras, son sourire s'élargissant.

Tartaglia : Voilà un point que nous avons en commun, lui et moi. Nous sommes des gens d'action. Nous ne sommes pas du genre à rester les bras croisés.

Signora le regarda avec un air sarcastique.

Signora : Ne me dis pas que tu es en train de l'admirer.

Tartaglia : Pourquoi pas ? Il est rare de trouver des adversaires aussi… audacieux que moi.

Il réfléchit un instant, puis reprit :

Tartaglia : Il a eu de l'aide, j'imagine ?

Signora soupira avant de répondre, l'air toujours agacé d'avoir à détailler ces événements.

Signora : Les agents ont aussi aperçu la Grande Maîtresse Suppléante, Jean Gunnhildr.

Tartaglia hocha la tête.

Tartaglia : La Grande Maîtresse, hein ? Ce n'est pas une surprise. D'autres personnes ?

Signora : Et il y avait aussi celle qui s'occupe de la bibliothèque de l'Ordre… mais elle est surtout connue pour être la diplômée la plus distinguée que l'Académie de Sumeru ait formée en deux cents ans.

Elle fit une pause avant d'ajouter avec un brin d'ironie :

Signora : Lisa Minci.

Tartaglia haussa un sourcil, intéressé.

Tartaglia : Oh... La mage érudite… accompagné du "Chevalier au Pissenlit" ainsi que du "Chevalier Honoraire" à ses côtés, ça a dû être un combat intéressant.

Signora fit un léger sourire en coin.

Signora : Peut-être. Mais ce n'est pas tout.

Elle laissa planer un silence, comme si elle cherchait ses mots.

Tartaglia : Quoi encore ?

Signora : D'après nos agents, un autre garçon s'est joint au combat.

Tartaglia fronça les sourcils.

Tartaglia : Un autre ? Qui était-ce ?

Signora haussa légèrement les épaules, son expression trahissant une pointe d'indifférence.

Signora : Voilà le problème. Nos agents n'en savent pas plus que nous.

Tartaglia : Attends… Tu veux dire qu'ils ne le connaissent pas ?

Signora : Exactement. Et crois-moi, ces deux-là ne sont pas du genre à ignorer les visages familiers. Ils sont restés assez longtemps à Mondstadt pour connaître presque tout le monde en ville.

Tartaglia se frotta le menton, pensif.

Tartaglia : Donc ce garçon ne fait pas partie des habitants… Un voyageur de passage, peut-être ?

Signora : C'est une possibilité. Mais je ne vais pas perdre mon temps à m'intéresser à un étranger lambda.

Elle marqua une pause avant d'ajouter :

Signora : Tout ce que nos agents ont pu rapporter, c'est qu'il semble aussi jeune que le Voyageur. Il a des cheveux châtains, hérissés, et porte d'étranges vêtements noirs et rouges.

Tartaglia plissa légèrement les yeux. Contrairement à Signora, il ne pouvait s'empêcher de s'intéresser à ce mystérieux jeune garçon. Il n'était pas du genre à ignorer une personne qui osait se jeter dans la mêlée avec autant d'audace. Des combattants aussi téméraires étaient rares.

Tartaglia : Un garçon capable de foncer tête baissée dans un combat contre des créatures inconnues… Voilà qui mérite au moins mon attention.

Signora, toujours aussi désintéressée, roula des yeux.

Signora : Ne me dis pas que tu comptes aussi le traquer pour t'amuser avec lui.

Tartaglia esquissa un sourire en coin.

Tartaglia : Qui sait ? Si ce type a le même tempérament que le Voyageur, alors j'aimerais voir de quoi il est capable. Peut-être même l'affronter…

Signora soupira, lasse de cette conversation qui s'éternisait.

Signora : Bien, puisque tout est dit, j'en ai fini avec cette discussion.

Tartaglia croisa les bras, hochant légèrement la tête. Il devait bien admettre qu'il partageait son sentiment : il était temps d'en finir avec cette entrevue. Mais contrairement à elle, il trouvait cette rencontre bien plus enrichissante qu'il ne l'aurait imaginé.

Grâce à Signora, il avait appris plusieurs informations précieuses : l'apparition de monstres inconnus, la réussite de leur mission à Mondstadt, l'implication du Voyageur dans l'attaque… et maintenant, l'existence d'un nouveau venu.

Tout cela ne faisait qu'accélérer les battements de son cœur d'excitation.

Signora : Tss. Tu fais cette tête, encore…

Tartaglia la regarda d'un air interrogateur.

Signora : Je reconnais cet air d'impatience. Tu es déjà en train de penser à un prochain combat, n'est-ce pas ?

Un léger ricanement lui échappa comme pour répondre à sa question. Signora soupira, sachant très bien que son plus jeune collègue était un véritable fanatique des affrontements.

Signora : Je te rappelle que ta mission à Liyue passe avant tes petits désirs.

Tartaglia : Évidemment, évidemment.

Il leva les mains en signe d'innocence.

Tartaglia : Je sais où se situe mes limites entre mes motivations personnelles, ainsi que les tâches confiés par la Tsarine.

Il se redressa, visiblement prêt à partir.

Tartaglia : Alors, que comptes-tu faire maintenant ? Tu vas transmettre toutes ces informations à Sa Majesté et à nos confrères ?

Signora ne répondit pas immédiatement. Elle détourna simplement le regard, laissant une pointe de mystère planer autour de ses intentions. Tartaglia soupira en voyant qu'il n'obtiendrait pas de réponse claire.

Tartaglia : Bien... fais comme tu veux. Moi, je n'ai plus de raison de rester.

Sur ces mots, il fit demi-tour et quitta la pièce, laissant Signora seule. Alors qu'il s'éloignait, Signora resta un moment dans ses pensées.

Elle aurait très bien pu rentrer à Snezhnaya sur-le-champ. Après tout, elle avait réussi à récupérer le Gnosis et sa mission était un succès. Il lui suffisait de remettre son rapport à Sa Majesté.

Et pourtant…

Quelque chose la retenait encore ici.

Son regard se durcit alors qu'elle repensait à ces créatures. Ces monstres noirs qu'elle avait affrontés… Ils n'avaient rien à voir avec ceux de Teyvat. Pas même ceux de l'Abîme ne leur ressemblaient. Une forme de vie qui lui était inconnue, et qui pourtant avait réussi à lui laisser une impression tenace.

Signora (pensant) : Ces choses… elles ne sont ni de Teyvat, ni de l'Abîme.

Elle était loin d'être une novice en matière de monstres. Sa longue vie l'avait conduite à rencontrer toutes sortes d'horreurs, que ce soit celles qui hantaient les terres glaciales de Snezhnaya ou les abominations tapies dans les profondeurs de ce monde. Mais celles-ci… Elles étaient différentes.

Déroutantes.

Et en même temps… fascinantes.

Signora : Qu'est-ce qu'ils sont, au juste ?

Son esprit commença à imaginer des possibilités. Si l'Abîme était capable de contrôler les monstres de ce monde, alors pourquoi ne pourrait-elle pas en faire de même avec ces créatures inconnues ?

Ces choses... possédaient un potentiel certain. Si elle parvenait à les dompter… à les soumettre à sa volonté… alors les Fatui disposeraient d'une nouvelle arme, une force incontrôlable aux yeux des nations de Teyvat, mais parfaitement maîtrisée entre ses mains. Cela pourrait aussi accélérer les desseins de la Tsarine, qui sait ?

Un sourire en coin se dessina sur son visage.

Signora : Oui… Cela pourrait être un atout considérable.

Mais avant de poursuivre cette idée, elle devait rassembler plus d'informations. Pour l'instant, elle avait autre chose à faire.

Tartaglia était persuadé qu'il pourrait mener à bien sa mission seul. Soit. Mais Signora n'était pas du genre à se reposer sur un unique pion. Elle avait toujours un plan de secours. Son sourire s'élargit légèrement alors qu'elle pivota sur ses talons et s'éloigna à son tour, l'air satisfaite. Elle savait exactement qui elle devait rencontrer.

Et tout était déjà prévu.


Quelque part à Liyue, dans un endroit souterrain, encore inexplorées par l'homme, les ténèbres régnaient en maîtresses absolues dans ces ruines oubliées. L'air, chargé d'une humidité oppressante, semblait figé dans un silence morbide. Tout ici évoquait la déchéance et l'abandon.

Mais ce qui frappait le plus, c'était l'absence totale de lumière naturelle. Pas le moindre rai de soleil ne filtrait à travers les fissures de cette prison de pierre. Il n'y avait rien d'autre que la pénombre étouffante… et cette lueur malsaine qui pulsait au cœur de l'obscurité.

Perchée en hauteur, suspendue par d'épaisses chaînes d'acier noir, une Statue des Sept se dressait, mais dans une posture contre nature. Renversée, la tête en bas, elle n'évoquait plus la bienveillance d'un dieu, mais une profanation perverse. La statue représentait Barbatos, l'Archon Anémo, mais il n'y avait ici ni honneur ni dévotion. La pierre sculptée, qui autrefois inspirait confiance et protection, était à présent un symbole renversé, un vestige perverti.

Dans ses mains tendues, une étrange énergie mauve se concentrait, crépitant faiblement. Son éclat diffusait une aura sinistre, projetant sur les murs de vagues ombres mouvantes, presque vivantes. Le sol même semblait souffrir de cette présence maléfique. De longues fissures lézardaient la pierre sous la statue, suintant d'un étrange fluide sombre, comme si la corruption s'y était infiltrée jusqu'à la moelle. Il n'y avait aucun bruit, aucun mouvement, et pourtant, tout dans cette scène donnait l'impression qu'une force invisible était à l'œuvre, patiente, en attente.

Depuis le sol, une silhouette se tenait immobile, contemplant la statue renversée avec une intensité muette. Une jeune fille, vêtue d'une robe blanche sans manches, se distinguait faiblement dans l'obscurité oppressante. Elle avait des cheveux blonds, encadrés par deux fleurs blanches ornant le côté droit de sa tête.

Tandis que la partie inférieure de son visage apparaissait, tout le reste demeurait plongé dans l'ombre. Ses yeux, son regard, ses expressions restaient cachés, comme si la noirceur elle-même les possédait.

Derrière elle, un frémissement perturba soudainement l'air stagnant. Un portail se forma lentement, distordant l'espace dans un tourbillon d'énergie abyssale. La lumière mauve qui rongeait la statue sembla répondre à cette intrusion, intensifiant sa brillance en pulsations irrégulières, comme un cœur battant au rythme d'une force inconnue.

De cette ouverture surnaturelle, une silhouette humanoïde émergea avec une lenteur calculée. Ses pas ne produisirent aucun bruit sur. À première vue, il aurait pu être confondu avec un homme ordinaire, mais il n'en était rien. Ce n'était pas un être humain. Son corps, drapé de sombres ornementations, dégageait une aura anormale, presque palpable. Son visage était dissimulé sous un masque à l'allure inquiétante, ne laissant transparaître qu'une lueur sinistre dans l'ombre de ses traits. Il n'y avait ni chaleur ni humanité dans sa posture, seulement une présence écrasante, empreinte d'une autorité implicite.

Un Apôtre de l'Abîme.

Cette entité n'était pas une simple créature issue des profondeurs de l'Abîme. Elle en était l'un des régisseurs, un maître, capable de commander aux monstres inférieures de l'Abîme.

L'Apôtre s'inclina lentement devant la jeune fille. Son geste, empreint d'un respect absolu, tranchait avec l'aura menaçante qui émanait de lui.

Apôtre de l'Abîme : Princesse…
Sa voix résonna dans l'espace obscur, grave et dénuée de toute émotion.

Apôtre de l'Abîme : Quelque chose vous tracasse-t-il ?

Aucune réponse.

L'immobilité de la jeune fille était presque irréelle, comme si elle n'était qu'une ombre figée dans le temps. Son regard, toujours dissimulé par l'obscurité, restait rivé sur la statue profanée de Barbatos, sans le moindre signe d'hésitation.

L'Apôtre, comprenant qu'il n'obtiendrait pas de réponse immédiate, poursuivit d'un ton neutre :

Apôtre de l'Abîme : Est-ce l'échec de notre dernière mission qui vous préoccupe ? Le fait que nous n'avons pas réussi à corrompre la volonté du fidèle serviteur de Barbatos… Le Dragon de l'Est.

À ces mots, un frémissement imperceptible parcourut la silhouette de la jeune fille. Ce n'était pas une réaction de colère ni de frustration, mais quelque chose de plus subtil. Une ombre d'émotion qui traversa son esprit, fugace, presque involontaire.

Elle resta silencieuse un moment encore. Puis, enfin, sa voix s'éleva, plate et dénuée de toute chaleur :

Princesse : Non. Ce n'est pas ça...

Elle n'avait que faire de cet échec. Il n'était qu'un contretemps, un détail sans réelle importance dans l'échiquier qu'elle façonnait. Pourtant… si elle avait réagi, ce n'était pas à la mention du dragon. Mais plutôt à la personne responsable de leur échec.

Un Voyageur blond.

Un frère perdu, trop longtemps séparé d'elle.

L'espace d'un instant, son esprit s'égara dans les souvenirs d'un temps révolu. Une époque où les ténèbres ne l'avaient pas encore enveloppée. Où son chemin et celui de son frère n'avaient pas encore divergé.

Mais cette pensée n'avait pas sa place ici.

Elle ferma brièvement les yeux, chassant cette nostalgie. Lorsqu'elle les rouvrit, son regard voilé par l'ombre retrouva sa froide détermination.

Princesse : Ce plan ne constituait pas une priorité absolue. Sa perte n'entrave en rien nos desseins.

L'Apôtre de l'Abîme inclina légèrement la tête, acceptant ses paroles sans la moindre contestation.

Apôtre de l'Abîme : Comme vous le dites, Princesse.

La jeune fille ne détourna pas son regard du monument profané lorsqu'elle prit enfin la parole :

Princesse : Où en sommes-nous dans l'avancement de l'autre plan ?

L'Apôtre de l'Abîme releva légèrement la tête.

Apôtre de l'Abîme : Nous continuons les recherches, votre Altesse. Mais…

Un soupçon de déception perça à travers son timbre pourtant monocorde.

Apôtre de l'Abîme : … Selon les rapports de nos mages, nous n'avons toujours pas retrouvé l'Œil Originel.

Aucune réaction de la part de la jeune fille ne se manisfestait. Comme si elle s'attendait à ce résultat là. L'Apôtre marqua une pause, observant son silence avant de reprendre :

Apôtre de l'Abîme : Cependant, ce n'est pas tout.

Cette fois, il hésita légèrement. Comme s'il redoutait la façon dont elle réagirait.

Apôtre de l'Abîme : L'un des mages qui poursuivait les recherches à l'Antre de Stormterror… a été éliminé.

Il y eut cette fois une légère réaction. Mais infime, presque imperceptible. Sans détourner les yeux de la statue, elle formula une simple question :

Princesse : Par qui ?

L'Apôtre se redressa lentement, et cette fois, une pointe de mépris se glissa dans sa voix.

Apôtre de l'Abîme : Dainsleif.

Un nom qui fit enfin naître une étincelle d'intérêt dans l'esprit de la jeune fille.

Dainsleif.

Un nom qu'elle n'avait pas entendu depuis longtemps. Et pourtant, il ne lui était que trop familier. Un écho du passé, une ombre qui se dressait toujours sur leur chemin. Elle savait depuis longtemps que cet homme consacrait son existence à contrecarrer l'Abîme. Pourtant, elle ne s'y attarda pas plus que nécessaire.

Ce qui importait, c'était l'Œil Originel.

Elle ferma brièvement les paupières, puis se détourna enfin de la statue. L'énergie mauve projeta son ombre sur le sol, s'étirant dans l'obscurité comme une ombre vivante.

Princesse : Ce n'est pas vraiment une surprise. Peu importe. Trouvez-le avant que Dainsleif ne découvre que nous le cherchons.

L'Apôtre inclina immédiatement la tête, soulagé de ne pas percevoir d'agacement dans son ton.

Apôtre de l'Abîme : Il en sera fait selon votre volonté, Votre Altesse.

L'Apôtre inclina la tête devant son Altesse, prêt à exécuter ses ordres. Mais alors que leur échange semblait terminé, un frisson invisible traversa l'air.

Derrière l'Apôtre, un portail s'ouvrit soudainement. Ce n'était pas un portail de l'Abîme. Rien en lui ne portait l'empreinte de leur pouvoir. Il était bien plus sombre, insondable, dépourvu de l'énergie mauve qui caractérisait leurs passages dimensionnels. Un corridor des ténèbres venait de se former.

L'Apôtre se retourna immédiatement, son corps se tendant sous la surprise. Même la jeune fille, jusque-là impassible, fut surprise par la scène, observant avec un réel intérêt ce phénomène inconnu.

(Kingdom Hearts OST - Organization XIII)

De ce portail émergea une silhouette encapuchonnée. La même qui était présente il n'y a pas si longtemps dans la vallée Dadaupa. L'intrus balaya la pièce du regard avant de laisser échapper un léger ricanement.

? ? ? : Eh bien, quelle chance… On dirait que j'ai trouvé l'endroit du premier coup.

Sa voix était teintée d'une désinvolture provocante. Puis, levant les yeux vers la jeune fille, il reprit, d'un ton amusé :

? ? ? : Et en plus, je tombe pile sur la personne que je cherchais. J'ai vraiment touché le gros lot.

L'Apôtre ne perdit pas une seconde de plus. Son corps se raidit, et il se plaça immédiatement en position de combat.

Apôtre de l'Abîme : Qui es-tu ?! Comment as-tu trouvé cet endroit ?!
Lança-t-il d'une voix froide et menaçante.

Le mystérieux individu ne sembla même pas prêter attention à la menace. Il croisa les bras, secouant légèrement la tête, comme s'il trouvait la réaction de son interlocuteur exagérée.

? ? ? : Ouah… Tout de suite les grands mots. Franchement, détends-toi un peu, t'es trop nerveux.

L'Apôtre serra les poings, agacé par l'arrogance de l'intrus. Sans attendre, il matérialisa ses armes. De l'eau se condensa autour de ses bras, formant deux lames translucides et tranchantes. Puis, d'un mouvement vif, il bondit en avant et abattit ses lames sur l'intrus.

Mais l'Apôtre sentit immédiatement que quelque chose clochait. Son attaque n'avait rien touché. Il continua son élan sans rencontrer la moindre résistance, traversant littéralement le corps du mystérieux individu. Déséquilibré par sa propre attaque, il se retrouva derrière son adversaire, son regard empli de stupeur.

Apôtre de l'Abîme : Quoi… ?!
S'exclama-t-il en pivotant rapidement.

Comment était-ce possible ? Il n'avait ressenti aucun choc, aucune matière à trancher. C'était comme s'il avait frappé du vent, une illusion insaisissable. La silhouette encapuchonnée se retourna à son tour, lentement, avec une nonchalance provocante.

? ? ? : Tsk tsk tsk…
Il agita un doigt en signe de désapprobation.

? ? ? : Il faudra faire mieux que ça.

Il tourna légèrement la tête vers la jeune fille, qui n'avait pas bougé d'un pouce. Elle observait la scène avec un calme absolu, mais son regard, lui, trahissait une profonde réflexion.

Cet homme… Qui était-il ?

D'où venait-il ?

Elle en était convaincue : il n'appartenait pas à ce monde.

Le mystérieux individu reporta toute son attention sur elle.

? ? ? : Allons, relax, je ne suis pas venu pour me battre.

Son ton était toujours moqueur, mais un brin plus sérieux.

? ? ? : Je suis juste venue pour discuter avec votre chère princesse ici présente.

L'Apôtre serra les poings. Son irritation ne faisait que croître devant l'audace de cet étranger.

Apôtre de l'Abîme : Surveille tes paroles, misérable. Tu t'adresses à Son Altesse ! Fais preuve de respect !

Sa voix résonna dans les ruines souterraines, emplie de fureur. Il était prêt à attaquer de nouveau, prêt à défendre l'honneur de la princesse.

Mais alors qu'il s'apprêtait à faire un pas en avant, une main s'éleva dans l'air. Un geste simple, fluide, mais suffisant pour l'arrêter net. La jeune fille venait d'ordonner le silence.

L'Apôtre, bien que contrarié, obéit immédiatement. Il baissa la tête en signe de soumission, respectant la volonté de Son Altesse. L'homme au manteau noir, témoin de cette loyauté indéfectible, laissa échapper un léger ricanement.

? ? ? : Eh bien, tu es bien entourée, ma petite. Tes sujets sont de vrais chiens de garde… obéissants et prêts à mordre au moindre signe.

La jeune fille fronça légèrement les sourcils. Cet individu, depuis son apparition, ne cessait de jouer avec les mots, de les provoquer avec son ton désinvolte. Son agacement, jusque-là latent, commença à se manifester.

Princesse : Qui es-tu ? Et surtout, que me veux-tu ?

Son regard fixa intensément l'inconnu, jaugeant la moindre de ses réactions.

L'homme ne répondit pas immédiatement. Sous sa capuche, une ombre masquait son expression, mais l'on pouvait presque deviner un sourire satisfait. Il avait capté son attention.

? ? ? : Moi ? Je ne vous veux aucun mal, vraiment. Vous n'avez pas à être aussi tendu.

Il haussa les épaules, avant d'ajouter avec une pointe d'audace :

? ? ? : Quant à qui je suis… Et bien... vous pouvez me considérer comme un allié.

Un silence suivit cette déclaration. La jeune fille arqua un sourcil.

Princesse : Un allié ?

Elle était sceptique. Un inconnu surgissant d'un portail inconnu, sans aucune affiliation à l'Abîme, qui leur propose son aide ? L'histoire était difficile à croire. L'Apôtre, lui, ne put réprimer un rire moqueur.

Apôtre de l'Abîme : Ridicule. Tu crois sérieusement que nous allons prendre au sérieux les déclarations d'un inconnu qui vient de surgir de nulle part ?

L'homme encapuchonné ne montra aucune offense face à cette remarque. Au contraire, il rit doucement, d'un rire léger et amusé.

? ? ? : Libre à vous de ne pas me croire sur parole. Mais si jamais vous osez ne pas écouter ce que j'ai à dire… Vous risquer de le regretter.

Un éclair de méfiance traversa aussitôt l'Apôtre.

Apôtre de l'Abîme : Est-ce une menace ?!
Gronda-t-il.

Mais l'homme au manteau noir secoua doucement la tête.

? ? ? : Une menace ? Oh non, je n'oserais jamais vous faire ça. Le problème, c'est que la menace ne viendra pas de moi... mais de quelqu'un d'autre. Et lorsque cette personne passera à l'action, vous vous demanderez peut-être si vous n'auriez pas dû m'écouter…

Un silence pesant s'installa dans les ruines souterraines. L'atmosphère déjà sombre semblait s'alourdir davantage sous le poids des dernières paroles de l'homme encapuchonné.

La jeune fille plissa légèrement les yeux. Il jouait avec eux, laissant des sous-entendus planer dans l'air, sans jamais aller droit au but.

Princesse : …Une menace, dis-tu ?

L'homme ne répondit pas tout de suite. Il laissa planer un léger silence, comme s'il savourait la situation. Puis, d'un ton faussement léger, il posa une question énigmatique :

? ? ? : Dis-moi, Princesse… As-tu remarqué que ce monde... vient de changer ?

La jeune fille haussa un sourcil, prise au dépourvu.

Princesse : Un changement ?

Elle croisa les bras, réfléchissant un instant.

Princesse : Teyvat a connu bien des changements au fil des siècles. Des guerres, des dieux tombés, des civilisations disparues… Si tu fais référence à un événement passé, tu es bien imprécis.

Sa voix restait froide, détachée, mais au fond, elle n'aimait pas cette tournure de conversation. L'homme, lui, ricana doucement.

? ? ? : Hm… Intéressant. Visiblement, tu ne t'en es pas encore rendu compte.

Il secoua la tête avant de lever son bras d'un geste fluide. Et alors… L'impensable se produisit.

À ses pieds, des créatures jaillirent des ombres. Silencieuses, rampantes, aux yeux jaunes brillants. La lumière violette de la statue profanée de Barbatos les éclaira brièvement, révélant leur apparence : Des Sans-cœurs...

L'Apôtre fit aussitôt un bond en arrière, invoquant une nouvelle fois son pouvoir. La jeune fille, elle, écarquilla légèrement les yeux. Son expression resta impassible, mais son esprit, lui, était en alerte. Ce n'étaient ni des créatures de l'Abîme, ni les monstres connus de Teyvat.

C'était autre chose.

Quelque chose d'étranger.

Quelque chose… qui n'aurait jamais dû être ici.

L'homme au manteau noir observa leur réaction avec amusement.

? ? ? : Très bien... Je vois que maintenant, tu comprends mieux ce que je voulais dire par 'changement'.

L'Apôtre de l'Abîme fronça les sourcils en observant les créatures grouillantes aux pieds de l'intrus. Un détail lui revint en mémoire, un rapport qu'il n'avait pas encore transmis à Son Altesse.

Apôtre de l'Abîme : …Votre Altesse
Finit-il par dire en détournant les yeux des monstres.

Apôtre de l'Abîme : J'ai négligé de vous mentionner quelque chose. Ces créatures qui viennent d'apparaître… nos Mages de l'Abîme en ont croisé il y a peu.

La jeune fille tourna lentement son regard vers lui, tandis qu'il poursuivait :

Apôtre de l'Abîme : Nos sbires ont tenté de les asservir, comme nous le faisons avec les monstres de Teyvat. Mais… cela a échoué. Elles ne répondent pas à notre appel. Pire encore… elles se sont retournées contre eux.

Un silence pesant s'installa avant qu'un ricanement ne résonne dans les ruines. Le mystérieux individu, bras croisés, secoua légèrement la tête.

? ? ? : Héhéhé… Tu m'étonnes qu'ils n'aient pas réussi.

L'Apôtre, frustré, serra les poings.

Apôtre de l'Abîme : Que veux-tu dire par là ?

L'homme au manteau noir haussa les épaules d'un air faussement désinvolte.

? ? ? : Il en faut plus que l'autorité habituelle de vos rangs pour contrôler ces créatures. Elles obéissent à une force bien différente de ce que vous connaissez…

Tandis qu'il parlait, la jeune fille, elle, gardait les yeux rivés sur les silhouettes rampantes devant elle. Ses doigts se crispèrent légèrement.

Elle les avait déjà vues.

Pas récemment.

Il y a bien longtemps.

Ces monstres d'ombre… Ils lui rappelaient quelque chose qu'elle aurait préféré oublier.

Les ruines enflammées. Les cris déchirants.

La catastrophe d'il y a 500 ans.

La chute de Khaenri'ah.

L'instant où son destin avait basculé, la poussant sur le chemin qu'elle suivait aujourd'hui.

Un murmure s'échappa de ses lèvres, à peine audible.

Princesse : …Les Sans-cœurs.

L'homme au manteau noir tourna la tête vers elle. Son rictus s'agrandit légèrement.

? ? ? : Tiens donc… On dirait que tu les connais déjà.

La jeune fille ne répondit pas immédiatement. Ses pensées remontaient loin dans le passé… jusqu'à un souvenir oublié de presque tous.

Une étrangère, il y a bien longtemps. Un voyageuse, tout comme elle. Elle aussi venait d'un monde extérieur. Elle aussi avait erré, perdu, à la recherche de réponses. Et un jour, ils avaient échangé quelques mots. Elle se souvenait de ses récits sur une guerre lointaine, sur une bataille contre les ténèbres. Sur ces créatures qui sema partout le chaos sur leur passage.

À présent, tout prenait sens. Son regard se durcit alors qu'elle levait les yeux vers l'homme en face d'elle. D'une voix plus assurée, elle déclara :

Princesse : Maintenant, je sais qui tu es.

L'homme encapuchonné esquissa un sourire, bien que caché sous son capuchon.

? ? ? : Vraiment ?

Son ton était toujours moqueur, mais son regard brillait d'intérêt.

? ? ? : Voilà qui est fascinant… Après tout, c'est bien notre première rencontre, n'est-ce pas ?

Les yeux de la jeune fille se plissèrent légèrement, sa méfiance grandissant à chaque mot prononcé par l'homme encapuchonné. Elle savait maintenant à qui elle avait affaire. Ou du moins… quel genre d'individu il prétendait être.

Une partie d'elle aurait voulu que ce ne soit qu'une coïncidence. Mais les Sans-cœurs n'étaient pas un phénomène anodin. L'homme le perçut immédiatement. Il se contenta d'un léger rire, un ricanement amusé.

? ? ? : Maintenant que tu sais qui je suis… alors, tu sais aussi quelle menace risque de se dresser contre vous.

Ses paroles frappèrent la jeune fille comme une évidence qu'elle n'avait pas encore réalisée. Ce mystérieux individu semblait avoir une idée précise de la manière dont elle le connaissait.

Un souvenir ancien refit surface dans l'esprit de la Princesse. Quand elle avait rencontré cette fille venue d'un autre monde, elle lui avait aussi parlé d'un autre individu. Un jeune garçon, qui maniait, lui aussi, une étrange lame en forme de clé. Elle l'avait décrit avec une certaine admiration. Un peu simplet parfois, mais d'une incroyable gentillesse. Droit, loyal… prêt à tout pour protéger ceux qui lui sont chers.

La jeune fille n'avait pas oublié ces mots. Et maintenant… Une sensation étrange lui noua la poitrine. Elle comprenait enfin de qui l'homme encapuchonné voulait parler. Cette « menace » dont il parlait… Son regard s'assombrit légèrement. Elle savait qui il était. Et à présent, elle savait aussi qui il redoutait. D'une voix mesurée, mais légèrement troublée, elle répondit :

Princesse : …Je ne vois pas en quoi cette personne pourrait nous être hostile.

L'homme encapuchonné sourit sous son capuchon.

? ? ? : Ah oui ?

La jeune fille baissa un instant les yeux, avant de les relever, son expression indéchiffrable.

Princesse : Et puis... Je n'ai aucune raison de m'en prendre à lui.

Sa voix était sincère. Elle n'avait jamais nourri de rancune envers cette personne. Au contraire… Quelque chose, au fond d'elle, lui soufflait que ce garçon n'était pas si différent de son propre frère. Et si tel était le cas… Elle n'avait aucune intention d'entrer en conflit avec lui.

L'homme au manteau noir, lui, ne sembla pas surpris par cette réponse. Voyant l'expression légèrement troublée de la jeune fille, il décida d'enfoncer encore un peu plus le clou.

? ? ? : Hm ?
Fit-il, faussement intrigué.

? ? ? : Donc, si je comprends bien, çela ne te dérangera pas plus que ça que ce garçon puisse venir arrêter vos plans un à un ?

Ses paroles, bien que prononcées sur un ton moqueur, atteignirent leur cible. La jeune fille serra légèrement les poings. L'homme poursuivit, voyant qu'il avait capté toute son attention :

? ? ? : Je ne vais pas prétendre savoir exactement ce que vous manigancez… mais je peux déjà deviner une chose.

Il leva une main et laissa ses doigts jouer avec l'air, comme s'il dessinait une idée invisible devant lui.

? ? ? : Si vous comptez mener vos plans à bien, alors vous serez forcément amenés à blesser des innocents… n'est-ce pas ?

Il fit une pause théâtrale, avant d'ajouter d'un ton plus grave :

? ? ? : Si j'ai bien compris, les habitants de ce monde sont sous l'influence de ces Archons. Leur guerre est la vôtre. Et s'il y a bien une chose que ce garçon ne supporte pas, c'est que des innocents soient entraînés dans un conflit qui les dépasse.

Son sourire s'élargit, bien que son visage restait toujours dissimulé sous sa capuche.

? ? ? : Et crois-moi…
Continua-t-il.

? ? ? : Il fera tout pour les protéger.

L'impact de ses mots se fit immédiatement ressentir. La jeune fille ne répondit pas tout de suite. Car, même si elle voulait le nier… Cet homme avait raison. Si ce garçon était bien celui dont elle avait entendu parler… alors il ne pourrait pas rester sans rien faire. Il deviendrait un obstacle. Un ennemi.

Leur plan, qu'ils avaient mis tant de temps à élaborer… risquait d'être balayé en un instant. Ses pensées s'entrechoquaient dans son esprit, créant un tourbillon de doutes qu'elle n'avait jamais ressenti auparavant.

L'Apôtre, qui était resté silencieux jusqu'alors, observait la scène avec stupeur. Jamais encore il n'avait vu la Princesse hésiter ainsi. Elle, qui incarnait leur idéal… Elle, qui n'avait jamais laissé ses émotions l'affecter… Était-elle réellement en train de douter ? Il hésita. Puis, malgré lui, il prit la parole d'une voix mesurée :

Apôtre de l'Abîme : …Votre Altesse… Peut-être… devriez-vous écouter ce qu'il a à dire.

Un nouveau silence s'installa. Le regard de la jeune fille se posa sur son fidèle Apôtre. Jamais il ne lui avait suggéré pareille chose. Son cœur se serra légèrement. L'homme au manteau noir croisa les bras, observant l'Apôtre avec amusement.

? ? ? : Oh ? Alors, finalement, tu es prêt à m'écouter ?
Lança-t-il d'un ton moqueur.

L'Apôtre le fusilla du regard.

Apôtre de l'Abîme : Ne te méprends pas. Je ne te fais pas confiance.
Déclara-t-il d'une voix froide.

Apôtre de l'Abîme : Ma loyauté ne va qu'à la Princesse. Si cette menace est suffisante pour l'ébranler, alors je ferai tout pour l'éliminer… lui, et quiconque oserait se dresser contre nos plans.

L'homme encapuchonné haussa légèrement les épaules.

? ? ? : Voilà une réponse attendue.
Répondit-il d'un ton désinvolte.

? ? ? : Eh bien, tant que tu fais ce qui doit être fait, peu m'importe tes motivations.

Il se tourna ensuite vers la jeune fille, qui, bien que toujours impassible en apparence, laissait transparaître une hésitation inhabituelle. Elle finit par prendre la parole, d'une voix mesurée :

Princesse : Et toi… que gagnes-tu dans cette histoire ?
Demanda-t-elle en le fixant d'un regard perçant.

Princesse : Je doute fort que tu t'intéresses à la chute de l'ordre divin…

L'homme pencha légèrement la tête, comme s'il réfléchissait à la meilleure manière de répondre. Puis, il haussa un doigt.

? ? ? : Mes propres projets… finiront, d'une manière ou d'une autre, par préserver vos plans.
Déclara-t-il d'un ton énigmatique.

? ? ? : En réalité, je veux seulement guider ce garçon… vers son destin.

La jeune fille fronça légèrement les sourcils.

Princesse : Son destin ?
Répéta-t-elle, de plus en plus perplexe.

Princesse : En quoi cela nous arrange-t-il ?

L'homme laissa un bref silence s'installer, avant de reprendre :

? ? ? : Ce garçon est destiné à de grandes choses.

Il fit un pas en avant, et sa voix, bien que calme, résonna avec une certaine intensité.

? ? ? : Mais sa présence en ce monde… pourrait bien changer son propre destin.

Son ton se fit plus grave.

? ? ? : Il pourrait même bouleverser le destin et les lois de ce monde bien plus que vous ne l'imaginez.

Il tourna légèrement la tête, comme s'il observait quelque chose que seul lui pouvait voir.

? ? ? : La seule question qui reste en suspens…
Murmura-t-il.

? ? ? : …est de savoir si ce changement sera bénéfique… ou s'il apportera un désastre encore pire que celui d'il y a 500 ans.

Un frisson imperceptible parcourut la jeune fille à ces mots. Elle avait beau être sur ses gardes, elle ne pouvait s'empêcher de ressentir un profond malaise. Quelque chose, dans les paroles de cet homme, sonnait juste. Trop juste.

L'Apôtre, lui, serra les poings.

Apôtre de l'Abîme : Peu importe ce que tu essaies d'insinuer…
Grogna-t-il.

Apôtre de l'Abîme : Si ce garçon devient un obstacle, alors nous l'éliminerons. Peu importe l'avenir qu'il est censé avoir.

L'homme au manteau noir ne répondit pas immédiatement. Puis, un léger ricanement s'échappa de sa gorge.

? ? ? : Ah… vraiment ?
Fit-il d'un ton amusé.

? ? ? : On en reparlera… quand le moment viendra.

Un lourd silence s'abattit sur la scène. La jeune fille, le regard baissé, se perdit un instant dans ses pensées. Tant d'informations venaient d'être dites. Tant de questions restaient en suspens… plus encore que celles qu'elle se posait déjà. Elle releva lentement la tête vers l'homme encapuchonné. Un soupir forcé s'échappa de ses lèvres.

Princesse : …Très bien.
Dit-elle finalement, sa voix trahissant une pointe d'amertume.

Princesse : Je suis prête à écouter ce que tu as à me dire.

L'homme esquissa un sourire sous sa capuche, clairement satisfait de cette réponse.

? ? ? : Je savais que vous étiez tous raisonnable.
Se vanta-t-il avec un ton amusé.

Il fit un pas en avant et écarta légèrement les bras.

? ? ? : Afin de vous prouver ma bonne foi, je suis même prêt à vous offrir un savoir précieux…

D'un mouvement fluide de la main, il désigna les créatures ténébreuses qui se tenaient toujours immobiles autour d'eux.

? ? ? : Les Sans-cœurs.

L'Apôtre et la Princesse détournèrent leur attention vers ces êtres d'ombres, leurs yeux luminescents observant la scène sans la moindre réaction.

? ? ? : Je peux vous apprendre tout ce qu'i savoir sur eux…
Poursuivit-il d'un ton assuré.

? ? ? : …Et surtout, comment les contrôler.

L'Apôtre arqua un sourcil, intéressé. Un pouvoir aussi mystérieux… une armée obéissante et innarêtable… Voilà qui pouvait considérablement renforcer leur guerre contre les Dieux.

Apôtre de l'Abîme : Vraiment ? Voilà une proposition des plus intéressantes…
Murmura-t-il, réfléchissant déjà aux possibilités stratégiques que cela leur offrirait.

La Princesse, cependant, resta silencieuse. Elle n'aurait jamais hésité à exploiter de nouveaux moyens pour renverser l'ordre divin. Mais… ces créatures étaient différentes. Elles ne faisaient pas que combattre… Elles dévoraient. Elles absorbaient les cœurs et laissaient derrière elles un vide irréversible. Serait-elle vraiment prête à s'allier à un tel pouvoir pouvant détruire des mondes ?

Mais avant qu'elle ne puisse exprimer ses pensées, l'homme leva la main.

? ? ? : Bien, sur ce…
Déclara-t-il d'un ton détendu.

? ? ? : Je pense que j'ai dit tout ce que j'avais à dire pour aujourd'hui.

Il fit volte-face, comme si la conversation n'était qu'un simple échange anodin.

? ? ? : J'ai hâte de travailler avec vous dans les prochains jours…
Ajouta-t-il avec une légère inclination de la tête.

Puis, il tendit la main vers l'espace vide devant lui. Un vortex sombre et tourbillonnant se matérialisa aussitôt, un Corridor des Ténèbres. Sans un mot de plus, il s'avança vers l'intérieur du passage. Les Sans-cœurs, eux aussi, s'effacèrent un à un dans le néant, disparaissant dans le sillage de leur maître.

En quelques secondes, il ne resta plus que la Princesse et l'Apôtre, seuls dans l'obscurité. Un silence pesant s'installa entre eux.

L'Apôtre finit par rompre ce silence :

Apôtre de l'Abîme : Que comptez-vous faire, Votre Altesse ?

La jeune fille ne répondit pas immédiatement. Son regard était toujours fixé sur l'endroit où l'homme s'était volatilisé. Puis, après un moment d'hésitation…

Princesse : …Nous verrons.
Murmura-t-elle simplement.

Mais aussitôt, elle se reprit, chassant l'ombre du doute de son esprit. Son ton se fit plus ferme lorsqu'elle donna son ordre :

Princesse : Ne laissons pas ce qui vient de se passer nous perturber davantage. Reprenons l'exécution de notre plan. Trouvez l'oeil du Laboureur Originel.

L'Apôtre, percevant à nouveau l'assurance dans la voix de sa souveraine, s'inclina profondément pour lui témoigner sa fidélité absolue. Sans un mot de plus, il ouvrit un portail propre à l'Abîme et s'y engouffra, disparaissant dans le vide.

Désormais seule, elle resta immobile quelques instants, le regard pensif. Elle affichait une apparente maîtrise d'elle-même, mais en vérité, son cœur était en proie à une tempête silencieuse. Au fond d'elle, elle le savait. Ce mystérieux individu venait de jeter un trouble profond dans ses convictions. Et le pire dans tout cela… c'est qu'il avait réussi.

La Princesse de l'Abîme demeurait immobile, plongée dans un flot incessant de pensées. Les paroles de cet homme résonnaient encore dans son esprit. Si ce qu'il disait était vrai, alors la situation était bien plus grave qu'elle ne l'avait envisagé.

Elle s'était préparée à revoir son frère. Depuis qu'ils avaient été séparés, elle avait toujours espéré qu'il poursuive son voyage à travers ce monde, tout comme elle l'avait fait. Et lorsqu'ils se retrouveraient enfin, il lui donnerait sa réponse. Partagerait-il sa vision du monde, ou s'opposerait-il à elle ? Elle s'était mentalement préparée à cette éventualité.

Mais cet étranger venu d'ailleurs… Ce jeune garçon au cœur pur… Il bouleversait tout.

Contrairement à son frère, il ne cherchait pas seulement des réponses. Il parcourait les mondes avec une seule et unique priorité : protéger ceux qui en avaient besoin. Il se dressait contre les ténèbres, sans jamais faillir.

Et c'était précisément le problème.

Ils étaient condamnés à s'opposer. Tôt ou tard, elle le savait, elle serait amenée à le combattre. Cette idée lui déplaisait profondément. S'il était venu ici dans d'autres circonstances, peut-être aurait-elle aimé apprendre à le connaître. Peut-être auraient-ils pu parler, échanger sur leurs idéaux…

Mais le destin en avait décidé autrement. Tout en serrant légèrement les poings, elle ferma les yeux un instant. Oui… c'était ironique. Car, au fond, elle savait pourquoi il était ici. Et elle savait aussi qu'ils partageaient un même but. Mais leurs méthodes, elles, étaient opposées. Un long silence suivit, avant que la jeune fille ne murmure dans l'ombre, comme pour sceller le sort qui les attendait :

Princesse : …Sora.

Ce nom, désormais, était gravé dans son esprit. Un jour viendrait où leurs chemins se croiseraient. Et ce jour-là, ils n'auraient d'autre choix que de s'affronter.