Lorsque la mort vint chercher Hermione Granger, celle-ci avait choisi de faire don de l'intégralité de sa mémoire à la SMIG.
Scorpius avait commencé par explorer les souvenirs liés à la création de la SALE, vers 1994. Sans surprise, le manque d'intérêt pour la cause défendue par la future Première Ministre qu'il avait repéré chez les anciens combattants se retrouvait dans les extraits qu'il avait consultés. A cette époque, la jeune Hermoine était loin de remporter l'adhésion qu'elle susciterait en tant que politicienne. Il avait entrevu le fait que les moqueries dont elle faisait l'objet ne concernaient pas que la création de cette société.
Durant ses visionnages, il avait commencé à s'intéresser au cas de Dobby. Il avait fini par découvrir qu'il s'agissait de l'elfe de maison de son grand-père, bien qu'il n'aie pu trouver la moindre occurrence d'un souvenir incluant son père et Dobby. La tombe de l'elfe ne recelait pas la moindre fleur, la moindre inscription qui aurait pu donner à penser que l'un des membres de sa famille se soit soucié de son sort.
Néanmoins, il soumit l'idée de réaliser une partie de son travail sur le parcours d'exception de Dobby. Les souvenirs concernant sa rencontre avec Harry Potter étaient évidemment inaccessibles, mais sa demande constituait le prétexte parfait pour poursuivre ses investigations durant la septième année d'Hermione Granger.
Durant l'été 1997, elle avait soumis ses parents à un sortilège d'amnésie pour les protéger. Scorpius, qui avait choisi de consacrer sa vie au passé et s'était révélé incapable d'aller de l'avant, ne pouvait que rester songeur devant une telle démarche. Il se demandait confusément quelle vie aurait été la sienne s'il avait pu oublier tout ce qui le rattachait au passé.
Et il fit une découverte plus étrange encore que les autres.
C'était là, coincé dans les replis de ses souvenirs. Des bribes floues et confuses. Comme si des morceaux de sa mémoire avaient été oblitérés. Un travail soigneux, pas celui d'une personne qui aurait effectué ce travail en violant l'esprit de l'autre.
De toute évidence, Hermione Granger était consentante, à défaut confiante envers la personne qui lui avait infligé cela. Et c'était sans doute pour cela qu'elle avait remis l'intégralité de sa mémoire au terme de son existence : elle n'était plus en capacité de savoir qu'il y avait peut-être des souvenirs qu'elle aurait souhaité garder pour elle.
Cela lui prendrait plusieurs semaines pour améliorer la netteté des strates qu'il percevait.
Il avait fini par donner le badge à une connaissance pour savoir de quelle manière il avait été ensorcelé.
Un sortilège Protéiforme. Voilà qui donnait un tout autre éclairage à la présence de cet objet dans les affaires de son père.
Il y en avait sans doute au moins deux.
En consultant les recherches menées par ses pairs sur l'ordre du Phénix, il n'avait rien trouvé qui puisse donner à penser que ses membres avaient utilisé des badges de la SALE ensorcelés.
Il avait fini par en conclure qu'à ce stade, son père et Hermione Granger semblaient être les seules personnes liées par cet objet qui poursuivait un autre but que celui pour lequel il avait été créé.
Drago Malefoy n'était pas vraiment connu pour une résistance active, encore moins dans les semaines qui ont suivi la mort d'Albus Dumbledore. Il est vrai qu'il parlait peu de cette période. Ses quelques actes de résistance passive avaient été rapportés par Harry Potter pour lui éviter le pire. S'il y en avait d'autres, ils étaient bien cachés.
Dans des souvenirs oblitérés, par exemple.
