« Tu veux de l'aide, maman ? »

Hinata regarda tendrement sa jeune fille, qui se tenait timidement dans l'encadrement de la porte.

« Non, merci, c'est très gentil. »

Elle lui sourit avant de prendre une serviette froide et humide pour l'appliquer sur le front de Kawaki, qui dormait profondément.

« Qu'est-ce qu'il a ? Il est malade ? » demanda Himawari, à la fois curieuse et inquiète.

« Ne t'en fais pas. Ce n'est qu'une petite poussée de fièvre. » tenta-t-elle de la rassurer.

Enfin, « petite », ça, c'était vite dit. Mais Himawari n'avait pas besoin de connaître tous les détails.

« Et papa et Boruto, ils sont où ? »

« Ils sont partis chercher le professeur Katasuke. »

De tous, il était probablement le seul à pouvoir leur apporter de l'aide pour comprendre ce qui arrivait à leur invité un peu spécial.

Depuis l'aube, l'adolescent avait été pris d'une forte fièvre, et depuis, celle-ci n'avait cessé de croître, augmentant l'inquiétude de ses hôtes.

Finalement, très soucieux de cet état étrange qui ne semblait pas s'arranger de lui-même, ils avaient décidé de chercher quelqu'un de plus compétent. Et vu la nature biologique un peu spéciale de Kawaki, ils avaient opté pour un scientifique en premier recours.

« J'espère qu'ils arriveront vite. » avoua la plus jeune.

« Moi aussi, Hima. Moi aussi. »

Hinata plongea le linge dans de l'eau fraîche, l'essorant avant de le poser délicatement sur le front de l'adolescent. Il sembla froncer les sourcils pendant un instant, avant de laisser son visage, rouge de fièvre, se détendre pour adopter une expression plus neutre et douce.

Elle laissa la bassine sur le bureau et se dirigea vers la cuisine pour chercher un verre d'eau.

« Attends-moi ici et surveille bien Kawaki. » lui donna-t-elle comme mission avant de lui caresser affectueusement la tête, recoiffant ses mèches brunes.

Himawari acquiesça, fière de sa première responsabilité, et attendit patiemment en ne quittant pas des yeux le malade.

Elle observa les piercings du garçon et son étrange tatouage.

Il semblait plus âgé que Boruto, mais pas de beaucoup. Peut-être d'un an ou deux, mais guère plus.

Pour un adolescent, il restait plutôt petit. Enfin, c'est l'impression qu'elle en eut.

Puis, sans crier gare, il entrouvrit les yeux. Cela ne dura que quelques secondes avant qu'il ne les referme.

Elle s'apprêta à lui demander s'il dormait, quand son père entra dans la pièce, accompagné de sa mère et d'un autre homme.

Naruto lui donna une caresse sur la tête et lui demanda si elle pouvait s'absenter un court instant. Sage, elle obéit et quitta la pièce pour rejoindre son frère resté en bas.

« Vous dites qu'il est dans cet état depuis ce matin ? » demanda le professeur Katasuke.

Hinata hocha la tête, soucieuse.

« O-oui. Même si son état était loin d'être aussi préoccupant au début. » admit-elle. « La fièvre a commencé à beaucoup monter en fin de matinée, et malgré les médicaments, elle ne redescend pas. »

« Je vois. »

Le professeur pressa deux doigts contre le poignet du malade. Un rythme rapide, sans surprise.

« Est-ce que cette étrange marque est apparue dans le courant de la journée ? »

« Quelle marque ? » demanda Hinata, confuse.

« Un espèce de long tatouage noir sur le bras gauche. » répondit Naruto, après un regard rapide.

« N-non, pas que je sache. »

Il avait passé la journée alité et très calme, sans qu'aucun phénomène étrange n'attire son attention.

« Hum… Alors c'est assez étrange. » admit le professeur. « Je ne vois vraiment pas ce qui pourrait le faire surchauffer ainsi, au départ. Enfin, ce n'est pas comme si j'avais eu l'occasion d'étudier en détail l'organisme de ce garçon. » Reconnaît-il, ses connaissances restant encore théoriques.

« S'il passait à mon centre de recherche, je pourrais probablement… »

« On va éviter cette solution. » Coupa Naruto. « Je doute que Kawaki apprécie de se réveiller là-bas… »

Il avait déjà bien du mal à instaurer un climat de confiance avec lui, et il ne voulait pas risquer de tout gâcher.

« On va se contenter de ce que vous m'avez proposé avant, en venant. »

« Oui, je comprends… »

Katasuke fouilla dans sa sacoche et en sortit un stylo injectable.

« C'est une forme en phase d'essai, mais c'est un médicament comme un autre, si ce n'est qu'il est un peu plus dosé. Ça devrait le soulager et l'aider à retrouver une température normale. »

Sans hésiter, il saisit le bras du garçon, désinfecta la zone avec un coton et de l'alcool.

Le geste réveilla l'adolescent, groggy, qui pris de panique repoussa le scientifique et s'accula contre le mur.

Il ramena son bras contre lui, essoufflé et rouge.

« Q-qu'est-ce qu'il fait… ? »

« Doucement, Kawaki. C'est le professeur Katasuke, il est là pour t'aider et te soigner. »

« Je m'en fiche de qui il est ! Qu'il reprenne sa saloperie et s'en aille ! » cracha-t-il en luttant contre la fièvre et la fatigue.

« Mais enfin… Si on ne fait rien, ton état va empirer. »

« Je m'en fiche ! C'est pas votre problème ! Je… C'est… »

Il reprit son souffle, les yeux fous de panique.

« Quel garçon têtu… » pesta, dépité, le professeur, avant de repartir à la recherche de son bras. « Allez, coopère un peu. C'est pour ton bien, crois-moi. Ne me dis pas qu'un grand gaillard comme toi a peur des aiguilles ? »

Kawaki montra les crocs, fronçant les sourcils.

Il était hors de question qu'il se laisse faire, encore une fois.

Il recula, terrifié.

« Laissez-moi tranquille ! Allez-vous-en ! » hurla-t-il, s'apprêtant à envoyer un coup de poing à son assaillant.

Naruto choisit d'intervenir avant que la situation ne dégénère trop.

Il fit reculer le scientifique et s'interposa entre les deux.

« Je vous remercie, professeur. Laissez les doses ici, je me charge du reste. »

Il lui adressa un regard reconnaissant, mais aussi désolé pour la tournure des événements. Hinata l'invita gentiment à prendre le thé en bas pour le remercier de son déplacement et le rassurer sur la suite des événements.

Naruto s'en chargerait. La diplomatie, après tout, était son point fort.

Une fois la pièce vide, le septième récupéra le stylo injectable qui avait glissé au sol.

« N'insiste pas ! J'ai dit que je le prendrais pas ! »

« Je sais. » répondit Naruto, avec calme. « Je sais, et je ne compte pas te forcer. » ajouta-t-il avant de poser la seringue sur le bureau avec les autres.

« Alors jette-les ! »

« Ce serait quand même dommage, tu ne crois pas ? Ce sont des médicaments, et je ne suis pas friand du gaspillage. »

« Je m'en fiche ! Je… Je ne veux plus les voir ! » protesta Kawaki en se blottissant dans ses draps.

« Très bien. Comme tu voudras. »

Et sans plus de cérémonie, Naruto glissa les stylos dans le premier tiroir de son bureau. « Satisfait ? »

L'adolescent resta silencieux, mais il n'affichait plus l'expression contrariée qui avait marqué leur échange précédent.

Parfait. Il semblait enfin dans une disposition plus réceptive, abaissant doucement ses armes.

« Bien. »

Le septième s'adossa à son bureau, lui faisant face.

« Je sais que tu as déjà manifesté plus que vivement ton opinion, mais peut-être que tu accepterais quand même de m'écouter maintenant, non ? »

Kawaki afficha une mine renfrognée, puis détourna les yeux avec dédain, l'air de dire "parle".

« Je sais que tu n'as probablement aucune confiance en nous, et que tu n'es pas particulièrement friand des aiguilles… Mais il faut que tu te soignes. »

« Je… Je vais bien… » soupira l'adolescent en luttant contre la fièvre.

« Kawaki… Cela fait maintenant plusieurs heures que ta température avoisine dangereusement les 42. À vrai dire, c'est un miracle que tu tiennes encore "debout". » lui révéla Naruto. « Si elle ne redescend pas rapidement, ton état risque de se détériorer gravement. Tu ne voudrais pas que ça arrive, pas vrai ? »

Kawaki se mordit les lèvres incapable de répondre.

« Ça ira… Je ne suis pas conçu pour mourir si facilement de toute façon. » rétorqua-t-il finalement en récupérant le verre d'eau à son chevet pour boire.

Tout allait bien, c'était juste de l'eau. Pas de goût bizarre. Il regarda la serviette qui lui avait glissé du front, intrigué.

« Tu n'en restes pas moins mortel. Et je ne tiens pas particulièrement à savoir où se situent exactement tes limites. » répondit Naruto, en croisant les bras. « Néanmoins, c'est ton corps, donc ton choix. Les stylos sont dans le premier tiroir. Quand tu en auras marre d'être cloué au lit et vulnérable, n'hésite pas à te servir. »

Sur ces mots, il se redressa et prit le chemin de la sortie.

« A-attends…! » l'arrêta son cadet pris au dépourvu.

Lui même ne savait bien pourquoi il l'avait arrêté, ou plutôt pourquoi il semblait sur point de changer d'avis, mais...

« Je… Je peux pas me piquer seul… » finit-il par avouer, d'une voix confuse.

Naruto sourit.

« Je vais chercher le professeur. »

« Non… ! Toi. T-toi fais-le. »

Le blond sembla hésiter, mais il accepta. Les stylos étaient conçus pour être simples d'utilisation, cela ne poserait pas de problème.

Naruto s'approcha, saisit doucement son bras, et désinfecta la zone pendant quelques secondes avant de décapsuler la seringue.

« Je vais piquer, ça ira ? »

Kawaki préféra detourner la tête. Il détestait plus voir les aiguilles que la sensation de la piqûre elle-même.

« Vas-y… Tu n'as pas besoin de prévenir, je ne suis plus un gamin. »

Menteur…

Naruto apposa la seringue dans le creux du bras et appuya sur le piston, créant un léger sursaut chez le plus jeune.

« Ça va ? »

Kawaki hocha la tête avant de sentir la fatigue le gagner petit à petit, tandis que l'hokage frottait doucement la zone piquée pour rétablir la circulation.

On l'aida à se rallonger, et quelque chose de froid et humide lui fut posé sur le front.


« Qu'est-ce que tu veux ? »

Kawaki, alité, leva les yeux de sa lecture.

Enfin, « lecture » était un bien grand mot. Il n'avait jamais été un très bon lecteur, à cause d'une instruction très tardive et pauvre. De plus, les livres trônant dans le bureau à domicile du septième étaient loin d'être très passionnants ou accessibles pour un adolescent comme lui. Il fallait l'admettre : il s'agissait plus d'un artifice pour paraître occupé et lui octroyer la paix.

Il se redressa sur ses coudes, repoussant les draps qui lui donnaient franchement chaud. Ce n'était pourtant pas faute d'avoir accepté le traitement la veille… Toutefois, il fallait admettre que son état s'était nettement amélioré.

Sa fièvre avait pratiquement disparu en l'espace d'une nuit, le rendant, par la force des choses, beaucoup moins faible et fatigué.

Mais aussi un peu de meilleure humeur.

Un peu. Juste un peu.

Himawari sembla hésiter entre se cacher et lui avouer la vérité. Elle finit par parler :

« Papa et maman sont inquiets parce que tu ne manges plus. Sakura est en bas. »

Il arqua un sourcil. Trop d'informations à la fois.

« C'est qui, ça encore ? »

« Une amie de papa. Elle est docteur. Elle peut monter ? »

« Non. » La réponse fut franche, nette, catégorique et sans appel. « Et dis-leur que c'est plutôt lâche de t'envoyer en éclaireuse. »

Ils croyaient quoi ? Qu'il serait plus clément ou conciliant avec une enfant ? Ce serait mal le connaître ! Il entendit un rire. Un rire grave et amusé. La porte s'ouvrit davantage, révélant la présence du septième.

« Tu peux descendre, Himawari. Je t'ai bien dit que ça ne fonctionnerait pas. »

La petite fille sembla déçue, mais obéit après une douce caresse sur le sommet de son crâne.

« Excuse-la. C'est une enfant, elle pensait bien faire. »

« Vous avez vraiment fait venir un docteur à nouveau contre mon avis ?! »

« Non. » Le rassura Naruto d'une voix calme et sereine.

Le professeur Katasuke, en fait, n'était pas vraiment un médecin. Mais ce n'était qu'un détail.

« Himawari n'a pas menti. Sakura est une amie à moi, et elle est venue purement pour des raisons personnelles et amicales. Après, si tu veux saisir l'occasion pour te faire ausculter… »

« C'est toujours non. » répondit l'adolescent en faisant semblant de s'occuper de sa lecture.

« Bien. Comme tu voudras. » Naruto n'insista pas davantage. « Mais il va bien falloir que tu manges à un moment donné. Tu te doutes bien que je ne vais pas te laisser mourir de faim sous mon toit. Et si nécessaire, il faudra bien te perfuser… »

« C'est bon ! Mon dernier repas remonte à peine plus de 48 heures ! Je ne vais pas en mourir ! » s'agaca-t-il. « Je suis juste fatigué, ça arrive, j'ai le droit, non ?! »

Et puis il l'avait déjà dit : ce n'était pas comme s'il avait été conçu pour mourir facilement en plus.

« Tu as encore mal au ventre ? De la fièvre ? » osa demander Naruto, cherchant une cause à son état.

« …Plus maintenant. » répondit simplement Kawaki.

« Des nausées ? »

« Pas tant qu'on me force pas à manger. » appuya-t-il sarcastique, l'air de dire : c'est bon, laissez-moi tranquille maintenant.

Peut-être que si Kawaki n'avait pas tant l'air d'être Kawaki, Naruto se serait un peu plus inquiété. Finalement, il choisit d'abandonner la lutte.

« Très bien. Est-ce qu'on doit te dresser une assiette ce soir ? »

« …Je ne sais pas. » Ce fut sa seule réponse.

Naruto n'ajouta rien, se contentant de lui offrir enfin la paix qu'il méritait. Peut-être qu'au fond, il cherchait juste à les éviter. Il espérait sincèrement que ce n'était que ça.

Il ne revint pas sur les événements de la nuit précédente, notamment parce que l'adolescent n'en avait plus vraiment souvenir. Il s'en était rendu compte dès son premier réveil, quand Kawaki n'avait que vaguement conscience d'avoir changé de literie au cours de la nuit.

Quelque part, cela ne le surprenait pas. Les rares fois où ses propres enfants avaient eu des terreurs nocturnes, ils ne s'en étaient pas spécialement rappelés non plus. Alors, il ne chercha pas davantage, préférant laisser Kawaki vivre dans l'ignorance de cet épisode.

« Attends… ! »

Naruto fit demi-tour, interpellé.

« Oui ? »

« Ton amie… Elle peut monter. » finit-il par céder, visiblement pas vraiment emballé par sa propre décision.

Il ne sut pas bien s'il faisait ça pour lui faire plaisir, ou pour s'éviter lui-même une hospitalisation forcée, mais il céda.

Bientôt, une femme au court carré rose entra après avoir soigneusement toqué à la porte.

Kawaki lui jeta à peine un regard, préférant faire semblant de s'intéresser à sa lecture, répondant de temps à autre à ses questions.

Finalement, elle lui demanda si elle pouvait quand même l'ausculter. Ce à quoi Kawaki arqua un sourcil, méfiant.

« Vous n'avez pas votre matériel. »

« Je n'en ai pas vraiment besoin. » lui répondit-elle en lui offrant un clin d'œil. « Je suis ninja-médecin. »

Il ne répondit rien, se contentant de relever son t-shirt. Elle passa deux doigts froids sur son sternum, puis les glissa sur son estomac, suivant petit à petit le tractus digestif. Elle finit par appuyer plus fortement sur son abdomen, avant de dévier vers son nombril.

Il l'arrêta brutalement.

« Qu'est-ce que vous faites ? »

Nulle doute que cette femme avait une force prodigieuse. Autrement, il lui aurait déjà brisé le poignet comme on brise un biscuit.

« Je vérifie que tu n'as pas d'inflammation. » lui répondit-elle calmement.

« Je vous l'ai déjà dit, je n'ai pas mal au ventre. Je vais bien. Et j'espérais que vous vous en rendiez compte également ! »

« Afin que je les rassure, pour toi ? » lui répondit-elle en lui faisant signe qu'il pouvait maintenant se rhabiller.

« Si c'est vous, il vous écoutera. »

Et accessoirement, il aurait enfin la paix.

« Alors tu te soucies de ce qu'il peut ressentir ? »

Il haussait les épaules. Non, oui, peut-être. Il ne savait pas trop. Mais il préférait qu'on ne s'occupe pas de lui.

Être ignoré le rassurait d'une certaine manière. Notamment parce que jusque-là, toute personne qui lui avait un jour porté de l'intérêt avait fini par lui causer du tort.

« Contentez-vous de me donner du sucre, ou n'importe quoi d'autre, qu'on en finisse. »

« Pour ça, il faudrait encore que tu acceptes de l'avaler. » lui répondit-elle, lucide. « Et si on cherchait plutôt la raison de ton manque d'appétit ? »

« Ça, c'est votre travail, pas le mien. »

« C'est vrai. » admit-elle. « Seulement, si on ne coopère pas, ça risque d'être compliqué. »

« Ou alors, peut-être que je m'en fiche ? Et que ce n'est pas mon problème ? » s'agaça-t-il en lui envoyant un regard méprisant.

Elle soupira longuement, cherchant à regagner son calme.

« Ça ne fait pas très longtemps que tu habites ici, non ? Trois-quatre jours ? Tout au plus ? »

Un nouveau haussement d'épaules. Cette fois, le garçon détourna carrément la tête. Il ne semblait plus vraiment disposé à coopérer.

« Tu es stressé ? Ce nouvel environnement t'angoisse ? Ce serait compréhensible, tu sais. Une cohabitation forcée, ce n'est jamais très agréable… Mais Hinata est plutôt bonne cuisinière et— »

« Vous parlez beaucoup trop, et vous commencez sérieusement à me casser les bonbons. » lui avoua-t-il dans une remarque aussi honnête qu'expéditive.

« …Ou alors tu fais ça par méfiance ou pour punir quelqu'un ? Mais qui ? Jigen ? Naruto ? Toi… ? En te sous-alimentant, tu espères peut-être quelque chose de particulier inconsciemment ? »

« Vous essayez de sous-entendre que j'essaye de me faire du mal ? »

Il laissa échapper un rire de mépris.

En vrai, il trouva la réflexion loin d'être si idiote. Si il mourait, Jigen ne pourrait plus lui mettre la main dessus. Si physiquement il serait difficile de passer l'arme à gauche, biologiquement, comme tous les êtres vivants, si on lui coupait les vivres, ça ne prendrait pas bien longtemps pour parvenir au résultat escompté.

Du temps où il vivait chez Jigen, jamais ce dernier n'aurait permis qu'une telle chose arrive. Mais à bien y réfléchir, il y avait peu de chance que le septième laisse également un tel scénario se produire.

Sur ce point-là, ils se ressemblaient.

Donc, tout compte fait, ce plan était idiot. Tout juste bon à finir comme un légume, une aiguille dans le bras.

« Je crois qu'en ai assez entendu. Dites-lui bien ce que vous voulez. Ça m'est égal, je vais me coucher. » rétorqua-t-il avant de s'enrouler dans ses draps.

Elle n'insista pas davantage et se leva, lui souhaitant quand même une bonne fin d'après-midi. Elle referma la porte derrière elle et descendit à l'étage où son ancien coéquipier l'attendait.

« Alors ? »

Elle haussait les épaules.

« Il a l'air d'aller bien physiquement. » lui répondit-elle.

Ou en tout cas, il ne manquait pas de franc-parler.

« Je pense que c'est juste passager. Probablement un effet inconscient lié au stress d'un nouvel environnement, sans oublier qu'il vient de sortir d'un épisode de fièvre intense. Ça devrait passer naturellement d'ici quelques heures. La faim va bien finir par revenir. »

« Et si ça ne passe pas ? »

« Je ne connais pas beaucoup de garçons de son âge qui renonceraient à une portion de ramen. » lui répondit-elle pas plus inquiète que ça. « Pas après deux jours entiers de jeûne, en tout cas. Il n'a pas l'air du genre à s'affamer. C'est juste un garçon… en colère, fatigué et un peu perdu aussi. » expliqua-t-elle.

Il sembla rassuré d'au moins savoir qu'il ne couvait rien de plus grave.

Il finit par l'inviter à dîner, mais elle déclina.

Tout comme Kawaki, ce soir-là.

Ce n'est que le lendemain qu'il regagna à nouveau la table, pour le plus grand soulagement de la famille.