Kawaki ne savait plus quelle heure il était, mais ce qui était sûr, c'était qu'il avait probablement largement dépassé le couvre-feu établi depuis bien longtemps maintenant.

Il toisa rapidement les cannettes de bière au sol, à leurs pieds, ainsi que la bouteille de saké que tenait Iwabe.

Bouteille qu'ils avaient chapardée, leur âge et leur manque de moyens obligeant. Aucun commerçant n'aurait accepté de leur vendre de l'alcool. Ils auraient trop peur de perdre leur licence de boisson.

Kawaki n'avait jamais bu, aussi étonnant que cela puisse être pour le fils d'un alcoolique, à moins que ceci n'explique cela, au contraire.

Mais ayant toujours vu son père faire, quand Iwabe lui proposa une "nouvelle expérience", il se laissa aller à l'essai.

Son compagnon de beuverie était un ami de Boruto, de toute évidence, bien que plus âgé.

Il lui raconta qu'il avait redoublé. Une histoire sans importance, finalement, surtout après un bon coup dans le nez. Un peu ivres, ils s'étalèrent dans le gazon.

Kawaki avait toujours entendu dire que l'alcool aidait à régler bien des choses. Qu'il noyait l'esprit, apaisait les âmes tourmentées. Il ne savait pas si c'était vrai ou si son corps fonctionnait différemment, mais il ne se sentait en rien apaisé.

Il avait l'impression d'être exactement comme avant. Vide, et creux.

Avec un mal de tête en plus.

Il n'y avait aucun sentiment salvateur, aucune pensée joyeuse, pire, il avait l'impression que cela le rendait encore plus lucide sur son sort. Il avait espéré comprendre au moins son père en s'adonnant à son activité préférée, mais non, encore rien.

Il avait juste encore plus mal au cœur qu'avant. Il toisa très longuement la voûte céleste. Est-ce que son père était encore en vie ? Est-ce que la cirrhose avait fini par emporter ce vieux fou ?

Curieusement, il ne ressentait aucun ressentiment… Peut-être que c'était ça, la magie de l'ivresse chez lui ? Le rendre encore plus mort et anesthésié qu'il ne l'était déjà.

« C'est vrai ce qu'on raconte ? Que tu vis chez le Hokage ? »

Kawaki acquiesça mollement, le visage rouge et chaud.

« Il va pas s'inquiéter que tu ne rentres pas ? »

« Je pourrais te poser la même question. » lui répondit l'autre adolescent, en contemplant les étoiles avant de lui demander la bouteille.

« Bah, mes vieux rentrent toujours tard du boulot. Et puis, de toute façon, quand ils sont à la maison, mon père ne fait que boire et se disputer avec ma mère. J'aime autant rester dehors, crois-moi. » lui avoua Iwabe en s'amusant à jeter une des canettes vides au loin.

Voilà une situation qui n'était pas loin de lui être inconnue.

« Et… Il te frappe ? » demanda Kawaki, sans trop savoir pourquoi, inquiet.

L'autre adolescent papillonna des yeux.

« Non. Dieu merci, il n'est pas violent. »

Pour une raison inexplicable, le bicolore s'en sentit rassuré. En vrai, il ne connaissait pas son interlocuteur plus que ça, alors finalement, il ne comprenait pas pourquoi son sort pouvait l'impacter.

Kawaki retourna à sa contemplation du ciel, étanchant sa soif.

Iwabe était un type assez supportable. Pas trop bavard. Plus âgé que les autres amis de Boruto, il se sentait peut-être un peu plus à l'aise avec lui qu'avec les autres garçons.

Mais la fin des festivités sonna bientôt. Et il leur fallait maintenant rentrer. Vraiment. Autrement, leurs "parents" risquaient de très mal prendre leur retard.

Enfin, plus que ce qu'ils ne l'étaient déjà.

Ils se séparèrent à un coin de rue, et d'un pas peu pressé, Kawaki passa le seuil de la maison. Sans surprise, tout le monde avait déjà fini de dîner.

Il pouvait déjà entendre la vaisselle être faite.

« Alors, c'est à cette heure-ci que tu rentres ? » déclara Naruto, la voix calme mais une expression clairement sévère sur le visage.

Il se tenait là, tout en haut de l'escalier, le rendant encore plus grand qu'il ne l'était déjà.

Il l'avait mis de mauvaise humeur, visiblement. À peine surprenant.

« J'allais partir à ta recherche. »

Il sait. Et c'est notamment la raison pour laquelle l'adolescent était rentré de lui-même. Personne ne peut semer Naruto. Pas dans son village, en tout cas. Et il n'avait aucune envie de voir le Hokage débarquer au beau milieu de sa petite "fête" avec Iwabe.

Il en aurait été déçu, et il ne voulait pas spécialement ça. Parce que ça signerait notamment la fin de sa liberté.

« Eh bien, comme tu peux le voir, je t'ai épargné cet effort, je suis rentré. » répondit-il, las, en retirant ses chaussures.

De prime abord, il semblait n'avoir que faire de l'inquiétude qu'il avait pu susciter. Mais dans les faits, c'était peut-être un poil plus complexe que ça.

L'homme croisa les bras avant de déclarer d'une voix ferme :

« Monte dans ta chambre. On va discuter. »

Il ne savait pas exactement quand "son bureau" était devenu "sa chambre" , mais il ne dit rien.

« Et si je n'en ai pas envie ? »

« Je ne crois pas avoir sollicité ta motivation. »

« J'ai mal au crâne, sérieusement… Je suis en retard, je suis désolé. C'est bon ? » s'excusa-t-il en soupirant péniblement.

« Kawaki. Tu empestes l'alcool d'ici. » lui fit remarquer le Hokage, en grinçant des dents.

Bien… Ce ne serait donc pas qu'une histoire de couvre-feu… La prochaine fois, il serait plus prudent.

L'adolescent leva les yeux au ciel avant de monter les marches en traînant des pieds. La porte se referma derrière eux. Peut-être que cette fois-ci, il aurait vraiment droit à la fessée, ironisa-t-il pour lui-même.

Il l'avait peut-être tenté de pousser la limite un peu loin… Naruto s'assit à son bureau.

Il n'y alla pas par quatre chemins.

« Je suis déçu. Je pensais que le sermon de l'autre fois avait été assez clair. »

« Bah, va falloir t'y habituer, parce que décevoir, c'est encore ce que je fais de mieux. » lui répondit l'adolescent sur un ton léger, presque provocant.

« Kawaki, je ne plaisante pas. » éleva, malgré lui, la voix Naruto.

Sa main claqua contre le bureau, créant un léger sursaut chez le plus jeune.

« Braver le couvre-feu est une chose, mais boire en est une autre, et c'est clairement quelque chose que je ne peux pas laisser passer ! »

Kawaki fronça les sourcils.

Ça va ! Il n'y avait pas mort d'homme non plus… Il n'avait pas commis le crime du siècle. Au mieux un délit, il l'avoue : ils avaient volé la bouteille.

Mais ça, Naruto l'ignorait dans les faits, et il espérait qu'il continuerait de l'ignorer.

« Je t'ai dit que j'étais désolé… Qu'est-ce que tu veux entendre de plus ? » lui demanda l'adolescent, mi-agacé, mi-intimidé par le ton de son aîné. « Pourquoi tu t'énerves, d'abord ?! Ce n'est pas si grave, si ? »

Naruto se massa les tempes.

« Voilà, c'est précisément ça le problème… Tu ne vois pasest le problème. » commenta-t-il presque pour lui-même. « Bon, dis-moi avec qui tu étais et comment tu t'es procuré à boire… »

Pour le reste, on verrait demain.

« Je sais pas et ça ne te regarde pas… »

« Tu crois ça ?! Et si il t'était arrivé quelque chose ? » lui demanda-t-il. « Tu y as pensé ? »

« Que veux-tu qu'il m'arrive ? »

La question était honnête. Il avait le Kama. Et aussi longtemps qu'il l'aurait, il serait invulnérable aux hommes, les Otsutsuki étant une autre histoire encore.

« Certaines rues de la ville ne sont pas sûres, et c'est encore plus vrai pour un adolescent ivre mort. L'alcool rend faible. » lui rétorqua le septième. « Et si on t'avait fait du mal ? Tu y as pensé ?! »

Kawaki serra les lèvres et les poings, une expression indéchiffrable sur le visage.

« On m'a déjà fait du mal. Alors franchement quelle importance…?! »

Il tourna les talons, prêt à fuir la pièce, prétextant avoir besoin de prendre sa douche, quand Naruto l'arrêta verbalement.

« A-attends. On n'a pas fini. »

« Si, on a fini, si ! » rétorqua l'adolescent, une étrange intonation dans la voix.

Il ne semblait pas réussir à quitter le sol des yeux.

« Je t'ai déjà dit que j'étais désolé ! J'ai compris ! J'ai merdé et je ne le referai plus ! Est-ce qu'on peut passer à autre chose maintenant ?! »

Naruto vit sa main trembler.

Est-ce qu'il y était allé trop fort ? Il n'avait pourtant pas tellement élevé la voix… Pour être honnête, il était franchement plus dur avec Boruto, mais ils avaient des parcours différents.

Il hésita à poursuivre l'entrevue, mais finalement il abandonna. Le garçon semblait avoir des remords, et puis peut-être qu'ils auraient dû avoir cette discussion le lendemain, à tête reposée.

« Très bien. La salle de bain est à toi, mais ne verrouille pas la porte. »

Kawaki fronça, méfiant, de cette demande.

Quoi, il comptait le rejoindre dans son bain comme il faisait parfois avec Boruto ou Himawari ? Il savait que dans les familles fonctionnelles ça se faisait souvent, mais…

Voyant son interrogation, le septième clarifia sa demande.

« Je ne sais pas à quel point tu as bu. Je veux juste pouvoir entrer sans avoir à défoncer la porte en cas d'urgence. » expliqua-t-il avant de le laisser disposer et de quitter la pièce à son tour.


Kawaki se laissa tomber lourdement dans la baignoire, la chaleur de l'eau contrastant avec la froideur de ses pensées.

Le bruit de l'eau qui s'écoulait, doux et régulier, semblait lointain, comme un écho qui peinait à atteindre ses oreilles. Il s'immergea lentement, fermant les yeux pour tenter d'effacer un peu la lourdeur qui pesait sur ses épaules, un poids qu'il n'avait pas réussi à évacuer depuis son retour chez Naruto.

L'odeur de l'alcool persistait sur sa peau, une puissante réminiscence de la soirée et de l'échec qu'il venait de commettre. Boire n'avait pas été la solution, il le savait. Il ne lui semblait même pas l'avoir réellement espéré, à un quelconque moment, d'ailleurs. Ou alors, pas longtemps.

Il avait cru que l'oubli viendrait, que l'alcool ferait taire les questions, la douleur et la mélancolie qui hantaient sa tête. Mais au lieu de ça, il avait juste creusé plus profondément le vide qu'il ressentait. Comme un gouffre sans fin qui l'engloutissait à chaque respiration.

Oui, c'est encore pire qu'avant, finalement…

Les mots de Naruto lui revenaient en tête, aussi tranchants qu'un coup de katana.

"Et si on t'avait fait du mal ?!"

Sa respiration se fit plus rapide, et il posa sa tête contre ses genoux.

Non. On ne pourrait plus lui faire de mal. Il n'était plus un enfant, maintenant. Il n'était plus faible et sans défense, alors ça n'arrivait plus jamais. Non, plus jamais.

Il respira profondément une nouvelle fois, cherchant à oublier les sueurs froides qui commençaient à monter en lui.

Et puis… en quoi ça le regardait, même ?!

Kawaki avait toujours été indépendant. Il s'était toujours débrouillé. Et il se serait débrouillé même dans une situation compliquée. Pourquoi est-ce qu'il s'inquiétait, d'abord ?! Il ne lui avait rien demandé à lui, rien du tout. Et encore moins son espèce de pitié ou d'avenance ridicule.

Son ventre se serra douloureusement.

"Braver le couvre-feu, c'est une chose. Mais boire dehors, c'en est une autre."

Kawaki avait fait le choix de braver ces règles sans grand scrupule, mais ce qu'il n'avait pas prévu, ce qu'il n'avait pas anticipé, c'était la colère du septième. Ou plutôt, que sa colère pourrait l'impacter plus qu'il ne l'imaginait, curieusement.

Enfin, ce n'était pas une colère pure, mais une déception. Une déception profonde. Et cette déception, pire qu'un coup, avait fait naître en lui des sensations qu'il n'avait jamais cru capable de ressentir : des remords.

Des remords ? Lui ? Alors qu'il avait toujours vécu pour lui-même, sans jamais vraiment penser à l'impact de ses actes sur les autres ?

C'était… grotesque. Pourquoi ressentirait-il ça, d'abord ?!

Il laissa l'eau chaude couler sur son corps, comme pour se laver de cette impression de vide. Ses pensées s'embrouillaient.

Tout avait été un enchaînement d'impulsions, un besoin irréfléchi de découvrir, de s'évader, de tout oublier, ne serait-ce qu'un instant.

Il s'enfonça davantage dans le bain.

C'était horrible. Il avait l'impression de passer par mille et une émotions, son esprit bondissant du coq à l'âne sans raison. Son fil de pensée n'était même pas cohérent…

Est-ce que c'était l'ivresse qui faisait ça ? Il avait parfois l'impression de réfléchir de façon anarchique…

Il soupira, fermant les yeux, tentant de se concentrer sur la chaleur de l'eau qui apaisait sa peau, mais aussi son esprit. Son corps était envahi par la lourdeur de l'éthanol et par un mélange d'émotions contradictoires.

Il plongea ses mains dans l'eau, les frottant sans but, dans l'espoir fugace de tout effacer, de tout faire disparaître, pour ne plus avoir à affronter son passé.

Alors il frictionna sa peau, encore et encore.

Puis il alla se coucher.

Kawaki resta allongé sur le lit, les yeux fermés, mais son esprit continuait de tourner dans une spirale de pensées désordonnées.

De temps à autre, Naruto passait discrètement la tête dans sa chambre, même au beau milieu de la nuit, comme pour s'assurer que tout allait bien. Et curieusement, cela ne faisait que renforcer la culpabilité ressentie plus tôt.

À un énième passage discret, Kawaki alluma sa lampe de chevet.

« Tu ne dors pas ? » demanda l'adulte.

« Non. » répondit le plus jeune. « Je t'entends passer, et de toute manière, j'ai trop mal au crâne… »

Naruto sembla comprendre et en être désolé.

« Excuse-moi. Je vais voir si on a de l'aspirine. » lui répondit le septième avant d'être arrêté dans son élan.

« Attends… Dis-moi… Tu me détestes, pas vrai ? »

La question sonnait comme un aveu ou une conclusion. Jamais le bicolore n'avait autant appréhendé une réponse, et il ne comprenait pas pourquoi cela pouvait autant l'impacter.

Naruto se tourna, ébahi.

« Mais enfin… Où vas-tu chercher une idée pareille ? »

« Tout à l'heure… tu as dit que je t'avais déçu… » lui rappela Kawaki.

Naruto se frotta la tête avant de soupirer. Il ne sait pas si c'était le coup dans le nez, mais il avait l'air un peu plus bavard que d'habitude…

« Écoute… J'étais très inquiet, et les mots ont dépassé ma pensée. Oublie ça, et dors. On en reparlera demain à tête reposée. » essaya-t-il de clore le sujet.

« Pourquoi tu fuis… ? »

« Je ne fuis pas… J'essaye juste de trouver un moyen de régler cette situation de façon adéquate. »

Et mine de rien, là, tout de suite, il était un peu pris au dépourvu. Surtout avec un adolescent comme lui, c'était loin d'être évident.

« Alors admets-le que je t'ai déçu. Admets-le que tu es en colère contre moi… »

Kawaki avait toujours préféré l'honnêteté à l'hypocrisie ou à la lâcheté. Même si elle était douloureuse.

« Non. » trancha Naruto. « Je n'ai aucun ressentiment contre toi, crois-le. »

« Tes yeux sont plus honnêtes. »

« Mes yeux voient un gamin perdu que j'essaye de remettre sur le droit chemin, tant bien que mal. Voilà ce qu'ils voient. » répondit Naruto, adossé au chambranle de la porte.

Il inspira, sur le point de dire quelque chose, avant de se raviser.

« Ce n'est pas à toi que j'en veux, mais à moi. » déclara-t-il calmement. « J'oublie que tu n'es qu'un adolescent, et que forcément, repousser les limites et franchir les lignes rouges fait partie de votre construction. »

Et c'était peut-être encore plus vrai pour lui. C'était juste… normal. Et il était presque évident qu'une situation pareille allait se produire. Il avait manqué de clairvoyance. Voilà tout.

« Je suis censé te surveiller. Des gens dans ce village m'ont fait confiance pour assurer cette tâche. Et j'ai échoué. C'est moi qui suis désolé et qui suis décevant. J'aurais dû partir te chercher beaucoup plus tôt. »

Il lui avait accordé une certaine forme de confiance, mais peut-être que c'était encore trop... précoce ?

Kawaki sentit son cœur s'alourdir. Il voulait parler, mais les mots se bloquaient dans sa gorge.

Curieusement, voir le septième porter la responsabilité de ses actes le faisait se sentir terriblement mal.

Que lui passe pour un sale gamin buté, mal élevé et acariâtre aux yeux de tous passait encore. Mais que son bienfaiteur se sente coupable pour lui… Que l'on puisse remettre en cause sa légitimité… Non, ça, c'était trop. C'était trop… humiliant et douloureux.

Il inspira profondément avant de murmurer, sa voix étrangement faible, presque timide, par rapport à ce qu'il aurait voulu que ce soit.

« … Je suis… désolé. »

Naruto haussa un sourcil, surpris.

Kawaki ne le regardait pas, les yeux perdus dans les draps, sourcil froncé, ses mains serrées sur les couvertures.

« Pourquoi… ? » demanda Naruto doucement, son ton plus calme que d'habitude.

Kawaki hésita. Il se sentait idiot. Il avait l'impression d'être un enfant qui s'excusait de quelque chose qu'il ne comprenait même pas lui-même. Mais quelque chose dans cette situation, dans l'inquiétude de Naruto, dans la déception qui flottait dans l'air, lui donnait une étrange envie de se confier.

« Pour… t'avoir déçu. » Il serra les poings, se forçant à formuler ses pensées. « Je vois bien que je ne fais que causer des problèmes. »

Naruto le fixa silencieusement, son regard empreint de compréhension. Il s'approcha un peu plus, s'agenouillant près du lit, à hauteur de Kawaki.

« Tu ne m'as pas déçu, Kawaki. Je te l'ai déjà dit. » Il posa une main légère sur son épaule, d'un geste presque paternel. « C'est de ma faute, j'aurais dû être plus prévoyant. Tu fais des erreurs, c'est normal. Ce qui compte, c'est ce que tu fais après. »

Kawaki baissa la tête. L'alcool, toujours présent dans ses veines, l'empêchait de se concentrer pleinement, mais il ressentait pourtant chaque parole comme un poids lourd, presque insupportable.

« Je ne te causerai plus de tort… » Il dit finalement, plus fort cette fois, avec une résolution qu'il savait encore incertaine, mais qu'il voulait sincèrement tenir.

Et ça, il se le promettait.

Naruto le regarda un moment, scrutant son visage, cherchant peut-être la sincérité derrière cette confession maladroite.

« Je suis content de l'entendre, Kawaki. » Naruto sourit légèrement, bien qu'il fût toujours soucieux.

Kawaki ne répondit pas immédiatement, mais les mots de Naruto s'infiltrèrent dans son esprit comme un baume apaisant, aussi simples fussent-ils. Il n'était pas seul, ce n'était pas une simple parole en l'air, mais quelque chose qu'il pouvait sentir au fond de lui.

Naruto se leva, prêt à laisser Kawaki se reposer. Mais avant de partir, il se pencha légèrement, une dernière fois, pour lui dire :

« Je suis là, si jamais tu as besoin de quoi que ce soit… ou de parler. »

Kawaki hocha lentement la tête, un léger soupir s'échappant de ses lèvres. Il était encore fragile, encore loin de se sentir totalement en paix avec lui-même, mais pour la première fois depuis longtemps, il avait l'impression que peut-être, juste peut-être, il n'était pas aussi détestable qu'il le croyait.

Il ferma les yeux, tentant de se laisser bercer par la fatigue, par cette étrange tranquillité qui commençait à l'envahir, lentement mais sûrement. Demain serait un autre jour. Un jour où il essaierait de tenir cette promesse.

Non, il allait tenir cette promesse.