Boruto relâcha ses couverts. Impossible de manger dans ces conditions.
« Ça te lance encore ? » demanda Hinata, inquiète, en le voyant grimacer.
« Mouais… Mais ça va aller, t'en fais pas… » essaya-t-il de la rassurer en retenant un gémissement douloureux pendant qu'il agrippait son bras.
« Si demain ça ne s'arrange pas, on ira voir un médecin. » déclara-t-elle, soucieuse, en envoyant un regard à son mari qui valida d'un hochement de tête.
« Dites pas de bêtises… Que voulez-vous qu'ils fassent, sérieusement… »
Ils n'y connaissaient rien au Kama, alors Boruto ne voyait pas bien ce qu'ils pourraient faire de son cas.
« Si on peut au moins te donner un antalgique, ce sera déjà ça. » tenta d'être raisonnable Hinata. « Déjà que tu ne sembles pas beaucoup dormir à cause de tes cauchemars, si la douleur s'en mêle aussi… »
« Maman ! » la coupa Boruto, gêné.
Il avait passé l'âge d'être secoué par des rêves mouvementés… Et puis il n'avait vraiment pas envie que ce soit su par toute la famille, à commencer par Kawaki. Mais curieusement, ce dernier demeura étrangement silencieux, se contentant de dîner dans le silence, sans lui accorder de moquerie.
Il ne semblait pas plus intéressé que ça par l'échange, bien plus concentré sur son assiette.
Finalement, ce soir-là, ce fut Boruto qui monta précocement se coucher.
Serviable, Kawaki se chargea des tâches ménagères, à savoir débarrasser et aider à la vaisselle, puis monta à son tour trouver le repos silencieusement.
« Eh bien, ça change des soirs où ça crie. » plaisanta Naruto en feuilletant rapidement le journal.
« Effectivement. » lui répondit Hinata, bien qu'elle ait du mal à s'en réjouir.
Elle se doutait bien que ce calme n'était que factice : les garçons étaient simplement trop épuisés pour se battre ce soir-là.
Finalement, les adultes partirent à leur tour se coucher, éteignant pour de bon les lumières de la maison. Tout aurait pu se finir ainsi. Seulement, aux abords de minuit, loin d'être couché, Kawaki entendit des pas feutrés dans la maison.
Non, pas un, mais deux.
En temps normal, il n'y aurait probablement pas prêté attention, pensant simplement à une personne partie aux toilettes. Mais justement, en général, ils ne se souciaient pas autant d'être silencieux, et ils n'y allaient certainement pas à deux.
Là, on aurait dit deux personnes qui tentaient vraiment de dissimuler leur présence.
Il se leva, curieux, et ouvrit la porte de sa chambre.
Évidemment, il aurait dû s'en douter…
« Je peux savoir ce que vous faites ? »
Pris sur le vif, Boruto et Himawari se retournèrent, affichant un regard effrayé et embêté.
Le petit blond finit par lui mimer expressément le silence du doigt.
« Parle moins fort, tu vas réveiller les parents ! » chuchota-t-il véhément, presque dans un sermon.
Kawaki regarda instinctivement la porte de leur chambre à coucher.
« T'étais pas censé dormir, toi ? » ajouta-t-il.
« Je te retourne la question. Ta douleur au bras, c'était juste du vent pour échapper à ton tour de vaisselle ? »
Il se gratta la tête nerveusement.
« Nan, c'était bien réel, mais c'est passé maintenant. Du coup, j'accompagne Himawari dehors. »
Kawaki arqua un sourcil, pas bien sûr de comprendre.
« Tu- quoi ? »
Pourquoi diable voulait-il faire sortir sa petite sœur dehors à une telle heure ?!
« J'ai dit, j'accompagne Himawari deh-… »
« Non, ça merci, j'avais compris. La vraie question, c'est pourquoi faire ? Il est bientôt minuit, je te signale. »
La petite fille joua nerveusement avec ses pieds avant de laisser son grand frère expliquer la situation.
Boruto soupira avant de lui faire signe de descendre. Inutile de discuter dans le couloir, juste devant la chambre de leurs parents. Une fois à l'abri des oreilles indiscrètes, il lui révéla la vérité.
« Ce soir, il y a un test de courage organisé pour les enfants du village, et comme promis, j'y accompagne Himawari. »
« Un test de quoi ? »
« De courage. Vas-y, ce serait trop long à t'expliquer… » soupira-t-il. « Mais disons que c'est un soir où on s'amuse à suivre un parcours et à se faire peur. »
« Quelle idée idiote. »
Boruto sentit sa veine pulser.
« On s'en fiche que ce soit idiot, le but est juste de s'amuser… »
S'amuser, hein… ?
« Si c'est si innocent, pourquoi vous filer à l'anglaise tous les deux ? » demanda-t-il, de plus en plus curieux. « Tes parents m'ont l'air d'être plutôt relax et compréhensifs… »
L'étau se refermait petit à petit.
« Je te rappelle que je suis privé de sortie… Visiblement, j'ai délaissé un peu trop souvent mes corvées. Sans compter qu'ils trouvent Himawari trop jeune… »
En clair, ils n'auraient jamais dit oui.
« Donc vous faites le mur. » conclut l'adolescent, pas vraiment enthousiaste du plan. « Malgré la menace de Kara qui plane. »
« Roh, arrête ta paranoïa ! Comme si ils allaient débarquer maintenant, à minuit moins vingt ! »
« Tu vas rire, mais je suis pratiquement sûr qu'ils seraient prêts à se passer de quelques heures de sommeil juste pour nous faire peau ! » ironisa-t-il.
C'est fou comme il pouvait être inconscient.
« T'es vraiment la dernière personne que j'aurais pensée entendre nous faire la morale ! »
« Nan, je fais pas la morale, mais… »
Mais si le septième n'avait pas donné son accord, c'est qu'il devait très probablement avoir ses raisons, et de bonnes. Or, il ne ressentait pas particulièrement l'envie d'aller à son encontre.
« Je pense que tu ne devrais peut-être pas te les mettre à dos. » lui répondit-il seulement. « Ils doivent avoir leur motivation. »
« Des motivations ? La blague ! Ils veulent juste me punir, oui ! Sérieusement, j'ai passé l'âge d'être réprimandé comme un gamin ! »
« Ouais, t'as déjà douze ans, après tout… » lui souffla Kawaki, à peine ironique.
« Fais pas le malin… T'es pas beaucoup plus âgé que moi, je te rappelle. »
Parler avec lui, c'était vraiment comme parler à une bourrique…
« Bon, sur ce, nous on va y aller ou on va être en retard, autrement. Je compte sur toi pour remonter discrètement. »
« Hé là, qu'est-ce qui te fait dire que je ne vais pas aller les prévenir ? »
« T'es une balance, toi, maintenant ? » s'agaça Boruto.
« C'est pas ça le problème… »
« Alors c'est quoi ? T'as peur de désobéir à pa-pa ? » le nargua-t-il avec un sourire méprisant.
Quelque chose au fond de Boruto bouillait. Qu'est-ce qu'il avait à toujours vouloir faire son fayot ?! À essayer d'être un meilleur fils que lui ? Depuis quand était-il raisonnable, d'ailleurs ?!
Kawaki serra les poings.
« Je n'ai peur de personne. Je m'inquiète seulement pour Himawari… C'est tout. »
« Relax ! Je suis pas irresponsable non plus ! Je l'accompagne, que veux-tu qu'il lui arrive, sérieux ? »
Kawaki pesta.
Malgré lui, maintenant, il se retrouvait complice. Soit il balançait tout et passait pour une horrible balance. Soit il remontait se coucher comme s'il n'avait rien vu, et si problème il y avait, il se sentirait responsable.
Soit…
« Attendez, je vous accompagne. »
« Nan mais tu plaisantes ?! On n'a pas besoin d'être chaperonnés ! »
« J'ai des allures de matrone ? » lui répondit-il sarcastique. « Je viens uniquement parce que je suis curieux de voir ce que c'est. C'est tout. De toute façon, je n'avais pas sommeil. »
« Oh chouette ! » s'exclama la plus jeune, clairement contente de cette nouvelle présence.
Enfin une activité à trois, juste entre eux, sans les parents ! Il y avait quelque chose de terriblement excitant là-dedans. Elle regarda avec empressement Kawaki mettre ses chaussures dans le noir, avant de leur prendre la main et de se précipiter dehors.
« Tu m'avais pas dit que c'était interdit aux enfants. »
« Faux, c'est interdit aux enfants de moins de douze ans non accompagnés d'un adulte. »
« Ok, je réitère ma question. » soupira Kawaki, agacé. « Tu vois un adulte parmi nous ? »
Son idiot de frère rigola.
« Panique pas comme ça, j'ai pensé à tout ! »
Il exécuta un mudra, et l'instant d'après, une jolie jeune femme apparut à sa place, avec un décolleté très généreux.
« Qu'est-ce que c'est encore que ça… »
« Pas mal, hein ! »
« J'imagine que rien ne m'empêche encore de faire demi-tour… »
« Roh, arrête d'être rabat-joie ! Ça va passer comme une lettre à la poste ! »
Il posa sa main sur leurs épaules et les poussa vers l'entrée de l'attraction, où des organisateurs déguisés en membres des forces spéciales vérifièrent rapidement leur âge d'un coup d'œil.
On les laissa entrer sans souci, leur expliquant sommairement les règles du labyrinthe. Pas d'arme, pas d'objet inflammable, ni quoi que ce soit pouvant causer des dégâts ou des blessures. Seules les lampes torches fournies étaient autorisées.
« Cette année, le thème est « champ de guerre hanté ». Je crois qu'ils se sont inspirés de la troisième grande guerre ninja. »
« Vraiment joyeux tout ça… »
« T'as la frousse, avoue ! »
« T'as pas idée. » répondit Kawaki, ironique, les mains dans les poches, marchant à leurs côtés.
Il détailla les quelques décorations grotesques de mannequins accrochés dans les arbres et buissons du dédale végétal. Des kunai plantés à droite à gauche, du faux sang étalé sur le gazon.
Il trouva ça de mauvais goût. Mais soit. Ainsi donc, il fallait trouver la sortie ?
Il jeta un coup d'œil à Himawari. Elle ne sembla pas effrayée le moins du monde. En même temps, comment l'être quand on savait que tout était factice ?
Pire encore, elle rit en pointant émerveillée les décorations des faux parchemins explosifs et des lanternes.
« Si le but était de tester notre courage, c'est raté… »
« Attends, ça n'a pas commencé… »
Au même moment, un ninja dans une très ancienne veste de chūnin sortit des buissons, accompagné d'un autre homme vêtu comme lui. Ils se mirent à les courir après avec un kunai.
Ni une ni deux, Kawaki activa son kama, prêt à en découdre, avant que Boruto ne l'arrête, effrayé.
« Mais arrête, t'es malade ?! C'est évident que ça fait partie de l'attraction ! »
« Q-quoi ?! »
« T'as parfaitement compris ! Maintenant, cours ! » sourit Boruto avant d'empoigner le bras de ses adélphes, sous les hurlements d'Himawari.
« Attends…?! C'est ça le but ? Se faire courir après comme du gibier pendant qu'on cherche la sortie ? »
« Bah oui ! Tu te doutes bien qu'on va pas réellement se battre avec des comédiens, quand même… On est juste là pour l'adrénaline ! »
« J'en ai entendu des activités idiotes ! Mais alors celle-là ! »
Il se retint de partir sur-le-champ pour les laisser en plan.
« Arrête d'être rabat-joie et profite ! Regarde comme Himawari s'amuse ! »
Adaptant son pas pour qu'elle puisse les suivre, ils finirent par se cacher dans une des cabanes prévues à cet effet, pendant que leurs poursuivants traquaient un autre groupe.
« C'est officiel, je déteste ça. » se plaignit le plus âgé.
« Tout de suite l'abus… »
« Hé bien désolé si me faire traquer ne m'évoque pas particulièrement les meilleurs moments de ma vie ! » répondit-il, agacé par sa stupidité.
En plus, en général, il n'avait pas pour habitude de fuir le danger.
« Et toi, Himawari, ça va ? » demanda Boruto en reprenant son apparence originelle.
Elle hocha la tête vigoureusement avant de rigoler.
À ses yeux, tout ça n'avait que des allures de partie de chat géant, finalement.
Le décor gore en plus.
« Bon, si tout le monde a repris son souffle, on y va. » déclara l'autoproclamé chef du groupe. « Plus tôt on rentrera, moins les parents remarqueront notre absence. »
« J'espère pour nous qu'il n'est pas très grand… Déjà qu'on a foncé sans savoir où on allait… »
« J'ai entendu dire qu'il fallait toujours aller à gauche ! » intervint la plus jeune.
« Ça, ça marche probablement pour les labyrinthes sur tes boîtes de céréales, mais pas dans la vraie vie. » lui rétorqua Kawaki.
« Il est vrai que les organisateurs ont peut-être construit l'attraction en fonction de cette idée reçue… » acquiesça l'autre garçon.
« Au pire, on brûle tout sur un mètre et— »
« Bon, t'es idiot ou tu le fais exprès ?! » s'emporta l'autre garçon. « C'est un JEU, Kawaki ! Si on triche, ou que pire encore, on détruit l'attraction, ça n'a pas grand intérêt ! Tu comprends ? »
« Peut-être ! Mais si on se dépêche pas de sortir d'ici très vite, et qu'on se rend compte de notre absence, là aussi on aura des problèmes… »
« Parce que tu crois que si on crée du grabuge ici, ça ne va pas remonter jusqu'aux oreilles de papa ? C'est littéralement le Hokage ! » souligna-t-il, l'évidence.
Tout ce qui s'organisait passait littéralement par son bureau. Alors, si trois hectares de forêt disparaissaient malencontreusement du jour au lendemain dans un incendie à cause de leur faute, évidemment qu'il en serait tenu au courant…
« Très bien, j'arrête de proposer des idées. »
« Oui, arrête, de grâce. » tiqua le plus jeune avant de se tourner vers sa sœur. « Prête à y retourner ? »
Elle hocha la tête, téméraire.
« Oui ! »
« Pourquoi nier l'évidence ? On est perdus, admet-le… »
« Nan, on est pas perdus, juste temporairement égarés. »
« Ça fait trois fois qu'on passe devant ce parchemin explosif. »
« C'est un labyrinthe, Kawaki, c'est absolument normal que tous les endroits semblent se ressembler ! Donc je vois vraiment pas ce qui te permet d'affirmer qu'on est déjà passé par ici. »
« Peut-être parce qu'on est revenus sur nos pas trois fois, et que ça fait au moins une heure qu'on ne croise plus personne. » lui répondit, pragmatique, le plus âgé. « D'ailleurs, si tu ne reprends pas très vite ta fausse apparence, on risque d'avoir des problèmes si on nous croise avec Himawari. »
« Avoues que mon sexy jutsu te plaît ! »
Kawaki pesta.
« Pas du tout, c'est vraiment une technique de détraqué… » lui répondit-il seulement, avant de reprendre leur marche.
Finalement, à une énième intersection, l'adolescent en eut marre. À ce train-là, ils seraient encore bloqués ici au lever du jour, et ils allaient se faire taper sur les doigts.
« Hé, Kawaki… ! Tu fais quoi ? »
« Je grimpe aux arbres pour voir si on peut apercevoir la sortie. »
« Idiot, il y a une bonne raison si ils ont installé le labyrinthe dans la forêt… »
Même en prenant de la hauteur, pour les éventuels tricheurs, avec la cime des arbres, il serait difficile d'identifier la sortie.
« Boruto a raison, on risque de rien voir du tout. » commenta Himawari, de plus en plus gagnée par la fatigue.
Il devait maintenant facilement être proche de deux heures du matin, et clairement, elle n'était pas habituée à veiller si tard…
À présent, elle n'avait plus qu'une envie : partir se coucher.
« Si on se déplace d'arbre en arbre, en allant tout droit, on sera bien obligé de sortir de là. Les buissons du labyrinthe ne montent pas très haut. »
« Ça retire tout le fun de l'expérience… » pesta son cadet.
« C'est vrai, mais moi, j'ai envie de rentrer maintenant… » intervint Himawari de sa petite voix.
Elle savait que c'était son idée à la base, mais maintenant, ce n'était plus très amusant. Elle commençait à avoir froid, et l'adrénaline n'avait plus trop d'effet.
« J'ai compris, on rentre. » se fit compréhensif et avenant Boruto avant de prendre sa petite sœur sur son dos et de monter aux arbres, suivi de près par Kawaki.
« Retournons sur nos pas. Ce sera plus simple. » proposa ce dernier.
Le blond acquiesça.
Ils firent quelques sauts, se déplaçant de branche en branche, avant que la plus jeune ne lui fit signe de descendre.
« Je veux essayer de faire comme toi. » lui demanda-t-elle. « Moi aussi je veux me déplacer comme un shinobi ! »
Son frère hésita franchement. Il faisait plutôt nuit, et la visibilité était loin d'être bonne. Néanmoins, ne voulant pas finir la soirée sur une note négative, il céda.
« D'accord, mais tiens-moi bien la main. »
Jamais ils ne regrettèrent autant une décision.
Il était deux heures trente du matin lorsque Hinata et Naruto débarquèrent en trombe aux urgences de Konoha.
La première chose qu'ils virent furent les garçons, dans un état second, leurs vêtements maculés de sang.
La scène acheva de plonger les deux adultes dans une profonde détresse. Mais que se passait-il, à la fin ?!
Hinata accourut aux côtés de son fils.
« Boruto, où est Himawari ?! » lui demanda-t-elle, suppliante.
Le garçon eut tellement de mal à la regarder dans les yeux, effrayé et honteux.
« E-elle… J'ai… Sa main… »
Il bégaya.
« Je lui tenais la main et… Et… Le kama… J'ai… »
Il serra les poings avant de pleurer lamentablement.
« Pardon maman…! Pardon, pardon ! Je voulais pas la lâcher ! Je te le jure. »
Silencieux, Kawaki assista à la scène, la tête baissée. Il n'osait pas relever les yeux, mais il était plus accablé que jamais par les remords.
C'était sa faute. Tout ça, c'était de sa faute.
Il aurait dû les arrêter ! Il aurait dû prévenir Hinata et Naruto quand il les avait vus partir. Il était l'aîné du trio, il savait que c'était une mauvaise idée ! Alors pourquoi… pourquoi ne l'avait-il pas fait ? Pourquoi avait-il cédé aux cadets ?
Si… S'il s'était tenu à son idée de base, tout ça ne serait jamais arrivé. Et la petite Himawari… Elle… Quand il pensait qu'il s'était promis de ne plus jamais les décevoir !
Bientôt, une paire de sandales entra dans son champ de vision, et cela le pétrifia.
« Que s'est-il passé exactement ? Qu'est-ce que vous faisiez dehors à cette heure-ci ? »
Kawaki essaya d'ouvrir la bouche, mais tout ce qu'il put articuler fut :
« …Le… Le test de courage. »
Naruto serra les poings avant de se tourner vers Boruto, toujours en larmes dans les bras de sa mère.
Cette idée, il savait pertinemment qu'elle ne venait pas de Kawaki. Boruto et Himawari lui en avaient parlé plus tôt dans la semaine.
« J'en prends l'entière responsabilité. » déclara l'adolescent, bien qu'il n'osât pas lever le regard vers Naruto. « Je… Je savais qu'ils n'avaient pas l'autorisation, mais je les ai accompagnés parce que je pensais que ma présence pourrait être utile. » s'expliqua-t-il en tentant de reprendre son calme.
Il déglutit.
« Seulement… En jouant dans les arbres… Boruto a lâché la main d'Himawari et… et elle a glissé. »
Il essaya de ne pas repenser au bruit de sa chute.
« J'ai… j'ai essayé de la rattraper…! Mais-… »
Mais sa main n'avait fait qu'effleurer la sienne, un court instant.
Et du sang avait commencé à s'écouler de la tête de la petite fille au sol. Il essaya d'effacer cette vision d'horreur de sa tête.
Cette fois-ci, son erreur était trop grande. Jamais le septième ne pourrait lui pardonner ça. Même avec la meilleure volonté du monde. Sa fille avait été blessée par sa faute. Parce qu'il avait fait les mauvais choix.
S'il s'était écouté, ils n'en seraient pas là.
Une main se posa sur son épaule.
« L'heure n'est pas à trouver des responsables. » lui répondit Naruto d'une étrange froideur. « Reste avec Hinata. Je vais voir les médecins. »
Il ne revint que plusieurs minutes plus tard, demandant à son épouse de raccompagner les garçons chez eux avant de revenir.
Inutile qu'ils passent la nuit aux urgences.
Kawaki ne réussit pas à trouver le sommeil, et ce ne fut qu'au petit matin qu'il entendit enfin la porte d'entrée s'ouvrir.
Curieux et inquiet, il sortit de sa chambre avant de voir la petite sœur de Boruto, dans les bras de son père, un bandage autour de la tête.
Elle arborait un sourire comblé, bien que fatiguée.
Difficile de croire qu'elle venait de faire une chute de plusieurs mètres quelques heures plus tôt.
« T'as promis, hein, j'aurai le droit à un cadeau. » demanda-t-elle de sa petite voix.
« Mais oui. » la rassura son père en lui embrassant le front avant de la laisser descendre et regagner sa chambre avec sa mère.
Son regard croisa celui de Kawaki, et il arbora une expression… naturelle. Bien que légèrement fatiguée.
« Ça va ? » lui demanda-t-il.
Kawaki hocha silencieusement la tête.
Quoi, c'est tout…? Il ne disait rien ?
« Himawari… Elle va bien ? » demanda l'adolescent, presque hésitant à aborder le sujet.
« Oh, oui. Ne t'en fais pas. Elle nous a fait une belle frayeur, mais elle n'a eu besoin que de quelques points de suture finalement. »
Il suffisait de la voir gambader jusque dans sa chambre pour s'en rendre compte.
« Tu peux retourner te coucher. Il est encore tôt. » finit-il par lui offrir congé.
« Et c'est tout…?! Tu vas même pas me-… »
« Te 'quoi' ? » lui demanda Naruto. « Te sermonner ? Et à quel sujet ? Celui de ne pas avoir réussi à raisonner deux gamins bornés ? »
Il avait été suffisamment à sa place pour comprendre que ce n'était pas simple…
Il lui envoya un sourire désolé, presque complice.
« C'est pas drôle d'être à ce rôle, hein ? »
Pour une fois, il avait l'impression qu'il lui parlait d'adulte à adulte.
« Je sais que tu étais dans une situation délicate. Tu ne pouvais ni les dénoncer, ni les empêcher de partir… Alors tu as essayé de faire ce qu'il y avait de plus juste. »
Il monta à l'étage et lui posa une main sur la tête.
« Merci d'avoir essayé de les protéger. Je suis fier de toi. »
Kawaki sentit ses joues rougir férocement.
Pour la première fois depuis longtemps, il se sentit bien.
