Je ne possède aucun des personnages des films

Whumpuary 2025 consacré au film The Man From UNCLE de 2015

Un prompt tous les deux jours

En espérant que cela vous plaise

Bonne lecture

PS : Au fait j'ai commencé à faire du tri et à remettre de l'ordre dans mes publications en faisant une sorte de table des matières dans mon profil alors n'hésitez pas à y faire un tour ;)


WHUMPUARY 2025 The Man from U.N.C.L.E

14. Sauvetage

Les phares de la Wartburg s'éteignirent à deux cents mètres du complexe. Illya et Gaby progressaient maintenant dans l'obscurité, suivant la piste des hommes qui avaient emmené Napoléon après l'assaut de la base. L'opération avait mal tourné, leur couverture avait sauté au dernier moment, les forçant à se séparer sous les tirs. La dernière image qu'ils avaient de leur partenaire était celle de trois hommes le maîtrisant près du hangar est, avant que la fumée des grenades ne les aveugle.

Il leur avait fallu des heures pour neutraliser les dernières sentinelles et localiser ce puits, dissimulé derrière un bosquet. Les traces de lutte autour de la margelle et les gouttes de sang sur la pierre ne laissaient aucun doute. Illya serra les mâchoires en vérifiant une dernière fois son équipement. À côté de lui, Gaby armait silencieusement son pistolet, scrutant les ombres. Deux gardes patrouillaient encore quelque part dans le périmètre.

- Napoléon !

La voix de Gaby résonna dans le puits comme un écho désespéré, se fracassant contre les parois humides avant de se perdre dans les profondeurs. Le silence qui suivit fut assourdissant, presque tangible. Illya sentit son cœur se contracter douloureusement dans sa poitrine. Il se pencha au-dessus de la margelle, ses doigts s'enfonçant dans la pierre froide et moussue tandis que ses yeux russes tentaient de percer l'obscurité. Le faisceau de sa lampe torche dansa contre les parois suintantes, révélant enfin une forme sombre recroquevillée au fond, terriblement immobile.

- Solo !

Cette fois, c'était sa voix profonde qui déchira le silence, trahissant une inquiétude qu'il tentait rarement de masquer quand il s'agissait de son partenaire. Le tremblement dans sa voix surprit même Gaby, qui posa une main apaisante sur son bras. Toujours aucune réponse.

- Il faut descendre, décida-t-il, ses mains déjà occupées à dérouler le câble qu'ils avaient apporté.

Le matériel semblait peser une tonne, chargé du poids de leur angoisse. Ses doigts, d'ordinaire si assurés, tremblaient légèrement tandis qu'il préparait le harnais. À quelques pas, Gaby s'activait autour d'un chêne centenaire, installant le système d'attache avec une précision née de l'urgence. Leurs gestes étaient méthodiques, efficaces, mais la tension qui habitait chacun de leurs mouvements était palpable, électrique.

- Je descends. Toi, tu restes ici pour nous remonter et surveiller les abords, ordonna Illya.

Sa voix ne souffrait aucune contestation. Gaby acquiesça, comprenant que sa force serait plus utile en haut qu'en bas. Ses yeux brillaient d'une détermination farouche dans la pénombre.

La descente fut un supplice pour Illya. Les secondes s'étiraient comme des heures alors qu'il s'enfonçait dans les entrailles de la terre. Chaque mètre révélait davantage l'état des parois du puits, anciennes, humides, traitresses, couvertes d'une mousse glissante qui luisait faiblement dans le faisceau de sa lampe. L'air devenait plus froid, plus lourd à mesure qu'il descendait. L'idée que Napoléon ait pu passer la nuit entière ici, dans ce froid mordant et cette humidité pénétrante... Il serra les dents si fort que sa mâchoire craqua, refusant de laisser son esprit vagabonder vers les pires scénarios.

Quand ses pieds touchèrent enfin le sol, le bruit de ses semelles sur la pierre résonna comme un glas. Son cœur manqua plusieurs battements. Napoléon gisait sur le côté, son torse nu couvert d'ecchymoses violacées qui ressortaient de manière obscène sur sa peau d'une pâleur cadavérique. Sa jambe droite... Illya dut réprimer un haut-le-cœur en voyant l'angle impossible qu'elle formait.

- Cowboy ?

Le murmure d'Illya tremblait d'une émotion contenue alors qu'il s'agenouillait près de son partenaire, ignorant l'eau glacée qui traversait immédiatement le tissu de son pantalon. Ses doigts, presque révérencieux, trouvèrent le cou de Napoléon, cherchant désespérément un pouls. Il était là, ténu mais présent, comme un oiseau blessé battant désespérément des ailes contre les barreaux de sa cage.

La peau sous ses doigts était glacée, presque aussi froide que la pierre environnante. Un juron russe échappa à Illya qui retira immédiatement sa veste pour en couvrir le torse nu de son partenaire. Le tissu semblait dérisoire, une protection insignifiante contre les heures passées dans ce tombeau de pierre. Ses mains, aussi douces que possible, parcoururent le corps de Napoléon, évaluant méthodiquement les blessures. La jambe cassée était la plus évidente, mais il y avait tellement plus, des côtes qui bougeaient sous ses doigts comme des touches de piano brisées, des ecchymoses qui marbraient son dos comme une toile macabre,et cette froideur, cette terrible froideur qui semblait avoir pénétré jusqu'à la moelle de ses os.

- Gaby ! Appela-t-il, sa voix se répercutant contre les parois dans un écho sinistre. Il est vivant, mais il est en hypothermie. Il faut le sortir d'ici tout de suite !

La respiration de Napoléon était si faible qu'Illya devait se pencher tout près pour la percevoir, son oreille presque collée aux lèvres bleuies de son partenaire. Chaque souffle était un combat, un râle à peine audible qui semblait coûter une énergie démesurée à son corps épuisé.

- Je suis désolé, mon ami, murmura Illya, sa voix rauque d'émotion contenue tandis qu'il sortait une fine corde de sa poche.

Ses mains tremblaient légèrement alors qu'il manipulait les poignets de Napoléon, cherchant le meilleur angle pour les attacher sans aggraver d'éventuelles blessures. Chaque geste était une torture calculée, un équilibre précaire entre la nécessité et la douceur. C'était la seule solution pour le remonter, se répétait-il comme une litanie, tentant d'ignorer la façon dont les liens marquaient la peau déjà meurtrie de son partenaire. Un gémissement faible s'échappa des lèvres de son ami inconscient, un son si douloureux qu'Illya sentit son estomac se nouer. Ses doigts s'immobilisèrent instantanément.

- Chut, Cowboy, souffla-t-il, glissant inconsciemment dans sa langue maternelle pour murmurer des paroles apaisantes.

Toutefois Napoléon restait perdu dans son inconscience, son visage crispé par la douleur même dans son sommeil forcé. Manipuler le corps inerte de son partenaire était une épreuve qui mettait à mal tout son self-control. Chaque mouvement involontaire, chaque son étranglé qui s'échappait de la gorge de Napoléon était comme un coup de poignard dans le cœur d'Illya. La jambe cassée pendait de manière obscène et le moindre déplacement risquait d'aggraver la fracture, mais il ne pouvait pas le laisser là. La sueur coulait sur le front d'Illya malgré le froid, tandis qu'il calculait mentalement le meilleur angle pour minimiser les dégâts pendant la remontée. Au-dessus d'eux, la voix de Gaby résonna, tendue par l'inquiétude :

- Illya ? Tout va bien ?

- Presque prêt, répondit-il, sa voix plus rauque qu'il ne l'aurait voulu.

Il lui fallut encore de longues minutes pour positionner correctement Napoléon contre son dos, ajustant et réajustant sa prise jusqu'à ce qu'il soit certain que son partenaire ne risquerait pas de glisser. Les bras attachés de l'Américain pendaient maintenant autour de son cou et Illya pouvait sentir le front glacé de son partenaire contre sa nuque. Les tremblements qui parcouraient le corps de Napoléon se transmettaient au sien, comme une vibration macabre qui résonnait jusqu'au plus profond de ses os.

- Prêt ! Cria-t-il enfin à Gaby, serrant les dents alors que le câble se tendait.

La remontée fut un véritable cauchemar d'équilibriste. Chaque centimètre était une bataille contre la gravité, contre la pierre, contre le temps qui filait inexorablement. Illya devait maintenir Napoléon fermement contre lui tout en évitant que son corps ne heurte les parois traîtresses du puits. Le moindre balancement du câble était une menace pour la jambe déjà brisée et les gémissements involontaires de douleur qui s'échappaient parfois de son partenaire inconscient étaient comme autant de coups de couteau dans sa poitrine. Le sang battait aux tempes d'Illya, sa respiration devenant laborieuse sous l'effort combiné de son propre poids et de celui de Napoléon. Les muscles de ses bras brûlaient alors qu'il les utilisait pour écarter leurs corps des parois, mais c'était une douleur bienvenue, presque purificatrice comparée à l'angoisse qui lui nouait les entrailles.

Quand enfin ils émergèrent à la surface, les premiers rayons du soleil frappèrent le visage livide de Napoléon comme un projecteur cruel, révélant pleinement son état catastrophique à Gaby. Le cri étranglé qu'elle laissa échapper résumait toute l'horreur de la situation mieux que n'importe quel mot.

- Oh mon Dieu, souffla-t-elle, ses mains volant à sa bouche tandis qu'Illya déposait leur partenaire sur le sol avec des précautions infinies.

Ses doigts tremblaient visiblement lorsqu'il entreprit de défaire les liens autour des poignets de Napoléon, révélant des marques rouges qui s'ajoutaient à la collection déjà impressionnante de ses blessures.

- Le plaid ! Vite !

La voix d'Illya claqua comme un fouet, arrachant Gaby à sa stupeur horrifiée. Elle se précipita vers leur voiture, ses pas résonnant sur le sol gelé alors qu'elle courait chercher la couverture qu'ils gardaient toujours dans le coffre. Quand elle revint, ils enveloppèrent ensemble le corps glacé de leur partenaire, leurs gestes emprunts d'une tendresse désespérée. Illya maintenait la jambe cassée aussi immobile que possible, pendant que Gaby bordait la couverture autour des épaules de Napoléon avec la délicatesse qu'on réserve d'ordinaire aux objets les plus précieux. Sa main tremblante passa sur le front de Napoléon, écartant les boucles noires collées par la sueur froide.

- Il est gelé, murmura-t-elle, des larmes brillant dans ses yeux sombres.

Ses doigts s'attardèrent sur la joue de leur partenaire, comme si par ce simple contact elle pouvait lui insuffler un peu de sa propre chaleur.