CHAPITRE 15
26 Décembre 1977
Au Manoir Doge dans la chambre d'Ethel, deux silhouettes étaient enfouies sous les draps. Somnolent encore, les jeunes femmes ronchonnèrent quand Hinny débarqua pour les réveiller. De son habituel claquement de doigt, l'elfe ouvrit les rideaux bordeaux et déclara :
- Miss Ethel, il est temps de vous réveiller ! Il est 9 heures 30 passé. Votre famille est partie et vos amis arrivent dans la matinée Miss.
- Très bien, fit la Doge avec la voix enrouée de sommeil, merci Hinny.
L'elfe disparut et Ethel se releva. Elle enfila ses chaussons et demanda à une Mary un peu léthargique :
- Tu as besoin de prendre une douche ?
- Oui.
- Je te laisse y aller alors, fit la châtaine en désignant la porte près de son bureau, il y a des serviettes dans le placard sous l'évier.
- D'accord.
Mary se leva lentement et prépara ses affaires avant de s'enfermer dans la salle de bain. Ethel profita de l'absence de son ami pour se changer. Elle enfila sa combinaison en jean de la veille, mais abandonna le pull en laine dans la panière à linge sale. La jeune femme enfila ses tennis blanches avant de brosser ses cheveux et de les attacher avec un chouchou jaune moutarde. En attendant Mary, Ethel refit même son lit en se disant que ça aiderait Hinny. Elle remit correctement en place les coussins bordeaux et plia son plaid écossais pour le mettre en bout de lit. Elle s'assit sur son lit et regarda autour d'elle, qu'est-ce qu'elle pourrait faire en attendant sa camarade ?
Mary revint quelques instants plus tard et trouva Ethel qui détaillait un de ses devoirs. La née-moldue rigola :
- C'est fou même en vacances il faut que je te trouve en train de travailler !
- Je veux juste avancer le plus possible avant qu'ils arrivent, justifia la châtaine.
- Je te jure ... sourit la blonde en rangeant ses affaires avant de déclarer, aller viens. Je suis sûre que ton elfe a déjà préparé le petit-déjeuner.
Ethel soupira et reposa sa plume. Elle savait que son amie avait raison. D'autant plus que Hinny risquait fort bien de s'énerver si elle ne prenait pas son petit-déjeuner avant que Remus et Sirius arrivent. Elles descendirent toutes les deux dans la cuisine où elles s'assirent à la petite table. Celle-ci avait déjà été préparé pour les deux jeunes femmes. Elles dégustèrent donc des œufs brouillés et toasts tout en bavardant joyeusement.
BONG !
Les yeux d'Ethel s'écarquillèrent. S'il s'était passé ce qu'elle pensait, la châtaine allait éclater celui qui avait fait ça. Et pour qu'elle l'entende de là où elle était, alors qu'il y avait la salle à manger entre le salon et la cuisine, ça ne pouvait être que ça. La jeune femme se précipita alors vers le salon avec Mary sur ses talons.
Arrivée sur le seuil du petit salon, Ethel vit ce qu'elle redoutait. Un Sirius confus se tenait devant la cheminée avec à ses pieds un vase en cuivre. Ce fameux vase japonais en cuivre sur lequel s'enroulait un dragon. Celui-ci même qui faisait la fierté de son père et qui valait un sacré pesant d'or. Le Black allait le ramasser, mais Ethel fut plus rapide et l'éloigna énervée de l'objet :
- Pas touche Idiot !
- Mais ... ah Ethel ...
Ethel ignora son ami et vérifia l'objet sous toutes ses coutures. En voyant que le vase n'avait rien, elle le reposa sur la cheminée qui s'illuminait de vert. Elle s'éloigna alors et vit un Remus particulièrement pâle apparaître quelques secondes plus tard. Elle le salua avant de déclarer :
- Bien maintenant que vous êtes tous les trois là, on va pouvoir commencer. Pour les jours à venir, il y a quelques règles. La première à compter de maintenant, ne pas toucher ce vase.
Elle le désigna de la main et lança un regard noir à Sirius. Celui-ci n'en menait pas large et il tenta embêté :
- Je te jure que ça se reproduira plus. Je suis désolé, j'ai vraiment pas fait exprès ...
- Par Merlin ! s'exclama Ethel. Mais encore heureux que tu n'as pas fait exprès sinon tu serais mort à l'heure qu'il est ! Est-ce que tu as la moindre idée de combien il vaut ?!
La jeune femme avait pointé son index sur le torse du brun et le regardait férocement. Sirius déglutit difficilement. Il l'avait rarement vu aussi remonté. Alors que ses yeux bleus lui lançaient des éclairs, le Maraudeur commençait doucement à regretter le temps où il ne savait pas à quel point elle pouvait s'énerver. Sirius regrettait vraiment. Normalement il n'était pas maladroit, mais la pleine lune était la nuit dernière. Il avait très peu dormi et avait quelques blessures à son compte. Sirius secoua lentement la tête en signe de négation. Il osait à peine bouger.
Ethel, elle, était furieuse. Bien sûr qu'il n'en avait aucune idée de combien valait ce foutu vase ! Elle-même n'en avait rien à faire, mais si son père voyait son vase chéri cabossé, elle serait littéralement dans la bouse de dragon. Espérant lui passer toute envie de toucher le vase, elle affirma alors :
- Ce vase vaut 117 Gallions, 11 Mornilles et 26 Noises (95056) précisément ! S'il arrive la moindre chose à ce vase, la personne responsable me les devra avec intérêts ! C'est clair ?
Sirius pâlit. C'était décidément beaucoup d'argent pour un vase. Il hocha la tête. Même Remus et Mary se sentirent obligé de le faire. Ethel expira donc et se calma avant de reprendre :
- Il ne faut surtout pas casser la décoration. Même si ça n'a pas l'air précieux, ça l'est. Tout ce qui est décoratif dans cette maison l'est et mon père y tient énormément, car ce sont pour la plupart des souvenirs de ses voyages.
Elle soupesa du regard ses amis et vit qu'ils comprenaient. Aussi la jeune femme se détendit et apaisa :
- Je sais que ça parait beaucoup, mais c'est plus simple qu'il n'y paraît.
Ses amis hochèrent à nouveau la tête et Ethel se rendit compte qu'elle les avait effrayés. La Gryffondor para alors son visage d'un sourire et annonça avec entrain :
- Aller venez, je vais vous faire visiter !
Dans le couloir, elle expliqua :
- Là on est dans la partie qu'on utilise au quotidien. Il y a donc le salon, la salle à manger, des toilettes et la cuisine.
Au fur et à mesure qu'ils avançaient, elle désignait les portes de chaque pièce. Arrivant à la fin du couloir, elle s'arrêta devant la porte de la cuisine et désigna celle d'en face :
- Ça, c'est l'atelier de ma mère donc personne ne rentre. De toute manière la connaissant, elle a sûrement mis un sortilège.
Ethel leur montra ensuite les escaliers situés au bout du couloir. Ses amis les empruntèrent sur son indication. Les escaliers descendant, ils arrivèrent au sous-sol. Le plafond était une voûte et donc plus bas qu'au rez-de-chaussée. C'était une vraie cave. Le plafond, le sol et les murs, tout était fait de pierres ocres.
Après la petite pièce où arrivait l'escalier, ils débouchèrent directement sur la piscine. Elle était grande et occupait la majorité de la pièce. Seule une ligne droite de sol subsistait sur le côté gauche pour relier l'entrée à l'autre bout de la pièce. L'ambiance était tamisé car seules quelques lampes murales éclairaient la pièce.
- Voilà donc la piscine, indiqua Ethel.
Elle avança jusqu'à l'extrémité de la pièce et passa la petite ouverture pour désigner une porte à ses camarades :
- Les toilettes.
- Et ça ? demanda Sirius en indiquant une vieille porte derrière elle.
- C'est le caveau familial, argua Ethel.
- Tu veux dire ... commença Remus.
- Oui derrière cette porte se trouvent une partie de mes ancêtres, assuma la châtaine nonchalante, enfin leurs cendres. La porte est fermée et on ne la force pas, interdiction d'entrer. On laisse les morts tranquilles, compris ?
Ses camarades acquiescèrent et Ethel souffla discrètement soulagée. La jeune femme ne leur avait dit qu'une partie de la vérité, mais ils n'avaient pas besoin de savoir, ce qui ne leur était pas utile. Ethel fit le chemin inverse avec les septièmes sur ses talons. Au rez-de-chaussée, elle se dirigea vers l'entrée. Elle indiqua rapidement une pièce de toilette et le bureau de son père qui était également interdit avant de les emmener au grand salon.
- C'est ici qu'on fera la soirée, déclara la jeune femme.
Ethel se tritura les mains. Elle était un peu gênée car ils arrivaient sur la partie de la maison la plus luxueuse. Le grand salon avait été créé pour impressionner les visiteurs. La pièce possédait en l'occurrence le seul faux plafond orné du manoir et de très grandes fenêtres qui illuminait la pièce de soleil. Plusieurs lustres dorés étaient suspendus éclairant la pièce décoré de bleu et doré. La jeune femme les mena ensuite à la grande salle à manger par l'ouverture qui reliait les deux. La décoration était similaire bien que le bleu soit plus foncé.
- Bien sûr, par précaution il faudra enlever les objets les plus fragiles ...
- Toute la pièce tu veux dire ? rigola Sirius.
La châtaine secoua la tête amusée avant de retourner à l'entrée et d'emprunter les escaliers pour monter au premier étage. Elle les mena du côté gauche du palier. Elle indiqua la chambre de ses parents comme interdite, mais elle leur montra surtout la grande bibliothèque boisée. Ethel les dirigea ensuite du côté droit. Ils arrivèrent dans un couloir et la jeune femme ouvrit la première porte en grand :
- Ta chambre, Sirius.
La pièce ressemblait beaucoup à la chambre d'Ethel, mais les tons étaient gris et bleus. C'était la chambre d'Edric ce qui expliquait les couleurs Serdaigle. Le diplomate avait pris toutes ses affaires en France et la chambre était donc disponible quand le jeune homme n'était pas là. La malle du Black était déjà posé près du lit, celui-ci avait déjà été fait avec soin par Hinny. Ethel montra la porte près de l'armoire et expliqua :
- C'est la salle de bain. Elle est aussi reliée à ma chambre alors on toque. Toujours.
Sirius hocha la tête et la Doge indiqua :
- Tu peux t'installer si tu veux. Je vais montrer leurs chambres à Remus et Mary sauf si tu veux venir ?
- Non, ça ira.
Il lui fit un sourire et Ethel sortit de la chambre pour mener le couple au deuxième étage. Elle ne s'embêta même pas à leur montrer le côté gauche puisqu'à partir de cet étage il n'y avait que des chambres. Ethel leur fit donc visiter les deux chambres du côté droit qui étaient basé sur le même principe que la sienne et celle d'Edric. Les deux chambres d'amis étaient tout de même décorés par des teintes beaucoup plus neutres de beiges, gris et blancs.
Ethel laissa ses amis s'installer et retourna dans sa chambre. Voyant un peu de temps se libérer, elle s'installa à son bureau et continua ses devoirs. La châtaine travailla ainsi pendant plusieurs minutes. Elle entendit vaguement Sirius prendre une douche dans la salle de bain adjacente, mais ne s'en préoccupa pas. Peut-être aurait-elle dû ? Alors qu'elle ajoutait le point final de sa traduction d'Etude de Runes, elle sursauta à l'ouverture de la porte de la salle de bain.
- Toujours à travailler, n'est-ce pas ? fit une voix familière particulièrement amusé.
Ethel leva le regard et déglutit. Sur le seuil de sa chambre se trouvait un Sirius à peine sec et habillé d'un unique caleçon, il s'appuyait contre le chambranle de la porte. La jeune femme l'observait entre surprise et envie. Ce qu'il faisait ici, elle n'en avait aucune idée, mais il était là quasiment nu. Son corps était svelte et musclé. Son regard survola le corps du Black et ses yeux s'écarquillèrent. Sur le bas de son torse s'étalaient de gros hématomes violets. A cette vision, Ethel s'exclama en se rapprochant de lui :
- Tu es blessé ?!
- Justement j'étais venue te demander où étaient les onguents ...
- Sur le lit, ordonna la jeune femme.
- Quoi ? fit Sirius perdu.
- Sur le lit, confirma la Gryffondor, tu as besoin d'être soigné oui ou non ?
Sirius soupira, mais alla s'allonger sur le lit de son hôte. Ethel inspecta rapidement les hématomes avant d'aller dans la salle de bain. Elle en revenu quelques secondes plus tard avec des bandages et un petit pot de verre contenant une pâte orange. La jeune femme l'ouvrit et prit un peu d'onguent avec sa main pour l'étaler sur la blessure. A peine avait-elle touché Sirius qu'il grogna :
- Ouch !
- Oh ça va chochotte ...
Ethel était délicate dans ses gestes donc il exagérait un peu. Néanmoins elle y alla tout de même plus doucement encore par la suite. Pendant qu'elle le soignait, elle demanda sarcastique :
- Je suppose que je ne demande pas comment tu t'es fait ça ?
- Non, marmonna le Black.
- Je ne demande pas non plus pour l'air malade de Remus ? continua Ethel. Est-ce qu'il a été blessé ?
- Non, fit durement le brun avant d'ajouter gêné, pour les deux.
Sirius avait le visage renfrogné. Il essayait de garder un visage impassible, mais la châtaine voyait bien qu'il avait beaucoup de mal. Ethel soupira furtivement avant de dire plus doucement :
- Je vois ... Je suppose que vous me le direz quand vous serez prêts.
- Quoi ? fit le Black sur la défensive.
- Votre secret, indiqua simplement Ethel.
Sirius observa interdit son amie. Elle était concentrée sur sa tâche et ne vit pas le conflit intérieur que semblait subir son camarade. Celui-ci ouvrit la bouche perplexe, il semblait être prêt à dire quelque chose mais Ethel le coupa calmement :
- J'ai vu les absences, la réticence de Remus à sortir avec Mary, son teint pâle maladif et ses cicatrices, vos airs fatigués et vos grimaces douloureuses signe de vos blessures. J'ai vu tout ça et j'ai deviné qu'il y avait quelque chose. Je n'ai pas cherchée plus ...
Un long silence accueillit les paroles de la châtaine. Le Black ne savait probablement pas comment réagir. Aussi pour l'apaiser, la jeune femme lui assura paisiblement :
- Ce n'est pas grave. Vos secrets ...c'est ce qui fait votre charme en quelque sorte à vous, les Maraudeurs.
Elle termina d'appliquer l'onguent comme dans une caresse et elle lui envoya un sourire serein. Sirius se détendit alors totalement. Il se laissa emporter par les gestes doux de la châtaine qui bandait désormais la blessure avec concentration. Il la trouvait adorable avec sa petite moue signe de son intense réflexion. Ethel finit rapidement le bandage et alors qu'elle vérifiait son travail avec un geste bienveillant, elle déclara :
- Il va falloir te reposer.
- Ça ira ... fit Sirius en faisait mine de se lever.
- Pas bouger.
La jeune femme avait mis sa main sur l'épaule du Black pour l'empêcher de partir. Fatigué et engourdi par la douleur, il abandonna dans un fin soupir. Sans lui laisser le choix, Ethel le glissa avec précaution à l'intérieur du lit. De quelques mouvements délicats, la châtaine l'installa confortablement dans son lit. D'une voix malicieuse, Sirius plaisanta lentement :
- Qui aurait cru ... qu'un jour je me ferais bordé par Ethel Doge ?
- Ne t'y habitue pas trop, ça n'arrivera plus.
Le brun rigola faiblement devant l'air renfermé que tentait d'afficher la jeune femme. Seulement Ethel ne pouvait pas cacher son fin sourire. Elle secoua légèrement la tête amusée et ferma les rideaux d'un moulinet de baguette.
- Aller dors chenapan, tu en as bien besoin.
- Chenapan ? J'aime bien ... ça change d'idiot ...
Sirius, bel et bien fatigué, avait parlé si doucement que Ethel se demandait si elle avait bien entendu. Comme pour la détromper, le brun rajouta encore plus imperceptible :
- Le livre ... pas très subtil... ça m'a fait rire ...
Voyant que son ami s'endormait, Ethel ne parla pas afin de ne pas le déranger. A la place la jeune femme lui caressa doucement le front du bout du pouce. Attendrie elle continua jusqu'à ce qu'il tombe dans les bras de Morphée. C'est toujours avec son fin sourire aux lèvres qu'elle referma la porte de sa chambre laissant le Black dormir dans son lit pour la première fois ... Sans se douter que ce ne serait pas la dernière ...
