Dans un endroit inconnu de l'Angleterre, situé au beau milieu des montagnes et délimité par neuf mers, se trouvait le vert et luxuriant pays d'Albion, où les créatures les plus incroyables cohabitaient avec les populations locales.

C'est dans ce pays aux mille facettes qu'apparut un jour un jeune homme inconnu de tous.

A l'instant précis où Harry crut qu'il allait être aveuglé par toute cette lumière bleue, tout s'arrêta et il retomba sur ses pieds.

Aussitôt méfiant, il inspecta les alentours, baguette à la main. Et, comme il s'y attendait, il ne reconnut pas du tout l'endroit en question.

C'était sans doute la pluie battante et la lumière vive de la foudre qui n'aidait pas à se repérer.

Le jeune homme étouffa un juron. Mais où était-il non d'un sombral ? Dumbledore n'aurait pas pu l'envoyer dans un endroit un peu plus reconnaissable ? Ou tout du moins à l'intérieur ?

Ce plan complètement improvisé lui avait semblé louche dès qu'il l'avait entendu. N'était-ce pas le comble de la stupidité pour un sorcier surpuissant d'envoyer son protégé loin de lui quand un Mage noir complètement sadique et amoral pourchassait le dit protégé ? Indéniablement.

Peut-être m'a-t-il envoyé loin de Poudlard, au sein d'une autre école de Magie. Genre les États-Unis, Salem.

Il entendait presque Hermione le sermonner pour sa bêtise. Elle lui aurait répété que toutes les écoles de Magie étaient incartable, et donc impossibles à trouver pour un non-initié.

Cela dit, si Hermione avait été là, lui-même ne serait pas obligé d'en arriver à de telles extrémités.

Penser à ses proches lui fit monter les larmes aux yeux, tandis que, parrallèlement, sa détermination refaisait surface.

D'accord ce plan de s'entraîner pendant que Voldemort prenait du pouvoir était mal fichu…mais tant qu'à être exilé, autant profiter des opportunités sur place.

Il leva sa baguette et fouetta l'air avec. Impervius !

Aussitôt, la pluie cessa de rendre ses lunettes opaques, et il put observer son environnement dans de meilleures conditions.

Pendant un instant il eut peur que cet acte de magie ne fasse réagir tous les détecteurs et qu'il reçoive une lettre. Mais ce ne fut pas le cas.

Il soupira. Tant mieux.

Non loin de lui se trouvaient plusieurs bancs entourant une statue et formant une petite place naturelle au milieu de la forêt. Plusieurs chemins partaient de cet endroit.

Merlin merci, quelqu'un avait eu la présence d'esprit de mettre des panneaux d'indication.

« Aire de Pique-nique….non ça m'étonnerait. Bowerstone….Greatwood…ce sont probablement des villes. …Guilde des Héros. Ça doit être ça. Etonnant d'ailleurs qu'un lieu d'entrainement soit dévoilé comme cela au grand public. Soit ils sont inconscients, soit cette partie du monde est paisible, soit ils sont incroyablement puissants…. »

Haussant les épaules, il prit donc le chemin indiquant la Guilde, tout en espérant que ce ne soit pas une blague.

La pluie tombait toujours, mais après quelques minutes de marche, il lui sembla distinguer de hauts bâtiments au loin.

Il lança un Lumos plus puissant pour essayer de mieux se repérer.

Ce fut une erreur. Une terrible erreur.

Un instant plus tard, il fut littéralement fauché par quelque chose de non-identifié et tomba sur le dos. Ce qui lui sembla être une lance s'appuya contre sa gorge avant qu'il ait pu se défendre.

- « Qui es-tu intrus ? » Demanda une voix rauque qu'il estima être celle d'un homme plutôt âgé. « Que viens-tu faire dans les parages ? »

- « Je crois que je me suis perdu… ». Parvint à répondre le garçon encore sous le choc de cette attaque.

Cet endroit ne pouvait pas être la Guilde pour si mal accueillir les voyageurs en détresse.

- « Piètre choix de mots, petit. » Fit alors l'inconnu avec mépris. « Ce seront tes derniers ! »

Et, soudain, à la grande horreur d'Harry, un crépitement retentit juste devant lui. Pendant un instant, il crut que la foudre était tombée entre eux. C'était presque pire. L'homme qui le menaçait était en train de créer de l'électricité…dans sa main.

C'était la première fois qu'il voyait un tel prodige de magie.

Mais il n'eut pas le temps de s'interroger davantage. L'homme tendit sa main vers lui. Indubitablement, il avait l'intention de lancer ça sur lui. Et sa baguette qui lui avait échappée…

Allait-il survivre à cette attaque incohérente tant elle lui semblait impossible ?

Au dernier instant, et alors qu'il allait se résoudre, une soudaine colère monta en lui. Ses amis étaient morts. S'il était là, c'était pour pouvoir ne pas les suivre, pour pouvoir les rendre fiers de lui.

Il avait survécu à un psychopathe en puissance. Ce n'était pas pour mourir par la main du premier venu.

Dans un sursaut de courage, il crocheta brutalement la jambe de son assaillant avec la sienne. Ce dernier était trop expérimenté pour perdre l'équilibre, il se rétablit immédiatement. Mais la manœuvre impulsive semblait néanmoins l'avoir surpris et il recula d'un pas.

L'éclair, d'un terrible bleu, percuta le sol sans toucher Harry. Ce dernier en profita pour se redresser et attraper sa baguette.

Il allait vendre chèrement sa vie. Stupéfix !

Le jet de lumière rouge fondit droit sur son adversaire et le percuta au torse….avant de disparaître aussi soudainement qu'il était apparu.

C'était….impossible. Le sort venait de….disparaître.

Un instant plus, l'arme de son adversaire lui traversa l'épaule, lui faisant pousser un gémissement de douleur. Et encore plus quand elle fut enlevée non moins brutalement.

- « Tu es plus coriace que prévu, petit. Mais pas suffisamment pour autant ! »

Cette fois, Harry sut qu'il ne pourrait pas éviter l'éclair. L'attaque était quasiment à bout portant. Sa tête allait littéralement exploser.

Au moment où son ennemi allait attaquer une nouvelle fois, une main agrippa son bras.

- « Maze, avez-vous perdu la tête ? » S'écria une voix, indubitablement féminine cette fois. « Qu'êtes-vous en train de faire ? »

Le dénommé Maze sembla agacé d'avoir été interrompu. « J'ai appréhendé un intrus qui tentait de s'infiltrer dans la Guilde. »

- « Maze, au nom de Skorm, C'EST UN GAMIN ! » Hurla la femme sans lâcher son bras. « Vous ne croyez pas que vous exagérez, non ? Et s'il avait besoin d'aide ? »

Mais l'autre semblait tenir à sa version des faits. Il se dégagea sèchement avant de toiser son interlocutrice du regard.

- « Ne sous-estime pas cette bouse de Hobbes. Il y avait suffisamment de noirceur en lui pour s'empresser de m'attaquer dès qu'il en a eu l'occasion ! »

L'autre sembla lever les yeux au ciel. « Évidemment, vous venez de l'agresser en pleine nuit, sans même prendre contact. Sans même vérifier s'il n'était pas un simple voyageur. Qu'attendiez-vous donc ? Si vous m'aviez fait un coup pareil, moi aussi je me serais mise en boule. »

Maze sembla abandonner la partie. Il disparut dans une lumière bleue, semblable à celle par laquelle Harry était arrivée.

La femme s'approcha alors de lui.

- « Il n'y est pas allé de main morte, on dirait. Tu as de la chance que je sois arrivée. Il t'aurait tué si je n'avais pas été là. »

Elle l'aida à se relever. La pluie s'était arrêtée, permettant à Harry, de se faire une idée plus précise de son interlocutrice.

Il s'agissait d'une femme brune aux cheveux courts. D'environ trente ans, elle portait des lunettes assez proches de celle d'Harry. Mais le plus surprenant était sa tenue.

Un plastron en cuir léger, rouge et gris, ne dissimulait en rien son corps fin et musclée mais féminin. Et le reste de sa tenue était à l'avenant.

Sans aucun doute, c'était une guerrière. Mais où donc Dumbledore l'avait envoyé ?

- « Ça y est, tu t'es assez rincé l'œil ? » S'enquit la jeune femme en avisant son regard fixé sur elle.

Mais son ton laissait transparaître son amusement. Amusement qui s'accrut quand Harry rougit malgré la douleur lancinante qui se déversait pas vagues dans son corps. Sa guide était loin d'être laide.

- « Trop mignon. Allez, suis-moi. Il faut soigner cette blessure qui ne me dit rien de bon. En attendant, bois ça. Ça va t'aider à tenir le coup jusqu'à ce que tu sois soigné correctement.»

Elle lui tendit une petite bouteille remplie d'un liquide rouge. Décidant de lui faire confiance, il but jusqu'à la dernière goutte.

A sa grande joie, la douleur cessa de lui vriller l'épaule et il lui sembla reprendre quelques forces.

- « Merci. » Fit-il avec reconnaissance. Il écopa d'un signe de tête.

Alors, la porte s'ouvrit et Harry entra dans l'un des endroits les plus incroyables qu'il ait jamais vus.

Pour commencer, et pour une raison totalement inexplicable, il faisait pratiquement jour à l'intérieur malgré l'heure tardive.

La raison tenait en la pleine lune la plus lumineuse et proche qu'il ait jamais vue.

Alors qu'il commençait à détailler les alentours, une pression sur son bras lui fit lever les yeux vers la jeune femme.

- « Dépêche-toi, ça va s'infecter si on ne fait rien. »

Elle le tira par son bras non-blessé jusqu'à un grand bâtiment en pierre qui semblait servir de salle de repos. Divers personnes vaquaient à leurs occupations, lisaient ou discutaient paisiblement près de la cheminée.

A la plus grande surprise du jeune homme, tous ces gens portaient des tenues assez insolites, sans aucun rapport avec celles qu'il connaissait dans le monde magique d'Angleterre. Pas davantage à celles de Beauxbatons ou de Durmstrang. En fait, d'un certain point de vue, les ressemblances étaient plus marquées avec les moldus.

Sans doute des civils. Peut être des ouvriers ou autres. Cet endroit doit nécessiter beaucoup d'entretien. Ou alors c'est la pièce d'accueil des voyageurs….

Sa guide l'assit sur une chaise.

- « Attends-moi ici, je vais chercher quelqu'un qui pourra t'aider à récupérer. »

Elle s'en alla d'une surprenante démarche souple. Un instant plus tard, elle avait disparue.

Harry s'intéressa aux alentours. Cette pièce semblait plutôt chaleureuse. Les conversations allaient bon train. Se disant que c'était une bonne occasion pour en apprendre davantage sur ce pays inconnu, il tendit l'oreille.

« ….attaqué à Witchwood. Le nombre de Balverines a encore augmenté. C'est à se demander comment on a pu en arriver là. »

- « Et encore tu ne sais pas le pire. Mon frère m'a dit que les Terres Désolées avaient encore… »

Il ne put en entendre davantage. La jeune femme revenait, accompagnée d'un homme de petite taille.

Il était plutôt âgé comme le prouvaient sa moustache blanche et sa calvitie. Sur son front, un tatouage représentant le même symbole que sur l'objet qui avait amené Harry.

Plus surprenant encore, il portait ce qui semblait être des plaques d'une armure sur la poitrine. Le tout recouvert d'un long manteau bleu d'une coupe complètement étrangère à Harry.

Mais ce furent ses yeux qui marquèrent le jeune homme. Ils étaient d'un bleu lumineux semblable à ceux de Dumbledore. C'était à la fois un bon et un mauvais signe.

A sa grande surprise, toutes les personnes de la salle se levèrent pour le saluer respectueusement. Apparemment, il s'agissait de quelqu'un d'important.

- « Voici donc notre jeune blessé. » Fit-il d'une voix calme. « Le nombre de voyageurs blessés ne cesse de s'accroitre ces derniers temps. »

Il s'assit sur une autre chaise. « Avez-vous été attaqué par un bandit, garçon ? » S'enquit-il.

- « Eh bien en fait… » Commença t-il en jetant un regard hésitant à sa sauveuse.

Cette dernière alla droit au but. « C'est Maze ».

- « Vraiment ? » S'étonna le vieil homme avec curiosité.

Cela ne semblait pourtant pas l'étonner outre mesure. Le Maze en question ne devait pas en être à son premier combat.

Il leva alors les deux mains avant de les pointer vers Harry.

- « Cela risque de vous surprendre. Serrez les dents. »

Il y eut alors un étrange bruissement tandis que de la lumière s'échappait de ses paumes. A sa grande surprise, Harry sentit sa blessure se refermer centimètre par centimètre. Quelques instants plus tard, il n'avait plus rien.

Comme pour contrebalancer cette amélioration, il se sentit soudain très affaibli. Comme s'il venait de courir longuement, comme s'il n'avait pas mangé depuis des jours.

- « Merci beaucoup. »

- « Je n'ai fait presque rien, garçon. Une simple stimulation accélérée de votre organisme, d'où cet affaiblissement que vous ressentez. Si Eglantine s'était un peu plus intéressée à ce type de pouvoir, elle aurait pu faire ça aussi bien. »

La jeune femme, apparemment Eglantine, fit une moue vexée. « Je me débrouille très bien pour la Volonté. »

- « Enfin. Vous allez pouvoir reprendre votre route dès demain, voyageur. » Conclut l'homme en se levant.

Harry sentit que c'était le moment d'en revenir à l'objet de sa venue.

- « Monsieur, je ne suis pas un voyageur. Je ne suis pas de ce pays. J'ai été spécifiquement envoyé ici pour recevoir un entrainement apparemment unique. »

Les deux adultes se retournèrent vers lui, une expression surprise sur le visage.

- « Vous venez recevoir un entraînement, dites-vous ? » Répéta l'homme de la même voix calme. « Et vous avez été…envoyé. »

Harry sortit alors l'objet que lui avait donné Dumbledore.

- « Je viens d'Angleterre. Le directeur de mon école m'a parlé d'une Guilde. Et cet objet a dégagé une lueur bleue avant de me faire apparaître à quelques pas d'ici. »

Eglantine prit l'objet dans sa main. « C'est un sceau de la guilde, mais d'une forme que je ne connaissais pas. »

L'homme observa à son tour l'objet. Une étrange lueur passa dans ses yeux.

- « Le nom de votre école ? » Demanda t-il soudain.

- « Poudlard. »

- « Celui de votre directeur ? » Continua son interlocuteur/

Harry pensa que la réponse coulait de source. C'était le même depuis des décennies. Peut-être que ce pays vivait en autarcie. Il répondit néanmoins.

- « Albus Dumbledore. »

- « Vous a-t-il donné une indication sur la date de son voyage ici ? »

- « Il a parlé d'environ…un siècle. »

- « Je m'en doutais... »

Il se passa plusieurs secondes avant qu'il ne reprenne la parole.

- « Je ne sais pas comment la situation vous a été présentée, garçon. Aussi, vous allez peut-être demeurer perplexe…toutefois, je dois vous dire que vous êtes très loin de chez vous. Peut être même plus loin que vous ne le serez jamais.»

Il se leva de sa chaise.

- « Nous reprendrons cette conversation demain. Je dois aller faire quelques recherches pour être à même de mieux comprendre. Eglantine va vous montrer un endroit où vous pourrez vous reposer.»

Eglantine bondit sur ses pieds.

- « C'est d'accord. Après je viendrai vous rejoindre, maître. Vous aurez besoin de mes talents. Les livres sont ma spécialité après tout. »

Elle fit signe au jeune homme de la suivre. Dès qu'ils eurent fait quelques pas, le plus jeune posa la question qui le turlupinait.

- « Qu'est-ce qu'il voulait dire par être très loin de chez moi ? Et qui est-il pour que tout le monde se lève à son arrivée ? »

- « C'est le Maître de la Guilde des Héros. Lui et Maze, le vieux grincheux qui t'a perforé l'épaule, dirigent cet endroit. Il a formé des générations de Héros. Quant à ta deuxième question…je n'ai aucune certitude, mais j'ai déjà entendu parler de terres hors des frontières connues et de moyens de s'y rendre. Mais on en saura plus demain. »

- « Et est-ce que vous accepterez de m'accueillir ici pour m'entraîner ? »

- « Cela aussi on verra demain. » Répondit mystérieusement Eglantine. « Pour le moment, tu fais partie des invités. »

Tout en parlant, elle l'entraînait dans un véritable labyrinthe d'escaliers et de couloirs.

- « Mais je manque à toutes mes obligations. Possèdes-tu un nom ? »

Harry trouva que c'était une curieuse formulation pour lui demander de se présenter. Mais c'était peut-être une formule locale de politesse.

- « Harry Potter. »

Et, comme il l'avait suspecté, la réaction fut plus importante que prévue.

- « Un nom et un prénom. C'est plutôt rare ces derniers temps. »

Le jeune homme haussa les sourcils. Qu'est-ce qui ne tournait pas rond chez eux ?

Son interlocutrice sembla percevoir sa surprise.

- « Beaucoup de familles choisissent de ne pas donner de prénoms à leurs enfants garçons. Ils préfèrent les surnommer. Ici, en Albion, c'est un peu une tradition que de changer de nom, surtout pour un homme. Tradition en rapport avec la notoriété être connu pour ses actions et non pour son nom. Tu rencontreras peu d'hommes dans cette enceinte à avoir un nom complet. Le maître est appelé Maître, il y a un héro nommé Tonnerre, un autre nommé Faux. Maze, lui-même, ne répond qu'à ce nom là. En revanche, je m'appelle Eglantine Briar, il y a eu aussi une Scarlet Robe et nous avons Whisper. »

Elle eut un petit sourire. « Seul un pur étranger ne connaîtrait pas cette coutume de l'Albion. Tu as l'air de venir de vraiment loin. ».

Harry prit le temps de digérer toutes ces informations. Alors que nombre d'autres questions lui venaient en tête, ils arrivèrent dans une petite chambre dotée de deux lits confortables et d'une bibliothèque. L'endroit semblait très accueillant. Et il en fut content.

- « Je te laisse te reposer. La journée de demain risque d'être chargée. Bonne nuit. »

Elle sortit de la pièce sur un dernier signe de la main.

Décidant de suivre son conseil, Harry se prépara pour la nuit.

A peine eut-il éteint la lumière que, comme il le craignait, toutes les images de ses cauchemars revinrent, avec encore plus d'intensité, comme pour se venger d'avoir été oubliés quelques heures.

Hermione torturée, les cadavres de ses amis massacrés, Sirius, Cédric, tout y passa.

Ce fut une nuit très courte. A peine quelques temps plus tard, il fut réveillé par le vieil homme, le Maître de la Guilde.

- « J'ai trouvé ce que je cherchais, garçon. Préparez-vous et suivez-moi. Nous avons beaucoup à faire. »

Des cernes à faire peur sur le visage, le jeune homme s'empressa néanmoins d'obéir. Il ne dormirait pas davantage aujourd'hui.

Son guide le mena vers le même bâtiment que la veille avant de soudain bifurquer vers les jardins.

En plein jour, l'endroit était absolument magnifique. L'architecture du lieu différait de tout ce qu'Harry connaissait. Il y avait une haute tour en pierre sombre entourée de bâtiments de même coloris aux vastes fenêtres lumineuses.

Le jardin, quant à lui, était plutôt vaste, mais gardait une impression de lieux clos plutôt rassurante. Trois ponts enjambaient un cours d'eau paisible sous l'ombre d'arbres bien taillés.

De nombreuses statues de guerriers ou de rois avaient été construites sur tout le domaine.

Il régnait dans ce jardin de la Guilde une atmosphère de sérénité.

La sérénité n'était pourtant pas le meilleur terme pour désigner ceux qui peuplaient ce jardin. D'âge et de tailles différentes, une vingtaine d'individus habillés d'une tenue blanche et bleue à capuche s'entrainaient sur les différents terrains.

Certains tiraient à l'arc sur des mannequins. D'autres combattaient à l'épée. D'autres encore lançaient ce qui semblaient être des éclairs sur des cibles.

Tous saluèrent profondément le Maître de la Guilde lorsqu'il passait à côté d'eux.

Ils rejoignirent Eglantine sur une petite bande de terre circulaire entourée d'eau. Non loin de là, un étrange visage était sculpté dans la falaise.

- « Salut Harry. » Lui fit Eglantine avec un grand sourire. « Tu as passé une bonne nuit. »

Elle dut apercevoir les cernes car elle détourna le regard un peu gênée.

Le Maître de la Guilde s'assit sur une souche de bois avant de prendre la parole.

- « Comme je vous le disais il y a quelques instants, je suis allé consulter quelques ouvrages, avec l'aide d'Eglantine. Et, comme je le pensais, j'ai trouvé l'explication.

Garçon, vous venez d'un autre plan d'existence. »

- « Ce qu'il veut dire, c'est que le pays d'où tu viens n'existe pas sur cette Terre. » Renchérit la jeune femme. « De même que tu n'as probablement jamais entendu parler de l'Albion ? »

Dire qu'Harry fut surpris aurait été un euphémisme. Même s'il avait quand même eu quelques doutes depuis la veille.

- « Si, j'ai déjà entendu ce nom, Albion, dans quelques histoires anciennes sur Arthur et Merlin, il me semble. Mais, ça veut dire que je suis dans un autre monde ? Comment est-ce possible ? »

- « Tu n'es pas dans un autre monde, Harry. Tu es sur un plan lié. L'objet qui t'a amené ici est ce qu'on appelle un sceau de la Guilde. Tous les diplômés de cet endroit en obtiennent un. Je dispose de mon propre sceau. »

Elle le montra.

- « Il nous permet de nous déplacer dans l'ensemble des terres, avec quelques obligations préalables bien sûr, ainsi que de communiquer à longue distance. Mais le tien a été spécifiquement modifié pour les trajets entre les deux plans. Ton plan d'origine et celui-là. »

- « Je me souviens d'Albus Dumbledore. » Fit le Maître. « Il a reçu un enseignement ici, il y a près de cinquante ans. J'y étais aussi. Il se faisait appeler Moon à cette époque, raison pour laquelle je ne m'en suis pas souvenu tout de suite. Oui, j'ai dis cinquante ans, garçon. Le voyage entre les plans n'est pas évident. Ils ne suivent pas la même ligne temporelle. Ce qui a duré un siècle dans votre pays n'équivalait pas à une valeur analogue ici. Et il n'a pas de valeur fixe. J'ai ouï dire que cela varie d'un passage à l'autre. »

Harry ouvrit des grands yeux.

- « Mais cela veut dire que le passage entre les deux est facilement accessible. »

- « Absolument pas Harry. » Le contredit gentiment Eglantine. « Cela n'est arrivé que très peu de fois. »

Elle sortit une page d'une sacoche à sa ceinture. « En plusieurs siècles, nous avons référencés près d'une dizaine de noms dont Merlin, qui apparemment vous est familier. Le dernier en date était précisément Moon, je veux dire Dumbledore. Et son ami Light. Ils sont venus et repartis ensembles d'après le registre. Après avoir suivi la formation proposée uniquement ici. »

Le vieil homme s'éclaircit la gorge. « Sur ce point, précisément, il va nous falloir prendre une décision. D'après Maze et Eglantine, vous auriez quelques affinités avec la Volonté. »

- « La Volonté ? » Répéta Harry. « Ce terme a-t-il un sens différent, spécifique ? Ou c'est juste la volonté, comme l'obstination. »

Le Maître de la Guilde leva une main. « La Volonté, c'est la capacité à canaliser l'énergie magique en son corps et la relâcher à la demande. L'énergie ou le potentiel magique est appelé ici Mana. Et ça ressemble à ça. »

Il fit un geste de la main et un arc électrique en jaillit pour percuter l'un des mannequins qui se mit à vibrer sinistrement.

Le même pouvoir que l'autre, Maze.

- « Les possibilités sont très variées et s'accroissent avec le temps. Nous avons des sorts purement offensifs comme celui-ci. D'autres qui stimulent le corps, comme celui par lequel tu as été soigné hier, ou le neutralisent indirectement. Et mêmes, pour les plus puissants, des techniques environnementales redoutables. »

Harry fut très impressionné. Ces Héros semblaient être très puissants.

- « Je ne dispose pas de ce genre de capacités pures. » Avoua t-il. « Dans mon école, nous apprenons des choses vraiment différentes. Et nous utilisons des baguettes. »

Eglantine eut l'air très intéressée. Le jeune homme se dit qu'il fallait peut-être qu'il fasse une démonstration afin de montrer ce dont il était déjà capable.

Il s'empressa donc de sortir sa baguette et de se lancer dans un inventaire de tout ce qu'il connaissait. Désarmement, entrave, enchantements, quelques maléfices farceurs, tout y passa même la métamorphose.

- « Voilà, c'est à peu près tout. »

Les deux adultes se regardèrent un court instant.

- « Votre manière d'utiliser la Volonté est vraiment très particulière. Sans doute du fait de cet instrument, cette baguette. Et vos attaques sont très spécifiques. Elles ont un seul et unique but. Impressionnant. »

Il eut l'air songeur. « Vous avez déjà un entrainement de votre école. Combien d'années vous a-t-il fallu pour obtenir ce niveau ? »

- « Cela aurait été ma sixième année. J'ai commencé à l'âge de onze ans. »

Nouveau regard entre Eglantine et le Maître. Plus long.

- « Cet apprentissage que vous avez suivi vous aurez donc conduit à l'âge de seize ans ? »

Harry pensa que c'était évident. Il suffisait de le regarder, même s'il demeurait toujours un peu fin par rapport aux garçons de son âge.

- « C'est déjà un peu mieux. » Déclara le Maître. « Si vous aviez eu toujours seize ans, il aurait été vain de vouloir vous enseigner en profondeur. »

Le jeune homme le dévisagea avec un regard perplexe. De quoi parlait-il ? Il avait seize ans depuis peu. Était-ce une façon distinguée de lui dire de partir.

- « Donc je ne peux accéder à cet entraînement puisque j'ai seize ans, c'est ça. » Demanda t-il lentement pour essayer de comprendre.

La réponse, et ses conséquences, lui donnèrent le vertige.

- « Eh bien en théorie non. Mais il semble que l'on veuille que vous accédiez à l'apprentissage des Héros. Regardez-vous garçon. »

Il sortit une écaille polie, servant apparemment de miroir, de sa poche et la présenta à Harry.

Ce dernier obéit et se dévisagea.

Et il poussa un cri de surprise.

L'image que lui renvoyait l'objet était bien la sienne. Mais elle ne correspondait pas à ce qu'il s'attendait à trouver. Elle ne correspondait plus à ce qu'il s'attendait à trouver.

D'après son reflet, il avait maximum douze ans.

- « C'est impossible ! » S'écria t-il. « Qu'est-ce qu'il s'est passé ? »

Il s'examina attentivement. Ses bras, ses jambes, étaient plus fins. Son visage semblait plus rond, mais sans excès. Il ne se sentait pas différent. Sans doute parce qu'il n'avait pas pris de douche depuis plus de vingt-quatre heure, l'empêchant donc de s'en apercevoir directement.

Le Maître de la Guilde reprit alors la parole. Cette fois avec le ton d'un professeur chevronné. Ce qu'il était, sans le moindre doute.

- « Première leçon, garçon. Si la Volonté porte ce nom, ce n'est pas anodin. La Magie est une force sauvage en Albion. Elle transforme les gens, en bien ou en mal. Le physique des Héros est soumis à de multiples changements au cours de leur vie du fait de leur utilisation de cette Volonté. On prétend que le premier utilisateur de Volonté, Archon, a vécu des siècles, voire qu'il serait toujours vivant aujourd'hui.

Vous avez subi cette transformation avec tellement de fluidité et de discrétion que vous ne vous en seriez probablement pas rendu compte avant un bon moment. Même vos vêtements se sont adaptés. Et, si votre voix est devenue plus aigüe, cela ne vous aura même pas choqué. De votre point de vue, vous avez toujours la même voix. Vous êtes entièrement en phase avec cet âge qui est maintenant le votre.

Et c'est une bonne chose. Parce que cela aurait été véritablement impossible de vous apprendre quoi que ce fût de véritablement utile à votre âge d'alors. »

- « Je n'aurais jamais deviné que tu avais seize ans. » Ajouta Eglantine avec un petit sourire taquin. « Mais ça va, tu es tout mignon à cet âge. »

Harry rougit une nouvelle fois. Ça devenait gênant. Sans doute à cause de son âge plus que juvénile désormais. Il était même fier du compliment.

- « Pourtant je me sens toujours adolescent. » Répondit-il néanmoins. « Et je n'ai rien oublié de ce que j'ai appris ou vécu. »

- « Ce qui est parfait. » Rétorqua le plus vieux des trois. « Vous partiriez avec un avantage d'expérience, mais sans que votre Mana soit trop fixé ou rigide comme c'est le cas à l'âge que vous aviez. Nos apprentis, d'où qu'ils proviennent, commencent toujours vers dix-douze ans, comme vous. On accepte rarement avant. Jamais après. Et même si vous n'avez pas l'étoffe d'un Héro, à première vue,… »

Il s'interrompit. Et pour la première fois depuis leur première rencontre, Harry lui vit un air amusé et quelque peu rêveur.

- « Ce serait plutôt bon signe en fait que vous n'en ayez pas l'étoffe. »

Il laissa planer ses mots mystérieux un instant avant de repartir dans ses explications.

- « Nous aurons l'occasion de rediscuter de votre Volonté. Mais, si vous tenez à recevoir l'entraînement adéquat, il vous faudra aussi vous initier aux deux autres disciplines héroïques : la Force (c'est-à-dire les armes de mêlée), et l'Adresse (les armes à distance pour résumer). Êtes-vous toujours décidé ? »

Harry observa longuement les alentours et les apprentis qui s'entraînaient. Il avait été tenté de refuser de s'entraîner à l'épée ou l'arc pour lesquels il ne sentait pas vraiment d'affinité.

Mais, après un instant de réflexion, il se dit que ce bouleversement d'âge pouvait lui permettre de découvrir d'autres disciplines magiques ou physiques.

Une réflexion du vieil homme fit pencher la balance.

- « Les trois disciplines sont liées. Pour les sorts puissants vous aurez besoin d'un corps entraîné pour en supporter les effets. Et un sort sans précision n'aurait aucune portée. » Déclara le Maître.

Ce fut décidé. Il accepta séance tenante. Dans sa lutte contre Voldemort, une bonne forme physique et une précision accrue ne seraient pas de trop.

- « J'accepte. »

- « Très bien. Vous allez d'abord me montrer ce que vous savez faire avec vos poings. »

Eglantine se leva. « C'est ici que je vous laisse. J'ai rendez-vous à Hoak Cost pour mener à bien ma mission d'observation. On se reverra bientôt. Au revoir Maître. »

En passant à côté d'Harry elle lui ébouriffa les cheveux avant de lui embrasser la joue pour l'embarrasser. « A bientôt mon petit Harry. Sois bien sage, hein ? »

Harry, qui avait rosi, afficha une mine boudeuse et marmonna un « au revoir » presque inaudible.

Elle s'éloigna.

- « Je crois qu'elle vous apprécie beaucoup. C'est plutôt rare. On lui reproche souvent de ne pas vouloir créer de liens avec ses pairs, voire de les prendre de haut. »

Le tout de sa voix toujours aussi calme.

- « Pourquoi avez-vous eu l'air amusé en disant que je n'avais pas l'étoffe d'un Héro. » Demanda Harry à la fois curieux et vexé.

Le regard de son futur professeur pétilla étrangement.

- « J'ai eu un apprenti il y a peu. Lorsque je l'ai vu pour la première fois, il ne ressemblait à rien et je ne sentais pas de réel potentiel en lui. Mais il s'est avéré que j'avais tort. Son obstination et son courage lui ont donné le courage de s'entraîner extrêmement dur. Il a réussi ses épreuves avec un score que je n'avais encore jamais vu. Et il a vaincue une camarade bien plus expérimentée sans même se faire toucher une seule fois. Il a été diplômé il y a presque deux ans. Et depuis, il avance sur la voie du Héro avec un brio hors du commun. Le simple fait que votre potentiel ne soit pas visible directement n'est donc pas vraiment un problème. »

Le Survivant fut impressionné. C'était bon signe.

- « Maintenant, dirigeons-nous vers ce mannequin de paille, si vous le voulez bien. »

Le jeune garçon obéit. Il était déroutant de se dire que, quelques heures auparavant, il était encore dans sa chambre de Privet Drive, attendant son directeur.

Et durant ce temps, tant de choses s'étaient passées. Et maintenant, il était là, à la croisée des chemins, dans un pays de Magie plus ancien encore que Merlin.

Il avait rajeunit.

Et il avait perdu ses amis.

Le Destin m'offre une chance de repartir dans la bonne direction. Je suivrai cet entraînement et obtiendrai les compétences qui me font défaut.

Une lueur de colère passa dans son regard.

Et ensuite, je viendrai te voir, Voldemort. Et nous règlerons nos différents une bonne fois pour toute.


Prochain chapitre, l'entraînement commence. Et Harry va découvrir la véritable difficulté pour devenir un Héro. Mais le deviendra-t-il ?