Bon, nouveau chapitre. J'espère qu'il vous plaira car vous avez été peu nombreux à commenter le précédent ce qui est dommage :)


En Albion, la Guilde existait depuis de très nombreuses années. Pour les habitants de ce pays merveilleux, elle faisait partie du paysage, au même titre qu'une montagne. Elle avait toujours existé. Et tous se révélaient assez curieux des nouvelles générations de Héros. Car chaque Héro viendrait se montrer, se vanter, se faire connaître…..tel est le Destin des diplômés de la Guilde.

Lorsque l'on rentrait dans la Guilde des Héros, il était habituel de se croire hors du monde. Les méandres politiques ou économiques de Bowerstone demeuraient totalement inconnus. Et certains apprentis, entrés invariablement à l'âge d'une dizaine d'années, avaient parfois la surprise de se découvrir une nouvelle fratrie, une nouvelle maison ou parfois une nouvelle mère. A l'inverse, de jeunes adultes avaient été estomaqués en apprenant que leur famille aimante se retrouvait en prison pour meurtre ou expériences sur poulet innocent.

Bien entendu, être absent une dizaine d'année du monde amenait parfois le nouveau Héro à entrer en conflit avec des gens qu'il avait connus.

Inverse tout aussi ironique, les parents retrouvaient parfois un fils ou une fille, nouvellement diplômé, aux antipodes de celui qu'ils avaient laissé. De bons petits, doux et vertueux, se découvrant par exemple un appétit pour l'égoïsme, la malveillance ou la violence armée. Après tout, la Guilde n'était pas manichéenne et les missions existaient toujours sous des formes bienveillantes ou malveillantes, tant que l'on s'assumait soi-même.

Cela était une forme d'habitude pour les natifs d'Albion. Certains paris avaient d'ailleurs lieu quant à l'apparence et au caractère des nouveaux diplômés, dont on n'avait plus de nouvelles depuis des années.

Mais chaque habitude avait ses exceptions. Chasse-Poulet, avant de devenir Blade, était un Héro complètement inconnu. Il n'était pas attendu par ses parents, décédés, pas plus que sa sœur, mystérieusement disparue. Les habitants de son village, Oakvale, l'avaient oublié pour la plupart, dans leur volonté de tourner le dos au passé sanglant.

Tonnerre et Whisper venaient d'une contrée éloignée et se suffisaient à eux-même.

Et puis il y avait Harry. Inconnu de toutes les âmes d'Albion en dehors des murs de la Guilde. Venu d'on ne sait où. Rattaché à aucune patrie ni village.

Harry James Potter. Dix-huit ans. De taille moyenne, svelte, au regard émeraude où parfois venait se nicher un éclat bleuté.

Depuis le combat l'ayant opposé à un groupe de bandits, et laissé pour pratiquement mort, deux ans étaient passés. Au regard des lois de l'Angleterre magique, il était désormais adulte et aurait pu désormais pratiquer la magie à sa convenance. Et ce constat lui tirait parfois un soupir. Cela faisait huit ans qu'il pratiquait la magie à toute occasion et sous toutes les formes.

Il était désormais plus vieux, et plus grand, que tout ce qu'il avait jamais expérimenté avant son départ. Son adolescence physique étant arrivée à son terme, il avait dû apprendre notamment à se raser et à prendre pleine possession de son corps, maintenant que les poussées hormonales étaient davantage contrôlées. Conséquence de cet âge, il avait consciemment fait le deuil de reprendre ses études à Poudlard un jour quelque chose qui lui avait laissé un goût amer dans la bouche.

Sept ans de formation intensive. Huit ans à dompter cette soif de vengeance, et cette peur terrible, avec lesquelles il était venu. Son maniement de l'épée s'était renforcé d'une dimension nouvelle : celle de tuer. Cela ne coulait pas de source. Jusqu'à cette aventure dans la forêt, il avait inconsciemment refusé cette possibilité. Ce n'était plus autant le cas. Et désormais, il connaissait et savait mettre à profit les zones du corps de l'adversaire qui pouvaient assurer une victoire claire même avec une blessure modeste. Assumer de pouvoir mutiler autrui était une situation terrible. Ses combats étaient devenus beaucoup plus stratégiques, beaucoup plus rusés. Rares étaient désormais les acolytes à prendre l'ascendant dans un affrontement et même le Maître avait renoncé à leurs combats car ils duraient un temps considérable. Mieux encore, il était désormais totalement ambitextre, ce qui était une formidable avancée et lui permettait de se battre aussi bien avec ses deux mains.

Pour ce faire, il pouvait s'entraîner avec Blade, depuis peu revenu de son massacre de Balverine blanche à Witchwood. Depuis lors, le guerrier l'affrontait un peu plus régulièrement. C'était un concentré de frustration. Les techniques les plus retorses, les plus travaillées et les plus violentes ne semblaient pas entamer sa défense plus qu'avant. La seule différence étant le fait qu'il ne se bornait désormais plus du tout à cette défense et attaquait avec la régularité et la force d'une machine et son épée, pourtant lourde, semblait toujours aller exactement au point de couture qu'il visait.

Harry ne l'avait jamais battu une arme à la main, alors même que la plupart des acolytes s'inclinaient désormais devant lui.

Si Harry s'en arrachait les cheveux il avait finit par réaliser que la situation n'était pas anormale. Blade était doué. Excessivement doué. Mais depuis leur première entrevue sur la plage, près de cinq ans auparavant, il avait lui-même considérablement progressé, aidé en cela par une vie héroïque de tous les instants, un entraînement acharné et des rencontres avec les pires créatures d'Albion, de force largement au-delà de l'humain, telles les balverines ou les trolls. Son physique s'en ressentait. Il était absolument gigantesque, et à chacune de ses rencontres, Harry le retrouvait plus costaud encore.

Pour espérer s'approcher de son niveau, il était au moins nécessaire de se confronter à des adversaires analogues.

Même le Maître était allé en ce sens.

« Ne cherchez pas à progresser trop vite, garçon. Vous ne pouvez pas comparer l'évolution de deux personnes dans un environnement complètement différent. Prenez le problème à l'envers. Si vous deviez vous confronter physiquement avec un sorcier qui s'entraîne à l'épée dans son temps libre, vous évolueriez dans deux catégories différentes. Il n'est pas bon de vouloir acquérir trop de compétence trop vite, sauf à vouloir dominer le monde et réduire la population en esclavage, bien évidemment. Cela vous regarde.

Même Blade, extrêmement concis en termes de compliments, se fendait parfois d'un commentaire mi-moqueur mi-bienveillant.

- Si nous avions été à la Guilde en même temps, je pense que tu nous aurais donné du fil à retordre, Whisper et moi. Dommage.

Mais c'est en matière d'Adresse qu'Harry était devenu extrêmement compétent. Toujours plus agile, et précis, il avait acquis nombre de compétence pour éliminer discrètement ses ennemis. Chaque jour, ou presque, voyait un nouveau défi avec les acolytes pour accroitre encore la difficulté de ses tirs à l'arc ou des quelques techniques de voleur apprises plus ou moins officiellement.

En outre, il avait depuis longtemps compris qu'il ne lui fallait pas privilégier la voie de guerrier pure et dure. Malgré l'entraînement acharné, il demeurait fin et robuste. Plus roseau que chêne. Et ce n'était pas la métaphore la plus étrange.

- « Votre maison était représentée par un lion, dites vous ? L'avait un jour interrogé le Maître.

Il avait fallu au préalable s'entendre sur la définition de lion, qui n'existait pas en Albion.

- Un félin puissant, de grande taille et taillé en muscles. Un animal fier et au rugissement dominant….oui, je peux voir en vous ce genre-là. Gryffondor était après tout un incroyable Héro de la Force dont chaque coup faisait dit-on trembler le sol et une voix à transpercer les murs. Mais il n'y a pas que ça en vous. Il y a cette fluidité, cette discrétion. Vous n'êtes pas complètement taillé pour défaire des armées à vous seul et terrifier par votre rugissement. Blade et Tonnerre davantage.

Harry avait alors avoué l'hésitation au moment de sa répartition. La trace de serpent en lui.

- La Force d'un lion et l'Adresse d'un serpent….voilà qui correspond davantage, garçon. Vous ne devez pas rejeter cet héritage sans quoi votre entraînement sera incomplet voire inadapté. Connaissez-vous les panthères ?

- Parce que les panthères existent en Albion mais pas les lions ? Fit Harry avec perplexité. Cela n'a aucun sens….

- Bien sûr que les panthères existent ! Rétorqua le Maître. Quand j'étais enfant, je voulais d'ailleurs être une panthère à plume bien avant être un Héro.

Harry préféra réorienter la discussion sur le présent plutôt qu'avoir à imaginer un Maître enfant déguisé en gros chat avec des plumes.

- Et vous pensez que ces animaux ont une proximité physique plus grande qu'un lion par rapport à moi ? Et que ça pourrait m'aider à affiner mes compétences.

- En effet. Une panthère est furtive, discrète, avisée. Mais ça n'en fait pas un poids plume, contrairement aux poulets et aux imbéciles, et elles sont redoutables, même sans armes. Votre physique, bien qu'encore voué à changer au fur et à mesure de vos missions, témoigne que vous ne serez pas une montagne de muscle. Mais le monde de la Force ne se résume pas à foncer sur un adversaire en hurlant bêtement, et la frontière avec l'Adresse et la Volonté ne sont pas étanches. Chaque combattant est unique, forgé à part égale des trois disciplines. Votre style demeure encore un peu obscur, c'est naturel pour un apprenti, mais je serai d'avis de nous essayer à un style de combat plus subtil, esquiver et feinter, faire des bottes plutôt qu'écraser. Après tout, nous serions fous d'occulter vos talents pour l'Adresse. Si vous étiez plus malveillant, vous pourriez sans doute être un assassin redoutable.

C'est à partir de là que ses techniques à l'épée étaient devenues plus fluides et précises. Une autre école de combat.

Quant à la Volonté….

Les techniques magiques de base étaient désormais acquises et maîtrisées de façon optimale pour un apprenti. Lancer un éclair, une boule de feu ou créer un bouclier d'énergie ne lui posaient plus de problème. Transformer son Mana pour passer de l'un à l'autre c'était réglé. De l'avis des observateurs, il était au point pour présenter le test.

Néanmoins là où le bat blessait c'était dans son rapport à la sorcellerie. Parti dans l'urgence, il n'avait pas acquis les compétences théoriques complètes du cursus à Poudlard. Et les quelques livres en sa possession sur ce point ne lui étaient plus utiles, largement lus et relus.

Pire. Passer des sorts à la baguette aux sorts de Volonté dans un même mouvement continuait à lui demander un effort mental pour différencier le type de magie. Ce n'était plus un changement de nature élémentaire, mais un changement de source magique, comme s'il tentait soudain de jongler avec de la magie d'elfe de maison.

Il en était même venu à craindre d'enflammer un jour sa baguette en utilisant le mauvais type de magie dans sa main.

Pour le Maître, cela se représentait comme la différence entre manger et respirer par la bouche. Une distinction que le corps maîtrisait aisément séparément, mais susceptible de ratés simultanément. De son point de vue, il fallait se faire une raison et accepter d'utiliser une seule sorte de magie à la fois. Et de maîtriser les deux.

Mais Harry s'obstinait, cherchant à dépasser ce mur dans son esprit.

Alors il se concentrait. Isolé non loin des cascades dans le jardin, il s'astreignait à des exercices ardus. Métamorphoser un objet d'un état à l'autre tout en maintenant un flux électrique, léviter une pierre et la faire bruler. Parfois même il essayait d'incanter ses sorts à main nue en se concentrant sur le résultat à obtenir.

Puis il méditait, se plongeant toujours plus profondément en lui-même, cherchant le coeur de sa magie et tachant de faire passer le Mana dans sa fidèle baguette. Mais il semblait toujours manquer un élément, une inconnue dans cette équation. Cela lui rappelait vaguement des souvenirs d'Hermione parlant d'arithmancie et de théorie magique. Tout cela laissait Harry dans un état permanent d'insatisfaction.

Et puis, il y avait eu ce jour.

Comme ils le faisaient de plus en plus régulièrement, maintenant que l'entraînement martial s'était stabilisé, le Maître et Harry échangeaient. Le sujet du jour était les légendaires prédécesseurs de Harry en tant que voyageurs entre les plans.

En effet, à force de réflexion, le jeune adulte s'était fait la réflexion que ce cas de figure était vraisemblablement arrivé à deux sorciers globalement récents, en comparaison de Merlin et des Fondateurs, à savoir Dumbledore et Grindelwald.

Mais la situation était exactement l'inverse. Arrivés enfants, les deux Héros avaient donc maîtrisé la Volonté avant même de rajeunir et obtenir une baguette. De ce constat découlait une hypothèse. Passer de la Volonté à la sorcellerie serait sans doute plus perceptible que l'inverse.

- Ce que je ne comprend pas, garçon, c'est pourquoi vous tenez tellement à brûler les étapes. Vous me disiez encore récemment que vous n'aviez même pas terminé vos études de sorcellerie. Et sur le plan de la Volonté, vous n'êtes certainement pas en retard cela est certain. Mais votre apprentissage n'est pas non plus complètement achevé, ce qui ne se fera qu'avec des années à vous confronter à tout ce que l'Albion vous enverra. Vous m'excuserez cette franchise, mais vous n'êtes donc ni un Maître en Volonté, ni un théoricien sorcier chevronné. Croyez-vous réellement que votre Directeur a élaboré ses théories instantanément alors que vous me le décrivez centenaire ? En premier lieu rappelez-vous qu'il était dans la force de l'âge en partant. Et il est décris sur mes notes comme excessivement doué dans certains domaines de la Volonté. En second lieu, si l'Albion n'a conservé aucun document sur la sorcellerie, car vous êtes à ce que je sache le premier voyageur adolescent déjà utilisateur de magie à son arrivée, l'inverse n'est pas vrai. Merlin, les Fondateurs, et certains autres dont le nom ne vous est pas familier, sont rentrés dans votre plan d'origine, et ils ont transposés leurs connaissances en sorcellerie, non sans succès ce me semble, voire peut être rédigés des recueils sur le sujet qui ont servi à d'autres. Cela atteste qu'il est vraisemblablement plus facile de s'adapter à la sorcellerie lorsqu'on est expérimenté en volonté que l'inverse, comme vous l'expérimentez actuellement.

Il s'interrompit et montra la main de son interlocuteur. « Là où je veux en venir, c'est que vous voulez aller trop vite. Ici en Albion, tout se gagne surtout pour un Héro. Et tout vient à point. Les Héros nouvellement nommés ne débutent jamais leur périple avec toutes les connaissances, une armure magique et une masse indestructible. Dans le jardin de cette guilde, il y a dit on un coffre dissimulé qui n'apparait que lorsque l'on est prêt à le recevoir. Être prêt n'est jamais objectif et dépend de chacun. Néanmoins, si vous vous acharnez dès à présent à résoudre un problème magique d'un tel niveau, vous passez à côté d'autres enseignements sans doute moins grandioses mais qui vous serviront bien davantage dans vos premières années. Laissez-vous le temps de parcourir le Monde, découvrir des lieux de pouvoir, acquérir de nouvelles capacités et des armes toujours plus précieuses. Vous aurez alors le déclic j'en suis certain. La Volonté a ses propres raisons et donne des réponses à son rythme.

Harry hocha la tête. « C'est très vrai. Quand j'étais encore Harry Potter, sorcier de premier cycle, on m'a toujours poussé à vouloir aller vite. Et je m'y suis habitué. A treize ans, je me suis battu pour apprendre un sort de niveau adulte car je le voyais indispensable pour survivre...à raison. L'année suivante, un Tournoi auquel j'ai été inscrit contre mon gré m'a forcé à acquérir en catastrophe ce que mes adversaires avaient eu quatre ans de plus pour apprendre. L'année encore suivante, le cours de Défense était si médiocre que je n'ai eu d'autre choix que d'apprendre par moi-même. Cela a toujours été comme ça dans ma vie. Attendre n'est pas dans ma nature. Et quelque chose, un pressentiment, me pousse à explorer cette voie. Pour ne pas être frustré. Je sais parfaitement que la Volonté me viendra réellement que sur les routes. Je m'en suis fais une raison. De même que mon style martial m'apparaîtra progressivement. Mais le problème est que je stagne dans la sorcellerie. Je n'ai pas apporté d'ouvrages me permettant de progresser dans ce domaine au-delà d'un certain seuil, et je manque de connaissances théoriques pour formuler des hypothèses, élaborer des doctrines sur les enchantements ou les sortilèges comme le feraient des professeurs ou des spécialistes afin de combler par l'expérience mes lacunes. Je n'ai rien pour apprendre cette magie ici. Et quand je reviendrais en Angleterre, qui sait dans quelle condition cela sera et combien de temps j'aurai pour me préparer. C'est pour cela que je veux combler ce fossé dès maintenant, car certaines des réponses se trouvent dans la zone mystérieuse entre Magie et Volonté. »

Il observa sa baguette d'un air songeur. « Quand j'étais adolescent, la...première fois...je croyais que booster mes compétences de duel était ce que je devais faire. Je n'avais pas tort. Mais avec le recul et l'apprentissage d'une autre forme de magie, je me dis que j'aurais du garder un peu de temps pour comprendre la Magie et ne pas simplement la laisser échapper comme des flèches tirées d'un arc et condamnées à toucher leur cible ou se perdre. Plus j'y pense et plus je pense que mon affrontement contre Voldemort dépendra de ma compréhension de la Magie tout autant que du duel. Un étrange pressentiment encore une fois. La Volonté m'offre ce bagage théorique, mais il se heurte à la pratique. C'est comme mélanger huile et eau….Comme si j'avais absorbé la magie d'un autre et que je ne pouvais pas m'en servir.

Alors le Maître l'observa avec un regard étrange. Véritablement ambigu. Comme s'il venait de réévaluer la valeur de son interlocuteur.

- « . Ce que vous avez dit soulève certaines questions. Et il y a dans cette guilde des artefacts puissants qui pourront peut être apporter une réponse. Mais seul un Héro peut prétendre les utiliser. Vous devez passer le test dans les plus brefs délais.

- Mais je croyais que ma situation était unique ? Fit Harry.

- Tout est unique dans la Volonté. Corrigea le Maître. Mais il y a des parallèles. Ce symptôme d'une magie ne se mélangeant pas se retrouve dans certaines chroniques de héros. Et il y a…

Il s'interrompit et montra une lumière verte que l'on voyait à travers une des fenêtres.

- ….il y a ça. Nos Héros s'en servent parfois pour échanger avec leur subconscient, revoir leurs propres souvenirs et la façon dont ils ont utilisé leurs compétences et même s'y projeter. Et entraîner son esprit par la Volonté cela transforme un combattant...en bien comme en mal si son mental n'est pas assez fort. Cette Lumière est projetée en partie par la Salle du Destin et on dit qu'en entrant dedans il est parfois possible de se rapprocher de son apogée.

Une sorte…de pensine dopée à la Volonté ? Revoir ses souvenirs et même les revivre pour approfondir et augmenter la plus-value….effrayant.

- Est-ce que c'est par ce biais que Blade est devenu aussi….puissant ?

- En effet. Dès votre premier jour, je vous ai dit que la Volonté transforme le physique. C'est une façon d'approfondir et renforcer ces changements en s'immergeant encore plus dans la Volonté.

Une étrange émotion sembla passer comme une ombre sur le visage d'Harry. Emotion que le Maître saisit. « Quelque chose vous rend perplexe, garçon ? »

Le jeune homme ferma les yeux une demi-seconde, comme pour recentrer ses pensées. « Ce n'est pas gratuit, n'est-ce pas ? Il y a une contre-partie proportionnelle à cet avantage acquis, c'est forcé…. »

Le Maître ne répondit pas et se contenta de lui faire signe de poursuivre son raisonnement.

- C'est beaucoup trop évident. Trop grossier. Un biais de progression aussi impressionnant dans une existence où chaque combat est une façon de faire ses preuves, où chaque combat doit être mené...je ne peux pas croire qu'il suffit de survivre à un combat, et de le revivre ensuite tranquillement une dizaine de fois, pour soudain devenir un guerrier expérimenté. Non….il y a un retour de bâton. Une limite.

- Et que serait-elle ? Demanda posément le Maître avec un visage impassible.

- Un danger. Un risque pour la santé ou pour le Mana. L'esprit qui se brise.

- Précisément. Suivez-moi.

Sans ajouter un mot de plus, il s'engagea dans la cour et le mena vers la salle en question. Non loin de l'immense carte d'Albion, la lueur verte illuminait la pièce dans un ballet hypnotisant.

- Voilà. Regardez-mieux. Que ressentez-vous ?

Harry se rapprocha lentement. Plus la distance s'amenuisait et plus la lueur semblait augmenter. Son coeur se mit à battre plus fort tandis que des murmures effleuraient ses oreilles. Quelques sons formant des mots.

Potter….lave….masque d'âme…violence…brise...étreinte…sang…

Il recula brusquement. Transpirant.

- Quels sont les mots qui vous viennent en tête pour décrire ça, garçon ?

- C'est attirant, puissant voire violent….étrange, ancien….

Le Maître acquiesça. « Et vous avez votre réponse. Ce mécanisme est un outil, un moyen, mais en aucun cas un remplacement ou une finalité. Chaque souvenir que vous revivez est aussi épuisant que la réalité et vous demandera autant d'investissement. Et la contrepartie réelle, c'est la vie. Chaque compétence que vous apprendrez par ce biais consommera votre énergie vitale, sans retour possible. J'ai entendu parler d'un jeune Héro extrêmement ambitieux et malveillant. Il a cherché à s'immerger si profondément dans la Volonté, pour acquérir des compétences au plus vite, qu'il en est ressorti exsangue. Il n'avait pas traversé la salle que l'âge l'a rappelé est qu'il est mort.. Des recherches ont été faites depuis par des Héros jumeaux qui ont évolué volontairement dans les deux cas de figure en parallèle pour comparer. Ce que vous mettrez cinq ans à acquérir par l'expérience réelle vous prendra quelques mois par ce biais, mais vous fera vieillir de quinze ans. Un prix très lourd et qui ne prend même pas en compte le fait que vous devez savoir ce que vous cherchez ce qui n'est pas si logique. Pouvez-vous imaginer apprendre une attaque dont vous n'avez jamais entendu parler ou qui dépasse votre compréhension théorique ? C'est la raison pour laquelle cela ne doit être qu'un complément et que beaucoup se bornent juste à se fondre dans la Volonté pour se renforcer physiquement, sans objectif spécifique de connaissance. C'est son utilisation au sein de la Guilde et la raison qui font de Tonnerre et Blade des colosses car leur technique de l'épée est sans cesse améliorée, renforcée magiquement par ce biais.

Il montra la lumière. « Un jour viendra où vous aurez assez d'expérience et de discipline mentale pour vous expérimenter. Et peut être que votre réponse sur la séparation entre Volonté et Sorcellerie vous apparaîtra par ce biais si vous arrivez à savoir où chercher. Mais ne perdez pas de vue que le prix de cette connaissance, le franchissement de ce fossé selon vos mots, sera peut être si considérable que vous en sortirez incapable de l'utiliser ou l'esprit brisé. Et pour toujours.

Un souvenir fugace vint à l'esprit d'Harry. Un écho du jour où Dumbledore, une éternité auparavant, lui avait parlé des limites de la magie « Il est possible de faire beaucoup de choses avec la sorcellerie, Harry. Rien n'est vraiment impossible. Mais il y a malgré tout des limites, des fossés si profonds et larges que l'on ne peut les franchir. Ceux qui s'y risquent perdent tout, et épuisent leur magie, bien avant d'en gagner le moindre bénéfice ». A ce moment là, il s'agissait de savoir ressusciter les morts.

Il changea soudain de sujet, conscient que cette réponse n'apparaîtrait pas aujourd'hui.

- Quel Héro était Grindelwald ?

Le Maître ne fit aucun commentaire et répondit comme si de rien était, en consultant les notes qu'il tenait depuis le début de la discussion.

- Un homme absolument charmant, d'après la moitié des femmes d'Albion. Un regard ensorcelant et une voix à faire pleurer un troll et dompter un poulet sauvage. Quand il est arrivé, enfant, à la Guilde on lui aurait donné Avo et Skorm (oui les deux, garçon) sans confession car il portait l'innocence sur le visage bien que vraisemblablement responsable d'une foultitude de méfaits plus ou moins importants. En tant que Héro il était surnommé Light car chaque fois qu'il était dans une pièce il attirait le regard de façon magnétique. Il recourait essentiellement à la négociation dans ses missions. Ses points forts étaient l'Adresse et la Volonté. Par des moyens assez miraculeux et non révélés, les choses semblaient toujours bien se passer pour lui. Une personne à tuer ? Elle succombait de maladie dès le début de la mission. Un marchand à protéger ? Le camp de bandit sur la route s'intéressait soudain à une autre cible. Elimination de Hobbes ? Une horde rivale les avait attaqué jusqu'à tous s'entre-tuer. Grindelwald était subtil, malin et charismatique et il adhérait complètement à la doctrine du plus grand bien.

Tu m'en diras tant….

- Et qu'en était-il de Albus Dumbledore ?

- Ah, là nous touchons un autre style. Dumbledore était grand et robuste. Un guerrier prodigieux qui ne vivait que par l'épée. On l'appelait Moon pour deux raisons. La première était que le charisme magnétique de Light attirait le regard lui permettant d'agir comme il le voulait mais que, vivant dans son ombre, il ne passait pas pour autant comme négligeable. Et la seconde étant la couleur flamboyante de ses cheveux qui semblaient prendre feu à la lumière telle une lune rousse. Le grand sens de sa vie était de parfaire ses compétences et d'inventer de nouvelles façons d'utiliser la Volonté. Mais ce qui est assez cocasse c'est qu'il ne s'en servait pratiquement pas pour combattre. Je l'ai vu personnellement essayer d'écrire son nom dans l'air avec des flammes, tirer des flèches électriques inoffensives ou tenter de dresser des loutres. La difficulté l'amusait énormément. Chaque fois qu'il avait une idée saugrenue, ce qui arrivait fréquemment, il fallait alors qu'il aille en parler à tout l'Albion. Mais lui aussi avait une facette plus discrète. Doté de grandes dispositions intellectuelles, il s'étonnait fréquemment que tout le monde n'aille pas à son rythme. Seul Light semblait trouver grâce à ses yeux de surdoué.

- Donc ils s'appréciaient ?

- Pas le moins du monde. Une vraie meute de balverines à eux seuls. Il fallait les empêcher d'en venir aux mains à chaque instant de la journée. Dumbledore était plus fort physiquement et avait l'avantage. Mais Grindelwald était bien plus retors et s'arrangeait toujours pour que l'entourage prenne fait et cause pour lui. En revanche, quand ils combattaient ensembles, ils abattaient des montagnes et étaient redoutables aux cartes.

Il sembla avoir un sourire amusé avant que le sérieux revienne : « Demain, vous passerez le test, Garçon ».


J'attends vos retours. N'hésitez pas à me faire remonter votre ressentis ou vos attentes.

Clé.