La suite de cette histoire. J'espère qu'elle vous plaira.
Collège Poudlard, Ecosse, Année scolaire 1996-1997, deux jours après le départ d'Harry
Pour Albus Dumbledore, la situation était on ne peut plus délicate. On pouvait être bardé de tous les titres du monde, de la confiance de la nation magique et d'une bonne dose de compétence mais pour autant être sujet au doute.
Et le doute, il y en avait à ne plus savoir qu'en faire.
En premier lieu, et non le moindre, l'Ordre du Phénix avait été amputé d'une quantité conséquente de membres par l'attaque du Terrier. Ce qui soulevait bien évidemment la question du comment. Comment Tom, ce monstre de Tom, avait pu réussir à détruire les protections en si peu de temps ?
Bien entendu, au-delà des membres de l'Ordre, c'étaient également des amis chers qui avaient été tués.
Il avait du donc prendre la parole pour tâcher d'expliquer cette tragédie. Severus Rogue et les autres membres de l'Ordre ratissaient le pays, tendaient l'oreille, tâchaient d'en apprendre un peu plus. Pourtant le vieil homme était parfaitement conscient que son meilleur élément risquait de plus en plus sa couverture et donc sa vie à chaque mission. Mais ils n'avaient pas le choix, pour le plus grand bien.
Son second doute, guère plus réjouissant tenait en la personne de Harry. Il avait agit sur un coup de tête, à l'inspiration. Mais avec le recul de 48h, il commençait à se demander si cela avait été une bonne idée. Bien sûr que l'Albion était extrêmement formateur, il le savait mieux que personne. Mais à quel prix ? En combien de temps ? Le temps leur pire allié. Est-ce que la Guilde existait seulement encore ?
Cela avait été un véritable exercice de style de trouver un mensonge pour Severus et Minerva, ainsi que les autres en y réfléchissant. Ou était l'élu alors que le pays sombrait dans le chaos le plus total ?
- J'espère que tu vas bien Harry et que tu trouveras ce qu'il te faut auprès de la Guilde. Au moins es-tu provisoirement en sécurité loin de tout ça….
OoOoOoOo
L'élu qui n'était plus du tout l'élu dans ce vaste territoire, pataugeait dans la boue la plus collante et puante qu'il ait jamais vue. Et sa sécurité était au final très relative.
Les premiers temps de Darkwood avaient été acceptables si l'on peut dire. Flanqué de son marchand intarissable sur sa vie affligeante de banalité – Harry avait oublié ce détail malheureusement – il avait conduit la petite expédition jusqu'à la lisière d'un petit marais.
La disparition pure et simple du chemin aurait du l'avertir que les choses allaient se compliquer sérieusement pour lui. Le premier ricanement avait alors retenti dans le silence oppressant.
La petite créature qui avait alors bondi hors du couvert des arbres ressemblait par la taille et la couleur à un mélange d'elfe de maison et de gobelin, au ventre bouffi, au visage crasseux et vêtu d'un mélange hétéroclite de vêtements étranges. Sur son dos elle portait une hache rouillée. L'étrangeté l'avait alors montré du doigt avant de s'esclaffer d'un rire gras.
- Je suppose que ce machin est un Hobbes ? Demanda Harry à voix basse.
Une question purement rhétorique. Il avait vu l'image d'un de ces machins dans les livres de la Guilde. Question qui trouva évidemment réponse chez le comparse.
- Par Avo c'est un Hobbes ! Je le savais que je n'aurais jamais du venir. Un Hobbes ! Ces créatures voraces qui pullulent comme des...hobbes. Ma sœur Froule m'avait averti que marcher la fleur au bâton ça met pas l'eau sous la marmite. Mais qu'allons-nous faire ?! Ils vont probablement nous tuer et nous manger, ou nous manger et nous tuer.
- Bon sang mais vous allez la fermer nom de nom ! S'écria Harry. Comment voulez-vous que je me concentre ? Tenez-moi ça et restez à portée de vue.
Il lui lança le sac à dos qu'il portait depuis le début de l'expédition, dégaina son épée et fonça sur le Hobbes. Il n'avait pas fait deux pas que deux évidences lui sautèrent aux yeux. La première était que la créature sentait encore plus mauvais que tout le marais environnant ce qu'Harry n'aurait jamais cru possible, et la seconde c'est qu'en dépit de son apparence boursoufflée elle était incroyablement rapide.
Le Hobbes esquiva le coup d'épée d'une roulade avant de contre-attaquer d'un bond en avant fulgurant. Harry vit le tranchant de la hâche frôler sa joue. Il recula d'un mètre instinctivement et leva son arme en position de défense. Il avait manqué de prudence.
Un conseil du Maître lui revint soudain en tête.
« Garçon, je vois que vous vous penchez sur le bestiaire des créatures de l'Albion. Une idée sage. Les humains quoique tout aussi sauvages ne sont pas les plus étranges des dangers de cette contrée. Prenez un Hobbes par exemple. Sa taille ne dépasse jamais celle d'un jeune adolescent. Ils ont l'air gauches et stupides. Mais c'est une apparence plus que trompeuse. Les Hobbes sont dangereux. Leur agilité est largement supérieure à celle d'un humain normal – en fait c'est la deuxième plus notable de toute la faune – et leur force est paradoxale. J'ai vu un Hobbes maigrelet manier une immense épée qu'un colosse soulèverait à deux mains, et l'envoyer avec suffisamment de force pour pénétrer le tronc d'un arbre. Un Hobbes passera d'une immobilité totale à une attaque violente car son esprit stupide le fait passer d'une idée à l'autre sans transition. Tout comme un malade psychotique. Et surtout, Garçon, surtout….. »
Un bruissement retentit dans les alentours. Quatre autres Hobbes ricanant sortirent du couvert des arbres avant de rejoindre leur camarade qui s'amusait désormais à frapper le sol de sa hache.
« ….surtout, les Hobbes ne se déplacent qu'en groupe. Si vous en voyez un, soyez assuré que le reste de la troupe est à côté. Je pense que vous ne voulez pas vous imaginer une période d'accouplement sachant ça.»
- Bon….fit Harry. Je crois que cette mission vient de se compliquer un peu. Pourquoi est-ce que je continue à croire qu'il n'y a que dans mon ancienne vie que j'attirais les problèmes.
Un filet de sueur se mit à couler sur sa tempe. Un éclair de détermination le fit se redresser brutalement. Il serra son épée dans sa main et bondit en avant. Il fallait profiter de l'effet de surprise.
- J'arrive, sales bestioles boueuses !
OoOoOoO
- Et c'est alors que j'ai frappé le deuxième en pleine tête avec mon pied. La texture de son corps était spongieuse.
Tonnerre, le puissant Héro, pérorait devant son parterre de badauds habituels. Bowerstone était son territoire et il s'y vendait avec une constance proche de l'excès. Chaque jour le voyait descendre son tonneau de bière à la taverne, qu'il ne payait pas évidemment, avant de montrer les muscles non loin de la petite école.
Après tout, les enfants constituaient un public idéal, le regardant avec une admiration béate. Mieux encore, aucun autre Héro ne venait lui faire de l'ombre. Whisper évitait Bowerstone avec un soin particulier, Eglantine avait jeté son dévolu sur les lieux remplis d'artefacts au milieu des forêts septentrionales pour une raison étrange et les autres semblaient moins attirés par les grandes villes.
- Et bien donc vers minuit, j'allais à leur rencontre. La lune dans le ciel luisait comme une montre. Quand soudain je ne sais quel horloger s'étant mis à passer un coton nuager sur le boîtier d'argent de cette montre ronde, il se fit une nuit, la plus noire du monde. Et, les lieux n'étaient pas illuminés, par Skorm ! l'on y voyait pas plus loin que son nez.
Grand geste martial pour désigner les environs.
- Et je marchais, songeant que j'allais mécontenter quelque grand quelque chef qui m'aurait sûrement une dent. Et qu'en somme imprudent j'allais fourrer le doigt entre l'écore et l'arbre. Car ce chef pouvait être de taille à me faire donner sur l'encolure une trace de fatigue. Mais j'ajoutais : Marche champion, fais ce que dois ! Et ce faisant je me hasarde quand dans l'ombre quelque chose me porte une hallebarde !
Il bondit de côté avec tant de verve qu'il fit bondir la table du professeur avec le professeur dessus, et tomber une demi-douzaine de tableaux.
- Je la pare et soudain me trouve nez à groin avec cent hobbes enragés qui puaient à plein nez l'oignon et la vinasse. Je bondis front baissé, nez au vent et je charge. J'en estomaque deux ! J'en empale un tout vif ! Paf ! Le monstre m'ajuste et je riposte ! Pif ! Ces viles créatures m'encerclaient, poussant des cris de guerre sinistres, armées de leurs armes encore sanglantes de leurs précédents forfaits. Je ferraillais sans trêve ni repos contre ces lutins sordides et démoniaques. Nulle personne au monde n'aurait réussi cet exploit.
- Même Blade ? Demanda quelqu'un. Le Blade.
Tous les Héros….Sauf un. Ce misérable parvenu d'Oakvale qui se faisait appeler Blade. Ce paysan de rien du tout qui venait traîner ses guêtres dans la ville et se payait même le luxe d'avoir acheté la maison en face de l'école sans jamais l'occuper.
Tonnerre méprisait Blade. Il n'avait aucun talent, il n'était ni loquace ni agréable à vivre et surtout il semblait totalement dédaigner la tâche héroïque consistant à briller et se vendre. Toutes ces choses auraient enchanté Tonnerre en n'importe quelle circonstance car cela lui laisserait toute l'attitude de briller faute de concurrence.
Malheureusement Blade, cet arriviste médiocre de Blade, réussissait absolument tout ce qu'il entreprenait à plus forte raison qu'il ne faisait rien pour attirer l'attention. Jamais un pari, jamais une esbrouffe, jamais une vantardise. Il sortait, ne disait pas un mot, lisait sa carte de quête, n'accordait pas un regard à son requérant. Et pourtant les louanges pleuvaient sur lui. On le louait, on composait des odes à son adresse.
Si c'était lui, le Grand Tonnerre, le Sublime et Vertueux Tonnerre, qui avait du neutraliser Deux-Lames, il aurait réussi encore plus vite et de manière plus extraordinaire. Forcément.
Bon sang mais comment le peuple pouvait s'intéresser à ce scrogneugneu rustique alors qu'il avait la chance d'admirer un bel homme bien fait de sa personne, charismatique, bouleversant, stupéfiant, fracassant, semi-divin et grandiose comme lui.
- Bah ! Ce paysan n'a jamais eu l'ombre d'une chance en comparaison de mes exploits. Rétorqua-t-il en lissant sa chevelure inexistante. C'est forcément par inadvertance qu'il se tire de ses aventures. Enfin regardez-le ce vil margoulin.
Et pour ne rien arranger, sa sœur Whisper semblait avoir de l'affection pour cet usurpateur de Blade. Probablement une forte de pitié, se rassurait le guerrier parfait et transcendant. Sa merveilleuse petite perle ne pourrait pas avoir autre chose que du dédain pour ce sapajou. Tout comme d'ailleurs pour l'autre gamin là, comment s'appelait-il déjà ? Harreck ? Harrold ? Barry ? Mais si...ce petit ver de terre qui portait des pommes.
Impossible de se rappeler. Mais quoiqu'il en soit l'instinct de Tonnerre le Grandiose, infaillible et parfait comme toute sa personne, ne le trompait pas, ce Garry quelque chose n'avait ni talent ni classe. Il n'avait pas l'étoffe d'un être exceptionnel.
Aussi repartit-il dans sa tirade pour bien faire comprendre au public à quel point la seule lumière d'Albion, son protecteur et son gardien ésotérique, c'était lui, et lui seul.
- C'est que vous n'avez pas bien compris l'écart entre nous. Je l'ai vu ce Blade. Et mes amis, c'est bien peu de choses. Nous nous croisâmes un temps sur les routes, terrassant les immondices de l'Albion. Je ne fus guère impressionné, car pendant que je combattais gaillardement ces créatures immondes, qui se dressa devant moi pour partager la gloire de la bataille ? Blade, bien sûr. Comme s'il était invité à mon propre festin de bravoure. Il se tenait là, la mine sombre, comme un corbeau se repaissant des restes d'un banquet. Un médiocre parmi les médiocres.
"Ah, Blade, ce paysan égaré," me suis-je dit avec compassion pour ce rabouin, "que fais-tu ici, dans le domaine des véritables Héros ?" Il n'avait aucune idée de ce qu'était la véritable grandeur, aucune compréhension de la majesté qui émanait de ma personne. Et pourtant, il persistait, comme une tique accrochée à la peau d'un chien errant. Non pas que je sois un chien errant bien évidemment.
Ces hobbes, mes amis, étaient une épreuve pour tout Héros digne de ce nom. Mais pour Blade, c'était évidemment un défi insurmontable. Il trébuchait, se faisait bousculer, comme une poule sans tête courant dans une cour de ferme. Je me suis dit que même un simple paysan aurait fait mieux que lui. Mais non, il fallait que ce soit Blade, ce maître de l'ineptie, qui soit là à gesticuler maladroitement.
Et quand tout fut terminé, quand le dernier hobbe gisait à mes pieds, que fit Blade ? Se tourna-t-il vers moi pour reconnaître ma supériorité ? Non, mes ouailles, il continua comme si de rien n'était, consultant sa carte de quête comme s'il cherchait le chemin de la taverne la plus proche.
Ah, Blade, tu es un mystère. Un mystère que personne ne veut résoudre, car la solution n'apporterait que déception. Tonnerre le Lumineux n'a pas besoin de tes exploits insignifiants pour briller. Je suis le soleil qui éclaire cette contrée, et toi, Blade, tu es une étoile filante destinée à disparaître dans l'obscurité.
- Mais il a quand même vaincu Deux-Lames ? Objecta un des enfants tout en se curant le nez machinalement. Et vaincu nombre d'adversaires.
- Ha ! Deux-Lames ? Pff... Ce n'était rien de plus qu'un vulgaire coq de basse-cour qui s'est trouvé sur le chemin de Blade. Neutraliser un tel insignifiant ? Quelle prouesse ! Je pourrais en faire de même en me brossant les dents. Tonnerre le Gargantuesque, lui, a affronté des hordes de créatures bien plus redoutables, des monstres gigantesques qui feraient trembler n'importe quel manant. Blade peut se vanter d'avoir neutralisé Deux-Lames, mais il est loin d'égaler mes exploits légendaires. Les véritables héros ne se contentent pas de chasser de simples poulets, ils terrassent des dragons et défont des démons ! Blade n'est qu'une ombre dans mon sillage glorieux. Que le ciel me foudroie à l'instant si je mens !
OoOoOoO
Décidément combattre des Hobbes était virtuellement et intrinsèquement différent de combattre un autre humain.
Ces petits monstres puants n'étaient en rien des humains maniant des épées comme ses derniers adversaires. Leurs schémas d'attaque n'avaient aucun sens. Ils tournaient comme des toupies, se touchaient parfois eux-mêmes puis dans le même temps esquivaient des attaques avec une fluidité presque insolente avant d'envoyer des revers de hache qui faisaient trembler le bras d'Harry.
Notre Héro, en sueur et épuisé, affrontait vaillamment les Hobbes du marais. Son épée en acier fendait l'air alors qu'il parait les attaques de ces créatures stupides et rapides. À côté de lui, le marchand, complètement paniqué, tenait le sac à dos qu'Harry lui avait lancé, écarquillant les yeux à chaque cri de Hobbe et tremblant à chaque mouvement de combat.
- Par Avo, je suis trop jeune pour mourir ainsi ! gémit le marchand.
Harry, ne pouvant se permettre d'être distrait, se démenait pour réagir aux multiples attaques. Il entendit cependant des murmures. Une voix amusée retentit dans le sous-bois.
Tu sais, il y a simplement besoin de les faire courir. Les Hobbes, ils aiment bien ça, la course.
Harry s'arrêta net dans son mouvement, fixant le marchand d'un air interrogateur. Celui-ci haussa les épaules, pour montrer qu'il n'était pour rien dans ce qui venait d'être dit.
Qu'est-ce que...quoi ?
Harry fronça les sourcils, mais le cri d'un Hobbe lui rappela la réalité urgente de la bataille. Il se replongea dans le combat, mais la graine de curiosité était plantée dans son esprit. Ce ne pouvait pas être aussi absurde, si ?
Alors il tenta quelque chose qui lui aurait certainement valu les félicitations admiratives des jumeaux Weasley -paix à leur âme – et un regard de sidération haineuse de la part de Rogue.
Il laissa tomber son épée, prit sa voix la plus exagérément joyeuse, montra l'arbre le plus isolé et lointain d'eux et hurla d'une voix suraigue
- LE DERNIER ARRIVE LA-BAS EST UN POULET !
Les Hobbes se figèrent et le regardèrent d'un air éminemment stupide. Enfin...plus stupide que l'air affreusement ahuri et pervers qu'ils arboraient sur leur faciès habituellement.
Et voilà je viens de perdre la tête. Mais qu'est-ce qui m'a pris de faire ça ?
Pourtant, devant son regard hébété presque bovin, les créatures poussèrent des hurlements de surexcitation et, oubliant complètement l'affrontement ou leur convoitise, coururent en direction de l'arbre désigné en se poussant mutuellement. Un instant plus tard ils avaient tous disparu.
Pas possible…
Le marchand le regardait avec des yeux pleins de gratitude.
- Merci, mon garçon. Tu es vraiment un Héro ! Quand je pense que tout le monde me disait que jamais rien ne ressortirait d'un trip avec le fruitier !
Un trip avec le fruitier...et si je te le tuais là tout de suite ?
- Eh bien en fait je en suis pas sur que…
La voix du Maître de la Guilde sembla retentir dans son esprit.
« Vendez-vous, Harry ! Pas de fausse modestie. La réputation est fondamentale ».
Il se reprit de justesse.
- « ...je ne suis pas sur que ces créatures laisseront tomber, mais cette fois ils seront tombés sur plus fort qu'eux ! » Se reprit-il en affichant un air assez calme mais sûr de lui.
Toutefois, un tel stratagème risquait de ne pas durer plus que quelques instants.
- Continuons notre route.
C'était sage. Car une des petites créatures perfides, apparemment mieux remise de ses émotions, tourna ses yeux jaunes chafouins vers eux.
S'il alerte sa troupe, nous sommes fichus.
Il attaqua instinctivement de sa baguette. La hache du Hobbes disparut subitement, laissant Harry perplexe quant à la destination finale de son sort. Normalement l'evanesco sur un objet produisait un son particulier avant la disparition à proprement parler. Enfin bon, ça semblait avoir marché. A son grand désarroi par contre, une partie des vêtements avait disparu elle aussi.
Les hurlements de désespoir de la créature retentirent dans la forêt.
- Oh mon dieu mes yeux….mais comment ça peut être aussi moche ?!
Harry, lui-même beaucoup plus dégoûté qu'il n'aurait pensé, se retourna vers le marchand « vous aidez pas là ! ».
Il réessaya avec beaucoup plus de force...et absolument pas pour enlever cette vue de son périmètre proche.
Un frémissement se fit sentir tandis que une énergie sauvage s'écoulait brutalement dans son autre main. Et dans un craquement répugnant la créature boueuse disparut complètement.
« Le sortilège n'a pas marché comme je l'avais pensé » Murmura Harry. « Est-ce que la Volonté y est pour quelque chose. Où est passé ce Hobbes ? »
Laissant échapper un soupir de soulagement, il s'approcha du marchand.
- Je crois qu'on devrait éviter ce marais la prochaine fois. Ça ne semble pas être un bon endroit pour faire du commerce. Peut être qu'en reprenant le chemin à gauche de l'arbre avec la mousse nous pourrions contourner.
Le marchand hocha la tête avec enthousiasme.
- Oh, tu as raison, jeune Héro. On ferait bien de trouver une route plus sûre !
Harry restait perplexe quant à ce qui venait de se passer.
OoOoO
Au même moment, à des centaines de kilomètres de là, Tonnerre, l'Héro le plus extraordinaire des milles dernières années et des 2000 suivantes, se lança dans une de ses déclarations grandiloquentes.
- Vous n'imaginez même pas la prouesse que j'ai accomplie cette nuit, lâcha-t-il avec un sourire suffisant.
Il allait leur lâcher un de ces traits !
Soudain, un bruit de succion retentit, attirant l'attention de tous. Puis un immense éclat de rire retentit sur toute la place de la ville. La forme gluante, et nue, d'un Hobbes était réapparue d'une manière inattendue directement sur la tête de Tonnerre.
Tonnerre resta perplexe. Il n'avait pas encore sorti sa blague fétiche sur l'homme creux et le vendeur de citrouilles. Alors pourquoi son auditoire se gaussait-il ? Levant la main pour accentuer son discours, il était totalement inconscient du fait que quelque chose de visqueux et dégoûtant orne maintenant son crâne chauve.
Les réactions autour étaient variées : des rires sans fin, des regards perplexes et des exclamations étouffées. Personne n'osait révéler au Héro à quel point son humiliation s'amplifiait de seconde en seconde.
Et il y avait cette odeur de marais qui sortait d'on ne sait où.
OoOoOo
Harry profitait de la petite auberge du comptoir de Darkwood pour rédiger son compte rendu de mission. Document rébarbatif et formel qui serait envoyé à la Guilde pour figurer dans son dossier. Indispensable en attendant que sa renommée parle pour lui. L'exercice n'en était pas moins barbant.
Rapport de Mission
Émetteur : Harry
Destinataire : Le Maître
Date : [Date]
Objet : Compte rendu de la mission dans le marais
Résumé de la mission :
La mission consistait à explorer et sécuriser une nouvelle voie commerciale à travers le marais. Accompagné d'un marchand, nous avons rapidement rencontré des obstacles inattendus sous la forme de créatures locales appelées Hobbes. Ces êtres, bien que de prime abord peu menaçants, se sont avérés être des adversaires redoutables, agissant en groupe et de manière imprévisible.
Déroulement de la mission :
Nous avons progressé dans le marais en cherchant un passage sûr. Les Hobbes ont attaqué subitement, mettant à l'épreuve nos compétences de combat. J'ai rapidement compris leur nature naïve et stupide, ce qui m'a permis de les déjouer et de nous échapper.
Difficultés rencontrées :
Les Hobbes ont présenté un défi inattendu. Leur style de combat chaotique et leur propension à agir en groupe ont rendu les confrontations complexes. Néanmoins, j'ai réussi à les maîtriser grâce à des tactiques de diversion et à la découverte d'une faiblesse dans leur mode de vie.
Apprentissages :
La mission a renforcé ma compréhension des créatures magiques locales, en particulier les Hobbes. J'ai découvert que leur naïveté peut être exploitée pour éviter des affrontements inutiles. Cependant, il est clair qu'il me reste encore beaucoup à apprendre sur ces créatures pour maximiser leur prévisibilité.
Conclusion :
La mission a été un succès, bien que ponctuée de défis imprévus. Je suis désormais mieux préparé pour naviguer dans le marais et j'ajusterai mes stratégies en conséquence pour les futures missions. J'attends vos conseils et enseignements pour améliorer mes compétences dans ce nouvel environnement.
Fin du rapport
Une main frappa son épaule tandis qu'il mettait le point final. C'était Whisper, son habituel sourire moqueur sur les lèvres.
- heureusement que j'étais là pour te donner cette astuce, hein le gnome ? Le taquina-t-elle gentiment.
- C'était toi alors cette voix ? S'enquit Harry. Tu étais également en mission dans les marais ?
- Pas du tout. Fit la jeune femme. Ton grand copain Blade et moi avions fait un pari sur une mission précédente. Le perdant devait aller récolter des objets bien précis dans le nid principal des Hobbes de Darkwwod. J'ai perdu à peu de choses car ce corniaud à tête dure de paysan a prétendument glissé sur un os d'homme creux et m'a fait tomber. Bref, j'étais à deux pas de toi et je me suis amusée à te voir gesticuler face à la horde.
- Je suppose que je dois te remercie du conseil alors.
- Mais Harry, rigola Whisper, c'était simplement l'évidence. Tu as passé des heures dans la bibliothèque et tu ne t'en étais pas rendu compte ?
- Rendu compte de quoi ? De leur naïveté crasse?
- Les Hobbes sont stupides. Dangereux, retors, moqueurs, puants, spongieux,...mais profondément et irrémédiablement stupides. Évidemment ces petites raclures n'hésiteront jamais à te dévaliser de la tête aux pieds, à te grignoter les parties charnues et à taper ce qu'il reste, mais ils ne sont pas autre chose que des imbéciles crédules. L'option de la course était la plus évidente, mais ça se décline de mille façons différentes. Si tu les effrayes ils sont parfaitement susceptibles de détaler comme des lapins-chauves sans réfléchir.
- Vraiment ?
- Vrai de vrai. Une fois j'ai tapé mon baton contre un arbre avant de le montrer du doigt et de m'esclaffer bruyamment. Toute la colonie s'est instantanément arrêté de se battre pour se mettre à taper sur des arbres aussi, nous ignorant complètement mon client et moi.
- C'est bon à savoir pour la prochaine occurrence.
- Garde en tête une chose, minus. Reprit Whisper. Chaque créature de ce pays sordidement bizarre a une façon d'agir et souvent un trait dont on peu se servir. Pour gagner en efficacité, et surtout en temps – le temps c'est de l'argent – c'est bien que tu connaisses tous ces points.
Elle se servit sans vergogne dans la choppe d'Harry.
« Je suis pas très forte pour enseigner aux blanc-bec comme toi mais j't'aime bien le gosse. Alors oublie pas un truc, il y a quelque chose de crucial que tu dois comprendre en tant que Héros. Ce n'est pas seulement une question de missions à accomplir ou de requérants à aider. Il s'agit de bien plus.
- Plus ? Comment ça ? Répéta Harry se demandant ce qu'elle avait en tête, elle si peu loquace habituellement.
- Ben disons qu'avec le recul je me dis qu'être un Héros ne se résume pas à suivre des ordres ou à résoudre des problèmes immédiats. Il faut voir au-delà de la surface, au-delà de la mission du moment.
- Mais comment ? Les missions, c'est ce que la Guilde nous demande de faire. Regarde moi avec mes paniers de fruit à aider des paysans.
Whisper écarta l'argument d'un geste de la main. « ça c'est simplement une incidence. la Guilde ne te dira pas tout. Elle ne te montrera pas toutes les opportunités qui se présentent. C'est à toi de les découvrir. C'est à toi de développer cet état d'esprit dès maintenant. Parce que sinon tu resteras un larbin à peine plus digne de respect que les couillons incapables de passer l'examen de la Guilde.
- Quel état d'esprit ?
- Celui qui va au-delà des missions, qui explore, qui observe. Qui s'imprègne de l'environnement pour trouver des solutions que personne n'aurait envisagées en suivant simplement les ordres. Avancer en ligne droite sans regarder de tous les côtés c'est le début de la fin, merdeux. T'esquive pas, tu rebondis pas, tu contre-attaques pas, avec des œillères.
- Donc ton argument ça se résume à ca ? Observer intelligemment... s'imprégner de l'environnement...
- Mais évidemment ! C'est basique. C'est maintenant que tu dois acquérir cette perspective, avant que tu tombes sur bien pire que ces petites boules puantes. Les hobbes, par exemple, peuvent sembler inoffensifs, mais si tu les vois comme tels, tu passes à côté des opportunités. Et donc tu feras un jour la même erreur avec des créatures autrement pires comme les Balverines ou les Trolls.
- Oui il faut jouer de leur naiveté, mais de là à les considérer comme des sources d'opportunités ? Ils sont dangereux, non ?
- C'est plus subtil demi-portion. La population voudra simplement les exterminer sans chercher à comprendre. On te payera pour ça. Mais toi, tu dois être meilleur que ça. Tu dois voir au-delà de l'évidence, découvrir des solutions, même dans des situations apparemment simples. Jouer sur leur simplicité est une idée. Mais les observer et savoir ce qu'ils convoient réellement ce sera encore mieux. Ce crétin de Blade et moi on l'a appris à la dure parce qu'on était en compétition aveugle. Toi aussi tu dois l'apprendre, mais plus vite et mieux.
Elle jeta la choppe dans son dos avec désinvolture, fracassant un pot à fleur particulièrement hideux.
« C'est ainsi que tu grandiras en tant que Héros, pas seulement en résolvant des problèmes, mais en comprenant le monde qui t'entoure. Sois plus que le Héros que la Guilde te dicte d'être. Sois le Héros que tu décides de devenir. »
Puis. « L'addition est pour toi, morveux. Mon budget « élevage de gnomes » est déjà à sec. »
j'ai hâte d'avoir vos réactions. N'hésitez pas à commenter pour me donner avis, critique ou souhait d'anecdotes absurdes.
Clems17
