Chapitre 1

Quelque part dans un quartier résidentiel de Neo-Tokyo

"Bonjour, Neo-Tokyo ! Il est 7h30 et nous retrouvons Naka-san pour notre flash info matinal !"

"Merci, Haruka-san…"

"Attends… 7h30 ! Rin, pourquoi tu ne m'as pas réveillée ? !" s'écria une jeune fille, sa voix perçant l'air comme un coup de vent. "Mes cours commencent à 8h, je ne peux pas me permettre d'arriver en retard dès mon premier jour !"

Ces mots s'échappèrent de la bouche de Sakura Haruno, une jeune fille de 16 ans à la silhouette fine, d'à peine 1m60. D'un geste rapide, elle enjamba la pile de vêtements sales qui traînait là depuis la veille, résultat de sa fatigue accumulée. Elle se précipita dans la salle de bain. Ses cernes trahissaient les nuits agitées, trop peu de sommeil, trop de stress à cause de la rentrée, probablement. Mais malgré tout, elles ne ternissaient en rien l'éclat perçant de ses yeux, d'un vert émeraude profond, brillants de malice et d'une énergie toujours vive. Elle ouvrit le robinet d'eau froide, et se pencha pour passer ses mains trempées dans ses cheveux, dans une tentative de les dompter, aussi maladroite que rapide. La couleur rose de ses mèches, vive et peu commune, s'accordait d'ailleurs parfaitement avec l'intensité de son regard. Il y a six mois, elle avait décidé de changer de style, d'abandonner son allure garçonne et de les laisser pousser. Ses cheveux, si longtemps négligés, étaient devenus un défi de chaque matin. Mais le temps avait manqué, comme souvent, et ils restaient indomptables. Elle regarda l'heure, trop pressée pour tenter de faire des miracles, elle choisit la solution de secours : un ruban rouge, cadeau de son grand frère pour ses dix ans, qu'elle attacha à la manière d'un serre-tête, avec une facilité presque automatique. Elle se passa une dernière fois de l'eau froide sur le visage, les gouttes fraîches faisant disparaître la brume de sommeil qui s'accrochait encore à elle. Elle se tapota les joues, un petit geste rapide pour se réveiller, avant de se précipiter à nouveau dans la chambre. Là, elle remarqua que son familier n'avait pas bougé d'un pouce, comme d'habitude, enroulé en boule au pied du lit. Son museau reposait tendrement dans sa queue touffue, une image de calme et de confort. Le soleil, timide commençait à percer à travers les fenêtres et ses rayons chauds venaient caresser les longues oreilles de Rin, faisant ressortir leur blanc éclatant. Sakura s'arrêta un instant, un sourire doux effleurant ses lèvres, et observa son compagnon avec affection. Puis, discrètement, elle se tourna vers son uniforme, soigneusement préparé la veille. D'un geste fluide, elle enfila la jupe noire plissée, qui lui arrivait juste au-dessus du genou, et ferma les yeux un instant, respirant profondément. Elle débuta le rituel de l'uniforme, boutonnant chaque bouton de la chemise blanche avec précision, un à un. Elle passa la cravate noire, décorée de fines raies argentées, et enfila la veste assortie. Un détail, sur l'épaule de celle-ci, un "S" stylisé en argent, brodé avec soin, brillait discrètement à la lumière du matin. Elle jeta un dernier regard dans le miroir, ajustant une mèche rebelle qui ne voulait pas se plier. Satisfaite, elle attrapa une brioche au passage et se dirigea vers la sortie. Ses chaussures noires, assorties à l'uniforme, claquaient doucement contre le sol lorsqu'elle les enfila en hâte. La porte se ferma derrière elle dans un bruit mat, et, sans perdre une seconde, elle dévala les escaliers deux à deux, le cœur battant à l'idée de manquer l'Aérotram.

Une fois dehors, elle se précipita dans la rue, le vent frais du matin fouettant son visage, espérant de tout cœur qu'elle n'avait pas raté le dernier départ. Elle arriva finalement à la station à 7h50, complètement essoufflée. Elle n'avait pas couru aussi vite depuis longtemps. Comme toujours, le tram était bondé, et elle se retrouva coincée contre la fenêtre, incapable de bouger d'un centimètre. Bien que l'inconfort soit palpable, elle se contenta de profiter du paysage. De cet endroit, la ville semblait infinie. Neo-Tokyo, la plus grande métropole du monde, s'étendait à perte de vue. Les limites de la ville étaient invisibles, englouties par l'horizon. Pourtant, chaque quartier avait sa propre identité, et Sakura savait les reconnaître. Son propre quartier, résidentiel et tranquille, sans prétention architecturale mais d'une douceur certaine, était un havre de paix, surtout le matin. Elle aperçut le gérant de l'épicerie où elle faisait ses courses en pleine discussion avec la vieille dame qu'elle croisait souvent en bas de son immeuble, qui ne manquait jamais de lui rappeler de ralentir dans les escaliers. Elle n'y vivait que depuis six mois, dans un petit appartement de 20 m², mais malgré l'espace réduit, cet endroit était devenu son chez-elle et elle s'y sentait bien.

Son regard se perdit un instant, balayant plus loin, où se dessinait le foyer où elle avait grandi. Elle observa le pin qui trônait toujours au centre de la cour. Elle se promit de penser à le tailler un de ces jours. Le tram passa alors dans un tunnel, l'un de ces nombreux passages souterrains qui relient la ville en traversant les collines. En ressortant, Sakura se retrouva plongée dans le quartier des affaires, un océan de gratte-ciels étincelants, chacun plus extravagant que l'autre, dans une compétition silencieuse pour toucher le ciel. Elle s'imagina, un instant, travailler dans l'une de ces tours, et se surprit à rêver de la vue du dernier étage de la tour Hyuuga, cette immense structure qui dominait la ville depuis trente ans. En passant devant une structure ovale au design épuré, se distinguant par sa simplicité, Sakura reconnut le centre Yamanaka, ce complexe high-tech où étaient dévoilées les dernières innovations du groupe. On disait récemment qu'ils avaient développé un appareil capable de retranscrire les rêves dans la réalité. L'idée l'intrigua et elle se demanda ce que cela pourrait bien donner.

Après trente minutes de trajet, la voix robotique du tram annonça enfin : « Arrêt Senju Gakuen ». À l'entente de ce nom, Sakura se faufila entre les passagers, s'excusant d'une voix pressée chaque fois qu'elle bousculait quelqu'un sur son passage. Dès que la porte s'ouvrit, elle bondit hors du wagon et se précipita vers la sortie, son seul désir étant de ne pas trouver les portes du lycée déjà fermées. À sa grande surprise et soulagement, elles étaient encore ouvertes. Elle aperçut même quelques étudiants en uniforme qui entraient tranquillement dans l'enceinte du lycée, leurs pas décontractés contrastant avec l'urgence qui battait dans sa poitrine. Intriguée par leur calme, Sakura sortit de son sac la lettre officielle que Senju Gakuen lui avait envoyée pour l'admission :

« Mademoiselle Haruno,

Nous avons le plaisir de vous annoncer que vous avez obtenu la première place au concours d'entrée de Senju Gakuen. Vous êtes ainsi invitée à intégrer la section Civile en deuxième année à la prochaine rentrée : le 2 septembre de l'an 111.

L'obtention de cette première place vous accorde également l'accès à la bourse Senju, couvrant l'ensemble des frais liés à votre admission dans notre établissement. Vous trouverez ci-joint un coupon pour récupérer votre uniforme à la boutique ainsi qu'une liste des manuels scolaires nécessaires pour vos cours.

Nous vous attendons donc le 2 septembre à 9h00 dans le hall Tobirama de notre établissement.

Bienvenue à Senju Gakuen,

Votre principale, Tsunade Senju »

« Vous êtes donc attendue le 2 septembre à 9h00… » répéta Sakura doucement. Elle leva les yeux et aperçut l'heure affichée sur l'horloge du bâtiment administratif : 8h30. « Je suis en avance. » Elle éclata de rire, un peu nerveuse, sidérée par sa propre précipitation. Elle avait parfaitement respecté l'heure ce matin, mais avec les dernières semaines de travail au café, son bénévolat au foyer, et les montagnes de paperasse pour son changement d'établissement, elle était restée ancrée dans son ancien rythme. Son regard se posa à nouveau sur la lettre, puis sur l'horloge, et un soupir s'échappa de ses lèvres. « Bon, je suppose que j'ai un peu de temps pour explorer le campus avant que la cérémonie ne commence… » murmura-t-elle, un léger sourire sur les lèvres, décidant de profiter de cette avance inattendue. Elle glissa la lettre précieusement dans son sac en bandoulière avant de passer le portail, aussi décontractée que les élèves qui l'entouraient. C'était seulement la deuxième fois qu'elle franchissait ce seuil, la première ayant eu lieu le jour de l'examen, il y a deux mois. Elle se demanda si, à la fin de ses études ici, elle serait toujours aussi impressionnée par la grandeur du lieu. Le portail, monumentale œuvre d'art, était couvert de feuilles argentées et dorées, entremêlées dans des gravures délicates représentant différentes espèces d'arbres et de plantes. Toutes ces gravures convergaient vers le blason central, un "S" imposant, le même que celui brodé sur les vestes des étudiants. À lui seul, ce blason devait faire la taille de Sakura, mais il ne représentait qu'un quart de la taille du portail, impressionnant dans son raffinement.

Sakura essaya de se rappeler le chemin menant au hall de la cérémonie. Elle reconnut la statue centrale, érigée juste derrière le portail, visible de tous. Elle représentait les fondateurs de la Garde, Hashirama Senju, et du lycée, Tobirama Senju. La statue, aussi impressionnante que le portail lui-même, voire davantage, les dépeignait en armure, chacun portant son arme emblématique : des sabres pour l'un, une lance de deux mètres de long pour l'autre. Comme pour le portail, les armes étaient finement décorées de gravures évoquant les arbres majestueux de la forêt, un hommage subtil aux aptitudes du clan Senju, connu pour sa maîtrise unique de la manipulation du bois. Derrière les deux guerriers se dressaient fièrement deux créatures imposantes : un tigre aux dents de sabre, Sari, et un phénix aux yeux perçants, Suzaku, les deux « Childs » fondateurs. Les quatre figures se tenaient sur un socle, composé de ce qui semblait être des vestiges de démons. Bien que ne les ayant côtoyés qu'à travers les livres, Sakura reconnut sans peine les différents types de démons sculptés sur le socle : des créatures de niveau 1, les plus faibles mais aussi les plus répandues, jusqu'aux démons de niveau 4, plus rares mais responsables des dégâts les plus dévastateurs, comme lors de l'invasion il y a 13 ans. La nouvelle arrivée contourna la statue et se dirigea vers le bâtiment administratif, tout aussi imposant que majestueux. Les statues des directeurs qui s'étaient succédé depuis la fondation de l'école étaient installées directement sur la façade, un rappel silencieux que, même dans la mort, les anciens continuent de veiller sur ceux qui suivent leurs pas. Sakura franchit les grandes portes et pénétra dans un hall d'entrée gigantesque. Bien plus sobre que tout ce qu'elle avait observé jusque-là, l'endroit n'en demeurait pas moins impressionnant. La lumière naturelle filtrait doucement à travers un puits de lumière, apportée par la coupole de verre qui coiffait le bâtiment. L'escalier central, en marbre blanc, se dressait au fond du hall, ses rampes en bois noble sculptées avec soin, ornées des mêmes motifs de branches et de feuillage que l'on retrouvait un peu partout dans l'école. Le sol, lui aussi en marbre, était orné, en son centre, du blason de l'école, accompagné de sa devise : Ensemble, nous nous relèverons.

La jeune fille se dirigea vers l'escalier, et après un bref moment d'hésitation, choisit de tourner à gauche. Dans sa mémoire, le hall se trouvait de ce côté du bâtiment, et elle souhaitait s'en assurer avant le début de la cérémonie. Elle s'avança dans le couloir, ses pas résonnant légèrement sur le marbre. Au fur et à mesure de sa progression, elle passa devant de nombreux tableaux, chacun racontant un morceau de l'histoire de l'établissement : des batailles marquantes, la fondation du lycée, son ouverture aux civils, sans oublier les portraits des Childs et des maîtres célèbres qui avaient contribué à la renommée de l'école à travers le monde. On pouvait aussi apercevoir des portraits de civils, ceux qui, bien qu'incapables de manipuler des aptitudes, avaient joué un rôle crucial dans la reconstruction et le développement du pays.

Sakura poursuivit sa marche, mais plus elle avançait, plus elle commençait à douter de la direction qu'elle avait prise. Alors qu'elle se posait la question, des voix parvinrent à ses oreilles, venant d'un peu plus loin. Elle se dirigea instinctivement vers la source de la conversation. Après quelques pas, elle localisa le bureau d'où provenaient les voix. Sur la porte, elle lut : "Conseil des élèves / Représentants des apprentis". La porte était entrouverte, et, curieuse, elle jeta un œil à l'intérieur. Elle aperçut deux étudiants, vêtus d'un uniforme entièrement blanc, arborant un blason "S" brodé en or sur l'épaule. Des apprentis, songea-t-elle.
L'un des deux, grand et brun, absorbé dans ses pensées, lisait à voix haute ce qui semblait être un discours, tandis que l'autre, blond aux yeux bleus, baillait bruyamment sur le canapé.
« C'est si ennuyeux que ça ? demanda le brun, une moue désabusée sur le visage.
-Non, non, c'est juste que c'est très tôt…répondit le blond, tout en se redressant, Il est très bien ton discours. le rassura-t-il.
C'est à cet instant que Sakura prit une grande inspiration et, rassemblant son courage, toqua timidement à la porte. Elle la poussa légèrement et passa la tête dans l'ouverture, un sourire gêné sur le visage.
-Bonjour, je suis désolée de vous déranger mais je suis nouvelle et je cherche désespérément le hall Tobirama, demanda-t-elle, sa voix trahissant une légère hésitation.
Les deux jeunes hommes, interrompus dans leur activité, la regardèrent avec une surprise palpable. Le blond se leva en premier, avançant vers elle avec une nonchalance déconcertante, les mains dans les poches. Il se pencha légèrement pour la scruter de plus près, l'observant un moment qui sembla durer une éternité pour Sakura, ses joues passant du rose au rouge vif sous le regard insistant du jeune homme. Finalement, il afficha un grand sourire et, tout joyeux, lui répondit :
- Enchanté ! Moi c'est Naruto Uzumaki ! Ravi de faire ta connaissance !
Sakura, un peu prise au dépourvu par l'enthousiasme du jeune homme, tendit la main et lui rendit son sourire.
- Sakura Haruno, enchantée aussi. répondit-elle, un peu plus détendue.
À ce moment, la porte s'ouvrit complètement, laissant apparaître l'entièreté de son uniforme, ce qui fit réagir le brun. Il l'observa un instant avant de s'exprimer d'une manière beaucoup plus froide.
- Tu es une civile ? Les civils n'ont pas accès à cette aile du bâtiment. fit-il remarquer avec un ton empreint de dédain.
Sakura, déstabilisée par la différence de ton entre les deux amis, perdit un instant son sourire. Elle prit une grande inspiration, se redressant pour retrouver sa posture, et afficha un sourire plus poli, mais moins sincère que le précédent.
- Comme je l'ai dit, aujourd'hui est mon premier jour et je ne connais pas encore l'établissement. Je me suis un peu égarée en cherchant le hall. expliqua-t-elle calmement. Elle inclina légèrement la tête, marquant un respect silencieux. Je vous prie de m'excuser si je vous ai dérangés dans vos activités. ajouta-t-elle en relevant la tête, plantant son regard directement dans celui de son interlocuteur.
Le brun, soudainement pris de court par son attitude, se rendit compte qu'il avait parlé sans vraiment réfléchir. Ses joues prirent une teinte rosée, et, gêné, il détourna le regard.
- Pas besoin de t'excuser pour si peu. répondit-il, plus doux. Sasuke Uchiha, enchanté. Le hall se trouve de l'autre côté du bâtiment. Tu n'as qu'à nous suivre.
- Avec plaisir. répondit Sakura, tout sourire. Elle se tenait dans l'encadrement de la porte, les mains croisées derrière le dos, attendant que les garçons remettent correctement leur cravate et leur veste, profitant de ce moment pour les observer de plus près.
Naruto Uzumaki, un grand blond aux cheveux éparsement rebelles, semblait avoir autant de mal qu'elle à dompter ses mèches indisciplinées. Ses yeux, d'un bleu éclatant, faisaient penser à un ciel sans nuage, et il y avait dans son regard une étincelle de joie pure, une énergie qui semblait emplir la pièce d'une chaleur agréable. Il avait cette capacité rare à rayonner de bonne humeur, comme si sa simple présence avait le pouvoir de rendre le monde un peu plus lumineux. Quant à son comparse, il n'y avait pas de doute : cet homme-là était un Uchiha. Ses yeux et ses cheveux noirs comme l'ébène captaient immédiatement l'attention. Son visage, d'une symétrie parfaite, dégagé une prestance naturelle, presque royale. Il n'avait pas besoin de parler pour imposer le respect ; son charisme se manifestait dans chaque mouvement, dans chaque regard. Sakura, bien qu'elle n'ait croisé des membres du clan Uchiha qu'à quelques cérémonies officielles, pouvait déjà sentir cette aura distinctive qui émanait de lui, typique de sa lignée.
Elle fut interrompue dans son observation par les deux garçons qui s'avancèrent vers elle. Elle se décala poliment pour les laisser passer et les suivit dans le couloir. Sasuke, toujours concentré sur son document, répétait silencieusement son discours.
- On ne dirait pas, mais ça le stresse un peu de parler devant toute l'assemblée. murmura discrètement Naruto à Sakura. Pas assez discrètement, apparemment, car son commentaire lui valut un regard assassin de la part de Sasuke. Le blond, voyant que la situation devenait tendue, décida de changer de sujet pour détourner l'attention du brun. Alors, Sakura, en quelle année es-tu ?
- J'intègre la deuxième année. répondit fièrement la jeune fille, levant ses doigts dans un signe de victoire.
- Oh, mais on est dans la même promotion alors ! s'exclama Naruto en se tournant vers Sasuke. T'as entendu, Sas'ke ?
- Même année, oui. Même promotion, non. répondit Sasuke, sans lever les yeux de son discours.
- Ah oui, c'est vrai que les promotions civiles et apprenties sont séparées. réfléchit Naruto à voix haute, en se grattant le menton. Sakura rebondit sur le sujet.
- Mais, est-ce qu'il y a des cours en commun entre les deux, ou peut-être des activités ? demanda-t-elle.
- Non. répondit simplement Sasuke, sans même regarder.
- Ce que Sasuke veut dire, intervint Naruto, c'est que même si on partage certains profs, nos emplois du temps sont totalement différents. Ils ont essayé d'organiser des choses entre nous dans le passé, mais ça n'a jamais marché. Tu vois, toi tu dois étudier pour devenir médecin, professeur, pompier, ou ce genre de choses. Mais nous, une grosse partie de notre formation est axée sur les démons et comment les combattre.
- Donc, ça veut dire que vous n'avez pas vraiment d'autre choix que d'intégrer la Garde ? demanda Sakura, surprise.
- Si, si, bien sûr. répondit Naruto en haussant les épaules. Mais c'est assez limité. Même si on entre dans le civil, on fait toujours partie de la réserve. Et pour être dans la réserve, faut avoir une formation militaire. Tu vois le problème ? On n'est pas obligés d'intégrer la Garde, mais toute personne avec une aptitude doit suivre une formation militaire. Du coup, les options après le lycée sont assez restreintes. À moins que tu viennes d'une famille avec une grosse entreprise, là t'as plus de possibilités.
- Je vois… Sakura réfléchit un instant. C'est dommage que vous n'ayez pas plus de choix. L'aptitude n'est pas quelque chose qu'on choisit, on naît avec ou sans. Ça veut dire que dès la naissance, on vous dicte si vous devez risquer votre vie pour les autres… En quelque sorte, on vous prive de votre libre arbitre. Sasuke la fixa un moment, puis répondit d'un ton sec : En temps de guerre, la société doit faire ce qu'il faut pour survivre. C'est comme ça.
Il s'arrêta brusquement, marquant la fin de la conversation.
- Nous sommes arrivés devant le hall. annonça-t-il en désignant une porte au bout du couloir. Comme l'a dit Naruto, les civiles et les apprentis sont séparés et ils ne rentrent donc pas par la même entrée. La tienne est de l'autre côté. Il pointa une grande porte en bois blanc. Pas trop difficile à trouver, je pense. ajouta-t-il d'un ton narquois.
Sakura rougit légèrement, agacée par la remarque, mais elle se reprit et se tourna vers les deux garçons.
- Merci pour votre aide, je n'aurais pas aimé être en retard le premier jour.
Naruto, un peu gêné, se gratta la tête. Il se pencha vers elle et, à voix basse, souffla :
- Ce n'est rien, honnêtement, c'était plus intéressant de discuter avec toi que d'entendre encore une fois son discours.
Sakura éclata de rire. Puis, se tournant vers Sasuke, elle lui lança avec un clin d'œil malicieux :
- Ne t'inquiète pas pour ton discours, personne ne les écoute de toute façon. Elle se sentit soudainement satisfaite de sa petite vengeance et, avant qu'il ne puisse répondre, s'éclipsa rapidement.
Sasuke, toujours absorbé par son discours, fronça les sourcils, frustré, et froissa son papier d'agacement. Naruto, quant à lui, pouffa de rire en voyant la scène.
Il était maintenant 8h50, et l'afflux d'élèves dans le hall augmentait. Sakura avait rapidement repéré l'emplacement réservé à sa promotion et s'installa sur un siège près de l'allée centrale. En observant l'assemblée, elle remarqua que la section civile semblait de deux à trois fois plus nombreuse que celle des apprentis. Ses yeux parcouraient la foule, cherchant à reconnaître des visages qu'elle aurait pu voir aux informations ou dans les journaux. Deux silhouettes se démarquaient : leurs cheveux noirs aux reflets violets et les pupilles pâles, caractéristiques du clan Hyuuga, ne laissaient aucun doute sur leur origine. Elle aperçut également l'héritière de la famille Yamanaka, une jeune femme d'une beauté légendaire, souvent mise en avant par la famille pour promouvoir ses produits. Elle fut interrompue dans ses pensées par l'arrivée de plusieurs élèves, qui prirent place à côté d'elle. Elle tourna la tête et sourit chaleureusement à sa voisine.
" Bonjour, je suis Sakura Haruno. Je viens d'intégrer le lycée en deuxième année. Enchantée!
- Enchantée Sakura. Yui Kazane, rédactrice en chef du journal de lycée. lui répondit sa voisine en lui tendant la main, qu'elle serra volontiers.
- Sais-tu comment se déroule la cérémonie ? demanda Sakura, curieuse de savoir le temps qu'ils allaient devoir passer ici.
- Oh, oui, bien sûr. C'est toujours la même chose chaque année. La principale vient nous faire son discours de rentrée, où elle nous rappelle que nous sommes l'avenir du pays, que nos parents et la société ont placé tous leurs espoirs en nous, et que nous devons donc étudier dur pour ne pas les décevoir... Blablabla. dit Yui avec un sourire ironique et un ton ennuyé.. Ensuite, les majors de chaque promotion viennent faire un discours pour féliciter leurs camarades d'être encore là. Puis, dans un élan de fierté et d'amour, nous chantons en chœur l'hymne de l'école avant de repartir en classe. En gros, toute cette mascarade dure environ une demi-heure. conclut-elle avec un grand sourire.
Sakura éclata de rire. Elle-même n'était pas particulièrement fan des cérémonies et se sentit rassurée de voir que Yui semblait partager son point de vue.
- Je vois que ce genre d'évènement n'est pas vraiment ta tasse de thé. répondit la jeune fille amusée.
- Si j'adore! ironisa la jeune journaliste. Et le meilleur, c'est que, en tant que rédactrice en chef, je suis en charge de l'article sur la cérémonie. Donc, en plus de devoir écouter tous les discours, je dois les analyser pour être sûre de rien oublier. Heureusement, cette année, le major des deuxièmes années sera agréable à regarder. Ajouta-t-elle avec un clin d'oeil malicieux.
Un bruit de cloche retentit à travers l'école, annonçant le début de la cérémonie et imposant un silence immédiat parmi les élèves. La principale fit son entrée par la porte principale. Seul le son de ses talons claquant sur le sol troublait le silence pesant. Elle traversa le hall avec une démarche assurée, monta sur la grande scène et se positionna face au microphone.
« Chers élèves, civils et apprentis, je vous souhaite la bienvenue pour cette nouvelle année à Senju Gakuen. J'espère que votre été fut agréable. commença-t-elle d'une voix calme mais ferme.
Sakura, captivée, observa la principale. Elle était impressionnée par la prestance de cette femme, dont l'aura imposait respect et attention. Elle connaissait son histoire : membre du trio légendaire, elle détenait encore aujourd'hui le record du plus grand nombre de missions de niveau 4 réussies. Ses capacités exceptionnelles dans le domaine médical avaient permis le développement de nombreux remèdes et techniques qui avaient réduit drastiquement les pertes humaines au sein de la Garde. Très respectée dans les cercles militaires, son avis était toujours sollicité pour les décisions les plus délicates. Physiquement, la principale était loin des stéréotypes qu'on associe généralement aux femmes de sa génération. Le temps semblait avoir glissé sur elle. Son corps, sculpté et énergique, ferait pâlir d'envie n'importe quelle jeune fille de vingt ans, et Sakura elle-même ne pouvait que l'admirer.
- Bien, maintenant, je vais rappeler quelques points du règlement intérieur, annonça la principale, prenant un ton plus formel. Premièrement, l'accès à l'aile Est est formellement interdit à tous les élèves. Deuxièmement, les élèves civils sont interdits dans les bâtiments dédiés aux apprentis, sauf s'ils sont accompagnés par un professeur. Troisièmement... Elle s'interrompit soudainement, jetant un regard perçant à un élève assis au deuxième rang, à gauche de la salle. Sakura reconnut Naruto. Il est formellement interdit de débouler en moto au milieu du gymnase, sous aucun prétexte. Ainsi que dans le reste du campus, naturellement. Un rire secoua l'auditoire, et Naruto, rouge de gêne, s'enfonça dans sa chaise, cherchant à disparaître sous le sol. Sakura ne put s'empêcher de sourire devant cette scène.
- C'est quoi cette histoire ? murmura Sakura à sa voisine.
- Apparemment, il a perdu un pari contre Kiba Inuzuka lors d'une mission et a dû obéir à toutes ses demandes pendant une semaine entière. L'une de ces demandes a impliqué l'utilisation de la moto dans le gymnase. L'histoire a fait le tour du campus l'an dernier. Ça a bien amusé tout le monde, sauf la directrice, bien sûr. Mais comme Naruto est son filleul, il n'a pas risqué grand-chose, à part cette petite humiliation publique. expliqua la jeune journaliste, un sourire malicieux sur les lèvres.
La principale conclut son discours sur ces mots, visiblement satisfaite de l'effet produit, et céda la place au major des premières années. Une jeune fille de la section civile, manifestement impressionnée par l'événement, se présenta au pupitre, son léger bégaiement trahissant son stress. Cependant, au fur et à mesure de son discours, elle se détendit et parvint à enchaîner jusqu'à la fin. Les applaudissements, timides au départ, prirent un peu plus d'ampleur à mesure qu'elle quittait le pupitre, et l'excitation se fit palpable lorsque le prochain orateur fut appelé. Sakura n'eut aucun mal à reconnaître Sasuke. Son charme naturel exerçait une attraction évidente sur la gente féminine. Des acclamations retentirent de tous côtés dans la salle – civiles ou apprenties, elles semblaient toutes à ses pieds. Il s'avança tranquillement, posa une feuille froissée sur le pupitre, et tapa du doigt sur le micro pour réclamer le silence. Ce dernier se fit immédiatement, chaque mouvement de Sasuke captant l'attention. Il détendit son nœud de cravate avant de se préparer à lire son discours, celui qu'il avait répété encore et encore.
- Chers camarades de deuxième année... Sa voix, calme et posée, résonna dans la salle. Il leva les yeux, cherchant son public. À cet instant, ses pupilles croisèrent brièvement deux yeux verts qui le regardaient intensément, sans admiration, mais avec une sorte d'attention calme et distante. Ce regard, loin d'être celui de l'inconscient groupe de fans qui l'entouraient habituellement, le déstabilisa. Cela ne dura qu'une fraction de seconde, mais suffisamment pour briser son assurance. Elle a raison, pensa-t-il. Personne ne prête attention à ce que je dis, ce n'est qu'un discours inutile ajouté à la longue liste de discours sans intérêt pensa-t-il avec ennui. Il souffla intérieurement, prit sa feuille et la retourna. Il inspira profondément, puis plaça ses mains de part et d'autre du pupitre, son corps se tendant légèrement.
- Comme vous l'avez déjà entendu, nos familles, nos parents, et la société tout entière attendent beaucoup de nous. Il marqua une pause, scrutant la section des apprentis avec un regard un peu plus appuyé. Pour beaucoup d'entre nous ici présents… Il s'arrêta un instant, presque comme pour souligner le poids de ses mots. … notre avenir est déjà tout tracé et laisse peu de place à l'improvisation. En tant que major et représentant des élèves de deuxième année, voici donc mon message pour vous. Profitez de votre temps ici pour apprendre, bien sûr, mais aussi pour faire de nouvelles expériences, essayer de nouvelles choses, et saisir les opportunités qui se présenteront. Avant que le cours de la vie ne vous rattrape. En bref… soyez des adolescents et amusez-vous.
Il conclut son discours dans un silence total, qui tranchait avec les acclamations qu'il avait reçues en début de discours. Il chercha son meilleur ami du regard. Ce dernier le fixa un instant, médusé, avant de se lever et de siffler bruyamment pour marquer son approbation. Il fut bientôt rejoint par l'ensemble de la salle, qui se leva en bloc, applaudissant unanimement le jeune Uchiha. Sasuke tourna son regard vers l'autre côté de la salle, où il repéra de nouveau ce regard qui l'avait troublé plus tôt. La jeune fille, elle aussi debout parmi sa promotion, l'applaudissait avec vigueur. Elle lui fit un signe de tête, comme pour lui signifier qu'elle était tout à fait d'accord avec ses paroles. Ce geste, inattendu, lui décrocha un léger sourire en coin. Il récupéra son discours, le roula en boule et, sans un mot de plus, retourna s'asseoir au fond de la scène.

La cérémonie s'étira de quinze minutes supplémentaires avant qu'il ne soit enfin temps de se diriger vers les salles de classe. Sakura suivit sa camarade, qui se révéla être dans la même classe qu'elle. En tant qu'élèves civiles, elles durent traverser la cour et rejoindre un bâtiment situé à l'extrême ouest du campus. Le secteur des apprentis se trouvait au sud, tandis que la zone administrative était au nord. En chemin, les élèves discutaient vivement du discours du major. Beaucoup d'entre eux furent étonnés par la façon dont ses propos se démarquaient de la routine habituelle. « Comme quoi, même un Uchiha peut penser librement », lança un garçon du groupe.
« Je l'ai trouvé très courageux », enchaîna une camarade. « Il a pris un gros risque. Ce n'est pas bien vu de sortir des sentiers battus et de braver les discours officiels. »
« Courageux de rien du tout », intervint un troisième en haussant les épaules. « Il reste un Uchiha. Je parie que personne ne lui fera de reproche. Ils ont trop peur de sa famille pour ça. Et puis, ce qu'il a dit, franchement, ce n'est pas révolutionnaire : soyez jeunes, faites la fête. Quelle révolution ! » ironisa-t-il.
Les opinions fusaient dans tous les sens, mais celle qui intéressait le plus Sakura était celle de la journaliste.
« Alors, qu'est-ce que tu vas écrire dans ton article ? demanda-t-elle, curieuse.
- Que la folie a atteint le clan Uchiha ! répondit Yui en mimant un titre accrocheur. Sérieusement, cette fois, la cérémonie sera en une du journal ! s'exclama-t-elle, visiblement excitée. Il a enfin réussi à rendre cette purge intéressante ! Regarde comme les gens en parlent ! Peu importe ce qu'on pense de ses propos — que ce soit immature, vu la guerre qui se profile, ou courageux, parce qu'il a osé défier l'ordre établi des apprentis — il a brisé un tabou et lancé un vrai débat. Ça ne durera peut-être que quelques heures, mais pour une fois, on parle de lui pour autre chose que son look ou la dernière fille avec qui il a été vu au dîner du maire. »
Sakura sourit en entendant l'analyse de sa voisine, avant de se concentrer sur le chemin, cherchant à le mémoriser correctement. Leur classe se trouvait au deuxième étage, dans une salle qui ressemblait à toutes celles qu'elle avait connues jusqu'ici. Elle ressentit une légère déception : elle avait espéré un peu plus de créativité dans la décoration, mais l'endroit restait plutôt conventionnel.

Le professeur principal entra alors, un homme de taille modeste, à peine plus grand que Sakura. Contrairement à la principale, dont l'apparence semblait figée dans le temps, les années s'étaient clairement inscrites sur le visage du professeur. Ses lunettes étant légèrement de travers, il les ajusta d'un geste machinal avant de commencer l'appel. Après cela, il distribua les emplois du temps et entama son cours d'histoire, la voix posée, mais marquée par une certaine lassitude.
L'heure du déjeuner sonna, et l'ensemble des étudiants se dirigea vers le réfectoire, situé au cœur du campus. Là où la simplicité régnait dans les salles de classe, le faste réapparaissait en grand. La porte d'entrée, majestueuse et ornée de sculptures finement travaillées, ressemblait à celles qu'elle avait observées dans le bâtiment administratif. En franchissant le seuil, Sakura fut immédiatement envoûtée par les arômes enivrants qui s'échappaient des cuisines. D'un pas vif, elle se dirigea vers les buffets, ses yeux pétillant d'anticipation.
Ce qu'elle y trouva dépassa ses attentes : un festin digne des plus grandes tables. Des spécialités venues des quatre coins du pays, toutes préparées sur place, étalaient leurs couleurs et saveurs sur des présentoirs étincelants. Un bar à desserts, véritable paradis sucré, débordait de pâtisseries somptueuses et de douceurs variées – des éclairs fondants aux tartes délicatement dorées. Les yeux de Sakura s'illuminèrent à la vue de son péché mignon, et, sachant que sa bourse prenait en charge tout ce festin, elle ne se priva pas. Son regard s'attarda un instant sur les pâtisseries, un sourire en coin se dessinant sur ses lèvres. Une fois son plateau généreusement garni, elle se dirigea vers la salle à manger.
A l'intérieur, le décor rivalisait de grandeur. Les murs étaient tapissés de boiseries sombres, rehaussées de dorures discrètes qui captaient la lumière douce des lustres en cristal. De larges fenêtres laissaient pénétrer la lumière naturelle, illuminant les longues tables en marbre noir, soigneusement dressées de napperons immaculés. Le plafond, haut et décoré de fresques délicates représentant des scènes historiques, donnait à la salle une ambiance à la fois intime et grandiose. Les étudiants, déjà installés, parlaient à voix basse, leur conversation se mêlant aux bruits agréables des couverts et des rires discrets.
Elle scruta la vaste salle à la recherche d'une table libre, ses yeux balayant les rangées de convives assis, plongés dans leurs conversations. Au loin, elle aperçut une silhouette faisant de grands signes. Pensant que ces gestes étaient adressés à quelqu'un derrière elle, elle se tourna brièvement, mais ne vit personne réagir. Reposant son regard sur la personne qui l'appelait, elle plissa les yeux et, après un instant d'hésitation, reconnut la chevelure blonde et éparse de Naruto. Elle lui rendit un signe discret pour lui faire savoir qu'elle l'avait repéré, puis se mit en route vers le fond de la salle. Au fur et à mesure qu'elle s'avançait, Sakura sentit les regards des élèves civils se poser sur elle. L'intensité de ces regards, emplis de curiosité et de questionnements, la déstabilisa légèrement. Elle se rendit vite compte que, comme dans le reste de l'établissement, une séparation tacite régnait dans le réfectoire : les civils d'un côté, les apprentis de l'autre. Les tables semblaient être disposées selon cette règle invisible, et, à mesure qu'elle progressait vers la zone où les apprentis étaient installés, elle prit conscience qu'elle franchissait une limite implicite. Elle était, après tout, invitée par Naruto, un des leurs. Cette pensée la réconforta et lui rendit un peu de son assurance. Ignorant les regards qui continuaient à la suivre, elle poursuivit son chemin. Elle prit place en face de lui.
- Alors, premières impressions du lycée ? demanda Naruto entre deux bouchées de ramen, la bouche encore pleine.
- Eh bien, c'est vraiment très grand, déjà. répondit Sakura en réfléchissant. Très beau aussi, même si les salles de classe sont un peu banales en comparaison. Et pour l'instant, les gens sont vraiment accueillants avec moi. ajouta-t-elle avec un sourire, en pointant son camarade du bout de sa baguette, qui lui rendit un sourire espiègle.
- Et t'en as pensé quoi du discours de Sasuke ? lui demanda-t-il en buvant une gorgée de bouillon.
Sakura prit un moment pour réfléchir avant de répondre.
-J'ai l'impression que ça a beaucoup fait parler, non ?
-C'est peu de le dire. répondit Naruto, la bouche pleine. Il est dans le bureau de la principale depuis une demi-heure.
- Ah ouais, je ne pensais pas que c'était si sérieux ! s'étonna Sakura.
- Tu n'as pas idée. répondit Naruto en haussant les épaules. On nous répète depuis qu'on est gamins que notre seul but dans la vie est de tuer des démons. Qu'on a un don rare et qu'il s'accompagne de grandes responsabilités. Il attrapa un autre bol de ramen. Pour la plupart d'entre nous, la vie se résume à ça : aller au lycée, suivre des cours le matin, s'entraîner l'après-midi, puis faire des missions pendant notre "temps libre"… Et ça depuis qu'on a 12 ou 13 ans. Alors entendre le fils du général de la Garde dire qu'il faut profiter de notre jeunesse, ça a un sacré impact. Il lui adressa un sourire complice.
- Oui, je comprends. répondit Sakura, son regard devenant pensif. Dans ce cas, je pense qu'il a eu raison de profiter de sa position pour faire passer ce message.
- Honnêtement, dit Naruto en haussant les épaules, si on ne t'avait pas croisée ce matin, il n'aurait jamais eu cette idée. Donc, une partie du mérite te revient, tu sais ? Le blondinet lui lança un clin d'œil, ce qui fit rougir Sakura.
- Une partie de la punition aussi, du coup ? interrompu une voix grave derrière elle. Sasuke venait d'arriver, s'installant à côté de Sakura et laissant son plateau tomber lourdement sur la table.
- Alors, ça a donné quoi ? demanda Naruto, un air inquiet sur le visage.
- Eh bien, les nouvelles vont vite, commença Sasuke en se servant un peu de viande. Elle a fait venir mon père. Il m'a fait la morale sur le fait que, nous les Uchiha, on doit montrer l'exemple. Il m'a dit que c'était complètement immature de ma part d'encourager mes camarades à sombrer dans la "frivolité", surtout avec la guerre qui fait rage et tous les sacrifices à faire. Il prit une bouchée de viande avec lassitude. Oh, et j'oubliais : jamais ton frère ne se serait abaissé à ce niveau. Ajouta-t-il en imitant le ton autoritaire de son père.
-Ouch ! Celle-là elle pique, répondit Naruto, sa voix trahissant son amusement malgré la situation tendue. Et la punition alors?
Présence obligatoire au dîner annuel organisé par le maire, lança-t-il avec ennui, en observant d'un œil distrait la prochaine bouchée qu'il allait avaler. Je devrai y prononcer un discours pour motiver notre génération à se battre.
Son regard s'égara un instant, se posant sur son poignet où reposait une montre en or, délicatement sertie de pierres noires. L'objet, simple mais luxueux, captait la lumière tamisée de la pièce, et Sakura y distingua des détails subtils qui évoquaient l'histoire du clan Uchiha : le cadran, orné de gravures fines représentant des flammes, renvoyait à la maitrise du feu, héritage ancestrale qui faisait la fierté de cette lignée, les aiguilles, elles aussi, étaient marquées du blason familial. À chaque tour de cadran, quand l'aiguille des secondes passait devant les autres, l'éventail rouge et blanc, emblème du clan, se reformait lentement.
Mince… murmura-t-il en terminant sa bouchée et en vidant d'un trait son verre d'eau. On est en retard, Kakashi voulait qu'on le rejoigne avant le début de l'entraînement.
Il s'adressa à son collègue qui, pour sa part, engloutissait déjà son troisième bol de ramen, insouciant du temps qui passait.
Mais Kakashi est toujours en retard, se plaint le blond. On peut bien traîner encore un peu, non ?
Le brun secoua la tête avec une lueur déterminée dans les yeux.
Non. J'ai anticipé son retard dans le calcul de l'heure. Il mit le bout de brioche qu'il gardait pour le dessert dans sa bouche et se leva rapidement, se dirigeant prestement vers la zone des déchets.
Désolée, Sakura. Le devoir nous appelle. Il fit un salut militaire avec une exagération comique, avant de se saisir d'une cuisse de poulet et de rejoindre son ami à une vitesse qui trahissait l'urgence de la situation. La jeune fille se retrouva soudainement seule, abandonnée à sa table, noyée au milieu de la section des apprentis. Les regards convergèrent vers elle, lourds et pénétrants, remplissant l'air d'une tension palpable. Chaque œil fixé sur elle semblait alourdir l'atmosphère, l'étouffant lentement sous une pression invisible. Un malaise profond s'empara d'elle. Elle décida d'écourta son repars. Elle quitta le réfectoire et s'échappa dans le calme du parc, où elle espérait retrouver un peu de répit, loin des jugements silencieux. L'été régnait encore. Le soleil, suspendu dans le ciel, atteignait son apogée, déversant ses rayons dorés sur la terre, infusant l'air d'une chaleur agréable, mais pas accablante. Les oiseaux chantaient discrètement, et une légère brise caressait les feuilles des arbres, offrant une fraîcheur bienvenue. Sakura se dirigea vers une partie ombragée du parc, où plusieurs étudiants s'étaient déjà installés. Certains profitaient de l'ombre des grands arbres pour pique-niquer, d'autres jouaient tranquillement ou s'étendaient, absorbés dans des siestes réparatrices à l'abri du soleil. Elle s'éloigna un peu du groupe, cherchant un endroit plus calme, un arbre isolé. Là, sur l'herbe duveteuse, elle déposa sa veste, la pliant soigneusement, avant de s'adosser contre le tronc. La sensation de fraîcheur qui émanait de l'écorce contrastait agréablement avec la chaleur douce du soleil, et, laissant échapper un profond soupir, elle ferma les yeux. L'ombre et le calme du lieu l'enveloppèrent, et, bercée par le doux murmure de la brise, elle s'abandonna à un sommeil bien mérité, même s'il ne durerait que quelques instants. Au bout de quelques minutes, elle sentit soudainement l'absence des doux rayons du soleil sur son visage. L'instant d'après, ses paupières s'ouvrirent lentement, encore alourdies par le sommeil. Elle se retrouva face à une silhouette masculine, immobile, qui la scrutait sans détour. Le choc de cette rencontre inattendue la fit reculer brusquement, et la tête heurta violemment le tronc derrière elle. Une douleur fulgurante traversa son crâne, la faisant grimacer. Elle porta instinctivement une main à l'arrière de sa tête pour apaiser la douleur.
Oh non ! Je suis désolé, je ne voulais pas te faire peur ! s'excusa le jeune homme, ses mots précipités, accompagnés de multiples inclinaisons de tête. C'est juste que je te trouvais tellement jolie sous cet arbre, et je n'ai pas pu m'empêcher de venir me présenter. Je n'avais pas réalisé que tu dormais. Désolé, désolé... pardon.
Sakura, dont la douleur au crâne s'apaisait peu à peu, tourna le regard vers celui qui avait perturbé son sommeil. Il portait l'uniforme de la section des apprentis. Son visage rond était accentué par une coupe de cheveux à la mode d'un autre temps, une sorte de bol qui alourdissait encore l'expression de ses yeux. Ces derniers étaient noyés sous une frange épaisse, qui se confondait presque avec les sourcils touffus qui ornaient son front, le tout lui conférant un air plutôt maladroit, à la limite de l'enfance. Pas du tout mon style, pensa Sakura, un peu gênée par la situation.
Ce n'est pas grave, finit-elle par répondre, cherchant à se défaire de l'embarras qui montait en elle. Tu m'as plutôt rendu service, en fait. J'avais oublié de mettre un réveil et je serai probablement arrivée en retard au cours de l'après-midi, ajouta-t-elle, ponctuant sa phrase d'un rire cristallin.
Le jeune homme, visiblement sous le charme de son rire, rougit vivement. Il fallut quelques secondes avant qu'il ne retrouve ses moyens. Toussotant maladroitement pour reprendre une voix plus assurée, il tendit la main dans un geste solennel.
Je me présente : Lee Rock ! s'exclama-t-il avec enthousiasme. Aussi surnommé par mes admirateurs le « Dragon de Jade ». Troisième année. Ravi de faire ta connaissance... ? La question restait suspendue, comme une invitation implicite à la faire répondre.
Sakura, quelque peu désorientée, prit un instant avant de répondre. Oh, euh... Oui. Sakura Haruno, promotion de deuxième année. Enchantée également, répondit-elle avec un sourire maladroit, tandis qu'elle acceptait sa main pour se redresser d'un mouvement rapide. Elle épousseta sa jupe d'un geste furtif, remit ses mèches rebelles derrière son ruban, et se sentit soudainement plus à l'aise.
Chère Sakura, poursuivit Lee, son regard brillant d'une intention qu'elle ne pouvait ignorer, accepterais-tu que je t'accompagne à ton prochain cours pour me faire pardonner de mon comportement ?

Sakura, surprise par la question, se retrouva prise dans un dilemme. Le jeune homme semblait clairement avoir jeté son dévolu sur elle, mais elle ne ressentait pas la moindre attirance. Elle savait qu'il ne s'agissait que d'un flirt naïf, mais ne voulait pas lui donner de faux espoirs. D'un autre côté, il était un apprenti, et elle ne pouvait pas échapper à la complexité de la situation : un refus trop sec pourrait être mal interprété. De plus, elle n'avait aucune envie de risquer de se perdre dans les couloirs, à la recherche de son prochain cours. Elle décida donc de jouer la carte de la diplomatie.
D'accord, répondit-elle, après un moment de réflexion, merci pour ta proposition, Lee.
Ainsi, en acquiesçant, elle accepta, malgré elle, une compagnie qu'elle n'avait pas sollicitée, mais qui, dans l'immédiat, lui semblait plus pratique qu'un refus catégorique.
Elle laissa Lee prendre les devants, essayant tant bien que mal de cacher la gêne qui la submergeait sous le poids de son regard. Cela n'était pas nouveau pour elle. Les regards insistants des garçons, les compliments forcés, ou même les avances maladroites en pleine rue, elle en avait l'habitude. Avec sa chevelure rose et ses grands yeux verts, difficile de passer inaperçue. Et, pour être honnête, elle n'hésitait pas à jouer de ses atouts de temps en temps, quand l'occasion se présentait. Il faut savoir utiliser ce que la nature nous a donné, lui avait un jour dit une collègue au café. Et un sourire bien placé pouvait parfois faire la différence, surtout quand il s'agissait d'un bon pourboire.
Je ne t'avais encore jamais vue dans le coin, tu viens d'intégrer l'établissement ? demanda Lee, cherchant clairement à briser le silence gênant.
C'est ça, aujourd'hui est mon premier jour. J'ai passé l'examen d'entrée il y a deux mois et j'ai pu intégrer directement la deuxième année, répondit-elle calmement.
Impressionnant ! J'ai entendu dire que l'examen pour les civils étaient super difficile, qu'il faut vraiment bosser dur pour y arriver. Lee lui lança un regard admiratif.
C'est vrai, c'était loin d'être facile, confirma Sakura avec un petit rire. Et toi, d'où vient ce surnom de « Dragon de Jade » ? demanda-t-elle, plus par politesse qu'autre chose.
Oh, c'est à cause de mes compétences au combat ! Sur le champ de bataille, je deviens une véritable bête féroce, expliqua-t-il avec un sourire fier. En plus, comme je peux contrôler des cristaux, mes coéquipiers m'ont donné ce surnom. C'est un peu cliché, mais bon... Il haussait les épaules, visiblement heureux d'en parler. Et puis, contrairement à beaucoup d'apprentis, je viens pas d'une grande famille. Je suis le premier de chez moi à développer une aptitude, donc obtenir un surnom comme ça, c'est une preuve que j'ai réussi à faire mon trou. confia-t-il.
Sakura le regarda, surprise. C'est assez rare, non ? Les aptitudes se transmettent généralement de génération en génération. Je n'avais jamais rencontré de cas comme le tien.
Oui, c'est rare... répondit-il d'un ton plus sérieux. Et c'est pas facile de se faire une place. Faut travailler deux ou trois fois plus que les autres pour obtenir les mêmes résultats. Je n'ai que moi-même sur qui compter pour monter en grade. Il gonfla fièrement les biceps. Mais, avec mon entraînement acharné, je vais leur montrer que quelqu'un peut partir de zéro et atteindre le sommet à force de travail.
Sakura commença à ressentir un certain respect pour lui. Après tout, ils n'étaient pas si différents. Tous deux n'avaient pas l'habitude d'être dans les hautes sphères de la société, mais grâce à leur travail acharné, ils étaient en train de tracer leur propre chemin vers l'élite, elle parmi les civils, et lui parmi les apprentis.
Eh bien, Lee, je te souhaite bonne chance. Elle baissa un peu la voix, comme pour que personne d'autre n'entende. Moi aussi, je suis là grâce à la bourse Senju. Je comprends ce que tu traverses. Mais si je travaille dur, je suis sûre que j'arriverai à gravir les échelons et à changer mon destin.
Les yeux de Lee, déjà hypnotisés par la beauté de Sakura, s'illuminèrent d'admiration. La bourse Senju ? Ça veut dire que tu as terminé première de l'examen ? demanda-t-il, impressionné.
Affirmatif, répondit-elle en souriant, levant l'index comme pour souligner sa victoire.
Impressionnant. Il sembla réfléchir un instant avant de proposer : Je te propose un truc. Disons dans dix ans, quand je serai devenu colonel de la Garde et que toi tu seras... ? Il la regarda, attendant sa réponse.
Chirurgien pédiatrique, répondit-elle, amusée par la question.
Et que toi tu seras la chirurgienne pédiatrique la plus respectée du pays, on se retrouvera sous cet arbre là-bas et on trinquera à notre réussite ! Il tendit joyeusement son petit doigt, proposant ainsi de sceller la promesse, comme ils le faisaient étant enfant.
Sakura, surprise mais amusée, tendit à son tour son petit doigt. Rendez-vous pris ! rit-elle. Ils reprirent leur marche, discutant de tout et de rien, jusqu'à ce qu'ils arrivent devant le bâtiment de Sakura.
On est arrivé. Lee se tourna vers elle et, avec une révérence théâtrale, la gêna un peu. Ma chère Sakura, ce fut un plaisir de te rencontrer aujourd'hui, et j'espère qu'on aura l'occasion de discuter encore à l'avenir. À la prochaine !
À la prochaine, Lee ! Bonne chance ! répondit-elle en le saluant depuis le perron de son bâtiment, un sourire en coin, déjà un peu plus détendue après cette rencontre.

Elle commença à gravir les escaliers en direction de sa salle de classe. Les couloirs étaient presque vides, ses camarades n'étaient pas encore revenus de la pause. Elle se dirigea sans hâte vers sa place au fond, près de la fenêtre. Après quelques minutes, des bruits de pas résonnèrent dans le couloir, et les premiers élèves commencèrent à revenir. Leur bavardage s'arrêta net dès qu'ils aperçurent Sakura, assise seule et plongée dans sa lecture. Un groupe de trois, Yui en tête, s'avança rapidement vers elle, chacun prenant une chaise qu'ils disposèrent en cercle autour de son bureau. Sakura les regarda, confuse.
Oui...? lança-t-elle, ne comprenant pas bien ce qui se passait.
Tu connais Sasuke Uchiha et Naruto Uzumaki ?! demanda Yui, les yeux brillants d'excitation. La petite blonde aux lunettes et le garçon aux cheveux gris attendaient la réponse avec impatience.
Euh... oui, je crois qu'on peut dire ça. Sakura répondit, un peu perdue. Cela pose un problème ? demanda-t-elle, mal à l'aise.
Non, non ! C'est juste incroyable ! s'exclama Yui, gesticulant. C'est la première fois depuis... depuis... je sais pas, la première fois qu'on voit des apprentis manger avec une civile au réfectoire ! Et en plus, des membres de l'Élite !
Sakura se souvint soudain de l'atmosphère tendue lors du déjeuner, lorsque Naruto l'avait invitée à se joindre à lui. Elle comprenait enfin que les distinctions entre les promotions étaient non seulement sociales, mais presque culturelles. Et, elle, qui n'avait pas voulu faire de vague, avait attiré l'attention de toute l'école avec un simple geste.
Je n'en avais pas conscience... avoua-t-elle, gênée. Naruto m'a invitée à le rejoindre, donc je ne me suis pas vraiment posée de questions. Honnêtement, je ne les ai rencontrés que ce matin. Ils m'ont aidée à retrouver mon chemin dans le bâtiment administratif, je m'étais un peu perdue. Elle lança un regard vers ses camarades, qui l'écoutaient attentivement.
La petite blonde prit alors la parole, sa voix aigüe trahissant un sentiment de frustration.
La vie est vraiment injuste ! Ça fait cinq ans que j'essaie de me faire remarquer par lui, et toi, dès le premier jour, hop, tu te retrouves à partager un repas avec lui ! souffla-t-elle, visiblement déprimée, se consolant en se penchant sur son ami.
Le garçon aux cheveux gris lui lança un regard complice et répondit :
Elle fait partie du fan club de Sasuke, se sentit-il obliger de préciser.
Sakura, un peu déstabilisée, essaya de détendre l'atmosphère.
Si ça peut te rassurer, on a échangé trois phrases tout au plus, et il ne m'a même pas adressé la parole pendant le déjeuner. Elle haussait les épaules, comme pour montrer que ce n'était vraiment pas grand-chose. Mais elle n'était pas préparée à la réaction qui suivit.
La blondinette semblait exploser de rage, son aura devenant presque noire, et elle frappa le bureau de son poing avec une force surprenante.
Tu devrais être comblée ! s'écria-t-elle. Tu sais combien de filles auraient tué pour être à ta place, même juste une demi-seconde ?! Les apprenties peuvent le côtoyer tous les jours, et encore, seules les filles de l'Élite peuvent réellement avoir ce genre de privilège ! Elle semblait sur le point de s'étouffer. Tu sais la dernière fois qu'il a parlé à une civile ?! ajouta-t-elle en plantant son regard dans celui de Sakura, qui hocha la tête, de plus en plus nerveuse. Jamais ! conclut-elle, frappant la table d'un poing ferme.
"J'ai l'impression que je vais devoir apprendre toutes les règles invisibles et vite si je veux réussir à survivre ici..." pensa Sakura, complètement déstabilisée par la situation. Les couloirs devinrent de plus en plus bruyants et les trois élèves qui avaient encerclé son bureau reprirent leurs places respectives. Mais la jeune fille ne pouvait encore sentir l'aura meurtrière de sa camarade à lunettes, assise deux ranges devant elle. Elle se promit, là, sur-le-champ, de ne plus jamais se retrouver à moins de cinq mètres de Sasuke Uchiha. Clairement, sa vie en dépendait.

Elle tenta de se replonger dans son livre, espérant se distraire de la situation. Les élèves commençaient à envahir la classe, et elle sentit des regards pesants, presque hostiles, peser sur elle. Elle s'enfonça dans sa chaise, cherchant à se faire aussi petite que possible, à presque disparaître sous sa table.
L'après-midi était consacré aux mathématiques, une matière que Sakura aimait particulièrement. Elle espérait que cela l'aiderait à se changer les idées. En attendant le professeur, elle organisa ses affaires sur son bureau, ne pouvant s'empêcher de sentir les regards insistants des autres élèves. La sonnerie retentit, mais le professeur n'était toujours pas là. Cela ne semblait pas perturber ses camarades, qui continuaient de discuter, bien qu'une grande partie de leurs conversations semblait la concerner. Elle se concentra sur ses affaires, priant intérieurement pour que le professeur arrive enfin et mette fin à cet embarras.
Le professeur fit son entrée après une longue attente de 14 minutes et 59 secondes précises. Il était nettement plus jeune que leur professeur principal, avec des cheveux gris longs, indisciplinés, défiant clairement les lois de la gravité. Il portait une écharpe qui couvrait la moitié de son visage, accentuait le côté ennuyé de son regard. On aurait presque cru qu'on venait de le sortir d'une sieste. Il s'assit à son bureau d'un geste désinvolte, laissa tomber un manuel dans un bruit sourd qui coupa instantanément toute conversation.
Le silence se fit dans la pièce. Ses yeux balayeront la classe avant de s'arrêter sur Yui.
Kazane, tu as fait l'appel ? demanda-t-il en saisissant la liste des étudiants posée sur son bureau.
Oui, monsieur Hatake. Tout le monde est là. Confirma Yui, en se levant en signe de respect.
Très bien. Le professeur sembla sourire sous son écharpe. Puis, il se tourna vers le tableau, prit une craie, et inscrivit son nom d'une main fluide : Kakashi Hatake. Bien, je serai votre professeur de mathématiques pour cette année. J'ai déjà eu la plupart d'entre vous l'année dernière. Je connais donc votre niveau, alors ne me décevez pas. Il observa ses élèves, son regard brillant d'une détermination tranquille. Bien, commençons !

Le cours débuta. Pendant les deux heures suivantes, même si Kakashi semblait nonchalant, Sakura se rendit vite compte qu'il n'était pas du genre à laisser passer une erreur. Malgré son attitude détendue, il savait garder la classe sous contrôle et donner à chaque élève l'attention qu'il méritait. Le rythme du cours la maintint occupée, et petit à petit, les tensions de la journée commencèrent à s' sonnerie retentit de nouveau à 16h, annonçant la fin des cours. Les élèves commencèrent à ranger leurs affaires, prêts à repartir chez eux ou à se rendre au centre commercial le plus proche. Mais leur professeur en décida autrement.
Un instant, s'il vous plaît ! lança-t-il, suffisamment fort pour percer le brouhaha des élèves.
Normalement, ce genre de remarque provoquait une vague de protestations, du moins c'était ce à quoi Sakura s'attendait. Mais ici, la simple déclaration du professeur fit instantanément taire tout le monde. Tous les regards se tournèrent vers lui, suspendus à ses lèvres.
J'ai besoin que l'un d'entre vous m'aide à récupérer des polycopiés pour le cours de demain.
À peine ces mots prononcés, une ruée vers le bureau s'engagea. Tous les élèves se précipitèrent, sauf... la nouvelle. Sakura, toujours un peu perdue dans ce nouvel environnement, observa, incrédule, le chaos autour d'elle. C'était comme si la situation avait pris une tournure qu'elle n'aurait jamais pu imaginer. Elle n'était même pas certaine de comprendre exactement ce qui se passait. Kakashi, quant à lui, semblait dépassé par l'agitation qui se déroulait sous ses yeux. Il se leva de son bureau pour prendre un peu de recul, tentant de retrouver un semblant de contrôle. Son regard s'attarda sur une chevelure rose, bien en retrait au fond de la salle. Perplexe mais calme, Sakura continuait de ranger ses affaires sans se précipiter. Kakashi jeta un œil à la liste d'appel, puis la pointa du doigt.
Toi là-bas. Il inclina la tête vers Sakura, qui, en entendant son nom, releva brusquement la tête, les yeux écarquillés. Elle se leva d'un bond, surprise par l'attention soudaine.
Sakura Haruno, c'est bien ça ? demanda-t-il d'un ton neutre.
Oui, monsieur! répondit-elle, la voix un peu tremblante.
Tu m'accompagnes chez les apprentis.
L'effet fut immédiat : l'atmosphère, qui était encore électrique, se figea d'un coup. Un silence lourd s'abattit sur la pièce, et une tension palpable envahit l'air. Sakura comprit rapidement ce qui venait de se passer : les règles étaient claires, un civil ne pouvait pénétrer dans le bâtiment des apprentis qu'accompagné d'un professeur. Et Kakashi venait de l'inviter à le suivre, elle, la nouvelle, qui avait passé les deux dernières heures à essayer de passer inaperçue. Un malaise s'empara d'elle alors qu'elle connectait les points. Une occasion en or pour un civil, et c'était elle qui l'avait saisie. Son estomac se noua tandis qu'elle se sentait littéralement prise au piège. La pièce, qui semblait déjà prête à exploser, était maintenant empreinte d'une aura lourde et presque menaçante. Sakura, accablée par la situation, s'affaissa légèrement, tentant de se faire la plus petite possible. Kakashi lui lança un regard qui ne laissait aucun doute : elle devait le suivre. Elle se leva et, d'un pas hésitant, commença à se frayer un chemin parmi ses camarades qui lui lançaient des regards emprunts de jalousie. Elle sortit précipitamment de la salle et s'efforça de suivre le pas rapide de son professeur. Le silence s'étira entre eux alors qu'ils marchaient traversant le campus d'Ouest au Sud. Ils se dirigèrent vers le bâtiment des apprentis. Contrairement aux autres, celui-ci était protégé par un grand portail majestueux, encadré de statues imposantes de tigre et de phénix — les Childs fondateurs du lycée et de la Garde. Kakashi s'arrêta un instant devant le portail et observa la statue du tigre. Ses yeux de pierre, d'abord d'un bleu profond, virèrent au vert, et dans un cliquetis métallique, le portail s'ouvrit, leur permettant de passer.

Sakura s'approcha de son professeur, un peu intimidée par l'atmosphère solennelle des lieux. Le bâtiment qui se dressait devant eux était colossal, bien plus imposant que celui des civils. Le duo s'avança dans l'allée centrale, bordée de statues des Childs, certaines qu'elle reconnut immédiatement, ayant étudié leur histoire en cours. Arrivés sur le perron, Kakashi s'arrêta brusquement. L'étudiante, ne s'y attendant pas, le heurta légèrement, surprise. Le professeur se tourna vers elle et lui offrit un sourire apaisant, avant de pencher légèrement la tête dans sa direction.
Reste près de moi, et tout se passera bien, lui dit-il d'une voix calme et rassurante.
Sakura acquiesça, un peu plus détendue, et se remit en marche, suivant Kakashi avec un pas plus assuré. Ils franchirent la porte d'entrée et prirent le premier couloir à droite. Elle eut juste le temps de lire le panneau indiquant : "Zone d'entraînement" avant de suivre son professeur à travers le couloir. Ils passèrent devant plusieurs salles, certaines avec des portes vitrées, et la curiosité de Sakura l'amena à jeter un coup d'œil furtif, tout en restant bien près de Kakashi. Dans la première salle, des étudiants s'affrontaient en combat rapproché avec des gestes précis et rapides. Un peu plus loin, la salle semblait être dédiée à des simulations. Un hologramme de niveau 2 flottait au centre du ring, entouré de trois étudiants concentrés sur leur position, cherchant le meilleur angle pour attaquer. Kakashi s'arrêta devant la troisième salle, un sourire léger aux lèvres.
On est arrivés! dit-il en se tournant vers elle. Il ouvrit la porte et fit un signe pour qu'elle passe en premier. Attends moi là, je vais chercher les documents. J'aurais besoin que tu les rapportes en salle de classe avant de rentrer. Ajouta-t-il rapidement. Sakura hocha la tête pour signaler qu'elle avait compris. Le temps qu'elle relève la tête, il s'était déjà éclipsé. Elle se retrouva seule, les yeux plongés dans l'agitation de la salle. Devant elle, des apprentis s'échauffaient en silence, tellement concentrés qu'ils n'avaient même pas remarqué son arrivée. Sakura repéra rapidement la jeune Hyuuga et l'héritière des Yamanaka, des visages qu'elle avait aperçus lors de la cérémonie ce matin. Ses yeux se posèrent sur un apprenti qui se défoulait sur un punching-ball. Il s'arrêta net en croisant son regard, ses poings toujours serrés, avant de se diriger vers elle avec un regard menaçant.
— Hé, toi là-bas ! Comment t'as fait pour entrer ici ? Les civiles ne sont pas les bienvenues dans cette partie du campus, lança-t-il à travers la salle, attirant l'attention de plusieurs autres apprentis.
Sakura, surprise par son agressivité, se redressa immédiatement. Elle se redressa et bomba le torse, essayant de retrouver de l'assurance. Elle répondit d'une voix calme, mais ferme.
— J'accompagne le professeur Hatake. Il doit me remettre des documents pour notre cours de demain.
L'apprenti, un sourire sarcastique sur les lèvres, répliqua aussitôt.
— Et moi, je suis le chef du conseil ! Je ne vois pas de professeur à tes côtés. Dit-il en balayant la salle de son regard. Les règles sont claires : pas de civile dans les parages sans nounou. Ajoute à ça que tu fais plutôt "touriste" là. On a autre chose à faire que de gérer des groupies. Alors, tu dégages avant que je me montre moins tolérant, lança-t-il d'un ton menaçant.
Sakura ne se laissa pas démonter. Elle soutint son regard sans faiblir, durcissant ses traits.
— Je répète : j'accompagne le professeur Kakashi Hatake, qui est parti chercher des copies à me transmettre. Y a-t-il un mot dans cette phrase avec lequel tu n'es pas familier ? Accompagner, peut-être ? répondit-elle, sur un ton sec.
L'apprenti plissa les yeux, visiblement furieux.
— Tu vas prendre un autre ton avec moi, civile. Grogna-t-il. Tu ne sais pas à qui tu t'adresses.
Sakura soutint son regard, son visage impassible.
— Je prendrai le ton qui me conviendra, apprenti, lança-t-elle, le défiant du regard.
Le jeune homme, de plus en plus énervé, se rapprocha d'elle d'un pas lourd, comme prêt à en découdre physiquement. Sakura, cependant, ne bougea pas d'un centimètre. Elle restait ancrée dans le sol, prête à faire face à son adversaire.
— Kiba, ça suffit. Une voix grave retentit soudainement du fond de la salle. Le dénommé Kiba s'arrêta net.
— Mais Sas'ke, tu vois bien qu'elle ment !? Aucun signe de Kakashi à l'horizon, et elle se tient là, comme une fleur à nous regarder depuis tout à l'heure, s'énerva-t-il, les poings serrés.
— J'ai dit : ça suffit. Ne me fais pas répéter une troisième fois, répondit froidement Sasuke Uchiha, son regard perçant.
Kiba grogna, mais se résigna. Il se tourna brusquement et, avant de s'éloigner, lança d'un ton venimeux, assez fort pour que Sakura l'entende :
— Tu ne perds rien pour attendre.
Elle lui répondit par un sourire tout à fait hypocrite, bien que son esprit soit déjà occupé par l'analyse de situation. Elle avait compris que Sasuke venait d'intervenir, bien qu'elle était en parfait contrôle de la situation. Elle ne l'avait pas encore repéré, caché derrière le ring qui trônait au milieu de la salle.
Il s'avança vers elle, en survêtement noir, composé d'un tee-shirt ample aux manches retroussées qui laissait apparaître ses bras et ses épaules musclés, son pantalon baggy lui donnait un air décontracté. Ses mains étaient enroulées de bandages, sans doute en vue de frapper le punching-ball. Quelques gouttes de sueur perlaient sur son front, uniques témoins d'un exercice intense. Sakura sentit son cœur s'emballer un peu malgré elle. Elle comprenait maintenant mieux pourquoi tant de filles étaient à ses pieds. Il dégageait un charme indéniable, une aura qui attirait l'attention, et malgré ses efforts pour rester impassible, elle devait bien admettre qu'elle n'était pas insensible à tout ça. Elle secoua sa tête pour chasser ses pensées et se concentra à nouveau.
- Haruno, je peux savoir ce que tu fais là ? demanda Sasuke d'un ton autoritaire. Comme mon camarade l'a signalé, les civiles n'ont rien à faire ici. C'est la deuxième fois que je te fais cette remarque aujourd'hui, cela commence à faire beaucoup, surtout pour un premier jour. souligna-t-il en s'approchant d'elle, il se pencha légèrement vers son oreille. Je pourrais même finir par croire que Kiba a raison et que tu es une de mes groupies.
La proximité soudaine fit rougir Sakura, et elle sentit son cœur s'emballer malgré elle. Elle se reprit vite et, déterminée à garder son calme, se recula de quelques pas pour remettre un peu de distance entre eux. Son regard se tourna alors vers le fond de la salle, où elle aperçut la chevelure grise de son professeur.
- Enfin ! Vous en avez mis du temps à trouver vos copies ! lui lança-t-elle, essayant de masquer la gêne qui lui brûlait les joues, attirant ainsi l'attention du brun sur quelqu'un d'autre.
- Désolé, Sakura. Je ne me rappelais plus dans quel tiroir elles étaient rangées. s'excusa Kakashi maladroitement. Je vois que tu as pris le temps de faire connaissance avec mes élèves adorés. Il jeta un coup d'œil à Sasuke, qui, maintenant que l'histoire de Sakura avait été validée, se détendit et commença à faire demi-tour.
- On peut dire ça comme ça... Je peux y aller maintenant ? demanda-t-elle, pressée de sortir de cette situation embarrassante.
- Oui, bien entendu. Sasuke ! héla Kakashi, arrêtant le brun dans sa marche. Conduis cette jeune fille à la sortie, s'il te plaît, en gentleman que tu es. Lui ordonna le professeur en souriant.
Sakura et Sasuke échangèrent un regard, l'un surpris, l'autre carrément agacé. Elle détourna les yeux, gênée, tandis qu'il poussait un soupir las.
- Je peux retrouver le chemin toute seule, je vous assure. protesta Sakura, son visage affichant une touche d'exaspération.
Sasuke leva un sourcil, visiblement peu convaincu.
- Tu ne peux pas te promener seule dans cette zone, dit-il, son ton trahissant une certaine irritation. Kakashi est déjà en retard. Notre cours aurait dû commencer il y a une demi-heure. Si il traîne encore, il va finir par se prendre un avertissement de la directrice. Le rire gêné du professeur confirma ses dires.
Il se dirigea vers la porte, faisant un signe à Sakura de le suivre. Pour elle, c'était la douche froide : deux heures plus tôt, elle s'était jurée de rester à bonne distance du fils Uchiha. Mission clairement échouée. Alors qu'elle lui emboîtait le pas à contrecœur, elle pria en silence pour que personne — absolument personne — ne les croise ensemble. Tentant de garder un écart respectable, elle ralentit discrètement, mais Sasuke n'était pas dupe. Il s'arrêta net, la toisant par-dessus son épaule.
- Je vais pas y passer la soirée. Presse le pas, tu veux ? lança-t-il.
Sakura ravala une réplique mordante et accéléra le pas. Elle finit par se placer à la gauche de Sasuke, tâchant de ne pas trop attirer son attention. De son côté, le brun restait silencieux, mais ses yeux la détaillaient avec une curiosité qu'il peinait à masquer. Ses cheveux roses, qu'il avait remarqués dès le matin, semblaient presque irréels sous la lumière tamisée. Ils s'accordaient étrangement bien avec ses yeux, d'un vert émeraude vibrant. Ces yeux qui le fascinaient depuis ce matin. Ces yeux, intenses, qui l'avaient troublé durant son discours plus tôt dans la journée. Ces yeux qui ne s'étaient pas détournés, même lorsque Kiba avait montré les crocs. Malgré la douceur apparente de ses traits, il y avait une force dans ce regard, une détermination qui l'intriguait malgré lui. Il se surprit à se demander ce qu'elle valait sur un ring.
- Tu sais te battre ? demanda-t-il, surpris lui-même de poser cette question.
Sakura tourna la tête vers lui, l'air un peu prise de court.
- Euh... je me défends... enfin, je crois. répondit-elle, une hésitation dans la voix.
- Hmmm... répondit Sasuke, piqué dans sa curiosité, alors qu'ils avaient atteint le portail. Il se plaça face à la statue du phénix. Les yeux de la sculpture passèrent du rouge au vert, et le portail s'ouvrit.
- Si j'étais toi, j'essaierai de me faire moins remarquer demain. Lui conseilla le représentant, avant de se détourner pour se diriger vers son cours.
Sakura resta figée un instant, à mi-chemin entre l'exaspération et la lassitude. Elle n'avait pourtant rien provoqué aujourd'hui. Rien. Et malgré cela, elle s'était retrouvée, comme par enchantement, au centre de l'attention. Avec un soupir las, elle reprit le chemin vers son bâtiment. Alors qu'elle franchissait les couloirs baignés dans le crépuscule, une pensée furtive traversa son esprit : elle espéra que la nuit l'effacerait de la mémoire de ses camarades et qu'elle pourrait repartir de zéro demain.