Dernier étage de la tour Konoha, quartier général de la Garde
Tic, tac. Tic, tac.
Le son régulier de l'horloge suspendue au-dessus de la porte était la seule chose qui troublait le silence oppressant du quartier général. Dans l'obscurité de la nuit, l'aiguille avançait inexorablement, traçant son chemin sur un cadran jauni par le temps — un vestige d'une époque oubliée. Sakura était là, immobile. Assise sur une chaise trop raide, elle serrait les poings sur ses genoux tandis que son familier s'était enroulée autour de son cou, sa douce fourrure réchauffant sa peau glacée. Elle fixait l'horloge, comptant les secondes, une par une, comme si ce simple décompte pouvait l'empêcher de céder à l'épuisement. Cela faisait plus d'une heure maintenant. Une heure interminable depuis que Naruto et Sasuke avaient franchi la porte du bureau du général Uchiha en lui demandant d'attendre ici. Depuis, son cerveau semblait avoir cessé de fonctionner, vidé par la fatigue et l'angoisse. L'horloge, avec son balancier qui oscillait sans fin, était devenue son unique ancre dans le chaos de ses pensées.
La porte s'ouvrit enfin dans un léger grincement. Sakura leva les yeux, s'attendant à voir Naruto ou Sasuke. À la place, c'était Kakashi Hatake, l'air toujours aussi détaché, qui lui fit signe d'entrer. Elle baissa le regard vers Rin, qui s'était assoupie sur son épaule, et lui tapota doucement la tête. La petite créature ouvrit lentement les yeux, secoua légèrement sa queue, puis descendit avec souplesse sur le dossier de la chaise. Prenant une grande inspiration, Sakura desserra enfin ses poings. Ses doigts lui faisaient mal tant elle les avait crispés. Elle se redressa, tentant d'ignorer l'élan de nervosité qui lui nouait l'estomac, et entra dans la pièce. Ses camarades, Naruto et Sasuke, étaient déjà là, debout côte à côte, les bras croisés dans le dos. Raides comme des soldats, leurs visages étaient fermés, graves, si différents de leur attitude habituelle. Face à eux, le général Uchiha, l'homme le plus influent de toute la hiérarchie militaire, se tenait en silence, immobile devant la vaste baie vitrée de son bureau, il semblait perdu dans la contemplation de Neo-Tokyo, qui s'étendait sous leurs yeux comme une mer de lumière. À cette heure avancée de la nuit, la ville brillait encore de mille feux, ses gratte-ciel découpant l'horizon comme des lames. Kakashi, posté à côté d'elle, brisa le silence d'un petit raclement de gorge. « Hum-hum. »
Le son du raclement de gorge résonna dans la pièce, brisant le silence tendu. Fugaku Uchiha se tourna lentement, son regard perçant se posant sur les trois adolescents avant qu'il ne prenne place derrière son bureau. Il fixa un instant la jeune Haruno.
« Haruno Sakura. Sa voix, grave et autoritaire, envahit l'espace. Les membres de l'équipe 7 ici présents affirment vous avoir vue utiliser une aptitude face à un démon de niveau 1 dans le quartier d'Otto, ce soir, aux alentours de 21h. Confirmez-vous leurs propos ?
Sakura resta parfaitement immobile, son regard droit, son corps figé dans une posture qui trahissait pourtant une nervosité intérieure qu'elle combattait avec toute sa force. Malgré le tourbillon qui faisait rage en elle, aucun de ses traits ne bougea. Seuls ses doigts, nerveusement entrelacés dans son dos, trahissaient le stress qui la tenaillait.
- Oui, mon général. Je confirme. Sa réponse, calme et mesurée, était presque étonnamment posée.
Le général ne sembla pas pressé. Il poursuivit, ses yeux noirs comme l'encre ne quittant pas Sakura.
- Confirmez-vous que cette aptitude consiste à générer un champ de force?
- Je confirme, mon général.
Le silence se fit un instant avant qu'il ne reprenne, sa voix inébranlable : Combien de fois avez-vous fait usage de cette aptitude par le passé ?
Sakura prit une profonde inspiration, ses muscles tendus sous l'effort pour garder son calme: Ce soir était la première fois, mon général.
Le général la regarda sans ciller, cherchant à percer la vérité à travers ses yeux. En êtes-vous sûre ?
- Oui, mon général.
Il fixa encore un moment l'étudiante. Malgré la situation tendue, malgré la fatigue évidente de la jeune fille, il n'y avait pas un seul instant où son regard avait baissé. Fugaku fronça légèrement les sourcils. Ce n'était pas une réaction à laquelle il était habitué. Dans l'armée, il inspirait toujours le respect, et souvent la crainte. Ses officiers baissaient les yeux, s'inclinaient, se pliaient à son autorité. Mais elle, une simple étudiante ne cilla pas une seconde. Il ressentit une étrange combinaison de surprise, d'admiration et… d'agacement. Cette confiance silencieuse, presque implacable, l'intriguait autant qu'elle l'irritait.
- Vous pouvez disposer. Le général Uchiha termina d'un ton sec, son attention se dirigeant sur les dossiers éparpillés devant lui.
- C'est tout ? La question de Sakura fusa avant qu'elle ne puisse la retenir. Sa voix, tremblante d'un mélange de surprise et d'audace, résonna légèrement trop fort. Fugaku releva lentement les yeux, et son regard la figea sur place.
Le général releva brièvement les yeux, son regard perçant tranchant comme une lame.
- Attendez dans le couloir que Kakashi vienne vous chercher. Sa voix était ferme, laissant peu de place à la discussion. Puis, comme pour signifier que la conversation était close, il replongea dans ses papiers. Sakura acquiesça sans un mot de plus et quitta la pièce, refermant doucement la porte derrière elle. Elle regagna sa chaise dans le couloir et s'y laissa tomber, le souffle court. Rin leva un regard interrogateur vers elle. La jeune fille haussa simplement les épaules, incapable de tirer une conclusion claire de ce qui venait de se passer. À l'intérieur du bureau, la voix du général s'éleva à nouveau. "Sasuke, Naruto, vous pouvez disposer."
Les deux jeunes soldats, synchrones, se mirent au garde-à-vous avant de quitter la pièce d'un pas rapide.
- Sasuke ! La voix autoritaire de son père le retint à la dernière seconde, juste avant qu'il ne franchisse la porte. Le jeune Uchiha se figea. Sans se retourner, il attendit la suite.
- Rentre immédiatement à la maison.
Sasuke serra les dents, une grimace fugace se dessinant sur ses traits. Mais il prit soin de camoufler son agacement avant de répondre d'un bref.
- Oui, Père.
Puis, sans un mot de plus, il sortit du bureau, rejoignant Naruto dans le couloir, son expression redevenue impassible. Le blond se tenait devant Sakura, ses grands yeux bleus brillants d'inquiétude.
- Ça va, ne t'en fais pas. répondit-elle, un sourire léger étirant ses lèvres — un de ces sourires sincères dont elle seule avait le secret. Pour être honnête, j'angoissais à l'idée de rencontrer le général avec tout ce qu'on raconte sur lui, mais... l'entrevue ne s'est pas si mal passée, non ? ajouta-t-elle avec une pointe de gêne. Naruto pencha légèrement la tête, pas complètement convaincu, mais il n'insista pas. Un peu plus loin, Sasuke l'observait en silence, les bras croisés, son visage aussi impassible qu'à l'accoutumée. Pourtant, dans son esprit, les pensées s'entrechoquaient. Il avait remarqué, tout comme son père, que Sakura n'avait pas baissé les yeux une seule fois pendant leur entrevue. Pas une seule. C'était troublant. Chaque jour, cette fille parvenait à le surprendre un peu plus. Même dans une situation comme celle-là, vidée de son énergie, elle avait tenu tête à son père, droite et digne, sans faillir. C'était rare. Il ne doutait pas une seconde que ce détail n'avait pas échappé au général Uchiha, et il était prêt à parier que cela l'avait agacé. Fugaku détestait qu'on lui résiste, encore
Sakura tourna les yeux vers l'horloge suspendue au mur. Les aiguilles avançaient doucement, et elle réalisa qu'il était déjà bien tard.
— Vous devriez rentrer, dit-elle doucement, ses paroles brisant le silence pesant.
— Tu es sûre ? s'inquiéta Naruto, le regard hésitant. Je peux rester encore un peu avec toi si tu veux.
Elle secoua doucement la tête, lui offrant un sourire rassurant.
— Ne t'en fais pas, Naruto. Je suis sûre que Kakashi viendra bientôt me chercher. Il n'y en a plus pour longtemps. Vous avez déjà fait beaucoup pour moi ce soir.
Elle se redressa, puis s'inclina respectueusement devant lui avant de se tourner vers Sasuke et de faire de même.
— Merci à tous les deux d'être intervenus. Sans vous, Ichijo-san serait sûrement mort.
— Il serait mort si tu n'avais pas été là, répliqua calmement Sasuke, sa voix basse et assurée. C'est toi qui l'as sauvé. Ne t'en retire pas le mérite.
Sakura releva la tête et croisa son regard noir. Un frisson imperceptible lui parcourut l'échine, mais elle lui répondit avec un sourire chaleureux, sincère.
Sasuke sentit ses joues chauffer légèrement. Embarrassé par cette réaction inattendue, il bénit l'éclairage tamisé de l'étage, espérant que ni elle ni Naruto n'avaient remarqué son trouble.
— Sur ce, j'espère qu'ils ne te feront pas attendre trop longtemps. Tiens-nous au courant de la suite, demanda Naruto, une lueur d'inquiétude dans les yeux. On décolle, Sas'ke ?
Le brun acquiesça d'un simple signe de tête, silencieux. Ensemble, ils se dirigèrent vers l'ascenseur en verre, visible sur la façade imposante du bâtiment. Ses parois réfléchissaient les lumières de Neo-Tokyo, illuminant leurs visages d'éclats scintillants. Une fois hors de vue de Sakura, Naruto cessa de sourire. Son expression se ferma, ses traits soudainement plus sérieux.
— Tu crois qu'il va faire quoi, ton père ? demanda-t-il, la voix posée mais tendue. Sasuke haussa à peine les épaules, son regard fixé devant lui.
— Pas la moindre idée, répondit-il simplement. Mais on le saura bien assez vite.
Sakura s'était installée sur sa chaise, caressant machinalement le pelage doux de son familier, lové sur ses genoux. Les gestes réguliers l'aidaient à relâcher la tension accumulée, mais peu à peu, la fatigue la rattrapait. Ses paupières devenaient lourdes, et sa tête oscillait lentement vers l'avant.
Ce fut la voix douce de son professeur de mathématiques qui la tira de sa torpeur :
— Et si on allait marcher un peu ?
Il lui adressait un sourire chaleureux, perceptible malgré l'écharpe qui dissimulait la moitié de son visage. Sakura acquiesça sans un mot, tapotant doucement Rin pour la réveiller. Le petit familier s'étira avec un bâillement discret, avant de grimper sur son épaule. D'un geste rapide, elle la présenta à son professeur, puis les trois se dirigèrent vers l'ascenseur. Cette fois-ci, Sakura prit le temps d'admirer la vue spectaculaire qui s'offrait à elle pendant la descente. La tour Konoha, l'une des plus hautes de Neo-Tokyo, dominait la ville d'une hauteur vertigineuse. À travers la paroi de verre, elle observa les lumières vibrantes des quartiers en contrebas. Le quartier des affaires scintillait d'écrans lumineux et d'hologrammes publicitaires, tandis que le quartier Senju, où se trouvait la prestigieuse Senju Gakuen, étalait ses bâtiments modernes entre des parcs bien entretenus. Malgré l'heure avancée, la ville grouillait de vie. Neo-Tokyo ne dormait jamais. Des Skyrunners, ces véhicules volants élégants développés par le groupe Nara, sillonnaient les plateformes suspendues, transportant des passagers à travers la ville illuminée. Sakura aperçut des silhouettes variées : des employés épuisés regagnant leur domicile après une longue journée, et d'autres, habillés de tenues extravagantes, prêts à danser jusqu'au lever du soleil.
— C'est magnifique, pas vrai ? souffla Kakashi, en brisant le silence. Il semblait deviner l'effet hypnotique que la vue produisait sur elle. Cela fait dix ans que je prends cet ascenseur… et je ne m'en lasse toujours pas.
Son ton était léger, presque amusé. Sakura détourna les yeux de la fenêtre pour le regarder, esquissant un sourire timide.
L'ascenseur ralentit sa course et ils s'arrêtèrent au rez-de-chaussée. Ils passèrent rapidement le poste de sécurité pour récupérer leurs affaires, puis se retrouvèrent à l'air libre. L'air nocturne de Neo-Tokyo était frais, chargé d'une énergie particulière.
— Je ne sais pas toi, mais moi je meurs de faim, confia Kakashi, brisant à nouveau le silence. Je connais un petit bistrot à quelques rues d'ici qui fait les meilleurs takoyaki de la ville. Ça te tente ?
La jeune fille le regarda, haussa les épaules, et il interpréta ce geste comme un oui. Ils marchèrent vers le bistrot en silence, Kakashi en tête du groupe, Sakura suivant docilement, les yeux rivés sur le trottoir. Arrivés devant l'échoppe, le professeur souleva le noren, salua le patron d'un geste familier et commanda deux portions de takoyaki. Il choisit une table au fond, à l'écart de l'agitation, et attrapa une théière de thé glacé sur le comptoir. Servant un verre à son élève et à lui-même, il lui tendit le sien avec un sourire. Sakura n'avait pas réalisé à quel point elle avait soif. La vue de la boisson réveilla soudain un besoin pressant. Elle saisit le verre, enfonça la paille entre ses lèvres et sirota en silence. Kakashi l'observait, un regard protecteur adoucissant son visage.
— Bien, Sakura… murmura Kakashi en posant son verre. Comme tu dois t'en douter, il va y avoir certains... ajustements à ton mode de vie, commença-t-il doucement. Sakura continuait de siroter son thé, ses doigts crispés sur le verre, sans vraiment le regarder. Elle écoutait, mais une part d'elle cherchait à fuir ce que ses mots allaient signifier.
— Ton cas est pour le moins singulier. Comme tu dois déjà le savoir, déclencher une aptitude est extrêmement rare chez les personnes qui n'ont pas de prédispositions génétiques. Et c'est encore plus improbable de la déclencher aussi tard dans l'adolescence.
La serveuse arriva à ce moment-là, posant devant eux deux barquettes fumantes de takoyaki. Kakashi lui offrit un sourire charmeur, qui eut pour effet de faire rougir la jeune femme. Elle s'éclipsa, tandis qu'il piochait une boulette avec ses baguettes, soufflait dessus et la portait à sa bouche avant de continuer.
— De ce fait, tu as énormément de retard à rattraper. Je dois encore régler les détails avec Tsunade-sama, mais…
— Et si ça n'arrivait plus jamais ? le coupa Sakura, posant brusquement son verre.
Sa voix était calme, presque posée, mais Kakashi n'eut aucun mal à percevoir l'émotion tremblante derrière. Elle s'accrochait désespérément à cette hypothèse comme à une bouée dans un océan déchaîné.
— Si j'étais incapable de la redéclencher, on pourrait faire comme si cette soirée n'avait jamais existé, poursuivit-elle, le regard fuyant. Il n'y avait pas de témoins, hormis Sasuke et Naruto, et je suis sûre qu'ils…
— Ça suffit, Sakura, trancha Kakashi, plus durement.
Elle releva les yeux, surprise par la fermeté de son ton. Il planta son regard dans le sien, une intensité froide et implacable.
— Il n'y a pas de retour en arrière possible.
Sakura sentit son estomac se nouer, mais il continua, implacable.
— Tu ne t'en rends peut-être pas compte parce que Neo-Tokyo est bien protégé contre les démons. La Garde est là pour régler les problèmes avant qu'ils ne soient visibles pour la population. Mais nous sommes en guerre, et ce depuis plus d'un siècle. Nous n'avons toujours aucun moyen de fermer les brèches définitivement. Elles s'ouvrent chaque jour, sans que nous ne sachions pourquoi, ni comment. Les démons prolifèrent sans fin… et nous…
Il fit un geste, désignant Sakura et lui-même.
— Nous, nous faisons de plus en plus rares.
Les mots frappèrent Sakura comme une gifle.
— Qu'est-ce que vous voulez dire ? demanda-t-elle d'une voix faible.
Kakashi s'adossa à sa chaise, croisant les bras comme s'il pesait ses mots.
— Comme je te l'ai dit, les aptitudes se transmettent avant tout par les gènes. Tu connais déjà la majorité des grandes familles qui fournissent l'essentiel des rangs de la Garde. Ce que tu ignores, c'est que leur sang se dilue peu à peu. Alors qu'il y a quelques décennies encore, 95 % de leurs enfants développaient une aptitude, ce chiffre est tombé sous les 75 %. Et ce ratio continue de baisser.
Sakura le dévisagea, abasourdie.
— Évidemment, les chefs de clan ont pris des mesures dès qu'ils ont constaté ce phénomène. Ils ont favorisé les mariages entre familles, cherchant à préserver un sang "pur". Mais cela ne suffit pas. Ce n'est qu'un ralentissement, pas une solution. Ils ont lancé récemment des projets scientifiques pour tenter d'isoler les gènes à l'origine de l'aptitude mais cela coûte cher et prend du temps.
Il attrapa une nouvelle boulette, la pointant vers elle avec ses baguettes.
— Alors imagine ce que ça représente, lorsqu'une aptitude se déclenche en dehors du cercle, défiant toutes les probabilités. On ne peut pas laisser passer ça.
Sakura sentit sa gorge se nouer. Elle croisa les bras, cherchant à garder contenance, et murmura :
— Qu'est-ce que vous attendez de moi ?
Cette fois, son ton était sérieux. Kakashi posa son pique, prenant le temps de finir sa bouchée avant de répondre.
— Que tu rattrapes en quelques mois les années de retard que tu as sur tes camarades, dit-il simplement, sans détour.
Sakura détourna les yeux. Elle n'avait plus faim. Sans un mot, elle poussa sa portion de takoyaki vers son professeur, qui les accepta d'un hochement de tête.
— Comme je te le disais, je dois encore peaufiner les détails avec Tsunade-sama. Mais il est évident qu'à partir de demain, tu seras intégrée à la section apprentie.
Elle ne réagit pas. Pas un muscle de son visage ne bougea. Mais au fond, elle s'en doutait. C'était une évidence qu'elle avait devinée bien avant qu'il ne la prononce.
- Il se fait tard. Commenta Kakashi en baillant. Bien évidemment, tu es excusée pour la journée de demain. Profites en pour aller faire changer ton uniforme et informer ton tuteur de la situation. lui conseilla-t-elle en se levant de table.
Sakura se leva à sa suite et s'inclina pour lui dire au revoir. En le regardant s'éloigner, Rin prit la parole:
- Et bien, tu parles d'une soirée... Ce fût le premier sourire qui apparut sur les lèvres de la rose depuis plusieurs heures.
Il était 14 heures, et pour la première fois depuis des mois, Sakura avait trouvé une place assise dans l'Aerotram. L'appareil, flottant silencieusement entre les rails suspendus, n'était pas bondé à cette heure de la journée. La jeune fille posa sa tête contre la vitre fraîche et laissa son regard suivre le paysage qui défilait. La ville scintillait, même sous la lumière tamisée d'un après-midi d'automne. Le trajet la mena jusqu'à la vieille ville, où elle descendit sans se presser. De là, il lui restait une demi-heure de marche jusqu'à l'endroit où elle avait grandit. Elle s'arrêta au pied d'une colline, devant un vieux kiosque. Les étagères métalliques étaient ornées de paquets colorés de cartes à collectionner, brillantes sous les reflets du soleil. Sakura en acheta quelques paquets, les glissant dans son sac. Ces cartes, représentant les célèbres Childs de la Garde, faisaient un carton chez les enfants.
La montée se fit sous une douce brise, le parfum des arbres et des feuilles mortes l'enveloppant. C'était une partie de la ville qu'elle chérissait particulièrement, loin du tumulte incessant des quartiers modernes. Ici, les bruits s'étouffaient, laissant place au chant des oiseaux et au craquement discret des branches. Au sommet, un grand portail en fer forgé se dressait devant elle. Suspendu au milieu de ses barreaux noirs, un écriteau en métal terni portait les mots : Orphelinat des Quatre Saisons.
Sakura poussa doucement la grille, qui émit un léger grincement en s'ouvrant. Elle traversa la cour, ses pas résonnant sur l'asphalte bosselé, déformé par les racines épaisses d'un vieux pin qui trônait en son centre. Un instant, elle s'arrêta pour observer l'arbre. Il était toujours là, immuable, témoin silencieux de son enfance. Avant qu'elle n'atteigne le bâtiment principal, une silhouette menue se précipita dans sa direction. Un petit garçon, pas plus haut que trois pommes, surgit de la porte en criant :
— Onee-san !
Il se jeta dans ses bras, son sourire large illuminant son visage rond. Sakura le serra tendrement contre elle, les lèvres étirées en un sourire qu'elle ne réservait qu'aux personnes les plus précieuses.
— Izumi ! fit-elle en ébouriffant ses cheveux noirs. Tu n'es pas censé être à l'école à cette heure-ci ?
Le garçon leva des yeux malicieux vers elle, mais n'eut pas le temps de répondre. Une voix grave, teintée d'une pointe de douceur, leur parvint depuis l'entrée.
— Il a attrapé un rhume, expliqua un jeune homme, s'approchant calmement. Il avait de la fièvre ce matin. Mais je vois que celle-ci est tombée.
Sakura releva les yeux vers lui, un sourire amusé sur les lèvres.
— Et toi, Iruka ? lança-t-elle en croisant les bras. Ne devrais-tu pas commencer par dire bonjour ?
Iruka, qui semblait avoir quelques années de plus qu'elle, roula des yeux et soupira.
— Bonjour, Sakura. Comment vas-tu ? répondit-il avec un sourire indulgent.
— Beaucoup mieux, maintenant que tu te rappelles les bases de la politesse, répliqua-t-elle en riant, ses bras toujours autour d'Izumi.
Iruka haussa les épaules et leva une main pour tapoter affectueusement la tête de Sakura.
— Tu ne changes pas… murmura-t-il avant de détourner son attention vers un mouvement furtif à leurs pieds.
Rin, la petite renarde à deux queues, observait la scène avec un air curieux. Iruka lui adressa un grand sourire.
— Salut, Rin !
La renarde, qui n'était pas connue pour son affection envers les humains, bondit pourtant avec agilité sur ses épaules. Elle frotta doucement son front contre sa joue en signe de bonjour. Iruka éclata de rire et lui rendit la caresse, conscient du privilège rare qu'il recevait. Sakura regardait la scène avec une tendresse mêlée de nostalgie. Peu importe les années ou les changements, cet endroit restait une bulle hors du temps, un refuge qu'elle ne pourrait jamais oublier. L'attention du jeune homme se reporta sur celle qui considérait depuis maintenant 13 ans comme sa petite-soeur.
- Et toi? Tu ne devrais pas être au lycée à cette heure-ci ? Demanda-t-il arquant un sourcil.
- C'est une longue histoire. Souffla la jeune fille. On pourrait en discuter autour d'un thé s'il te plait?
- Ne me dis pas que tu t'es déjà fait renvoyé? S'insurgea le tuteur.
Sakura lui tira la langue en signe de réponse et rentra dans le bâtiment, se dirigeant vers la cuisine.
- Rin ? Demanda l'éducateur.
Le familier sauta avec souplesse sur le bitume.
- Il vaut mieux qu'elle te le dise elle-même. Répondit la renarde, sérieusement.
- Voilà, maintenant vous me faites peur. pensa-t-il pour lui même.
La vieille cuisine de l'orphelinat semblait figée dans le temps. Sakura était installée à l'extrémité de la table en bois, comme à son habitude, les yeux perdus dans les détails familiers de la pièce qui n'avait pas changé depuis son départ il y a sept mois. Les mêmes tasses ébréchées, les mêmes fenêtres couvertes de rideaux usés, l'odeur légère de thé et de bois chaud. Rien n'était vraiment différent, à part peut-être… elle. Elle observa Iruka, son tuteur, qui se tenait devant la vieille bouilloire. Ses cheveux bruns, toujours soigneusement attachés par un ruban vert émeraude – celui que Sakura lui avait offert des années auparavant – tombaient élégamment en arrière. Ses yeux bruns brillaient d'une douceur qui lui était propre. Il était grand, plutôt musclé, et Sakura n'avait jamais pensé à lui de cette manière. Mais elle n'avait aucun doute : il devait faire fondre plus d'une femme. Elle se perdit un instant dans ses pensées avant de revenir à la réalité. Elle l'observa préparer le thé, une tâche qu'il accomplissait toujours avec une sorte de sérénité, comme si chaque geste faisait partie d'une routine qu'il chérissait. Après tout, c'était grâce à lui que Sakura était en vie. S'il ne les avait pas trouvées, elle et Rin, il y a treize ans, elles n'auraient probablement pas survécu. Iruka posa finalement une tasse fumante devant elle, s'asseyant en silence à ses côtés. Il la regarda un instant, ses sourcils légèrement froncés, avant de rompre le silence.
— Bon. Il marqua une pause, la voix un peu trop calme. Je crois que j'ai assez attendu. Qu'est-ce qui se passe ?
Sakura prit une grande inspiration. Elle raconta, dans les moindres détails, tout ce qui s'était passé la veille. Chaque mot semblait peser lourd, comme une lourde pierre dans son cœur. À la fin de son récit, elle observa Iruka. Son visage était d'abord resté figé, puis une expression de stupeur et de peur s'était lentement installée. Il avait l'air d'avoir croisé un fantôme, comme si la réalité lui échappait complètement.
— Iruka ? Sakura murmura, presque pour lui rappeler qu'elle était toujours là.
Il secoua lentement la tête, comme s'il tentait de se libérer d'un mauvais rêve. Puis, d'un geste lent, il posa ses mains sur son front, l'air accablé.
— Je crois que j'aurais préféré que tu te fasses renvoyer, souffla-t-il, sa voix brisée.
Sakura le regarda, surprise. Mais Iruka n'avait pas l'air de chercher à la juger.
— Intégrer la Garde ? répéta-t-il, comme s'il cherchait à comprendre. C'est tellement loin de ce que tu avais envisagé pour ton futur, ajouta-t-il, ses mots marqués par une tristesse palpable. Il n'y a vraiment aucune autre alternative ? Elle lui répondit en secouant la tête de gauche à droite.
— Tu commences quand ? demanda-t-il finalement, sa voix s'éteignant sous le poids de la question.
Sakura prit une grande inspiration, les mots venant à peine se former dans sa gorge.
— Demain… répondit-elle, presque dans un souffle.
Elle n'eut pas à attendre le réveil pour se lever ce matin-là. Cela faisait déjà trois heures qu'elle fixait le plafond de sa chambre à l'orphelinat, perdue dans ses pensées. Son frère lui avait proposé de passer la nuit ici, et elle avait accepté avec un soulagement inattendu. Cela lui faisait du bien de retrouver les adolescents et les enfants qu'elle avait vus grandir. Ils étaient ravis de la revoir, et encore plus lorsqu'elle leur avait offert les fameuses cartes Childs, qu'ils s'étaient empressés de s'échanger, le sourire aux lèvres.
Son regard erra autour de la pièce où les décorations de son enfance trainaient encore. Ses yeux s'arrêtèrent sur une boite posée sous le bureau où était entassé de vieilles tenues d'entrainement de combat, des articles de journaux, et... une paire de menottes. Elle sourit en repensant à cette époque de sa vie révolue. Ses yeux remontèrent vers le mur où ils se posèrent sur les posters de Vortex, le boys band le plus en vogue des cinq dernières années. Sakura sourit, un peu nostalgique. Il débutait leur tournée le printemps prochain, elle avait commencé à économiser pour s'offrir un billet mais avec son nouvel emploi du temps, cela lui paraissait de moins en moins réalisable. Elle poussa un léger soupir, puis secoua la tête pour chasser cette pensée futile.
Sans attendre plus longtemps, elle se redressa, laissant la pièce s'éclairer doucement sous les premiers rayons du matin. Le soleil n'était même pas encore tout à fait levé, et déjà elle se préparait pour la journée à venir. Enfilant son nouvel uniforme, qui était identique au précédent à l'exception de la couleur blanche, elle attrapa son sac et s'approcha doucement de Rin, endormie sur le lit. Elle lui déposa un baiser tendre sur la tête, un geste familier, presque réconfortant, avant de se redresser. Rin avait encore besoin de sommeil, mais elles se retrouveraient ce soir, dans leur petit appartement.
Elle sortit de la chambre sur la pointe des pieds, veillant à ne pas réveiller ses jeunes voisins. En passant par la cuisine, elle attrapa quelques encas pour la route, avant de se diriger vers la porte d'entrée. Là, son grand frère l'attendait déjà pour lui dire au revoir. Il l'enveloppa dans ses bras, la serrant contre lui avec cette chaleur protectrice qui avait toujours été sa marque de fabrique. Ce geste, simple mais puissant, la réconforta plus qu'elle ne l'aurait imaginé.
Après un dernier sourire échangé, elle sortit en direction de l'Aerotram, prête à affronter la journée qui l'attendait.
Elle franchit le portail de la Senju Gakuen à 7h30 précises. À cette heure matinale, seuls quelques étudiants erraient dans les allées pavées, bien trop préoccupés pour remarquer sa présence. Sakura marcha d'un pas vif vers le bâtiment administratif, ses chaussures claquant légèrement sur le sol. Elle gravit le grand escalier jusqu'au dernier étage où trônait une large porte en bois sombre, ornée de gravures représentant les silhouettes majestueuses des Childs fondateurs. Inspirant profondément, elle toqua doucement avant d'entrouvrir la porte, ne laissant d'abord passer que sa tête. Elle découvrit un petit bureau baigné de lumière, où une jeune femme à la coupe courte et brune triait des dossiers. À ses pieds, un familier rondouillard, rappelant un petit cochon rose, dormait paisiblement. La secrétaire leva les yeux et afficha un sourire accueillant.
— Entre, Sakura, l'invita-t-elle d'une voix douce.
Obéissante, Sakura s'avança timidement.
— Tsunade-sama t'attend dans son bureau, ajouta la secrétaire en désignant une porte adjacente. Sakura s'exécuta immédiatement, ses mains moites d'appréhension. Elle frappa à la porte, plus fermement cette fois, et attendit qu'une voix ferme mais chaleureuse lui donne la permission d'entrer.
— Tu peux t'asseoir, Sakura, déclara Tsunade, le regard toujours rivé sur les documents qu'elle signait.
Un fauteuil en cuir, à l'assise ferme mais confortable, l'attendait devant le bureau. La jeune fille s'y installa avec précaution, posant son sac sur ses genoux pour occuper ses mains nerveuses. Pendant ce temps, Tsunade terminait de griffonner sur un dernier papier avant de relever ses yeux perçants vers Sakura. De près, la directrice de l'établissement, aussi légendaire que charismatique, dégageait une aura impressionnante. Ses cheveux blonds noués, son regard perçant, et l'autorité naturelle qu'elle imposait suffisaient à clouer Sakura sur place. Elle s'efforça malgré tout à soutenir son regard.
— Voici ton nouvel emploi du temps, annonça Tsunade, lui tendant une feuille impeccable. Comme Kakashi a dû te l'expliquer, tu as beaucoup de retard à rattraper, et très peu de temps pour le faire.
Sakura saisit le document, son cœur s'accélérant à mesure qu'elle parcourait les lignes. Ses yeux s'écarquillèrent à la lecture :
- 8h à 12h : cours généraux (mathématiques, littérature, histoire, sciences économiques, et occasionnellement physique-chimie)
- 13h à 15h : éducation physique
- 15h à 17h : maîtrise de l'aptitude
- 17h à 19h : simulation — quoi que cela veuille dire, pensa-t-elle.
Elle sentit une boule se former dans son estomac.
— Attendez, je ne peux pas quitter l'école à 19h ! Mon service au café commence à 18h ! protesta-t-elle, la voix tremblante d'inquiétude.
Tsunade haussa légèrement un sourcil, visiblement préparée à cette objection.
— Il va de soi que tu vas devoir quitter ton job étudiant, déclara-t-elle avec un calme glacial, comme si cela allait de soi.
— Quitter mon travail ?! s'exclama Sakura, outrée. Et comment je suis censée payer mon loyer ? Vous savez très bien que sans ma bourse, je n'aurais jamais pu intégrer votre établissement !
Tsunade leva une main pour couper court à la tirade.
— Calme-toi, jeune fille. Je connais parfaitement ta situation. Premièrement, l'apprentissage des jeunes comme toi est entièrement pris en charge par la Garde. Tu n'as donc plus besoin de la bourse pour couvrir tes frais de scolarité.
Sakura tenta d'intervenir, mais Tsunade poursuivit, cette fois en élevant légèrement la voix.
— Deuxièmement, insista-t-elle, la bourse est attribuée à l'élève terminant premier à l'examen d'entrée. Par défaut, elle est utilisée pour couvrir les frais de scolarité. Cependant, ce n'est en rien une obligation. Le montant total te sera versé directement sur ton compte. Cela devrait largement suffire à couvrir tes besoins pour les trois prochaines années.
La jeune fille ouvrit la bouche, cherchant un contre-argument, mais fut interrompue par trois coups frappés à la porte.
— Entre, Kakashi, ordonna la directrice sans détourner le regard de Sakura.
Le professeur principal passa la porte et s'avança d'un pas nonchalant. Il adressa à Sakura un sourire amical avant de se placer debout à ses côtés, les mains dans les poches.
— Considérant ton niveau dans les matières générales, et en combat rapproché, reprit Tsunade avec un léger sourire satisfait, ce qui fit rougir de gène l'étudiante, tu seras intégrée à la classe de Kakashi pour les cours du matin. L'après-midi, tu suivras un programme particulier sous sa supervision.
— Enchanté de t'avoir comme élève, Sakura, lança Kakashi avec un petit salut de la main.
Sakura se contenta de hocher la tête, indécise sur ce qu'elle devait ressentir. La directrice jeta un coup d'œil à l'horloge accrochée au mur.
— Les cours vont commencer sous peu. Kakashi, accompagne-la jusqu'à son premier cours. Quant à toi, Sakura, conclut-elle en désignant le document sur le bureau, fais de ton mieux.
Sakura suivit Kakashi à travers le campus, leurs pas résonnant faiblement sur les allées pavées. La zone Sud, bien plus calme que les autres, s'étendait devant eux, baignée par une lumière douce qui filtrait à travers les arbres. Arrivés devant un portail imposant, Kakashi s'arrêta et tourna légèrement la tête vers elle.
— Présente-toi devant la statue du Tigre, lui indiqua-t-il, désignant la sculpture majestueuse d'un tigre accroupi, prêt à bondir.
Sakura cligna des yeux, déconcertée.
— Il devrait te reconnaître maintenant, ajouta Kakashi avec son flegme habituel.
Malgré son incompréhension, elle s'avança et s'immobilisa devant la statue. Les yeux de pierre du Tigre, d'un bleu froid, s'illuminèrent soudain en un vert éclatant, et un grondement sourd accompagna l'ouverture automatique du portail. Elle observa, fascinée, tandis que le passage s'élargissait pour les laisser entrer. Kakashi reprit la marche, la conduisant au deuxième étage du bâtiment des apprentis. Ils s'arrêtèrent devant une porte sur laquelle était gravé en lettres dorées : 2-A. Il ouvrit la porte avec nonchalance et désigna une rangée de bureaux.
— Installe-toi là, dit-il, pointant un bureau vide au centre de la pièce. Je te retrouve à 13h dans la salle où tu es venue la première fois.
Sans attendre de réponse, il quitta la pièce, ses pas aussi silencieux qu'une ombre.
Sakura fit un tour d'horizon rapide de la classe vide avant de poser son sac sur son bureau. Elle tira lentement la chaise et s'installa, laissant son regard errer sur les murs, décorés d'affiches présentant les règles de la Garde et des cartes illustrant des stratégies de combat. Pourtant, son attention était ailleurs. Son cœur battait si fort qu'elle avait l'impression que les murs eux-mêmes pouvaient l'entendre.
Elle ferma les yeux et prit une grande inspiration. Elle se souvenait des conseils d'Iruka, de cet exercice qu'il lui avait appris pour calmer ses crises d'angoisse lorsqu'elle était enfant. Une respiration lente, profonde, comptant jusqu'à quatre en inspirant, retenant son souffle un instant, puis expirant lentement. Cela l'aida à apaiser un peu sa nervosité. Alors qu'elle reprenait une certaine maîtrise d'elle-même, le bruit de conversations dans le couloir atteignit ses oreilles. Les élèves arrivaient. Sa fréquence cardiaque s'emballa de nouveau. Qu'allaient-ils penser d'elle ? Est-ce qu'ils savaient qui elle était ? Ou pire, pourquoi elle avait été admise dans leur classe ? L'idée de devoir tout recommencer — se faire des amis, se faire accepter — l'oppressait. Mais, presque instinctivement, l'image de Lee apparut dans son esprit, avec son sourire encourageant et ses paroles pleines d'enthousiasme. Puis celle de Naruto, maladroit mais sincère, et enfin celle de Sasuke, impassible mais toujours là pour veiller sur elle à sa maniè pensées l'apaisèrent, et Sakura rouvrit les yeux, une lueur de détermination dans le regard. La porte s'ouvrit alors, et elle reconnut immédiatement la silhouette élancée de la jeune Yamanaka. Ino resserrait sa queue de cheval d'un geste précis, tandis qu'à ses côtés, Shikamaru Nara — le légendaire numéro un des secondes années — bâillait sans retenue.
— Tu pourrais au moins mettre la main devant ta bouche ! s'indigna Ino, exaspérée.
Le brun grogna en guise de réponse, puis s'arrêta brusquement au milieu de la salle, obligeant sa camarade, qui ne regardait pas devant elle, à lui rentrer dedans.
— Mais pourquoi tu t'arrêtes comme ça, espèce de feignant ? pesta-t-elle, furieuse.
Elle releva alors les yeux, et comme lui, se figea en voyant Sakura. Cette fille… elle la reconnaissait. C'était celle que Sasuke avait défendue face à Kiba lors du premier jour de l'année. Intriguée, Ino avança vers elle, un éclat curieux dans le regard.
— Alors, les rumeurs étaient vraies, marmonna-t-elle, comme pour elle-même, avant d'adresser un sourire éclatant à Sakura. Ino Yamanaka, bienvenue dans la classe ! lança-t-elle d'une voix chaleureuse.
Sakura, un instant déstabilisée par la beauté éclatante de la blonde, se reprit rapidement et se leva pour s'incliner poliment.
— Sakura Haruno, enchantée, répondit-elle avec une courtoisie un peu hésitante.
— Lui, là-bas, c'est Shikamaru Nara, dit Ino en désignant le garçon derrière elle.
Shikamaru leva mollement la main en guise de salut avant de s'affaler sur le bureau juste devant Sakura. Croisant les bras sous sa tête, il semblait déjà prêt à reprendre sa sieste, au grand désarroi d'Ino, qui roula des yeux d'un air dépité. Peu à peu, les autres élèves entrèrent dans la classe. Leurs réactions à la vue de Sakura oscillaient entre surprise et curiosité. Apparemment, le récit de la soirée mouvementée dans le quartier d'Otto avait circulé bien plus vite qu'elle ne l'avait imaginé. Si la présence d'une civile dans leur section était inhabituelle, personne ne paraissait réellement étonné. Parmi les nouveaux visages, Sakura remarqua une jeune fille d'une beauté douce et fragile, qu'elle reconnut comme Hinata Hyūga. Contrairement à Ino, l'héritière du clan Hyūga semblait enveloppée d'une timidité palpable, ce que Sakura trouva attendrissant. Puis, un visage familier illumina la pièce : Naruto.
— Hé, Sakura ! lança-t-il avec son enthousiasme habituel, en lui adressant un grand sourire.
Avant qu'elle ne puisse répondre, il s'approcha pour lui donner une tape amicale sur l'épaule.
— Si jamais t'as besoin d'aide, je suis là ! ajouta-t-il fièrement.
Un éclat de rire traversa la salle. Apparemment, l'idée de Naruto comme mentor faisait sourire, surtout qu'il avait la réputation d'être le dernier de la classe en matières générales. Quelques minutes après Naruto, l'atmosphère devint plus tendue. L'élève suivant n'était autre que Kiba, celui avec qui Sakura avait eu une sérieuse altercation lors de sa première visite. Il la fixa d'un regard noir et siffla d'énervement, mais ne fit aucun commentaire, se contentant d'aller s'asseoir au fond de la classe en balançant son sac sur le bureau avec négligence. Sasuke entra juste derrière lui. Son regard autoritaire sur Kiba laissait penser qu'il lui avait demandé de se tenir à carreau. Il salua Sakura d'un bref regard avant de rejoindre son propre bureau, près de la fenêtre.
La cloche annonçant la pause de midi retentit, et Sakura s'étira les bras avec la grâce d'un chat. Le poids de son réveil aux aurores commençait à se faire sentir, et pourtant, elle n'avait même pas atteint la moitié de sa journée. Elle rassembla ses affaires et rejoignit Naruto et Ino, qui lui avaient proposé de déjeuner ensemble. Sasuke, Shikamaru et un garçon qu'elle identifia comme Choji fermaient la marche. Alors qu'ils atteignaient le hall du bâtiment, une voix familière l'appela depuis le haut de l'escalier.
— Lee ! s'exclama joyeusement Sakura, à la grande surprise de ses camarades.
L brun, fidèle à lui-même, enjamba sans hésiter la rambarde du troisième étage et plongea dans le vide. Sous ses yeux ébahis, il fit émerger une tour de cristal du sol pour amortir sa descente, avant de se réceptionner en douceur à côté de Sakura.
— Sakura ! C'est incroyable ! s'écria-t-il, les mains posées sur ses épaules et les yeux pétillants d'excitation. Jamais je n'aurais cru que c'était toi, la civile transférée !
— Ha-ha, oui... Je suis pleine de surprises, répondit-elle avec un sourire gêné.
Mais son expression changea lorsqu'elle vit Lee lever les yeux et croiser le regard de Sasuke. L'ambiance devint instantanément glaciale.
— Uchiha, lâcha Lee d'un ton froid.
Sakura en resta bouche bée. Elle n'avait jamais entendu Lee parler de cette manière.
— Rock, répondit Sasuke, sur un ton tout aussi glacial.
Le malaise entre les deux garçons était palpable, et Sakura se demanda ce qui avait bien pu se passer entre eux. Naruto, tentant d'alléger l'atmosphère, posa une main sur l'épaule de Sasuke.
— Hé, Lee, on reprend à 13h. Si on traîne, on risque de rater la cantine. À la prochaine ! lança-t-il avec entrain.
— À la prochaine, répondit Lee, à peine plus chaleureusement.
Sakura, un peu déstabilisée, lui adressa un petit signe d'au revoir et s'apprêtait à suivre le groupe quand Lee lui attrapa le poignet.
— Fais attention avec qui tu traînes, Sakura, lui conseilla-t-il, son ton grave trahissant son inquiétude. Tu découvriras vite que tout le monde ne veut pas de gens comme nous ici.
Avant qu'elle ne puisse répondre, il s'éloigna, laissant la jeune fille troublée par ses paroles. Rejoignant ses camarades, elle tenta de s'intégrer à leur conversation, bien qu'une partie de son esprit restât distraite.
Comme l'avait prédit Naruto, le réfectoire se remplit rapidement. À l'entrée du groupe, un silence s'installa dans la grande salle, alourdissant l'atmosphère. Instinctivement, Sakura s'affaissa, espérant passer inaperçue, mais c'était inutile : elle sentait déjà tous les regards braqués sur elle. Naruto et Sasuke s'approchèrent pour marcher à ses côtés.
— Garde la tête haute, murmura Sasuke d'un ton calme mais autoritaire. Tu es une apprentie maintenant. Ne les laisse pas t'intimider.
Prenant une grande inspiration, Sakura redressa les épaules et tenta d'ignorer les chuchotements qui accompagnaient leur passage. Ino et Choji ouvrirent la marche, trouvant rapidement une table dans la section réservée aux apprentis. La rose prit place dos à la salle, essayant de se concentrer sur son repas malgré l'agitation qui l'entourait. Naruto, dans une tentative de dissiper la tension, lança une blague qui fit éclater de rire quelques-uns de leurs camarades. Mais leur moment de répit fut interrompu par une toux claire derrière Sakura. En se retournant, elle reconnut aussitôt Yui, son ancienne camarade de la section civile.
— Yui ! s'écria Sakura, se levant précipitamment, un sourire éclatant illuminant son visage.
— Sakura ! Peu importe comment je vais, toi, tu es une star maintenant ! répondit Yui, les yeux pétillants d'excitation. Je sais que c'est impoli et que je profite un peu, mais… est-ce que tu accepterais une interview pour le journal ?
Le rire cristallin de Sakura résonna, dissipant une partie de la tension.
— Avec plaisir ! Mais avec l'emploi du temps de ministre qu'ils m'ont donné, il faudra attendre un peu, plaisanta-t-elle avant de désigner la table. Tu veux manger avec nous ?
Yui, d'abord sidérée par l'invitation, jeta un coup d'œil à la table. Les apprentis semblaient perplexes, mais Choji, dans un geste amical, se poussa pour lui laisser une place.
— Si ça ne vous dérange pas… accepta Yui timidement en s'asseyant.
La présence de Yui apporta un sentiment de normalité à Sakura. Malgré les regards qui continuaient à peser sur eux, elle retrouva un peu de légèreté et put enfin se détendre.
En entamant son dessert, son regard glissa vers l'horloge du réfectoire : 12h55.
— Je suis en retard ! s'exclama-t-elle, paniquée.
Elle avala précipitamment la fin de sa crème dessert et bondit de sa chaise, déclenchant des regards intrigués autour de la table.
— Tu n'as pas cours avec nous ? demanda Ino, surprise.
Sakura secoua la tête, déjà en train de rassembler ses affaires.
— D'après ce qu'on m'a dit ce matin, je dois retrouver Kakashi-senseï à 13h pour un cours d'éducation physique, expliqua-t-elle à toute vitesse.
Naruto, amusé, leva les mains en signe de calme.
— Oh, pas de panique, lança-t-il avec un sourire. Tu as encore une bonne vingtaine de minutes, rassis-toi.
Sakura le fixa, perplexe.
— Toute la classe a cours avec Kakashi à 13h, continua-t-il en engloutissant une bouchée de riz.
La jeune fille fronça les sourcils. Elle était pourtant certaine que la directrice avait parlé de cours particuliers, mais peut-être avait-elle mal compris.
— Et, aussi vrai que le soleil se lève à l'est et se couche à l'ouest, il n'existe pas un univers où Kakashi Hatake arrive à l'heure, conclut Naruto d'un ton moqueur, approuvé par un léger hochement de tête de leurs camarades. Le visage de Sakura s'empourpra légèrement. Gênée mais soulagée, elle reprit place, attendant que tout le groupe termine tranquillement leur repas avant de se lever.
Une demi-heure plus tard, Sakura et ses camarades arrivèrent à la salle d'entraînement. Elle reconnut immédiatement l'endroit : le grand gymnase où elle avait suivi Kakashi un mois plus tôt, à une époque qui lui semblait déjà appartenir à une autre vie. Le centre de la pièce était occupé par un vaste ring, encadré de cordes épaisses, parfait pour les combats au corps à corps. Tout autour, des équipements de musculation impeccablement rangés longeaient les murs : haltères, barres, bancs de poids. L'endroit respirait la discipline et la rigueur.
Guidée par les filles de sa classe, Sakura se dirigea vers les vestiaires au fond du gymnase. Une surprise l'attendait : un casier à son nom. À l'intérieur, un équipement complet avait été soigneusement préparé. Une brassière, un tee-shirt ample, une veste assortie, et deux options : un jogging ou un short noir. Une paire de chaussures neuves, une gourde remplie d'électrolytes, et des barres énergétiques du célèbre groupe Aki complétaient le kit. Elle attrapa la brassière, le tee-shirt, et le short, notant avec satisfaction la qualité du matériel. Suivant l'exemple de ses camarades, elle se banda soigneusement les mains, un geste répétitif mais étrangement apaisant. Elle termina par attacher ses cheveux en queue de cheval, retenant les mèches rebelles avec son ruban rouge. Elle se joignit aux autres autour du ring, s'échauffant avec eux, étirant ses muscles et assouplissant ses articulations. Kakashi arriva dix minutes plus tard, une excuse farfelue sur un oisillon qu'il avait "remis dans son nid" sous les rires discrets de Naruto. Leur regard se croisa, et ils échangèrent un sourire complice avant de se ressaisir en voyant leur professeur rejoindre le centre du ring.
— Bien. Je vois que vous vous êtes échauffés. C'est parfait ! Aujourd'hui, on va changer un peu le programme. Les élèves échangèrent des regards intrigués. Qu'est-ce qu'il leur préparait cette fois ? Kakashi les observa un instant avant de poser son regard sur Sakura, un sourire malicieux aux lèvres.
— Ce n'est pas tous les jours qu'on accueille une nouvelle recrue ! dit-il en la fixant. Sakura ! Il lui fit signe de le rejoindre. Elle hésita un instant avant de passer sous les cordes, se dirigeant vers lui, le cœur battant un peu plus fort.
— On va voir ce que tu vaux au corps à corps ! dit-il avec un enthousiasme palpable.
Sakura écarquilla les yeux, un hoquet de surprise s'échappant d'entre ses lèvres. L'assemblée se figea, se demandant si leur professeur mesurait bien la portée de ce qu'il venait de proposer.
— Voyons voir... Kakashi balaya du regard ses élèves, puis fixa le seul qui n'avait pas décroché un sourire depuis le début. Kiba ! J'ai cru comprendre que tu avais des comptes à régler avec cette jeune fille.
Sakura tourna son regard vers Kiba, étonné d'être ainsi évoquée. Le brun la fixa d'un air menaçant, un sourire carnassier étirant ses lèvres alors qu'il s'avançait d'un pas assuré et passait à son tour entre les cordes.
— Sérieusement, Kakashi-sensei ? protesta Naruto depuis le bord du ring. Kiba est l'un des meilleurs dans cet exercice ! Vous ne pensez pas que c'est un peu… rapide pour elle ?
Kakashi lui lança un regard glacial, réduisant Naruto au silence immédiat.
— Pardon, c'était juste une suggestion… murmura le blond en levant les mains.
— Bien. A nous. Voici les règles... Tous les coups sont permis ! annonça de nouveau le professeur, visiblement ravi.
Les élèves, tous un peu déconcertés, fixaient le duo qui allait s'affronter. À l'exception de Kiba, qui semblait plus que prêt à en découdre, et de Sakura, qui gardait son calme et sa concentration.
— Le combat s'arrête sur K.O., abandon, ou quand j'en décide ainsi, précisa Kakashi. Il tourna son regard vers Kiba, une lueur d'avertissement dans les yeux. Sache que ceci est ta seule chance de régler tes comptes. Après ça, je ne veux plus en entendre parler.
— Pas de problème, senseï, répondit Kiba, un sourire à la fois assuré et sauvage. Une chance, c'est tout ce dont j'ai besoin pour lui faire mordre la poussière. Il tapa son poing contre sa main avec un bruit sec.
Kakashi se pencha un instant vers Sakura.
— Un challenge de plus pour toi, murmura-t-il avant de lui faire un signe de la main. La rose y lut le nombre 3. Il s'éloigna et monta sur le bord du ring. Sakura sourit discrètement en comprenant le message: 3 coups maximum. L'excitation commençait à faire chauffer ses muscles, et la tension dans l'air lui donnait un léger frisson.
Kakashi se tourna vers les combattants et, d'une voix claire, lança :
— En garde !
Les deux jeunes gens se mirent en position, poings levés, prêts à se mesurer l'un à l'autre. Dès que le mot "combattez" fut prononcé, Kiba bondit en avant avec une vitesse surprenante, enchaînant les coups de poing. Sakura esquivait chaque assaut avec une précision calculée, ses mouvements fluides contrastant avec la brutalité de son adversaire. Malgré ses tentatives, Kiba n'arrivait pas à la toucher, et son irritation se lisait dans chaque geste un peu plus hâtif, un peu plus imprécis. C'est là qu'elle le vit : une ouverture. Kiba tenta un crochet large, mais son équilibre vacilla légèrement. C'était tout ce dont Sakura avait besoin. Elle pivota avec une rapidité fulgurante, saisissant son bras avant qu'il ne puisse le ramener. D'un mouvement fluide, elle le dévia sur le côté, utilisant son élan contre lui. En une fraction de seconde, Kiba se retrouva au sol, Sakura exploitant son déséquilibre avec une efficacité implacable. Elle s'agenouilla sur son dos, bloquant son bras dans une clé ferme mais contrôlée. Le brun grogna de frustration, tentant un mouvement pour se libérer, mais la pression exercée sur son articulation le fit grimacer et s'immobiliser.
— Abandonne, murmura Sakura, sa voix calme mais autoritaire.
Le silence tomba sur la salle, les spectateurs retenant leur souffle. Même Kiba, d'abord prêt à protester, finit par taper doucement du bout des doigts sur le tatami en signe de reddition. Elle le relâcha aussitôt et se releva avec une grâce tranquille, ajustant le ruban dans ses cheveux comme si de rien n'était. Kiba, encore au sol, la fixait avec un mélange de surprise et d'agacement, tandis que les autres éclataient en murmures incrédules.
Kakashi, adossé contre un poteau du ring, laissa échapper un petit sifflement admiratif.
— Pas mal du tout, commenta-t-il, visiblement satisfait. Sakura lui répondit d'un sourire léger, levant ses doigts en signe de V, avant qu'un claquement sec ne capte son attention. Sasuke affichait un sourire en coin tout en applaudissant lentement. Il fut rapidement suivi par les autres, et en un instant, le gymnase résonnait d'encouragements. Naruto, incapable de rester en place, bondit sur le ring pour l'interpeller.
— Sakura, c'était génial ! Sérieusement, où t'as appris à te battre comme ça ?
Elle haussa les épaules, un petit sourire gêné sur les lèvres.
— Mon frère voulait absolument que je sache me défendre, alors il m'a inscrite très jeune à des cours d'arts martiaux, expliqua-t-elle rapidement.
Elle omis soigneusement de mentionner les soirées qu'elle avait passées dans des combats clandestins, quelques années auparavant. Ces expériences, bien que gravées dans son passé, étaient une partie d'elle qu'elle préférait garder sous silence. Même si cette histoire figurait dans un coin de son dossier scolaire, elle espérait que ses camarades n'en auraient jamais vent.
— Eh bien, ton frère a fait du bon boulot ! s'exclama Naruto, tout sourire.
Sakura répondit par un sourire discret, détournant légèrement le regard. Le frisson de l'adrénaline s'estompait doucement, remplacé par une pointe de satisfaction qu'elle peinait à dissimuler.
Kakashi reprit la classe en main, distribuant les exercices pour le reste du cours: cardio, musculation et techniques de combat. Le programme était dense, et Sakura s'y donna à fond, mais à la fin, elle s'écroula littéralement sur le sol, épuisée. Son corps, clairement plus habitué à un tel régime, protestait déjà. Elle savait que ses muscles allaient hurler pendant des jours et qu'il lui faudrait plus qu'une simple nuit de repos pour s'en remettre. Allongée sur le tatami, elle regardait le plafond, retardant autant que possible le moment où elle devrait retourner aux vestiaires. Ses bras, déjà engourdis, allaient sûrement lui jouer des tours rien qu'en essayant de retirer son t-shirt. Elle soupira, rassemblant mentalement son courage, quand une silhouette apparut dans son champ de vision. Kiba, visiblement mal à l'aise, lui tendit une main. Elle l'attrapa sans hésiter, se laissant tirer sur ses pieds.
— Hmm... Je tenais à m'excuser pour mon comportement, lâcha-t-il, évitant son regard. Je t'ai mal jugée.
La sincérité de ses mots la surprit, mais pas autant que la légère rougeur qui montait sur ses joues. Un sourire chaleureux s'étira sur les lèvres de Sakura, et Kiba sembla encore plus embarrassé, comme s'il n'était pas habitué à admettre ses torts.
— J'accepte tes excuses, répondit-elle simplement. J'espère qu'on aura l'occasion de se battre à nouveau.
Le jeune homme releva enfin les yeux vers elle, et son sourire se fit plus assuré.
— Bien sûr ! Cette fois, je te prendrai au sérieux, Haruno !
Un éclat de défi passa entre eux, mais Sakura sentit que c'était le genre de défi amical, celui qui pousse à s'améliorer. Ils quittèrent le ring côte à côte, leurs pas synchronisés comme s'ils avaient déjà trouvé un certain respect mutuel.
— Sakura !
La voix de Kakashi la fit se retourner. Le professeur, toujours aussi décontracté, était resté au fond de la salle.
— Tu peux te doucher, mais reste en tenue, ordonna-t-il, un sourire énigmatique accroché au coin des lèvres.
Sakura hocha la tête, masquant un soupir exaspéré, ses muscles n'avaient pas finit de souffrir.
Tandis que le reste de la classe quittait la salle d'entraînement dans un brouhaha d'échanges et de rires, Sakura s'approcha de Kakashi, resté sur l'un des tatamis. L'ambiance semblait avoir changé, plus calme, plus sérieuse.
— Bien. Je suis ravi de voir que le temps que tu as passé dans l'Underground n'a pas été vain, lança-t-il, un sourire amusé étirant ses lèvres.
Les joues de Sakura virèrent immédiatement au rouge écarlate. Ainsi, il savait. Elle aurait dû s'en douter, mais l'entendre dire à voix haute la mit profondément mal à l'aise.
— C'était quoi ton surnom déjà? poursuivit-il, moqueur.
Elle détourna les yeux, rouge jusqu'aux oreilles, et murmura: Black thorn.
— Je t'ai observée pendant la séance, reprit-il, redevenant sérieux. Hormis le cardio qu'il va falloir travailler un peu, tu es bien au-dessus de la moyenne des élèves du lycée en combat.
Sakura rougit encore plus, si c'était possible. L'entendre complimenter son niveau la surprenait, mais la mettait aussi un peu mal à l'aise.
— Tu te rappelles du nom du cours qui suit ? demanda-t-il brusquement.
— Maîtrise de l'aptitude, répondit-elle sans hésiter.
— Exactement ! Et je pense que c'est là que nous aurons le plus de mal.
Il croisa les bras, l'observant avec sérieux.
— Pour la plupart des gens, il faut des années pour contrôler parfaitement leur aptitude. Mais toi, tu n'as que quelques mois pour atteindre un niveau acceptable. Il se posa un instant. Mais tu es une jeune fille chanceuse : on t'a donné le meilleur professeur, ajouta-t-il avec un sourire narquois, brisant un peu sa façade sérieuse.
Sakura leva un sourcil, sceptique, tandis qu'un éclat amusé dansait dans les yeux de son professeur.
— Sais-tu quel était mon surnom, lorsque j'étais encore dans la Garde ?
Sakura fouilla dans ses souvenirs. Les élèves de son ancienne classe lui avaient parlé de lui, de cet enseignant un peu étrange qui cachait une réputation impressionnante.
— Copycat, dit-elle, un brin hésitante.
— Exactement ! Sais-tu pourquoi ?
Elle secoua la tête, curieuse mais prudente.
— Rien ne vaut une démonstration, annonça-t-il, se mettant en garde.
Sakura cligna des yeux, surprise, avant d'adopter une posture défensive.
— Attaque, lui ordonna-t-il.
Elle n'hésita pas. D'un pas rapide, elle s'élança et visa son torse avec un coup de poing frontal. Mais avant même qu'elle ne puisse l'atteindre, une force invisible la heurta de plein fouet, la projetant en arrière. Elle atterrit lourdement plusieurs mètres plus loin, heureusement sur le sol recouvert de tatamis.
— Vous pouvez copier les aptitudes des autres... murmura-t-elle, comprenant soudainement. Elle se redressa en s'appuyant sur ses coudes, son souffle court, le choc encore frais.
— Exact. Je m'approprie les techniques de tous ceux qui se trouvent dans un rayon de quelques mètres. Très pratique en combat... encore plus pratique en tant que professeur, expliqua-t-il en tendant une main pour l'aider à se relever.
Sakura saisit sa main, impressionnée.
— Alors, prête pour ton cours ? lança-t-il, un sourire en coin.
Elle sourit en retour, essuyant la sueur sur son front.
— Toujours.
20h sonnait à l'horloge lorsqu'elle franchit enfin la porte de son appartement. Exténuée, Sakura traîna des pieds jusqu'à son lit et s'y laissa tomber de tout son long, incapable de faire un effort de plus. Rin, sa renarde familière, bondit sur le matelas et s'installa près de ses pieds, la queue battant doucement l'air.
— Alors, raconte ! lança Rin avec impatience, ses yeux brillants fixés sur Sakura. Elle avait attendu ce moment toute la journée.
Sakura bâilla à s'en décrocher la mâchoire et se redressa à moitié, juste assez pour croiser le regard curieux de son amie.
— C'était intense, murmura-t-elle, incapable d'en dire davantage. Puis, sans attendre de réponse, elle retomba lourdement sur le matelas et ferma les yeux, sombrant presque instantanément dans un sommeil profond. Rin, consciente de la fatigue qui pesait sur Sakura, s'approcha doucement. Avec délicatesse, elle lui retira ses chaussures et tira une couverture sur elle, s'assurant qu'elle soit bien au chaud avant de se lover à ses côtés.
En pleine nuit, Sakura se réveilla, tirée de son sommeil par une faim tenace qui tordait son estomac. Elle ouvrit les yeux, encore ensommeillée, et sentit la chaleur réconfortante de Rin blottie contre elle. Un sourire lui échappa en la voyant si paisible.
Son regard se porta alors sur la kitchenette, où elle aperçut un sac en papier contenant une boîte à emporter. Rin avait dû sortir pour lui chercher de quoi manger plus tôt dans la soirée. Sakura sentit son cœur se gonfler de gratitude. Sans faire de bruit pour ne pas réveiller son amie, elle se pencha pour déposer un baiser léger sur le front de la renarde.
— Merci, Rin, murmura-t-elle doucement.
Elle traversa la pièce et attrapa la boîte. Bien que le repas soit froid, elle le dévora en quelques bouchées, son estomac rugissant de satisfaction. Une fois rassasiée, Sakura enfila son pyjama et retourna sous les draps chauds. Rin remua à peine en sentant son amie revenir. Blottie contre elle, Sakura ferma les yeux, enveloppée d'une chaleur douce et familière.
Cela faisait maintenant quatre semaines que Sakura avait rejoint la classe 2-A des apprentis, et elle n'avait plus une minute à elle. Ses journées étaient si intenses que ses week-ends se résumaient à dormir ou, au mieux, à limiter ses activités au strict nécessaire. Elle n'avait même pas eu l'occasion de retourner voir ses anciens collègues du café où elle travaillait, et elle n'avait pu visiter son ancien patron à l'hôpital qu'une seule fois. Heureusement, il semblait bien se remettre de sa blessure. Iruka, toujours aussi attentionné, passait parfois la voir chez elle. Il l'aidait à entretenir l'appartement, une tâche qu'elle ne parvenait plus à gérer, épuisée par ses journées interminables et ses nuits de sommeil bien trop courtes.
Les semaines défilaient à une vitesse folle, et chaque journée finissait par ressembler à la précédente. Chaque matin, elle assistait aux cours de matières générales. Heureusement, ces cours ne demandaient pas d'efforts particuliers : elle s'en sortait sans problème, même en laissant son esprit vagabonder de temps en temps. Puis venait la pause de midi, qu'elle consacrait presque systématiquement à une sieste éclair, avant d'enchaîner avec les séances d'éducation physique de l'après-midi. Dès la deuxième semaine, elle nota des progrès. Son cardio s'était nettement amélioré, et même si elle restait fatiguée, elle ne terminait plus les séances effondrée sur le sol. Ces séances devinrent rapidement son moment préféré de la journée, et pas seulement parce qu'elle voyait ses efforts porter leurs fruits. C'était aussi l'occasion d'en apprendre plus sur ses nouveaux camarades.
Elle découvrit ainsi qu'Hinata Hyuuga, malgré sa timidité apparente, était une combattante redoutable. Sakura avait toujours du mal à la surpasser sur le tatami. À l'inverse, Shikamaru Nara donnait l'impression de participer aux entraînements à contrecœur, cherchant à en faire le moins possible. Pourtant, elle réalisa vite que, derrière ses airs nonchalants, il veillait toujours sur ses amis, notamment Ino Yamanaka, qu'il considérait presque comme une petite sœur. Quant à Naruto et Sasuke, ils formaient une paire aussi explosive qu'incontournable. Naruto restait fidèle à lui-même : bruyant, enthousiaste, et souvent hilarant malgré lui. Il semblait toujours déterminé à détendre l'atmosphère et parvenait presque toujours à faire rire l'assemblée. Ce comportement n'était pas sans effet sur Hinata, que Sakura avait remarqué rougir discrètement plus d'une fois en le regardant. Pourtant, Naruto semblait totalement inconscient de l'attention que lui portait la jeune Hyuuga. Sasuke, lui, tranchait complètement avec l'énergie chaotique de son meilleur ami. Dès les premiers jours, Sakura avait noté qu'il exerçait une certaine autorité naturelle sur le groupe. Au début, elle pensait que cela venait de son statut – fils du général et héritier des Uchiha – mais elle comprit rapidement que ce n'était pas la seule raison. Sasuke était simplement au-dessus du lot. Son niveau en combat était incomparable, et même Kakashi semblait le considérer comme une sorte d'assistant. À plusieurs reprises, Sakura l'avait vu corriger les postures de ses camarades ou leur donner des conseils sur leurs frappes et déplacements. Quand il parlait, tout le monde écoutait. Et ce qu'il disait semblait compter presque autant que les instructions du professeur Hatake. Elle ne put s'empêcher de noter que Sasuke n'avait jamais été mis face à elle en combat. Kakashi semblait éviter cette confrontation, et une part d'elle ne savait pas si c'était par prudence ou pour ménager un suspense. Mais d'un autre côté, d'elle brûlait d'envie de savoir si elle aurait une chance contre lui, même infime.
Alors que le cours touchait à sa fin, une silhouette imposante franchit les portes du gymnase. Tsunade Senju, la directrice elle-même, fit son entrée. L'effet fut immédiat : les apprentis cessèrent toutes leurs activités et s'inclinèrent respectueusement, le silence tombant instantanément dans la salle. Elle les salua d'un geste bref, leur indiquant de se redresser, avant de se diriger vers Kakashi. Les deux échangèrent quelques mots, et Sakura sentit le regard du professeur se poser sur elle. Son estomac se noua. Puis, elle fit rapidement le calcul : cela faisait un mois qu'elle était arrivée. Le délai que Tsunade lui avait donné pour faire ses preuves... c'était aujourd'hui.
Kakashi, fidèle à son style nonchalant, se retourna vers les élèves avec un sourire en coin.
— Bien, les enfants. Changement de programme, annonça-t-il, sa voix claire résonnant dans le gymnase. Le prochain cours est annulé. Tsunade-sama souhaite évaluer votre niveau. On va organiser un petit tournoi.
Un frisson d'excitation parcourut les rangs des élèves. Des murmures enthousiastes s'élevèrent, mais Sakura, elle, sentit un mauvais pressentiment s'installer. Ses mains moites glissèrent légèrement sur le bord de son tee-shirt. Tsunade prit alors la parole, son ton aussi tranchant qu'autoritaire.
— La fin d'année approche, et avec elle, la pré-sélection pour le tournoi inter-instituts. C'est une excellente occasion de voir où chacun d'entre vous se situe.
Sakura fronça les sourcils et tourna la tête vers sa voisine, Ino, dans l'espoir d'éclaircissements.
— Le tournoi inter-instituts, c'est l'événement le plus important pour les écoles militaires, expliqua Ino à voix basse. Chaque établissement envoie ses meilleurs élèves. Ils s'affrontent dans des épreuves conçues pour tester toutes les qualités nécessaires à un membre de la Garde. C'est très sérieux, et souvent la première occasion pour les apprentis de se faire remarquer. Certains décrochent même leur place dans la Garde grâce à ça.
Elle désigna discrètement Sasuke, Naruto et Shikamaru.
— La Senju domine depuis des années. On n'a pas perdu depuis un bon moment.
Sakura hocha la tête, attentive.
— Et la pré-sélection, ça se passe comment ?
— Chaque école ne peut envoyer que douze élèves : trois premières années, trois deuxièmes années, trois troisièmes années, et trois remplaçants. Ici, on organise un tournoi interne en décembre. Les vainqueurs de chaque promotion représentent leur classe. Après ça, les gagnants s'affrontent dans ce qu'on appelle "le combat des titans", et le meilleur devient le chef d'équipe.
Ino fit un léger signe de tête vers Sasuke.
— Il a remporté le titre l'année dernière.
Sakura observa le jeune Uchiha, à peine surprise par l'information. Il semblait tout à fait dans son élément, imperturbable et concentré.
— Kakashi, je te laisse gérer les duels, déclara Tsunade d'un ton tranchant avant de se retirer sur le côté, les bras croisés.
Le professeur tapota son menton, son regard parcourant les élèves rassemblés.
— Voyons voir... On va commencer par Hinata contre... Naruto !
Un éclat de stupeur traversa le groupe. Hinata, elle, manqua de s'écrouler sous le choc de l'annonce. Sakura, qui se trouvait à côté d'elle, la rattrapa de justesse. Elle jeta un regard accusateur à Kakashi, persuadée qu'il avait sciemment décidé de confronter les deux. Il ne pouvait pas ignorer les sentiments évidents de la jeune Hyuuga pour Naruto.
Naruto, fidèle à lui-même, se précipita sur le ring, tout sourire.
— Hé, Hinata, prends ça comme un entraînement ! Je vais y aller doucement, promis !
Sakura jura que de la vapeur s'échappait de la tête de la brunette. Elle lui donna une petite tape dans le dos pour l'encourager.
— Allez, montre-lui ce que tu sais faire.
Hinata inspira profondément et monta à son tour sur le ring. Elle se plaça face à Naruto, ses mains tremblantes se stabilisant peu à peu.
Kakashi, déjà en retrait, ajouta avec désinvolture :
— Comme on prépare le tournoi, vous êtes exceptionnellement autorisés à utiliser vos armes et vos aptitudes.
Cette phrase fit tressaillir Sakura. L'appréhension monta d'un cran. Bien qu'elle ait progressé grâce à l'entraînement de Kakashi, elle savait qu'elle n'avait pas encore un contrôle parfait de son aptitude. Ce serait la première fois qu'elle la testerait dans un vrai combat, et l'idée la faisait paniquer.
Elle se força néanmoins à se concentrer, observant le ring avec une attention nouvelle. C'était une occasion parfaite pour étudier les techniques de ses camarades en action.
— Hormis ça, les règles sont simples, comme d'habitude : un K.O., un abandon, ou mon intervention met fin au combat. Tous les coups sont permis.
Il sortit du ring, levant une main.
— En garde !
Naruto et Hinata se mirent en position, les muscles tendus.
— Combattez !
