Le lendemain, Sakura arriva un peu en avance, comme à son habitude, pour préparer ses affaires. Mais, à sa grande surprise, Naruto était déjà là, planté devant la salle de classe. Enfin, "planté" n'était peut-être pas le mot juste : le blondinet, adepte des retards, semblait avoir tenté un exploit en arrivant en premier… pour finir par s'endormir, le dos contre la porte. Elle se racla légèrement la gorge pour le réveiller. Naruto ouvrit brusquement les yeux, sursautant comme s'il venait de se faire attaquer.
— Sakura ! T'es là ! s'exclama-t-il, l'air paniqué.
— De toute évidence, répondit-elle, un sourcil arqué.
Il se releva maladroitement et baissa les yeux, l'air penaud.
— Sakura, je… Je sais que j'ai grave dépassé les bornes hier soir, commença-t-il, d'une voix hésitante. Mon père me dit toujours que je devrais tourner ma langue sept fois avant de parler… et, pour le coup, je regrette vraiment de t'avoir posé cette question. J'ai su que j'avais foiré dès que les mots ont quitté ma bouche. J'espère que tu m'en veux pas.
À ces mots, il s'inclina visiblement rongé par la culpabilité. Sakura, qui voyait bien à quel point il s'en voulait, ne put s'empêcher de sourire légèrement. Pour être honnête, la soirée qu'elle avait passée avec Sasuke avait balayé ce moment gênant de son esprit.
— Je ne t'en veux pas, Naruto, le rassura-t-elle d'une voix douce, lui offrant un sourire chaleureux.
Naruto releva la tête, ses yeux bleu ciel pétillants d'espoir.
— On est toujours amis, alors ? demanda-t-il.
Sakura ne put s'empêcher de rire devant son air d'enfant inquiet.
— Évidemment. Quelle question !
— Pfiouuu ! souffla-t-il en relâchant ses épaules, visiblement soulagé. Je te jure, quand je t'ai vue partir hier, j'ai flippé. Je pensais que tu voudrais plus jamais me parler. J'en ai même pas dormi de la nuit, avoua-t-il en se grattant l'arrière de la tête, l'air gêné.
Sakura haussa un sourcil amusé, mais avant qu'elle n'ait pu répondre, le couloir commença à se remplir. Les autres élèves arrivaient peu à peu, et ils décidèrent d'aller s'installer à leurs places.
— T'as révisé pour le quiz de Kurenaï-senseï ? demanda Sakura avec un sourire en coin, ses yeux pétillant d'espièglerie.
Naruto, qui ne brillait pas par son organisation, devint soudain livide. Il la fixa comme si elle venait de lui annoncer la fin du monde.
— Attends, quoi ? Y a un quiz aujourd'hui ?!
La rose ne put s'empêcher d'étouffer un rire, le regardant s'agiter frénétiquement. Pris de panique, le blond s'empara de son cahier et tenta l'impossible : assimiler en cinq minutes un cours qu'il n'avait pas ouvert depuis… la semaine dernière.
— Hey Sas'ke ! Tu savais qu'il y avait un quiz aujourd'hui ?! hurla-t-il à travers la classe, provoquant les regards amusés – ou agacés – de quelques élèves.
À l'entente du nom de l'Uchiha, Sakura se figea. Une chaleur familière monta immédiatement à ses joues. Elle fit de son mieux pour se cacher derrière son cahier, priant pour que personne ne remarque son embarras évident. Pas de contact visuel, surtout pas de contact visuel. Sasuke, qui venait tout juste de franchir la porte, s'arrêta un instant pour dévisager son ami, visiblement agacé.
— Tu le saurais si tu ne dormais pas la moitié du temps en classe, rétorqua-t-il d'un ton sec.
— Et toi, tu pouvais pas me le rappeler ?! s'indigna Naruto, scandalisé par cette absence d'attention fraternelle.
— T'es majeur et vacciné, je te rappelle. T'es assez grand pour gérer ton agenda tout seul, répondit l'Uchiha avec un soupir, tout en traversant la pièce pour rejoindre sa place habituelle.
Alors qu'il s'installait, son regard fut attiré par une cascade de cheveux roses, juste devant lui. Sakura semblait absorbée par son livre, ses yeux parcourant les pages avec une intensité presque trop exagérée pour être naturelle. Sasuke plissa les yeux pour lire le titre. Un manuel de… mathématiques ?
Il esquissa un sourire moqueur.
— Dommage qu'on ait cours d'histoire, murmura-t-il pour lui-même, le coin de ses lèvres trahissant son amusement.
Malgré tous ses efforts pour l'éviter, Sakura se retrouva face à Sasuke à table dans l'agitation du réfectoire. L'air pesant du silence qu'elle s'imposait lui donnait l'impression de suffoquer. Elle triturait nerveusement les coins de sa serviette, les joues légèrement rosées, trop consciente de la proximité de son camarade brun. Depuis le début de la matinée, il avait remarqué son comportement fuyant et, bien qu'il en devine la raison, il choisit de jouer la carte de l'indifférence.
— Le sel, Haruno, demanda-t-il d'un ton parfaitement neutre, brisant l'ombre qui planait entre eux.
La jeune fille releva les yeux, surprise par le ton de sa voix. Elle s'exécuta rapidement, tendant le récipient sans un mot. Sasuke ne s'arrêta pas là et poursuivit, l'air de rien :
— T'as trouvé le quiz d'histoire difficile ?
Sakura bafouilla une réponse hésitante, bien trop consciente qu'il faisait exprès de l'engager dans une conversation normale. Était-ce sa façon de la rassurer ? Peut-être. Puis, sans prévenir, il posa une question qui la déstabilisa encore plus.
— Tu comptes finir ton dessert ?
Elle releva les yeux, cette fois véritablement prise de court. Son regard croisa enfin celui qu'elle avait soigneusement évité depuis le début de la journée. Ces iris sombres, énigmatiques, la fixaient avec une simplicité désarmante.
— Haruno ? Sa voix, légèrement plus insistante, la fit sursauter.
Elle secoua la tête pour chasser ses pensées parasites et lui tendit son dessert à moitié entamé.
— Merci, répondit-il simplement avant de l'engloutir en deux bouchées, comme si de rien n'était.
Sasuke se leva aussitôt, remettant son plateau avec sa désinvolture habituelle. Alors qu'il quittait le réfectoire sans un regard en arrière, Sakura resta là, figée, les pensées en ébullition. Une part d'elle était soulagée qu'il ait décidé de faire comme si de rien n'était, comme si leur soirée n'avait été qu'un moment parmi tant d'autres. Pourtant, une autre part grondait d'agacement. Pourquoi était-elle la seule à être autant chamboulée ? Elle détourna les yeux vers son plateau, mâchonnant nerveusement sa paille. C'est ça, Sasuke Uchiha, joue les indifférents... Pendant que moi, je me bats avec mes propres émotions. Elle soupira profondément, partagée entre le soulagement et la frustration, avant de pousser son plateau pour s'éclipser à son tour.
Comme tous les après-midis, Sakura rejoignait son professeur, Kakashi Hatake, pour perfectionner le contrôle de son aptitude. Lorsqu'elle arriva dans la salle d'entraînement, il était déjà là, assis en tailleur au centre du tatami, les yeux clos, immobile comme une statue. Intriguée, elle s'approcha et imita sa position sans un mot, observant du coin de l'œil pour tenter de deviner ce qu'elle devait faire.
— Concentre-toi, jeune fille, ordonna Kakashi, sans ouvrir les yeux.
Sakura fronça les sourcils et grogna.
— Me concentrer sur quoi, exactement ? Je suis censée faire quoi, au juste ?
Il ouvrit un œil, visiblement exaspéré.
— Vous, les jeunes, vous ne savez pas prendre le temps de simplement être.
Il soupira profondément avant de reprendre, son ton plus sérieux cette fois :
— Je suis content de tes progrès. Déclencher ton aptitude il y a un mois et déjà parvenir à t'en servir à la fois défensivement et offensivement, c'est remarquable.
Sakura sentit une pointe de fierté monter en elle et esquissa un sourire.
— Cependant… ajouta Kakashi, laissant planer un silence dramatique. Il leva un doigt accusateur dans sa direction.
— Tu utilises beaucoup trop d'énergie. C'est intolérable d'être tombée d'épuisement après seulement deux attaques. Tu ne peux pas te permettre ça, surtout pas en situation réelle.
Elle baissa la tête, honteuse, sachant qu'il avait raison.
Kakashi se redressa légèrement et reprit sa posture méditative.
— Aujourd'hui, on va travailler sur ton contrôle. Assieds-toi. Ferme les yeux. Imagine-toi dans une forêt.
Sakura obéit, se projetant dans les bois clairsemés qui entouraient l'orphelinat de son enfance. Ce n'était pas vraiment une forêt dense, mais c'était tout ce qu'elle connaissait.
— Imagine un fleuve, puissant et indomptable. Le courant est si fort qu'il emporte tout sur son passage : les arbres, les buissons, même les rochers. Ce fleuve, c'est ton flux d'énergie, hors de contrôle.
Dans son esprit, Sakura visualisa l'eau tumultueuse, rouge et vibrante d'intensité.
— Laisse ce flux inonder ton organisme, ordonna Kakashi.
La chaleur la saisit comme une vague. Des gouttes de sueur perlèrent sur son front, et ses extrémités picotaient douloureusement, l'énergie cherchant désespérément à s'échapper.
— Maintenant, concentre-toi. Ce fleuve ne veut qu'une chose : retourner dans son lit.
Elle inspira profondément, rassemblant sa volonté pour canaliser le flot déchaîné. Les picotements commencèrent à diminuer, mais la chaleur persistait.
— Transforme ce fleuve en rivière, puis en ruisseau. Il doit devenir si fin qu'il pourrait couler doucement à travers une fontaine.
Sakura serra les poings, sentant la douleur dans ses paumes où ses ongles s'enfonçaient. Son esprit vacillait sous l'effort, mais la voix de Kakashi restait un point d'ancrage.
— Imagine une fontaine. Juste un filet d'eau, délicat et précis, qui s'écoule avec la quantité exacte nécessaire pour étancher ta soif.
Elle se raccrocha à cette image, à ce son métallique qu'elle associait à la vieille fontaine près de la colline de l'orphelinat. Peu à peu, le chaos intérieur s'apaisa. Le tumulte céda la place au silence, et le bruit paisible d'un filet d'eau résonna dans son esprit.
Quand elle ouvrit finalement les yeux, elle était épuisée, mais le regard satisfait de Kakashi lui arracha un sourire.
— Bien. Il hocha la tête. Désormais, nous commencerons chaque séance par cet exercice. Et dès que tu as un moment de libre, je veux que tu repenses à cette fontaine. C'est la source de ton pouvoir. Compris ?
Sakura acquiesça, le souffle encore court, mais plus déterminée que jamais.
Après quatre semaines d'entraînement acharné, l'exercice de Kakashi portait ses fruits. Sakura avait intégré la visualisation de la fontaine à sa routine quotidienne. Chaque matin, à la pause de midi ou le soir avant de dormir, elle fermait les yeux, s'imprégnait de cette image apaisante et canalisait son énergie. Désormais, elle pouvait extraire juste ce qu'il fallait en combat, évitant l'épuisement. Ce jour-là, lors de l'entraînement en simulation, elle avait tenu deux heures d'enchaînements défensifs et offensifs sans interruption. Sa respiration était légèrement accélérée, mais elle se sentait encore en forme. Elle balaya la salle du regard, fière de sa performance, à la recherche de l'approbation de Kakashi. Le professeur, adossé à un mur, l'observait, pensif.
— Allez ! Dites-le ! Avouez que j'ai géré ! lança-t-elle, un sourire malicieux aux lèvres.
Il esquissa un sourire amusé et s'approcha pour ébouriffer ses cheveux. Ce geste, qu'il réservait à ses élèves préférés, était devenu pour elle un signe clair de félicitations.
— C'est très bien, Sakura. Tu veux un biscuit en récompense ? se moqua-t-il, un éclat malicieux dans les yeux.
Elle lui tira la langue, faussement vexée.
— Plus sérieusement… il va encore falloir travailler ton acuité au tir, mais dans l'ensemble, c'est du très bon travail, Haruno. Son ton s'était fait plus sincère. Tu es prête pour la pré-sélection.
Sakura cligna des yeux, incrédule.
— La pré-sélection ? Vous êtes sûr ? balbutia-t-elle, le stress perçant dans sa voix.
Kakashi hocha la tête avec assurance.
— Au corps à corps, je pense que je ne prends pas trop de risques en disant que tu es devenue la meilleure de ta promotion. Honnêtement, même Sasuke aurait du mal face à toi dans un un-contre-un purement technique.
Cette remarque la fit rougir jusqu'à la racine des cheveux.
— Pour ton aptitude, il y a encore des pistes à explorer, mais, à ton niveau actuel, je pense qu'on peut viser les demi-finales du tournoi des deuxièmes années sans problème.
Sakura écoutait, bouche bée. Elle avait conscience de ses progrès, mais jamais elle n'aurait imaginé être prête pour un tel défi.
— Bien. Je vais en parler à Tsunade-sama pour obtenir son approbation officielle, mais bienvenue officiellement chez les apprentis de deuxième année, Sakura Haruno. Kakashi lui adressa un sourire fier.
— Vous voulez dire que… ? murmura-t-elle, hésitante.
— Oui. Dès demain, tu rejoins tes camarades pour les cours de l'après-midi.
Il leva les mains, attendant un double high five. Mais Sakura resta immobile, un air triste sur le visage.
— Eh bien, je pensais que ça te ferait plaisir de ne plus m'avoir sur le dos tous les jours jusqu'à 19 h ! plaisanta-t-il.
Elle releva la tête, un sourire mélancolique sur les lèvres.
— Si, si. C'est juste que… vous et vos exercices alambiqués, je crois que ça va me manquer.
Un silence flotta entre eux.
— Je n'y serais jamais arrivée sans vous, Kakashi-senseï. Merci pour tout.
Kakashi détourna le regard, gêné.
— Ha-ha. Arrête, tu vas me faire rougir.
Il dut admettre qu'il s'était lui aussi attaché à cette élève pleine de caractère. Au fil des jours, elle avait appris à baisser ses barrières avec lui et par moments, il avait plus l'impression de veiller sur une petite sœur que sur une simple apprentie.
Il posa une main sur sa tête, lui ébouriffant une dernière fois les cheveux, mais avec une tendresse inhabituelle.
— Je reste ton professeur principal, ne t'inquiète pas.
Ces mots suffirent à redonner le sourire à Sakura. Un sourire sincère, empli de gratitude et d'excitation pour la suite.
Sakura quitta son professeur avec un pincement au cœur, l'écho de leurs dernières paroles encore dans son esprit. À l'extérieur, l'air glacial de décembre la saisit immédiatement. Le froid avait solidement pris ses quartiers, et un voile de givre semblait recouvrir chaque recoin du campus. Elle expira doucement par la bouche, observant avec amusement la buée blanche qui s'en échappait, avant de souffler dans ses mains pour tenter de les réchauffer. Elle resserra son manteau autour d'elle, enfouissant son visage dans son écharpe, et commença à avancer vers la sortie.
Sur le chemin, elle croisa Hinata, une silhouette discrète mais familière dans la pénombre du soir. L'héritière des Hyuuga, toujours studieuse, avait visiblement passé du temps à la bibliothèque, comme souvent. Ce n'était pas rare qu'elles se retrouvent ainsi et fassent un bout de chemin ensemble.
— Salut, Sakura, murmura Hinata avec son habituel sourire timide, ses joues légèrement rougies par le froid.
— Hey, Hinata ! Tu n'as pas trop froid ? s'enquit Sakura en accélérant le pas pour la rejoindre.
Au fil des semaines, Sakura avait découvert qu'elle partageait un intérêt inattendu avec la jeune héritière : toutes deux étaient des fans inconditionnelles du groupe Vortex. Ces moments en tête-à-tête étaient devenus l'occasion parfaite pour échanger des infos, des anecdotes et parfois même des théories sur la prochaine tournée. Ce soir-là, Hinata avait des nouvelles excitantes à partager.
— Tu ne vas pas y croire, mais... le groupe Hyuuga sponsorise leur prochaine tournée, annonça-t-elle, ses yeux brillants d'enthousiasme.
— Quoi ? C'est énorme ! s'écria Sakura, oubliant presque le froid qui lui mordait les joues.
— Et... mon père m'a réservé des places pour leur concert. Il m'a dit que je pouvais inviter une amie.
Sakura s'arrêta net, bouche bée.
— Tu es sérieuse ? Hinata, c'est incroyable !
— Tu veux venir avec moi ? demanda timidement la brune, un sourire doux illuminant son visage.
Le cœur de Sakura fit un bond, et elle attrapa les mains de son amie avec un enthousiasme débordant.
— Bien sûr que je veux ! Merci, merci, merci, tu es la meilleure ! Elle serra Hinata dans ses bras, ignorant les regards intrigués des rares passants. Je te dois une reconnaissance éternelle! ajouta-t-elle en riant.
Alors qu'elles continuaient leur chemin, Sakura aperçut Naruto au loin sortir du bâtiment administratif. Il devait avoir rendez-vous avec sa marraine, songea la rose. Elle le salua du portail et l'invita à les rejoindre. Elle vit de suite que la Hyuuga s'empourpra et se cacha derrière elle. Son amie sourit crispée et la ramena à ses côtés:
- Hinata... S'il te plait tant que ça, tu devrais te mettre un peu plus en avant, marmonna-t-elle entre ses dents, faisant de rougir de plus belle la brunette.
- C'est si évident que ça ? siffla-t-elle.
- Oh que oui... Sauf pour le principal concerné. Confirma la rose, le regard exaspéré en regardant son ami se diriger vers elles. Elle glissa ses yeux entre son amie et le blondinet, et une ampoule s'alluma dans son cerveau. Elle sourit d'un air entendu, prête à mettre son plan à exécution.
- Sakura ! Tu finis tard encore ! Se désola le blond.
- C'est la dernière fois ! Hey-hey! Lui avoua-t-elle, souriant de toutes ses dents. Kakashi vient de m'annoncer qu'à partir demain, je rejoins la classe pour tous les cours!
- Mais c'est super ça! Faut qu'on fête, ça! S'exclama-t-il tout content. Oh Hinata, je ne t'avais pas remarqué. Tu vas bien ? Tu as l'air d'avoir de la fièvre. S'inquiéta le blond, en s'approchant dangereusement près de l'adolescente. Sakura la tint fort pour ne pas que cette dernière s'effondre.
- Excellente idée Naruto! Le marché de la vieille ville a ouvert pour célébrer le solstice d'hiver. On a qu'à aller y faire un tour. Tu viens avec nous Hinata ? proposa la jeune Haruno, le regard appuyé à son amie.
- Euh... c'est qu'il commence à se faire tard. Sakura lui pinça le bras. Mais, ça devrait aller. Répondit-elle finalement, sous la torture.
- Super! Je préviens Sasuke! Il adore le marché du solstice, ça lui rappelle de bons souvenirs. Commenta le blond pendant qu'il envoyait un message sur son téléphone.
Sakura avait traîné ses amis dans l'Aerotram, une grande première pour eux. Leur enthousiasme débordant, semblable à celui d'enfants découvrant une fête foraine, déclenchait chez elle un mélange d'amusement et d'exaspération. Pour elle, qui empruntait ce transport quotidiennement, leurs réactions innocentes renforçaient cette impression étrange qu'ils vivaient parfois dans des mondes totalement différents. En descendant, ils retrouvèrent Sasuke, déjà sur place, accompagné de Rin. L'artère principale de la vieille ville, où ils s'étaient donné rendez-vous, brillait de mille feux sous les décorations de fin d'année. Des guirlandes lumineuses s'étendaient d'un bâtiment à l'autre, plongeant la rue dans une ambiance féerique. À chaque coin de rue, des échoppes et cabanons proposaient des gourmandises alléchantes, des bibelots scintillants ou encore des attractions où des enfants surexcités formaient des files interminables. Rin, fidèle à ses habitudes, bondit sur les épaules de Sakura pour avoir une meilleure vue. Avec son air malicieux, la petite renarde tendit l'oreille, attentive à ce que sa partenaire lui soufflait dans l'oreille.
— Cap'taine, à vos ordres ! lança-t-elle en effectuant un salut militaire impeccable. Elle observa les alentours un instant, puis pointa une patte en avant. Le stand de tir doit être par là-bas.
— En avant ! répondit Sakura en souriant, tout en menant la petite troupe.
Quelques mètres plus loin, ils atteignirent le stand. Sakura s'arrêta devant un mur tapissé de peluches de toutes tailles. Parmi elles, une en particulier attira son attention : un chat blanc, moelleux et adorable, qui faisait presque la taille d'un coussin. Elle le décrocha et le tendit à Hinata avec un sourire espiègle.
— Regarde ça, Hinata ! Il n'est pas trop mignon ? s'exclama-t-elle, exagérant légèrement son enthousiasme.
Elle connaissait bien son amie : Hinata adorait ce genre d'objets, mais elle était bien trop timide pour l'avouer. Alors, Sakura prenait les devants, espérant qu'un jour la jeune Hyuuga apprendrait à s'ouvrir un peu plus. Si elle voulait qu'un certain blondinet la remarque, il fallait bien commencer quelque part. Les joues d'Hinata prirent une teinte rosée tandis qu'elle fixait la peluche, des étoiles dans les yeux. Elle s'approcha timidement de l'étalage, et son regard se perdit dans la multitude de peluches colorées qui s'alignaient devant elle.
— Il y en a tellement... murmura-t-elle, visiblement sous le charme. Elle en attrapa plusieurs, ne sachant plus où donner de la tête.
Sakura lança un regard lourd de sous-entendus à Naruto, mais, fidèle à lui-même, il ne semblait pas comprendre où elle voulait en venir. Elle roula des yeux, soupirant, puis tenta une nouvelle fois, cette fois-ci en visant Sasuke. Le brun haussa un sourcil, interloqué. Sakura fit un geste rapide du regard entre Naruto et Hinata. Un éclair de compréhension passa dans les yeux du brun, qui sans un mot, asséna un coup léger mais précis dans les côtes de son ami.
— Quoi ?! s'énerva Naruto, frottant ses côtes endolories.
Sasuke se contenta de lui désigner Hinata du menton. La jeune fille, absorbée par les peluches, avait les joues légèrement rouges.
— Oye, Hinata ! C'est laquelle que tu veux ? demanda Naruto, d'un ton direct, tout en attrapant une fléchette. Confiant en ses compétences, il n'avait aucun doute qu'il décrocherait la peluche de son choix.
Hinata, plus écarlate que jamais, jeta un regard suppliant à Sakura. Cette dernière lui adressa un sourire encourageant. Inspirant profondément, Hinata se força à parler d'une voix étonnamment calme :
— Le hibou... s'il te plaît, Naruto.
— Un hibou, c'est parti ! lança joyeusement Naruto.
D'un geste précis, il lança la fléchette en plein centre de la cible, déclenchant le mécanisme qui libéra la peluche. Naruto la ramassa et la tendit à Hinata avec un sourire éclatant.
— Allez, je suis chaud ! Tu veux autre chose ? fanfaronna-t-il, craquant ses doigts comme pour se préparer.
Hinata, les yeux brillants de joie, désigna timidement un panda. Pendant ce temps, Sakura observait la scène avec un sourire satisfait. Enfin, Hinata semblait se détendre un peu face à Naruto. Mais son attention fut rapidement détournée par Rin, qui descendit soudain de ses épaules, le nez frémissant.
— Oh non... Pas encore... murmura Sakura en voyant son familier filer à travers la foule. Elle connaissait cette attitude : Rin avait repéré une odeur alléchante, et rien ne pouvait l'arrêter. Sans perdre de temps, Sakura s'élança à sa poursuite, zigzaguant entre les passants tout en lui criant de ralentir. Mais c'était inutile : quand Rin avait faim, elle devenait une vraie tornade. Essoufflée, Sakura finit par arriver devant un stand de crêpes. Rin, sa queue battant l'air d'excitation, était déjà plantée devant le vendeur, les babines luisantes de bave. Le gérant, amusé, tendit une crêpe fumante à Sakura.
— Vous devez payer, mademoiselle, dit-il en riant.
Sakura, à moitié furieuse, sortit un billet tout en lançant un regard noir à son familier.
— J'ai au moins le droit d'y goûter ? grogna-t-elle en croisant les bras.
Rin, boudeuse, arracha un petit morceau qu'elle lui tendit du bout des dents.
— Mais pas trop ! C'est ma crêpe ! protesta-t-elle en voyant Sakura mordre dedans avec enthousiasme.
— Je te signale que c'est moi qui l'ai payée, alors je prends ce que je veux, rétorqua Sakura en ricanant.
Un rire grave et familier brisa leur échange.
— Eh bien, eh bien. Regardez-moi qui voilà ?
Sakura se figea. Elle connaissait cette voix. Une voix qu'elle n'avait pas entendue depuis des années et qui n'annonçait rien de bon. Lentement, elle se tourna. Derrière elle, un homme chauve, une cicatrice lui traversant le côté gauche du visage, s'avançait, un sourire carnassier aux lèvres. Rin, les sens en alerte, se mit immédiatement en position défensive, les crocs sortis.
— Qu'est-ce que tu veux, Shin ? demanda Sakura, sa voix tranchante comme une lame.
— Pourquoi ce ton glacial ? Nous étions si proches, autrefois, répondit-il, faussement blessé. Son sourire malsain s'élargit alors qu'il s'approchait. Il releva le menton de Sakura d'un doigt. Tu es devenue une vraie beauté, ma parole.
D'un geste brusque, elle repoussa sa main.
— Ne me touche pas.
— Oh, toujours aussi farouche, Black Thorn. Sa voix se fit plus dure en prononçant ce surnom.
— Ne m'appelle pas comme ça, répliqua Sakura entre ses dents serrées. Elle le poussa vers un coin plus isolé, consciente que cette conversation devait rester discrète. Qu'est-ce que tu me veux ?
Shin laissa tomber son masque de légèreté. Son regard s'assombrit, chargé de colère. En une fraction de seconde, il l'attrapa par le col de son manteau, la plaquant contre le mur. Une lame froide effleura son flanc.
— Tu me dois beaucoup d'argent, Black Thorn.
— Je t'ai déjà tout remboursé, cracha Sakura, son ton amer trahissant son inquiétude. Shin n'était pas l'être humain le plus stable psychologiquement qui lui avait été donné de rencontrer et il n'était clairement pas dans un des ses bons jours.
Shin fit glisser la lame jusqu'à son menton, la forçant à relever la tête.
— Pas ce que ta petite sœur me doit, dit-il avec un sourire cruel.
Sakura sentit son cœur rater un battement.
— Oh, tu ne savais pas ? ricana-t-il. Ta frangine a rejoint l'Underground. Elle voulait marcher sur tes traces... mais malheureusement, elle n'a pas ton talent. Elle m'a fait perdre beaucoup d'argent, cette petite peste. Alors maintenant, c'est à toi de payer.
Il appuya légèrement la lame, juste assez pour percer sa peau, laissant couler un filet de sang sur son cou, et murmura :
— À moins que tu n'aies une autre façon de me rembourser. Il était si proche que Sakura pouvait sentir son souffle rauque glisser contre ses lèvres. Lorsqu'il força un baiser sur sa bouche, elle réagit d'instinct. Ses dents se refermèrent sur sa lèvre inférieure avec une force brutale, lui arrachant un cri de douleur. Il recula vivement, le goût métallique de son propre sang emplissant sa bouche. Furieux, il resserra sa prise sur le col de Sakura, la projetant violemment contre le mur. Sa tête heurta la pierre avec un bruit sourd. La peur la paralysait. Son esprit était embrouillé, pris au piège entre terreur et douleur.
— Alors, petite peste, cracha Shin, sa voix venimeuse. Je ne suis pas à ton goût, hein ? T'es trop bien pour moi maintenant, c'est ça ? Juste bonne pour les bourgeois, peut-être ? Il la jaugea avec un rictus cruel. On verra si quelqu'un voudra encore de toi après que je t'aurai refait le portrait.
Il leva une main pour la frapper, mais il n'en eut pas l'occasion. Un éclair noir s'abattit sur lui. En un instant, sa prise sur Sakura se relâcha, et elle s'écroula à genoux, haletante. Quand elle releva la tête, elle vit Shin plaqué contre le mur, Sasuke en train de lui asséner coup sur coup avec une fureur qui déformait son visage habituellement impassible. Au sol, Rin s'acharnait sur le mollet de l'agresseur, ses crocs profondément ancrés dans sa chair. Sakura tenta de se relever, vacillante. Shin était déjà inconscient, mais Sasuke continuait à frapper, ses poings s'abattant comme des marteaux, sa respiration saccadée par la rage.
— Arrête, Sasuke, je t'en supplie ! implora-t-elle, la voix brisée, en le tirant en arrière dans une étreinte désespérée.
Il se figea à son contact, ses épaules se contractant sous la pression de ses bras. Lentement, il desserra ses poings ensanglantés, son regard passant de Shin à Sakura. Ses yeux reflétaient une lueur d'effroi lorsqu'il réalisa l'état de son adversaire. Shin gisait immobile, le visage tuméfié, du sang coulant de son nez et de sa bouche.
— Il... il respire, murmura Sakura, après s'être penchée pour vérifier. Un souffle court d'apaisement franchit ses lèvres tremblantes. Elle fouilla dans la veste de l'homme inconscient, ses mains encore secouées par des spasmes, et trouva son téléphone. Elle prit rapidement une photo de sa liste de contacts avant de s'en détourner. Se relevant, elle s'approcha de Sasuke. Sa main ensanglantée tremblait, ses jointures meurtries. Sans réfléchir, elle la saisit, les yeux emplis d'inquiétude. Il l'observa un instant, et son cœur se serra en voyant que la peur n'avait pas quitté son regard.
— Désolé... désolé d'avoir mis autant de temps à arriver, murmura-t-il, sa voix rauque.
Lentement, il l'attira contre lui, posant son menton sur le sommet de sa tête. Elle éclata en sanglots silencieux, ses larmes mouillant sa chemise. Ils restèrent ainsi un moment, dans un silence où seuls les échos de la rue animaient l'air. Quand Sakura finit par se calmer, elle s'écarta doucement, essuyant ses yeux rougis d'un geste maladroit. Sasuke remarqua qu'elle tremblait encore. Sans un mot, il enleva son manteau et le posa sur ses épaules. Elle lui adressa un sourire léger, fragile, que Rin accompagna d'un ronronnement en se lovant sur ses épaules, frottant sa joue contre la sienne comme pour apaiser les dernières traces de sa peur.
— Merci d'être allée le chercher, murmura-t-elle à l'attention de son familier.
Sasuke détourna les yeux, incapable de supporter l'idée de ce qui aurait pu arriver si Rin n'avait pas eu le réflexe de venir le chercher au milieu de la foule.
Tous trois quittèrent la ruelle, abandonnant derrière eux le corps inconscient de Shin. Sasuke, avant de partir, prit le temps de signaler l'incident à la police. Ce type méritait de pourrir derrière les barreaux, et il s'assurait de faire tout ce qui était en son pouvoir pour que cela arrive. Alors qu'ils déambulaient dans la rue, il aperçut un petit café niché à l'écart de l'agitation des échoppes et guida Sakura à l'intérieur. Il demanda une table isolée. La serveuse les conduisit dans un coin tranquille, et Sasuke commanda trois chocolats chauds.
— Vous pourriez aussi nous apporter de l'eau chaude et du savon ? ajouta doucement Sakura, un sourire timide aux lèvres.
La serveuse sembla surprise, ses yeux se posant brièvement sur le sang qui maculait les mains de Sasuke. Elle hocha la tête, repartant rapidement préparer leur commande. Le brun jetait des coups d'œil discrets à la jeune femme depuis leur arrivée. Elle fixait un point invisible sur la table, perdue dans des pensées qu'il n'osait pas perturber. La serveuse revint finalement, posant les chocolats sur la table ainsi qu'une bassine d'eau chaude, du savon, et des serviettes supplémentaires, un geste auquel Sakura répondit par un sourire reconnaissant.
— Donne-moi ta main, demanda-t-elle doucement en se tournant vers lui.
Il hésita une seconde avant de lui tendre sa main abîmée. Elle l'attrapa avec précaution, examinant les plaies. Sasuke ne put retenir une grimace quand ses doigts effleurèrent une zone particulièrement sensible. Elle lui lança un regard désolé.
— Ça risque de piquer un peu, le prévint-elle, avant de plonger sa main dans l'eau chaude.
Avec une patience infinie, Sakura nettoya les blessures, frottant doucement avec du savon pour en enlever le sang. Elle ressortit ensuite sa main de l'eau, la sécha avec une serviette et plaqua un morceau de tissu propre contre ses jointures encore rougies. Elle détacha alors le ruban rouge qui retenait ses cheveux, l'utilisant pour nouer le bandage de fortune.
— Merci, dit-il simplement, la voix basse.
Sakura secoua la tête.
— Non… merci à toi. Elle inspira profondément avant de poursuivre, le regard fuyant. Je suis désolée de t'avoir mêlé à tout ça. J'aurais dû…
Sa voix se brisa, et elle cacha son visage entre ses mains.
— Qui était ce type ? demanda Sasuke, une colère sourde grondant dans sa voix. Rien qu'à penser à l'homme de la ruelle, il sentait ses poings se serrer.
Sakura prit un moment avant de répondre, sa voix réduite à un murmure.
— Un fantôme du passé. C'est lui qui m'a attirée dans l'Underground, celui qui m'a trouvé mes premiers combats.
— Et qu'est-ce qu'il te voulait ?
Les doigts de Sakura se crispèrent autour de sa tasse.
— Il… Elle inspira profondément, cherchant son courage. Il cherche ma petite sœur. Merde.
Le mot fusa dans un souffle brisé, et elle abattit son poing sur sa cuisse avec rage. Les larmes qu'elle avait si longtemps retenues coulèrent à nouveau, traçant des sillons brûlants sur ses joues. Dans son esprit, le visage de Yumi s'imposa. Deux ans de moins qu'elle, des yeux verts noisettes et des cheveux dorés coupés à la garçonne. Tout comme Sakura, elle avait grandi à l'orphelinat, et Yumi l'idolâtrait. Quand elle était partie, Yumi avait mal vécu cet abandon, au point de couper toute communication. Pendant six mois, pas un message, pas un mot. Sakura avait mis cela sur le compte de l'adolescence rebelle, consciente qu'elle-même avait causé bien des soucis à Iruka à l'époque. Mais jamais elle n'aurait imaginé que Yumi sombrerait au point de rejoindre l'Underground. Elle inspira profondément, s'efforçant de maîtriser les tremblements qui secouaient encore son corps. Une fois ses larmes essuyées avec une serviette, Sakura redressa les épaules et plongea ses yeux verts étincelants dans ceux, noirs de jais, de Sasuke. Toute trace de peur avait disparu, remplacée par une résolution farouche.
— Merci pour ton aide, dit-elle une fois de plus. Sa voix était calme, mais chargée d'une énergie contenue. Elle se leva, s'inclina légèrement, puis tourna les talons vers la sortie. Avant qu'elle ne puisse franchir la porte, il l'intercepta, ses doigts se refermant fermement autour de son poignet.
— Tu crois aller où comme ça ? demanda-t-il, un éclat d'inquiétude dans le regard.
— Je viens de te le dire, répliqua-t-elle, une pointe d'agacement perçant dans son ton. Il cherche ma petite sœur. Si ce salaud dit vrai, alors elle n'est plus à l'orphelinat. Je dois la retrouver avant qu'il ne lui arrive quelque chose.
Son ton était ferme, presque tranchant, mais cela ne fit qu'accentuer l'entêtement de Sasuke.
— Il est hors de question que je te laisse seule après ce qui vient de se passer.
Les mots claquèrent dans l'air, une tension palpable s'installant entre eux. Leurs voix, bien qu'à peine élevées, commençaient à attirer les regards des autres clients du café. Soudain consciente des murmures qui s'élevaient autour d'eux, Sakura lui attrapa la main sans prévenir et l'entraîna à l'extérieur. Le froid de la rue leur mordit la peau. Avant qu'ils ne puissent échanger un mot de plus, un éclat de rire retentit. Naruto venait de les rejoindre, Hinata à ses côtés, les bras chargés de peluches et de jouets.
— Hey, vous étiez passés où ? lança-t-il joyeusement avant de s'arrêter net. Son sourire s'effaça lorsqu'il capta l'atmosphère électrique qui vibrait entre ses deux amis. Il plissa les yeux, intrigué. Il se passe quoi ici ?
Le regard de Hinata s'attarda sur Sasuke, et un hoquet de surprise lui échappa.
— Sasuke… Tes mains ! s'exclama-t-elle, effarée.
Pris de court, le brun glissa ses mains ensanglantées dans ses poches, mais son regard restait rivé sur Sakura, inébranlable. La tension semblait atteindre un nouveau sommet, comme un orage prêt à éclater. Soudain, Sasuke lâcha la bombe, les mots tranchants comme une lame.
— Sakura veut aller dans l'Underground.
La phrase résonna, suspendue dans l'air. Sakura serra les poings, ses sourcils se fronçant sous l'effet de la colère. Elle siffla doucement, ses mots imprégnés de reproche :
— Sasuke…
Naruto en laissa tomber les peluches qu'il portait, les jouets rebondissant mollement sur le sol. Hinata, de son côté, fixait tour à tour les visages tendus de ses amis, clairement dépassée.
— L'Underground ? Mais pourquoi ? murmura-t-elle, la voix tremblante.
Sakura bouillonnait de frustration. Chaque seconde perdue semblait un pas de plus vers l'irréparable. Elle sentait Rin s'agiter dans sa capuche, impatiente, presque aussi tendue qu'elle.
— Ça ne vous regarde pas, lâcha-t-elle d'un ton glacial, ses mots claquant comme un fouet.
— Je ne te laisserai pas y aller seule, répliqua Sasuke du tac au tac, sa voix aussi tranchante qu'un rasoir.
— Ah, vraiment ? répondit Sakura, un sourire amer étirant ses lèvres. Et comment tu comptes t'y prendre, au juste ?
Le brun haussa un sourcil, son expression défiant son interlocutrice.
— Ce n'est pas comme si j'avais à disposition une aptitude capable de détecter n'importe quoi, n'importe où, n'importe quand.
Il avait frappé juste. Cette déclaration désarmante la fit vaciller. Elle fixa Sasuke, réalisant qu'il venait de remporter la bataille avant même qu'elle ne commence.
Quelle idiote, pensa-t-elle, agacée d'avoir oublié un atout aussi évident. Son regard glissa vers Hinata, qui semblait toujours perdue au milieu de cette dispute qu'elle ne comprenait pas. Sakura sentit Rin remuer dans sa capuche, et sa petite voix fluette résonna dans son oreille :
— Ça nous ferait gagner un temps fou.
Sakura hocha la tête, mais l'hésitation persistait. Elle avait déjà entraîné Sasuke dans ses problèmes, et, inévitablement, Naruto, puisqu'ils étaient inséparables. Mais Hinata ? Ça, c'était une autre histoire. Pourtant, Sasuke avait raison. L'aptitude d'Hinata, bien que peu utile en combat, était une ressource précieuse pour une situation comme celle-ci.
Elle n'avait pas le luxe de réfléchir davantage. Sa priorité restait Yumi. Les conséquences pourraient attendre.
Prenant une grande inspiration, Sakura s'avança vers Hinata et lui prit doucement la main. Son regard émeraude croisa celui, incertain, de son amie.
— Hinata, commença-t-elle d'une voix grave et solennelle, tu as le droit de refuser.
— Alors ?! s'impatienta Naruto, les sourcils froncés, son regard sautant entre les lignes de code défilant sur l'écran.
— Chut, laisse-la se concentrer, le réprimanda Sakura en lui lançant un regard noir.
Installés dans un coin isolé du café, les quatre apprentis avaient leurs yeux rivés sur Hinata, absorbée par son écran. Sakura observait son amie avec curiosité mêlée d'appréhension. Elle ignorait tout des subtilités de l'aptitude unique des Hyuuga, mais se souvenait des mots de Kakashi : certains d'entre eux pouvaient littéralement plonger dans les réseaux, comme s'ils faisaient partie de l'infrastructure elle-même. Hinata, silencieuse depuis qu'elle avait connecté son artéfact - une de ses boucles d'oreille - à sa tablette, ne leur avait pas encore dit un mot. L'attente était insoutenable pour Sakura, qui, stressée, se rongeait les ongles.
Soudain, Hinata fronça les sourcils, un changement imperceptible, mais suffisant pour capter l'attention de Sakura.
— Qu'est-ce qu'il y a, Hinata ? demanda-t-elle, nerveuse.
— Attends... murmura la jeune Hyuuga, concentrée. Ses doigts bougeaient rapidement sur l'écran tandis que son esprit semblait connecté à un flux de données invisible. Après une longue minute, ses yeux brillèrent. — Trouvé !
— Tu as localisé Yumi ?! s'exclama Sakura, l'espoir vibrant dans sa voix.
— Non… enfin, je pense que j'ai trouvé où elle va être dans quelques heures, rectifia Hinata, les joues rosies sous le poids de l'attention générale. Elle tourna la tablette pour leur montrer. L'Underground organise un tournoi ce soir. Tous les free-fighters sont conviés, et le nom "Dark Rose" figure parmi ceux qui ont validé leur présence. C'est bien son pseudonyme ?
Sakura acquiesça gravement. Ce pseudonyme avait été confirmé par un contact de confiance, un ancien membre du réseau. Chaque détail donnait un peu plus de corps à ses craintes.
— Ils l'organisent où, ce tournoi ? demanda Sasuke d'un ton direct.
— C'est là que ça coince, avoua Hinata, son visage empreint de frustration. Je n'arrive pas à trouver l'adresse exacte.
— Ne t'embête pas, intervint Sakura en consultant l'horloge murale. Il est 21 heures. Le tournoi ne commencera pas avant minuit, ce qui veut dire que l'adresse ne sera communiquée qu'à 23 h 45.
— C'est tout ?! protesta Naruto. Mais comment on va faire pour arriver à temps ?!
Sakura posa un doigt sur ses lèvres, réfléchissant rapidement.
— Hinata. Il doit y avoir un commentateur, un hacker ou un arbitre qui prépare l'arène. Même s'ils ne révèlent l'adresse qu'à la dernière minute, eux ils sont forcément au courant. Tu as vu des noms qui ne sont pas des free-fighters ?
Hinata parcourut ses données une nouvelle fois.
— Euh… Benny Hill, Zodiac et H.
Un sourire naquit sur les lèvres de Sakura. Enfin, la chance lui souriait.
Une demi-heure plus tard, les apprentis se retrouvèrent devant un vieil immeuble délabré, haut d'une dizaine d'étages, niché dans un quartier excentré de la ville. Les ombres des bâtiments s'étiraient sous la lumière blafarde des lampadaires.
— Hey, Sas'ke, on n'a pas eu une mission par ici il y a quelques semaines ? demanda Naruto en retirant son casque. Sasuke hocha la tête, reconnaissant également l'endroit.
Sakura descendit de la moto et scruta l'immeuble, les souvenirs du passé revenant par vagues.
— Si je me souviens bien, il vit au troisième étage, murmura-t-elle en avançant vers la porte d'entrée. Suivez-moi.
Contre toute attente, Hinata s'avança la première. Elle connecta sa boucle d'oreille à l'interphone, et quelques secondes plus tard, un bip annonça que la porte était déverrouillée. Ses amis la regardèrent, bouche bée.
— Mais c'est que tu es une véritable hackeuse, en fait, plaisanta Sakura, impressionnée.
— Hahaha, n'exagère pas, répondit Hinata, gênée, un sourire timide aux lèvres.
— Il est déjà 21 h 30. Il faut qu'on se dépêche, rappela Sasuke d'un ton impérieux.
Sakura prit les devants, montant rapidement jusqu'au troisième étage, ses camarades sur ses talons. Arrivée sur le palier, Hinata scanna discrètement l'espace et repéra la présence du hacker dans l'appartement au fond du couloir. D'après sa perception, il était sous la douche. Parfait. Sakura sortit une épingle de ses cheveux, s'agenouilla devant la serrure, et en quelques secondes, la porte s'ouvrit sous son doigté expert. Derrière elle, Naruto écarquilla les yeux.
— On vous apprend quoi à l'orphelinat ? lança Sasuke, sceptique.
— À être débrouillards, répondit Sakura avec un sourire effronté, tirant la langue.
Elle entra en silence, ses mouvements calculés. Elle repéra la salle de bain et s'installa face à la porte, un fauteuil usé servant de trône. Sasuke et Naruto prirent position de chaque côté de la porte, prêts à intervenir. Pendant ce temps, Hinata, déjà assise à un bureau, avait ouvert l'ordinateur et tapotait frénétiquement sur le clavier.
L'attente fut brève. Un jeune homme émergea de la salle de bain, enveloppé d'un nuage de vapeur. Plutôt bien bâti, une serviette nouée autour des hanches et une autre froissant ses cheveux châtains mouillés, il avançait d'un pas nonchalant. Mais il s'arrêta net, la lame d'un sabre venant effleurer sa gorge, juste au niveau de la pomme d'Adam.
— Salut, Benny, lança une voix féminine, familière et chargée d'ironie.
Il releva doucement les yeux pour croiser le regard d'une fille qu'il n'avait pas vue depuis des mois. Un sourire charmeur étira ses lèvres.
— Salut, B, répondit-il, comme si de rien n'était.
Son regard dériva, analysant la scène. Dans un coin, un brun ténébreux qui semblait tout droit sorti d'un magazine, un blond à l'énergie électrique et une brune concentrée sur son ordinateur, ses doigts dansant sur le clavier avec une précision effrayante.
— Eh bien, tu t'es mise à fréquenter du beau monde, dis-moi. La Garde, carrément ? lança-t-il, un sourcil arqué de curiosité.
Avec nonchalance, il posa un doigt sur la lame qui lui barrait la route, esquissant un geste négligent, avant de se couper légèrement. Une goutte de sang perla.
— Pfiou… Tu pourrais prévenir, ces trucs-là, c'est dangereux. Son sourire s'élargit, mélange de désinvolture et de défi. B, c'est vraiment nécessaire tout ça ? Je suis sûr qu'on peut discuter et trouver un terrain d'entente… conclut-il, l'air blasé, mais ses yeux brillaient d'une malice qui suggérait qu'il n'était pas aussi désarmé qu'il le laissait paraitre. La rose se leva d'un bond, ses yeux verts émeraude plantés dans ceux couleur ambre de son interlocuteur. Elle dégageait une détermination froide, presque effrayante.
— Je te donne deux minutes pour t'habiller, ordonna-t-elle en se tournant vers ses camarades masculins. Ne le quittez pas des yeux.
Elle rejoignit Hinata, déjà plongée dans l'ordinateur, pendant que Sasuke ramassait un pantalon et un t-shirt abandonnés sur une chaise. Sans un mot, il les lança à Benny, tout en maintenant son sabre bien en place sous la gorge du jeune homme.
— Fut un temps, tu me donnais plutôt deux minutes pour me déshabiller, marmonna Benny pour lui-même en passant le t-shirt par-dessus sa tête. Il remarqua que la lame s'était rapprochée dangereusement de sa carotide.
— Il est changé, Sakura, annonça Naruto, surveillant la situation d'un air tendu.
La rose revint sur ses pas, son regard brûlant d'une colère contenue.
— Où a lieu le tournoi ce soir ? demanda-t-elle d'une voix tranchante, plongeant ses yeux dans ceux de son ex-amant.
Benny esquissa un sourire narquois.
— Hahaha, voyons, B. Tu sais très bien que je ne peux pas te le dire.
Sasuke, toujours glacial, fit un pas en avant, resserrant sa prise sur son arme.
— Je n'ai pas l'impression qu'elle te laisse le choix, lança-t-il d'un ton qui fit frissonner Benny.
— Tout doux, cow-boy, soupira ce dernier, levant les mains en signe de reddition. Pourquoi tu veux le savoir, hein ?
— Tu sais très bien pourquoi, répliqua Sakura, son ton aussi coupant que de l'acier.
Benny marqua un temps d'arrêt, réalisant soudain l'ampleur de la situation.
— Merde... T'es au courant ?
Sakura serra les poings, la rage bouillonnant sous sa peau.
— Je n'arrive pas à croire que tu l'aies laissée intégrer l'Underground sans rien faire ! siffla-t-elle entre ses dents.
— Calme-toi, B. Je te jure, si je l'avais su plus tôt, j'aurais tout fait pour l'arrêter. Mais quand j'ai compris que c'était elle, il était déjà trop tard. La sincérité perça dans sa voix. Je ne te mens pas. Pas sur ça.
— Pourquoi tu ne m'as pas prévenue ? Pourquoi j'ai dû l'apprendre de la bouche de Shin ?! s'écria-t-elle, sa colère débordant.
Benny blêmit à la mention de ce nom.
— Putain... Qu'est-ce qu'il a encore fait, cet enfoiré ? grogna-t-il avant de reprendre, plus calme. Écoute. Nous deux, ça s'est pas exactement bien fini, pas vrai ? Tu crois que si mon numéro avait popé sur ton téléphone, tu aurais décroché ?
Sakura détourna le regard, serrant les mâchoires, rouge de rage et, peut-être, d'embarras.
— C'est bien ce que je pensais, dit-il doucement. Que tu me croies ou non, j'ai fait ce que je pouvais pour la protéger, de ma position.
Elle inspira profondément, ravale sa colère.
— Dans ce cas, dis-moi où est le tournoi ce soir. Fais ça, et je considérerai qu'on est quittes.
Benny la fixa, cherchant une trace de bluff dans son regard. Mais ce qu'il y trouva, c'était la froide résolution de celle qu'il avait autrefois aimée.
— Pour de vrai ? vérifia-t-il, sa voix à peine un murmure.
Elle hocha la tête.
— Dis à ton bodyguard de ranger son sabre, finit-il par capituler, levant les bras en signe de paix.
Sakura fit un signe à Sasuke. Dans un éclair bleu, la lame disparut.
— Un faux pas, et je te découpe en morceaux, murmura l'Uchiha en passant près de Benny, sa voix glaciale.
— Reçu cinq sur cinq, répondit Benny avec un sourire nerveux.
Il s'affala dans son fauteuil, un soupir résigné franchissant ses lèvres. Son regard se posa sur la troupe devant lui, les doigts tapotant l'accoudoir.
— Histoire de savoir dans quel merdier je m'engage, je peux au moins savoir ce que vous comptez faire une fois que je vous aurai donné l'adresse ? demanda-t-il, son ton chargé de curiosité, presque amusé.
En réponse, le silence s'étira, gênant et lourd. Benny esquissa un sourire narquois.
— Oh, mon Dieu… Vous n'avez aucun plan ? Sérieux, rien ? Nada ? Il secoua la tête, l'air faussement incrédule. Ça me surprend venant de toi, B.
Sakura serra les poings, mais son visage resta impassible.
— Je n'ai pas eu le temps de réfléchir. On entre dans l'arène, on récupère Yumi, et on se taille. Les détails… on verra sur place.
Benny écarquilla les yeux et se redressa un peu.
— Purée, mais t'es sérieuse ?! T'as vraiment zéro plan ?! Il se passa une main sur le visage, secouant la tête d'un air désespéré. — Oh, je risque ma peau en te filant l'info, et toi, tu débarques là-bas la fleur au fusil ? Ils sont pas complètement débiles, tu sais. Ils vont te reconnaître en deux secondes, et ils comprendront que c'est moi qui t'ai balancé l'info…
Il laissa échapper un grognement frustré, ses mains agrippant ses cheveux comme pour retenir une explosion d'émotions. Sakura avança d'un pas, son expression adoucie.
— Benny… Tu me dois bien ça, murmura-t-elle, sa voix emprunte d'une douceur qu'elle ne laissait presque jamais transparaître.
Il releva les yeux, et son regard croisa le sien. Ces yeux verts intenses qui l'avaient fait craqué il y a deux ans, un mélange de force et de vulnérabilité. Benny détourna le regard en jurant doucement.
— Merde, B… Arrête de me regarder comme ça.
Un silence tomba dans la pièce tandis qu'il réfléchissait, pesant les risques et les conséquences. Son visage se durcit légèrement avant qu'il ne se lève dans un soupir.
— Très bien. Je vous file l'adresse. Il fit une pause, balayant le groupe du regard. Mais quitte à y rester, je me joins à vous pour cette mission suicide.
Naruto esquissa un sourire nerveux, Sasuke leva un sourcil, pas particulièrement ravi de cet ajout, et Hinata tourna brièvement la tête de l'écran pour dévisager Benny. Sakura, quant à elle, retint un soupir de soulagement.
— Le tournoi se déroule dans l'ancienne centrale électrique, près du fleuve, dans le quartier d'Iwa, lâcha Benny, le ton grave.
— Bon sang, c'est à l'autre bout de la ville ! grogna Naruto en se passant une main dans les cheveux. Ca nous laisse pas beaucoup de temps.
Les quatre apprentis prirent la direction de la sortie, mais furent arrêtés par Benny, qui toussota ostensiblement pour attirer leur attention.
— Vous comptez vraiment débarquer dans l'Underground habillés comme ça ? lança-t-il d'un ton sarcastique, désignant du doigt leurs uniformes blancs impeccables, qui criaient « étudiants modèles » à des kilomètres.
— Merde… murmura Sakura en réalisant l'évidence. Elle se tourna vers Benny avec espoir. Tu as encore des fringues à moi ? Ou t'as tout balancé ?
Il haussa un sourcil avec un sourire narquois et fit un signe de tête vers la chambre d'amis.
— Va te servir. Et emmène ta copine, je crois qu'on peut improviser quelque chose pour elle aussi.
— Hinata, viens ! lança Sakura en attrapant la Hyûga par le poignet.
Pendant ce temps, Benny se tourna vers les garçons avec une moue amusée.
— Messieurs, à vous maintenant. Suivez-moi.
Il les conduisit dans sa propre chambre et fouilla dans son placard. Il en extirpa des tenues qui, bien qu'un peu usées, passaient parfaitement inaperçues. Naruto attrapa un jean baggy surmonté d'un t-shirt blanc simple, qu'il accompagna d'une veste en cuir noir pour se protéger du froid. Sasuke, fidèle à son style sombre, opta pour un t-shirt noir ajusté et un jean sombre. Ils revinrent dans le salon, habillés de façon plus appropriée, attendant que les filles se changent à leur tour. Quelques minutes plus tard, Hinata et Sakura firent leur apparition. Les uniformes de l'académie avaient disparu, remplacés par des crop tops moulants et des joggings noirs à taille haute. Le tout était complété par des bombers oversize assortis. Sakura ajouta une casquette qu'elle rabattit légèrement pour dissimuler ses cheveux roses, qu'elle avait coincés en dessous. Elle s'arrêta un instant devant le miroir.
— Eh bien, pas pris un gramme, plaisanta-t-elle en se tournant pour ajuster son bombers. Un familier discret, qui s'était caché dans une poche intérieure, releva la tête, comme pour confirmer ses propos. Elle pivota vers les garçons pour s'assurer qu'ils étaient prêts. Naruto et Sasuke semblaient figés, leurs yeux rivés sur elles. Mais dès qu'elle croisa leur regard, ils détournèrent brusquement la tête, visiblement pris en flagrant délit d'admiration.
En sortant du bâtiment, Benny retint Sakura par le bras. Elle le regarda surprise. Il hésita, marquant une pause. Ses yeux rencontrèrent ceux de la rose, et il sembla chercher ses mots.
— B… commença-t-il, la voix plus basse. L'Underground, ça a beaucoup évolué depuis que tu es partie.
La rose plissa les yeux, une ombre de tension glissant sur son visage.
- Qu'est-ce que tu veux dire ? demanda-t-elle, la méfiance et une pointe d'inquiétude colorant sa voix.
Benny balaya le groupe du regard, son expression tiraillée. Il savait qu'il allait regretter ce qu'il s'apprêtait à dire, mais mieux valait être honnête. Ils avaient le droit de savoir dans quoi ils mettaient les pieds.
— Le tournoi de ce soir… Ce n'est pas celui auquel tu penses.
Sakura haussa un sourcil, mais il sentit son regard peser sur lui, une invitation tacite à ne pas tourner autour du pot.
— Il n'y a pas que des humains dans l'arène, finit-il par lâcher, sa voix tombant comme une pierre dans le silence.
Un instant suspendu s'installa, avant que la stupeur ne prenne le dessus. Hinata écarquilla les yeux de stupeur, Naruto fronça les sourcils, et même Sasuke, habituellement imperturbable, tressaillit légèrement.
— Ne me dis pas que… murmura Sakura, le souffle coupé.
Benny hocha lentement la tête, l'air désolé.
— Si. Ils lâchent des démons dans l'arène.
Les mots résonnèrent comme un coup de tonnerre. Un silence tendu s'installa, brisé seulement par le bourdonnement distant des appareils de Hinata. La gravité de ce qu'ils allaient affronter venait de s'alourdir de manière exponentielle.