Rive du fleuve Iwa, sud de Neo-Tokyo
Tapis derrière la digue qui séparait le fleuve de l'ancienne centrale, les étudiants et le hacker retenaient leur souffle, observant l'imposante structure devant eux. L'endroit semblait presque abandonné, mais ils remarquèrent plusieurs hommes armés patrouiller dans la zone. Ils restèrent ainsi, immobiles, pendant cinq longues minutes. Puis, à un signal tacite, ils se retournèrent et descendirent le long du mur de béton, leurs mouvements silencieux. Ils touchèrent la berge en contrebas, là où les vagues caressaient les rochers polis.
— Alors, quelqu'un a un plan ? lança Naruto, ses traits sérieux pour une fois. Il tourna un regard interrogateur vers Hinata. T'as vu quelque chose ?
La jeune Hyuuga fronça légèrement les sourcils, replongeant mentalement dans ses observations. Elle sortit sa tablette, s'agenouilla et esquissa un plan de la centrale, marquant rapidement les zones critiques et les mouvements des gardes qu'elle avait repérés.
— L'intérieur est immense. Le rez-de-chaussée est un simple hangar qui est là pour faire diversion. Tout le reste de l'activité semble concentré entre le deuxième et le troisième sous-sol. D'un doigt précis, elle traça une fosse sur le plan. Elle traverse deux étages sous terre et est entourée de balcon. J'ai compté deux gardes par balcon en plus des patrouilleurs en surface.
Sakura fronça les sourcils. Benny avait raison, l'Underground avait changé depuis qu'elle l'avait quitté il y a près d'un an. Elle n'avait jamais vu autant de gardes, même pour un tournoi.
— Et les free-fighters ? Elle se tourna vers Benny, son regard perçant.
Le hacker eut un sourire en coin et leva les doigts égrénant la liste.
— Pour l'instant, une bonne dizaine. Il compta à voix haute : Le Bulldozer, le Colosse, Wolfbane, la Hyène, l'Éventreur, la Faucheuse, Silver Fang, le Fantôme, Baby Blue… et Dark Rose.
— Bon sang, souffla Sakura, les yeux écarquillés. Ils ont rassemblé que des pointures. C'est quoi la prime pour qu'ils se soient tous inscrits ?
Benny éclata de rire.
— Un million. Son sourire s'agrandit devant leurs regards incrédules. Et ouais, les démons, ça rapporte gros.
Naruto, abasourdi, recula légèrement.
— Attends une seconde. Tu déconnais pas tout à l'heure quand tu disais qu'ils lâchaient des démons dans l'arène !? Sa voix s'éleva. Il fixa Sasuke, toujours absorbé par les plans d'Hinata, mais dont l'expression indiquait un scepticisme similaire. Mais c'est impossible ! Enfin, on capture pas un démon ! On le tue !
Benny haussa les épaules, imperturbable.
— J'ai jamais dit que je savais comment ils faisaient. Tout ce que je sais, c'est qu'il y a des gens prêts à payer une fortune pour voir ces combats. L'Underground n'a jamais brassé autant d'argent…finit-il, pensif.
Sasuke fixait un point invisible devant lui, l'air plongé dans ses pensées, mais sa voix trancha le silence.
— Ça fait combien de temps que ça dure ? demanda-t-il. Puis, sans relever les yeux, il précisa : Les démons.
Le nouvel arrivant dans l'équipe haussa les épaules avec désinvolture.
— J'en sais rien. Trois, quatre mois max, répondit-il, presque nonchalant. Pourquoi ?
Sasuke fronça légèrement les sourcils, sa voix se faisant plus grave.
— Et la Garde n'est jamais intervenue ?
Le hacker esquissa un sourire, un mélange d'amusement et de fierté.
— Jamais.
— Comment vous avez fait ? insista Sasuke, son ton plus incisif. Il levait lentement le voile sur une énigme qui le dérangeait. Un démon a une signature énergétique particulière, forcément captée par l'un des radars de la Garde répartis dans tout le pays. Statistiquement, c'est impossible qu'un démon leur échappe.
Le hacker, toujours souriant, tourna son regard vers Hinata, une lueur malicieuse dans les yeux.
— Toi non plus, tu les as pas sentis, hein ? demanda-t-il, sa curiosité teintée d'un brin de provocation.
Hinata resta un moment silencieuse, les lèvres pincées. Puis, d'un léger mouvement de tête, elle confirma les propos de Benny. Ce dernier, satisfait, tapota le dessin qu'elle avait tracé, son doigt s'arrêtant sur une antenne qui s'élevait sur le toit de l'usine.
— Je vous présente en avant-première le bouclier anti-démon du groupe Yamanaka, lança-t-il, un sourire fier aux lèvres. Enfin, une version modifiée, plutôt. On a bidouillé le code pour qu'au lieu de contrer leurs énergies, il les dissimule.
— Le groupe Yamanaka n'a pas de bouclier anti-démon. C'est quoi, cette histoire ? s'emporta Sakura, les sourcils froncés.
— Il a raison, intervint Sasuke, sans quitter Benny des yeux. Ils sont censés le dévoiler pendant la remise des prix du conseil. Il s'avança d'un pas, son regard perçant. Comment vous l'avez obtenu ?
Benny haussa les épaules, mais son sourire disparut.
— Je vous en ai déjà beaucoup trop dit. Il changea brusquement de sujet. Bon, c'est quoi le plan pour entrer ? Des idées ?
Naruto haussa un sourcil et proposa, sans grande conviction :
— Tu pourrais y aller seul et faire sortir sa sœur avant que le tournoi commence.
Sakura secoua la tête avec agacement.
— C'est trop tard. Les paris sont déjà ouverts. Si on la sort maintenant, des types encore pires que Shin se mettront à ses trousses.
Hinata releva timidement la tête.
— Rin pourrait se faufiler par le circuit de ventilation et nous ouvrir de l'intérieur, non ?
— Ça veut dire qu'il faudrait qu'on se débarrasse des gardes à l'entrée, répondit Sasuke, catégorique. Vu leur nombre, on déclencherait une alerte immédiatement. C'est trop risqué. Il échangea un regard avec Sakura, et leurs expressions étaient identiques : ils avaient la même idée. On va entrer en tant que free-fighters, déclara-t-il avec assurance.
— QUOI !? hurlèrent Naruto et Benny d'une même voix.
— Mais vous avez perdu la tête, ou quoi ? s'énerva le hacker, son regard allant de Sasuke à Sakura, incrédule.
Sakura, imperturbable, expliqua calmement, son regard plongé dans les yeux noirs de son coéquipier:
— Benny pourra nous fournir l'équipement nécessaire pour passer la sécurité et entrer dans le monde virtuel.
— Et Hinata pourra nous inscrire au tournoi en utilisant des avatars existants, ajouta Sasuke.
— Vous êtes sérieux !? souffla Benny, abasourdi.
— Ça pourrait marcher, intervint Hinata, d'un ton posé. J'ai analysé une partie du code chez Benny, et hacker des profils ne sera pas compliqué.
— C'est décidé, alors. Naruto leva son bras au centre du cercle. On intègre le tournoi.
Sasuke posa sa main sur celle de Naruto, suivi par Sakura, puis Hinata. Ils se tournèrent alors tous les quatre vers Benny, qui restait figé, le regard oscillant entre incrédulité et désespoir. Les iris verts de Sakura croisèrent les siens, et elle l'encouragea d'un regard insistant. Benny roula des yeux, lâcha un soupir dramatique, et finit par poser sa main en dernier.
— Vous allez me rendre dingue, grogna-t-il, en joignant sa main au groupe.
Les quatre apprentis s'étaient installés sur la berge, en contrebas de la digue. L'air était calme, mais chargé de tension. Hinata, épuisée après avoir utilisé ses capacités, s'était assoupie contre Naruto, qui était accroupi à côté d'elle. Il jouait nerveusement avec ses shurikens, les faisant tourner entre ses doigts. Sasuke, lui, se tenait debout un peu à l'écart, adossé au mur, les bras croisés, les yeux fermés. Il semblait plongé dans une intense réflexion. Sakura, assise près de Naruto, avait le regard perdu dans les reflets dorés du fleuve. La lumière de la ville dansait sur l'eau, mais son esprit était ailleurs. Elle sentit la nervosité de Naruto s'intensifier.
— Tu peux lui faire confiance, Naruto. Ça va marcher, murmura-t-elle doucement, sans détourner les yeux du fleuve.
La première partie du plan était en cours. Cela faisait une heure que Benny était parti, Rin dissimulée dans son blouson. En tant que hacker du tournoi, il avait un accès privilégié à l'arène. Son objectif : atteindre le local informatique, récupérer les capteurs, puis les confier à Rin. Le familier devait ensuite utiliser le système de ventilation pour sortir sans se faire repérer et leur transmettre l'équipement.
Naruto, sans lâcher ses shurikens, inspira profondément.
— Je te fais confiance à toi. Si tu lui fais confiance, alors je lui fais confiance. Il marqua une pause avant de tourner la tête vers elle, ses yeux pleins d'un doute sincère. Mais… tu lui fais confiance, hein ?
Sakura resserra ses genoux contre elle, un sourire léger et nostalgique effleurant ses lèvres. Ses pensées la ramenèrent à ses instants partagés avec Benny. Elle prit une longue inspiration avant de répondre.
— Je sais qu'il a l'air frivole, léger, pas vraiment le genre de personne à qui on confierait sa vie au premier abord, dit-elle, sa voix teintée d'une douceur inhabituelle. Elle leva les yeux vers Naruto et ajouta : Mais je sais qu'au fond, il tient à moi. Il ne me laissera pas tomber.
Naruto s'approcha, un éclat curieux et taquin dans les yeux.
— Alors, c'était du sérieux entre vous ? demanda-t-il, avide de détails.
Il ne manqua pas de noter que Sasuke, jusque-là silencieux, avait ouvert les yeux et portait désormais une attention particulière à leur échange.
— Naruto ! s'exclama Sakura, prise de court, ses joues s'empourprant violemment. Elle connaissait bien l'obsession de son ami pour les potins, mais elle avait naïvement espéré que l'urgence de leur mission détournerait son attention des questions personnelles.
— Oh, allez, Sakura ! Tu sais que je n'ai jamais le temps pour les histoires de cœur entre les cours et les missions. Laisse-moi au moins vivre ça par procuration ! plaida-t-il avec son regard de chien battu, une arme redoutable contre elle. Comme prévu, elle céda. Elle souffla un petit rire, mélange de résignation et de gêne.
— Je crois… enfin, pour moi, ça l'était, confia-t-elle doucement, son regard se perdant dans les souvenirs, teinté d'un sourire mélancolique.
Naruto, toujours aussi attentif, jeta un rapide coup d'œil à Sasuke. Il capta avec satisfaction le léger mouvement des pupilles du brun qui glissaient en direction de Sakura, un intérêt à peine dissimulé. Le coin des lèvres du blond s'étira en un sourire discret mais triomphant.
— Ça sent l'histoire du premier amour, tout ça… lança Naruto avec un sourire charmeur en direction de Sakura. Comment vous vous êtes rencontrés ?
La rose baissa les yeux un instant, un mélange d'embarras et de nostalgie dans le regard.
— C'était mon premier combat dans l'Underground. Je vous ai dit tout à l'heure que c'est grâce — ou à cause — de Shin que j'ai fini là-bas. À l'époque, je n'avais ni surnom ni avatar. Du coup, ce jour-là, j'ai pris ce qui me passait par la tête. Mon premier pseudonyme, c'était… Elle rougit violemment, hésitant à continuer avant de lâcher : Pinky.
Naruto éclata de rire, incapable de se retenir. Mais il se calma rapidement en voyant l'expression mi-exaspérée, mi-amusée de son amie.
— Tu rigoles, mais je pense que ce nom m'a porté chance, poursuivit-elle, piquée dans son orgueil. Inutile de préciser qu'avec un nom pareil, je ne faisais peur à personne. Résultat : mon adversaire m'a sous-estimée, et il s'est retrouvé au tapis en moins de temps qu'il n'en faut pour dire "Underground".
Elle esquissa un sourire fier à ce souvenir, ses yeux s'illuminant brièvement.
— Après le combat, alors que je venais de récupérer mon prix, Benny est venu me voir. Et là, il m'a dit sans détour que mon avatar et mon pseudo étaient d'un ridicule monstrueux. Selon lui, si je voulais vraiment me faire une place dans ce milieu, je devais devenir plus… "badass".
— Ohhhh, alors c'est lui qui a créé Black Thorn !? s'exclama Naruto, soudain captivé.
Sakura hocha la tête avec un petit sourire nostalgique.
— Oui. Il a été le premier à m'accueillir dans l'Underground. Le premier à s'intéresser à moi pour autre chose que l'argent. Après ce premier combat, il m'a pris sous son aile. Il m'a tout appris : à qui parler, qui éviter, quels free-fighters battre pour se faire remarquer, et quelles mains graisser pour rester dans le circuit. Elle marqua une pause, son regard fixé sur un point invisible, plongée dans ses souvenirs. Si j'ai réussi à aller aussi loin dans l'Underground, c'est en grande partie grâce à lui. On a fini par devenir très proches, et un jour, il m'a avoué que s'il était venu me parler après ma victoire, c'était parce qu'il avait craqué pour moi à la seconde où il avait croisé mon regard, et qu'il voulait qu'on soit plus que des amis.
Naruto retint son souffle, visiblement accroché à chaque mot. Sakura rougit, un peu gênée, mais continua avec une honnêteté désarmante.
— J'avais le béguin pour lui, moi aussi. Alors, je l'ai embrassé. Et voilà… on était ensemble. Sakura conclut son récit dans un murmure, ses joues prenant une teinte rosée.
Naruto sentit un léger mouvement derrière lui. Sasuke, adossé au mur, venait de se raidir imperceptiblement. L'Uzumaki retint un sourire amusé mais se garda bien de faire un commentaire. Au lieu de ça, il baissa légèrement la voix, curieux de connaître la suite.
— Et comment ça s'est terminé, alors ? demanda-t-il avec une pointe de prudence.
Le regard de Sakura se durcit instantanément, ses iris verts s'assombrissant sous l'effet d'un souvenir visiblement amer. Ses poings se crispèrent sur ses genoux, et lorsqu'elle répondit, sa voix était tremblante de colère.
— Je l'ai surpris en train de mon tromper avec une blonde, une vraie poufiasse, la poitrine trois fois plus grosse que la mienne, cracha-t-elle avec une acidité qui surprit Naruto. Pris au dépourvu par la brutalité de sa réponse, il se redressa légèrement.
— Je suis désolé, Sakura… murmura-t-il, sincère, presque embarrassé de sa propre question. Mais la rose secoua la tête et soupira, laissant retomber un peu de sa tension.
— Ne t'inquiète pas, Naruto. Je mentirais si je disais que je ne l'avais pas vu venir. Elle marqua une pause, son ton devenant presque moqueur envers elle-même. Je savais qu'il était comme ça dès le début. Quand on s'est mis ensemble, j'ai eu la naïveté de croire que je le ferais changer, ou que j'arriverais à vivre avec quand ça arriverait. Un sourire ironique effleura ses lèvres. Bref, mon ego en a pris un sacré coup. Alors je lui ai lancé une pile d'assiettes à la figure, et après ça, j'ai coupé les ponts.
La voix de Sakura s'éteignit, et le silence s'étira, seulement troublé par le bruit du fleuve qui scintillait sous les lumières dorées de la ville. Elle perçut soudain des petits pas précipités résonner sur le béton. Se tournant rapidement, elle reconnut la silhouette familière de Rin. Sans perdre un instant, elle se redressa. La renarde bondit avec agilité pour se percher sur ses épaules. Naruto réveilla doucement Hinata, tandis que Sasuke, déjà debout, les rejoignit, son regard perçant braqué sur la renarde.
— Tu en as mis du temps, lança-t-il, froid et tranchant.
Rin lui adressa un regard assassin, l'ignorant délibérément. Elle se tourna plutôt vers Hinata, tendant le sachet qu'elle tenait dans sa gueule.
— Voici les capteurs qu'on a trouvés, dit-elle en tendant le sac. Benny affirme qu'ils n'ont pas été utilisés récemment et qu'ils n'ont pas marqué les esprits lors de leur dernier passage. Tu devrais pouvoir les hacker sans difficulté. Il s'occupe de couvrir tes traces dans le système.
— Comme si j'allais en laisser, répliqua Hinata, vexée. Déjà concentrée, elle sortit son matériel pour commencer à travailler.
Pendant ce temps, Rin s'approcha de Sakura, tenant un capteur à part entre ses dents. En le voyant, la rose fronça les sourcils, stupéfaite.
— Il pense que ça ferait une bonne diversion, expliqua la renarde avec un ton léger. Comme son amie restait figée, elle glissa doucement l'appareil dans la poche de son manteau.
Quelques minutes plus tard, Hinata releva la tête, un sourire de satisfaction flottant sur ses lèvres. — Terminé ! annonça-t-elle avec un brin de fierté.
Elle tendit les capteurs à Naruto, Sasuke et Sakura, tout en leur expliquant :
— Vous êtes maintenant : Thunderstorm, Shadowhunter et Scarlet.
Hinata posa ensuite le sien contre sa tempe. L'appareil émit une petite lumière bleutée en s'activant.
— Quant à moi, je suis Lilith.
Les autres suivirent son exemple, ajustant leurs dispositifs avec des gestes assurés mais tendus. Rin trotta devant eux, ses pattes légères glissant sur le pavé usé, avant de s'arrêter devant un passage discret. C'était l'une de ces entrées que seuls les free-fighters connaissaient, un chemin qui serpentait jusqu'à l'arène, dissimulé aux yeux du commun des mortels. Lorsqu'ils furent à une distance raisonnable de l'entrée, Rin s'arrêta. D'un bond gracieux, la renarde grimpa sur les épaules de Sakura, sa queue effleurant doucement le dos de la jeune fille.
— Attends-nous sur les berges, murmura Sakura en glissant une main douce entre les oreilles neigeuses de sa compagne.
— Je viens avec toi, supplia Rin, sa voix tremblante d'une inquiétude qu'elle ne cherchait pas à cacher.
Sakura secoua la tête, résolue, tout en appuyant son front contre celui de Rin dans un geste tendre et protecteur.
— C'est trop dangereux. Si on n'est pas revenus dans une heure, va chercher la police.
La renarde resta immobile un instant, comme figée par l'angoisse, avant de céder.
— Fais attention, je t'en prie, murmura-t-elle finalement avant de sauter au sol, légère comme une ombre.
Naruto, qui était resté silencieux jusque-là, brisa l'atmosphère pesante d'un ton soudainement énergique.
— Bon, à nous de jouer ! s'exclama-t-il.
Mais Sakura l'arrêta d'un geste ferme.
— On doit entrer séparément, expliqua-t-elle. Les free-fighters ne se côtoient jamais en dehors du ring. On se retrouvera à l'intérieur.
Ses mots laissèrent une pointe d'inquiétude flotter parmi ses coéquipiers, mais chacun acquiesça en silence.
Sakura prit une profonde inspiration, se préparant à entrer la première. Elle savait qu'elle risquait le plus d'être reconnue, mais reculer n'était pas une option. Capuche abaissée et casquette vissée sur la tête pour cacher ses cheveux roses, elle s'avança dans le tunnel jusqu'à atteindre un garde. D'un geste sûr, elle lui tendit son capteur. Le garde utilisa un scanner, le dirigeant vers son œil gauche. La rose retint son souffle, son cœur battant à tout rompre. Elle pria pour que le génie de Hinata en piratage, découvert seulement ce soir, tienne ses promesses. Un bip vert retentit. Le garde lui fit signe d'entrer, mais pas avant de lui remettre deux pilules : une rouge, une verte.
— La verte avant d'entrer dans l'arène. La rouge à la sortie. Si tu sors, bien sûr, ajouta-t-il avec un sourire narquois.
Sakura ne répondit pas, glissa les pilules dans sa poche, et pénétra dans la centrale. Une fois dans l'ascenseur, les portes se refermèrent et elle sentit la cabine descendre. Trois étages, comme Hinata l'avait prédit. Les portes s'ouvrirent sur un tunnel faiblement éclairé, affichant le numéro 14 en lettres lumineuses. Le silence qui régnait, seulement troublé par l'écho de ses pas, pesait lourd. Un doute s'insinua dans son esprit. Avait-elle bien fait d'entraîner ses amis dans cette mission ? Un crépitement soudain sur son capteur la fit s'arrêter net.
— Sakura ? Sakura, tu m'entends ? Une voix familière résonna.
— Hinata !? s'exclama-t-elle, surprise et soulagée à la fois.
— Dieu soit loué, ça a marché ! souffla Hinata, visiblement émue.
— Tu as transformé les capteurs en oreillettes ? réalisa Sakura, incrédule.
— Oui… Je n'étais pas sûre que ça fonctionnerait avec le bouclier, alors je n'ai rien dit avant… avoua timidement Hinata.
Sakura secoua la tête avec un sourire. Décidément, son amie ne cesserait jamais de l'impressionner.
— Attends, je contacte les garçons.
Le silence reprit, mais quelques secondes plus tard, un hurlement fit vibrer l'oreillette de Sakura.
— Hé, Sakura, c'est bon, on est connectés ! lança Naruto, avec un enthousiasme qui lui valut une réprimande immédiate.
— Calme-toi, crétin, grogna Sasuke. Hinata, tu peux nous localiser ?
— Oui. Vous êtes dispersés autour du ring. Sakura, ta sœur est dans le tunnel adjacent au tien.
Sakura se figea, son cœur se serrant.
— Elle va bien, ajouta rapidement Hinata pour la rassurer.
Un soupir de soulagement échappa à la rose.
— Merci, Hinata.
Sasuke reprit rapidement les rênes.
— Et les démons ? Tu arrives à les repérer ?
— Oui… mais quelque chose cloche, répondit Hinata, hésitante. On dirait qu'ils sont endormis.
Un silence pesant suivit.
— Bon sang, qu'est-ce qui se passe ici ? intervint Naruto. Et ces pilules qu'ils nous ont données en entrant, c'est quoi ? Une drogue ?
— Je n'en ai aucune idée, répondit Sakura. C'est la première fois que je vois ça.
— Quand je suis passé, j'ai vu des caisses marquées Aki. Les pilules viennent sûrement de là, ajouta Sasuke. Avec le bouclier des Yamanaka et maintenant le groupe Akimichi, ça commence à faire beaucoup pour des coïncidences.
— Je suis d'accord, approuva Sakura.
Un compte à rebours apparut au-dessus de la porte menant au ring, déclenchant un flot d'adrénaline qu'elle n'avait plus ressenti depuis des mois.
— Quoi qu'il arrive, on se retrouve sur la berge dans une heure. Compris ? ordonna Sasuke.
— Compris ! confirmèrent Naruto et Hinata.
Un silence suivit.
— Sakura ? appela fermement Sasuke.
La rose sentit son souffle s'accélérer. Bordel, c'est pas le moment pour faire une crise d'angoisse. Pensa-t-elle intérieurement.
— Vous ne devriez pas rentrer dans l'arène. J'aurais dû vous empêcher de me suivre. Je… je ne sais pas ce qui va se passer là-dedans. Sa voix tremblait légèrement. Rien à voir avec ce que j'ai connu avant. Je…
— Sakura, intervint Sasuke, sa voix calme mais ferme. Respire.
Elle tenta de suivre son conseil, prenant de longues inspirations et expirations.
— Écoute-moi. Premièrement, on est ici par choix. Deuxièmement, on a tous suivi un entraînement intensif. On est prêts pour ce genre de situation. Troisièmement, si ça tourne mal, Naruto et moi invoquerons nos Childs. Je ne laisserai rien arriver ni à toi, ni à Hinata, ni à Naruto, ni à ta sœur. Compris ?
Un silence suivi.
— Sakura ! insista-t-il.
— Compris, murmura-t-elle finalement, son cœur retrouvant un rythme normal.
— Bien.
Elle entendit le son distinct de son katana activé.
— Préparez-vous.
Sakura activa ses bracelets, un éclat rouge illuminant ses poignets. De son côté, Naruto fit tournoyer ses shurikens, prêt à en découdre. La rose attrapa le capteur supplémentaire que Rin lui avait confié. Le compte à rebours touchait à sa fin. Elle inspira profondément, puis retira le capteur de Scarlet pour le remplacer par celui de son familier.
— Ravie de te revoir parmi nous, Black Thorn, lança Benny d'un ton malicieux dans l'oreillette.
Un sourire effleura ses lèvres. L'heure était venue. Sans hésiter, elle franchit la dernière porte et entra dans l'arène. Le vacarme de la foule l'enveloppa immédiatement. Des gradins remplis à craquer s'élevaient tout autour, vibrants d'une énergie électrique. Les spots lumineux dansaient dans l'obscurité, avant de s'immobiliser, un à un, sur les combattants disposés en cercle. Sakura balaya l'arène du regard, reconnaissant presque tous les free-fighters autour d'elle. Des visages familiers, des adversaires qu'elle avait affrontés — et vaincus — dans une autre vie. Son cœur s'accéléra lorsqu'elle croisa les yeux écarquillés de sa sœur, figée d'effroi en la voyant.
— Sakura, qu'est-ce que tu fais là ? balbutia la jeune fille, abasourdie.
— Je te jure que si on sort d'ici vivantes, je te tue, rétorqua Sakura, ses mots aiguisés comme une lame. Elle la tira fermement derrière elle, une protection instinctive.
La rose plissa les yeux, tentant de percer la fumée dense qui s'étirait au centre de l'arène. Elle repéra Sasuke de l'autre côté du ring, impassible, prêt à l'action. Naruto était trois entrées plus loin sur sa droite, tandis que Hinata se tenait deux tunnels plus loin, discrète mais concentrée. Le commentateur continua ses présentations, sa voix amplifiée résonnant dans chaque recoin de la salle.
— Et pour terminer… H. fit durer le suspense, sa voix prenant une tonalité dramatique. Je vous l'avais promis, mes amis ! Ce soir, l'élite de l'élite est avec nous ! Maintenant, pour son grand retour dans l'Underground, accueillez comme il se doit la redoutable… Black Thorn !
Les spots convergèrent soudain sur elle, aveuglants mais exaltants. Sakura salua la foule d'un geste sûr.
— Avoue que ça t'avait manqué, glissa Benny, amusé, dans son oreillette.
Elle esquissa un sourire en coin, incapable de nier. Oui, cela lui avait manqué. L'excitation brute qui pulsait dans l'air, la clameur assourdissante de la foule, la montée d'adrénaline qui envahissait ses veines. C'était un monde qu'elle avait juré de laisser derrière elle, mais en cet instant, elle se sentait vivante, presque entière. Ce frisson, cet instant suspendu, lui rappela pourquoi elle avait autrefois aimé ce chaos. Juste pour une nuit, elle acceptait de redevenir Black Thorn.
— Messieurs et mesdames les free-fighters...H. scrutait l'arène avec intensité, sa voix grave résonnant dans chaque recoin de l'espace bouillonnant d'énergie. Il est temps de prendre la petite pilule verte qu'on vous a donnée à l'entrée.
Un silence nerveux s'abattit. Les apprentis échangeaient des regards inquiets, chacun guettant le moment où les autres allaient se décider. Puis, un par un, les combattants prirent le cachet. Tous... sauf Yumi.
— Hé, tu fais quoi ? s'écria Sakura en saisissant la main de sa sœur avant qu'elle ne porte la pilule à sa bouche.
— Mais comment tu veux que je me défende contre les démons sans ça ? protesta Yumi, un mélange de panique et de colère dans la voix.
— Pardon ? s'étouffa Sakura, les yeux écarquillés. Benny ! siffla-t-elle dans son oreillette. Tu m'expliques ?
Un sourire maladroit fendit le visage de Benny.
— Okay, okay… J'ai peut-être « oublié » un détail.
— Quoi. Encore.
— Les pilules vertes, balbutia-t-il, elles servent à simuler une aptitude. Ça permet de niveler un peu le terrain avant que les démons débarquent.
Sakura cligna des yeux, abasourdie.
— Tu plaisantes ?
— Nope, rétorqua Benny, presque fier malgré le regard noir de la jeune femme. Je te l'ai dit, l'Underground a évolué.
Elle balaya les autres candidats d'un coup d'œil rapide. Autour d'elle, les free-fighters déclenchaient des aptitudes à tour de rôle : flammes surgissant des paumes, éclairs jaillissant de corps électriques, force décuplée… Chaque démonstration arrachait des exclamations à la foule.
— Sakura, laisse-moi la prendre ! implora Yumi. Je suis morte si je n'ai pas ça !
— Si tu mets ce truc dans ta bouche, c'est moi qui te découpe, menaça Sakura, une lueur dangereuse dans les yeux.
Sa main effleura ses manchettes, prêtes à tirer.
— Benny, c'est quoi l'objectif ? grogna-t-elle.
— Simple : descendre un max de démons en dix minutes. Chaque démon, cinquante mille. Si tu les tues tous, tu prends le million.
— C'est tout ? ricana Sakura, sceptique.
— Pas exactement, répondit-il. Tu peux aussi récupérer les gains d'un autre free-fighter... en le mettant K.O ou pire.
Sakura ferma les yeux, exaspérée.
— Bien sûr. On affronte des démons, mais on doit aussi se méfier des humains dopés. Pourquoi pas ?
Elle ajusta son autre oreillette et communiqua à son équipe les informations qu'elle avait récupéré.
Un mouvement au centre de l'arène attira son attention. Une épaisse fumée se dissipa, révélant dix créatures massives et grotesques. Leurs colliers métalliques émettaient des bips sinistres, leur bave visqueuse brillait sous les projecteurs, et leurs grognements suffirent à faire taire les acclamations de la foule.
— Que le tournoi commence ! hurla H.
Les colliers des démons s'illuminèrent, une décharge électrique traversa leur corps, provoquant des hurlements de rage. Puis, comme une vague incontrôlable, ils se dispersèrent dans l'arène. L'un des monstres arracha les bras d'une combattante qu'elle reconnut comme Silver Fang, son corps fracassé contre un mur. À quelques mètres, le Colosse écrasa une créature avec une force surhumaine, mais fut surpris par un autre démon qui lui arracha la tête d'un coup sec. Sakura sentit son estomac se nouer. C'était une boucherie. Un démon fonça sur elle. Sans réfléchir, elle activa sa manchette et décocha un coup qui transperça la cage thoracique de la créature. L'écran au-dessus de l'arène afficha son score : 50 000 crédits. Elle chercha rapidement Hinata. Zéro. Naruto ? À 200 000, mais il se battait pour protéger les deux. Rassurée, Sakura se recentra sur sa zone.
— Tu participes vraiment à cette horreur ? s'indigna-t-elle, s'adressant à Benny à travers son micro.
—J'ai pas le luxe de choisir, ma grande. On fait ce qu'on peut pour survivre ici-bas, riposta-t-il, agacé.
Les secondes s'égrenaient, le nombre de free-fighters diminuait à vue d'œil. 8 minutes restantes. Sakura serra les poings. Ces gens, qu'elle avait affrontés et respectés, se faisaient massacrer sous ses yeux. Il fallait agir. Elle ferma les yeux. Elle s'imagina dans une forêt : chaque humain était un arbre à protéger, chaque démon un feu qu'elle devait éteindre. Lentement, elle sentit l'énergie affluer dans sa manchette.
— Sakura, attention ! hurla Yumi.
Elle rouvrit les yeux juste à temps. Son poing frappa le sol avec toute la puissance accumulée. Une onde de choc dévastatrice balaya l'arène, projetant les démons contre les parois. Les free-fighters furent ébranlés, mais indemnes. Le silence se fit, brisé seulement par la voix exaltée de H.
— INCROYABLE ! Black Thorn vient d'anéantir tous les démons restants ! Mais elle devra tenir : 8 minutes à défendre son pactole !
Sakura se redressa lentement, le souffle court. Elle sentit le sang lui couler du nez.
— Super… murmura-t-elle, essuyant la goutte d'un revers de manche.
Un mouvement attira son attention. Le Bulldozer avançait vers elle, ses lames prêtes à fendre l'air.
— Merde... pensa-t-elle.
Mais contre toute attente, il lui tendit la main.
— Content de te revoir, petite, dit-il, un sourire en coin.
Quelques minutes plus tôt, dans la loge du présentateur
— Tout est en place ? demanda précipitamment un homme de petite taille en entrant dans la cabine de régie. Rondouillard, il portait des lunettes de soleil rondes, même dans l'obscurité, accentuant l'effet sphérique de son visage.
— H., t'es en retard. Encore… grogna le technicien sans même lever les yeux de ses écrans.
— J'irais plus vite si les arènes n'étaient pas aussi excentrées, répliqua le commentateur vedette de l'Underground, visiblement agacé. Il se pencha sur l'un des écrans. La liste a bougé ?
— Quatre nouveaux free-fighters se sont inscrits en dernière minute. L'appât du gain, probablement, répondit le jeune assistant en haussant les épaules.
H. plissa les yeux, intrigué.
— Bizarre… Ça fait un moment qu'on ne les avait pas vus, ceux-là.
Sans attendre, il attrapa son oreillette.
— Benny, tu m'entends ?
— Cinq sur cinq ! rétorqua le hacker d'un ton léger.
— Tout est réglo du côté des free-fighters ?
— Tout est réglo, confirma Benny.
Le technicien tourna la tête vers H.
— H., je lance le compte à rebours.
D'un clic précis, il plongea la salle dans le noir, laissant les jeux de lumière s'emparer de l'espace. L'ambiance électrique montait déjà.
— Ouverture des portes, annonça-t-il.
H. prit une gorgée d'eau, s'échauffa brièvement la voix, puis ajusta son micro. Sa posture changea, laissant place à son personnage.
— Mesdames et Messieurs, merci d'être venus si nombreux ce soir pour ce nouveau tournoi de l'Underground ! Sa voix tonna dans la salle, déclenchant une vague d'acclamations déchaînées. Veuillez accueillir nos premiers combattants : les free-fighters !
Il fit un large geste vers l'arène, captivant l'attention du public. Les projecteurs balayèrent la scène, s'arrêtant sur les participants qui entraient un à un. Un froncement de sourcils marqua son visage quand il aperçut un détail inattendu.
— Qu'est-ce qu'elle fait ici ? grogna-t-il, ses dents serrées.
Il se tourna brusquement vers le technicien, qui, les yeux rivés sur les écrans, affichait la même expression perplexe. Le pseudonyme s'affichant à côté du candidat 14 était impossible à ignorer.
— Benny !
— Oui ? répondit innocemment le hacker.
— Ne joue pas à ça, gamin. Je sais que vous vous fréquentiez tous les deux. Qu'est-ce qu'elle fait ici ? C'est toi qui l'a fait entrer ? La colère grondait dans la voix de H.
— Allez, H., je me suis dit que ça ferait monter les paris. Elle a encore des fans, tu sais ? Regarde.
Benny désigna l'écran où les paris grimpaient en flèche, presque hors de contrôle.
— La soirée va rapporter gros, ajouta-t-il d'un ton satisfait.
H. fronça davantage les sourcils, son visage se durcissant.
— Si elle fait un seul pas de travers, je vous fais dégommer tous les deux. Capiche ?
— Cinq sur cinq, boss, répondit Benny, toujours imperturbable.
H. prit une profonde inspiration et se remit immédiatement dans son personnage, amplifiant son enthousiasme pour le public.
— Et pour terminer… Sa voix s'éleva, grave et théâtrale, jouant avec l'attente palpable dans la foule. Je vous l'avais promis, mes amis ! Ce soir, l'élite de l'élite est avec nous ! Maintenant, pour son grand retour dans l'Underground, accueillez comme il se doit la redoutable… Black Thorn !
Un tonnerre d'applaudissements et de cris éclata, secouant l'arène. Sous les projecteurs, Sakura leva légèrement le poing, saluant la foule avec une assurance calculée.
— Et en plus, elle se pavane, cette petite peste, maugréa H. hors antenne, son ton chargé de mépris. Il reprit son rôle aussitôt, amplifiant la tension dramatique.
— Messieurs et mesdames les free-fighters… Sa voix résonna dans l'arène, le rythme de ses mots ralentissant pour captiver l'attention. Il est temps de prendre la petite pilule verte qu'on vous a donnée à l'entrée.
Derrière son micro, il scrutait les combattants. Son regard s'arrêta sur l'un d'entre eux, intrigué.
— C'est qui, le numéro 3, déjà ? demanda-t-il, fronçant les sourcils.
— Shadowhunter, répondit le technicien, ses yeux fixés sur l'écran. Première participation. Pas un grand nom. À ce rythme, il va se faire dégommer en deux temps trois mouvements. Dommage, il est plutôt beau gosse, ajouta-t-il avec un sourire en coin.
H. leva les yeux au ciel, visiblement ennuyé.
— Je fais monter les démons, déclara le technicien, ignorant la réaction de son patron.
H. s'avança légèrement, ses lunettes reflétant les lumières clignotantes.
— Et enfin, mesdames et messieurs, vous les attendiez tous ! Les démons de ce soir ! Que de la chair fraîche ! Des niveaux 2, tout récemment sortis d'une brèche, capturés par nos soins !
La foule retint son souffle alors que les cages s'ouvrirent. Une horde de créatures massives, à la peau noire veinée de rouge incandescent, fit irruption dans l'arène. Un frisson collectif parcourut l'assemblée.
— Que le tournoi commence ! tonna H., déclenchant une vague d'excitation.
Les colliers autour des cous des démons s'activèrent, envoyant une décharge électrique qui les fit rugir de douleur et de rage. Aveuglées par la colère, les créatures se jetèrent sur les free-fighters. Cependant, quelque chose attira immédiatement l'attention de H. Deux combattants se démarquaient. Leurs mouvements étaient précis, rapides, presque impossibles à suivre.
— Zodiac, tu m'as dit que c'était qui, déjà, les gugusses là ? demanda H., les yeux plissés.
— Shadowhunter et Thunderstorm, répondit Zodiac, les observant avec une attention croissante. Soudain, il se redressa, alarmé.
— Merde… Des artefacts !
H. tourna brusquement la tête.
— Quoi ?!
— La Garde a infiltré le tournoi !
Avant que H. ne puisse réagir, une explosion lumineuse secoua l'arène. Une onde de choc balaya les démons restants. Le silence retomba, la foule écarquillant les yeux, bouche bée devant l'écran géant qui montrait Black Thorn, debout au centre du chaos, ses bracelets encore luisants.
— Putain… grogna H., désespéré par la situation. Le troupeau de démons, qu'il avait négocié une fortune, n'avait pas tenu plus de deux minutes.
Reprenant ses esprits, il alluma son micro et s'écria :
— INCROYABLE ! Black Thorn vient d'anéantir tous les démons restants ! Mais elle devra tenir : 8 minutes à défendre son pactole !
Le public explosa en acclamations, subjugué par la démonstration de force, tandis que l'arène retentissait d'un mélange d'adrénaline et de tension palpable. Puis soudain, les huées de la foule se firent entendre, grondantes, comme un orage qui s'annonce. H. jeta un coup d'œil nerveux à l'arène, cherchant la source de ce mécontentement. Son regard se posa sur le Bulldozer, le vétéran de l'Underground. L'homme venait de serrer la main de Black Thorn.
— Qu'est-ce qu'il fout !? siffla H. entre ses dents, les poings serrés.
Le commentateur nota ensuite les gestes des autres free-fighters. Un à un, ils baissèrent leurs armes, refusant manifestement de se battre entre eux.
— MAIS BORDEL ! ILS ME FONT QUOI, LÀ !? hurla-t-il, son visage virant au rouge écarlate. Dans la pénombre de sa cabine, H. se tourna brusquement vers son oreillette. BENNY ! Connecte-moi à leurs capteurs !
Le hacker soupira de l'autre côté de la ligne.
— C'est fait, c'est fait...
— BENNY ! vociféra H., s'impatientant, son visage rondouillard tiré par la colère.
— Ouiiii ! C'est fait ! répondit Benny d'un ton exaspéré.
H. activa sa communication avec les combattants, sa voix se durcissant jusqu'à devenir glaciale.
— Free-fighters, je ne le dirai qu'une seule fois. Soit vous vous battez, soit vous allez amèrement regretter de vous être pointés ce soir.
Les free-fighters se tournèrent en silence vers le Bulldozer, attendant visiblement sa réaction. L'ancien ne fit pas un geste tout de suite. Puis, d'un mouvement calculé, il leva les yeux vers la cabine. Ses pupilles sombres semblaient chercher H. à travers la vitre teintée. Lorsqu'il estima avoir trouvé sa cible, il leva lentement un bras… et tendit un doigt d'honneur bien visible dans sa direction.
— Très bien… marmonna H., tremblant de rage, ses lunettes de soleil glissant sur son nez.
Il reprit son micro, composant rapidement son personnage pour tenter de sauver la situation.
— Calmez-vous ! Calmez-vous ! lança-t-il à la foule, dont les huées menaçaient de se transformer en émeute. Vous ne pensez quand même pas qu'on allait vous laisser sur une fin pareille !?
Un murmure sceptique parcourut l'assemblée.
— Écoutez-moi bien. Vous ne pensiez pas que MOI, H., je vous laisserais repartir sans en avoir pour votre argent !? Sa voix regagna en puissance, son assurance habituelle retrouvant sa place. Il fit un geste à son technicien, l'incitant à activer un protocole spécial.
— Mesdames et messieurs, accrochez vos ceintures, car ce que je vais vous offrir ce soir, c'est de l'inédit, du jamais vu !
La foule s'agitait, intriguée malgré elle. Dans la cabine, H. se frotta les mains, la mâchoire encore crispée, mais un éclat calculateur dans les yeux.
— Vous voulez un spectacle ? Vous allez l'avoir... murmura-t-il pour lui-même, prêt à relancer le chaos.
Au même moment dans l'arène
Le chaos régnait dans l'arène, mais Sakura n'avait pas le luxe de céder à la panique.
— Benny, de quoi il parle ? demanda-t-elle, la voix tendue, cherchant des réponses.
— Aucune idée, répondit le jeune hacker, aussi inquiet qu'elle. H. est furieux. Il ne pensait pas que les free-fighters oseraient se rebeller.
Un mouvement attira son regard. Hinata lui faisait signe avec insistance. Elle remit son oreillette en place.
— Hinata ! Tout va bien ?
— Sakura ! La voix de la Hyūga vibrait de peur. Il ramène un niveau 4 ! Il faut qu'on sorte d'ici, tout de suite !
Un frisson glacial parcourut Sakura. Niveau 4. Même dans la Garde, ces créatures relevaient presque du mythe. Se tournant vers le Bulldozer, elle lâcha d'une voix ferme :
— Il faut qu'on dégage. Maintenant.
Mais avant que quiconque puisse bouger, un cri perçant fendit l'air. Le sol vibra, les déséquilibrant tous, et un grondement sourd monta de la fosse. Les projecteurs illuminèrent une créature titanesque émergeant lentement du monte-charge. Sakura resta figée, les yeux écarquillés d'horreur. La bête se dressa, ses crocs démesurés brillant comme des lames d'acier. Sa queue hérissée de pointes s'abattit violemment sur le sol, faisant trembler les murs et provoquant des hurlements paniqués dans la foule.
— B ! hurla Benny dans l'oreillette, brisant son hébétude. B, réponds-moi !
— Je t'écoute, répondit Sakura, les mains tremblantes.
— Sortez par les tunnels ! Maintenant !
Elle tourna la tête et remarqua que les portes des tunnels s'étaient ouvertes. Une échappatoire.
— Merci, Benny, murmura-t-elle.
— Tu me remercieras quand vous serez... Merde !
La communication fut soudain interrompue par une autre voix, plus froide, plus cruelle.
— Extrêmement déçu, gamin. Moi qui t'ai tout appris... Et c'est comme ça que tu me remercies ?
Le cœur de Sakura s'arrêta. H. Il avait découvert la trahison de Benny.
— Voyons, H., tu ne peux pas sacrifier tout le top 10 pour une question d'égo ! tenta Benny, désespéré. Ils n'ont aucune chance face à un niveau 4 !
— Elle t'a promis quoi, ta gonzesse ? cracha H., moqueur. Qu'elle te pardonnerait après l'avoir trahie? tu crois qu'elle ne sait pas que c'est toi qui l'a balancé?
— Ferme la, grogna Benny.
Un bruit sourd retentit dans l'oreillette, suivi d'un gémissement de douleur.
— Benny ! cria Sakura, affolée. Benny, réponds-moi !
Un silence oppressant lui répondit.
— Renji ! hurla-t-elle, utilisant son prénom comme une supplique.
- Merde... Sa voix était faible, à bout de souffle. C'est jamais bon signe quand tu m'appelles comme ça. Sors de là, B. Préviens la Garde.
— Je ne pars pas sans toi, déclara-t-elle fermement.
Elle croisa le regard de Yumi, sa sœur, pétrifiée de peur. Reprenant ses esprits, Sakura lui prit doucement le visage entre ses mains.
— Yumi, écoute-moi. Tu pars avec eux. Ce sont mes amis, ils feront tout pour te protéger. Elle lui montra les trois apprentis qui les avaient rejoints de son côté de l'arène.
— Et toi ? Où tu vas ? gémit l'adolescente, les yeux noyés de larmes.
— Je vais chercher Benny.
— Hors de question, trancha Sasuke.
Le regard de Sakura se durcit.
— Je ne le laisserai pas mourir ici, répliqua-t-elle d'un ton glacé.
Le silence entre eux était lourd, un duel de volontés. Finalement, Sasuke soupira, cédant.
—Hinata, prends Yumi et attendez nous au point de rendez-vous. Naruto, invoque Kurama. Si cette chose sort d'ici, les morts se compteront par centaines.
Naruto hocha la tête et s'avança.
— Que les choses sérieuses commencent, déclara-t-il avec un sourire féroce, frappant son poing contre sa paume. Une énergie bleutée éclata autour de lui. Viens à moi, Kurama !
L'arène fut baignée de lumière. Une silhouette immense se forma derrière Naruto : un renard majestueux, aux neuf queues ondoyantes, se dressa fièrement. Bien qu'il n'atteigne pas la taille de la créature démoniaque, Kurama inspirait une force redoutable.
— On s'occupe de ça. Allez chercher Benny, lança Naruto, déterminé.
Sakura s'élança en tête, déterminée à atteindre la cabine de Benny. L'ascension des deux étages qui les séparaient du sommet de l'arène sembla durer une éternité, chaque pas résonnant dans le tumulte lointain de la créature enragée. La cabine de Benny se trouvait tout près des serveurs principaux, une position stratégique en cas de descente de la police : il pouvait les détruire en un instant pour effacer toutes les preuves. Comme elle s'y attendait, les gardes avaient déserté leurs postes. L'ombre de la créature planait sur l'arène, et personne ne semblait assez courageux pour rester dans les parages.
— Ça leur apprendra à engager des amateurs, marmonna Sasuke en jetant un œil à une arme abandonnée sur le sol. Enfin, ils atteignirent la porte qu'ils cherchaient. Sakura l'ouvrit d'un coup d'épaule, son cœur battant à tout rompre. À l'intérieur, Benny était affalé contre le bureau, une main ensanglantée pressée sur son abdomen.
— Renji ! s'exclama-t-elle en se précipitant à genoux à ses côtés, l'angoisse nouant sa voix.
Elle posa sa tête contre son torse, cherchant désespérément un battement.
— Deux fois en une nuit que tu m'appelles par mon prénom... J'ai vraiment merdé cette fois, pas vrai, B.? murmura-t-il avec un sourire faible, avant de grincer des dents sous l'effet de la douleur.
— Tais-toi, abruti ! répliqua-t-elle, sa voix tremblante alors qu'elle le serrait contre elle, des larmes roulant sur ses joues.
— Je m'étais juré de ne plus jamais te faire pleurer… répondit-il doucement, levant une main tremblante pour essuyer ses larmes. Il la repoussa légèrement pour croiser son regard. B., ce que H a dit...
— Je sais déjà tout, idiot. coupa-t-elle fermement.
Ses mots laissèrent Benny stupéfait. Mais avant qu'il ne puisse répondre, Sasuke les interrompit sèchement, l'air pressé.
— Si vous avez fini vos déclarations, on ferait mieux de bouger. Naruto tient le coup pour l'instant, mais s'il continue, il va réduire l'arène en miettes.
Le brun s'approcha et passa le bras du hacker autour de ses épaules pour le soutenir. Benny grimaça en se levant, un gémissement de douleur échappant à ses lèvres.
— Doucement, cow-boy ! râla-t-il.
Mais leur fuite fut stoppée net. Devant eux, H se tenait dans l'encadrement de la porte, un revolver à la main, son visage déformé par la colère. Il pointa l'arme sur Sakura, les lèvres tordues dans un rictus de rage.
— Alors, Black Thorn, tu crois que tu peux débarquer, foutre le bordel dans MON arène et t'en tirer comme ça ? grogna-t-il.
Sakura fronça les sourcils, mais ne recula pas. Elle échangea un regard bref avec Sasuke ; il comprit immédiatement qu'elle comptait gérer la situation.
— Tu sais combien tu m'as fait perdre ce soir ? cracha H, les mains tremblantes sur son arme. Ces démons ne tombent pas du ciel, tu sais combien ça coûte !?
— À qui vous les payez ? intervint Sasuke d'un ton calme, brisant la tension.
H détourna son regard vers lui, un éclat de surprise dans les yeux.
— Je savais que ta tronche me disait quelque chose, gamin. T'es un Uchiha, pas vrai ? Son sourire se fit sinistre. Peu importe à qui je les paye, si je ne livre pas l'argent… Autant crever ici. Mais je n'irai pas en enfer tout seul.
Il braqua de nouveau l'arme sur Sakura et pressa la gâchette. Il n'en eut pas le temps. Une impulsion d'énergie traversa la pièce comme un éclair, frappant H de plein fouet. Il s'effondra au sol, mort avant d'avoir compris ce qui se passait. Sakura s'avança lentement, son regard dur comme l'acier. Elle jeta un dernier coup d'œil à son corps inerte.
— Ça, c'était pour la Vipère, espèce de pourriture, murmura-t-elle froidement avant de se détourner.
Sans un mot de plus, elle quitta la cabine, Sasuke sur ses pas, tentant de garder debout Benny vacillant.
Ils rebroussèrent chemin en direction de la sortie, progressant rapidement malgré le poids de Benny sur l'épaule de Sasuke. Ce dernier jetait des coups d'œil inquiets vers l'arène, le front plissé d'appréhension. Lorsque son regard accrocha enfin ce qu'il cherchait, son expression passa de l'angoisse à une résignation mêlée d'agacement.
— Génial… J'ai pas fini d'en entendre parler, marmonna-t-il, plus pour lui-même que pour les autres.
Il était évident que quelqu'un avait alerté la Garde. Même à distance, il reconnut sans difficulté la silhouette familière du Child qui combattait aux côtés de Kurama : Susanoo. Sasuke soupira en observant l'immense aigle noir aux plumes scintillantes comme de l'acier. Ce Child n'appartenait à nul autre que son frère aîné, Itachi Uchiha. Sakura, elle aussi, avait les yeux fixés sur le combat. Mais contrairement à Sasuke, son regard n'exprimait ni agacement ni lassitude. Elle semblait captivée, presque émerveillée par ce qu'elle voyait. Susanoo était une créature d'une beauté mortelle, imposant et terrifiant à la fois. Ses yeux d'un noir d'encre transperçaient l'obscurité comme des lames, et ses serres acérées scintillaient d'un éclat argenté. L'aigle géant avait empoigné le démon par la gorge, plantant ses griffes empoisonnées dans sa chair. Le monstre, bien qu'imposant, n'avait aucune chance. Ce poison, si dévastateur pour les démons, était une caractéristique commune chez de nombreux Childs du clan Uchiha. Pourquoi, personne ne le savait, mais cette capacité rendait les Uchiha aussi respectés que redoutés sur les champs de bataille. D'un coup d'aile puissant, Susanoo projeta le démon à terre. La chute fut brutale, et l'impact fit trembler la structure de l'arène. Sous leur regard médusé, la bâtisse s'effondra partiellement, des pans entiers de béton et d'acier dégringolant dans un vacarme assourdissant.
— On doit bouger. Maintenant, ordonna Sasuke, la voix ferme.
Ils retrouvèrent enfin Hinata, Yumi, le Bulldozer, et quelques free-fighters regroupés sur la berge en contrebas. Rin était là aussi, immobile, ses oreilles basses. L'adrénaline de la fuite vibrait encore dans leurs veines, mais une chape de silence pesait lourdement sur eux. L'angoisse, froide et implacable, s'insinuait dans chaque souffle. Benny était gravement blessé. Ses pas incertains avaient cédé, et Sasuke le soutenait, l'installant doucement contre un mur à l'abri des regards. Le regard sombre de Sasuke reflétait une inquiétude qu'il ne cherchait pas à dissimuler. Sakura s'approcha à pas mesurés, son visage tendu, mais sa voix se voulait apaisante.
— Renji… On est hors de danger maintenant, dit-elle doucement, cherchant à accrocher ses yeux qui restaient obstinément clos. Il faut que tu boives un peu d'eau.
Elle tendit une bouteille qu'elle avait récupérée en sortant de l'arène. Devant son absence de réaction, elle s'accroupit à son niveau, ses mains tremblantes. Avec un soin infini, elle porta l'eau à ses lèvres desséchées, l'encourageant à avaler. Mais lorsqu'il tenta de boire, son corps se tendit brutalement. Un spasme de douleur le secoua et il toussa violemment, crachant un mélange d'eau et de sang. Sakura recula légèrement, un frisson glacé remontant le long de sa colonne.
— Il faut qu'on t'emmène à l'hôpital ! s'écria-t-elle, la panique trahissant son calme apparent. Son regard se tourna vers Sasuke, mais ce dernier restait figé, le regard baissé, comme accablé par une douleur silencieuse.
Autour d'eux, les sanglots étouffés de Hinata se mêlaient aux pleurs de Yumi. Rin, quant à elle, se glissa sous le bras ballant de Benny. Elle posa doucement sa tête sur sa cuisse, ses oreilles rabattues en arrière, comme si elle savait déjà.
— C'est trop tard, B… La route s'arrête là pour moi, murmura Benny avec un sourire faible, résigné.
— Ne dis pas ça… balbutia Sakura, les larmes inondant son visage.
— Ne pleure pas pour moi, Sakura… supplia-t-il d'une voix faible. Je ne le mérite pas.
C'était la première fois qu'il l'appelait ainsi, par son prénom. Sakura se laissa aller à pleurer, posant son front contre son torse, refusant d'accepter l'inéluctable. Elle voulait crier, l'empêcher de partir, mais les mots se noyaient dans l'étreinte de la douleur.
— Pour ce que H. a dit… murmura-t-il après une longue pause.
— Arrête de parler… le supplia-t-elle, le regard noyé de larmes. Garde tes forces.
Il cracha encore du sang, son corps tremblant sous la violence de l'effort. Puis il prit une profonde inspiration.
— Sakura… Je… je n'avais pas compris qu'elle était infiltrée, cette fille. Si j'avais su, je naurais pas couché avec elle.
Sakura éclata d'un rire étouffé, entre deux sanglots.
— Menteur, lui répondit-elle en secouant la tête. Tu n'aurais pas frimé sur le fait que tu traînais avec Black Thorn, mais tu l'aurais quand même fait.
Benny lui rendit un sourire fatigué, un brin amusé.
— Je plaide coupable… Pardonne-moi, s'il te plaît.
— Je te pardonne, dit-elle, une tendresse infinie dans la voix. Au fond, tu m'as rendue service… Sans ça, je ne serais jamais partie de l'Underground. Et regarde où j'en suis maintenant. À la Senju Gakuen, sérieusement, tu y crois ?
Ses yeux se perdirent un instant dans ceux de Benny. Il se redressa légèrement, la fatigue évidente sur ses traits, mais son regard resta clair, déterminé.
— Il serait si fier de toi. Sakura se figea. C'était son idée à lui, tout ça. Je peux te le dire maintenant. Il me disait qu'on te tirait vers le bas, moi et les autres. Que tu devais partir, voler vers la lumière, mais que jamais tu ne le ferais de ton propre chef… Alors on a coupé les fils qui te retenaient.
Il s'interrompit, un sursaut de douleur le secouant. Il toussa à nouveau, un son rauque qui déchirait l'air. Puis, épuisé, il posa doucement son front contre l'épaule de Sakura. La pression sur son cœur se fit plus lourde, presque insupportable.
— Lors de ton dernier combat… Il marqua une pause, sa respiration sifflante entrecoupant ses mots. C'est lui qui a prévenu la police. Mais ça a mal tourné. Il a été pris dans les tirs.
Les mots frappèrent Sakura comme un coup de poing. Ses mains se crispèrent autour du t-shirt de Benny, sa gorge se nouant alors que les images de cette nuit tragique refaisaient surface, la mort de la Vipère marquant sa mémoire comme une plaie béante. Si Benny lui avait tout appris sur l'Underground, c'était la Vipère qui l'avait formée à l'arène, la préparant à survivre dans ce monde brutal. Sans lui, elle n'aurait pas tenu. La culpabilité, elle la portait encore, et l'impuissance d'avoir perdu un autre mentor la rongeait de l'intérieur. Elle le serra contre elle, les larmes coulant à flot.
Lentement, presque imperceptiblement, Benny sembla s'alourdir. Son corps, à demi porté par la jeune fille, glissa doucement, jusqu'à ce qu'il repose entièrement contre son épaule.
— Merci d'avoir fait un bout de chemin avec moi, Sakura Haruno. Sa voix n'était qu'un murmure, un souffle fragile qui s'éteignit avec ces derniers mots. Sakura n'eut pas besoin de relever la tête pour comprendre. Il était parti. La réalité s'abattit sur elle avec une violence brutale. Bouger, respirer, même lever un doigt, tout cela semblait exiger une force qu'elle n'avait plus. Alors elle resta là, immobile, les bras refermés autour de son ami, son cœur éclaté en mille morceaux. Les larmes coulèrent, sans fin, sans retenue, noyant son visage d'une douleur qu'aucun mot ne saurait apaiser.
