Ils attendirent dans le froid, l'atmosphère lourde, pendant ce qui sembla une éternité. Les sirènes de la Garde résonnaient au loin, un rappel cruel qu'ils n'avaient plus beaucoup de temps. Les Maîtres allaient arriver, et ils savaient tous ce que cela signifiait. Sasuke s'avança vers le Bulldozer, dont le regard était chargé d'un chagrin silencieux.
— Vous devriez filer, lui conseilla-t-il, la voix calme mais ferme. Les Maîtres vont débarquer. S'ils vous trouvent ici, ils vous livreront à la police.
Le free-fighter posa sur lui un regard dur, mais empreint de gratitude. Après un instant d'hésitation, il lui tendit la main. Surpris, Sasuke la lui serra, scellant un respect mutuel entre deux guerriers.
— Merci, gamin, répondit le Bulldozer, sa voix grave adoucie par l'émotion. Sans vous, on y serait tous restés. Il se retourna vers ses compagnons free-fighters, cherchant leur approbation. Tous hochèrent la tête en silence, leurs visages marqués par l'épuisement et la reconnaissance.
— Nous avons une dette envers vous.
Puis, il s'approcha de Sakura, s'accroupissant à sa hauteur.
— Petite, murmura-t-il, sa voix douce et réconfortante, contrastant avec son apparence imposante. Je vais l'emmener, d'accord ?
Sakura leva lentement les yeux vers lui. Ses larmes s'étaient taries, comme si son corps avait épuisé toutes ses ressources pour pleurer. Elle fixa le vétéran un long moment, puis, avec une lenteur douloureuse, desserra son étreinte autour du corps sans vie de Renji. Le Bulldozer le prit avec précaution dans ses bras, son expression marquant l'affection qu'il portait au défunt. La rose les regarda disparaitre dans la nuit et resta bloquer dans cette position, incapable de faire le moindre mouvement. C'était comme si son âme était sorti de son corps et qu'elle n'avait plus prise sur le monde physique.
— Haruno ! La voix résonna comme un coup de tonnerre, arrachant Sakura à son absence. Elle releva la tête, le regard encore flou, et réalisa qu'elle n'était pas seule. Comment était-elle arrivée ici ? Combien de temps s'était-il écoulé depuis... Renji ?
Elle balaya la pièce des yeux, essayant de remettre ses pensées en ordre. Le bureau austère du général de la Garde lui semblait étrangement irréel. Sasuke, Naruto, et Hinata se tenaient à ses côtés, rigides comme des soldats, les bras croisés dans le dos et les yeux fixés au sol. Devant eux, le général lui-même, une figure imposante et intimidante, la fixait avec sévérité. Derrière lui, elle distingua une femme tout aussi impressionnante, Tsunade Senju, directrice de la Senju Gakuen, au visage fermé et aux bras croisés. À côté de Tsunade, un homme plus jeune mais tout aussi autoritaire se tenait droit. Il avait cette aura qui imposait le respect, et une ressemblance frappante avec Sasuke et le général. Itachi Uchiha, identifia Sakura.
— Le général vous a posé une question, Haruno. La voix de Tsunade claqua, ferme et sans appel, rappelant Sakura à la réalité.
Sakura déglutit, cherchant désespérément à se rappeler ce qui avait été dit. Elle reconstruit les bribes de conversation dans son esprit. Une question résonna dans sa mémoire : "Confirmez-vous la version de Sasuke ?" La panique menaça de l'envahir. Qu'avait-il bien pu dire ? Elle n'en avait aucune idée, mais l'urgence de répondre s'imposa.
— J'assume l'entière responsabilité de ce qui s'est passé ce soir, déclara-t-elle soudain, sa voix plate, presque mécanique.
Tous les regards se braquèrent sur elle, mais elle se força à continuer, façonnant son mensonge d'un ton assuré :
— J'avais entendu parler des nouveaux tournois dans l'Underground et je voulais tester mon aptitude en conditions réelles. Je me suis dit que ce serait aussi une bonne occasion d'évaluer le niveau de mes camarades avant la pré-sélection, pour savoir contre qui j'allais devoir me battre.
Elle inspira profondément avant d'ajouter, le menton légèrement relevé :
— Je les ai embobinés pour qu'ils m'accompagnent à la centrale, et grâce à mes connexions dans le milieu, j'ai réussi à nous faire intégrer le tournoi sans difficulté. Le reste, vous le savez déjà.
Elle sentit le poids de l'étonnement de ses camarades sans même les regarder. Naruto et Sasuke se redressèrent instinctivement, prêts à la contredire, mais elle leur coupa la parole sans leur laisser la moindre chance.
— Leur seule erreur a été de me faire confiance, poursuivit-elle, son ton se durcissant. S'ils doivent être punis, ce devrait être pour ça uniquement.
Son regard glissa brièvement vers Itachi, qui fronça légèrement les sourcils, lançant un regard appuyé à son frère, une consigne muette. Sasuke serra les poings, mais il obéit, se taisant à contrecœur. Sakura tourna un regard dénué d'émotion vers le général, qui l'observait avec une intensité froide, comme s'il tentait de dénouer le vrai du faux dans ses propos.
— Vous saviez que des démons de niveau 2 et de niveau 4 étaient enfermés dans les sous-sols de la ville, et votre première réaction a été de vous jeter dans la fosse pour évaluer votre niveau ? lâcha-t-il avec une froideur tranchante.
Sakura resta silencieuse. Elle n'avait plus rien à perdre. Qu'il pense ce qu'il voulait, qu'il juge, cela n'avait plus d'importance. Son regard ne vacilla pas, fixé dans celui du général comme un défi muet.
— Vermine un jour, vermine toujours... souffla ce dernier en refermant le dossier devant lui, un jugement jeté au vent, sous le regard furieux de Sasuke.
Le général se redressa lentement, échangera un regard entendu avec Tsunade Senju avant de s'avancer vers les apprentis. Il se planta devant Sakura, imposant et inflexible.
— Sakura Haruno. En participant à un tournoi de l'Underground, vous avez terni la réputation de la Senju Gakuen et celle de la Garde. En ayant connaissance de la présence de démons de niveaux 2 et 4 et en choisissant sciemment de ne pas en avertir la Garde, vous avez mis vos camarades et la ville entière en danger. Il fit une pause, sondant son visage. Rien. Pas de peur, pas d'hésitation, pas même de colère. Il n'y avait que le vide, un gouffre insondable qui le déroutait autant qu'il l'irritait. Pour ces raisons, je vous retire la bourse de la Garde. Vous êtes renvoyée de la Senju Gakuen.
Il attrapa brusquement son poignet et, avant qu'elle ne puisse réagir, y verrouilla un bracelet noir, métallique et froid. Il s'ajusta à sa peau comme une seconde peau, sinistre et oppressant.
— Votre aptitude est bridée jusqu'à nouvel ordre.
— Père ! s'indigna Sasuke, sa voix vibrante de colère.
Le général pivota vers lui, ses yeux d'acier lançant un regard glaçant. Sasuke tint tête, les mâchoires serrées, refusant de détourner le regard.
— Quant à vous trois, continua Fugaku en se tournant vers les apprentis, vous êtes exclus pendant une semaine de la Senju Gakuen. De plus, vous deux, il désigna Naruto et Sasuke d'un signe du menton, vous êtes relégués aux missions de rang 1 jusqu'à nouvel ordre. Débarrassez-moi le plancher.
Son ton était lourd de mépris, sa silhouette déjà tournée vers son bureau, mettant un terme brutal à la discussion. Sakura s'inclina brièvement, un geste plus automatique que respectueux, avant de se diriger vers la sortie. Pas un mot ne passa ses lèvres. Sasuke lui emboîta le pas, suivi de Naruto et Hinata, leurs pas résonnant dans le couloir. Fugaku resta figé un instant, son regard se durcissant lorsqu'il entendit la voix de son fils cadet interpeller Sakura dans le couloir.
— Itachi, ordonna-t-il d'un ton grave. Ne lâche pas ton frère d'une semelle.
Le regard impassible d'Itachi ne trahit aucune émotion alors qu'il acquiesça d'un signe de tête. Sans un mot, il quitta la pièce à son tour, fermant la porte du bureau derrière lui.
Fugaku tourna son regard vers Tsunade, qui observait la ville, son expression impassible masquant à peine un mélange de réflexion et de lassitude. Ses yeux, fixés sur l'horizon scintillant de Neo-Tokyo, semblaient peser le poids des événements récents.
— Vous en pensez quoi ? demanda calmement le général, sa voix rompant le silence qui s'était installé. Elle a menti pour les protéger ?
Un sourire discret étira les lèvres de Tsunade.
— Évidemment, répondit-elle avec assurance. Itachi nous a informés que sa sœur était inscrite au tournoi. Sakura voulait juste la sortir de cet enfer. Et connaissant votre fils et mon filleul, il était prévisible qu'ils n'auraient jamais pu la laisser y aller seule. Elle marqua une pause, réfléchissant. Ce qui m'étonne davantage, c'est la présence d'Hinata Hyuuga dans cette histoire.
Fugaku hocha légèrement la tête, une grimace lasse traversant son visage.
— Oui. Je préfère ne pas imaginer ce que je vais devoir affronter lorsque son père l'apprendra, soupira-t-il, déjà épuisé par la simple idée. Se plaçant aux côtés de Tsunade, il laissa son regard dériver sur les néons lumineux et le tumulte de Neo-Tokyo.
— Bon sang... murmura-t-il, secouant la tête. Il ne me facilite vraiment pas la tâche... Sasuke trouve toujours un moyen de se fourrer dans les pires situations.
Un éclat malicieux traversa le regard de Tsunade alors qu'elle se tournait légèrement vers lui.
— Tel père, tel fils, pas vrai ? lança-t-elle, une pointe d'humour dans la voix. Vous m'en avez fait voir de toutes les couleurs, vous aussi, quand vous étiez à la Senju Gakuen. Vous l'avez peut-être oublié, mais moi non.
Un sourire furtif naquit sur les lèvres du général, mais il s'effaça presque aussitôt lorsque Tsunade reprit son sérieux.
— Sasuke est très intelligent, Fugaku, poursuivit-elle d'un ton plus grave. Vous devriez le mettre au courant de ce qui se trame. Si vous ne le faites pas, il finira par le découvrir tout seul, et à ce moment-là, vous ne serez plus en mesure de le protéger.
Les traits de Fugaku se durcirent, une ombre traversant son visage.
— Il est trop jeune pour comprendre ce qui se joue, répondit-il d'un ton tranchant. J'ai déjà perdu ma femme. Je ne perdrai pas mes fils.
Tsunade l'observa longuement, sa propre expression adoucie par une pointe de compassion, mais elle ne céda pas.
— C'est vous le général, admit-elle en inclinant légèrement la tête, marquant sa déférence. Mais vous ne pourrez pas dire que je ne vous avais pas prévenu.
Le lendemain dans le dojo du clan Uchiha
Itachi observait tranquillement depuis l'encadrement de la porte, un sourire en coin, tandis que son petit frère s'acharnait sur un punching-ball depuis une bonne heure. Les coups de Sasuke, rapides et violents, résonnaient dans la pièce. Finalement, un dernier direct rageur éventra le sac, laissant s'échapper le sable qu'il contenait. L'aîné des Uchiha se redressa, un sourire moqueur sur les lèvres, et s'avança lentement.
— T'as pas autre chose à faire que de me suivre comme un toutou ? lança sarcastiquement Sasuke, essoufflé mais toujours sur les nerfs.
— Apparemment, quand je suis pas là, tu t'ennuies tellement que tu finis par t'enrôler dans l'Underground, répliqua Itachi, le ton amusé.
Il s'arrêta devant un présentoir où étaient suspendus deux katanas. D'un geste fluide, il en décrocha un et le lança à son frère, l'invitant clairement à un duel. Sasuke attrapa l'arme au vol, mais son mouvement manquait de conviction.
— Pas maintenant, lâcha-t-il d'un ton désabusé, le regard ailleurs. J'ai pas la tête à ça.
Un sourire malicieux se dessina sur le visage d'Itachi. Il dégaina le second katana et fit le premier mouvement, tranchant l'air avec précision. Sasuke bloqua l'attaque par réflexe, son regard s'assombrissant.
— Itachi ! Je t'ai dit pas maintenant ! s'énerva-t-il.
— Quoi ? D'habitude, tu me supplies de m'entraîner avec toi, et tu râles parce que je n'ai pas le temps. Et là, alors que tout mon temps t'est dédié, tu n'as pas la tête à ça ? le taquina Itachi, enchaînant les coups avec une vitesse calculée. Sasuke grinça des dents, le katana de son frère frôlant dangereusement son visage. Il para instinctivement, ses mouvements saccadés par la colère.
— Peut-être que tes pensées sont trop occupées par une certaine free-fighter... lança Itachi, un brin moqueur.
Il vit le changement immédiat dans l'attitude de son cadet : les sourcils froncés, les muscles tendus, et surtout, le premier véritable assaut. Sasuke riposta avec une violence inattendue, le katana sifflant près de la tête de son frère.
— Oh, on dirait que j'ai touché un point sensible, ajouta Itachi avec un sourire narquois, esquivant habilement une attaque vicieuse. On ne peut pas t'en vouloir, c'est vrai qu'elle est très sexy, ta copine.
C'en fut trop. Sasuke bondit, toutes ses inhibitions envolées, lançant une série de frappes rapides et dangereuses. Itachi, bien qu'en plein éclat de rire intérieur, commença à se défendre sérieusement.
— Voilà... Là, tu te bats sérieusement, petit frère, murmura-t-il en défi, ses yeux brillant d'amusement.
Assis sur la coursive devant le dojo, Sasuke regardait la pluie tomber, hypnotisé par le rythme régulier des gouttes s'écrasant sur les tuiles. Le son était doux, presque apaisant, comme une mélodie lointaine. Son frère, nonchalant, lui jeta une serviette en passant et lui tendit une bouteille d'eau avant de s'asseoir en tailleur à ses côtés.
— Bon, tu me racontes ce qu'il s'est passé hier ? demanda-t-il, le regard fixé sur l'horizon gris.
Sasuke le regarda d'un air sceptique, un léger froncement de sourcils traversant son expression.
— Quoi ? Tu crois vraiment que j'ai gobé tes bobards, ou ceux de ta copine ? s'étonna-t-il.
Itachi se laissa tomber sur le dos, les mains croisées derrière la tête, l'air détendu.
— Allez, j'écoute, déclara-t-il avec un sourire en coin.
Sasuke souffla profondément, conscient qu'il ne pouvait rien cacher à son frère. Il prit une grande inspiration et commença à lui raconter tout ce qu'il s'était passé durant la soirée. Son frère l'écoutait attentivement, posant parfois des questions pour en savoir plus. Quand il eut terminé, il se redressa, la tête posée sur ses mains croisées, les yeux fixés sur le ciel gris.
— T'en penses quoi ? demanda Sasuke, inquiet.
Itachi réfléchit un instant avant de répondre.
— Que ça ne sent pas bon pour nous, commenta-t-il d'un ton grave. Père ne veut pas m'en parler, mais il se passe quelque chose, petit frère. Des choses dans lesquelles de grands noms sont impliqués.
Sasuke le regarda, un frisson d'inquiétude parcourant son corps.
— Ça ne peut pas être un hasard que l'Underground ait réussi à se fournir le bouclier et ces pilules... continua Itachi, ses mots précis et lourds. Sans parler des démons. Les colliers qu'ils portaient, je les ai déjà vus en mission. On devait attraper des démons de niveau 1 pour les analyser dans des laboratoires, mais on n'a jamais réussi à les garder en vie. Faut croire qu'ils ont réussi à les faire marcher.
Il se leva soudainement, secouant les gouttes de pluie de sa tenue, et se dirigea vers la porte du dojo.
— Père est très inquiet. Il m'a demandé de te surveiller et de te protéger. La dernière fois que je l'ai vu comme ça, c'était avant le décès de Mère.
Sasuke écarquilla les yeux à ces mots. Son frère continua, plus sérieux que jamais.
— Fais attention, petit frère. Évite de traîner avec des gens qui t'amènent des ennuis. On a déjà assez de problèmes à gérer à l'intérieur du clan.
Sur ces mots, il s'éloigna, laissant Sasuke seul avec ses pensées et le bruit de la pluie qui continuait à tomber, comme une mélodie inquiétante dans son esprit.
Une semaine plus tard, Sasuke reprit le chemin du lycée. C'était la première fois depuis sept jours qu'il quittait le quartier Uchiha. Son père l'avait strictement confiné dans le domaine familial, et son frère Itachi ne l'avait pas laissé seul une seule seconde. Tout contact avec l'extérieur lui avait été interdit. Il avait bien essayé de contacter Naruto ou de se renseigner sur Sakura, mais à chaque fois, son frère était là pour l'intercepter. Même maintenant, il était sous surveillance permanente : ordre formel de rentrer directement après les cours.
Alors qu'il s'apprêtait à enfourcher sa moto dans le garage, il remarqua Itachi s'approcher de lui.
— Tu rigoles, j'espère ? lâcha Sasuke, agacé.
— Nope, répondit Itachi avec un sourire en coin. C'est mes ordres. Je t'accompagne jusqu'au lycée, et je te récupère à la fin des cours. Allez, monte ! Il lui lança un casque avec désinvolture.
— Mais vous croyez que j'ai 5 ans ou quoi ?! protesta Sasuke, la voix remplie de frustration. Ma montre est connectée au réseau. Tu peux me localiser en permanence. Tu n'as même pas besoin de me suivre toute la journée ! Je vais passer pour quoi, moi, au lycée ?
— Ah moi, tu sais, je suis bête et discipliné. Le général dit, j'exécute, répondit Itachi avec un rire.
— Tu apprécies cette situation un peu trop si tu veux mon avis, remarqua Sasuke d'un ton sec.
— Allez, arrête de râler, petit frère, et monte. Je te déposerai deux rues avant comme ça tu n'auras pas honte devant tes groupies. Il accompagna sa phrase d'un clin d'œil.
Sasuke serra les dents et enfila le casque sans répondre.
Arrivé devant le lycée, il se dirigea d'un pas hésitant vers sa classe. Une légère nervosité lui serrait l'estomac. Il appréhendait la réaction des autres : il ne savait pas ce qui avait été dit aux élèves après la nuit de l'incident, et il n'avait eu aucun contact avec Naruto ou Hinata depuis. En ouvrant la porte de la salle, rien ne sembla avoir changé dans l'ambiance. Ses camarades discutaient comme si de rien n'était. Il croisa le regard d'Hinata, en pleine conversation avec Kiba. Elle lui sourit timidement. Sasuke lui répondit par un hochement de tête avant de se diriger vers sa place près de la fenêtre. Le professeur de littérature entra alors dans la salle. Il demanda aux élèves de prendre rapidement place. Mais juste à ce moment-là, une tornade de cheveux blonds fit son entrée dans la pièce : Naruto.
— Désolé pour le retard, lâcha-t-il en se précipitant vers sa place.
Le professeur fronça les sourcils, visiblement irrité.
— Installe-toi dans le silence, Naruto, ordonna-t-il d'un ton sec.
Naruto croisa le regard de Sasuke en s'installant, ses mâchoires crispées. Il détourna rapidement les yeux, prenant sa place sans faire d'histoire.
La scène avait été si rapide, si fluide, que Sasuke n'était même pas sûr d'avoir tout bien compris, mais clairement, une tension flottait dans l'air.
Il fallut attendre le cours d'éducation physique pour que Sasuke trouve enfin l'occasion de parler avec Naruto. Il l'intercepta avant que ce dernier ne sorte du vestiaire.
— Oh, tu comptes m'éviter encore longtemps ? lança Sasuke, la voix teintée d'agacement.
— Je n'ai rien à te dire, répondit sèchement Naruto, sa voix comme un couperet. Ses mots frappèrent Sasuke de plein fouet, et il le regarda, choqué, alors que le blond sortait déjà du vestiaire. Sans réfléchir, Sasuke le poursuivit dans le gymnase.
— Naruto ! hurla-t-il, les nerfs à fleur de peau. Si tu as un truc à me dire, dis-le maintenant !
Naruto s'arrêta en se retournant, son visage en feu.
— Un truc à te dire ? Mais j'en ai des dizaines, enfoiré ! s'exclama-t-il, furieux, tout en s'approchant de Sasuke sous le regard choqué de leurs camarades. Comment t'as pu la laisser tout porter sur elle ? Tu savais très bien qu'elle risquait de se faire virer, et toi, tu n'as rien dit !
— T'as rien dit non plus, je te signale, répliqua Sasuke, aussi froid que la glace.
Naruto ricana d'un air amer.
— Hmm, comme si ton père allait m'écouter, railla-t-il. Il attrapa Sasuke par le col, le regard vif et menaçant. Tu risquais quoi, toi ? D'être privé de dessert ? Putain, je te jure, des fois tu me dégoûtes.
Sasuke lui attrapa le poignet d'une poigne de fer, ses yeux rouges de rage.
— Tu veux te battre ? Viens régler ça sur le ring, le défia-t-il, le ton glacial.
— Comme tu veux... répondit Naruto, ses muscles déjà tendus.
Les deux jeunes hommes se dirigèrent vers le ring central, leurs regards comme deux éclairs prêts à s'abattre. La tension dans l'air était palpable, presque électrique. Le reste des élèves avait cessé toute activité, le regard figé sur eux, complètement médusés par la scène. Naruto se mit en garde, ses poings serrés, et invita Sasuke à faire de même. Le combat était lancé.
— T'as essayé de la contacter au moins ? lança le blond entre deux coups, le souffle court. Tu as pris des nouvelles de comment elle allait ? Ou tu t'intéresses seulement à ta petite personne et à ce que Papa Uchiha pense de toi ?
— Ferme-la, explosa Sasuke, sa voix pleine d'hostilité. Tu ne sais pas de quoi tu parles.
- Excuse-moi, c'est vrai, cracha Naruto, la voix vibrante de colère. J'oubliais que j'étais trop con pour comprendre les tourments du grand Sasuke Uchiha. Tu crois que t'es le seul à avoir des problèmes dans la vie, Sasuke ?
— Naruto, tu vas trop loin ! cria Ino depuis le bord du ring, les yeux écarquillés d'indignation.
— Tu crois qu'il lui est arrivé quoi, à Hinata, quand elle est rentrée chez elle ? poursuivit Naruto, ignorant l'intervention de la blonde. Tu crois que mon père, à moi, il m'a accueilli avec des chocolats et des accolades ? Non !
D'un mouvement brusque, il envoya une droite à Sasuke, le faisant tomber lourdement au sol. Avant que l'Uchiha ne puisse réagir, Naruto se jeta sur lui, le plaquant au tapis. Ses mains agrippèrent le col de son ami, tremblantes de rage.
— Pourtant, nous, on a désobéi. On a pris des risques et on est allé la voir, lança-t-il, le souffle court mais le ton chargé de reproches. Pendant que toi, tu restais bien sagement dans ta prison dorée, obéissant à Papa Uchiha comme un gentil petit soldat.
Il approcha son visage du sien, ses yeux pleins de déception et de défi.
— Réveille-toi, Sasuke. Tu vaux mieux que ça.
— Naruto ! Sasuke ! Dans mon bureau, immédiatement ! tonna la voix autoritaire de Kakashi, qui venait d'entrer dans la salle.
Le blond lâcha Sasuke, le laissant retomber lourdement sur le sol. En se redressant, l'Uchiha croisa le regard d'Hinata, qui semblait désolée. Ses yeux violets brillaient d'une culpabilité silencieuse.
— Sasuke, je ne vais pas me répéter une troisième fois. Dans mon bureau, maintenant.
Sasuke soupira, essuyant la poussière de son survêtement, avant de rejoindre Naruto. Les deux garçons se tenaient maintenant face à leur professeur, dont le regard perçant était chargé de colère. Kakashi ne dit rien pendant plusieurs minutes, laissant le silence peser dans la pièce. Finalement, Naruto prit la parole.— Si vous voulez nous punir, sachez que c'est moi qui l'ai provoqué, déclara-t-il, d'un ton presque défiant.
— Je ne me rappelle pas t'avoir donné la parole, Naruto, rétorqua Kakashi, son ton tranchant comme une lame.
L'Uzumaki pinça les lèvres, mais le professeur ne lui laissa pas le temps de répliquer.
— Je me fiche de savoir qui a provoqué qui, lança Kakashi, sa voix empreinte de déception. Je pensais vous avoir formés mieux que ça.
Il désigna les deux chaises devant son bureau d'un geste sec.
— Asseyez-vous. Face à face.
Naruto et Sasuke obéirent, bien qu'ils continuent d'éviter de croiser le regard l'un de l'autre, leurs mâchoires crispées sous l'effet de la colère.
— Maintenant, regardez-vous dans le blanc des yeux. Et je vous interdis de détourner le regard tant que je ne vous le dirai pas, ordonna Kakashi, d'un ton sans appel. Puis il se leva, attrapant la poignée de la porte.
— Et comment vous allez le savoir si vous partez ? osa demander Naruto.
Sa question lui valut une claque derrière la tête, rapide et sèche.
— Tu as déjà oublié quelle est mon aptitude ? répondit Kakashi avec froideur, avant de quitter la pièce.
Naruto grogna, tandis que Sasuke laissait échapper un ricanement.
— Crétin, murmura l'Uchiha, son regard perçant enfin celui de son ami.
— Quoi ? J'avais juste oublié qu'il pouvait copier l'aptitude d'Hinata…
Un silence pesant s'installa alors qu'ils se fixaient droit dans les yeux. Le regard de Naruto brûlait encore de reproches, tandis que celui de Sasuke, plus froid, semblait prêt à tout pour ne pas céder.
— Je sens que ça va être très long, marmonna Naruto entre ses dents, obstiné.
Trois heures plus tard, seul le tic-tac régulier de l'horloge osait troubler le silence pesant de la pièce. Finalement, ce fut Sasuke qui craqua le premier.
— Comment elle va ? demanda-t-il, sa voix basse, presque hésitante.
Naruto releva à peine les yeux, ses traits crispés.
— Ha, ça t'intéresse maintenant ? lança-t-il avec une ironie acide.
- Naruto... gronda Sasuke, ses yeux plissés d'agacement.
Le blond soupira et finit par céder.
— Elle est retournée à l'Orphelinat, répondit-il, son ton redevenant plus sérieux. Elle aide son frère avec les tâches ménagères et s'occupe des gamins. Ça occupe ses journées.
— Naruto, comment elle va ? insista Sasuke, sa voix plus calme cette fois.
Le blond resta un instant silencieux avant de lâcher, la mâchoire serrée :
— Elle ne va pas bien, crétin. Elle a perdu son premier amour. Toi, t'irais comment ? s'emporta-t-il, le regard brûlant. Elle peut sourire, faire semblant, mais je le vois dans ses yeux. Elle est ailleurs, tout le temps, comme déconnectée du présent. Enfin... on sait ce que c'est tous les deux, non ?
Une lueur de chagrin passa dans son regard, adoucissant ses traits.
— On sait ce que c'est de perdre quelqu'un qu'on aime. Et on sait que ça ne guérit jamais vraiment.
Un silence pesa à nouveau entre eux, cette fois chargé de souvenirs et de regrets. Sasuke hésita, puis demanda, à mi-voix :
— Et toi, comment tu vas ?
Naruto leva les yeux au ciel et grogna, passant une main dans ses cheveux blonds.
— Raaah... Mon père m'a fait la misère. D'abord, il m'a foutu une tarte, j'ai cru qu'il m'avait dévissé la tête. Il illustra la scène en mimant une claque, puis reprit avec un sourire amer. Et après, il m'a serré dans ses bras tellement fort que j'ai cru qu'il allait m'étouffer.
Sasuke haussa un sourcil, intrigué.
— Il a eu tellement peur quand ton père l'a appelé, continua Naruto, plus doucement. Un vrai flippe. Et maintenant, je suis privé de sorties jusqu'à mes 18 ans. Et pire... Il marqua une pause dramatique. ... plus le droit d'aller chez Ichiraku jusqu'à nouvel ordre.
Un rire bref échappa à Sasuke malgré lui, mais il se reprit aussitôt.
— Et Hinata ?
Naruto soupira.
— Son père l'a confinée dans le quartier Hyuuga. Interdiction de faire autre chose qu'aller au lycée. Un peu comme toi, quoi.
Le blond planta son regard déterminé dans celui de son meilleur ami, cherchant une réaction.
— Itachi me colle aux basques, répondit enfin Sasuke en soufflant. Je ne peux même pas aller pisser sans qu'il me tienne la porte. Il est en train de me rendre dingue.
- Merde. Naruto secoua la tête, visiblement inquiet. S'il est autant sur ton dos, c'est qu'il s'inquiète vraiment pour toi. Ça craint.
— Itachi pense pareil, confia Sasuke après un moment. Ce qui s'est passé la semaine dernière... il dit qu'on a énervé beaucoup de monde, et pas n'importe qui. Des gens trop haut placés.
Naruto fronça les sourcils, un frisson glissant le long de son échine.
— Et toi, t'en penses quoi ?
Sasuke le fixa un instant, avant de murmurer :
— Qu'il a peut-être raison.
— Putain... soupira le blond, en levant les yeux au ciel. On a vraiment un don, toi et moi, pour tomber dans les emmerdes.
Un petit rire s'échappa de Sasuke, mais il s'évanouit vite, remplacé par un silence chargé de souvenirs. Il repensa à la première fois qu'il avait rencontré Naruto. C'était il y a longtemps, une autre vie, ou presque. Le jour de l'enterrement de sa mère.
Il avait huit ans, et ce jour-là, il s'était réfugié dans le jardin de la demeure Uchiha, loin des invités. Son père et son frère s'occupaient de tout : accueillir les proches, répondre aux condoléances, faire bonne figure. Mais Sasuke, lui, n'en pouvait plus. Il s'était assis près de l'étang, seul, et avait laissé couler les larmes qu'il avait retenues toute la journée. Il aurait voulu rester là indéfiniment, mais des bruits de pas derrière lui avaient troublé sa solitude. Il s'était tourné, méfiant, et avait vu un garçon blond, de son âge, qui s'accroupit à côté de lui sans un mot.
— C'est vrai qu'il y a un trésor au fond de l'étang ? demanda soudain l'inconnu, très sérieux.
Sasuke l'avait dévisagé, abasourdi, et s'était essuyé les joues d'un revers de manche.
— Quoi ? avait-il répondu, complètement perdu.
— Ouais, Kiba Inuzuka m'a dit que son familier avait flairé un trésor ici. Comme c'est chez toi, je me suis dit que tu devais savoir.
Le blond s'était enfin tourné vers lui, ses grands yeux bleus brillants de curiosité et d'excitation. Sasuke l'avait fixé, incrédule.
— Mais pas du tout... T'es bête ou quoi ? Il s'était moqué, un sourire se dessinant malgré lui sur son visage fatigué.
— Ha-ha ! J'ai réussi à te faire sourire ! s'était exclamé le garçon, visiblement ravi. Il tendit sa main vers Sasuke.
— Moi, c'est Naruto Uzumaki. J'aimerais bien qu'on soit amis.
Le jeune Uchiha était resté interdit, décontenancé par la spontanéité du garçon. Il hésita une seconde, puis serra la main tendue. C'était ce jour-là que tout avait commencé. Le début d'une amitié qui, malgré les disputes et les épreuves, tenait toujours debout.
Revenu au présent, Sasuke tendit une main vers Naruto, un léger sourire adoucissant son visage habituellement fermé.
— Ami ? lança-t-il, une pointe de chaleur dans la voix.
Naruto le fixa un instant, un mélange de surprise et de reconnaissance dans ses yeux, avant de lui répondre avec un sourire éclatant.
— Ami.
Leurs mains se serrèrent, un geste simple mais lourd de sens, scellant une trêve tacite. Ils se levèrent ensemble, prêts à quitter l'atmosphère pesante du bureau. Mais à peine avaient-ils fait deux pas hors de la salle que l'air sembla se refroidir brusquement. Une voix traînante, imprégnée d'une autorité glaciale, brisa leur élan :
— Je ne crois pas vous avoir donné l'autorisation de quitter mon bureau.
Les deux adolescents se figèrent, un frisson leur parcourant l'échine. Lentement, ils se retournèrent pour croiser le regard perçant de Kakashi, dont la présence semblait enveloppée d'une aura sombre et menaçante. Avant qu'ils ne puissent protester, le professeur les attrapa par la peau du cou d'un geste aussi rapide qu'humiliant.
— Deux cents pompes. Ici. Maintenant, ordonna-t-il, sa voix tranchante, laissant à peine place à la discussion.
Naruto grogna, roulant des yeux.
- Sérieusement ? souffla-t-il, une moue boudeuse sur le visage.
— Vous préférez trois cents ? rétorqua Kakashi d'un ton glacé, ses yeux plissés dans une expression qui oscillait entre amusement et menace. Sasuke lança un regard blasé à Naruto, avant de soupirer en se laissant tomber au sol.
- Hey ! Commence pas sans moi! Se vexa le blond. C'est de la triche!
- Arrête de râler... Râla le brun, attendant en planche que son ami le rattrape.
Kakashi afficha un sourire satisfait et les laissa terminer leur punition, en s'envoyant des pics comme à leur habitude.
La journée se termina plus normalement qu'elle n'avait commencé. Sasuke et Naruto, leur différend enfin réglé, avançaient tranquillement dans l'allée menant à la sortie du lycée. Naruto riait à ses propres blagues, et Sasuke, bien qu'essayant de garder son air blasé, ne put s'empêcher de sourire. Mais ce moment de détente fut interrompu par un souvenir soudain : Itachi l'attendait à quelques pas d'ici, fidèle à son rôle de grand frère protecteur, ce qui le remplit instantanément de lassitude. Naruto, toujours alerte, remarqua immédiatement le changement dans son humeur. Il suivit le regard de son ami et tomba sur une grande chevelure blonde un peu plus loin. Ino Yamanaka discutait avec Shikamaru Nara, visiblement absorbée par une conversation animée.
— Hey, Sasuke, commença Naruto avec un sourire malicieux. Au point où t'en es, un peu plus ou un peu moins dans la merde, c'est pareil, non ?
Sasuke, méfiant, haussa un sourcil.
— Oui, j'imagine ? répondit-il, incertain.
Naruto ne se fit pas prier et leva la main pour interpeller Ino à grands gestes.
— Hey, Ino !
La jeune Yamanaka se retourna, ses yeux bleu clair pétillants d'énergie. Elle leur adressa un large sourire, curieuse de voir ce que Naruto lui voulait. Sasuke, de son côté, se tendit légèrement. Il se souvenait encore de l'époque où elle avait un faible pour lui, mais depuis qu'ils étaient entrés au lycée, leur relation était devenue plus amicale, et il appréciait cette distance. Malgré tout, il ne pouvait s'empêcher de se demander ce que Naruto avait en tête. Le blond, toujours le plus théâtral des deux, passa un bras autour des épaules d'Ino.
— Ino, on est amis, pas vrai ? demanda-t-il, un sourire innocent accroché à ses lèvres.
— Euh… Oui ? répondit-elle en arquant un sourcil, méfiante.
Shikamaru, qui observait la scène, soupira longuement.
— Naruto, dis-nous ce que tu veux, ça ira plus vite, lança-t-il, l'air ennuyé.
— Tu peux rendre un service à Sasuke ? supplia Naruto, ses yeux brillants d'un faux désespoir presque convaincant.
— Quel genre de service ? demanda Ino, une pointe d'inquiétude dans la voix.
Naruto se pencha à son oreille et murmura son plan. Les yeux d'Ino s'élargirent instantanément.
— QUOI ?! s'écria-t-elle, sous le choc.
Quelques minutes plus tard
Sasuke rejoignit son frère, qui l'attendait patiemment à l'endroit où il l'avait déposé le matin même, l'air impassible.
— La journée s'est bien passée ? demanda Itachi.
— Oui, très bien ! répondit Sasuke, levant le pouce avec enthousiasme.
Itachi plissa légèrement les yeux, manifestement dubitatif, mais il ne dit rien. Il tendit un casque à son frère, et Sasuke grimpa à l'arrière de la moto. Itachi démarra sans un mot, et le rugissement du moteur les emmena hors du quartier Senju en direction du domaine Uchiha. Quelques secondes après leur départ, Shikamaru, Ino et Sasuke sortirent de derrière un immeuble où ils s'étaient cachés.
— Vous passez tout votre temps ensemble, et il n'est même pas capable de reproduire ton comportement dans une situation aussi basique ? nota Shikamaru, les bras croisés. Sasuke ne prit même pas la peine de défendre Naruto. Il tapota sur sa montre connectée, et sa propre moto arriva dans un vrombissement parfaitement réglé. En attrapant son casque, il se tourna vers Ino avec un sourire en coin.
— Je te revaudrai ça, Ino.
— J'espère bien, répondit-elle en croisant les bras. Me demander d'utiliser mon aptitude pour te faire faire le mur ? Ça va te coûter très cher, Uchiha.
Sasuke la regarda avec un mélange d'amusement et de respect, avant de se glisser sur sa moto.
— Je m'en souviendrai.
Il enfila son casque et démarra en trombe, disparaissant dans la nuit, son sourire toujours sur les lèvres. Ino avait la capacité de manipuler les sens des gens en s'insérant dans leur esprit. Elle avait faire croire à Itachi que son frère était sous ses yeux alors qu'il s'agissait de Naruto, laissant à Sasuke le champ libre pendant quelques heures.
Il prit la direction de la vieille ville, ses pensées vagabondant à chaque virage. Devant lui, le portail de l'Orphelinat des Quatre Saisons se dessina, imposant mais accueillant, éclairé par la lueur vacillante des lanternes suspendues. Ces dernières, accrochées avec soin le long de l'entrée et des fenêtres, donnaient au bâtiment un charme presque féerique, célébrant le solstice d'hiver avec élégance. Sasuke arrêta sa moto près du portail, enleva son casque et le déposa soigneusement sur le siège avant de s'avancer à pas mesurés vers le cœur de l'établissement. La nuit était calme, mais pas silencieuse. Des éclats de rires enfantins filtraient à travers l'air froid, provenant d'une salle commune animée. Intrigué, Sasuke suivit les sons jusqu'à une grande baie vitrée. Là, il s'arrêta, ses mains glissant machinalement dans ses poches. La scène devant lui le happa.
Les enfants de l'orphelinat jouaient une pièce de théâtre, plongés dans un univers qui semblait tout droit sorti d'un autre siècle. Costumés dans des vêtements aux airs vintage, certains portaient des chapeaux et des robes d'antan, tandis que d'autres brandissaient des épées en bois avec une ferveur presque contagieuse. C'était le combat final de la pièce, le moment où tout se décidait. Le public — des adolescents regroupés sur des chaises bringuebalantes — retenait son souffle, suspendu aux répliques des jeunes acteurs. De temps à autre, un murmure émanait des coulisses, soufflant les répliques aux comédiens. Sasuke suivit le mouvement et l'aperçut , légèrement dissimulée derrière la scène, chuchotant aux enfants avec une douceur presque maternelle. La bataille atteignit son apogée dans un déluge d'épées qui s'entrechoquaient bruyamment. Le héros triompha enfin, mettant un terme au règne du mal. Dans une conclusion digne d'un conte de fées, il déclara son amour à la fille du maire, et tous deux furent célébrés par les villageois. Le rideau se ferma, et une vague d'applaudissements envahit la salle. Les enfants, leur énergie presque intacte malgré leur performance, s'inclinèrent en riant. Sakura apparut alors sur scène, vêtue d'une robe longue qui soulignait gracieusement sa taille. Les manches bouffantes et les détails délicats de l'étoffe ajoutaient une touche intemporelle à son allure.
Iruka, qui supervisait la soirée, monta sur scène pour annoncer que le dîner était prêt. Le chaos joyeux des enfants dévalant de la scène commença, avec Sakura aidant les plus jeunes à descendre. Elle riait doucement, ajustant un col ou un bonnet ici et là. Puis, comme si un sixième sens l'avait alertée, elle leva les yeux. Et son regard croisa le sien. De l'autre côté de la baie vitrée, Sasuke se tenait là, immobile. L'éclat des lanternes extérieures jouait sur son visage, mais ce fut l'intensité de son regard qui la fit s'arrêter net. Pendant une fraction de seconde, le bruit, les enfants, les rires — tout sembla s'estomper. Sakura resta figée, surprise mais étrangement calme. Puis un petit sourire effleura ses lèvres, timide et sincère, une invitation silencieuse. Sasuke sentit son cœur tambouriner dans sa poitrine alors qu'il la regardait s'approcher. Sakura traversa la salle et ouvrit la porte-fenêtre, le vent froid de la nuit soufflant légèrement dans ses cheveux.
— Bonsoir, Sasuke, lui dit-elle avec un sourire chaleureux.
Il cligna des yeux, pris au dépourvu.
— Hmm… Bonsoir, répondit-il, mal à l'aise, cherchant ses mots.
Mais ses pensées restaient embrouillées, incapables de se détacher du vert éclatant de ses yeux. Ce regard si profond avait toujours eu le don de le désarmer.
— Qu'est-ce que tu fais là, Sasuke ? demanda-t-elle, une pointe de curiosité dans la voix.
Il baissa légèrement les yeux, se frottant nerveusement l'arrière de la tête.
— Je… hmm… Je… balbutia-t-il, visiblement à court de réponses. Bon sang, mais reprends-toi, crétin ! fulmina-t-il intérieurement. Il inspira profondément avant de tenter à nouveau.
— Je venais voir comment tu allais, lâcha-t-il enfin, sa voix plus posée.
Sakura baissa la tête, un sourire léger flottant sur ses lèvres. Ses bras se croisèrent devant elle, pour se protéger du froid qui commençait à mordre sa peau.— Ça va, répondit-elle doucement, presque dans un murmure.
Elle baissa les yeux, fixant un point invisible sur le sol, comme si elle cherchait des réponses dans le vide.
— Je suis désolé, Sakura, lança-t-il finalement, sa voix emplie de remords. Je t'avais promis qu'il ne vous arriverait rien. Il baissa la tête rongé par la culpabilité. Avant même qu'il ne s'en rende compte, il sentit une de ses mains effleurer sa joue, une caresse aussi légère qu'une plume, mais qui le ramena brutalement à l'instant présent.
— Sasuke, murmura-t-elle, doucement mais fermement. Tu n'y es pour rien, d'accord ? dit-elle, son ton empreint de sincérité. Il avait fait son choix. Comme nous, il connaissait les risques. Ne te reproche rien, s'il te plaît.
Son souffle chaud contre le froid mordant de la nuit formait de petits nuages blancs entre eux. Il releva les yeux, croisant à nouveau son regard. Il n'avait pas réalisé à quel point ils étaient proches. Sa main sur sa peau était glacée, une piqûre de froid qu'il voulait retenir un instant de plus. Il savait qu'il devrait lui dire de rentrer, mais il n'en avait pas la force. Son regard dériva involontairement sur ses lèvres. Elle expirait lentement, laissant échapper cette fine vapeur blanche, et il se surprit à se demander quel goût elles pouvaient bien avoir, ces lèvres qui semblaient si douces.
— Sakura ! Invite-le à rentrer enfin, on se caille ici ! hurla Iruka depuis la cuisine, brisant le moment comme une vitre qu'on fait éclater.
Sasuke cligna des yeux, comme s'il sortait d'un rêve. Sakura détourna le regard, retirant rapidement sa main de son visage.
— On arrive ! répondit-elle avec un mélange d'empressement et d'agacement.
Avant qu'il n'ait le temps de dire quoi que ce soit, elle lui attrapa la main, ses doigts glacés entre les siens, et le tira vers la cuisine. Là, Iruka avait pris soin de garder deux places à table. Sasuke se retrouva assis entre Sakura et Yumi, qui lui sourit chaleureusement lorsqu'il s'installa.
— Onee-san ! Tu nous présentes ton petit-ami ? lança une petite fille brune avec deux longues tresses, son ton plein d'innocence, mais aussi d'une pointe de malice. Sasuke, qui venait de porter son verre d'eau à ses lèvres, s'étrangla violemment.
— C'est juste un ami, Rika. Passe-moi ton assiette, rétorqua Sakura, imperturbable, tendant la main vers la fillette.
— Oh… Pourquoi tu ramènes jamais de petit-ami ? Tu vas finir vieille fille avec Rin si tu continues comme ça ! poursuivit Rika, avec toute la brutalité d'un enfant incapable de retenir ses pensées. Un rire éclata parmi les adolescents autour de la table, mais Sakura resta de marbre. Elle tendit l'assiette à la petite fille avec un sourire crispé.
— Mange et tais-toi, microbe.
— Iruka-nii-san ! s'insurgea Rika, cherchant du soutien auprès du directeur de l'orphelinat.
— Tu récoltes ce que tu as semé, répondit Iruka avec un haussement d'épaules.
Il se tourna ensuite vers Sasuke, l'examinant avec un intérêt renouvelé.
— Sasuke, c'est ça ? demanda-t-il, curieux.
— Euh… oui, pardon, je ne me suis pas présenté. Sasuke Uchiha, ravi de vous rencontrer, répondit le jeune homme en tendant une main.
À l'entente de son nom, un silence tomba autour de la table. Les adolescents les plus âgés échangèrent des regards surpris, certains s'étouffant presque avec leur nourriture. Même Iruka sembla momentanément perdu, son sourire figé.
— Uchiha… comme dans le clan Uchiha ? demanda-t-il finalement, ses yeux plissés d'étonnement.
— Comme dans le Général Uchiha ? enchaîna un garçon plus âgé, incrédule.
Sasuke esquissa une grimace embarrassée.
— Oui… ? répondit-il, incertain de ce que cette révélation allait provoquer.
À sa grande surprise, un grand sourire fendit le visage d'Iruka, qui attrapa sa main pour la serrer chaleureusement.
— Bienvenue à la maison, Sasuke ! Iruka Umino, enchanté ! lança-t-il d'une voix forte. J'espère que ma petite Sakura ne te cause pas trop de soucis. J'ai fait du mieux que j'ai pu pour l'élever, mais mon dieu, que ce fut dur. Elle lui répondit en lui tirant la langue.
— Très adulte comme réponse, ironisa Iruka avec une pointe d'amusement.
— Je m'en fiche, c'est nul d'être adulte, bougonna Sakura en détournant le regard, un soupçon de rouge sur les joues.
Mais la discussion prit rapidement un autre tournant lorsque les enfants se levèrent en trombe, se précipitant dans toutes les directions pour récupérer leurs cartes Childs. En un clin d'œil, Sasuke devint le centre de l'attention.
— C'est Aoda, ton Child ? Le serpent violet géant ?! s'exclama un garçon, brandissant une carte holographique.
— Tu peux signer la mienne ? supplia une petite fille aux joues rondes, tendant sa carte avec des étoiles dans les yeux.
Sakura, observant la scène, soupira et se pencha vers Sasuke.
— Je suis désolée. Je vais leur dire de te laisser tranquille, murmura-t-elle, visiblement gênée.
Sasuke secoua légèrement la tête, un sourire sincère sur les lèvres.
— Non, ça ne me dérange pas.
Avec une aisance surprenante, il se tourna vers les enfants, leur demandant leurs prénoms et signant leurs cartes une à une. Il répondit patiemment à leurs questions – même les plus étranges – et se laissa embarquer dans leur excitation. Ce qui devait être un dîner simple se transforma en une soirée animée. Sasuke partagea des anecdotes sur ses missions et celles de Naruto, évoquant leurs Childs avec une précision captivante. Les enfants buvaient ses paroles, émerveillés, et même les adolescents, d'abord sceptiques, se laissèrent peu à peu happer par ses récits. Sakura, assise à ses côtés, observait silencieusement. Un sourire presque imperceptible flottait sur ses lèvres. Pour une fois, elle semblait détendue. Et Sasuke, dans un coin de sa tête, se surprit à vouloir prolonger cette soirée un peu plus longtemps.
Après quelques heures, Iruka annonça qu'il était l'heure pour tout le monde de se coucher. Les plus grands aidèrent à mettre les plus jeunes au lit, mais pas avant que chacun ne vienne dire au revoir à Sasuke. Les enfants lui demandèrent de revenir bientôt et, surtout, d'amener Aoda, son immense serpent violet. Sasuke esquissa un sourire.
— Je vais essayer, leur promit-il, avant d'ajouter avec une lueur d'amusement : Mais Aoda est très timide. Il n'aime pas trop être le centre de l'attention.
Un concert de soupirs déçus lui répondit, mais les enfants acceptèrent malgré tout ses explications, le suppliant une dernière fois avant de filer. Une fois la maisonnée redevenue calme, Sakura accompagna Sasuke jusqu'à la porte d'entrée.
— C'était gentil de ta part de venir, dit-elle en lui offrant un sourire sincère, ses yeux pétillant légèrement sous la lumière tamisée. Cela faisait longtemps qu'ils n'avaient pas été aussi excités. Je pense qu'ils vont se vanter à l'école en disant qu'ils te connaissent.
Elle laissa échapper un petit rire, et Sasuke sentit une chaleur inhabituelle naître dans sa poitrine.
— J'ai passé une bonne soirée. Ils sont amusants, répondit-il, sa voix honnête, presque douce.
Un silence s'installa entre eux, ni lourd ni gênant, mais chargé de quelque chose d'indéfinissable. Puis Sasuke prit une inspiration, brisant l'instant.
— Sakura. Je vais parler à mon père. Reviens au lycée demain.
Le ton de sa voix était ferme, ses yeux noirs plantés dans les siens avec une intensité qui la troubla.
— Sasuke, murmura-t-elle, hésitante. C'est gentil, mais je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée. Elle détourna le regard, cherchant ses mots. — Je ne veux pas te mettre dans une mauvaise situation avec ta famille.
— Laisse-moi gérer ma famille, répondit-il, plus résolu que jamais. Tu ne mérites pas cette punition. Et la Garde ne peut pas se passer d'une aptitude comme la tienne. J'arriverai à le convaincre.
Sakura baissa la tête, évitant son regard.
— Je… Je crois que je ne suis pas faite pour ça, avoua-t-elle finalement, sa voix brisée par un mélange de doutes et de gêne. Sasuke fut surpris par cette confession. Il s'approcha doucement, levant une main hésitante, qu'il posa sous son menton pour redresser son visage vers le sien.
— Sakura, murmura-t-il. Si toi tu n'es pas faite pour ça, personne ne l'est.
Il marqua une pause, plongeant ses yeux sombres dans les siens, cherchant à capturer cette étincelle qu'il savait qu'elle possédait.
— Tu es à ta place chez nous. Le niveau que tu as atteint en à peine deux mois ? C'est du jamais vu, tu m'entends ?
Elle ne répondit pas, mais il perçut une lueur d'hésitation dans ses iris. C'était infime, mais suffisant pour qu'il continue.
— Dis-moi que tu n'as rien ressenti quand tu as pulvérisé ces démons d'un seul coup dans l'arène, et je te laisse tranquille, déclara-t-il, sa voix devenue presque un murmure.
— Dis-moi que tu ne donnerais pas tout pour ressentir de nouveau le pouvoir qui t'a traversé à ce moment-là, et je te laisse tranquille.
— Sasuke… Arrête.
Elle écarta doucement sa main, rompant leur contact. Pourtant, son hésitation, bien qu'elle essayât de la cacher, était flagrante. Sasuke le savait. Et cela lui suffisait. Il esquissa un sourire, cette fois malicieux.
— Bon, tu ne me laisses pas le choix, Haruno, dit-il en se penchant doucement vers elle, sa voix basse et taquine.
Elle fronça les sourcils, méfiante, mais n'eut pas le temps de reculer qu'il s'approcha de son oreille.
— Je te rappelle que tu me dois une semaine de service.
Sakura se figea. Elle avait complètement oublié cette dette ridicule qu'il lui avait imposée. Mais lui, apparemment, ne l'avait pas oubliée. Sasuke recula légèrement, le coin de ses lèvres relevé en un sourire satisfait.
— Je t'attends demain, à la première heure, à ta place, dit-il en agitant une main en guise de salut avant de s'éloigner dans la nuit. Sakura resta immobile, un sourire sur les lèvres.
Quelques mètres plus loin
En poussant le portail, Sasuke aperçut la silhouette familière de son frère, adossé à sa moto. Itachi jouait distraitement avec la montre qu'il avait laissée à Naruto plus tôt dans la soirée, la faisant sauter entre ses doigts comme si de rien n'était.
— T'es complètement accro, ma parole. Itachi lâcha cette remarque avec un sourire moqueur.
Sasuke lui lança un regard agacé, ses sourcils froncés.
— Tss… ferme-la. Il enfila son casque rapidement et monta sur sa moto avec un air déterminé.
Il jeta un dernier regard vers son frère, un geste silencieux qui ressemblait à une invitation à faire de même. Itachi sourit doucement et obéit sans protester, s'installant sur sa propre moto avec une aisance qui trahissait sa longue habitude. Les moteurs rugirent presque en harmonie alors qu'ils prenaient la route, la nuit les enveloppant comme un manteau sombre et silencieux.
