Sakura était assise dans l'Aerotram, l'estomac noué par une nervosité qu'elle avait du mal à calmer. Elle avait écouté Sasuke et se rendait au lycée, mais un doute lui rongeait l'esprit : allait-elle réussir à passer le portail ? Était-elle censée se rendre directement dans sa classe ou plutôt dans le bureau de la directrice ? Elle souffla, déjà épuisée par une journée qui n'avait même pas encore vraiment commencé. Un petit frisson de douceur sur sa joue la fit sursauter. Une petite boule de poil s'y frotta avec détermination. Rin. Habituellement, elle restait à la maison, s'ennuyant ferme pendant les cours, mais aujourd'hui, elle avait décidé de l'accompagner pour lui montrer son soutien. Sakura lui lança un regard reconnaissant, touchée par la présence de son amie. Rin avait ce don de rendre tout un peu moins effrayant.
Arrivée devant le portail de la Senju, Sakura s'arrêta un instant. Rin, qui n'était jamais venue ici, sortit la tête de son sac avec un air étonné et resta bouche bée devant la beauté des lieux.
- Waou ! Ça en jette ! s'exclama le petit animal, les yeux brillants d'émerveillement, ce qui fit sourire Sakura.
Elle prit une grande inspiration, se remémorant les paroles de Sasuke, et décida de suivre son conseil jusqu'au bout. Avec un nœud dans l'estomac, elle se dirigea vers sa classe. Quand elle poussa la porte, elle fut immédiatement prise dans une étreinte. Une brunette lui avait sauté dans les bras sans crier gare, l'enlaçant de toutes ses forces. Bien sûr, Hinata m'a vue arriver de loin… pensa Sakura avec un soupir en la prenant dans ses bras. Elle lui rendit son étreinte avec un mélange de soulagement et de complicité.
- Je suis tellement contente que tu sois là, lui confia la jeune Hyuuga, une larme s'échappant malgré elle. Elle se redressa légèrement, souriante, et salua Rin d'un geste enthousiaste. Salut, Rin !
La petite renarde lui rendit un grand sourire, visiblement ravie de revoir la brunette.
- Merci, Hinata, répondit Sakura avec chaleur, la voix douce malgré l'angoisse qui lui serrait encore la poitrine.
Si elle devait tirer une seule chose de positif de tout ce qu'elle avait vécu dans l'Underground, c'était bien cette amitié avec Hinata. La nuit passée à chercher Yumi, les événements chaotiques qui avaient suivi, tout cela les avait soudées d'une manière qu'elle n'aurait jamais imaginée. Sakura savait, au fond d'elle, qu'elle pouvait compter sur Hinata, quoi qu'il arrive.
Elles furent interrompues dans leurs retrouvailles par un bruit. Derrière Hinata, un jeune garçon se tenait là, les yeux fixés sur Rin. Le regard de Rin croisa le sien, suspicieuse, avant de sortir de son sac et de grimper sur les épaules de Sakura.
- C'est qui celui-là ? demanda-t-elle en désignant Kiba d'un mouvement de patte.
Kiba écarquilla les yeux, visiblement étonné.
- Sakura ! Je ne savais pas que t'avais un familier !? Et en plus, il parle ! Mais c'est génial ! J'aurais dû amener Akamaru ! s'exclama-t-il, son excitation débordant. Sakura était tout aussi surprise par l'enthousiasme soudain de Kiba. Leur relation avait fini par se détendre depuis leur première rencontre, mais elle n'irait pas jusqu'à dire qu'ils étaient amis.
- Kiba a aussi un familier, expliqua Hinata avec un sourire. Elle semblait être plus informée que les autres, comme toujours. En fait, la famille Inuzuka est spécialisée dans l'étude des Childs et des familiers. Ils ont même une fondation dédiée à ce sujet. Sakura haussa les sourcils, absorbant l'information. Elle n'avait pas réalisé qu'elle avait peut-être plus en commun avec Kiba qu'elle ne l'aurait pensé.
- Rin, je te présente Kiba.
La renarde avait les yeux plissés et hérissait ses poils.
- Hmmm... C'est lui qui t'a agressé le premier jour ? s'énerva-t-elle d'une voix aigüe, ce qui rendit le garçon gêné.
- Calme-toi, Rin. Je t'ai dit que c'était un malentendu et qu'on s'était réconciliés, expliqua Sakura, mal à l'aise. Elle soupira. Désolée, elle est un peu rancunière.
- T'inquiète. Je ne le prends pas personnellement, répondit Kiba en haussant les épaules. Il faudrait que tu passes à la fondation à l'occasion. On pourrait faire des recherches ! s'exclama-t-il avec un enthousiasme débordant.
- Des recherches ? interrogea Sakura, interloquée.
- Oui, sur les vies antérieures de Rin ! lâcha Kiba comme si cela était évident.
Sakura le regarda, incapable de comprendre.
- Les scientifiques de la fondation ont une théorie comme quoi les familiers ont eu d'autres vies par le passé et qu'en apprenant à connaître leurs anciennes vies, ils peuvent développer des capacités particulières, expliqua Hinata avec calme, comme si elle avait l'habitude d'expliquer ce genre de choses. Sakura plissa les yeux, totalement perdue.
- C'est plus qu'une théorie, Hina ! On l'a vérifié à maintes reprises ! protesta Kiba, visiblement vexé. Bon, tu viendras, hein ? Un familier qui parle, ça court pas les rues, même à la fondation.
— Euh… oui ! Ça ne pourra être qu'intéressant ! répondit Sakura, plutôt séduite par l'idée malgré sa surprise.
— Super ! Je vais voir avec mes parents quand on pourra avoir accès au labo et je te tiens au courant ! répondit Kiba, le visage rayonnant d'enthousiasme.
Ils furent interrompus par un raclement de gorge derrière eux. Sakura se retourna vivement et croisa le regard sombre de Sasuke. Elle réalisa aussitôt qu'elle et les deux autres bloquaient le passage. Avec un léger sourire d'excuse, elle se poussa pour le laisser entrer, le cœur battant un peu trop vite.
Elle ne savait pas vraiment comment se comporter en sa présence. La soirée passée à l'orphelinat la veille lui avait révélé une facette inattendue du jeune Uchiha, un côté plus chaleureux, qu'elle n'avait jamais imaginé. Malgré elle, elle trouvait cette part de lui incroyablement attirante. Mais d'un autre côté, il y avait cette dette. Cette stupide dette qu'elle avait contractée des mois auparavant et dont elle avait complètement oublié l'existence… Jusqu'à ce qu'il la lui rappelle hier soir, et qui lui imposait une semaine à son service. De toute évidence, cette semaine avait commencé et elle se tenait sur ses gardes, se demandant ce que le jeune Uchiha lui réservait.
Ils s'installèrent à leur place et Sakura en oublia presque que techniquement, elle ne devait pas être ici. Elle se remit à paniquer attendant que le professeur rentre dans la classe. Kurenaï-senseï arriva enfin, jeta un coup d'oeil à Sakura mais ne broncha pas et commença son cours comme si de rien était. La jeune fille relâcha ses épaules et respira normalement de nouveau.
En arrivant dans le couloir ce matin-là, Sasuke sentit une vague de soulagement en apercevant une mèche rose dépasser de la porte de sa classe. Elle était là. Elle l'avait écouté. Au moins, ses efforts pour convaincre son père n'avaient pas été vains. Il avait dû faire quelques concessions : promettre de respecter un couvre-feu strict et de ne manquer aucune de ses obligations protocolaires. Son père avait finalement cédé et s'était arrangé pour que Sakura retrouve sa place en deuxième année. Ce qui surprenait Sasuke, c'était la rapidité avec laquelle tout s'était déroulé. Trop rapide pour être innocent. Il connaissait bien son père — tout cela devait être un test déguisé. Approchant de la porte, il remarqua que Sakura ne l'avait pas vu arriver. Elle était concentrée sur quelque chose à l'intérieur de la salle. Il s'arrêta juste derrière elle, hésitant un instant, avant de toussoter légèrement pour signaler sa présence. Elle sursauta, pivota sur elle-même, puis lui adressa un sourire timide, accompagné d'un murmure d'excuse pour lui avoir bloqué le passage. Le souffle de Sasuke se coinça une fraction de seconde. Ce sourire… Il détourna rapidement les yeux et se glissa à sa place, espérant que personne, surtout pas elle, n'avait remarqué le trouble qui le traversait.
"Bon sang, ressaisis-toi." Sa mâchoire se crispa alors qu'il prenait une profonde inspiration. "Ce n'est qu'une amie. Rien de plus."
Mais, malgré ses efforts pour s'en convaincre, une chaleur persistante dans sa poitrine lui prouvait le contraire. L'arrivée du professeur le ramena enfin dans l'instant présent et lui donna autre chose sur lequel se concentrer.
La pause de midi arriva enfin, et Sasuke profita de l'occasion pour s'étirer, relâchant la tension accumulée depuis le début de la matinée. Alors qu'il fouillait dans sa poche pour trouver un papier, un ruban rouge tomba au sol. Il s'immobilisa, le reconnaissant instantanément : c'était celui qu'elle avait utilisé pour soigner sa blessure. Un soupir lui échappa. Il fallait qu'il le lui rende. Son regard se posa sur Sakura, qui quittait la salle en compagnie de Rin, la petite renarde trottinant à ses côtés. Il décida de la suivre, le ruban en main, et s'arrêta au bout du couloir lorsqu'il aperçut avec qui elle parlait. Rock Lee. Sasuke s'immobilisa, son expression se fermant immédiatement.
— Sakura ! Je suis tellement content de te revoir ! Je me faisais un sang d'encre ! Les rumeurs les plus folles ont circulé, tu sais ! s'exclama Lee d'un ton vibrant d'enthousiasme, une voix que Sasuke aurait pu reconnaître entre mille.
L'Uchiha se recula légèrement, se postant derrière le mur pour ne pas être vu. Il serra le poing. Si Lee était là, autant attendre qu'il parte. C'était la dernière personne avec qui Sasuke avait envie d'interagir à cet instant.
— Lee ! Je suis trop contente ! Enfin, je peux vous présenter : Rin, voici Lee, dont je t'ai tant parlé ! s'enflamma Sakura avec un enthousiasme qui fit grimacer Sasuke. Ses doigts se crispèrent. Il ne s'attendait pas à ce que les deux soient aussi proches.
— Enchanté, Lee ! Merci de t'occuper d'elle au lycée ! répondit la petite renarde, sa voix claire et légèrement taquine.
— Ha-ha-ha. Y a pas de quoi, Rin. Je suis content de te rencontrer enfin. Sakura m'a beaucoup parlé de toi, répondit Lee, le rouge aux joues.
— Évidemment ! répliqua Rin, gonflant fièrement le torse.
— On a qu'à aller manger ensemble ? proposa Lee avec un grand sourire.
— Haha, toi, tu sais comment parler aux filles ! le charma Rin, déclenchant le rire doux de Sakura.
Sasuke détourna les yeux, serrant un peu plus fort le ruban rouge entre ses doigts et préféra rebrousser chemin. Il rencontra Naruto qui se dirigeait en sens opposé.
- Sas'ke ? Tu vas pas au réfectoire ? Demanda le blond intrigué.
- J'ai pas faim. Lui répondit l'Uchiha, d'un ton sec, avant de se rendre en salle d'entrainement.
L'heure du cours avec Kakashi approchait, et Sakura sentait une boule d'angoisse grandir dans son ventre. Depuis la soirée dans l'Underground, elle n'avait pas revu son professeur et ignorait totalement ce qu'il pensait de tout cela. Imprévisible comme à son habitude, allait-il être fier d'elle pour avoir réussi à utiliser la technique qu'ils avaient travaillée ensemble, ou furieux qu'elle soit retournée dans l'Underground et qu'elle ait entraîné des camarades dans cette affaire ? Elle réalisa alors à quel point l'opinion de Kakashi comptait pour elle. Cette pensée l'ébranla un instant, mais elle inspira profondément et entra dans le gymnase, déterminée à affronter ce qui l'attendait. Elle ne s'attendait pas à trouver Sasuke déjà là. En tenue d'entraînement, il se déchaînait sur un punching-ball, son regard fixé sur sa cible comme si sa vie en dépendait. La scène laissa Sakura bouche bée. Et elle n'était pas la seule. Les murmures étouffés des autres filles de la promo trahissaient leur trouble. Sasuke était, il fallait bien l'admettre, incroyablement séduisant. Ses muscles se contractaient à chaque coup, sa force brute mise en valeur par les néons qui éclairaient la salle. La lumière faisait briller une fine pellicule de sueur sur sa peau, et quelques mèches de cheveux noirs lui tombaient sur le front, accentuant son regard perçant. Ce regard… Sakura sentit son cœur rater un battement. Une chaleur étrange monta en elle. Pourquoi fallait-il qu'il ait l'air aussi... intense ? Elle détourna les yeux, essayant de calmer les battements frénétiques de son cœur. Concentre-toi, Haruno. Ce n'est pas le moment pour ça. C'est pas le moment... Sakura suivit ses camarades en direction des vestiaires, tentant de chasser l'image troublante de Sasuke de son esprit. Une fois à l'intérieur, les rires et bavardages habituels fusèrent, rompant la tension qui pesait sur ses épaules.
— Pfiou, il fait chaud, pas vrai, les filles ? lança Ino en s'étirant, déclenchant un éclat de rire collectif. Je crois que je vais commencer avec une douche froide, ajouta-t-elle avec un clin d'œil complice.
— Ça devrait pas être autorisé d'être aussi sexy… soupira Kim, une fille avec qui Sakura n'avait échangé que quelques mots jusqu'ici. Elle tourna un regard curieux vers Ino. Dis, t'es pas sortie avec lui au collège ?
Sakura releva la tête, subitement intéressée par la réponse.
— Hahaha, ce ne sont que des rumeurs, répondit Ino avec un léger rire, bien qu'un peu gênée. Nos parents ont essayé de nous caser ensemble, mais Sasuke n'était pas du tout intéressé. Elle haussa les épaules. Pas que ça m'aurait dérangé, conclut-elle avec un sourire malicieux et un clin d'œil.
— Dommage... J'aurais aimé savoir si le cadeau était aussi intéressant que l'emballage, lança Kim d'un ton provocateur, un sourire coquin aux lèvres.
— Kim ! s'exclama Hinata, choquée, ses joues devenant aussi rouges qu'une tomate.
— Roooh, ça va ! rétorqua Kim, faussement innocente, ce qui fit rire plusieurs filles dans la pièce.
Sakura, cependant, sentit une étrange tension s'installer en elle. Avant même qu'elle puisse s'en empêcher, elle entendit sa propre voix poser la question qu'elle aurait voulu garder pour elle :
— Est-ce qu'il est déjà… sorti avec quelqu'un ?
Un silence s'installa. Même elle se figea, réalisant trop tard ce qu'elle venait de demander. Elle détourna les yeux, s'efforçant de paraître détachée tout en continuant à se changer. Ino, fidèle à elle-même, ne manqua pas l'occasion. Un sourire malicieux se dessina sur ses lèvres alors qu'elle détaillait Sakura avec une étincelle dans le regard.
— Hmm… Eh bien, il a déjà eu des histoires, ça c'est sûr, répondit-elle, un brin théâtrale. Avec le nombre de filles qui lui tournent autour, il n'a pas à faire grand-chose pour les mettre dans son lit. Mais rien de sérieux à ce que je sache.
Le ton d'Ino était léger, mais ses mots firent l'effet d'un éclair. Sakura sentit une chaleur fulgurante monter à ses joues.
— Il t'intéresse, Sakura ? demanda Ino, sa voix empreinte d'une taquinerie qui sembla résonner plus fort que le bruit ambiant.
— Ha-ha, non, répliqua Sakura, bien trop vite pour son propre bien. Elle leva les mains dans un geste nerveux, comme si elle repoussait une accusation invisible. Je me posais juste la question, c'est tout.
Son rire se voulait désinvolte, mais elle pouvait sentir son cœur tambouriner contre sa cage thoracique. Les battements s'amplifiaient, incontrôlables, alors qu'elle priait silencieusement pour que les filles n'y voient rien d'autre qu'une curiosité passagère. Elle s'empressa de se détourner vers l'intérieur de son casier, comme pour échapper à leurs regards. Là, au milieu de ses affaires soigneusement rangées, un éclat rouge attira son attention : son ruban, plié avec soin, l'attendait. Sakura le prit entre ses doigts et un sourire doux illumina son visage. Ce simple bout de tissu, avec son rouge vif et sa texture familière, semblait contenir un fragment de sérénité dont elle avait désespérément besoin. En s'attachant les cheveux, elle sentit le chaos en elle se dissiper un peu. Le froissement du tissu contre sa nuque la ramena à une sensation de stabilité, un ancrage dans un monde où Sasuke Uchiha, avec son regard perçant et sa présence accablante, ne pouvait pas l'ébranler aussi facilement. Enfin, pas complètement.
Dans le gymnase, l'échauffement avait déjà commencé. Sasuke dirigeait la séance, son ton autoritaire et ses instructions précises plongeant la plupart des garçons dans une torture évidente. Sakura remarqua leurs regards noirs à peine voilés lancés à l'encontre de l'Uchiha, visiblement peu enchantés par ses exercices. Le groupe de filles fit son entrée, encore légèrement détendues après leurs bavardages dans le vestiaire. Mais à peine eurent-elles franchi la porte que Sasuke se retourna brusquement, ses yeux sombres se posant sur elles.
— Vous êtes en retard ! Faites-moi 50 burpees, lança-t-il d'un ton tranchant, comme un coup de fouet.
Sakura resta figée un instant, décontenancée par l'attitude froide et autoritaire du brun.
— Quoi ? s'exclama-t-elle, ne pouvant s'empêcher de réagir.
— Oh purée… Dark Sasuke a pris le contrôle, soupira Ino avec un mélange de résignation et d'amusement. On va souffrir. Sans perdre de temps, elle se mit en position pour entamer les burpees, jetant un regard en coin à Sakura. Un conseil, obéis sans discuter. Sinon, il t'en collera cent de plus. Sakura hésita un instant, mais face à l'expression impassible et implacable de Sasuke, elle soupira et suivit le mouvement. Elle avait compris qu'il valait mieux éviter de tester sa patience aujourd'hui.
Kakashi arriva, comme à son habitude, avec une bonne demi-heure de retard. Lorsqu'il pénétra dans le gymnase, il trouva une classe déjà au bord de l'épuisement, les élèves transpirants et luttant pour maintenir un semblant de dignité. Ses yeux se posèrent sur Sasuke, qui se tenait toujours droit, mais avec une aura sombre et une tension visible.
— Je vois… murmura Kakashi, un sourire énigmatique aux lèvres. Il s'adressa directement à son assistant : Sasuke? Va prendre une douche.
Le brun lança un regard interrogateur à son professeur, mais ne contesta pas. Il hocha la tête et se dirigea vers la sortie.
— Et bien froide, si je peux me permettre, ajouta Kakashi, l'air amusé, provoquant quelques rires étouffés dans le groupe.
Une fois Sasuke parti, Kakashi balaya ses élèves du regard, notant leur état déplorable.
— Désolé. Si j'avais su que Sasuke était d'humeur dictatoriale, je serais venu plus vite, plaisanta-t-il, ses mots provoquant quelques sourires épuisés.
Puis, son attention se porta sur Sakura. Leurs regards se croisèrent, et elle sentit son estomac se nouer. Depuis qu'il avait interrompu leurs cours particuliers, elle n'avait pas eu l'occasion de lui parler, et l'incertitude de son opinion à son égard la hantait. Kakashi s'avança lentement vers elle et s'accroupit à son niveau, la regardant avec cette expression énigmatique qu'elle connaissait si bien.
— Bien joué, Sakura, dit-il doucement, un sourire sincère illuminant ses traits. Puis, il tendit une main pour ébouriffer affectueusement ses cheveux, un geste à la fois léger et réconfortant.
Sakura sentit ses joues s'empourprer, un mélange de soulagement et de fierté l'envahissant. Elle lui rendit timidement son sourire, l'impression d'un poids immense enfin levé de ses épaules. Il lui attrapa le poignet et la débarrassa du bracelet noir qui bridait son aptitude depuis plus d'une semaine. Elle avait presque oublié la présence du bracelet et se sentit libéré d'un poids dont elle avait oublié l'existence.
- Bien. Avant de commencer le cours, il est temps de vous faire l'annonce. La pré-sélection, c'est la semaine prochaine! Annonça le professeur, qui avait capté l'attention de ses élèves. Voici les équipes: Ino, Shikamaru, Choji.
Les trois amis se tapèrent dans les mains, contents d'être de nouveaux réunis.
- Hinata, Kiba et Shino. Kim, Sora et Guren.
Sakura observa les équipes se formaient une à une. La plupart semblait être les mêmes que l'année passée, ayant déjà bien fonctionnés, il n'y avait pas de raison de les changer.
- Et pour finir, Sasuke, Naruto et Sakura.
Naruto tapa violemment dans le dos de sa camarade.
- Bienvenue dans l'équipe 7 Sakura!
Le reste de la semaine fut dédié à la préparation intense de la pré-sélection, une période où l'école entière vibrait d'une énergie nerveuse et électrique. Bien que les épreuves changeassent chaque année, leur structure restait immuable. La première étape mettait les élèves en équipe de trois. L'objectif ? Évaluer leur capacité à travailler ensemble tout en testant leurs compétences physiques et intellectuelles. Une moitié seulement des équipes réussirait à franchir cette épreuve, éliminant d'office les moins coordonnés ou les moins préparés. Ensuite venaient les affrontements directs, équipe contre équipe. Ceux qui remportaient ce deuxième round voyaient leurs équipes dissoutes, car le véritable tournoi commençait : les duels en un contre un à partir des quarts de finale.
Pour l'équipe 7, les choses s'annonçaient… compliquées. Si Naruto et Sasuke semblaient presque instinctivement connectés, un duo à la synchronisation redoutable, Sakura, elle, était en décalage. Habituée à se débrouiller seule, elle peinait à trouver sa place dans cette dynamique où l'entente tacite entre les deux garçons semblait implacable. Le travail d'équipe, réalisait-elle avec une frustration croissante, n'était clairement pas son point fort. Et comme si cela ne suffisait pas, Sasuke avait décidé de rendre les choses encore plus difficiles. Depuis le début de la semaine, il se comportait avec elle comme un parfait connard. Pas juste distant ou froid, comme il l'était souvent, mais ouvertement critique et presque cruel dans ses remarques. Elle n'avait aucune idée de ce qui avait déclenché ce comportement, et cela la rendait folle. Chaque interaction semblait une épreuve de plus, un rappel mordant de son prétendu "handicap" dans cette équipe.
— Bouge, Sakura. T'es pas sur la bonne ligne, lança-t-il brusquement alors qu'ils s'entraînaient sur une formation défensive, son ton tranchant comme une lame.
Sakura serra les dents, avalant sa réplique cinglante. Elle inspira profondément et se repositionna sans un mot. Ce n'était pas le moment de céder à la colère. Mais en son for intérieur, elle bouillonnait. Elle se promit qu'elle allait lui faire payer son comportement. Si Sasuke croyait qu'elle allait se laisser marcher dessus sans rien dire, il allait avoir une sacrée surprise. Le problème, bien sûr, c'était qu'une partie d'elle n'arrivait pas à détourner les yeux de lui. Ni à ignorer la manière dont son cœur se serrait à chaque regard glacial ou remarque sèche qu'il lui lançait. Et ça, c'était peut-être encore plus agaçant que tout le reste.
À la fin de la journée, Sakura se retrouva encore une fois seule dans le gymnase, à ranger les équipements sous les néons froids qui clignotaient par intermittence. Elle soupira, épuisée. Sasuke, dans toute sa grandeur, semblait prendre un plaisir pervers à exploiter sa "semaine de service" pour lui refiler toutes les corvées. Et elle ? Elle n'avait pas le droit de refuser. À midi, c'était elle qui devait lui chercher son plateau repas à la cantine. Évidemment, elle devait aussi débarrasser derrière lui. Pendant les entraînements, il la faisait arriver plus tôt pour installer le matériel, et elle restait après tout le monde pour tout ranger. Une routine infernale qu'elle subissait sans mot dire, mais pas sans réfléchir. Dans un coin de son esprit, elle notait soigneusement chaque ordre, chaque humiliation. Il allait lui payer ça. Sa vengeance serait magistrale, ça, elle s'en assurait.
Alors qu'elle terminait de plier les tapis, Naruto entra dans le gymnase, son visage illuminé par un mélange d'embarras et de compassion.
— Faut pas lui en vouloir, Sakura. La pré-sélection a tendance à le rendre… un peu plus tendu que d'habitude, dit-il, grattant l'arrière de sa tête d'un air penaud.
Sakura releva la tête, lui lançant un regard noir, avant de replonger dans son travail en soupirant.
— J't'en ficherais, moi, de la tension, grogna-t-elle entre ses dents serrées, tapant un peu plus fort qu'il ne fallait sur un tapis qu'elle pliait.
Naruto resta immobile un instant, visiblement mal à l'aise, avant de faire quelques pas vers elle.
— Je vais t'aider, déclara-t-il, avec un sourire sincère.
Ils terminèrent enfin le nettoyage à deux, le blondinet apportant son énergie habituelle pour alléger l'atmosphère. Une fois tout en ordre, ils sortirent ensemble, traversant le campus en direction de la sortie. Le silence s'installa un moment, jusqu'à ce que Sakura brise finalement le calme, son ton pensif contrastant avec sa mine toujours un peu crispée.
— Naruto? Tu le connais bien, toi, Sasuke, non ?
Naruto redressa la tête, visiblement ravi de la question.
— Oui! On est comme des frères ! répondit-il avec enthousiasme, un sourire éclatant illuminant son visage.
Sakura s'arrêta net, le regardant fixement avant de croiser les bras, ses sourcils froncés.
— Alors explique-moi pourquoi il agit comme ça avec moi ? lança-t-elle brusquement, une pointe de colère dans la voix. Elle frappa le vide devant elle avec ses poings serrés, comme pour évacuer sa frustration. J'arrive pas à le suivre! s'énerva-t-elle, la voix vibrante de frustration. Un jour, il se pointe devant chez moi, me supplie presque de revenir, et le lendemain, il fait tout pour me rabaisser. À ce stade, ça relève de la psychiatrie!
Naruto la regarda, surpris et amusé, avant de réfléchir un instant. Un détail lui revint soudain à l'esprit.
— Tu t'entends plutôt bien avec Lee, pas vrai ? demanda-t-il, un brin malicieux.
— Euh… oui, mais je vois pas où est le rapport, répondit Sakura, visiblement perplexe.
— Ha ! Il est tout trouvé, le rapport. Lee et Sasuke ne peuvent pas s'encadrer depuis la pré-sélection de l'année dernière, commenta le blond, avec un sourire espiègle.
— Hein ? Lee ? Mais il est adorable ! Comment c'est possible qu'ils ne s'entendent pas ? Et puis, c'est quoi le rapport avec moi dans l'histoire ? s'indigna-t-elle, toujours perdue.
— Eh bien, tu sais que Sas'ke a gagné le combat des titans l'année dernière, non ? La finale, c'était contre Lee. Tu dois sûrement savoir que Lee, il est comme toi. Il ne descend pas d'un clan ou d'une lignée de maîtres, comme le reste des apprentis. Mais ça n'en reste pas moins qu'il est probablement l'un des meilleurs éléments de notre génération… peut-être même meilleur que Sasuke, expliqua Naruto, croisant les bras d'un air pensif.
Les yeux de Sakura s'agrandirent, surprise. Elle n'avait jamais imaginé que Lee avait un tel niveau.
— Bref, poursuivit Naruto, t'imagines bien que pour un Uchiha, ce n'est pas concevable de perdre contre un "hors-lignée". Et te trompe pas, je l'adore, Sas'ke, mais les membres du clan Uchiha… je sais pas si t'as remarqué, mais ils ont un ego… Il fit un geste exagéré avec ses mains, mimant une taille énorme, tout en affichant un air exaspéré. Sakura ne put s'empêcher de sourire devant son imitation.
— Donc, il avait légèrement sous-estimé Lee avant le combat, pensant qu'il le battrait sans problème. Crois-moi, il ne refera pas la même erreur deux fois, conclut Naruto, un sourire en coin, perdu dans ses souvenirs de la finale de l'année passée.
— Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda Sakura, curieuse, suspendue à ses mots.
— Il a perdu, lâcha Naruto avec un air grave.
— Quoi ? Mais tu viens de me dire qu'il avait remporté la finale ! s'exclama-t-elle, incrédule.
— Oh oui, il l'a remportée… mais pas à la loyale. Pendant le tournoi, tous les coups sont permis, mais il y a une règle tacite : on n'utilise pas son Child face à un adversaire qui n'en possède pas, expliqua-t-il, son ton devenant beaucoup plus sérieux. Lee n'a pas encore invoqué de Child. Peut-être qu'il n'y arrivera jamais. Mais lors du combat, il avait pris le dessus sur Sas'ke. Le match était plié, si tu veux mon avis. Et Sas'ke, il n'a pas l'habitude de se faire dominer comme ça, hormis par moi ou, peut-être, son frère.
Naruto marqua une pause, comme pour peser ses mots.
— Il ne pouvait pas supporter l'humiliation, alors il a invoqué Aoda. Rien ne l'interdisait, bien sûr, et forcément… il a gagné.
Sakura n'en croyait pas ses oreilles. Les révélations de Naruto lui laissaient un goût amer. Elle voyait Sasuke sous un jour nouveau, déçue de découvrir une facette de lui qui venait ternir l'image presque idéale qu'elle s'était construite.
— Enfin, t'imagines bien que Lee n'a pas digéré de perdre de cette façon. Quant à Sas'ke, il sait qu'il a mal réagi, mais il ne l'admettra jamais. Alors, dès que les deux se croisent… BOUM ! Ça fait des étincelles ! Naruto accompagna ses paroles d'un geste explosif avec ses mains, comme pour appuyer son propos.
Sakura fronça les sourcils, le regard perdu.
— Rajoute-toi dans la balance, et là, tu obtiens un bon cocktail pour faire ressortir Dark Sasuke de son trou, plaisanta-t-il, un sourire taquin sur les lèvres.
Sakura le fixa, toujours incapable de suivre le raisonnement derrière ses blagues.
— Il en pince pour toi, Sakura. C'est évident, non ? lâcha Naruto comme une bombe, un sourire satisfait en coin.
La jeune fille resta figée, les mots de son camarade flottant dans l'air.
— Il est jaloux de l'attention que tu portes à Lee, ajouta-t-il, enfonçant le clou avec une désinvolture irritante. Je pensais que tu t'en étais rendu compte depuis le temps, se moqua-t-il, amusé.
Sakura mit quelques secondes à reprendre contenance. Elle inspira profondément, cherchant à répliquer quelque chose de cinglant.
— C'est un peu l'hôpital qui se fiche de la charité, rétorqua-t-elle enfin, un sourire sarcastique s'étirant sur ses lèvres.
Naruto arqua un sourcil, surpris par sa réponse.
- T'es incapable de voir que Hinata en pince pour toi depuis des années, répliqua-t-elle, croisant les bras avec un air victorieux.
L'expression de Naruto changea instantanément, passant de la confiance à un mélange de confusion et d'embarras.
— Hein ? Mais… non… enfin… elle est juste gentille, c'est tout, balbutia-t-il, rougissant légèrement.
Sakura se contenta de lever les yeux au ciel, satisfaite d'avoir eu le dernier mot pour une fois.
— De toute façon, tu dis n'importe quoi, lança Sakura, les bras croisés et l'air déterminé à ne pas se laisser emporter par les divagations de Naruto. Il n'y a aucun monde où Sasuke Uchiha en pincerait pour une fille comme moi. Ça doit juste l'énerver que je traîne avec Lee avant le tournoi… Elle marqua une pause, son regard se perdant un instant. Je comprends pourquoi il est si dur à l'entraînement, il ne veut rien laisser au hasard cette fois-ci, conclut-elle, presque pour elle-même.
— Si tu le dis… répondit Naruto, son ton moqueur adouci par un sourire en coin. Puis, après une seconde d'hésitation, il reprit, plus gêné : Alors, comme ça, Hinata, elle en pince pour moi, tu dis ?
Il baissa les yeux, se mettant à toucher nerveusement ses index, une habitude qu'il avait quand il était embarrassé. Sakura resta figée une seconde, les yeux écarquillés, avant qu'un sourire malicieux n'illumine son visage.
— Oh mon dieu ! Tu en pinces pour elle aussi ?! s'exclama-t-elle, surprise et ravie à la fois.
— Quoi ?! s'étouffa Naruto, agitant les bras comme pour repousser l'idée. Non, enfin… peut-être ? Ha, je sais pas… Il posa les mains sur sa tête, tirant légèrement sur ses cheveux dans un geste désespéré. C'est juste que, tu vois, elle est tellement douce et forte en même temps ! Et puis, ses cheveux…
Il s'arrêta un instant, presque rêveur. Ils sont tellement brillants et ils sentent si bons…
Sakura le fixa, ébahie. Peu à peu, son expression changea, un sourire sincère prenant place sur son visage.
— Oh purée… t'as raison, murmura Naruto, comme si la révélation venait de s'abattre sur lui. J'en pince pour elle… admit-il enfin, résigné.
Sakura éclata d'un rire cristallin, secouant la tête devant l'air à la fois confus et émerveillé de son camarade.
La semaine touchait à sa fin, mais Sasuke continuait de se montrer tranchant et dur. Sakura tentait de passer outre, mais même pour elle, connue pour sa patience légendaire, la coupe était en train de déborder.
— Ça suffit ! s'écria-t-elle, sa voix perçant l'air de la salle d'entraînement, déclenchant la surprise de Sasuke et de Naruto, qui se prit directement la tête entre les mains, sentant que la situation était sur le point de partir en vrille.
— Un problème, Haruno ? répondit Sasuke d'une voix aussi froide que le regard qu'il lui lança.
— Moi ? Je n'ai aucun problème. Toi, en revanche, il faut que tu arrêtes de te prendre pour le roi du monde, lâcha-t-elle, sa colère bouillonnant après une semaine entière de frustration. Elle balança ses mots comme un poison bien aiguisé, toute sa frustration accumulée depuis mardi s'échappant d'un seul coup. Je ne sais même pas c'est quoi ton problème avec moi, avec Lee, avec tout le reste du monde… En fait, j'en ai rien à faire, tu m'entends ?!
Elle inspira, le regard fixe, son ton sec comme un couperet.
— J'en ai marre que tu me traites comme ça, ajouta-t-elle, l'intensité dans sa voix atteignant un niveau qu'elle ne se connaissait même pas. Apparemment, tu as l'air de penser que la force, c'est tout ce qui compte. Alors écoute bien, Uchiha : je te défie en duel. Si je gagne, tu ravales ton égo et tu me présentes tes excuses pour t'être comporté comme un véritable connard depuis mardi.
Sasuke la fixa, intrigué, son expression toujours aussi distante, mais avec une lueur curieuse dans ses yeux sombres.
— Et si je gagne ? demanda-t-il, une lueur de défi dans la voix.
Sakura le défia du regard, croisant les bras avec un sourire moqueur.
— Hm. Comme si t'avais une chance, lui répliqua-t-elle, sûre d'elle.
Le jeu était lancé.
Elle se rendit dans le vestiaire, la détermination inscrite sur le visage. Son regard se posa sur son reflet dans le miroir, et un détail lui revint : il n'éprouvait peut-être rien pour elle, mais Black Thorn, elle, c'était une autre histoire. Un sourire malicieux se dessina sur ses lèvres. Elle se changea rapidement, choisissant la brassière noire de son survêtement, qu'elle associa à un short ample, inspirés directement de la tenue emblématique de Black Thorn dans l'Underground. Elle refit ses bandages aux mains, les étirant soigneusement jusqu'à recouvrir ses avant-bras. Ses cheveux, toujours indisciplinés, furent relevés en une queue de cheval haute qui mettait en valeur sa ligne d'épaule et de cou. Elle passa un peu de rouge sur ses lèvres, son rituel porte-bonheur dans l'Underground. En se scrutant dans le miroir, elle fut satisfaite de son style et revit un peu de Black Thorn dans le reflet. Une allure à la fois prête pour le combat et pleine de confiance. Elle quitta le vestiaire, chaque pas encrant davantage sa détermination. Sasuke se trouvait déjà sur le ring, en train de réajuster ses propres bandages. À l'instant où elle entra dans son champ de vision, il tourna la tête vers elle, ses yeux plissés d'une manière presque imperceptible. Il se figea un instant.
Bingo.
Le cœur de Sakura s'accéléra. Elle avait vu juste. Un sourire satisfait étira ses lèvres. Le jeu venait de commencer, et elle avait déjà un avantage. Elle se positionna face à lui, la garde bien relevée, prête à en découdre.
— Naruto, c'est toi l'arbitre, lança-t-elle sans quitter le brun des yeux.
— Oh non, ne me mêlez pas à vos histoires, râla le blond en s'éloignant légèrement.
— Naruto... Insista l'Uchiha, ses yeux perçants toujours braqués sur elle.
— Pfff... En garde ! Lança l'Uzumaki, ennuyé. Combattez !
Sans attendre, Sakura bondit en avant. Elle était furieuse, remontée comme jamais, et elle avait besoin de libérer cette colère qui la rongeait. Les poings prêts, elle enchaîna les attaques avec toute la vitesse et la puissance qu'elle avait en réserve, poussant Sasuke à reculer sous la pression de ses coups.
— C'est tout ce que t'as, Uchiha ? Je suis déçue, se moqua-t-elle d'un ton provocateur.
Elle relança une nouvelle série de frappes, et là elle réalisa qu'il ne contre-attaquait pas. Il restait en retrait, les bras croisés, immobile. Cette absence de réaction l'exaspéra instantanément.
— Bats-toi, bon sang ! s'écria-t-elle, sa voix tremblant d'exaspération.
— Quoi? Tu t'ennuies déjà ? la nargua-t-il avec un sourire provocateur.
Merde, il était en train de retourner la situation. Sakura sentit la colère monter en elle et tenta de garder son calme. Calme-toi, réfléchis.
— C'est ce que t'as dit à Lee l'année dernière, juste avant qu'il te mette au tapis ? Je pensais que t'avais retenu la leçon depuis, déclara-t-elle d'une voix perçante, sous le regard désabusé de Naruto. Le regard de Sasuke vira soudainement au rouge. Ses mâchoires se serrèrent et il reprit sa garde, ses muscles tendus comme une flèche prête à tirer. Cette fois, il attaqua. Ses mouvements étaient rapides, précis, et son regard brillait d'une détermination froide. Sakura se retint de sourire : c'était exactement ce qu'elle voulait. Elle préférait toujours jouer la carte de la contre-attaque.
— Oh, aurais-je touché un point sensible ? lui souffla-t-elle, un sourire en coin se dessinant sur ses lèvres tandis qu'elle esquivait péniblement les attaques féroces de l'Uchiha.
Sous la colère, Sasuke commis une erreur. Il perdit son équilibre pendant un instant, et Sakura ne perdit pas une seconde. Elle balaya ses jambes d'un mouvement rapide, et il se retrouva soudainement sur le dos, les épaules collées au tapis. Avant qu'il n'ait le temps de réagir, elle s'installa à califourchon sur lui, lui bloquant les jambes avec une facilité surprenante et lui maintenant les bras au-dessus de sa tête. Le regard satisfait, elle observa le brun lutter, se débattant pour tenter de se relever.
— J'ai gagné. Elle lui balança ça comme un défi, un sourire triomphal étirant ses lèvres.
— Merde ! grinça-t-il entre ses dents.
— J'attends. s'impatienta Sakura, toujours penchée au-dessus de lui, son regard perçant le scrutant.
Sasuke était hors de lui. Non seulement il venait de perdre face à elle, mais elle le maintenait dans une position où il devait concentrer toute son énergie pour ne pas craquer. Il luttait contre ses instincts primaires, chaque pensée dérivante alimentant sa frustration. Le pire dans tout ça ? Elle semblait complètement détendue, comme si cette situation n'avait aucun effet sur elle. Elle avait cette confiance tranquille, cette assurance qui le faisait bouillir de l'intérieur. Il était le seul à perdre pied, le seul à être bouleversé, et cela le rendait encore plus furieux.
— Je te présente mes excuses pour la façon dont je me suis comporté avec toi cette semaine. finit-il par lâcher, sa voix tremblant légèrement, mêlée de frustration. Ça te va?
— Hmmm, non. répondit-elle simplement, un sourire malicieux étirant ses lèvres.
Elle se pencha un peu plus près, son souffle chaud effleurant l'oreille de Sasuke. Il se raidit instantanément, ses nerfs mis à l'épreuve alors qu'il luttait pour garder son regard fixe. Elle savait très bien l'effet qu'elle lui faisait, et elle en profitait.
— Tu peux faire mieux que ça, j'en suis sûre. souffla-t-elle d'une voix espiègle, la lueur de son regard vert émeraude parfaitement calculée.
Sasuke se tendit davantage sous elle, chaque fibre de son être cherchant à rester en contrôle. Mais cette fois, il avait l'impression de perdre la bataille.
— Merde, Sakura. Arrête ça. grogna-t-il entre ses dents.
— Un peu plus de conviction, c'est tout ce que je te demande. répliqua-t-elle en plongeant son regard dans le sien, un sourire victorieux étirant ses lèvres. Elle voyait parfaitement dans ses yeux qu'elle avait réussi à le déstabiliser, et elle en tirait une satisfaction immense.
— Je suis désolé. J'ai été un vrai connard. Tu ne méritais pas de subir mes humeurs. Pardonne-moi. murmura-t-il, sa voix si basse qu'elle avait presque du mal à l'entendre.
— Voilà qui est mieux. Satisfaite, Sakura se redressa avec un mouvement élégant. Elle ajusta ses vêtements d'un geste naturel et haussa les épaules avec une désinvolture parfaite. Tu me feras le plaisir de ranger les tapis avant de rentrer aux vestiaires.
Il se redressa sur ses coudes, la regardant s'éloigner vers le vestiaire des filles. Sasuke s'affala de nouveau sur le tapis, son avant-bras couvrant ses yeux, cherchant à se cacher de l'humiliation. Naruto était plié en deux, au bord du ring, incapable de retenir un rire qui résonnait comme une explosion de légèreté dans la tension ambiante. L'Uchiha ne put s'empêcher de sourire également: Itachi avait raison, il était complètement accro.
Le week-end arriva, et Sakura tentait désespérément de mettre la pré-sélection de côté. Le tournoi débutait lundi, et une angoisse persistante lui serrait la poitrine : et si elle devenait un fardeau pour ses coéquipiers, les empêchant d'atteindre la phase individuelle ? Chassant ces pensées, elle finit par se lever, s'habilla rapidement et se prépara à sortir. Kiba lui avait proposé de le rejoindre à la fondation Inuzuka dans une heure. Apparemment, ses parents lui avaient donné un accès spécial au laboratoire familial. Sakura n'avait aucune idée de ce qui l'attendait, mais ce qu'Hinata avait mentionné à propos des vies antérieures des familiers avait éveillé sa curiosité. Rin avait toujours été à ses côtés, aussi loin qu'elle se souvienne. Elle avait toujours été là, une évidence dans sa vie. Mais maintenant, Sakura se demandait : d'où venait-elle vraiment ?
Arrivée devant la fondation Inuzuka, un grand bâtiment de verre situé à la frontière entre le quartier des affaires et celui des Senju, elle repéra Kiba, déjà là, accompagné d'un énorme chien blanc. L'animal, assis fièrement à ses côtés, était si grand qu'il atteignait presque sa taille.
— Salut, Sakura, lança Kiba en s'avançant avec un sourire chaleureux. Je te présente mon familier, Akamaru.
Le chien aboya doucement, comme pour ponctuer la présentation.
— Enchantée, Akamaru, répondit Sakura avec un sourire. Voici Rin.
La renarde, perchée sur l'épaule de Sakura, inclina la tête avec grâce. Akamaru lui répondit d'un aboiement amical. Contrairement à Rin, qui parlait couramment, la plupart des familiers comme Akamaru adoptaient des formes animales ordinaires et communiquaient principalement par télépathie avec leurs maîtres. Rin, cependant, préférait la parole quand elles étaient seules, réservant la télépathie pour les situations publiques où la discrétion était de mise. Kiba les guida à l'intérieur, enthousiaste, et entreprit de leur faire visiter les lieux. Le bâtiment bourdonnait d'activité. Des personnes en blouse blanche passaient dans les couloirs, échangeant des termes techniques qui échappaient complètement à Sakura. Elle peinait à suivre, mais l'énergie de Kiba était contagieuse. Il parlait avec passion de chaque pièce et chaque projet, montrant à quel point il était fier du travail de sa famille. Il les conduisit dans une salle qui évoquait la salle de simulation du lycée. Une zone vitrée occupait un mur entier, remplie d'écrans, d'ordinateurs et de deux sièges équipés de casques de réalité virtuelle. Kiba se tourna vers Rin, l'invitant à s'installer sur l'un des sièges.
— Euh… il va se passer quoi, exactement ? demanda Sakura, un peu hésitante.
— Les capteurs du casque vont se connecter au subconscient de Rin, expliqua Kiba. L'écran va envoyer des stimuli, un peu comme de l'hypnose, et elle devrait pouvoir plonger dans ses souvenirs antérieurs… remonter jusqu'à ceux de sa vie passée.
— Ton truc a l'air super douloureux, marmonna Rin, qui se tassa dans le cou de Sakura. Et puis, franchement, j'ai pas envie que vous fouilliez dans ma tête, moi.
Akamaru aboya, attirant l'attention de la renarde.
— Oh… vous ne verrez que l'impact sur mon cerveau, c'est ça ?! s'étonna Rin en comprenant.
Les familiers avaient cette capacité particulière à se comprendre entre eux, même quand ils n'utilisaient pas la parole.
— Exactement, confirma Kiba avec un sourire. On ne touchera pas à ton intimité, promis. Mais je ne vais pas te mentir, ça risque de piquer un peu. Si c'est trop douloureux, je stoppe tout immédiatement.
Sakura posa une main légère sur Rin, son regard plein de confiance.
— C'est toi qui vois. Je ne te forcerai jamais.
Rin descendit prudemment de l'épaule de Sakura, hésitant un instant avant de grimper sur le siège. Une fois prête, elle fit signe à Kiba. Celui-ci lui ajusta le casque, qui se mit automatiquement à sa taille, et Rin fut immédiatement plongée dans un tourbillon de lumières scintillantes.
— Viens, je vais te montrer la console de contrôle, invita Kiba en s'adressant à Sakura.
La jeune fille le suivit dans la zone vitrée. Elle jeta un dernier regard à Rin, assise stoïquement dans le fauteuil, avant de reporter son attention sur les écrans.— Rin, je lance le programme, l'informa Kiba d'une voix douce.
D'un geste ferme, il appuya sur le bouton, et l'écran s'anima. Sakura retint son souffle.
Dans les souvenirs de Rin
Il faisait froid, et la nuit enveloppait le village de son voile sombre et silencieux. Les rues désertes n'étaient éclairées que par la lumière vacillante des vieux lampadaires, dont les flammes créaient des ombres tremblantes sur les murs des bâtisses abandonnées. Son estomac, creux depuis des jours, la tiraillait douloureusement. Une fois de plus, elle n'avait rien trouvé à manger. Depuis l'ouverture du portail, les récoltes s'étaient raréfiées, et les animaux avaient déserté les terres, fuyant un sol devenu infertile. La jeune fille avançait avec peine, sa silhouette frêle se découpant à peine dans l'obscurité. Elle se dirigeait vers le ruisseau en contrebas, une lueur d'espoir vacillante dans le cœur : peut-être y trouverait-elle quelque chose, ne serait-ce qu'un maigre insecte ou une plante comestible. Elle amorça la descente avec précaution, prenant soin de ne pas glisser sur la pente glacée. Une chute serait une sentence lourde : une cheville tordue dans son état serait un désastre. En atteignant le ruisseau, elle s'agenouilla au bord de l'eau. Son reflet dans la surface miroitante la frappa comme un coup au cœur. Ses traits étaient tirés, sa peau blême, et ses joues, autrefois pleines, n'étaient plus qu'ombres creuses. Ses grandes oreilles blanches, autrefois fièrement dressées, pendaient mollement de chaque côté de son visage marqué par la fatigue. Sous ses yeux, d'immenses cernes violaçaient sa peau. Elle porta une main tremblante à ses cheveux, tentant en vain de les discipliner. Une lueur inattendue attira alors son attention.
Au fond du ruisseau, une lumière douce, irréelle, semblait pulser doucement. Elle se pencha, son cœur battant plus fort.
— Une brèche... murmura-t-elle, fascinée.
Elle n'en avait pas vu depuis son enfance, depuis qu'elle avait trois ou quatre ans tout au plus. À l'époque, sa mère l'avait tenue à l'écart, lui répétant avec insistance que rien de bon ne venait de l'autre côté. "Les monstres d'au-delà des brèches n'ont aucune pitié", lui avait-elle dit.
Mais maintenant, rongée par la faim et la curiosité, elle s'approcha un peu plus. La brèche offrait une vision d'un autre monde, vibrant de lumière et de vie. Une grande maison se dressait au milieu d'un jardin verdoyant. Une femme aux cheveux châtains, d'une sérénité saisissante, était allongée sur une chaise longue. Elle semblait profiter des rayons chauds du soleil, une expression paisible illuminant son visage. Rien en elle ne rappelait les monstres terrifiants que sa mère avait décrits. Puis un petit cri, léger comme une brise, attira son attention.
Une minuscule créature trottinait dans le jardin. La jeune fille l'observa, fascinée. La petite chose ressemblait à une version miniature de la femme sur la chaise longue. Un enfant, sans doute, pensa-t-elle.
L'enfant s'approcha, ses pas hésitants trahissant son âge. Quand son regard croisa celui de la jeune fille, un frisson étrange la traversa. Les yeux de l'enfant, d'un vert émeraude envoûtant, capturèrent son esprit comme un sort. Elle aurait voulu s'y perdre, s'y plonger et ne jamais en ressortir. L'enfant s'immobilisa soudain en la voyant, ses petits yeux écarquillés. La jeune fille retint son souffle, prête à s'enfuir. Si l'enfant se mettait à crier et alertait sa mère, elle ne voulait pas savoir ce qui lui arriverait. Mais, à sa grande surprise, l'enfant sourit. Un rire cristallin s'échappa de ses lèvres, léger et sincère. Quelque chose s'alluma dans la poitrine de la jeune fille : la chaleur d'un sourire rendu.
— Sakura ! appela une voix féminine au loin.
La femme s'approcha rapidement, attrapa l'enfant par les épaules et l'éloigna de la brèche sans un regard.
— Sakura, ne t'éloigne pas, ma chérie.
L'enfant se tourna vers sa mère avec un sourire contrit, mais avant d'être entraînée à l'intérieur de la maison, elle fixa la brèche une dernière fois. Ses petits doigts levèrent un signe d'au revoir maladroit mais charmant. La jeune fille resta figée, le cœur battant encore.
— Sakura... répéta-t-elle doucement, un souffle à peine audible.
Ce nom, prononcé à mi-voix, résonna en elle comme une mélodie lointaine.
— C'est un joli prénom... murmura-t-elle.
Dans la salle de contrôle
- Alors? Demanda Sakura attendant que Kiba lui donne des informations.
- Ca fonctionne, elle est remontée dans ses souvenirs. Lui confirma l'adolescent.
Dans les souvenirs de Rin
La jeune fille revenait régulièrement au ruisseau, comme attirée par un aimant invisible. Elle s'asseyait sur la rive, guettant l'apparition de la petite Sakura. Parfois, elle ne faisait que l'apercevoir, blottie dans les bras de ses parents tandis qu'ils la ramenaient à la maison. Mais d'autres fois, la fillette restait dans le jardin, jouant sous le soleil, et leurs regards se croisaient. Ces jours-là, Sakura s'approchait de la brèche avec un sourire radieux, et elles partageaient des moments fugaces mais précieux. Un après-midi, Ishamaru avait osé lui lancer un ballon, qu'elles s'étaient renvoyé à travers la barrière intangible de la brèche. C'était un simple jeu, mais dans cette époque de famine et de guerre, c'était un miracle de normalité.
Un soir, alors qu'elle revenait du ruisseau, le cœur encore réchauffé par le rire cristallin de Sakura, Ishamaru trouva sa maison plongée dans une tension palpable. La résistance se réunissait.
— Ishamaru, assieds-toi, ordonna son père d'un ton sec.
Elle obéit à contrecœur, un nœud se formant dans son estomac. Cela faisait longtemps qu'elle ne croyait plus en leur combat. La guerre contre l'Autre Monde lui semblait vaine, désespérée. Ils étaient en infériorité numérique, leurs forces s'épuisaient, et elle pensait qu'une négociation, même difficile, valait mieux que l'extinction pure et simple de leur peuple. Un de ses frères se leva pour parler, sa voix résonnant dans la pièce encombrée.
— On a repéré une brèche dans le ruisseau.
Ishamaru sentit son cœur rater un battement.
— Elle donne sur un jardin. Ils n'ont pas l'air de l'avoir repérée. Les animaux évitent l'endroit à cause de l'eau, alors personne ne s'en approche. C'est la brèche parfaite pour lancer une attaque. La Rébellion de l'autre côté est prête à nous soutenir. On n'a qu'à prendre contact.
Les murmures approbateurs des membres présents firent trembler Ishamaru. Son père, chef de la résistance, semblait réfléchir sérieusement à la proposition.
— On pourrait lâcher les titans, murmura-t-il.
— Tu n'es pas sérieux ?! s'écria Ishamaru, se levant d'un bond. Les titans sont incontrôlables ! Ils tueraient tout le monde, innocents et soldats sans distinction !
— Et alors ? rétorqua sa mère, ses yeux froids braqués sur elle. Tu crois qu'ils se préoccupent de ça, eux ? Quand ils viennent piller nos terres et massacrer nos gens, tu penses qu'ils se demandent combien d'innocents mourront de faim à cause d'eux ?
— Ils ne sont pas tous comme ça ! protesta Ishamaru, le regard brûlant.
Sa voix tremblait d'émotion, mais elle ne recula pas.
— On pourrait faire autrement. Ils ne savent peut-être pas qui nous sommes. Peut-être qu'ils ne comprennent même pas ce qu'ils font ! Si on montrait à leur population ce qui se passe ici, je suis sûre que plus de gens rejoindraient la Rébellion pour nous aider. Un silence pesant tomba dans la pièce. Sa mère serra les dents et lança un regard chargé de reproche à son père.
— Je t'avais dit qu'on aurait dû l'empêcher d'aller voir, grogna-t-elle. Elle s'est liée à l'enfant.
Puis, se tournant vers sa fille, elle planta un regard dur dans le sien.
— Ma chérie, cela fait un siècle que cette guerre dure. Un siècle que nous survivons sur des réserves qui fondent comme neige au soleil. Si nous ne faisons rien, notre monde n'existera plus avant la fin de ce siècle-ci.
Ishamaru ouvrit la bouche pour répondre, mais sa mère leva la main pour l'interrompre.
— Nous sommes en guerre. Et dans une guerre, des innocents meurent. C'est ainsi. C'est le prix à payer.
Le ton glacial de sa mère était comme un couperet, tranchant dans la poitrine d'Ishamaru. Les mots résonnèrent en elle, écrasants. Les larmes lui montèrent aux yeux, brûlantes de rage et d'impuissance, mais elle refusa de les laisser couler.
Elle n'arrivait pas à accepter cette fatalité. Pas après avoir vu le sourire de Sakura. Pas après avoir ressenti, ne serait-ce qu'un instant, qu'une autre voie était possible.
Dans la zone de contrôle
- Kiba! S'alarma Sakura.
Les alarmes commençaient à sonner sur les ordinateurs.
- C'est son coeur. Son rythme s'accélère. Il faut surveiller. La rassura-t-il. Elle peut tenir encore.
Sakura regarda son familier, elle jura voir une larme coulait le long de sa fourrure.
Dans les souvenirs de Rin
Elle courait à perdre haleine, son souffle court se mêlant au fracas lointain des explosions. La Résistance avait avancé l'attaque, et elle n'avait pas pu les prévenir. Lorsqu'elle atteignit le ruisseau, son cœur se serra. De l'autre côté de la brèche, le jardin paisible qu'elle avait connu n'était plus qu'un champ de ruines. La maison était en flammes, les titans avaient tout dévasté, leurs pas gigantesques ne laissant qu'un sillage de destruction. Et dans ce chaos, un cri d'enfant retentit, perçant le bruit des flammes.
— Sakura ! murmura Ishamaru, glacée par la peur.
Sans hésiter, elle plongea dans le ruisseau et traversa la brèche. De l'autre côté, l'air brûlant et le grondement des flammes l'assaillirent, mais elle serra les dents, poussée par une seule pensée : sauver l'enfant. Elle se précipita vers la maison en feu, ses sens en alerte. À l'intérieur, le cri s'élevait à l'étage. Elle gravit l'escalier à toute vitesse, esquivant les poutres qui s'effondraient et brisant les débris qui bloquaient son chemin. Enfin, elle atteignit la chambre. Sakura était là, debout dans son berceau, ses petites mains accrochées aux barreaux. Un champ de force lumineux l'entourait, la protégeant des flammes. Ishamaru s'avança, se sentant enveloppée par l'énergie protectrice. L'enfant ouvrit ses grands yeux émeraude et, reconnaissant son amie, cessa de pleurer. Son sourire innocent fendit l'obscurité comme un rayon de soleil.
— Tout va bien, Sakura, murmura Ishamaru d'une voix douce, la prenant dans ses bras. Je vais te sortir de là.
Elle parcourut la pièce du regard.
— Où sont passés tes parents ?
Sakura ne répondit pas, trop jeune pour comprendre. Ishamaru se tourna vers la porte et, tenant fermement l'enfant, se remit en route. Le champ de force semblait les protéger des flammes, annihilant même une poutre en chute libre avant qu'Ishamaru ne l'intercepte.
— Très pratique, ton bouclier, glissa-t-elle avec un sourire tremblant à la petite fille.
Mais lorsqu'elle atteignit le seuil, elle s'arrêta net. Hana, la mère de Sakura, gisait là, son corps meurtri, les mains pressées contre une plaie béante à l'abdomen.
— Hana ! s'écria Ishamaru, se précipitant à genoux auprès d'elle. Réveillez-vous, Hana !
L'humaine ouvrit faiblement les yeux, croisant le regard d'Ishamaru. Ce vert hypnotique, si semblable à celui de sa fille.
— Tu es... dans la Résistance ? murmura Hana, sa voix rauque et brisée. Je suis désolée...
Sakura, dans les bras d'Ishamaru, éclata en sanglots et tendit ses petites mains vers sa mère. Hana les saisit avec douceur, ses lèvres formant un sourire malgré la douleur.
— Prends soin d'elle, s'il te plaît, supplia Hana, ses larmes se mêlant au sang qui coulait de sa plaie. Son père et moi, on a essayé de la protéger, mais on a échoué.
Elle inspira difficilement, son regard brillant d'une étrange détermination.
— Quand elle sera assez grande pour comprendre... dis-lui qu'aucune espèce ne devrait survivre aux dépens d'une autre. Dis-lui que nous avons essayé de changer les choses. Je ne veux pas qu'elle ait honte de nous...
— Vous êtes dans la Rébellion, comprit Ishamaru, ses yeux s'écarquillant. Vous saviez pour les titans... Vous les avez laissés faire ? Pourquoi ?
Hana ferma les yeux un instant, puis les rouvrit, un mélange de tristesse et de lucidité dans son regard.
— Parce qu'il faut que mes semblables comprennent la vérité, chuchota-t-elle. Ils ne savent pas... Ils ignorent que c'est nous, les monstres.
Sa voix faiblit, mais elle trouva encore la force de parler.
— Je sais que je te demande beaucoup, mais j'ai vu ce lien entre toi et Sakura. Veux-tu devenir son familier ?
— Familier ? répéta Ishamaru, perplexe.
Elle connaissait ce mot, utilisé avec mépris pour désigner ceux de son espèce qui passaient de l'autre côté, attachés à des humains, souvent considérés comme des traîtres.
— C'est le seul moyen de la protéger, murmura Hana. Son père est mort... Je vais bientôt le rejoindre. Toi et elle, vous êtes liés, je le sens.
Ishamaru regarda Sakura, secouée de sanglots, se débattant pour rejoindre sa mère. Cette petite chose fragile, entourée de tant de violence, ne survivrait pas seule. Elle inspira profondément, puis murmura, presque inaudible :
— J'accepte.
- Merci...Souffla Hana dans son dernier souffle.
De retour dans le laboratoire
Rin ouvrit les yeux d'un coup, comme sortant d'un mauvais rêve. Sakura lui retira son casque et la serra fort dans ses bras.
- Rin! Qu'est-ce qui s'est passé? Tous tes capteurs ont viré dans le rouge d'un coup! On a du arrêter le programme... Expliqua Sakura en pleurs. J'ai cru que tu n'allais pas revenir.
Rin essayait de reprendre son souffle. Ce qu'elle venait de vivre était traumatisant. Elle avait du mal à se rappeler de tout. Elle prit de grandes inspirations et se calma.
- Qu'est-ce que tu as vu? Demanda Sakura, inquiète. Elle croisa le regard de son familier et ne l'avait jamais vu aussi paniqué. Rin! La renarde revint à elle et plongea son regard dans celui de Sakura, et sourit.
- J'ai vu notre première rencontre. Sourit chaleureusement le familier. Tu étais haute comme trois pommes et tu tenais à peine sur tes pattes. Se moqua-t-elle.
- Et c'est tout ? Interrogea la rose, intriguée.
- C'est tout! mentit la renarde.
C'était un dimanche soir tranquille, et comme il l'avait promis à son père, Sasuke se rendit au dîner traditionnel marquant le début de la pré-sélection. Une coutume ancrée dans le clan Uzumaki, et à vrai dire, cela ne le dérangeait pas tant que ça. Ce rituel était l'occasion de passer du temps avec Naruto, et il savait qu'il y trouverait au moins un moment de légèreté.
Il arriva accompagné de son père et de son frère aîné à la demeure principale du quartier Uzumaki. La résidence appartenait au grand-père de Naruto, un lieu où Sasuke avait passé d'innombrables heures dans son enfance. Chaque couloir, chaque pièce lui rappelait des souvenirs vivants, presque aussi familiers que ceux de sa propre maison.
Après être entré, il alla saluer le chef du clan avec une politesse mesurée, puis se dirigea vers l'autel familial. L'espace était dominé par une photo de Kushina Uzumaki, la mère de Naruto. Son sourire rayonnant contrastait douloureusement avec la perte qu'elle représentait. Sasuke s'arrêta un instant devant l'image, les mains jointes, un respect silencieux dans son regard.
Kushina était morte quelques mois avant sa propre mère, un fait qu'il avait appris le jour où il avait rencontré Naruto. Cette révélation l'avait frappé plus profondément qu'il ne l'aurait imaginé. Il se souvenait encore de la chaleur maladroite mais sincère de Naruto ce jour-là, une lumière inattendue dans une période d'obscurité. Naruto vint se placer à ses côtés, son expression plus calme qu'à l'accoutumée. Après un instant de recueillement, il inclina légèrement la tête vers le portrait de sa mère avant de se tourner vers Sasuke.
— Viens, on va faire un tour au buffet, proposa-t-il avec un sourire qui trahissait une certaine malice.
— Ça marche.
Alors qu'ils se dirigeaient vers la table, Naruto lança sans détour :
— Je te préviens, Karin est là.
Sasuke s'immobilisa une seconde, l'expression tirée.
— Merde… souffla-t-il, attrapant un verre de cocktail sans alcool au passage, à son grand désespoir.
Karin, une cousine de Naruto, était une figure qu'il aurait volontiers évitée ce soir. Elle était une fan absolue de Sasuke, une admiration dont il avait profité, il est vrai, à quelques occasions. Cela n'avait jamais été sérieux pour lui, et il avait toujours été clair à ce sujet. Mais lorsqu'il avait vu qu'elle s'attachait bien plus qu'elle ne l'aurait dû, il avait pris la décision de couper les ponts. Une décision que Karin n'avait pas accueillie avec grâce. Ce soir promettait d'être plus compliqué que prévu.
Au moment du dîner, ils furent invités à prendre place à table. Sasuke s'installa aux côtés de Naruto et de sa famille, faisant de son mieux pour ignorer la chevelure rouge vif de Karin de l'autre côté de la table. Il pouvait sentir son regard peser sur lui, brûlant comme une flamme trop proche.
— C'est ça d'être une bête au lit, elles en redemandent toujours, lança Itachi d'un ton moqueur.
Sasuke faillit s'étouffer avec une gorgée de son verre. Son père, lui, s'étrangla carrément, tapotant sa poitrine sous le choc de la remarque.
— Itachi ! gronda Fugaku, son ton oscillant entre réprimande et embarras. Il tourna son regard sérieux vers son fils cadet. J'espère que tu l'as bien traitée au moins ?
Le brun fusilla son frère du regard avant de répliquer, agacé et visiblement gêné :
— Si vous pouviez vous mêler de vos affaires, ça m'arrangerait grandement.
Le père et le fils aîné échangèrent un regard amusé avant d'éclater de rire, laissant Sasuke soupirer d'agacement. La soirée ne faisait que commencer, et il sentait déjà qu'elle allait lui demander toute sa patience.
Le diner touchait à sa fin, et Sasuke, satisfait d'avoir réussi à éviter Karin tout au long de l'événement, se sentait enfin détendu. Elle était partie plus tôt avec ses parents, lui laissant une tranquillité bienvenue. Du moins, c'était ce qu'il pensait. En sortant des toilettes, il fut soudainement attiré dans une pièce sombre et plaqué contre la porte. Son dos heurta le bois avec un bruit sourd, et il sentit une chaleur familière contre lui. Karin était là, collée à lui, ses lèvres déposant des baisers ardents sur son cou.
— Karin, arrête, ordonna-t-il d'un ton glacial, attrapant ses poignets pour la repousser.
Mais la jeune Uzumaki ne se laissa pas démonter. Ses yeux rougeoyants brillaient d'une lueur obstinée, et un sourire espiègle étira ses lèvres.
— Allez, Sasuke, je sais que tu en meurs d'envie, murmura-t-elle, son souffle effleurant sa peau. On matchait bien tous les deux, non ?
Des souvenirs lui revinrent en mémoire, des nuits qu'ils avaient partagées, des moments où il avait cherché à apaiser ses pulsions dans ses bras. Il ne pouvait pas nier qu'il n'avait jamais été déçu. Mais ce qui avait suivi — les complications, la dépendance mutuelle étouffante — lui avait laissé un goût amer.
— Karin, on en a déjà parlé. Nous deux, c'est terminé, déclara-t-il d'une voix froide, ses yeux noirs plantés dans les siens.
Elle recula à peine, son sourire s'élargissant.
— Je sais que tu ne vois personne en ce moment. Franchement, ça m'étonne que tu arrives à tenir. Tu venais me voir toutes les nuits, fut un temps. Tu ne pouvais pas te passer de moi.
Karin se pencha, ses lèvres effleurant les siennes, lui tirant malgré lui un soupir de plaisir. Il se reprit immédiatement, ses mains la repoussant avec plus de force.
— Ça suffit. Rentre chez toi, lâcha-t-il avec une autorité froide.
Il fixa son regard dans le sien, une erreur qu'il comprit trop tard. Karin avait retiré ses lunettes, et il sentit son aptitude s'activer. Une vague étrange l'envahit, comme si ses pensées n'étaient plus totalement à lui. Karin possédait un don rare et inquiétant : elle pouvait plonger dans l'esprit des autres, identifier leurs peurs les plus profondes et, dans certains cas, les matérialiser.
— Oh, je vois… Il y a bien une fille alors, murmura-t-elle d'un ton triomphant.
Sasuke se figea, son souffle coupé par la précision de ses mots.
— Sors de ma tête, Karin, gronda-t-il, serrant les dents.
Elle se rapprocha, un sourire carnassier illuminant son visage.
— C'est vrai qu'elle est mignonne, reprit-elle, se hissant sur la pointe des pieds pour murmurer à son oreille. Mais elle, elle ne veut pas de toi, pas vrai ?
Le regard de Sasuke se voila, son visage se crispa. Le souffle de Karin glissa à nouveau contre son oreille, chargé d'une douceur venimeuse.
— Elle ne te mérite pas, susurra-t-elle avant de mordiller délicatement le lobe de son oreille, ses doigts s'activant sur les boutons de sa chemise. Une fille qui préfère Lee à toi ? Vraiment ? Tu devrais l'oublier. Elle ne sait pas ce qu'elle rate, cette petite catin.
Le mot, aussi tranchant qu'un coup de couteau, fit éclater la colère contenue de Sasuke. En une fraction de seconde, il attrapa ses poignets avec force, inversant brutalement leur position. Cette fois, c'était elle qui se retrouvait plaquée contre la porte, ses bras immobilisés au-dessus de sa tête. Le regard de Sasuke était sombre, chargé d'une rage froide et implacable.
— Oh, tu es dans cette humeur-là ? Ça me va aussi, murmura Karin, un sourire provocateur étirant ses lèvres malgré la situation.
— Je t'interdis de parler d'elle comme ça. Compris ? lâcha-t-il, sa voix basse et glaciale, tranchant comme une lame.
Le sourire de Karin s'effaça instantanément, laissant place à une lueur d'appréhension dans ses yeux rouges. Elle tenta de bouger, mais la poigne de Sasuke ne faiblit pas.
— Je t'interdis de l'approcher, de prendre contact avec elle ou même de penser à elle. Est-ce que c'est clair ?
— Tu me fais mal, Sasuke ! protesta Karin, sa voix teintée d'une panique qu'elle essayait de cacher, se débattant vainement contre sa prise.
— Est-ce que c'est compris ? répéta-t-il, chaque mot grondant entre ses dents serrées.
Après un instant de silence tendu, Karin céda enfin, sa voix réduite à un murmure.
— Compris.
Sasuke relâcha ses poignets, la laissant retomber contre la porte. Il ajusta calmement sa chemise, la tension dans ses épaules toujours palpable, et ouvrit la porte sans un regard en arrière. Avant de sortir, il se retourna brièvement, son expression froide comme le givre.
— Passe à autre chose, Karin. Tu vaux mieux que ça.
Puis il disparut dans le couloir, laissant l'Uzumaki seule dans la pièce, ses poignets marqués par la poigne du brun et son esprit envahi par un mélange de frustration et de trouble qu'elle ne pouvait ignorer. Elle sortit après quelques minutes et vit son cousin adossé contre la porte.
- Laisse le tranquille Karin. T'as pas encore compris qu'il ne partageait pas tes sentiments? Souffla Naruto.
- Tais-toi, crétin. S'énerva la jeune fille, les larmes coulant sur son visage.
- Allez, viens là. Naruto la prit dans ses bras et elle se laissa aller contre son épaule.
