La première étape de la pré-sélection était désormais achevée. Les résultats officiels seraient dévoilés le lendemain, en même temps que le combat des titans. La directrice, ayant supervisé le dernier tour de chaque promotion, avait pris soin de soigner chaque élève, les remettant sur pied en un clin d'œil, au grand soulagement de Sakura. Epuisée par les émotions de la journée, elle se dirigea vers chez elle, mais, à son grand désarroi, se retrouva dans un Aerotram bondé. Frayant son chemin à travers la foule, elle s'approcha de la vitre, espérant profiter du coucher de soleil sur la ville. En traversant le quartier des affaires, son regard se fixa sur une petite silhouette blanche qui se promenait sur le trottoir.
— Rin ? Qu'est-ce qu'elle fait là, à cette heure ? pensa Sakura, surprise. Habituellement, son familier ne s'aventurait pas hors de leur quartier, du moins pas sans la prévenir. Elle fronça les sourcils. Depuis leur visite à la fondation Inuzuka, elle avait remarqué un comportement étrange chez la renarde. Elle avait fermé son esprit, comme elle le faisait quand elle boudait, et voilà qu'elle se promenait seule, loin de sa zone habituelle. Intriguée, Sakura décida de la suivre et descendit à l'arrêt suivant. La trace de Rin ne fut pas difficile à retrouver, et elle la suivit discrètement. La renarde entra dans la bibliothèque nationale, un immeuble moderne qui s'étendait sur plusieurs étages. Sakura la suivit sans bruit, la voyant se diriger vers les archives.
— Étrange… songea la jeune fille. Qu'est-ce que Rin peut bien chercher aux archives nationales ?
Elle se glissa dans la pièce, s'installant à une table quelques rangées derrière elle, fermant son esprit pour ne pas se faire repérer. Cette situation l'inquiétait. Rin était la créature en qui elle avait le plus confiance sur cette terre ; elles ne se cachaient jamais rien. Pourquoi agir ainsi ? Qu'avait-elle découvert dans ses souvenirs qui la poussait à s'éloigner ainsi de Sakura ? Elle observa Rin se rendre vers la bibliothécaire, qui l'accueillit chaleureusement. Ce n'était pas la première fois qu'elle venait ici, pensa Sakura.
La bibliothécaire, une dame âgée, apporta plusieurs ouvrages à Rin et les posa sur la table qu'elle lui avait indiquée. Rin tourna chaque page avec une concentration minutieuse pendant près d'une heure, s'attardant sur un livre en particulier. Sakura aperçut le titre : Annuaire de la Garde – 86-87. La renarde regarda l'heure et se leva précipitamment, annonçant à la bibliothécaire qu'elle avait terminé pour la journée. Dès qu'elle quitta les lieux, Sakura se hâta de retourner dans l'allée où la vieille dame était entrée quelques minutes plus tôt. Elle parcourut les rayons, scrutant chaque tranche de livre jusqu'à ce qu'elle trouve ce qu'elle cherchait. Elle feuilleta l'ouvrage, observant chaque page avec attention. Elle reconnut plusieurs visages : Kakashi Hatake, aux côtés de son Child, un immense loup blanc aux yeux bleu polaire nommé Paku. Il arborait la même allure décontractée qu'elle lui connaissait, mais avec treize ans de moins. Elle ne put s'empêcher de le trouver séduisant dans son uniforme. À côté de lui, se tenaient les deux membres de son équipe, Obito Uchiha et Rin Nohara. Un voile de tristesse lui passa devant les yeux, se rappelant que les deux étaient morts en mission, sous les yeux de leur ami. Apparemment, seul Obito avait un Child, un faucon noir au regard perçant. Sakura se détourna de cette page, le cœur lourd. Elle reconnut également Minato Namikaze et Kushina Uzumaki, les parents de Naruto, en équipe, souriants, avant que le texte ne précise que Kushina était décédée quelques années après la prise de la photo. Elle se sentit bête de ne pas avoir su cela, se sentant coupable de ne pas prêter plus d'attention à son ami. Ils semblaient tellement heureux ensemble. Son regard se tourna vers un autre visage, celui de Fugaku Uchiha, alors colonel de la Garde, et son Child, un gigantesque chien à trois têtes, prêt à en découdre avec les démons. À ses côtés, Mikoto Uchiha, la mère de Sasuke, dont la beauté frappa Sakura. Sasuke lui ressemblait tellement. Elle était l'image même de la grâce, et son Child, une panthère noire, semblait prête à projeter des aiguilles empoisonnées.
Puis ses yeux se posèrent sur une photo en particulier. Elle plissa les yeux, les visages lui paraissant étrangement familiers.
— Ren Seimei, Colonel de la Garde. Né en l'an 54, décédé en l'an 87. Hana Seimei, Maître de la Garde. Née en l'an 55, décédée en l'an 87. Ils sont morts pendant l'invasion… murmura Sakura à haute voix.
Elle se figea, trouvant une étrange ressemblance entre elle et Hana Seimei. Elles avaient les mêmes yeux verts émeraude, une couleur rare. L'homme à ses côtés, Ren Seimei, arborait un sourire chaleureux, fixant sa femme avec une tendresse palpable. Derrière eux, un Child majestueux, un dragon aux écailles noires et aux yeux dorés, se tenait droit, observant l'objectif. Les Childs de ce type étaient extrêmement rares. Si Sakura se souvenait bien de ses cours, seul un clan était capable d'invoquer de telles créatures : le clan Seimei. Leur dernier représentant avait disparu lors de l'invasion, et depuis, la Garde avait terriblement souffert de la perte d'une telle puissance. Elle continua de tourner les pages, ne trouvant rien d'autre d'important. Se dirigeant vers l'accueil, elle toussota pour attirer l'attention de la bibliothécaire.
— Bonsoir, Mademoiselle. Que puis-je faire pour vous ? demanda la vieille dame, tout sourire.
— Pardonnez-moi, mais mon familier est passé tout à l'heure pour m'aider dans mes recherches. Elle m'a dit avoir trouvé un livre intéressant pour mon sujet, mais je n'arrive pas à remettre la main dessus. Pourriez-vous m'aider ? demanda Sakura, espérant obtenir l'information manquante.
— Ah, c'est vous qui faites des recherches sur le clan Seimei ? s'exclama la bibliothécaire. Rin est venue plusieurs fois cette semaine, cherchant des documents sur les membres du clan, mais la plupart des ouvrages historiques ont été détruits pendant l'invasion. Je n'ai pu lui trouver que les annuaires de la Garde. C'est ce que vous cherchez ?
— Ah, ne vous en faites pas, je pensais qu'elle avait trouvé autre chose, répondit Sakura, gênée. Merci de l'avoir aidée. Avec mes cours, je n'ai pas le temps de venir, alors elle s'est proposée de me donner un coup de main.
— Vous avez bien de la chance, souffla la vieille dame. J'aimerais tellement avoir un familier aussi.
Sakura sourit, gênée, et s'excusa avant de s'éclipser, prétextant qu'elle était attendue quelque part. Elle se retrouva dehors, le cœur lourd, son esprit envahi par de nouvelles questions. Pourquoi Rin s'intéressait-elle au clan Seimei, un clan disparu il y a treize ans ?
Lorsqu'elle arriva devant sa porte, elle hésita un instant. Puis, poussant la porte, elle aperçut Rin, assise devant la télévision, criant sur les candidats qui répondaient à côté de la plaque. Rin se tourna alors vers elle, les oreilles alertes.
— Alors ? Comment ça s'est passé ? s'enthousiasma-t-elle.
— Je peux savoir pourquoi tu t'intéresses au clan Seimei ? demanda Sakura, sans détour, le regard sévère.
— Oh… Tu m'as suivie, déduisit Rin, évitant son regard.
— Bien sûr. Tu es étrange depuis que tu as vu ta vie antérieure. Je n'ai pas voulu t'en parler, car je crois que nous avons toutes les deux droit à notre jardin secret, mais là, ça va trop loin. Tu fragilises notre lien, Rin, s'inquiéta Sakura.
La renarde baissa les oreilles, un soupir s'échappant de ses lèvres.
— Pardonne-moi. J'essaie de recoller les morceaux moi-même, s'excusa-t-elle.
— Laisse-moi t'aider, proposa Sakura, d'un ton rassurant.
— Je… donne-moi encore un peu de temps et je te dirai tout. Tenta Rin, hésitante.
— Très bien. Mais pourquoi le clan Seimei ? insista Sakura.
Rin hésita, détournant le regard. Puis, finalement, elle se lança.
— Ne t'affole pas, commença-t-elle en montant sur la table pour regarder Sakura dans les yeux. Je crois… Non, je suis sûre que Ren Seimei et Hana Seimei sont tes parents.
L'annonce fit l'effet d'une bombe. Sakura écarquilla les yeux, pétrifiée.
— Mes parents ? souffla-t-elle, le cœur battant.
Rin acquiesça, la tristesse dans les yeux.
— J'ai vu leurs visages dans mes souvenirs. Ils te portaient dans leurs bras, jouaient avec toi dans le jardin. Ils t'aimaient tellement, Sakura, dit-elle, la voix pleine de mélancolie.
— Tais-toi, répondit Sakura en se bouchant les oreilles.
— Sakura…
— Je ne veux pas savoir. Je n'aurais pas dû te demander, murmura-t-elle avant de s'élancer hors de l'appartement, courant dans les escaliers, entendant Rin qui tentait de la rattraper.
Elle courut, fuyant la réalité, les souvenirs et la douleur qui l'envahissaient. La photo qu'elle avait vue dans l'annuaire lui revint en mémoire. Non, je ne veux pas… Elle chassa l'image de son esprit et se concentra sur sa course. Ses muscles la faisaient souffrir, mais cela valait mieux que la douleur dans son cœur. Elle se retrouva dans la vieille ville, sur l'artère principale, où la foule l'obligea à s'arrêter pour reprendre son souffle. Elle prit son visage dans les mains, tentant d'échapper à ses pensées. Soudain, une voix grave la fit sursauter.
— Sakura ?
Elle ouvrit les yeux, reconnaissant la voix familière.
— Pas lui, pas maintenant… pensa-t-elle.
— Sakura, tout va bien ? s'inquiéta Sasuke, posant une main sur son épaule.
Elle se laissa tomber contre lui, éclatant en sanglots, le laissant pantois.
— Sakura, qu'est-ce qu'il se passe ?
— Rien du tout… mentit-elle, serrant son manteau, tentant d'étouffer ses pleurs dans le tissu.
Il ne répondit rien. Il la prit dans ses bras, lui offrant la consolation qu'elle n'avait pas su demander.
- Merci, Ichiraku-san, murmura Sakura, sa voix douce tandis que le cuisinier lui tendait un bol de ramen fumant.
- C'est offert par la maison. Tes préférés, avec une double ration d'œuf, lui répondit-il en souriant chaleureusement. Il cherchait visiblement à lui remonter le moral.
La jeune fille, touchée mais gênée, esquissa un sourire timide et commença à avaler ses nouilles, sous le regard attentif de Naruto et Sasuke, qui semblaient s'inquiéter pour elle.
- Sakura, tout va bien ? Où est Rin ? demanda doucement Naruto, sa voix empreinte de préoccupation.
- Elle est à la maison… On s'est disputées, répondit Sakura, les yeux chargés de tristesse.
- Oh, je vois… souffla le blond, une lueur de compréhension dans ses yeux. Rien de grave, j'espère ?
Elle secoua la tête, tentant de dissimuler la lourdeur de ses émotions.
- Ne t'en fais pas, Naruto. C'est juste le trop-plein d'émotions de la journée… J'ai un peu surréagi, expliqua-t-elle, sa voix toujours un peu voilée. Je suis désolée de vous gâcher votre repas...
- Tu ne gâches rien du tout, voyons ! On est une équipe, non ? Dans les bons comme dans les mauvais moments, on doit se soutenir ! N'est-ce pas, Sas'ke ?
- Hmm, acquiesça le brun, en aspirant une bouchée de ramen sans même lever les yeux.
Sakura les remercia intérieurement, touchée par leur soutien silencieux.
- Et toi, tu es prêt pour demain ? demanda-t-elle à Sasuke, cherchant à changer de sujet.
- Bien sûr, répondit-il, un sourire en coin.
- T'étais aussi prêt l'année dernière, et on se rappelle comment ça s'est terminé… se moqua Naruto, avalant bruyamment son bouillon.
Sasuke lui donna une claque sur la tête en réponse.
- Hey ! Ça fait mal ! protesta Naruto, lançant un regard furieux à son ami, qui lui rendit un regard tout aussi perçant.
Sakura éclata de rire, un éclat cristallin qui emplit l'espace du restaurant, attirant tous les regards. Le blond se gratta la tête, à la fois gêné et heureux de lui avoir arraché un sourire, tandis que le brun souriait discrètement, préférant voir son visage illuminé par la joie plutôt que marqué par la tristesse.
- Merci pour le repas, Ichiraku-san, remercia Sakura, s'inclinant poliment en sortant de l'échoppe. Sasuke et Naruto la suivirent, saluant chaleureusement le cuisinier.
- Ça va aller Sakura pour rentrer ? s'inquiéta Naruto.
- Oui. Ça va mieux maintenant. Merci de m'avoir changé les idées. Elle lui déposa une bise sur la joue, le faisant rougir, tandis que le regard de Sasuke trahissait une frustration qu'il ne cherchait même pas à dissimuler.
- A ton service, Sakura ! répondit le blond, se grattant la tête, gêné. On se voit demain au lycée pour encourager l'autre. Il désigna Sasuke d'un geste du doigt, qui lui répondit par un coup d'épaule amical. Naruto appela sa moto d'un geste rapide de la montre et démarra en trombe, faisant sursauter une vieille dame qui faisait ses courses.
- Tu veux que je te ramène ? proposa Sasuke, son ton habituellement froid adouci par une pointe d'inquiétude.
- Non, je vais marcher un peu, répondit Sakura, secouant la tête avec douceur. Merci pour ce soir. Elle se haussa sur la pointe des pieds et déposa un baiser léger sur sa joue, un geste tendre et fugace. Sasuke écarquilla les yeux de surprise, son cœur battant plus fort au contact doux et chaud de ses lèvres sur sa peau. Elle se recula, et en quelques instants, il perdit la capacité de suivre ses pensées. Il lui fallut quelques secondes pour retrouver son calme et réaliser qu'elle ne se dirigeait pas vers l'Aerotram. Elle allait ailleurs. Il la suivit alors, à une distance respectueuse, sans chercher à se cacher. Elle s'en aperçut vite, mais ne réagit pas, trouvant sa présence étrangement rassurante.
Reconnaissant le chemin, Sasuke s'arrêta à un stand, achetant deux bouteilles sans un mot. Il tourna dans la rue suivante, se retrouvant face à un bâtiment désaffecté qui dominait le quartier. Il retrouva le passage qu'ils avaient emprunté lors de leur dernière rencontre, remarquant qu'elle l'avait laissé ouvert pour lui. Il monta sur le toit, la découvrant là, les bras croisés sur le muret, son regard perdu dans l'horizon, une silhouette solitaire et silencieuse. Il s'approcha d'elle et lui tendit la bière qu'il avait ramenée. Ils trinquèrent en silence, le bruit des bouteilles se heurtant dans l'air calme, et profitèrent de la sérénité du moment. Après de longues minutes, elle brisa le calme de la nuit.
- Tu n'as pas un couvre-feu ? l'interrogea Sakura.
- Si... répondit le brun, un sourire amusé effleurant ses lèvres, alors qu'il avalait une nouvelle gorgée.
- Tu devrais rentrer. Je ne veux pas que tu aies encore des ennuis à cause de moi. La culpabilité teintait sa voix, ses yeux fuyant les siens.
- Je ne vois pas de quoi tu parles. Il jeta un coup d'œil à sa montre et, d'un geste nonchalant, fit bouger l'aiguille. Tu vois ? Il est seulement 20 heures. Il me reste encore deux heures avant de rentrer. Il sourit malicieusement, et Sakura, malgré elle, ne put s'empêcher de sourire en retour, lui adressant un coup d'épaule taquin.
- Ton père ne gobera jamais ça. Elle se moqua, un éclat d'amusement dans la voix.
- Oh, je lui ai fait gober bien pire. Sasuke s'amusa de l'air incrédule de sa camarade, prenant une nouvelle gorgée. Sakura, intriguée, attendit qu'il poursuive.
- Déjà, j'ai fait le mur un nombre incalculable de fois sans qu'il ne s'en rende compte.
- Toi, tu fais le mur ? Sakura rit, un éclat de surprise dans sa voix.
- Serai-je en train d'égratigner l'image parfaite que tu as de moi, Haruno ? Sasuke s'amusa à la taquiner, un sourire en coin.
- C'est bien probable. La rose sourit, amusée. Quelle déception, moi qui pensais que tu étais un fils modèle.
- Ensuite...
- Parce que ce n'est pas tout ? s'offusqua Sakura, feignant l'indignation.
- Arrête de te moquer... Sasuke répliqua, un sourire en coin. Le jour de mes 14 ans, Naruto a décidé qu'il était temps qu'on teste l'alcool. Mon père étant coincé au quartier général, on est allé dans son bureau et on a vidé sa réserve de bourbon. Il fit une grimace, se souvenant de l'incident. On a été malades comme des chiens, et on s'est promis de ne plus jamais toucher à une goutte de whisky de notre vie... Bref, on a remplacé le bourbon de 15 ans d'âge par la première bouteille qu'on a trouvée à la supérette...
- Il s'en est forcément rendu compte. Sakura ne put s'empêcher de se moquer, un sourire espiègle sur les lèvres.
- Oh oui. Sasuke sourit, malicieusement. Mais il a cru que la personne qui lui avait offert la bouteille s'était foutue de lui, alors il l'a rayée de la liste des invités au repas annuel. Il haussait les épaules, l'air de rien. Quoi ? s'étonna-t-il en voyant le regard désabusé de Sakura. Personne ne l'appréciait chez nous, je nous ai rendu un service.
- Tu te trouves toujours une bonne excuse, pas vrai ? souffla Sakura, un sourire mi-amusé, mi-désabusé, le regard observant l'horizon. Pourquoi vous vous êtes battus comme ça avec Naruto ? demanda-t-elle, sa voix empreinte de tristesse.
Sasuke la regarda, intrigué par la question. Un silence s'installa entre eux avant qu'il ne réponde.
- Pourquoi?
- La rage dans vos yeux, à tous les deux... Sakura se remémora la scène, son ton se faisant plus bas. Vous vouliez vous faire du mal...
Sasuke soupira, un léger sourire en coin, presque amer.
- Avec Naruto, on est amis, certes, mais avant tout rivaux. On ne voulait pas se faire du mal, on voulait juste prouver à l'autre qu'on était meilleur. Il marqua une pause, puis, d'un coup, changea de sujet, son regard se faisant plus perçant. Pourquoi tu n'as rien dit quand Kurama a planté ses crocs dans Aoda?
- Quoi? Sakura laissa échapper un souffle de surprise, ses yeux se fixant dans les siens, cherchant à comprendre.
- Pourquoi, quand Aoda s'en est pris à Kurama, et que Naruto était à terre, tu m'as demandé d'arrêter, et quand la situation s'est inversée, tu l'as laissé faire? La voix de Sasuke était plus grave, son regard insistant, presque accusateur.
- Parce que je savais que Naruto s'arrêterait avant... murmura-t-elle à contrecœur, détournant le regard, mal à l'aise sous la pression de ses yeux.
Il écarquilla les yeux, choqué.
- Quoi? Tu penses que je n'aurais pas été capable de m'arrêter? Que j'irais jusqu'à mettre en danger mon meilleur ami par orgueil? demanda-t-il, la voix trahissant une douleur sourde, attrapant son bras pour la tourner vers lui.
- Non, bien sûr que non. Elle répondit rapidement, agacée par la tournure de la conversation. Sasuke... Ton regard à ce moment-là... Il m'a glacé le sang... La vérité, bien que douloureuse, franchit ses lèvres, la laissant mal à l'aise.
Sous le choc, Sasuke la lâcha brusquement. Il se prit la mâchoire, comme si un poids insupportable venait de s'abattre sur lui. Un soupir agacé s'échappa de ses lèvres.
- Tu as peur de moi, Sakura ? La question, simple mais lourde de sens, tomba dans l'air, la voix basse, presque un murmure.
- Quoi ? Non, bien sûr que non... répondit-elle précipitamment, mais il avait déjà entendu la nuance dans ses mots.
- Alors tu ne me fais pas confiance. Il conclut, un froid glacial dans sa voix. Très bien, c'est bon à savoir. D'un geste sec, il termina sa bière d'un trait, se levant avec une rapidité qui la laissa sans voix. Il s'éloigna, les pas lourds de ressentiment.
- Sasuke, attends! tenta Sakura, s'élançant pour le retenir, mais déjà trop tard. Elle se sentit coupable de l'avoir blessé.
- On se voit demain en cours. La réponse froide et distante de Sasuke résonna dans l'air avant qu'il ne disparaisse dans l'escalier, laissant Sakura seule, le cœur lourd.
- Quelle idiote... S'insulta intérieurement Sakura.
Arrivée devant son appartement, Sakura repensa à la manière dont sa discussion légère avec son camarade avait tourné au vinaigre. Une amertume lui serra la gorge ; elle s'en voulait de l'avoir blessé. Dès qu'elle ouvrit la porte, Rin lui sauta dans les bras, se frottant doucement contre sa joue. Sakura la serra contre elle, retrouvant dans cette étreinte une once de réconfort.
— Désolée d'être partie comme ça, murmura-t-elle, la voix empreinte de fatigue.
— C'est moi qui suis désolée. Je n'aurais pas dû te lancer une bombe de la sorte, pleurnicha la renarde, ses oreilles basses trahissant son malaise.
Sakura fronça légèrement les sourcils.
— Rin. Qu'est-ce qu'il se passe ? Qu'est-ce que tu as vu dans tes souvenirs ? demanda-t-elle, l'inquiétude perçant dans son timbre.
Rin détourna le regard, mal à l'aise.
— Je préfère ne pas en parler... C'est encore trop flou... Je te promets de tout te dire quand j'aurai recollé le puzzle, lui promit-elle d'une voix sincère. Puis, relevant ses yeux dorés vers elle, la renarde plissa le front, une expression plus grave prenant place sur son visage.
— Hmmm... Il y a autre chose...
Rin ferma brièvement les paupières, ouvrant son esprit pour ressentir les émotions de sa partenaire. Une lueur de compréhension traversa ses prunelles.
— Ha... Sasuke, encore... lâcha-t-elle, lasse, comme si le sujet était devenu une rengaine.
Sakura rougit violemment sous la remarque et se prit le visage entre les mains, accablée de honte.
— J'ai agi comme une idiote... se reprocha-t-elle, la voix étouffée. Je suis sûre qu'il me déteste...
— Allez, raconte-moi. Tu as toujours tendance à dramatiser les choses, soupira Rin en s'installant sur le lit, les pattes croisées sous elle, prête à écouter la jeune fille.
Lorsque Sakura eut terminé son récit, Rin demeura silencieuse un instant, pesant soigneusement le pour et le contre, ses yeux se plissèrent prête à rendre son verdict.
— Alors ? T'en penses quoi ? s'enquit Sakura, qui faisait pleinement confiance à l'analyse aiguisée de son familier.
— Il te déteste, conclut Rin d'un ton implacable. Tu l'as clairement touché dans son orgueil, et on le sait, les Uchiha sont extrêmement orgueilleux.
Un grognement sourd s'échappa de Sakura lorsqu'elle s'affala tête la première dans l'oreiller, comme pour y enfouir sa honte. Rin s'approcha et tapota gentiment le sommet de sa tête, un sourire amusé aux lèvres.
— La prochaine fois, invente une histoire au lieu de lui dire la vérité, hein ? gloussa-t-elle, un brin moqueuse.
Sakura releva légèrement la tête, ses cheveux épars sur le visage.
— Merci, Rin. J'y repenserai si jamais il me réadresse la parole un jour, répliqua-t-elle d'une voix empreinte de sarcasme.
Rin se contenta de rire doucement, sa queue battant l'air avec nonchalance, tandis que Sakura soupirait, les yeux fixant le plafond.
Le lendemain au lycée, elle retrouva Naruto dans les gradins de l'arène prête à accueillir l'évènement de l'année: le combat des titans.. L'événement était un véritable spectacle : l'ensemble du lycée, apprentis et civils, avait obtenu la journée pour y assister. La directrice fit son entrée au centre de l'arène, imposant comme toujours une présence charismatique.
- Chers élèves, bienvenue au combat des titans ! lança-t-elle, déclenchant une vague d'acclamations enthousiastes. Avant de commencer, voici les sélectionnés pour le Tournoi Inter-Institut. En première année : Moegi Kazamatsuri, Udon Ise et Konohamaru Sarutobi !
À chaque nom prononcé, les applaudissements redoublèrent, en particulier ceux des premières années qui soutenaient leurs champions avec ferveur.
- En deuxième année : Shikamaru Nara, Naruto Uzumaki et Sasuke Uchiha.
Les acclamations se firent plus fortes encore, en particulier à l'évocation du nom d'Uchiha, dont le fan-club dans le lycée ne manqua pas de se faire entendre. Les élèves de sa classe échangèrent des regards agacés, mais rien ne semblait pouvoir entamer l'adoration collective envers Sasuke.
- En troisième année : Tenten Imura, Kabuto Yakushi et Lee Rock !
- Les applaudissements continuèrent à pleuvoir, et la directrice poursuivit :
- Bien, passons aux remplaçants : Haku Yuki en première année, Sakura Haruno en deuxième année, et Anko Mitarashi en troisième année.
Sakura reçut les félicitations de ses camarades, notamment de Naruto et Shikamaru, qui étaient visiblement ravis de l'avoir dans l'équipe.
- Maintenant, le moment que vous attendez tous : l'arrivée des titans !
Un nuage de fumée envahit soudain l'entrée, créant une atmosphère théâtrale qui, à l'instar d'un spectacle grandiose, semblait un peu trop exagérée pour un simple tournoi de lycée. Sakura roula des yeux, amusée par cette mise en scène outrancière. Gaï Maïto, le professeur référent des troisièmes années, prit alors le micro, transformant l'arène en un véritable théâtre.
- Sous vos applaudissements, je vous prie d'accueillir le petit-fils d'Hiruzen Sarutobi, légende parmi les maîtres, qui est bien parti pour lui succéder. Konohamaru Sarutobi !
L'adolescent que Sakura avait croisé à plusieurs reprises au déjeuner avec Naruto fit son entrée dans l'arène, saluant la foule tout en simulant des mouvements de boxe dans l'air, comme s'il était déjà en plein combat. Naruto, enthousiaste, l'encouragea avec énergie, et Konohamaru lui répondit par un sourire éclatant, fier de se retrouver au centre de l'attention.
- Et maintenant, le chouchou de ces dames, le digne héritier du clan Uchiha ! Je vous demande un tonnerre d'applaudissements pour le grand, le beau, l'unique... Sasuuuuuke Uchiha !
Sasuke entra à son tour dans l'arène, vêtu de son survêtement d'entraînement, les bandages soigneusement ajustés, son regard dur et concentré. Il jeta un coup d'œil aux gradins, saluant Naruto d'un léger mouvement de tête, puis son regard s'attarda un instant sur Sakura, dont le coeur manqua un battement sous son intensité. Il se recentra sur l'arène, plus concentré que jamais.
- Et enfin, le meilleur pour la fin, l'unique "Dragon de Jade", qui n'est arrivé ici que par la force de son courage et de sa jeunesse, merci d'accueillir... Roooooock Lee !
Lee s'avança d'un pas ferme et déterminé, ses bottes frappant le sol avec une précision presque chorégraphique. Son dos était droit, son regard ardent, comme s'il incarnait à lui seul l'essence même de l'effort et de la persévérance. Il salua brièvement les gradins d'un geste vif, puis tourna la tête vers ses coéquipiers, leur adressant un sourire éclatant, plein de cette chaleur inébranlable qui le caractérisait. Lorsque ses yeux croisèrent ceux de Sakura, il s'attarda une seconde de plus, lui offrant un grand sourire avec un clin d'oeil. Sakura, prise au dépourvu, lui rendit un sourire timide, presque hésitant, ses joues rosissant légèrement. Sasuke, observant la scène, serra instinctivement sa mâchoire, une lueur indéchiffrable dans les yeux.
Les règles du combat étaient simples : le dernier debout l'emporte. Chaque combattant prit place dans un coin de l'arène, équidistants les uns des autres, leurs silhouettes tendues, prêtes à bondir. Gaï, fidèle à lui-même, se plaça au centre avec l'assurance d'un maître de cérémonie rompu à l'exercice. D'un geste solennel, il baissa lentement le bras, les lumières de la salle suivant son mouvement. L'intensité diminua peu à peu, jusqu'à ce que seuls les projecteurs, tels des juges implacables, viennent frapper les trois adversaires d'une lumière crue.
— Apprentis, je compte sur vous pour nous offrir le meilleur de vous-mêmes et faire honneur à vos camarades !
La voix de Gaï résonna, grave et vibrante, emplissant l'espace d'une tension palpable. D'un geste théâtral, il leva un mouchoir vert, sa couleur éclatante tranchant avec l'obscurité grandissante de l'arène.
— Le match commence au moment où ce mouchoir touche le sol.
Il le lâcha, le bras tendu, ses yeux se fermant comme pour rendre l'instant plus solennel encore. Le silence tomba sur la salle, dense et presque sacré. Tous les regards étaient rivés sur ce morceau de tissu flottant, fragile et insignifiant, mais porteur d'une déflagration imminente. Une seconde avant que le mouchoir ne frôle le béton, Gaï disparut. Une ombre, plus rapide que l'éclair, et le combat éclata. Les cris du public jaillirent à l'unisson, couvrant presque le fracas des premiers échanges. Les élèves s'étaient levés, exaltés, chacun encourageant son champion d'une voix rauque. Sakura fixait l'affrontement, ses yeux absorbant chaque mouvement, chaque stratégie déployée. À ses côtés, Naruto s'était figé, les poings serrés, la mâchoire crispée. Le blondinet n'en perdait pas une miette, mais son corps tout entier vibrait d'une tension fébrile. Konohamaru, plus jeune et moins expérimenté, devint rapidement la cible de ses deux aînés. Lee et Sasuke, d'un accord tacite, semblaient déterminés à l'écarter pour mieux s'affronter librement. Le premier année esquiva, tenta de riposter, mais il n'était pas de taille. Moins d'une minute plus tard, un coup de pied de Lee, rapide et implacable, le propulsa contre le mur de l'arène. Le choc résonna dans toute la salle, et le garçon s'effondra, son souffle coupé.
— C'était prévisible, murmura Shikamaru, impassible, les bras croisés. Il n'avait aucune chance face à eux deux. Il fera mieux l'année prochaine, Naruto.
— Ouais... gronda l'Uzumaki entre ses dents.
Il suivit des yeux le corps inerte de Konohamaru qu'on évacuait hors de la scène, une ombre de frustration assombrissant son regard. Naruto avait pris le jeune Sarutobi sous son aile depuis le collège, le considérant comme un petit frère. Le voir se faire malmener ainsi, même par Lee et Sasuke, ses compagnons de longue date, lui était insupportable.
Sur le terrain, Lee et Sasuke s'étaient replacés aux extrémités opposées de l'arène. Immobiles, figés dans une tension presque palpable, ils attendaient que la scène soit libérée. Le silence, d'abord fragile, retomba comme une chape de plomb, alourdissant l'air d'une intensité nouvelle. La vraie bataille allait commencer. Les deux rivaux s'observèrent longuement, leurs regards s'accrochant comme deux lames prêtes à s'entrechoquer. Ce fut Lee qui brisa le contact le premier, un sourire provocateur étirant ses lèvres.
— Alors, Uchiha ? Prêt à te prendre une raclée ? lança-t-il d'un ton moqueur, sa voix résonnant dans le vide comme un défi lancé à l'univers tout entier.
— Parle pour toi… grogna Sasuke, sa voix grave et rauque, presque un grondement.
D'un geste vif, il dégaina son katana, la lame s'illuminant d'une traînée bleue électrique qui crépitait dans l'air. En réponse, Lee fit tournoyer ses nunchakus avec une aisance déconcertante, leur danse sifflante promettant un combat aussi brutal que rapide. Sasuke s'élança, concentré, tel un fauve fondant sur sa proie. Les coups fusèrent, fulgurants, presque invisibles à l'œil nu. Le métal du katana tranchait l'air, mais chaque attaque était parée avec une précision chirurgicale par Lee. Ses membres, recouverts d'une carapace cristalline, encaissaient sans broncher les décharges électriques que l'Uchiha projetait à chaque assaut. Le bruit sec des impacts résonnait dans l'arène, rythmé par les acclamations lointaines du public. Sasuke s'arrêta brusquement, prenant ses distances. Ses yeux sombres observaient Lee avec une froide lucidité. Il connaissait cette défense. L'année précédente, il s'était heurté à ces cristaux indestructibles et, aujourd'hui encore, sa foudre semblait impuissante. Lee, campé sur ses appuis, ne laissa pas passer l'occasion.
— C'est tout ce que tu as, Uchiha ? lança-t-il, sa voix teintée d'une mesquinerie inhabituelle. Tu ne vaux donc rien sans ton « Child » ?
Sakura, depuis les gradins, fronça les sourcils. Elle ne reconnaissait pas cette facette moqueuse et cruelle de Lee, d'ordinaire si noble dans ses affrontements.
Mais Sasuke ne réagit pas. Son visage resta impassible, aussi froid qu'un masque de marbre. Il rengaina son sabre d'un geste fluide. Il avait pris sa décision. Il se battrait sur le terrain de son adversaire. Sasuke se redressa, ses poings se serrant tandis qu'une chaleur oppressante se mit à émaner de lui. Il ferma les yeux un instant, concentrant son énergie dans chaque fibre de son corps. Peu à peu, la température autour de lui monta, l'air lui-même semblant vibrer sous l'intensité de sa transformation. Ses yeux s'ouvrirent, écarlates, deux pupilles flamboyantes comme des braises. Lee, face à lui, cessa de sourire. Son expression se durcit, conscient du danger imminent. Sans un mot, il rangea ses nunchakus et concentra son énergie dans l'armure cristalline qui recouvrait son corps. Les cristaux, d'un éclat presque surnaturel, se mirent à luire doucement, prêts à encaisser l'assaut. La technique héréditaire du clan Uchiha était redoutée de tous. Le corps de l'utilisateur devenait aussi brûlant que de la lave en fusion, capable de réduire n'importe quelle matière en poussière. Mais cette puissance avait un prix : elle était terriblement énergivore et dangereuse, l'organisme humain n'étant pas conçu pour supporter une telle intensité. Sakura écarquilla les yeux. Elle n'avait jamais vu une telle technique. Une chaleur oppressante, presque irréelle, s'élevait de l'arène, déformant l'air autour de Sasuke comme un mirage. Instinctivement, elle se tourna vers Naruto, cherchant des réponses, mais ce qu'elle lut sur son visage la glaça. Une peur brute, incontrôlée, tordait ses traits.
— Naruto ? souffla-t-elle, inquiète.
Le blond serra les dents, ses poings crispés blanchissant sur ses cuisses.
— Putain… Qu'est-ce qu'il fout ? grogna-t-il d'une voix rauque. Il inspira profondément, comme pour se calmer, avant de lâcher dans un murmure rageur : Il va se tuer…
Sakura resta figée, choquée par la réaction de son ami. Elle se tourna alors vers Hinata, espérant y trouver un semblant de réconfort, mais le visage de la jeune Hyûga était aussi livide que celui de Naruto.
— Hinata, qu'est-ce qu'il se passe ?
La voix de Sakura tremblait légèrement, presque suppliante. Hinata détourna les yeux un instant, cherchant ses mots, avant de murmurer :
— Il utilise la technique interdite des Uchiha… Elle inspira difficilement, sa voix vacillant sous le poids de l'inquiétude. Son corps est devenu aussi létal que de la lave en fusion. Mais si le combat ne se termine pas rapidement, il n'y survivra pas. Ce n'est pas pour rien que cette technique est interdite…
Sakura sentit son cœur se serrer, une vague glaciale d'angoisse lui traversant la poitrine. Elle reporta son attention sur Sasuke, ses yeux cherchant désespérément un signe qui pourrait la rassurer. Mais de là où elle se trouvait, elle pouvait déjà percevoir la chaleur déformant l'air autour de lui, sentir presque le souffle brûlant qui s'en échappait. Lee, en face, ne masquait plus sa nervosité. Son regard suivait le sol, où la pierre commençait à fondre en flaques noirâtres sous les pas de l'Uchiha. Sasuke sourit, satisfait de l'effet qu'il produisait. Puis, sans prévenir, il s'élança, son corps entier irradiant une puissance incontrôlable. Chaque coup porté résonnait comme un marteau sur une enclume. Cette fois, les cristaux de Lee ne tinrent pas. Ils s'effritèrent sous l'impact, éclatant en fragments tranchants. Lee s'acharnait à les reformer, mais son souffle se faisait plus court, son rythme plus hésitant. Il ne tiendrait pas longtemps. Sasuke le savait. Il le sentait. Son corps bouillonnait d'une chaleur insoutenable, ses muscles criant leur douleur, mais il ne ralentissait pas. Ses coups s'enchaînaient, de plus en plus rapides, de plus en plus violents. Il voyait Lee faiblir sous la pression, sa défense vaciller. Puis, soudain, une douleur aiguë traversa sa poitrine, comme une lame invisible. Sasuke se figea un bref instant, le souffle coupé.
— Merde… Il ne me reste que quelques secondes… pensa-t-il, son esprit s'emballant.
Il n'avait plus le choix. Puisant dans les dernières réserves de son énergie, Sasuke concentra sa puissance dans sa paume. Un brasier incandescent se forma, crépitant comme un feu vorace, prêt à dévorer tout sur son passage. Dans un ultime assaut, il attrapa violemment le bras de Lee. Un craquement sinistre résonna dans l'arène. Le cristal explosa sous l'impact, pulvérisé par la chaleur infernale. La peau nue de Lee, exposée, se marqua instantanément de brûlures rouge et noir, un spectacle presque insoutenable. Son hurlement déchira l'air, strident et brutal, couvrant les cris horrifiés du public. Sasuke retira sa main aussitôt, le regard écarquillé. Il savait qu'il venait de franchir une ligne. Il recula de quelques pas, le souffle erratique, sentant son cœur cogner dans sa poitrine comme s'il allait éclater. Ses jambes fléchirent légèrement, et il posa les mains sur ses genoux, à bout de force. La chaleur de son corps retombait, mais la brûlure intérieure persistait. En face, Lee haletait, le bras blessé plaqué contre lui, son visage tordu par la douleur. Pourtant, malgré tout, il releva la tête, et un sourire, cruel et délibéré, étira ses lèvres.
— Impressionnant, Uchiha, mais trop sensible comme toujours… railla-t-il d'une voix rauque.
D'un geste précis, il fit jaillir un cristal de roche autour de sa plaie, calmant temporairement la douleur. Sasuke serra les poings, ses yeux brûlant d'une rage glaciale.
— Putain, pas encore… pesta-t-il entre ses dents.
Mais il était piégé. Lee, impassible, posa la main à terre, et une vague de cristaux jaillit, s'élevant comme des lames sous les pieds de l'Uchiha pour entraver ses mouvements. La colère monta en lui, sourde et écrasante, pareille à une marée noire prête à engloutir tout sur son passage. Prisonnier, désespéré, Sasuke fouilla au plus profond de lui, cherchant à arracher à son corps meurtri un dernier éclat de puissance. Une lueur violette, sombre et menaçante, s'échappa alors de son être, enveloppant son corps d'une aura sinistre. L'éveil de son Child. Ses pupilles flamboyèrent, brûlantes d'une détermination implacable. Mais soudain, son regard croisa celui de Sakura, juste derrière Lee. Ses yeux verts, d'ordinaire si doux, étaient bouleversés. Inquiétude. Appréhension. Déception ?Ces émotions le frappèrent plus profondément qu'une lame. Elles le transpercèrent, brisèrent quelque chose en lui. En face, Lee souriait déjà, sûr de sa victoire. Un sourire de prédateur satisfait, un sourire insupportable. Peu importait l'issue ; il avait gagné. Encore.
Sasuke ferma les yeux. Il inspira profondément, puis relâcha lentement l'air, son souffle chargé de renoncement. La lueur violette s'éteignit, se dissipant comme un mirage.
— J'abandonne… souffla-t-il, sa voix à peine plus qu'un murmure.
Lee se figea, ses yeux s'écarquillant sous le choc.
— Ne me fais pas répéter, gronda Sasuke, la tête baissée, la voix rauque et éteinte, écrasée par le poids de son propre aveu.
L'arène entière semblait suspendue dans le temps. Lee recula, incrédule, avant de se redresser et de s'avancer lentement vers le centre. Il ramassa le mouchoir vert, tombé au sol, et le brandit haut, tel un trophée. Le silence tomba, lourd, suffocant. Dans les gradins, les spectateurs restaient figés, comme pétrifiés par l'impensable. Sasuke Uchiha, l'héritier du clan prestigieux, celui qui ne vivait que pour la victoire, venait de renoncer. Un applaudissement solitaire fendit l'immobilité. Sasuke releva lentement la tête et aperçut Naruto, debout, qui l'acclamait avec un sourire franc, presque fier.
— Crétin… souffla-t-il, las, mais un brin amusé malgré lui.
Puis, comme un barrage qui cède, les cris et les acclamations explosèrent dans l'arène. Le nom de Rock Lee résonna, scandé par une foule en délire. Le hors-lignée venait de vaincre l'héritier des Uchiha. Lee relâcha les cristaux qui emprisonnaient Sasuke. Ses forces l'abandonnèrent d'un coup, et il s'écroula au sol, vidé, le souffle rauque. Sakura et Naruto bondirent dans l'arène, l'inquiétude peinte sur leurs visages. Lee, croyant un instant qu'elle venait le féliciter, se figea lorsqu'elle passa devant lui sans même un regard. Elle se précipita vers Sasuke, le cœur battant à tout rompre.
— Sasuke… l'appela-t-elle doucement, glissant une main sous sa tête pour la relever. Réponds-moi, Sasuke !
Il grogna faiblement, ses paupières mi-closes, comme tiraillé entre l'épuisement et la conscience.
— Tu cries trop fort… murmura-t-il, la voix rauque, à peine audible.
Un soupir de soulagement échappa à Sakura. Elle posa son front contre le sien, ses épaules s'affaissant sous le poids de l'angoisse qui s'évaporait enfin.
— Idiot… souffla-t-elle, un sourire tremblant aux lèvres.
Naruto s'assit à côté d'eux, posant ses mains à plat sur le sol pour calmer ses nerfs.
— Tu nous as foutu la peur de notre vie, crétin. Ne nous refais plus jamais ça, grommela-t-il, la voix chargée d'un mélange de colère et de soulagement.
Sasuke, à bout de force, laissa échapper un faible hmmm. Mais un léger sourire effleura ses lèvres, presque imperceptible. Peut-être n'avait-il pas tout perdu, après tout.
