Après l'épique affrontement des titans, qui avait tenu toutes ses promesses, la vie reprit son cours à Senju Gakuen. Le tournoi Inter-Institut n'aurait lieu que dans un mois, offrant ainsi aux équipes de chaque établissement un temps suffisant pour se préparer aux nouvelles épreuves. La défaite de Sasuke Uchiha, quant à elle, faisait la une du journal du lycée, mais aussi les gros titres des quotidiens de la ville. Un tel événement était d'une rareté absolue, presque inimaginable. La défaite, pour un Uchiha, n'était tout simplement pas envisageable. Certains louèrent l'honneur du jeune homme, qui, plutôt que de triompher par des moyens déloyaux, avait préféré reconnaître sa faiblesse. D'autres, en revanche, s'indignèrent de voir un descendant d'une lignée aussi prestigieuse se faire humilier par un petit arriviste arrogant. Sakura tenait entre ses mains l'article du Tokyo Diplomate, qui qualifiait de risible la faiblesse apparente du jeune homme. Malgré une maîtrise exceptionnelle des techniques héréditaires de son clan, Sasuke avait, selon l'auteur de l'article, fait preuve de compassion à un moment où la rigueur et l'impitoyabilité étaient de mise. Une telle erreur, affirmait-on, aurait coûté la vie à tout agent en mission, ce qui était inacceptable de la part du fils du général. Furieuse, la jeune fille froissa le journal, le balançant dans la corbeille avec une geste empli de dédain. Naruto, qui se trouvait à ses côtés, lui tapota l'épaule d'un air réconfortant.
— Comment peuvent-ils écrire de telles absurdités ?! s'indigna-t-elle. Il est tombé dans le coma après ce combat. Un peu de compassion ne ferait pas de mal à ces imbéciles. Qu'ils aillent eux dans l'arène, s'ils sont si courageux.
Elle marqua une pause, inquiète, avant de poser une question à Naruto.
— Tu es allé le voir?
Sasuke avait été évacué rapidement après le combat. Sakura avait appris qu'il avait été plongé dans le coma pendant deux jours, dans le but de favoriser sa régénération. Depuis hier, il avait pu regagner son domicile, allongé dans un lit médicalisé, enfin sorti de l'obscurité de l'inconscience.
— Je pensais y aller ce soir, si tu veux m'accompagner. Naruto lui lança un grand sourire, sincère et plein d'espoir.
— Oui, bien sûr. Ça me ferait plaisir. La jeune fille lui rendit son sourire, son regard sincère et chaleureux.

Après les cours, Rin la rejoignit au lycée, elle aussi désireuse de rendre visite à Sasuke, un jeune homme auquel elle commençait à s'attacher, bien qu'elle refusait de l'admettre. Naruto, fidèle à son habitude, les conduisit à bord de sa moto, et en un rien de temps, ils se retrouvèrent devant l'imposant domaine des Uchiha. La grandeur du lieu stupéfia la jeune orpheline. Les bâtiments, d'une architecture ancienne, semblaient tout droit sortis d'un autre temps, comme figés dans l'histoire. Le domaine était ceint d'un rempart à peine plus haut que la taille de Sakura, lui interdisant toute vue de ce qui se trouvait de l'autre côté. Les tuiles du muret, d'un bleu nuit profond, s'accordaient parfaitement avec la brique rouge du mur, rappelant inévitablement les couleurs de l'emblème du clan. Cet emblème, en effet, était fièrement affiché au centre de la grande porte en bois, solide et imposante, qui séparait les visiteurs du cœur du domaine.
Naruto, d'un geste familier, poussa la porte, comme il l'avait fait un million de fois auparavant, et lança un coup d'œil complice à Sakura, la tirant ainsi de sa contemplation. L'intérieur du domaine dépassait de loin ses attentes. C'était un véritable village, un havre d'intimité et de tradition. Les rues pavées, d'une propreté presque irréelle, étaient bordées de maisons en bois, toutes dans un style japonais raffiné, chacune plus élégante que la précédente. L'Uzumaki salua plusieurs membres du clan, qui l'accueillirent avec un enthousiasme chaleureux. Il semblait ici chez lui, un sentiment que Sakura ne pouvait s'empêcher de remarquer, un peu envieuse peut-être. Son regard se posa alors sur un grand jardin, traversé par un ruisseau tranquille, dans lequel des carpes nageaient paisiblement, leurs mouvements fluides créant des ondulations dans l'eau claire. À l'autre bout du jardin, un vieux cerisier, encore dénudé à cette époque de l'année, se dressait majestueusement, comme un symbole de la patience et de la beauté qui, au printemps, se révéleraient dans toute leur splendeur.
— La maison de Sasuke est derrière. dit Naruto en désignant du doigt la demeure la plus imposante du quartier. Rien d'étonnant à cela, puisque Sasuke était issu de la branche principale du clan.
Rin, visiblement impressionnée par l'ampleur du lieu, se blottit dans le cou de Sakura, une attitude qui trahissait une timidité palpable, un écho de l'insécurité de la jeune fille. Sakura, elle-même, se sentait étrangère ici, comme une intruse dans cet univers d'apparente perfection. Elle suivit Naruto, qui, avec une aisance déconcertante, ôta ses chaussures sur la coursive avant de les déposer dans une boîte réservée aux invités. Il lui tendit une paire de chaussons d'intérieur et lui offrit un sourire réconfortant. Il semblait avoir détecté son malaise et, d'un geste naturel, l'invita à le suivre. Ils franchirent ensemble la porte d'entrée. À l'intérieur, l'ambiance était d'une sobriété saisissante, mais d'une élégance indéniable. Chaque détail semblait avoir été soigneusement choisi, chaque objet, chaque meuble, avait sa place et son utilité, comme une note dans une partition parfaitement orchestrée. Les matériaux étaient nobles, raffinés, et l'atmosphère, baignée d'une lumière douce et tamisée, incitait à la détente. Les portes coulissantes étaient ornées de tapisseries aux motifs variés : certains tableaux évoquaient des jardins fleuris, d'autres des montagnes enneigées. Naruto s'arrêta devant une porte, d'où s'échappait l'écho d'une télévision allumée. Les oreilles de Rin se redressèrent, et elle reconnut immédiatement la voix du présentateur. Dès que Naruto ouvrit la porte, elle se précipita vers le lit, impatiente de retrouver son émission favorite.
— Qui a gagné? s'empressa-t-elle de demander.
— Haruka. répondit simplement Sasuke, qui, ayant entendu ses amis arriver dans le couloir, se redressa légèrement. Il était assis, adossé contre la tête de son lit, encore affaibli par la bataille.
— Encore une victoire, et il battra le record. Dirent en chœur Sasuke et Rin, se jetant un regard un peu perplexe. Rin sourit, puis, dans un élan de complicité, sauta sur les épaules du brun. Sakura, surprise par cette démonstration d'affection, observa son familier. Il était rare qu'elle agisse ainsi avec quelqu'un d'autre qu'elle. Ce geste montrait que Rin lui avait enfin accordé sa confiance et son affection, et part extrapolation, qu'il en était de même pour la jeune fille. Rin lui lança un clin d'œil, avant de se concentrer à nouveau sur son émission, absorbée par l'écran.
— Bon, Monsieur Uchiha. Naruto adopta soudain une voix grave, saisissant une petite lampe torche laissée négligemment sur la table de chevet. Il ouvrit largement les paupières de son ami, feignant de tester ses réflexes, comme un médecin en pleine consultation.
— Hmmmm. C'est bien ce que je pensais. Vous êtes atteint d'idiotie aiguë, et malheureusement, c'est incurable. Vous allez devoir vivre avec. se moqua Naruto, un sourire malicieux sur les lèvres.
Sasuke, agacé, écarta la main de son ami.
— Crétin... souffla-t-il. Et toi, ça te fait rire ? grimaça-t-il en tournant son regard vers Sakura, qui étouffait un rire derrière sa main.
— Oui... répondit-elle en tirant la langue.
— Je suis entouré de gamins. soupira Sasuke, un sourire discret se dessinant sur ses lèvres.
Sakura s'approcha et s'assit sur le bord du lit, l'air un peu plus sérieux.
— Le médecin t'a dit quand tu pourras retourner au lycée ? demanda-t-elle, le regard plein de sollicitude.
— D'ici deux, trois semaines. répondit Sasuke d'un ton las. Il préfère que je refasse le plein de mes réserves d'énergie avant de reprendre l'entraînement.
Il souffla, visiblement exaspéré par la durée de la convalescence imposée.
— Purée, ça nous laissera pas beaucoup de temps pour préparer le tournoi... réalisa Naruto en fronçant les sourcils.
— Ouais... répondit Sasuke, une pointe de lassitude dans la voix. Mais je suis sûr que Lee se fera un plaisir de mettre en place une stratégie sans moi.
— Arrête, on n'a aucune chance de gagner si tu n'es pas là, crétin. rassura Naruto en lui adressant un sourire large. Sasuke sourit amicalement à son ami. Son regard se dirigea ensuite vers Sakura, plein de douceur.
— Au fait, félicitations pour ta place de remplaçante. Je t'avais dit que tu avais le niveau.
— Merci. répondit-elle en souriant, un peu gênée, le rose aux joues. Elle tendit un sac devant elle. Je t'ai ramené des pommes. Iruka m'a toujours dit qu'une pomme tous les matins éloignait le médecin.
Sasuke la fixa un instant, haussant un sourcil interrogateur.
— Si tu le dis. Il tendit la main pour prendre un fruit, et Sakura se rendit compte qu'elle avait oublié d'apporter un couteau.
— La cuisine est au bout du couloir, premier tiroir sur la gauche. lui indiqua-t-elle.
Elle acquiesça, puis se dirigea vers la cuisine. Dans le couloir, elle s'attarda devant les photographies de famille qui ornaient les murs. Elle observa les enfants Uchiha à différentes étapes de leur vie : Sasuke et Itachi, d'abord enfants, puis adolescents avec leurs artefacts au collège, et enfin, lors de leur intégration dans la Garde, accompagnés de leur Child respectif. En passant devant une pièce dont la porte était entrouverte, son regard fut attiré par une photo exposée dans une vitrine. Intriguée, elle entra lentement et s'immobilisa devant l'image : Hana Seimei et Mikoto Uchiha, le jour de la cérémonie des diplômes de Senju Gakuen.
— Je peux vous aider, Mademoiselle Haruno ? La voix froide et autoritaire du général la fit sursauter. Un frisson parcourut son échine, réalisant qu'elle venait de pénétrer dans son bureau.
— Pardonnez-moi, mon général, je cherchais la cuisine et j'ai été attirée par votre vitrine... pleine de médailles ! improvisa-t-elle, espérant alléger l'atmosphère. J'espère qu'un jour j'arriverai à en obtenir ne serait-ce qu'un quart ! ajouta-t-elle, cherchant à flatter le général.
— Je vous le souhaite. répondit-il, toujours sur le même ton autoritaire. La cuisine est au fond du couloir. Il s'écarta légèrement de la porte pour lui permettre de sortir.
Elle s'inclina, honteuse d'avoir été prise sur le fait, et s'éclipsa rapidement. Le général resta un instant devant la vitrine, ses yeux se plissant en observant la photo que Sakura venait d'admirer. Un détail ne lui échappa pas : la ressemblance frappante entre la meilleure amie de sa femme, Hana Seimei, et la jeune Haruno.

Quelques minutes plus tôt dans la chambre de Sasuke

Le brun fixait la porte par laquelle Sakura venait de disparaître, son regard sombre chargé de pensées indéchiffrables. L'interruption vint de Naruto, dont la curiosité naturelle ne pouvait attendre.
— Et ton père, il a dit quoi ? demanda-t-il, tout en observant Rin qui s'approchait de l'écran de télévision, jouant avec la télécommande pour en augmenter le volume.
Un soupir, long et lourd, s'échappa des lèvres de Sasuke.
— Que ma mère m'aurait enfermé dans le domaine jusqu'à mes trente ans, rien que pour avoir envisagé d'utiliser cette technique, répondit-il d'une voix basse, empreinte d'une amertume contenue.
Naruto, visiblement irrité, laissa échapper une exclamation de colère, bien plus dictée par la peur que par une réelle indignation.
— Mais qu'est-ce qui t'a pris, bordel ? Ton cousin en est mort, le frère de ton père aussi ! Qu'est-ce qu'il te faut de plus ? J'ai cru que t'allais y rester, merde ! s'écria-t-il, sa voix grimpant d'un cran.
Un silence pesant s'installa, seulement troublé par la respiration saccadée de Sasuke, qui finit par murmurer, presque pour lui-même :
— Je voulais gagner… dans les règles. Sa voix n'était qu'un souffle, mais elle vibrait d'une détermination douloureuse. C'était la seule solution que j'ai trouvée pour passer son armure. Et même ça, ça n'a pas suffi, ajouta-t-il, ses poings se crispant sous le poids de sa frustration.
Naruto secoua la tête, encore sous le choc.
— Ça n'a pas suffi parce que tu n'es pas allé au bout, rétorqua-t-il avec lassitude. Si tu ne l'avais pas lâché, il serait en soins intensifs à l'heure qu'il est et toi, alité, mais chef d'équipe.
Le silence retomba, cette fois plus lourd, presque oppressant. Puis, d'une voix à peine audible, Sasuke murmura :
— Elle ne me l'aurait pas pardonné…
Naruto écarquilla les yeux, déconcerté par cette confession inattendue. Il resta un instant figé, avant qu'un sourire, teinté d'une ironie légère, ne se dessine sur ses lèvres.
— Merde, t'es encore plus atteint que je pensais… souffla-t-il en riant doucement, une lueur moqueuse dans le regard.
La porte s'ouvrit soudain, interrompant leur échange. Sakura entra dans la pièce, un sourire un peu gêné, tenant un couteau à la main. Rin, qui commençait à montrer des signes d'impatience, ne perdit pas une seconde.
— Il t'en a fallu du temps ! l'interpella-t-elle, sautillant sur place.
— Elles ne sont pas pour toi, répliqua Sakura, sévère. Rin, vexée, tira la langue avant de bondir sur les épaules de Sasuke.
— Tu ne vas pas tout manger, pas vrai ? demanda-t-elle, ses yeux brillants d'une innocence feinte.
— Rin ! gronda la jeune femme, mortifiée par l'audace de son familier.
Sasuke, amusé, laissa échapper un rire sincère.
— Je serais ravi d'en partager une avec toi.
— Ha ! Voilà un humain aimable, salua Rin, lançant un regard noir à sa partenaire, qui soupira d'exaspération. Sakura, visiblement résignée, s'assit sur le lit. Elle entreprit d'éplucher lentement un fruit, le découpant avec soin en quartiers qu'elle répartit équitablement entre Sasuke et Rin. L'Uchiha, quant à lui, ne pouvait détacher son regard de la jeune femme. Ses yeux glissèrent des mains délicates qui s'affairaient à sa tâche jusqu'à ses iris concentrées. Pris sur le fait, il détourna rapidement le regard lorsque Sakura, consciente de son observation, tenta de changer de sujet.
— Naruto, tu comptes l'inviter quand, Hinata ? demanda-t-elle, feignant la nonchalance, tout en continuant son travail.
Le stratagème fonctionna. Sasuke reporta son attention sur son ami, qui rougit instantanément.
— Quoi ?! Mais jamais elle n'acceptera de sortir avec un imbécile comme moi… marmonna Naruto, visiblement mal à l'aise.
Sasuke roula des yeux, exaspéré.
— Elle n'attend que ça depuis la crèche. Tu pourrais l'inviter à dîner au Kombini qu'elle dirait oui sans hésiter.
— Tu crois ? demanda Naruto, l'espoir perçant dans sa voix.
— J'espère que tu n'envisages pas une seconde cette possibilité ! s'énerva Sakura, fusillant le blond du regard.
Naruto se gratta la tête, gêné.
— Ha-ha-ha, évidemment que non… ?
Le soupir unanime de ses coéquipiers fut sa réponse. Sasuke tapota le lit, invitant Naruto à s'asseoir. L'Uzumaki, plein d'espoir, se plaça près de lui, prêt à recevoir des conseils. Mais le brun, les bras croisés, resta silencieux.
— Alors ? Je l'invite où ? Comment ? s'impatienta Naruto.
Sasuke soupira profondément.
— J'en sais rien. Je n'ai jamais eu à me poser ce genre de question.
— Quoi ?! Mais t'es un vrai bourreau des c…hmpf… Sasuke lui plaqua une main sur la bouche, l'empêchant de déballer des souvenirs gênants devant Sakura.
— Je n'ai jamais eu à faire d'efforts, admit-il à contrecœur. En général, c'est la fille qui m'invite…
Sakura poussa un soupir d'exaspération, déposant avec soin le couteau et la pomme qu'elle tenait. Ses yeux verts, perçants, se posèrent sur ses coéquipiers.
— Avant de commencer, je vais te poser une question, Naruto: est-ce que tu tiens à elle? demanda-t-elle d'un ton sérieux, presque solennel.
Naruto se tortilla légèrement, pris au dépourvu.
— Euh… oui, je crois? hésita-t-il, visiblement peu convaincu par ses propres mots.
Sakura haussa un sourcil, son regard devenant plus incisif.
— Tu crois ? Dans ce cas-là, tu ne la mérites pas, conclut-elle froidement avant de se reconcentrer sur l'épluchage méthodique de son fruit.
— J'en suis sûr ! rectifia-t-il avec une détermination soudaine, se penchant en avant comme pour mieux capter l'attention de sa coéquipière.
Sakura ne releva pas immédiatement la tête, mais sa voix, calme et mesurée, fendit l'air :
— Qu'est-ce que tu aimes chez elle ?
Naruto fronça les sourcils, réfléchissant intensément.
— J'aime… j'aime quand elle lève la main en classe et commence à bégayer quand le professeur lui donne la parole, alors qu'elle l'a demandée. J'aime quand son regard devient dur, presque implacable, quand elle se met en garde sur le ring. J'aime la concentration qui illumine son visage quand son esprit est plongé dans l'écran de son ordinateur… J'aime tout ça, quoi.
Il termina avec un grand sourire gêné, se grattant l'arrière de la tête. Sakura et Sasuke le regardaient, bouche bée, éberlués par la sincérité inattendue de sa déclaration. D'un mouvement brusque, Sakura se jeta à genoux sur le lit, écrasant sans ménagement les jambes de l'Uchiha, qui grimaça sous le choc.
— Je suis tellement contente ! Tu l'aimes vraiment, alors ?! s'exclama-t-elle, les yeux brillants d'une émotion débordante.
Naruto, figé, écarquilla les yeux sous le poids de cette réalisation. Ses joues prirent une teinte écarlate, et son expression s'adoucit.
— Oui, admit-il simplement, presque dans un souffle.
— Ok ! Alors je vais te dire tout ce que je sais, déclara Sakura avec une détermination flamboyante, s'asseyant en tailleur sur le lit. Prends des notes !
Naruto hocha frénétiquement la tête, tout ouïe.
— Hinata est, comme moi, une grande romantique. Elle rêve d'une histoire d'amour digne d'un conte de fées. Il va donc falloir sortir le grand jeu.
— J'écoute ! approuva le blond, le regard brillant d'anticipation.
— Petit un, tu l'invites dans un restaurant qui propose son plat préféré. Tu connais son plat préféré ? le testa-t-elle.
Naruto plissa les yeux, cherchant dans ses souvenirs.
— Hmmm… à midi, elle prend souvent des okonomiyakis…
Sakura hocha la tête, visiblement satisfaite.
— Très bien, Naruto. Donc, tu l'invites au meilleur restaurant d'okonomiyaki de la ville. Petit deux : tu passes la chercher chez elle.
— En moto ? tenta-t-il, les yeux pétillants d'excitation.
Sakura fronça légèrement les sourcils, réfléchissant à voix haute.
— Hmmm… Bonne question. La voiture serait plus pratique, car tout le monde n'est pas à l'aise sur ce genre de véhicule. Mais en même temps, c'est une excellente occasion de créer un premier contact.
Elle marqua une pause, puis acquiesça comme pour elle-même.
— La moto, conclut-elle finalement.
Naruto hocha la tête avec enthousiasme, prêt à suivre ses directives à la lettre.
— Petit trois : tu t'habilles classe ! Pas de t-shirt, pas de short, pas de pantalon troué. Tu lui fais honneur.
— Cravate ? hasarda-t-il.
— N'abusons pas non plus, répondit Sakura en levant les yeux au ciel. Une belle chemise fera l'affaire.
— Petit quatre : quand tu vas la chercher chez elle, tu lui offres sa fleur préférée, ajouta-t-elle avec un sourire énigmatique.
— Qui est ?
— Ok, celle-là était difficile. La fleur de lotus.
— Fleur de lotus… fleur de lotus… murmura Naruto, comme pour s'en imprégner. Et après ?
— Tu l'emmènes au restaurant et vous profitez du repas, répondit Sakura simplement, comme si tout était déjà joué.
— Et ? Je fais quoi après ? demanda-t-il, l'air un peu perdu.
— Après, tu la laisses décider, voyons. Faut tout vous dire, c'est dingue ! s'exaspéra-t-elle en secouant la tête.
— Décider de quoi ?! s'impatienta Naruto.
— Décider si elle accepte que tu la courtises ou non, crétin, intervint Sasuke d'un ton placide.
— Ohhh… Et je le saurai comment ?
Sakura, un sourire malicieux sur les lèvres, lui adressa un clin d'œil.
— Je te laisse la surprise, conclut-elle, tandis que Sasuke, amusé, observait la scène avec un léger sourire en coin.

Quelques jours plus tard, le moment était enfin venu de mettre leur plan à exécution. Tout était en place. Ce jour-là, Naruto, fidèle à ses habitudes, prenait le thé avec sa marraine, la directrice. Sakura avait discrètement orchestré les événements, convainquant Hinata de l'accompagner à la bibliothèque sous prétexte de réviser. Le timing était parfait : un message d'Ino venait de lui confirmer que Naruto quittait le bâtiment administratif. Sakura, feignant l'urgence, pressa la jeune Hyûga de sortir précipitamment.
— Dépêche-toi, Hinata, l'Aérotram passe bientôt, et on va le rater !
La brunette, troublée par l'empressement de son amie, s'élança à sa suite, tentant de la rattraper. Mais Sakura avait déjà disparu, s'éclipsant habilement au détour d'un chemin. Et ce qui devait arriver arriva : Hinata, concentrée sur sa course, percuta de plein fouet le jeune Uzumaki.
— Na… Na… Naruto ! s'écria-t-elle, reculant d'un pas, les joues en feu. Excuse-moi, je ne regardais pas où j'allais. Je suivais Sakura et…
Elle tourna la tête, cherchant désespérément son amie, mais celle-ci semblait s'être évaporée. Naruto, visiblement aussi embarrassé qu'elle, se passa une main nerveuse dans les cheveux.
— Il n'y a pas de mal, Hinata, balbutia-t-il, tentant de paraître détendu. Je… je…
Il toussota légèrement, cherchant ses mots.
— En fait, je voulais te parler, de toute façon.
Hinata, surprise, leva timidement les yeux vers lui.
— Oh… euh… en quoi puis-je t'aider, Naruto ? demanda-t-elle avec un sourire doux, bien que sa voix tremblât légèrement.
Non loin de là, dissimulées derrière une statue imposante, Sakura et Ino observaient la scène avec une intensité presque comique.
— Faites qu'il ne gâche pas tout, murmura Sakura, les mains jointes dans une prière silencieuse.
Naruto prit une profonde inspiration, comme s'il s'apprêtait à plonger dans l'eau glacée.
— Est-ce que… est-ce que ça te dirait de dîner avec moi un soir ? lâcha-t-il finalement, détournant les yeux pour échapper à son propre embarras.
Hinata resta figée un instant, ses lèvres entrouvertes sous le coup de la surprise. Puis, lentement, un rouge éclatant monta à ses joues.
— J'aimerais beaucoup, répondit-elle enfin, sa voix à peine plus forte qu'un souffle.
Derrière la statue, les deux conspiratrices échangèrent un regard triomphant avant de se taper dans les mains, ravies de voir leur plan se dérouler sans accroc.

— Et alors ? Elle a dit quoi ?! demanda Sasuke, l'impatience perçant dans sa voix. Il se pencha légèrement en avant, espérant arracher une réponse.
— Termine d'abord ton exercice, répliqua Sakura d'un ton ferme. Elle était venue l'aider à avancer dans ses devoirs, mais la concentration de l'Uchiha semblait ailleurs.
— Elle a dit oui ? insista-t-il, les sourcils légèrement froncés. Puis, dans un souffle presque suppliant : S'il te plaît, dis-moi qu'elle a dit oui.
La rose ferma les yeux un instant, prenant sur elle pour ne pas céder à son insistance.
— Elle a dit non ?! s'exclama-t-il soudain, une lueur de panique dans le regard. Il va jamais s'en remettre. Ça va me prendre des semaines à lui faire oublier l'humiliation… ajouta-t-il, abattu, en passant une main dans ses cheveux. Sakura soupira, visiblement excédée.
— Évidemment qu'elle a dit oui… Finis ton exercice, trancha-t-elle en croisant les bras. Puis, avec une pointe d'agacement : Comment t'as fait pour être major de promo en étant aussi nul en maths, ça me dépasse !
— "Nul", c'est un bien grand mot, se défendit-il, vexé.
Elle arqua un sourcil, incrédule.
— Ça fait une heure qu'on est sur la même page…
Sasuke esquissa un sourire intérieur. Cela faisait bien une heure qu'il avait résolu les exercices. Mais il cherchait une excuse, n'importe laquelle, pour la faire rester un peu plus longtemps. Quitte à ce qu'elle le prenne pour un idiot.
— Shikamaru s'est endormi pendant l'examen, et j'ai eu de la chance avec le sujet ce jour-là, c'est tout, admit-il finalement, haussant les épaules. Ce n'était pas tout à fait un mensonge. Shikamaru s'était vraiment assoupi après avoir résolu à peine la moitié des problèmes, laissant à Sasuke la voie libre pour décrocher la première place. Tu peux me réexpliquer l'exercice 2 ? J'ai vraiment du mal avec celui-là, demanda-t-il, feignant une confusion sincère tout en se grattant la tête avec son stylo. Sakura, visiblement au bord de la patience, attrapa le manuel et reprit son explication, cette fois avec une pointe d'agacement dans la voix. Mais, comme les deux premières fois, Sasuke n'écoutait pas un mot. Ses yeux étaient rivés sur elle, sur le mouvement de ses lèvres rosées, et il se surprit à se demander quel goût elles pouvaient bien avoir.
— Sasuke ! Tu te concentres, oui ?! le gronda-t-elle brusquement, le tirant de ses pensées. Qu'est-ce que je viens de dire ?
— J'en ai aucune idée, avoua-t-il sans détour, un sourire en coin.
Elle souffla longuement, visiblement à bout de nerfs.
— Je vais rentrer. Tu n'es pas dans ton état normal, déclara-t-elle en fermant sèchement le manuel avant de se lever.
Elle attrapa son manteau et l'enfila rapidement, prête à quitter la pièce.
— Sakura, attends… souffla-t-il, la voix empreinte d'un mélange de regret et de nervosité. Il passa une main dans ses cheveux, geste trahissant son malaise. Je suis désolé. C'est juste que…
— Que… ? l'interrompit-elle, impatiente, les bras croisés.
— Que je m'ennuie dans ce lit toute la journée, finit-il par avouer, le regard fuyant. Tu es ma seule distraction.
Il avait l'air sincère, mais Sakura, déjà à bout, plissa les yeux, méfiante.
— J'en étais sûre! l'accusa-t-elle, une lueur d'exaspération dans le regard. Tu m'as mené en bateau toute la soirée, pas vrai ?
Elle fronça les sourcils, et malgré sa colère évidente, il ne put s'empêcher de la trouver adorable ainsi.
— Coupable, admit-il avec un sourire amusé, levant les mains comme pour se rendre.
Elle soupira, lasse, mais la tension dans ses épaules s'adoucit. Elle s'approcha lentement, et avant qu'il ne puisse réagir, elle déposa un baiser léger sur ses cheveux sombres.
— Repose-toi, Sasuke. Je repasserai en fin de semaine, murmura-t-elle, sa voix empreinte d'une douceur qu'elle semblait vouloir dissimuler. Puis, sans attendre de réponse, elle se dirigea vers la porte.
— Tu me raconteras ? lança-t-il, une pointe d'espoir dans la voix.
— Évidemment ! lui répondit-elle, déjà hors de vue.
Il resta immobile un moment, les yeux fixés sur le plafond, un sourire léger étirant ses lèvres. Son esprit vagabondait, et sans qu'il s'en rende compte, il se surprit à se demander quelle pouvait bien être sa fleur préférée.

Le grand soir était enfin arrivé. Ino et Sakura, dissimulées dans un coin stratégique du meilleur restaurant d'okonomiyaki de la ville, scrutaient la salle avec une attention presque professionnelle.
— Vingt heures… murmura Ino, les yeux rivés sur l'entrée.
— Ils ne devraient pas tarder, répondit Sakura, ajustant sa position pour mieux voir. Puis, soudain, elle se figea. Ah ! Les voilà, souffla-t-elle en se cachant précipitamment derrière un menu.
Un sourire satisfait éclaira son visage. Naruto avait fait honneur à ses conseils. Élégant dans une chemise noire parfaitement ajustée et un pantalon assorti, il dégageait une simplicité raffinée qui tranchait avec son style habituel. Hinata, quant à elle, était radieuse. Sa robe bleu pastel sublimait son teint délicatement rosé, et sa coiffure, une queue de cheval haute agrémentée de deux mèches encadrant son visage, lui donnait une allure à la fois douce et sophistiquée. Les perles blanches qui ornaient ses oreilles ajoutaient une touche finale d'élégance. Dans sa main, elle tenait une fleur de lotus, symbole discret mais évocateur, soigneusement sélectionnée par Ino pour le jeune Uzumaki.
— Ils sont adorables… s'extasia Ino, incapable de contenir son excitation.
Les deux jeunes femmes observaient la scène avec la ferveur de spectatrices devant un film romantique. Sakura, bien que concentrée, ne put s'empêcher d'être impressionnée. Naruto semblait avoir intégré chaque conseil à la perfection. Il avait aidé Hinata à retirer son manteau avec une attention presque cérémonieuse, tiré sa chaise avec délicatesse, et s'était empressé de remplir son verre d'eau avant même qu'elle n'ait eu à le demander.
— Tu lui as bien enseigné, Sakura, murmura Ino, admirative.
— Je suis tellement fière de lui, répondit la rose, les yeux brillants d'émotion.
Le repas se déroulait sans la moindre fausse note. Si les premières minutes furent teintées d'une timidité palpable, Naruto, fidèle à lui-même, finit par détendre l'atmosphère avec son humour. Le rire cristallin d'Hinata, résonnant doucement à travers la salle, sembla l'encourager davantage. Peu à peu, leur complicité éclot, et ils plongèrent dans une conversation animée, échangeant anecdotes et confidences comme s'ils avaient attendu ce moment depuis toujours. Les heures défilèrent, et le serveur finit par s'approcher pour leur annoncer la fermeture imminente du restaurant. Naruto, fidèle à sa promesse de gentleman, se proposa alors de raccompagner Hinata chez elle. Elle accepta avec un sourire timide, ses joues teintées d'un rouge charmant.
De leur côté, Sakura et Ino, refusant de manquer la fin de ce conte moderne, se précipitèrent hors du restaurant. Elles filèrent à travers les rues, bien décidées à atteindre le domaine Hyuuga avant le couple, prêtes à assister au bouquet final de cette soirée parfaite.

Le lendemain, fidèle à sa promesse, Sakura relata avec enthousiasme les détails du premier rendez-vous de Naruto à Sasuke. Installée confortablement face à lui sur le lit de ce dernier, ils dégustaient des glaces tandis qu'elle décrivait chaque moment avec une minutie passionnée.
— Il a été parfait ! s'exclama-t-elle, visiblement ravie. Quand ils sont sortis du restaurant, il lui a remis son manteau, caressant légèrement son bras avec sa main. Tellement romantique !
Sasuke, amusé, prit une cuillère dans son pot.
— Et après ? demanda-t-il, feignant une curiosité distraite.
— Après, ils sont retournés à sa moto, et il l'a aidée à mettre son casque. Bon, là, j'ai perdu les détails parce qu'on devait se dépêcher si on voulait arriver avant eux chez les Hyuuga. Elle rit doucement. Ino a même promis au chauffeur de taxi de lui rembourser l'amende s'il était flashé pour excès de vitesse.
Sasuke profita de son moment d'inattention pour lui subtiliser une cuillerée de glace.
— Hey ! protesta Sakura, reculant son pot hors de sa portée. Finis d'abord la tienne !
— Ce n'est pas le même parfum, se défendit-il en toute mauvaise foi. Le tien a l'air meilleur.
— Je te signale que je t'ai laissé choisir, lui rappela-t-elle, exaspérée.
Devant sa moue faussement déçue, elle céda finalement et échangea leur pot, provoquant un sourire satisfait chez l'Uchiha.
— Et après ? relança-t-il, savourant sa victoire culinaire.
— Oh, là, c'est la meilleure partie ! s'enthousiasma Sakura, retrouvant son élan. Ils sont arrivés quelques minutes après nous. Elle avait ses bras bien serrés autour de sa taille, comme dans les films, tu vois ?
Sasuke hocha la tête, jouant le jeu.
— Il est descendu de la moto en premier, puis lui a tendu la main pour l'aider. Ensuite, il lui a retiré son casque avec douceur avant d'enlever le sien. Et là, il a fait LE geste : il s'est ébouriffé les cheveux.
— Non ! réagit Sasuke, un sourire moqueur sur les lèvres.
— Arrête de te moquer ! protesta Sakura, piquée. Je te jure que ça lui a fait de l'effet. Elle est devenue rouge écarlate, c'était adorable !
— Hinata ? Rouge écarlate ? Quelle surprise, ironisa-t-il, avant de recevoir un regard noir de sa coéquipière.
Elle tira la langue, vexée, et croisa les bras.
— Allez, raconte-moi la suite, implora-t-il, un brin amusé.
— Non.
— Je suis désolé. Je ne me moquerai plus, promis.
Sakura, après un court moment de bouderie, céda enfin.
— Donc, Hinata était toute émoustillée, tu vois ? Il l'a raccompagnée jusqu'à l'entrée du domaine Hyuuga, sa main posée légèrement sur sa taille. Pas trop insistante, juste assez pour qu'elle sente sa présence.
— Hm, hm, acquiesça Sasuke, captivé malgré lui.
— Elle s'est retournée vers lui, toute gênée, et là, elle a sorti sa technique secrète. Elle a délicatement glissé une mèche derrière son oreille. Trop mignonne, souffla Sakura, les yeux pétillants.
— Et ensuite ?
— Ensuite, il lui a dit : "J'ai passé une super soirée." Il était tout gêné, notre Naruto, ajouta-t-elle, amusée.
Sasuke esquissa un sourire.
— Et ensuite ?
— Ensuite, il s'est penché et lui a déposé un baiser sur les cheveux.
Sakura posa ses mains sur ses joues, retenant un cri d'excitation.
— Et ensuite ? insista Sasuke, visiblement investi.
— Ensuite, il a fait demi-tour pour partir, la laissant complètement sous le choc.
— Et ensuite ?! s'impatienta-t-il, espérant un dénouement à la hauteur de l'histoire.
Sakura, triomphante, lâcha enfin :
— Et ensuite, elle l'a rattrapé et l'a embrassé à pleine bouche !
— Hinata ? Sasuke haussa un sourcil, incrédule. On parle bien de Hinata Hyuuga, celle qui bégaie à chaque fois qu'elle me parle ?
— Oui, oui, cette Hinata-là, confirma Sakura avec un sourire.
— Elle a embrassé Naruto? À pleine bouche? répéta-t-il, comme pour s'en convaincre.
— Exactement.
Sasuke se laissa retomber contre l'oreiller, un sourire amusé aux lèvres.
— Quel veinard, souffla-t-il en finissant sa glace.
— Il a suivi tout le plan à la lettre. Si je ne deviens pas la marraine de leur premier enfant, je le vivrai comme une trahison, déclara Sakura avec une détermination qui fit sourire Sasuke.
— À ce point ? ironisa-t-il, amusé.
Elle rit doucement, un éclat cristallin qui réchauffa l'atmosphère.
— Ils étaient tellement beaux tous les deux... murmura-t-elle, le regard perdu dans ses souvenirs. Ça se voit qu'ils sont faits l'un pour l'autre. Ils se complètent à merveille. Elle lui apporte la sérénité dont il a besoin, et lui, l'extravagance qu'elle n'ose pas exprimer.
Elle se pencha en arrière, se reposant sur ses mains, un sourire rêveur flottant sur ses lèvres.
— J'espère que je pourrai vivre ça un jour, moi aussi, ajouta-t-elle dans un souffle, presque pour elle-même.
Sasuke leva légèrement le regard, intrigué par cette confession.
— Quoi ? demanda-t-il, feignant l'indifférence. Un rendez-vous ?
Elle tourna la tête vers lui, ses yeux brillant d'un éclat malicieux, et répondit avec un sourire radieux :
— Le grand amour !
Ses mots, simples mais emplis d'une sincérité désarmante, firent rougir Sasuke. Surpris par sa propre réaction, il se détourna, espérant dissimuler l'effet qu'elle avait sur lui. La porte s'ouvrit brusquement dans un fracas assourdissant, faisant sursauter Sakura. Elle faillit renverser le pot de glace qu'elle tenait encore à la main. Sasuke, quant à lui, plissa les yeux, une lueur de lassitude teintant son regard sombre. Il n'avait pas besoin de voir pour savoir qui venait d'entrer.
— SA-SU-KE ! s'écria une voix grave et vibrante d'émotion.
Avant qu'il ne puisse réagir, Itachi se précipita sur lui, l'enserrant dans une étreinte si brutale que Sasuke resta figé, stoïque, comme s'il n'était qu'un rocher sous les vagues.
— Père m'a tout raconté. Tu vas bien ? demanda l'aîné, son ton oscillant entre inquiétude sincère et une irritation mal contenue.
— Oui… répondit Sasuke dans un souffle las, visiblement déjà exaspéré par la scène.
— Super, lâcha Itachi avec un sourire glacial qui fit frissonner Sakura.
D'un mouvement fluide, il relâcha son frère avant de lui passer un bras autour du cou, l'immobilisant dans une clé d'une précision implacable. Sasuke grimaça, ses doigts cherchant en vain à desserrer la prise qui comprimait sa gorge.
— On avait dit quoi sur cette technique ? siffla Itachi, sa colère à peine voilée derrière son sourire effrayant.
— À utiliser en dernier recours… parvint à articuler Sasuke, luttant pour trouver son souffle.
Sakura, toujours figée sur place, observait la scène, encore sous le choc de l'entrée théâtrale et impitoyable de l'aîné Uchiha.
— Et c'était ton dernier recours ? poursuivit Itachi, son ton glacial contrastant avec la pression implacable de son bras.
— Oui… souffla Sasuke, sa voix rauque.
— Tu avais invoqué Aoda alors ? insista Itachi, ses yeux noirs brillant d'une lueur inquisitrice.
Sasuke détourna légèrement le regard, signe évident de culpabilité.
— Itachi… lâche-moi… supplia-t-il, à bout de souffle.
— Réponds à ma question, rétorqua l'aîné, inflexible.
— Non, finit par avouer Sasuke dans un murmure.
— Abruti, grogna Itachi, relâchant enfin sa prise. Il ponctua sa réprimande d'une tape sèche à l'arrière de la tête de son cadet.
Sasuke se redressa, frottant sa nuque endolorie, tandis qu'Itachi le fixait avec un regard perçant, une autorité impitoyable dans chaque ligne de son visage.
— Je te l'ai déjà dit, Sasuke, reprit Itachi, son ton plus posé mais non moins tranchant. L'histoire ne se souvient que des gagnants. Peu importe les moyens, seule la victoire compte.
Sakura fronça les sourcils, piquée par les paroles du colonel. Une étincelle de défi alluma son regard.
— Et l'honneur dans tout ça ? lança-t-elle, sa voix claire brisant le silence tendu.
Itachi tourna lentement la tête vers elle, comme s'il remarquait sa présence pour la première fois. Un sourire narquois étira ses lèvres.
— Tiens, la free-fighter, dit-il, moqueur. Puis, avec une ironie cinglante, il ajouta : L'honneur, tu dis ? Quel honneur y a-t-il à enterrer son petit frère ?
Le silence qui suivit était lourd, presque suffocant. Les mots d'Itachi tombèrent comme une lame. Sakura et Sasuke le fixaient, incrédules, leurs visages figés par le choc.
— Parce que c'est de ça qu'on parle, Sasuke, reprit Itachi, son ton plus dur, presque cassant. Dix secondes de plus, et tu y restais.
Il marqua une pause, ses yeux sombres brûlant d'une intensité rare.
— Tu sais la peur que j'ai ressentie quand Père m'a appelé ? continua-t-il, sa voix s'élevant légèrement, trahissant une colère qu'il contenait à peine. J'étais posté à des milliers de kilomètres, et il m'annonce que mon petit frère a frôlé la mort. Tout ça pour quoi ? Pour l'honneur ? J't'en ficherais de l'honneur.
Itachi fit un pas en avant, son aura imposante emplissant la pièce. Pour la première fois, il laissait entrevoir la profondeur de son inquiétude, dissimulée derrière son masque d'assurance glaciale.
— Vous croyez que ces tournois sont là pour quoi ? Pour enthousiasmer la galerie ? cracha-t-il, sa voix chargée d'un mépris cinglant. Ils sont là pour vous préparer au terrain. À la vraie vie. Tu es lié à un Child? Sers-t'en. Ton adversaire n'en a pas? Tant pis pour lui.
Le ton d'Itachi était tranchant, implacable, comme une sentence. Sakura serra la mâchoire, ses yeux lançant des éclairs face à la philosophie implacable d'Itachi. Il s'avança vers elle, un sourire presque carnassier aux lèvres.
— Ne me parle pas d'honneur, Haruno. Si je ne m'abuse, ce n'est pas l'honneur qui paye dans l'Underground, lâcha-t-il, sa voix glaciale frappant comme un coup de fouet.
Sakura sentit son cœur se serrer. Elle détourna le regard, incapable de répondre. Il avait raison, et elle le savait. Elle n'était pas la mieux placée pour parler d'honneur.
— Itachi, intervint Sasuke, son ton agacé coupant l'air comme une lame.
Le colonel recula légèrement, levant les mains en signe de reddition, mais un sourire en coin continuait d'étirer ses lèvres, comme un prédateur qui savourait sa victoire. Sakura inspira profondément, rassemblant son calme. Puis, d'un geste maîtrisé, elle se leva et s'inclina légèrement devant les deux frères.
— Je vais y aller. Bonne soirée, dit-elle, sa voix étrangement calme malgré la tempête qui grondait en elle.
— Sakura, attends, tenta Sasuke, mais elle était déjà dans le couloir, ses pas résonnant dans le silence.
Il se tourna vers son frère, son regard noir d'une colère contenue.
— Quoi ? J'ai gâché ton coup ? se moqua Itachi, croisant les bras, amusé par la réaction de son cadet.
Le silence de Sasuke, lourd et accusateur, suffit à lui donner sa réponse. Les yeux d'Itachi s'élargirent légèrement, une étincelle de compréhension traversant son regard.
— Oh… Je vois. C'est à cause d'elle, pas vrai ? lança-t-il, un mélange de surprise et de malice dans la voix.
— Quoi ? grogna Sasuke, exaspéré, ses poings se serrant de frustration.
Itachi continua, implacable :
— Que tu n'as pas utilisé Aoda. Tu n'avais eu aucun scrupule l'année dernière. Tout était pareil pourtant. Père n'a pas compris pourquoi tu as fait un choix aussi… chaotique.
Le cadet grinça des dents, ses mâchoires crispées par la tension.
— Ça n'a rien à voir, finit-il par lâcher, sa voix tremblante de colère. Il détourna les yeux, cherchant ses mots, avant d'ajouter, plus bas : Je… Je ne pouvais pas supporter une année de plus à croiser son regard condescendant.
Itachi haussa un sourcil, peu convaincu.
— Et maintenant, tu vas devoir suivre ses ordres au tournoi… Super stratégie, ironisa-t-il, son ton oscillant entre sarcasme et reproche.
Avant que Sasuke ne puisse répondre, Itachi s'approcha et, dans un geste aussi inattendu qu'intime, lui donna une légère pichenette sur le front.
— T'as toujours été un idiot, petit frère, murmura-t-il, son sourire adoucissant ses paroles.
Puis, sans un mot de plus, il quitta la pièce, laissant Sasuke seul avec sa rage et ses pensées.

Trois semaines s'étaient écoulées, et Sasuke avait enfin obtenu le feu vert pour retourner au lycée et reprendre l'entraînement en vue du tournoi. Pourtant, à sa grande surprise, une pointe de déception l'accompagnait. Depuis l'altercation avec Itachi, il avait craint que Sakura ne revienne plus. Mais, contre toute attente, elle était revenue. Presque chaque soir. Parfois seule, parfois accompagnée de Naruto, et même, à l'occasion, de Rin. Ces moments avaient marqué une parenthèse inattendue dans sa vie. Une parenthèse de simplicité, d'insouciance. Loin des responsabilités, loin des attentes écrasantes, il avait pu, pour la première fois depuis des années, se contenter d'être lui-même. Et il était heureux. Heureux d'une manière qu'il n'avait pas connue depuis longtemps. Sakura semblait s'être donné pour mission de le remettre sur pied le plus rapidement possible, sans doute hantée par l'idée de devoir le remplacer au tournoi si sa convalescence s'éternisait. Ils avaient donc instauré une routine. D'abord de simples promenades dans le domaine Uchiha, rythmées par leurs conversations et leurs silences complices. Puis, à mesure que ses forces revenaient, ces balades s'étaient transformées en courses légères, ponctuées de défis et de rires étouffés. Il lui avait fait découvrir chaque recoin du quartier Uchiha, qu'il connaissait comme sa poche. Les lieux de son enfance, ses refuges secrets, les endroits où il allait pour réfléchir ou fuir. Un après-midi, il l'avait même emmenée au petit sanctuaire où reposait sa mère. Il ne savait pas pourquoi il avait ressenti le besoin de la lui présenter, mais il l'avait fait, presque naturellement. Malgré tout ce temps passé ensemble, Sakura restait un mystère pour lui. Il avait appris à lire en elle des choses qu'elle ne disait pas, des émotions qu'elle cachait derrière ses sourires. Il avait compris qu'elle lui faisait désormais pleinement confiance, un fait confirmé par l'attitude plus détendue de Rin à son égard. Mais ses sentiments ? Ceux qu'elle nourrissait peut-être à son égard ? Là, il était dans le flou et il n'osait pas poser la question. La peur de l'échec, de l'humiliation, était encore trop vive. Il avait déjà perdu une fois. Une défaite cuisante qui avait laissé des cicatrices profondes. Et il ne risquerait pas une seconde défaite. Pas si rapidement.

Sasuke se prépara à reprendre le chemin du lycée, décidé à surprendre son équipe. La dernière semaine avant le tournoi était entièrement consacrée aux préparatifs, ce qui signifiait qu'il devrait non seulement affronter Lee, mais également se plier à ses ordres sans protester. Rien que d'y penser, il grimaça. Une longue semaine s'annonçait. En franchissant le portail du lycée, il sentit immédiatement les regards se tourner vers lui. Les murmures parcouraient les allées comme un courant d'air, le désignant une fois de plus comme le centre des commérages. Cette fois, il peinait à les ignorer. Serrant les poings, il accéléra le pas, se dirigeant vers le sud du campus. C'est alors qu'un poids familier s'abattit sur son dos, et il reconnut instantanément l'odeur qui l'accompagnait.
— Descends de là, crétin, grogna-t-il, amusé malgré lui.
Naruto éclata de rire, resserrant son étreinte.
— Pourquoi tu m'as pas prévenu ? Tu voulais me faire une surprise, hein ? lança-t-il, visiblement ému.
Sasuke, pour toute réponse, leva les yeux vers le fond de l'allée. Son regard se posa sur Sakura, qui discutait avec Ino, dos à eux. Naruto suivit son regard et arbora un sourire malicieux.
— Oh, je vois. C'était pour elle que tu voulais faire la surprise, pas vrai ?
Sasuke n'eut pas le temps de répliquer. Naruto, fidèle à lui-même, cria à travers la cour :
— Sakura ! Regarde qui est là !
La jeune fille se retourna brusquement. L'étonnement passa dans ses yeux comme un éclair, suivi d'un éclat de joie. Sans hésiter, elle se précipita vers eux et, à la grande surprise de Sasuke, lui sauta dans les bras.
— Tu es revenu ! s'écria-t-elle, rayonnante.
— De toute évidence, répondit-il avec un sourire amusé, refermant ses bras autour d'elle.
Naruto les rejoignit en riant, et Sasuke, vacillant sous le poids de ses deux coéquipiers, grimaça.
— Vous savez que vous pesez votre poids, tous les deux ? lança-t-il d'un ton faussement agacé.
— Désolé, répondirent-ils en chœur en s'écartant.
— Tellement contente que tu reprennes ta place ! s'exclama Sakura.
— C'est tout ? fit semblant de se vexer Sasuke.
— Je suis aussi ravie que tu ailles bien, évidemment, rétorqua-t-elle avec un sourire malicieux, lui tapotant la tête comme on le ferait à un animal de compagnie. Mais ça fait trois nuits que je ne dors plus. Hors de question que je participe à ce tournoi !
Son ton, soudain glacial, arracha un rire à Naruto.
— Désolé, Sakura, mais tu n'auras pas le choix, intervint une voix blasée derrière se retournèrent pour voir Shikamaru, une jambe dans le plâtre, avançant à l'aide de béquilles. La rose blêmit à cette vue et se précipita vers lui, secouant son épaule avec insistance.
— Tu plaisantes, hein ? C'est une blague ! Tu vas reprendre ta place, pas vrai ?
Shikamaru secoua la tête avec une résignation nonchalante, répondant négativement à chacune de ses questions.
— Vous voulez ma mort ou quoi ? s'alarma-t-elle, portant les mains à sa tête, paniquée.
Sasuke, amusé par sa réaction, se pencha vers elle et murmura à son oreille d'une voix basse et chaude :
— Je te protégerai. Tu n'as rien à craindre.
Sakura sursauta, rouge de surprise, sentant le souffle du brun effleurer sa peau. Elle se retourna brusquement, reculant d'un pas.
— Je suis assez grande pour me protéger toute seule, protesta-t-elle, visiblement troublée.
— Oui, oui, tu es une grande fille, répondit Sasuke avec un sourire moqueur, imitant son ton et tapotant doucement sa tête en retour.
Leur échange fut interrompu par une voix grave et neutre.
— Ravi de te revoir sur pied, Uchiha.
Lee se tenait là, les bras croisés, l'air sérieux.
— Hmm, répondit simplement Sasuke, son visage se fermant instantanément.
L'atmosphère devint glaciale. Naruto, gêné, tenta de détendre l'ambiance en riant nerveusement.
— Allez, les gars, il ne nous reste qu'une semaine. Faites un effort, d'accord ?
Lee, en tant que chef d'équipe, prit l'initiative. Il tendit la main à Sasuke.
— Trêve ? demanda-t-il d'un ton neutre.
Sasuke, après une courte hésitation, serra la main tendue.
— Trêve, concéda-t-il à contrecœur.