Vas-y, dis-le, soupira Naruto, visiblement à bout de patience.
Cela faisait quelques jours que Sasuke avait réintégré l'équipe, et s'il n'avait prononcé aucune critique ouverte lors des entraînements dirigés par Lee, son silence et ses regards lourds de reproches parlaient pour lui.
Dire quoi ? siffla Sasuke, sa voix teintée d'un mépris glacial. Que ses tactiques sont bancales et qu'on va se faire écraser par Suna ? Ou peut-être que mélanger les équipes était une idée complètement absurde alors qu'on fonctionnait très bien avant ?
Ses yeux noirs foudroyèrent Lee, qui se trouvait à l'autre bout du gymnase, en pleine démonstration de techniques.
Tu pourrais toujours le challenger et reprendre la tête du groupe, non ? proposa Naruto, un sourire narquois sur les lèvres, partageant visiblement l'avis de son coéquipier.
Comme si on avait le temps, rétorqua Sasuke en croisant les bras. Et même si je faisais appel à Aoda, ça ne changerait rien… On improvisera le jour du tournoi.
Il détourna son attention vers Lee, qui se montrait beaucoup trop tactile avec Sakura à son goût. La jeune femme, visiblement agacée, tentait de se dégager subtilement de son emprise, mais Lee persistait à corriger ses postures. Sasuke se redressa brusquement, prêt à intervenir, mais Naruto l'arrêta d'une main ferme.
Elle sait se défendre, murmura Naruto. Si tu interviens, ça ne fera qu'empirer les choses.
Sasuke hésita, les muscles tendus, mais finit par se rasseoir, le regard toujours fixé sur Sakura.
— Lee ! J'ai compris ! s'énerva soudain Sakura, sa voix claire résonnant dans le gymnase.
Je suis désolé, Sakura, répondit Lee en levant les mains en signe d'apaisement. Mais tu as du retard sur les autres, et je veux juste m'assurer que tu sois prête pour samedi.
Le ton condescendant de Lee fit bouillir la jeune femme. Au début, elle avait toléré son comportement, comprenant qu'il la considérait comme une remplaçante temporaire en attendant le retour de Sasuke. Mais maintenant qu'elle faisait officiellement partie de l'équipe, son attitude autoritaire et paternaliste devenait insupportable. Pire encore, depuis que Sasuke était revenu, Lee utilisait ce dernier à une fraction de ses capacités, sans que l'Uchiha ne proteste.
Sakura inspira profondément, son agacement se transformant en une résolution froide.
En retard, tu dis… souffla-t-elle avec un sourire en coin. Très bien. Je te propose un duel.
Un silence stupéfait s'abattit sur le gymnase. Tous les regards se tournèrent vers elle, y compris ceux de Naruto et Sasuke.
Un duel ? répéta Lee, incrédule.
Oui. Si tu gagnes, j'accepte de sortir avec toi, lança-t-elle soudainement, provoquant un murmure choqué parmi leurs camarades.
Naruto s'étouffa, tandis que Sasuke serrait les poings, les mâchoires crispées.
Pour de vrai ? demanda Lee, les yeux brillants d'espoir.
Pour de vrai, confirma Sakura avec calme.
Et si je perds ? demanda-t-il, méfiant.
Si tu perds, tu me cèdes le capitanat, répondit-elle avec une détermination glaciale.
Lee resta un instant interdit, décontenancé par cette demande inattendue. Mais il finit par hocher la tête.
J'accepte, dit-il enfin.
Sakura laissa échapper un soupir de soulagement, un sourire amical éclairant son visage. Les deux adversaires montèrent sur le ring, tandis que Tenten s'avançait pour jouer les arbitres.

Elle est devenue folle, marmonna Naruto, toujours sous le choc.
Hmmm, répondit Sasuke, un sourire énigmatique aux lèvres.
Tu crois qu'elle a une chance ? demanda Naruto, incrédule.
Il ne l'a jamais vue se battre, répondit Sasuke, son sourire s'élargissant.
Et il la prend pour une fille fragile, ajouta Naruto, un éclat complice dans les yeux.
Elle va le démolir.

Sakura activa ses artefacts aux poignets dès que Tenten donna le signal. Elle avait longuement observé Lee et connaissait son style de combat. Il excellait au corps à corps, probablement mieux que Sasuke lui-même, mais son approche restait classique, prévisible. Elle esquiva sa première attaque avec une facilité déconcertante et, d'un mouvement rapide, frappa sa nuque. Lee vacilla, surpris, tandis que des murmures émerveillés parcouraient l'assemblée.
Relève-toi, ordonna Sakura, un éclat de défi dans les yeux.
Lee se redressa, abasourdi. Cette Sakura n'avait rien à voir avec l'image qu'il s'était forgée d'elle. Réalisant qu'il l'avait sous-estimée, il activa son armure de cristal, une technique redoutable que même Sasuke avait eu du mal à contrer.
Sakura sourit.
Enfin, souffla-t-elle, excitée par le défi.
Elle concentra une petite quantité d'énergie dans ses manchettes, les faisant luire doucement, et attaqua de front. Lee, d'abord confiant, fut rapidement débordé par son style imprévisible et efficace. Lorsqu'il para l'un de ses coups, une décharge d'énergie fissura son armure. Il recula, incrédule, tandis que Sakura esquissait un sourire satisfait.
Elle était en train de le tester, comprit-il soudain. Et, à son grand désarroi, le résultat était sans appel : elle avait trouvé une faille. Sakura se redressa lentement, inspirant profondément pour canaliser son énergie. Un éclat lumineux enveloppa ses chevilles alors qu'elle activait deux nouveaux artefacts, qui prirent la forme élégante de jambières gravées de motifs complexes. Ces artefacts, cadeau de Kakashi après ses exploits lors de la deuxième épreuve, témoignaient de la confiance qu'il plaçait désormais en son contrôle du flux énergétique.
Lee plissa les yeux, méfiant. Il avait entendu des rumeurs sur cette aptitude singulière qu'elle maîtrisait : un champ d'énergie qu'elle manipulait avec une précision étonnante. Mais il peinait à croire qu'en quelques mois d'entraînement, elle ait pu atteindre un tel niveau. Serrant les poings, il reformula son armure de cristal, la renforçant à son maximum. Sakura, quant à elle, distribuait méticuleusement son énergie, la concentrant à chaque extrémité de son corps, prête à la libérer au moment opportun. Lorsque Lee attaqua, sa vitesse décuplée, elle ne se fia plus à sa vision. Elle avait capté son flux énergétique et s'appuyait désormais sur son sixième sens, une perception affûtée par des heures d'entraînement acharné.
À chaque coup paré, une fissure supplémentaire apparaissait sur l'armure de Lee. Sa défense, pourtant réputée invulnérable, se fragilisait à vue d'œil, tandis que Sakura semblait à peine effleurer ses réserves d'énergie.
Frustré, Lee bondit en arrière, cherchant à reprendre le contrôle. Dans un accès de colère, il frappa violemment le sol. Une vague de cristaux jaillit, enveloppant Sakura en une prison scintillante qui la maintenait immobile des chevilles jusqu'au menton. Malgré la situation, Sakura resta parfaitement calme. Elle fronça légèrement les sourcils, ses pensées déjà concentrées sur sa prochaine action. Lee avançait lentement, un sourire victorieux étirant ses lèvres. Son armure désactivée, il savourait sa prétendue supériorité.
Sakura entama un compte à rebours dans sa tête, analysant avec une précision clinique la distance qui les séparait. Trois pas. Deux. Lorsqu'il fut à portée, elle libéra une décharge d'énergie colossale. La prison de cristal explosa en une pluie d'éclats étincelants.
Avant que Lee ne puisse réagir, Sakura frappa. Son poing, chargé d'une énergie concentrée, s'enfonça dans son abdomen, libérant une onde de choc qui le projeta violemment contre le mur opposé. Le fracas résonna dans toute la salle.
Lee s'écroula, les yeux écarquillés, le souffle coupé par l'impact. Sakura s'approcha lentement, son pas léger contrastant avec la tension qui régnait dans l'air. Elle s'accroupit à son niveau, un sourire chaleureux éclairant son visage.
Le brassard, demanda-t-elle d'une voix douce, tendant la main avec assurance.
Lee, abattu mais résigné, lui tendit l'objet convoité. Elle le saisit avec une sérénité désarmante, son sourire s'élargissant tandis qu'elle se redressait. De l'autre côté du ring, ses coéquipiers observaient la scène avec une fierté non dissimulée. Sakura tourna la tête vers Sasuke, ses yeux pétillants d'une détermination joyeuse.
Sasuke !
Elle lui lança le brassard avec précision à travers la pièce. L'Uchiha l'attrapa d'un geste fluide, un sourire en coin se dessinant sur ses lèvres.
Je compte sur toi, ajouta-t-elle avec un clin d'œil complice.
Sasuke passa le brassard autour de son bras, son geste empreint d'une élégance tranquille. Lee, toujours à terre, regarda la scène avec un mélange de stupeur et d'amertume.


Le grand jour était enfin arrivé : le tournoi inter-instituts, où s'affrontaient les quatre académies militaires les plus prestigieuses du pays — Suna, Iwa, Kumo et Senju. Cet événement, d'une importance nationale, était retransmis en direct à la télévision, rassemblant des millions de téléspectateurs. Il se tenait dans la plus grande arène du pays, une structure colossale pouvant accueillir près de 150 000 spectateurs, ses gradins s'étendant à perte de vue. Les billets, vendus à prix d'or, alimentaient un marché noir florissant où beaucoup se faisaient duper, croyant faire une bonne affaire.
Chaque participant avait droit à trois invitations personnelles. Sakura, après mûre réflexion, avait choisi Iruka accompagné de Rin, Yumi, et Izumi pour venir l'encourager. Quant à Sasuke, son père ayant été invité d'office, il avait offert ses deux places restantes à des enfants de l'orphelinat où elle avait grandi. Ce geste désintéressé avait profondément touché Sakura. Les enfants s'étaient arrangés entre eux dans un véritable ballet de négociations, troquant des Cartes Child comme de petits hommes d'affaires aguerris. Naruto, fidèle à lui-même, avait invité son père, son grand-père, et sa petite amie Hinata, qui ne manquait jamais une occasion de le soutenir.
Dans les coulisses, situées au nord de l'arène, l'équipe de Senju attendait son tour. Une grille massive les séparait de l'extérieur, à travers laquelle ils ne percevaient que les rayons dorés du soleil d'une après-midi de janvier. L'ambiance était déjà électrique : la foule rugissait, et les maîtres de cérémonie redoublaient d'efforts pour galvaniser les spectateurs.
Sakura sentit la panique l'envahir lorsqu'elle entendit son nom résonner dans les haut-parleurs.
Respire, murmura Sasuke à côté d'elle, sa voix grave tranchant avec le tumulte ambiant.
Il se tourna vers le reste de l'équipe, son regard acéré balayant chacun de ses coéquipiers.
On récapitule, annonça-t-il d'un ton ferme. Le premier objectif est de récupérer le drapeau, et de le garder le plus longtemps possible. Hors de question qu'une autre équipe s'en empare avant nous. Rappelez-moi le plan.
On localise ! répondirent à l'unisson Naruto, Kabuto et Udon, les sentinelles désignées, en charge de localiser le drapeau.
On neutralise ! poursuivirent Tenten, Konohamaru et Moegi, formant l'équipe des guetteurs, en charge de se débarrasser des concurrents.
Je récupère ! enchaîna Sakura, son regard déterminé fixé sur Sasuke.
Et on te protège, conclurent Lee et Sasuke d'une même voix.
Le but du tournoi était des plus simples. Chaque équipe était constituée de 9 joueurs. Le but était de détenir le drapeau le plus longtemps possible sur la durée de l'épreuve: 1heure. L'équipe qui avait cumulé le plus de temps de possession, gagnait le tournoi.
Dans un geste symbolique, le capitaine tendit sa main au centre du cercle. Les huit autres la rejoignirent, scellant leur pacte dans une union silencieuse.
Senju ! lança Sasuke avec force.
Senju ! répétèrent-ils en chœur, leurs voix résonnant comme une promesse.
La grille s'ouvrit lentement, dévoilant l'arène dans toute sa grandeur. Le soleil éclatant les éblouit un instant, et il leur fallut quelques secondes pour s'habituer à la lumière. L'atmosphère était étourdissante. Jamais Sakura n'avait vu une foule d'une telle ampleur. Elle avait déjà combattu devant des spectateurs, mais cette arène, pleine à craquer, dépassait tout ce qu'elle avait imaginé.
Les caméras géantes capturèrent leur entrée, projetant leur image sur les écrans disposés dans tout le stade. Vêtus de leur uniforme noir d'apparat, rehaussé de coutures dorées et d'épaulettes imposantes, ils ressemblaient à une unité militaire d'élite.
Sakura leva les yeux vers les gradins, cherchant sa famille du regard. Elle les trouva, assis au-dessus de l'entrée, leurs visages illuminés d'excitation. Elle leur adressa un signe chaleureux, puis aperçut Kakashi à leurs côtés. Fidèle à lui-même, il lui répondit par un pouce levé, un sourire en coin. Ce simple geste suffit à calmer ses nerfs.
Elle reporta son attention sur l'arène. En face d'eux, l'équipe de Suna se tenait prête, leurs uniformes écarlates contrastant avec le gris métallique de l'arène. La distance était trop grande pour distinguer les visages, mais l'intensité du moment était palpable.
Soudain, un grondement sourd fit vibrer le sol. Sakura recula d'un pas instinctif alors qu'un labyrinthe monumental émergeait du sous-sol. Les murs de pierre grise s'élevaient à une vitesse vertigineuse, transformant l'arène en un dédale gigantesque. Les couloirs semblaient s'étendre à l'infini, créant une scène à la fois fascinante et terrifiante.
Elle déglutit avec difficulté, son regard fixé sur l'entrée béante du labyrinthe.
En place, ordonna Sasuke, d'un ton plus calme qu'il ne se sentait.
Les sentinelles prirent la tête du groupe, prêtes à bondir dès le signal de départ. Le rugissement de la foule s'intensifia, et Sakura sentit l'adrénaline envahir chaque fibre de son être. Le tournoi venait de commencer.
Il ne fallut que quelques secondes à Naruto et Udon pour localiser l'emplacement du drapeau, suspendu en hauteur, à plus d'une dizaine de mètres, au centre du labyrinthe. Naruto, dont les aptitudes lui permettaient de cartographier mentalement l'espace, avait déjà mémorisé la configuration du dédale mouvant. Kabuto, quant à lui, utilisa sa capacité proche de la télépathie pour transmettre ces informations à chaque membre de l'équipe en temps réel.

Leur coordination était parfaite, presque surnaturelle. C'était comme si les neuf membres partageaient une seule et même paire d'yeux et d'oreilles. Naruto et Udon, postés en éclaireurs, identifiaient non seulement les emplacements des adversaires, mais aussi leurs aptitudes. Kabuto faisait office de relais, reliant chaque esprit par un fil invisible.
Les guetteurs entrèrent alors en scène. Tenten et Konohamaru, experts dans l'art du combat rapproché et à distance, neutralisèrent les guetteurs d'Iwa en quelques minutes. Leurs mouvements étaient précis, sans fioritures, exécutés avec une efficacité implacable. Moegi, quant à elle, s'occupait de désamorcer les pièges disséminés dans le labyrinthe, son regard vif repérant chaque mécanisme dissimulé dans les ombres des murs mouvants.
Lee, Sasuke et Sakura restaient en retrait, économisant leur énergie pour la deuxième phase de l'épreuve. Ils avancèrent rapidement, guidés par les informations partagées, jusqu'au centre du labyrinthe. Là, comme prévu, le drapeau flottait, suspendu à une dizaine de mètres au-dessus du sol, son tissu pourpre vibrant légèrement sous l'effet d'une brise artificielle.
Sakura s'avança. Elle ferma les yeux un instant, concentrant son énergie dans ses chevilles. Dans un mouvement fluide, elle se propulsa avec une précision maîtrisée, atteignant l'objectif sans difficulté. Revenant au sol, elle serra le drapeau dans sa main, un sourire victorieux illuminant son visage.
Active ton bouclier, ordonna Sasuke, son ton tranchant, dénué de toute félicitation.
Sakura obéit sans discuter, bien qu'un soupir agacé échappa à ses lèvres.
Tu le gardes activé coûte que coûte, reprit-il, implacable. Lee et moi, on s'occupe des autres équipes. Toute ton énergie, toute ta concentration doit être dirigées vers la protection de ce drapeau. Rien d'autre ne compte.
Elle leva les yeux au ciel, exaspérée par cette consigne répétée mille fois au cours des deux derniers jours.
Comme si c'était la chose la plus importante à mes yeux, compléta-t-elle lasse en activant son bouclier.
Un champ translucide l'enveloppa entièrement, vibrant légèrement sous l'effet de son flux d'énergie. Elle gérait sa réserve avec minutie, sachant qu'elle devait tenir jusqu'à la fin de l'épreuve. Elle ne laisserait personne s'emparer du drapeau.
Leur priorité était maintenant d'éviter les confrontations inutiles avec les autres équipes. Naruto, toujours à l'affût, tentait de les guider vers les zones sécurisées du labyrinthe. Mais les murs de pierre semblaient animés d'une vie propre, bougeant en permanence pour déjouer ses plans. Peu à peu, même lui commençait à perdre le fil de sa cartographie mentale.
Ce fut Udon qui, le premier, lança l'alerte.
Un membre de Suna approche, déclara Udon d'une voix tendue. Vous ne pourrez pas l'éviter. Elle a une aptitude psychique… Je crois qu'elle contrôle les peurs.
Sasuke serra les dents, son regard s'assombrissant. Il n'avait pas besoin d'un dessin pour comprendre. Karin. Il avait espéré éviter la confrontation avec elle, mais le destin semblait s'amuser à les mettre sur la même trajectoire.
Quoi qu'il arrive, ne croisez pas son regard, ordonna-t-il d'une voix tranchante, s'adressant à Lee et Sakura.
Un cri retentit dans son esprit, la voix de Naruto via leur lien télépathique.
Sasuke ! Elle se sert d'Erika !
Mais l'avertissement arriva trop tard. Une toile invisible s'enroula autour de lui et de Lee, les emprisonnant dans une étreinte glaciale. Sasuke sentit son énergie s'étioler, aspirée par une force qu'il ne pouvait contrer. Il leva les yeux, et son souffle se bloqua dans sa gorge. Une araignée gigantesque trônait au-dessus d'eux, tissant sa toile avec une lenteur sinistre, ses pattes effilées scintillant sous la lumière artificielle de l'arène.
Comment ai-je pu ne pas la voir venir ? pesta-t-il intérieurement.
Il força son esprit à se recentrer.
Ils ont forcément quelqu'un pour couvrir Karin, pensa-t-il, projetant ses mots vers son équipe. Tenten, Udon, trouvez leurs sentinelles et neutralisez-les. Naruto, on va avoir besoin de toi pour gérer ta cousine.
Mais il savait que leur temps était compté. Il chercha Sakura du regard. Elle était toujours debout, le drapeau fermement tenu, son bouclier activé et vibrant d'énergie.
C'est donc toi… fit une voix douce et moqueuse.
Karin se tenait là, un sourire malicieux étirant ses lèvres.
Sakura, ne la regarde pas dans les yeux ! hurla Sasuke, la panique perçant dans sa voix.
La jeune Haruno ferma immédiatement ses paupières, se concentrant sur le flux d'énergie de la rousse. Pourtant, elle ne sentit rien. Karin semblait enveloppée d'un voile impénétrable, masquant son aura.
J'avais tellement envie de te rencontrer, poursuivit Karin, sa voix traînante et presque amusée. Tu m'intriguais… Mais je dois avouer que je suis un peu déçue.
Sakura renforça son bouclier, ignorant la provocation. Elle sentit Karin tourner autour d'elle, comme un prédateur jaugeant sa proie. Le bruit des pattes de l'araignée au-dessus de sa tête rendait l'atmosphère encore plus oppressante.
Concentre-toi, ne la laisse pas te perturber. Tout ce qui compte, c'est le drapeau, se murmura Sakura, tentant de garder son calme.
Tu en es sûre ? répliqua Karin, moqueuse. Lui, il ne compte pas ?
Un cri de douleur déchira l'air. Sasuke.
Ne l'écoute pas, Sakura ! Elle ne me fera rien ! cria-t-il, mais sa voix semblait si lointaine.
Sakura sentit ses mains trembler. Les cris de Sasuke, ceux de Lee, de Naruto… Ils résonnaient tous dans son esprit, amplifiés, assourdissants. Elle ouvrit les yeux, cherchant désespérément une issue, un moyen de les aider, et croisa le regard noir et insondable de Karin.
Gagnée, murmura cette dernière, un sourire cruel sur les lèvres. Voyons voir… quelle est ta plus grande peur ?
Je t'interdis de la toucher, Karin ! rugit Sasuke, fou de rage.
Comme c'est mignon, rétorqua Karin avec un rire glacé. Mais je fais ce qu'il faut pour mon équipe. Tu n'avais qu'à pas lui confier le drapeau.
Elle plongea dans l'esprit de Sakura, sondant ses souvenirs les plus enfouis.
Je vois du feu… souffla-t-elle. Tu as peur du feu. Facile.
Devant les yeux écarquillés de Sakura, des flammes jaillirent de nulle part, l'entourant. L'illusion était si réelle qu'elle pouvait sentir la chaleur brûlante sur sa peau, entendre le crépitement des braises.
Ce n'est qu'une illusion, Sakura ! Concentre-toi sur ma voix ! hurla Sasuke, mais il semblait à des kilomètres.
Karin, implacable, s'enfonça plus profondément dans les souvenirs de Sakura.
Une maison en flammes… Un enfant qui pleure…
Sakura sentit son cœur se serrer. Elle était de retour dans la chambre de son enfance, face à elle-même, une petite fille en larmes, hurlant à l'aide.
Ce n'est pas réel… Ce n'est pas réel… murmura-t-elle, mais ses larmes coulaient malgré elle.
Ils t'ont laissée seule, Sakura, continua Karin, sa voix suintant de venin. Ils t'ont abandonnée au milieu des flammes.
La scène se déforma. Elle vit des visages familiers : Iruka, Kakashi, Naruto, Rin, Sasuke… Tous disparaissaient, avalés par les flammes, la laissant seule dans un chaos incandescent.
Ils t'abandonneront eux aussi. conclut Karin.
Sakura suffoquait. La fumée semblait réelle, s'insinuant dans ses poumons, l'étouffant. Son bouclier, affaibli par son état, finit par céder sans qu'elle s'en rende compte.
KARIN ! hurla Sasuke, sa rage dévastatrice, mais il restait prisonnier de la toile.
Karin s'approcha, s'emparant du drapeau avec un sourire triomphant. Mais elle n'en avait pas fini.
Erika, ordonna-t-elle.
L'araignée descendit lentement, ses pattes frôlant le sol, et commença à tisser un cocon autour de Sakura. Prisonnière de sa propre peur, la jeune femme ne réagissait plus, coupée du monde. Karin, satisfaite, se détourna, tenant le drapeau comme un trophée, tandis que Sakura sombrait dans un néant oppressant.

Esprit de Sakura
Ne me laissez pas… sanglota Sakura dans l'obscurité de son esprit. Ne m'abandonnez pas…
Sa voix se brisait, écho d'une détresse qui semblait n'avoir ni fin ni réponse. Mais soudain, une voix douce et chaleureuse perça le néant, comme un rayon de lumière traversant une nuit sans étoile.
Respire, ma chérie.
Le timbre était familier, chargé de tendresse et d'un calme apaisant. Une lueur vacillante apparut au loin, grandissant peu à peu jusqu'à prendre forme. Une silhouette masculine émergea de l'obscurité, entourée d'une aura lumineuse.
Respire, ma chérie, répéta-t-il, avec cette même douceur qui effaçait ses peurs, comme un baume sur une plaie à vif.
Sakura ouvrit les yeux, ses larmes brouillant sa vision. La silhouette s'approcha, et son cœur manqua un battement lorsqu'elle reconnut les traits familiers. Des cheveux rose pâle, en bataille, des yeux noisette pleins de chaleur, et ce sourire… ce sourire qui lui promettait que tout irait bien.
L'homme s'agenouilla devant elle, ses gestes empreints d'une infinie délicatesse. Il tendit une main, caressant doucement ses cheveux tremblants.
Respire, Sakura, murmura-t-il à nouveau.
Elle ferma les yeux, se laissant bercer par cette voix qui semblait venir d'un autre temps, un écho lointain d'un passé qu'elle avait enfoui, scellé au plus profond de son âme.
Tu es ma fille, poursuivit-il, sa voix résonnant comme une vérité qu'elle avait toujours connue. La dernière héritière du clan Seimei. Ton pouvoir est grand, ma chérie. Libère-le.
Il déposa un baiser sur son front, un geste chargé d'amour et de foi. Une chaleur intense irradia de ce contact, se répandant en elle comme une vague d'énergie pure.
Sakura sentit une force qu'elle n'avait jamais expérimentée auparavant s'éveiller au creux de son être. La peur recula, chassée par cette puissance naissante. Elle ferma les yeux et, dans cet instant suspendu, elle le vit.
Son Child l'attendait.
La créature, majestueuse et lumineuse, se tenait devant elle, prête à répondre à son appel. Elle était là depuis toujours, tapie dans l'ombre de son âme, attendant le moment où Sakura trouverait le courage de la libérer.
Et ce moment était enfin venu.

Dans l'arène

— Je te préviens, Karin… grogna Sasuke, son regard noir d'une fureur à peine contenue. Tu as intérêt à courir vite, parce que si je t'attrape…
La jeune femme, un sourire narquois aux lèvres, brandit le drapeau qu'elle venait de dérober.
Essaie toujours, le provoqua-t-elle, pleine de défi.
Elle s'apprêtait à s'élancer, mais une vague de chaleur intense et d'énergie brute la cloua sur place. L'air autour d'eux se mit à vibrer sous l'effet d'une force colossale. Le cocon de toile où reposait Sakura se volatilisa dans une explosion d'éclairs rouge et or, révélant la jeune femme, les yeux illuminés de lueurs incandescentes.
Une puissance démesurée émanait d'elle, balayant tout sur son passage. Débris, poussière, et même les spectateurs dans les gradins reculaient sous la violence de l'énergie libérée. Derrière Sakura, un dragon gigantesque apparut, un colosse d'écailles blanches aux yeux rouge sang, rugissant avec une telle intensité que l'arène entière résonna. Le public, terrifié, se boucha les oreilles pour échapper à ce cri primal.
Karin resta figée, pétrifiée par la puissance écrasante de ce Child qui la surplombait. Erika, son araignée fidèle, abandonna Sasuke et Lee pour revenir se positionner devant elle, protectrice. Mais même l'araignée semblait hésiter face à cette manifestation de force.
Sasuke, libéré de l'étreinte de la toile, se redressa, encore sous le choc.
Sasuke ! Tu dois l'arrêter par tous les moyens ! hurla Naruto, sa voix paniquée résonnant dans sa tête via leur lien télépathique.
Quoi ? souffla-t-il, ébranlé.
C'est un Child Seimei ! cria Naruto. Elle va détruire l'arène si elle continue comme ça !
Sasuke tourna un regard alarmé vers Sakura. Elle se tenait droite, galvanisée par un pouvoir qu'elle ne contrôlait manifestement pas. Les flammes de son aura dansaient autour d'elle, et le dragon, immense, ouvrait lentement sa gueule, concentrant une énergie phénoménale prête à être libérée.
Sasuke reprit ses esprits, frappant son poing contre sa paume.
— Viens à moi, Aoda !
Le serpent gigantesque, d'un violet profond, se matérialisa dans un nuage de fumée, faisant face au dragon. Bien qu'imposant, Aoda paraissait presque modeste à côté de la créature titanesque invoquée par Sakura.
Kagutsuchi ! appela-t-elle d'une voix froide et tranchante, méconnaissable.
Son regard restait fixé sur Karin, brûlant de rage. Sasuke leva les yeux et vit le dragon canaliser son énergie, prêt à annihiler tout sur son passage.
Sakura, arrête ! hurla-t-il en se précipitant vers elle.
Il se planta devant elle, plongeant son regard dans le sien, mais elle ne le voyait pas. Il envoya Aoda vers le dragon, prêt à injecter son poison mortel, mais le serpent hésita. Pour la première fois, Sasuke sentit son Child vaciller. Aoda refusait d'attaquer. Il ne pouvait pas la tuer.
— UCHIHA ! rugit Lee mort de peur, sa voix brisant le chaos.
Sasuke se tourna de nouveau vers Sakura, désespéré.
Sakura, je t'en supplie, ne m'oblige pas à faire ça… murmura-t-il, sa voix brisée par l'émotion.
Il saisit son visage entre ses mains, espérant un signe, un éclat de lucidité dans son regard. Mais elle restait perdue dans le tourbillon de puissance qui l'engloutissait. Il ferma les yeux, cherchant une solution. Puis un souvenir lui revint, celui de la première fois où il avait invoqué Aoda. Son père l'avait giflé pour le ramener à la réalité. Un choc émotionnel… c'était la seule chose qui pouvait la sauver.
Sans réfléchir davantage, il posa ses lèvres sur les siennes.
Tout autour d'eux sembla s'arrêter. Le rugissement du dragon s'éteignit, l'air cessa de vibrer, et le chaos se dissipa comme un mauvais rêve. Sasuke se recula légèrement, son front posé contre le sien.
Reviens-moi, je t'en prie… murmura-t-il, sa voix tremblant d'émotion.
Les paupières de Sakura papillonnèrent, et son regard émeraude, si familier, réapparut.
Sa…su…ke ? balbutia-t-elle, déconcertée.
Sasuke écarquilla les yeux, submergé par un soulagement presque douloureux.
Ne me fais plus jamais ça… souffla-t-il en la serrant contre lui, son cœur battant à tout rompre.
Sakura, confuse, scruta l'arène. Elle vit Lee figé, Karin recroquevillée sous Erika, et les écrans géants qui reflétaient l'image d'un dragon blanc, immense et majestueux.
Elle tourna lentement la tête, réalisant que le dragon n'était autre que son propre Child. Kagutsuchi baissa son museau vers elle, un geste empreint de douceur. Elle tendit la main, caressant les écailles froides de la créature.
Merci d'être venu pour moi, Kagutsuchi, murmura-t-elle avec un sourire apaisé.
Un silence pesant s'installa dans l'arène, jusqu'à ce qu'une voix retentisse dans les haut-parleurs.
Mesdames et messieurs, un point du règlement vient d'être rappelé par le Général de la Garde. Sakura Haruno, vous êtes disqualifiée pour usage disproportionné de votre Child.
Sakura écarquilla les yeux, abasourdie.
- Quoi ?
Elle tourna son regard vers le public, y découvrant un mélange saisissant de peur et d'admiration. Les visages figés, les murmures étouffés, tout trahissait l'impact de ce qu'ils venaient de voir. Sur les écrans géants, les images des minutes précédentes défilaient en boucle : son corps prisonnier du cocon, la déflagration d'énergie qui avait tout balayé, l'apparition majestueuse et terrifiante de Kagutsuchi, et enfin, sa perte totale de contrôle.
Sakura écarquilla les yeux, abasourdie. Elle regardait ces scènes comme on contemple le cauchemar d'un autre. Pourtant, c'était bien elle. Elle était cette fille qui s'était laissée submerger par une rage aveugle, prête à anéantir tout sur son passage. La violence de son propre pouvoir lui apparut dans toute son horreur.
Comment avait-elle pu perdre pied à ce point ? Elle revit le moment où ses yeux avaient cherché Karin, non pas avec l'intention de la battre, mais de la détruire. Elle avait été prête à tuer cette fille. Non, pire encore… Elle aurait rasé l'arène, et probablement une partie de la ville avec, sans même s'en rendre compte.
Un frisson glacé lui parcourut l'échine.
Des membres de la Garde, vêtus de leur uniforme noir et or, s'avancèrent vers elle. Leur démarche était prudente, presque méfiante, comme s'ils approchaient une bête sauvage qu'ils craignaient de voir s'éveiller à nouveau.
Mademoiselle Haruno, renvoyez-le, déclara l'un des gardes d'une voix ferme mais polie.
Sakura cligna des yeux, confuse, puis coupa mentalement le lien qui l'unissait à Kagutsuchi. Le dragon disparut dans un éclat de lumière, laissant derrière lui une onde de soulagement palpable dans la foule.
Veuillez nous suivre.
Elle acquiesça, incapable de protester. Chaque pas qu'elle faisait semblait l'enfoncer un peu plus dans un abîme d'effroi. Les regards braqués sur elle, les murmures à peine contenus, tout cela glissait sur sa conscience sans y pénétrer. Elle n'avait pas peur d'eux. Non, c'était d'elle-même qu'elle avait peur.
Sasuke la regarda s'éloigner, impuissant. Naruto posa une main compatissante sur son épaule.
C'est mieux comme ça, pour l'instant, murmura-t-il.
Dans les couloirs de l'arène, Sakura entendit le maître de cérémonie relancer le match. Mais l'annonce résonna comme un écho lointain, incapable de percer le tumulte de ses pensées. Elle tentait de se souvenir, de reconstituer ce qui s'était passé, mais son esprit n'était qu'un vaste brouillard.
Les gardes s'arrêtèrent enfin au niveau du deuxième sous-sol. L'un d'eux lui désigna une chaise austère, à l'assise rigide et inconfortable.
— Asseyez-vous.
Elle obéit sans hésiter, s'installant dans un silence tendu. Les minutes s'écoulèrent, interminables. Un des gardes lui lança un regard appuyé avant de lui proposer d'aller aux toilettes. Elle acquiesça, perplexe, et le suivit jusqu'à la porte marquée pour les femmes.
À l'intérieur, elle se passa de l'eau sur le visage, cherchant à apaiser son esprit en ébullition. Lorsqu'elle releva les yeux, son souffle se coupa.
Kakashi-senseï ? souffla-t-elle.
Le visage familier de son professeur se reflétait dans le miroir.
— Moins fort, chuchota-t-il en se glissant près d'elle. On n'a pas beaucoup de temps. Fais ce que je te dis, et tout ira bien.
Maintenant vous me faites peur, murmura-t-elle en fronçant les sourcils.
Ils vont t'interroger. Tu ne dois rien dire sur ton passé. Pas un mot, pas une pensée. Ils ne doivent pas savoir qui étaient tes parents.
Quoi ? demanda Sakura, choquée.
Kakashi sortit une photo et la lui tendit.
Imprime ça dans ta mémoire. Pour aujourd'hui, ce sont eux, tes parents. Des gens ordinaires, morts tragiquement pendant l'Invasion.
Des coups frappés contre la porte les interrompirent.
Concentre-toi sur ton lien avec Rin. Ça t'aidera, conclut Kakashi avant de disparaître.
Sakura ressortit des toilettes, plus perdue que jamais. Qu'est-ce qui venait de se passer ?
Elle rejoignit sa place, et la porte s'ouvrit à nouveau. Iruka sorti précipitamment, la prenant dans ses bras. Rin bondit sur ses épaules, sa présence réconfortante lui arrachant un sourire fragile.
Merde, Sakura ! Tu ne pouvais pas avoir une scolarité normale, comme tout le monde ? la sermonna Iruka, mi-agacé, mi-inquiet.
Qu'est-ce que tu fais là ? répondit-elle, cherchant un ancrage dans le contact rassurant de son frère adoptif.
Il la serra un peu plus fort et murmura à son oreille :
Ils vont t'interroger. À la sauce Yamanaka. Ne panique pas. Concentre-toi. Tu n'as rien à te reprocher.
Mais Sakura sentait déjà la panique monter. Cette histoire prenait des proportions gigantesques.
Un garde l'appela, lui désignant une pièce à l'intérieur.
Le familier reste dehors, ordonna-t-il froidement.
Rin retroussa les babines, mais Sakura posa une main apaisante sur sa tête.
Tout ira bien, murmura-t-elle, esquissant un sourire qu'elle espérait rassurant.
Rin communiqua par leur lien : Je reste derrière la porte. Concentre-toi sur moi.
Prenant une profonde inspiration, Sakura se recentra sur elle-même. Elle visualisa la photo que Kakashi lui avait donnée et entra dans la pièce, où le général l'attendait.
Asseyez-vous là, ordonna-t-il d'un ton glacial, désignant un fauteuil en cuir.
Sakura déglutit, cherchant mentalement le contact de Rin.
Un homme blond, aux traits étrangement familiers, s'approcha. Il posa ses mains autour de sa tête avec une froide politesse.
Ça va piquer un peu, prévint-il, sans réelle compassion.
Le mot était faible. La douleur fusa dans son crâne comme une lame brûlante. Elle ne put retenir un cri, sentant l'homme explorer son esprit, forçant chaque recoin à la recherche de souvenirs.
Elle s'accrocha à Rin, utilisant leur lien comme une ancre. Rin lui envoyait des images rassurantes : des moments anodins de leur enfance, des souvenirs qu'elle pouvait partager sans danger.
Mais l'homme s'enfonça plus profondément, cherchant ce qu'elle dissimulait. Il remonta à ses jeunes années, déterrant des fragments oubliés. Sakura se raccrocha désespérément à l'image de la photo. Ce sont mes parents, se répétait-elle comme un mantra.
Finalement, la pression dans son esprit se relâcha. Elle ouvrit les yeux, haletante, son front perlé de sueur.
Alors, Inojin ? interrogea le général.
Rien. Des gens ordinaires, répondit le Yamanaka, visiblement frustré.
Vraiment ? insista Fugaku, méfiant.
Oui, affirma Inojin. Après tout, ça arrive. Le clan Seimei s'est mélangé, comme les autres. Un gène peut réapparaître de temps en temps.
Cela sembla convaincre le général.
Je peux partir maintenant ? demanda Sakura, la voix tremblante.
Fugaku hocha la tête, et elle se précipita hors de la pièce. À peine avait-elle atteint les toilettes qu'elle vomit, son corps tremblant sous le contrecoup.
Au loin, la clameur de la foule explosa. Le tournoi venait de se terminer.

Sakura rejoignit Iruka et Rin dans le couloir, et ensemble, ils regagnèrent les gradins pour la cérémonie de remise des prix. À mesure qu'ils progressaient dans les allées, les regards se tournaient vers elle, curieux, fascinés, parfois craintifs. Elle baissa la tête, se rapprochant instinctivement d'Iruka, comme pour se dissimuler dans son ombre. Tout en elle aspirait à l'invisibilité.
Mais ce refuge précaire fut balayé dès qu'ils atteignirent leur groupe. Les enfants de l'orphelinat bondirent vers elle avec une joie débordante, leurs cris et leurs rires dissipant un instant le poids de la journée.
Onee-san ! Tu étais incroyable ! s'écria Izumi, les yeux brillant d'admiration. Il est tellement grand ! Tu crois que je pourrais monter dessus, dis ?
Sakura sentit ses forces la trahir. Elle s'effondra à genoux, serrant Izumi contre elle, des larmes brûlantes dévalant ses joues.
Pourquoi tu pleures, Onee-san ? s'étonna l'enfant, sincèrement inquiet. Je te jure, c'était incroyable !
Iruka posa une main réconfortante sur son épaule, son regard empli d'une compassion silencieuse.
Ce n'est rien, répondit-elle d'une voix tremblante. Je suis juste… contente que ça vous ait plu.
Elle serra Izumi dans ses bras, cherchant dans cette étreinte un peu de stabilité, un peu de chaleur humaine pour apaiser son esprit tourmenté. Puis elle s'installa à sa place, prenant l'enfant sur ses genoux. Yumi, plus calme, vint poser sa tête contre son épaule, un geste tendre et spontané qui fit doucement sourire Sakura.
Essuyant ses larmes d'un revers de manche, elle leva les yeux vers l'arène. Le labyrinthe avait disparu, laissant place à une scène vide, plongée dans une obscurité presque totale.
Qui a gagné ? murmura-t-elle à l'oreille d'Izumi.
À ton avis ! ricana l'enfant, malicieux. La Senju, bien sûr !
Un sourire discret effleura les lèvres de Sakura. Malgré tout ce qui s'était passé, ils avaient réussi.

Les projecteurs jaillirent soudain, leurs faisceaux éclatants convergeant vers le centre de l'arène. Dans cette lumière crue, le maître de cérémonie fit son entrée, drapé dans un habit solennel qui ajoutait à sa stature imposante. Sous le regard captivé des spectateurs, il s'avança avec la lenteur calculée d'un homme conscient de l'importance du moment.
Silence, je vous prie, déclara-t-il, sa voix résonnant avec une autorité naturelle.
Le tumulte des gradins s'éteignit aussitôt, comme si un souffle commun avait suspendu l'agitation. Une tension presque palpable s'installa, l'expectative flottant dans l'air.
J'invite le maire à me rejoindre, poursuivit-il.
La ville, en tant que principal sponsor de cet événement, détient l'honneur de remettre les prix.
Les clameurs reprirent de plus belle alors qu'une plateforme souterraine s'élevait lentement, dévoilant l'imposante silhouette du maire. L'homme, d'une cinquantaine d'années, portait un costume sombre dont la coupe rappelait celle des uniformes de la Garde, et ses cheveux poivre et sel, soigneusement plaqués en arrière, accentuaient la rigueur de son allure. Derrière ses lunettes rectangulaires, son regard sévère se mêlait à une présence magnétique qui captivait l'assemblée.
Sakura avait toujours trouvé qu'au-delà de ses airs de politicien habile, il dégageait un charisme indéniable, sans doute l'une des raisons de sa popularité éclatante.
Mes chers concitoyens, commença-t-il, un sourire malicieux aux lèvres, il serait peu de dire que le tournoi de cette année a été riche en émotions.
Son rire résonna, léger mais contagieux, et la foule partagea son amusement.
Vous pouvez être fiers de vos élèves, lança-t-il en se tournant vers les directeurs des académies. Ils ont été à la hauteur de vos attentes et, j'en suis convaincu, leurs noms marqueront les années à venir.
Les directeurs acquiescèrent avec des applaudissements, honorant ses paroles.
Et maintenant, le moment que vous attendez tous ! Je vous demande d'acclamer comme il se doit les champions de cette année, qui ont établi un nouveau record avec une possession cumulée de plus de 25 minutes : Senju Gakuen !
L'arène explosa en une ovation tonitruante alors que les huit membres de l'équipe émergeaient à leur tour d'une plateforme souterraine. Disposés en cercle, ils saluèrent la foule avec une assurance égale à leur éclatante victoire, chacun s'attardant sur les gradins où ses fans l'acclamaient.
Sakura, emportée par l'enthousiasme ambiant, agita les bras avec ferveur, espérant que sa voix parviendrait jusqu'à eux. Elle croisa le regard de Naruto, qui lui fit un clin d'œil, visiblement soulagé de la voir dans la foule. Avec un coup de coude complice, il attira l'attention de Sasuke, désignant discrètement sa position.
Le regard noir de Sasuke se posa sur elle, un mélange de questions et d'inquiétude flottant dans ses yeux. Sakura inclina légèrement la tête, lui signalant silencieusement qu'elle allait bien.
Le maire s'approcha alors du capitaine de l'équipe et lui tendit le trophée, un imposant artefact d'or et de cristal. Le capitaine le brandit haut, un geste triomphal qui déclencha une nouvelle vague d'acclamations dans les gradins.
Comment s'est déroulé le match après mon départ ? murmura Sakura à Yumi, curieuse.
Oh, c'était intense, répondit sa sœur, les yeux brillants. Uchiha était hors de lui, et si Uzumaki n'était pas intervenu, je pense que la rousse serait à l'hôpital en ce moment.
Yumi poursuivit son récit avec animation, décrivant les retournements de situation, les alliances de dernière minute et les exploits des Childs invoqués par les combattants. Chaque mot peignait une fresque héroïque où la tension et l'effort avaient culminé en une victoire éclatante pour Senju Gakuen.
Soudain, le maire reprit la parole.
Maintenant, il est temps de décerner le prix du jury, annonça-t-il en se tournant vers un balcon où siégeaient des membres éminents de la Garde et du Conseil.
Le prix fut attribué à Sasuke Uchiha, dont la maîtrise et le sang-froid avaient permis à son équipe de se ressaisir dans les moments critiques. Il reçut une médaille que le maire lui accrocha au cou, saluant fièrement son clan, massé dans une section entière des gradins.
Enfin, le maire, dans un élan théâtral, annonça le prix honorifique qu'il décernerait personnellement.
Il est temps maintenant de vous présenter mon champion, déclara-t-il avec une ferveur calculée, le combattant qui nous a fait frissoner de peur mais aussi, ne nous le cachons pas, d'admiration!
Les faisceaux lumineux se mirent à danser dans l'arène, créant une anticipation presque insoutenable avant de s'immobiliser sur Sakura.
Elle se figea, le souffle coupé, tandis qu'un silence stupéfait s'étendait dans la foule.
Sakura Haruno !
Les enfants autour d'elle furent les premiers à acclamer, leurs cris perçant le silence et déclenchant une vague d'applaudissements qui gagna peu à peu toute l'arène.
Achevez-moi…, murmura Sakura entre ses dents, le visage rouge de gêne, un sourire embarrassé collé sur le visage.
Iruka, dans le même état qu'elle, lui prit la main et l'obligea à se lever. Manipulée comme une marionnette, elle finit par saluer timidement, espérant que ce cauchemar se termine rapidement.
Le maire, avec un sourire bienveillant mais teinté d'une pointe de malice, l'invita à les rejoindre dans l'arène. Sakura resta figée, ses jambes refusant obstinément de bouger. Le centre de l'arène semblait si loin, un espace infini qu'elle devrait traverser sous les regards de milliers de spectateurs.
Les enfants, trop enthousiastes pour partager ses hésitations, la poussèrent doucement vers l'avant.
Ne faites pas votre timide, Mademoiselle Haruno, lança le maire avec un éclat dans les yeux. Vous savez voler, non ?
La phrase, prononcée avec une légèreté déconcertante, la cloua sur place. Ses yeux s'écarquillèrent, incrédules. Il lui demandait vraiment de faire le show ? Après tout ce qu'elle venait de vivre ?
La foule, en revanche, s'embrasa d'enthousiasme à cette suggestion. Des encouragements fusèrent de toutes parts, les gradins vibrants sous l'excitation collective.
Je… euh… ce n'est vraiment pas une bonne idée, balbutia-t-elle, sa voix aigüe trahissant une montée d'angoisse incontrôlable.
Calme-toi, Sakura.
La voix grave et posée de Kakashi la tira brusquement de son tourment. Elle tourna la tête, surprise de le voir là, si proche, comme une ombre rassurante. Quand était-il revenu ?
Son regard croisa le sien, et pour un instant, elle hésita. Elle ne savait toujours pas quoi penser de ce qui s'était passé plus tôt. Mais son calme, cette sérénité qu'il semblait toujours porter avec lui, était contagieux.
Respire, lui dit-il doucement. Concentre-toi sur la fontaine. Prends juste ce qu'il faut.
Les mots, simples mais précis, firent écho en elle. La foule continuait de scander son nom, la pression montant à chaque seconde. Sakura détourna son attention de Kakashi, repoussant à plus tard les questions qui tournaient dans sa tête. Une fois encore, elle choisit de lui faire confiance.
Elle ferma les yeux, laissant sa respiration ralentir. Dans son esprit, elle visualisa la fontaine, cette source intérieure d'énergie qui pulsait au rythme de son cœur. Lentement, elle activa ses artefacts, sentant la chaleur familière envahir ses membres.
Écartez-vous, s'il vous plaît, murmura-t-elle à ceux qui l'entouraient, sa voix ferme malgré le tumulte.
Les spectateurs proches obéirent, créant un cercle de sécurité autour d'elle. Sakura libéra une quantité d'énergie mesurée, juste assez pour la propulser au-dessus de la piste. Son corps s'éleva avec grâce, porté par une lumière éthérée qui fit taire un instant la foule, subjuguée.
Elle atterrit en douceur devant ses camarades, ses mouvements précis et maîtrisés, comme si elle avait répété ce geste des centaines de fois.
Frimeuse, murmura Naruto avec un sourire amusé, avant de la prendre dans ses bras avec une chaleur sincère. Ne nous refais plus jamais une peur pareille.
Promis, répondit-elle, un sourire timide éclairant son visage alors qu'elle savourait l'apaisement de sa présence.
Elle se tourna ensuite vers la foule, qui explosa en acclamations. Les cris, les applaudissements, les ovations résonnaient dans tout le stade. Rouge de gêne, elle accepta la médaille tendue par le maire, ses mains légèrement tremblantes.
Le maire lui empoigna la main avec une assurance presque théâtrale, son sourire éclatant tourné vers les photographes qui, déjà, envahissaient la piste.
J'espère vous voir au bal annuel la semaine prochaine, Mademoiselle Haruno. Je réserve une danse avec vous ! lança-t-il, son ton chaleureux mais calculé.— Euh… oui… oui, bien sûr, répondit Sakura d'une voix distraite, sans réellement prêter attention à ses propos. Son esprit était accaparé par l'éclat incessant des flashs qui l'aveuglaient et le tumulte oppressant autour d'elle. Sortez-moi de là… pria-t-elle silencieusement.
Comme s'il avait entendu son appel muet, Sasuke apparut à ses côtés. D'un geste ferme mais protecteur, il posa ses mains sur ses épaules, adressant au maire un sourire poli mais distant, celui qu'il réservait aux échanges diplomatiques.
Elle a besoin de se reposer, déclara-t-il avec une courtoisie mesurée. Merci encore pour l'organisation. Vous pourrez féliciter vos équipes, comme toujours, le travail a été impeccable.
Le maire, comprenant le sous-entendu, hocha la tête avec un sourire entendu. Il serra la main de l'Uchiha avant de faire signe à ses assistants de descendre la plateforme. Tandis qu'elle disparaissait dans les sous-sols, Sakura, épuisée, s'effondra sur ses genoux, incapable de supporter une tension supplémentaire. Un silence lourd s'installa, jusqu'à ce que Konohamaru le rompe, son ton direct tranchant comme une lame.
T'es une Seimei ? lâcha-t-il abruptement, faisant écarquiller les yeux de Sakura.
Fais attention à ce que tu dis, Konohamaru, gronda Naruto, inhabituellement sévère.
Désolé, c'est juste que… enfin merde quoi ! Vous avez vu son Child ?! s'exclama-t-il, embarrassé mais obstiné.
Non, répondit simplement Sakura, sa voix calme masquant à peine son trouble.
Elle se releva lentement, époussetant son pantalon, son regard fixé sur un point invisible.
Mon nom est Haruno. Fille de Hana et Ren Haruno, morts pendant l'Invasion comme des milliers d'autres civils, ajouta-t-elle d'un ton neutre, presque mécanique.
Mais ton Child ! C'est un Child Seimei, non ? insista Moegi, les yeux brillants d'une curiosité mal contenue.
Sakura haussa les épaules, l'air détaché.
Les gènes, ça se mélange, vous savez. Peut-être qu'un de mes ancêtres appartenait au clan Seimei, répondit-elle simplement, se rappelant les paroles de l'homme blond lors de son interrogatoire.
Si tu le dis… murmura Moegi, visiblement peu convaincue.
Ça suffit, trancha Sasuke, mettant un terme à la conversation. Changez-vous. Et si des journalistes vous posent des questions sur elle ou sur son Child, vous ne répondez pas.
Les ordres du capitaine furent suivis sans protestation. Un à un, les membres de l'équipe se dirigèrent vers les vestiaires, laissant Sakura et Sasuke seuls dans le silence retombé.
Quand ils furent sûrs que personne ne les écoutait, Sasuke brisa le calme.
Où est-ce qu'ils t'ont emmenée ? demanda-t-il, sa voix basse mais ferme.
Aux toilettes, répondit-elle avec une désinvolture feinte, prenant la direction des vestiaires.
Mais il n'était pas dupe. En quelques pas, il la rattrapa, attrapant son poignet pour la forcer à s'arrêter.
Ne joue pas à ça avec moi, Haruno, lâcha-t-il d'un ton autoritaire. Où t'ont-ils emmenée ? répéta-t-il, ses yeux sombres ancrés dans les siens.
Sakura détourna le regard, incapable de soutenir l'intensité de son interrogation.
En salle d'interrogatoire, murmura-t-elle enfin, sa voix tremblante.
Elle inspira profondément, tentant de contenir les souvenirs douloureux qui menaçaient de l'engloutir.
Ne me demande pas de raconter, s'il te plaît, supplia-t-elle, une larme solitaire traçant un sillon silencieux sur sa joue.
Il lut l'angoisse dans ses yeux, une fragilité qu'elle ne montrait que rarement. Un éclat d'inquiétude passa dans son regard, mais il n'insista pas.
Sans un mot, il l'attira contre lui, refermant ses bras autour de son corps tremblant. Elle se laissa aller à cette étreinte, trouvant dans sa présence le réconfort dont elle avait besoin.