Chapitre 1 : Lettre et révélations

La neige tombait doucement sur New York, recouvrant les rues d'un voile blanc, et tout semblait plus calme sous ce manteau hivernal. Camille leva les yeux vers le ciel gris et laissa les flocons se poser sur ses joues. Elle aimait la neige. Il y avait quelque chose de réconfortant dans cette blancheur immaculée, un calme qui lui rappelait les hivers passés au Canada.

Dans ses souvenirs, la neige était toujours synonyme de légèreté. Elle revoyait les enfants de l'orphelinat courir dans la cour glacée, leurs rires résonnant dans l'air froid, et la douce brise apportant une sensation de fraîcheur. Elle se souvint de leurs batailles de boules de neige, des anges tracés dans la poudreuse, de l'excitation palpable dans l'air de leur innocence. Ces souvenirs étaient rares, mais toujours d'une pureté éclatante, comme cette neige qui tombait ce soir-là.

Pourtant, aujourd'hui, la neige, habituellement source de réconfort, n'apportait aucune chaleur à son cœur glacé. Camille se sentait perdue. Chaque flocon semblait s'ajouter à la lourdeur de ses pensées. Ses yeux se posèrent sur le morceau de parchemin soigneusement plié qu'elle avait mis dans la poche de son manteau ce matin-là, avant de quitter son bureau au MACUSA.

La lettre était arrivée sans prévenir, laissée sur son bureau, à côté des piles de dossiers, comme une intrusion silencieuse. Le papier semblait avoir été choisi avec soin, l'écriture élégante et formelle, et pourtant, tout dans ce message semblait incertain, étrange. Elle l'avait ouverte dès qu'elle l'avait vue, sans même penser à en informer qui que ce soit. C'était comme si cette lettre avait le pouvoir d'exiger son attention, comme une vérité qu'elle ne pouvait fuir.

Camille,

Ce que je vais t'écrire va bouleverser tes certitudes.

Tu as grandi en croyant avoir été abandonnée, mais cela n'a jamais été le cas. Tes parents t'aimaient profondément. Ils ont été arrachés à toi dans des circonstances tragiques, et l'un d'eux est encore en vie.

Il est temps que tu connaisses la vérité. Viens en Angleterre. C'est là-bas que tu trouveras les réponses que tu cherches depuis toujours.

Elle avait relu la lettre plusieurs fois, son cœur battant plus vite à chaque mot, incapable d'y croire, mais tout aussi incapable de la laisser de côté. Qui pouvait bien lui écrire cela ? Un mystère s'était imposé dans sa vie, et elle n'était pas prête à l'accepter. Mais elle savait aussi que la vérité, aussi douloureuse fût-elle, était un fardeau qu'elle ne pouvait ignorer.

Malgré le tourbillon de pensées qui l'assaillait, Camille réussit à enchaîner sa journée de travail. Chaque tâche semblait s'accomplir mécaniquement, sans qu'elle ne puisse se concentrer pleinement. Elle se força à avancer, comme un automate, cherchant à ne pas s'enfoncer davantage dans ses réflexions. Mais chaque moment, chaque geste, chaque mouvement semblait terne, vidé de toute énergie. La lettre, ses révélations, les questions sans réponses, tout tournait dans son esprit sans qu'elle puisse le maîtriser.

À la fin de la journée, après avoir quitté le bureau, elle décida de s'arrêter chez Sam, son petit-ami. Elle ne voulait pas rester seule avec ses pensées. Elle avait besoin de lui, même si elle n'était pas certaine de ce qu'elle attendait de lui, ni de ce qu'elle ressentait. Mais, en tout cas, elle avait besoin de lui parler. De partager ce qu'elle avait découvert.

Elle arriva dans l'appartement de Sam, un lieu qu'elle connaissait bien, presque trop bien. Il était calme, comme toujours, mais quelque chose dans l'air semblait différent, presque lourd. Quand elle entra, elle n'eut même pas le temps de poser un pied dans le salon qu'elle aperçut la scène : Sam, torse nu, se tenait à côté de Lola, qui l'embrassait.

Les mots ne vinrent pas. Camille resta figée sur le seuil, une douleur sourde enflant dans sa poitrine. Ses yeux, grands ouverts, fixaient l'image devant elle comme si elle venait de sortir d'un mauvais rêve. Sam et Lola, tous deux absents d'excuses, ignoraient sa présence un instant. Elle se souvenait de Lola, de leurs journées passées ensemble à l'Académie de Salem. Elles avaient été camarades de chambre, avaient partagé des heures de cours de Défense contre les Forces du Mal, et s'étaient soutenues lors des examens de potions. Lola avait toujours été là, une amie fidèle, surtout quand Camille peinait à maîtriser la magie. Venir d'un monde sans magie n'avait pas été facile, et Lola l'avait épaulée à chaque étape. Elle lui avait appris à comprendre et à accepter ses pouvoirs, lui expliquant avec patience les sorts les plus simples comme les plus complexes. Elles s'étaient soutenues mutuellement dans les moments difficiles, trouvant une force dans leur amitié.

Mais aujourd'hui, tout ça n'avait plus de sens. Sam et Lola n'étaient plus ces amis sur qui elle pouvait compter. Ils étaient les visages de sa trahison.

Le choc la paralysa un instant. Elle n'arrivait pas à comprendre ce qu'elle voyait, ce qu'elle entendait. C'était comme si un voile s'était abattu sur elle, un voile qui l'empêchait de saisir la réalité de la situation. Sam, l'ayant enfin aperçue, ne tenta même pas de s'excuser. Il se redressa brusquement, mais ses gestes étaient maladroits, comme s'il avait du mal à comprendre l'ampleur de ce qui venait de se produire.

"Camille, attends…" tenta-t-il, sa voix basse.

Mais elle secoua la tête, comme pour faire taire ses paroles. Elle n'avait pas besoin de mots. Elle n'avait pas besoin d'explications. Elle n'avait pas besoin de leurs justifications. Elle se sentait trahie. Bouleversée. Un trop-plein d'émotions qu'elle ne pouvait plus contenir. Ses doigts tremblaient tandis qu'elle se détournait d'eux, son esprit en pleine tourmente. Tout semblait l'écraser, la pousser à se refermer sur elle-même. Elle ne savait même pas ce qu'elle ressentait vraiment, mais la douleur, elle, était bien présente.

Elle tourna les talons, comme un automate, sans vraiment savoir où elle allait. Elle se laissa guider par une mécanique émotionnelle, les jambes lourdes, la tête pleine de questions sans réponses. Elle n'était même pas certaine de ce qu'elle attendait, mais elle savait qu'il était hors de question de rester ici. Elle ne voulait plus les voir. Elle ne voulait plus les entendre.

Elle sortit en trombe, ses pas résonnant dans le hall de l'immeuble. Dès qu'elle s'éloigna de l'appartement, elle inspira profondément, la froideur de l'air de la nuit la frappant comme un choc. Camille se demanda si elle ressentait vraiment le froid ou si ce n'était qu'une illusion.

Elle se retrouva seule, face à elle-même, dans une réalité qu'elle ne reconnaissait plus. Les souvenirs de la journée se mélangèrent dans sa tête, tout devenant flou et insaisissable. Elle ne savait même plus si c'était la douleur qui l'étouffait ou simplement l'épuisement mental qui prenait le dessus.

Le souffle court, elle s'éloigna de l'immeuble, sans but précis. Elle n'avait aucune idée de ce qu'elle devait faire maintenant. L'air froid la frappait avec force, mais elle n'en ressentait presque rien. C'était comme si tout était devenu secondaire, comme si son corps était vidé de toute énergie.

Elle s'arrêta quelques instants, fermant les yeux, essayant de reprendre ses esprits. Sa main se posa machinalement sur sa baguette, qu'elle portait toujours dans la poche de son manteau, comme une ancre dans ce moment de chaos. Sans réfléchir, elle la saisit fermement et, d'un geste rapide, se concentra sur son lieu de destination : la rue jouxtant son appartement. Son petit coin à elle, là où elle pourrait être seule avec ses pensées.

Dans un léger flash de lumière bleutée, elle se sentit se tordre, ses pieds quittant le sol pour un instant. Le transplanage l'emporta alors dans l'immensité de l'espace, la déposant directement au pied de son immeuble. Sans même s'en rendre compte, elle se retrouva dans l'entrée de son appartement, l'air encore glacé sur la peau, et ferma la porte derrière elle d'un coup sec.

Elle se laissa glisser contre le mur, son regard perdu dans le vide, sa tête appuyée contre la surface froide de la porte. Une bouffée de souffle s'échappa de ses lèvres, comme si elle essayait d'évacuer un trop-plein de sentiments. Mais rien ne semblait suffire à apaiser la tourmente qui faisait rage dans son cœur.

Le bruit du transplanage encore dans les oreilles, elle se tenait là, figée, les jambes tremblantes, incapable de poser un pied devant l'autre. Le monde autour d'elle semblait flou, son esprit plongé dans une brume épaisse.

Un moment passa, une éternité peut-être, avant qu'elle ne se redresse lentement, se dirigeant en silence vers son canapé. Camille s'effondra dedans, une larme solitaire glissant sur sa joue. Tout ce qu'elle avait cru savoir venait de s'effondrer.