Disclamer: Le film Mufasa ne m'appartient pas. Tout appartient à Disney.

Bonne lecture!


La lune brillait dans le ciel, blanche et entière. Elle baignait la savane d'une lumière blafarde, invitant les animaux au silence et au repos. On ne pouvait que deviner certains animaux qui se mouvaient encore dans l'obscurité. Quelques branches craquaient par moment sous leurs pas.

Nia s'allongea sur le sol, au pied de ce gigantesque arbre mort auquel on attribuait le pouvoir de donner la vie. Ses racines parcouraient le sol pour y insuffler l'herbe, les fleurs et les arbres. Il était de bon augure que de mettre bas sous la bénédiction de ses branches. Son gros ventre se soulevait d'une respiration saccadé, se préparant à accomplir ce petit miracle.

Nia en était fière : elle serait la première à avoir des petits. L'un d'eux serait certainement amené à succéder à son père.

L'effort fut bref, la douleur intense et la délivrance salutaire. Elle entreprit de nettoyer son petit de ce liquide sombre qui les couvrait encore. A coté de lui, deux formes inertes, sans vie. Elle le lécha, sa langue râpeuse redonnant sa vraie couleur à son pelage.. Après avoir fait sa toilette, elle le saisit par la peau du cou et l'emmena avec elle, se coucher dans un tronc d'arbre. Ils seraient ainsi tous deux à l'abri des regards. Le petit lionceau avait encore les yeux fermés et cherchait le sein de sa mère à tâtons. Il se blottit contre elle en quête de chaleur dans cette nuit fraîche.

Le lendemain, le soleil fendit l'horizon de sa lumière éclatante. Tout se teintait d'or à cette heure…sauf une chose : le lionceau qui était né la veille. Nia ne put que constater leur différence glaçante. Alors qu'elle était d'une couleur fauve et poussiéreuse, son fils était blanc comme l'ivoire, immaculé comme la lune.

Les oreilles de Nia frémirent; elle les entendait arriver. Elle ne pouvait ni fuir ni trouver un subterfuge pour lui redonner un peu de couleur.

Hodari marchait d'un pas lent et lourd. Il secoua fièrement sa crinière pour en chasser les mouches. Sa couronne était duveteuse comme un nuage. Les oiseaux avaient murmuré qu'un lionceau était né durant la nuit. Il ne pouvait contenir son excitation. C'était son premier enfant, son héritier, leur avenir. Les autres lions de sa horde le suivaient, curieux de faire la connaissance de ce nouvel individu.

Nia descendit du tronc d'arbre, la tête basse.

- «Pourquoi n'es-tu pas revenue pour nous présenter notre fils ?, demanda Hodari en caressant Nia de sa tête.

- Je voulais qu'il se repose, évoqua la lionne à demi-mot.

- Où est-il ?», s'enquit le lion en cherchant une boule de poils dans son sillage.

Nia soupira. Elle remonta dans le tronc d'arbre, prit son petit et redescendit aussitôt. Elle posa le lionceau devant son père.

«Il est blanc» commenta un lion de la horde, stupéfait.

C'était ce que tout le monde pensait sans oser le dire. Nul n'avait manqué de remarquer les deux petits corps sans vie un peu plus loin. Les vautours volaient en cercle au-dessus d'eux, attendant patiemment.

- « Je suis désolée, Hodari, je…, commença Nia.

- Il est blanc, il n'est pas mourant, coupa ce dernier.

- C'est un mauvais présage, continua son épouse. Il a tué son frère et sa sœur avant même de naître!

- Il est né une nuit de pleine lune, commenta un autre.

- J'ai entendu dire que ces lions apportaient la désolation sur les terres, pointa un autre.

- J'ai entendu que ces lions pouvaient dévorer leur propre famille et que….»

Hodari rugit. Il frappa le sol de ses pattes avant, déplia ses crocs. Son rugissement les fit taire.

-« Si vous l'avez entendu mais pas vu de vos propres yeux, entendu de vos propres oreilles, cela ne vaut guère plus que le chant des oiseaux.

Mais, Hodari, l'interpella Nia, regarde-le. Il est petit, faible, je ne suis pas sûre qu'il survive.

Il y a donc un espoir qu'il vive. Toute vie mérite notre considération. La plus petite des abeilles apporte la végétation et la végétation nous apporte les antilopes.

Quand bien même il survivrait, il est blanc. On ne voit que lui ici. Il ne pourra jamais chasser, jamais se nourrir. Il sera un fardeau.

Fadaise ! Il trouvera sa propre façon de chasser. Je vous rappelle que ce lionceau est mon fils et à ce titre, il mérite votre respect et votre protection. Seul l'avenir nous dira de quoi il est vraiment capable.»

Hodari regarda son fils. Il était minuscule, il aurait pu tomber dans l'empreinte de sa propre patte. Il tremblait, les yeux fermés. Il cherchait la chaleur de sa mère. Hodari frotta sa large tête contre celle de son petit, avec une douceur étonnante, lui qui était si imposant.

La troupe marmonnait tout bas dans leurs crinières.

- « On devrait l'appeler Matata, ricana un lion dans un murmure.

- Ou Zuberi…»

Hodari tourna ses oreilles. Il se retourna, accula les deux jeunes lions insolents qui se ratatinèrent sous la menace de son rugissement.

«Il s'appellera Kiros.» annonça Hodari.

Il balaya des yeux sa troupe d'un regard dissuasif.

«Nous attendrons trois lunes. Qu'il grandisse, prenne des forces. Je me chargerai personnellement de son éducation par la suite.»

Hodari s'en alla, la troupe sur ses talons, Nia dans son sillage avec le frêle lionceau dans sa gueule.


Au troisième jour, le jeune Kiros ouvrit les yeux. Ses iris dévoilèrent des yeux d'un bleu pâle. Sa mère en frissonnait quand elle croisait son regard : c'était un regard... de mort.

Le jeune lionceau continua de grandir, déjouant tous les traîtres qui avait parié sur sa mort. Il était à présent deux fois plus imposant que les lionceaux de son âge. C'était désormais un lionceau enjoué et sociable. Malheureusement, les lions de la troupe s'écartaient sur son passage, fuyant son contact. Les lionnes se refusaient à lui accorder leur protection. Sa propre mère rechignait à lui accorder de son temps; elle le faisait uniquement parce qu'elle sentait le regard d'Hodari sur son échine. Les lionceaux du groupe évitaiten de jouer avec Kiros dès que leurs parents étaient dans les environs. Ses derniers voyaient dans son pelage blanc, l'ombre de la mort, dans son regard bleu, le perdition. D'autant plus qu'il était d'une taille colossale; il aurait pu tordre le cou des innocents petits.

Son existence était solitaire, un désert où l'oasis de son père se faisait voir de temps à autre. Ce dernier emmenait Kiros avec lui autant qu'il le pouvait. Il lui apprenait à traquer le bétail, à cacher son odeur dans le vent, à chercher l'ombre des arbres aux heures chaudes pour se protéger des brûlures du soleil.

Kiros n'avait que quatre mois mais il était déjà plus haut que le coude de son père.

- «Aujourd'hui, nous allons chasser ensemble pour la première fois, annonça Hodari.

- Mais ce ne sont les lionnes qui chassent ?, s'interrogea son fils.

- Un jour viendra où tu devras quitter la troupe pour fonder ta propre famille. Tu devras alors chassé seul.»

Kiros garda le silence. Ses oreilles fléchirent sous le poids du chagrin. Son existence était si solitaire qu'il doutait sérieusement qu il puisse en être autrement.

-«Que va-t-on chasser aujourd'hui, père ?, demanda-t-il pour changer de sujet.

- Des gnous.

- Des gnous ?! Mais ils sont immenses !

- Oui, rit le roi mais ils ne sont pas invincibles. Tu dois d'abord en repérer un qui est plus faible que les autres : malade, vieux, jeune… Lorsque je donnerais l'assaut, tu regarderas bien comment se débouille ton vieux père.»

Père et fils se sourirent, complices.

Hodari aida Kiros à se mettre en sécurité sur les branches d'un arbre. De plus, du haut de son perchoir, il ne manquerait rien de la tactique de son père.

Hodari s'éloigna sous le regard bleu de lionceau. Il se baissa, rampa dans les hautes herbes… Lorsque quelques individus tournèrent la tête vers sa cachette, il reste immobile pour endormir leurs vigilances. Il s'avança aussi loin qu il put puis surgit des hautes herbes. Les gnous jappèrent de peur et s'éparpillèrent dans tous les sens comme des oiseaux. Hodari prit en chasse un grand et vieux gnou qui semblait avoir un problème à la patte. Il anticipa sa feinte, coupa le virage et sauta sur le dos de sa proie. Il planta ses griffes et sous son poids, la bête tomba dans un nuage de poussière. La bête pleura, supplia, pria pour sa clémence et enfin Hodari abrégea ses supplications d'un coup de crocs. Le gnou ne bougea plus; son âme s'en était allée, ne restait que le festin de son corps.

Kiros sauta de sa branche, fit un rouler bouler dans la brousse et rejoignit Hodari en courant.

Kiros s'émerveilla des talents de son père. Ce dernier l'invita à se joigne à lui pour le repas. Le lionceau croqua à pleines dents dans son repas, mangea avec appétit. Il était tellement vorace qu'Hodari se sentit obligé de lui poser la question :

-« Tu manges assez ?

Parfois j'ai encore faim mais c'est que je mange en dernier donc…»

Hodari fronça les sourcils.

-« et où est ta mère à ce moment-là ?

- Elle mange avant avec les autres, répondit Kiros du tac au tac sans voir le mal.

- T'a-t-elle dit pourquoi ?

- Ils pensent que j'apporte la mort.»

Hodari ravala un grognement.

«C'est parce que j ai tué mon frère et ma sœur dans le ventre de maman, expliqua le lionceau en mâchonnant un morceau de gnou. Mais je n'ai pas fait exprès. J'aurais bien aimé avoir un frère et une sœur comme moi. Mais les autres disent que je suis méchant parce que je les ai tués».

Hodari se promit de régler la situation... mais d'abord, il se devait de rassurer son fils.

« Mon fils, viens près de moi»

Kiros se jeta dans la sombre crinière de son père. Ce petit nuage blanc aux yeux malicieux adorait la chaleur rassurante de l'amour.

«Je vais t'expliquer quelque chose, commença le roi. La vie n'est pas comme la course du soleil, nous ne sommes pas égaux. Certains s'éteignent à l'aube, au zénith ou au crépuscule de leur vie. D'autres, comme ton frère et ta sœur n'ont pas du la chance de sortir de la nuit. Ce n'est pas ta faute. Tu es né et ton existence n'a rien retiré à qui que ce soit, je peux te l'assurer.»

Kiros repensa aux oiseaux qui avaient jeté des pierres sur sa tête parce que les insectes venaient à manquer par sa faute. Il repensa aux lionceaux qui l'avaient mordu parce que les gnous avaient migré par sa faute. Il repensa aux babouins qui lui avaient jeté des fruits parce que leur arbre mourait par sa faute. Était-il vraiment aussi innocent que le disait son père ?

- « Kiros, murmura le lion, tu vas aller jouer près du point d'eau. Je t'y retrouverai un peu plus tard, quand le soleil touchera les arbres.

- Tu vas où ?

- J'ai une affaire à régler.»

Hodari l'éloigna dans une légère course. Kiros le regarda s'éloigner jusqu'à disparaître parmi les hautes herbes. Plutôt que d'aller au point d'eau, il préféra se poser sur une branche et observer la vie de la savane. Seul, personne ne pourrait lui reprocher quoi que ce soit.


Hodari arriva jusqu'à l'ombre du baobab tordu où reposaient les lionnes après la chasse. Le soleil ardent rendait propice à l'oisiveté. Seuls les petits jouaient ensemble.

- « Où est Nia ?, gronda-t-il en découvrant ses crocs

- Je suis là. », répondit cette dernière en s'avançant vers lui.

Hodari la saisit par la peau du cou et la jeta au sol. Nia en eu le souffle coupé. Hodari fusilla les autres lionnes du regard. Chaque petit avait rejoint sa mère, les oreilles basses, sans un bruit.

«Si j'ai le malheur d'entendre que Kiros a été victime d'une de vos manigances, je serais moi-même la mort qui frappera. N'oubliez pas que certaines d'entre vous aussi étaient en quête d'une troupe. Si je vous ai donné un foyer, je peux aussi vous le reprendre. Peu de mâles seraient enclins à tolérer des petits qui ne sont pas les leurs…» termina-t-il en regardant les petits de ses yeux jaunes.

Les femelles baissèrent la tête sur leurs petits qui s'étaient recroquevillés entre leurs pattes. Elles acquiescèrent, les yeux baissés. Elles assurèrent qu'elles obéiraient mais elles n'en feraient rien. Les superstitions sont plus dures que la roche, plus indomptables que l'eau de la cascade.


Notes :

Kiros signifie "le trône de Dieu" en swahili, Hodari "courageux", Nia "intention, but". Hodari et Ni sont des OC.

Je mettrai le chapitre 2 demain. Cette petit fanfic comptera 3 chapitres au total.

A bientôt