.

"Like the wind,

You came here running,

Take the consequence of living."

.

Transition 1 - 2h35 du matin :

Brendan vient de rentrer du Pub après avoir fait la fermeture, et Mackus le Monstrus est au milieu de nous, dans le lit, sous la couette car il gèle dehors. Évidemment, toutes les discussions qui suivent sont en Anglais, mais je les traduis ici pour plus de facilité. J'étais donc allongée au lit, m'endormant aux doux sons des ronflements de Mack.

Et puis...

... Je sentais mon esprit partir, le sommeil arrivait, m'enveloppait petit à petit. Alors que je m'apprêtais à sauter dans les Univers de mes cauchemars, j'ai commencé à entendre des sons. Des sons autres que les ronflements de Mack et la respiration de Brendan. Des sons en Anglais. En écoutant attentivement, j'ai compris qu'il s'agissait de musique. Et plus spécifiquement, du Rap. Je déteste le Rap, ce n'est pas de la musique, ça mérite à peine le nom de "bruit", c'est de la merde. Au début, je n'y prêtais pas attention, je pensais que Brendan avait laissé sa tablette tourner. Sauf que, Brendan n'écoute pas de Rap, parce que c'est vraiment de la merde. Mais, comme mon esprit partait, je n'ai pas pu trop réfléchir, je n'ai pu que murmurer :

- Brendan, mets tes oreillettes.

Mon esprit partait encore, comme si j'étais ivre, je sentais mon âme s'arracher à mon corps pour sauter dans un portail dimensionnel. Cependant, la musique revint.

Je ne comprenais pas les phrases en Anglais, car personne ne comprend ce que les Rappeurs prononcent. J'essayais d'abord de m'endormir malgré cette merde, mais la musique persistait et me tapait sur les nerfs.

Avec beaucoup d'énergie, j'ai forcé mon esprit à revenir totalement dans mon corps, à me réveiller pleinement pour dire à Brendan d'éteindre ce truc.

Sauf que...

.

"There's no space,

There's no tomorrow,

What we need's communication."

.

Transition 2 - 2h45 du matin :

... En me réveillant totalement, il n'y avait qu'un silence pesant.

Aucune musique, aucune tablette allumée, rien. À peine le ronronnement de Mack à côté de moi.

Mais rien d'autre. Pas de musique. Pas de Rap de merde.

OK...

J'ai fermé mes yeux, j'ai pensé à autre chose et j'ai attendu que le sommeil me reprenne. Ce qui ne tarda pas à arriver. Mon esprit partit de nouveau, tombant petit à petit dans un nouvel Univers. Et là...

... Ça a recommencé.

La musique est revenue, ce flot incessant de mots incompréhensibles. Alors, j'ai râlé à nouveau, à demi endormie :

- Brendan, mets tes oreillettes.

Il ne répondit pas. Mais la musique continuait. Je n'en pouvais plus.

Encore avec beaucoup d'énergie, je me forçais à me réveiller entièrement, ramenant mon esprit dans mon corps.

Et, encore...

.

"Check it in, check it out,

But the sun will never shine,

Paranoid anyway,

In the subways of your mind."

.

Transition 3 - 3h du matin :

... Rien, le silence.

Pas de musique.

Et là, je ne sais pas pourquoi, mais c'est ce qui m'est venu en tête à ce moment-là : J'avais clairement des hallucinations auditives et j'ai cru que j'étais atteinte de Schizophrénie.

Oui, oui !

Alors, comme la musique n'existait pas, à part dans ma tête, j'ai cru que j'avais développé une énième maladie mentale et je me suis mise à pleurer. À pleurer, pleurer, pleurer à chaudes larmes, une crise d'angoisse s'immisça lentement en moi, prenant le peu d'énergie qu'il me restait pour finalement me mettre KO et m'engloutir dans une terreur nocturne...

.

"Like the wind,

Blowing from somewhere,

Let a smile be your companion."

.

Transition 4 - 3h15 du matin :

Je portais une magnifique robe de princesse, aussi bleue que mes océans, aussi longue qu'un géant, traînant à mes pieds comme le voile d'une mariée. Mes immenses cheveux châtains étaient noués en une imposante tresse qui cascadait dans mon dos. Mes pieds avaient de beaux souliers argentés et les paillettes de ma parure étincelaient aux rythmes de mes pas. J'avais toujours ma peau blanche recouverte de taches de rousseurs qui se mélangées à mes milliers de grains de beauté.

À mes côtés, me tenant par le bras, se trouvait Tom Hardy.

Oui, oui, l'acteur, pas un de ses personnages, en chair et en personne !

Il avait les cheveux châtains en bataille sur son crâne et une barbe touffue. Il portait une chemise froissée et blanche avec, par-dessus, une veste en cuir noire. Il avait un vieux jean usé et d'épaisses chaussures de randonnées. Ce qui contrastait avec ma tenue de bal.

Car, c'est là que nous étions, dans une immense salle de bal.

C'était une pièce géante, au plafond de plusieurs mètres de haut, aux lustres de cristal suspendus à des chaînes d'argent, pour éclairer l'endroit de mille feux. Il y avait des fenêtres, minuscules, en hauteur, au-dessus des alcôves taillées dans les murs ocres. Un tapis écarlate s'étalait de tout son long au milieu de la salle de bal.

Nous n'étions pas seuls, bien sûr, plusieurs personnes se trouvaient parmi nous dans la grande pièce. Certains portaient des tenues de soirée, comme moi, et d'autres étaient en détente comme Tom.

Tom qui d'ailleurs ne me quittait pas d'un centimètre, son bras autour du mien, il sondait les gens comme pour me protéger d'un danger à venir.

Et comme vous êtes dans un de mes cauchemars, vous vous doutez bien que Tom avait raison...

.

"There's no place,

For when there's sorrow,

Time for young and restless dreamers."

.

Parce que la salle de bal était en réalité verrouillée. Deux portes, immenses et lourdes, en bois, menaient à l'extérieur, mais impossible de les ouvrir. Surtout, nous ressentions quelque chose d'étrange, un bercement improbable, comme si nous nous trouvions sur un navire, ce qui n'avait bien évidemment pas de sens.

Tom, qui était très musclé et plutôt fort, essaya à plusieurs reprises d'ouvrir les battant aux gravures dorées, mais rien. Les portes ne bougeaient pas d'un millimètre.

J'observais les autres gens dans la salle, ils semblaient paisible, normaux, parlant et profitant des flûtes de champagne. De l'alcool que ni Tom, ni moi, nous ne pouvions boire. Étant tous les deux des alcooliques et en sobriété totale. (True Story IRL.).

- Je n'aime pas ça... murmura Tom à mon oreille.

Mon ventre se noua.

Enfin, une des portes s'ouvrit et un homme entra dans la salle de bal. Il portait un joli costume et un micro à sa main droite. Il souriait en reluquant tout le monde tour à tour. Il se plaça entre nous et la sortie, puis se présenta dans son micro, sa voix résonnant dans toute la salle :

- Bienvenue, bienvenue !

Tom se colla un peu plus à moi et lorgna mauvaisement l'étranger, qui reprit d'ailleurs :

- Nous sommes heureux de vous voir ici, dans cette magnifique salle.

- "Nous" ? chuchota derechef Tom à mon oreille.

Il tourna sa tête vers la grande porte et découvrit qu'effectivement, il y avait des gardes tout de noir vêtu à la sortie, armés et sérieux.

L'animateur continua son laïus :

- Jouons à un jeu, voulez-vous...

Son sourire sadique fit tomber mon cœur dans ma poitrine.

- "Simon says", vous connaissez ?

Tom grogna dans sa barbe et plissa des yeux, tandis que l'intrus expliqua :

- Si je commence ma phrase par "Simon says", vous devez faire ce que je vous dis. Sinon, non.

Tom tressaillit et me jeta un regard paniqué. Mais l'homme entama son jeu macabre :

- Allez tous au centre de la salle.

Nous n'avons pas écouté et nous sommes restés sur place.

Il avait quelque chose de malsain dans l'air, l'ambiance devenait de plus en plus pesante et sinistre.

.

"Check it in, check it out,

But the sun will never shine,

Paranoid anyway,

In the subways of your mind."

.

Après plusieurs longues minutes de silence, l'homme reprit ses ordres dans son micro :

- Simon says : allez tous vers le fond de la salle, contre le mur.

Le groupe de personnes bougea de concert. Tom et moi avons suivi le mouvement juste pour ne pas nous faire remarquer. Mais je sentais mon chéri en alerte, réfléchissant à un moyen de nous enfuir. Les gardes bloquaient la sortie, alors Tom leva les yeux en l'air, pendant que les miens fixaient l'animateur avec suspicion.

Il souriait jusqu'aux oreilles.

Doucement, je sentis des gouttes d'eau tomber derrière moi. Je me suis retournée par réflexe, tout comme Tom, et nous découvrîmes avec stupeur que les fenêtres à plusieurs mètres au-dessus de nos têtes laissaient couler de l'eau. Comme si une inondation affluait lentement sur la terre ferme. Tom comprit et il paniqua.

Alors que l'homme malsain reprit son jeu démoniaque, Tom me prit par la main, en ordonnant :

- Je vais t'aider à grimper, Alisone.

Le long du mur ocre se trouvait des alcôves taillées dans la pierre et cela ressemblaient presque à des échelles de fortunes. Ce fut exactement comme ça que Tom souhait utiliser ces renfoncements.

Il me tira vers le mur et m'aida à grimper sur la première alcôve, je dus relever le pan de ma longue robe et bien caler mon pied contre la façade pour ne pas glisser. L'eau continuait de ruisseler le long de la paroi, ce qui empêchait ma progression. Heureusement que Tom me donna un énorme coup d'élan en me poussant vers le haut à la seule force de ses bras (fichtrement musclés !).

Une fois en haut du mur, je me suis accroché au cadre de la fenêtre pour me surélever à la force de mes bras et, lentement, je suis passé à travers. L'ouverture n'était pas bien haute, alors je devais faire attention pour glisser de l'autre côté. Une fois dehors, je pris une profonde inspiration, profitant de l'air frais, mais ma joie fut de courte durée, car je voyais que l'eau montait de plus en plus, tout en tombant encore dans la salle de bal. Je me suis retournée pour passer juste la tête par l'ouverture et hurler en direction d'en bas :

- Tom !

Il grimpait déjà la paroi à la force de ses muscles, tandis que j'entendais l'homme flippant jouer à son jeu :

- Simon says : ne bougez plus et ne partez pas.

Tom n'écoutait pas, Dieu merci. Mais les autres, si...

.

"Check it in, check it out,

But the sun will never shine,

Paranoid anyway,

In the subways of your mind."

.

Tom me rejoingnit bien assez vite et se jeta dans mes bras avant de me voler un baiser, inquiet mais heureux. L'eau coulait par cascade dans la salle et ce qui devait arriver, arriva : la salle de bal commençait à se remplir de liquide froid. L'infâme animateur n'était plus là, il avait déserté la pièce, verrouillant les portes à clefs derrière lui et ses gardes, laissant les civils à l'intérieur. Forcément, Tom et moi passâmes nos têtes à travers la fenêtre pour aider les prisonniers.

- Hey ! Montez sur les alcôves ! hurlais-je.

Tom s'allongea à plat ventre et laissa tomber ses bras le long du mur, tout en criant vers le bas :

- Attrapez mes mains, je vais vous monter !

Néanmoins, une scène atroce se jouait sous nos regards impuissants : les gens ne bougeaient pas d'un pouce, ils restèrent figés sur place.

- Qu'est-ce que vous faites !? criai-je, en panique.

L'un d'entre eux répondit, presque d'une voix robotique :

- Simon says : ne bougez plus et ne partez pas. Alors nous ne bougeons pas et nous ne partons pas.

Je me suis levée d'un bond. Tom tenta de négocier avec eux, pendant que je me mis debout. L'eau m'arrivait aux genoux. Je cherchais une entrée à la salle de bal pour les faire sortir. Cependant, je compris avec angoisse où nous étions et pourquoi nous sentions la salle bouger comme si nous étions sur un bateau.

Parce que c'était le cas. En quelque sorte. Le bâtiment dans lequel nous nous trouvions ressemblait, de l'extérieur, à une vieille église, et la bâtisse se situait en plein milieu d'un îlot. L'îlot en question flottait sur un lac immense. Le soleil de midi reflétait sur l'eau. Une eau qui débordait des berges pour cascader sur les chemins, surtout autour de l'ersatz d'église pour tomber dans la salle, via les fenêtres ouvertes.

Le seul moyen de quitter l'îlot qui sombrait, était de nager jusqu'à la terre ferme en face. Une fois l'horreur de la situation comprise, j'ai relevé le pan de ma robe et je suis retournée vers Tom. Il n'était plus allongé sur le sol, car l'eau avait bien trop monté. En me penchant pour jeter un coup d'œil par la fenêtre, mon cœur manqua un battement. Les gens étaient toujours dans la salle, immobiles, et l'eau allait les engloutir, comme les passagers du Titanic.

- NON ! hurlais-je, en essayant de passer à travers la fenêtre.

Tom me retint à temps, pour ne pas que le violent courant de l'eau me fasse tomber, il me serra fort dans ses bras, en murmurant des :

- Shhhh, shhhh...

Tout en me caressant les cheveux pour me réconforter.

Cela ne fonctionna pas totalement, car une fois que le niveau de la mer atteignit la moitié de la salle de bal, les gens se noyèrent un à un, sans vraiment chercher à survivre. Ils mouraient lentement sous nos yeux impuissants...

.

"Check it in, check it out,

It's the summer blues,

Tear it in, tear it out,

It's some good excuse."

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Transition 5 - 4h du matin :

Tout en voyant les gens mourir noyé, je restais dans les bras de Tom et je me suis mise à pleurer. Pleurer, pleurer, pleurer à chaudes larmes.

Ma robe de princesse pesant lourd maintenant qu'elle était trempée et mes larmes tombaient dans l'eau froide. Alors que je pleurais jusqu'à faire une crise d'angoisse, une musique retentit dans l'air frais.

Le son strident d'un Rap immonde. Mon esprit commençait à s'arracher des bras de Tom, pour repartir vers le portail dimensionnel et regagner mon corps. Malgré ce voyage improbable, je ne me pouvais pas m'empêcher de pleurer.

.

"Check it in, check it out,

It's the summer blues,

Tear it in, tear it out,

It's some good excuse."

.

Transition 6 - 4h15 du matin :

J'ai utilisé mon peu d'énergie matinal pour me forcer à me réveiller. Je hurlais dans ma tête et je pleurais dans le lit. La musique diminua, Dieu merci, mais j'étais en détresse émotionnel et physique.

J'ai regardé l'heure sur mon portable, Mack a bougé et s'est mis à mes pieds sur la couette, j'ai essayé de me réinstaller pour me remettre de mes émotions. Je voulais écrire les mots-clefs du songe sur mon téléphone, mais je n'avais plus de force. Le peu d'énergie que j'avais a été gaspillé dans mon réveil. Alors, j'ai juste fermé mes yeux humides, et je me suis rendormie, pendant que Brendan s'est levé pour allumer le chauffage. La tempête soufflait dehors et il gelait jusque dans le lit.

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"Check it in, check it out,

It's the summer blues,

Tear it in, tear it out,

It's some good excuse."

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Transition 7 - 6h00 du matin :

Je ne voulais pas complétement me rendormir pour éviter un autre cauchemar, mais mon corps ne m'a pas demandé mon avis. Je me suis réveillée en sursaut, sans pleurer cette fois, à 6h du matin. J'étais épuisé. J'avais moins froid grâce au chauffage, mais j'avais du mal à pleinement reprendre conscience pour me lever.

Je me suis mise en boule dans mon lit jusqu'à 6h15, puis je me suis levée pour promener Mack dans le noir, pendant que Brendan partait ouvrir le Pub.

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"Check it in, check it out,

It's the summer blues,

Tear it in, tear it out,

It's some good excuse."

Check it in, check it out,

It's the summer blues,

Tear it in, tear it out,

It's some good excuse."

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Chanson : "Subways of Your Mind" par FEX. Le Lost Media le plus recherché d'Internet et qui a été trouvé ! J'avais cette chanson en tête en me réveillant à 6h.

26.01.2025

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