Non, je n'ai pas posté deux fois le même chapitre par erreur :D
kathvalju : Hey, contente que cette légère prise de pouvoir de Drago te plaise ! Dans ce chapitre, on continue d'embêter Harry XD Merci pour ta review, et félicitations pour y avoir pensé X,D
On était le 31 décembre 2001. Cela faisait exactement trois ans, deux mois et douze jours depuis que Drago avait été enfermé à Azkaban. Il lui restait donc à purger une peine de un an, neuf mois et dix-neuf jours, auxquels il fallait rajouter huit mois pour son mauvais comportement passé.
Moins d'une heure auparavant, le calcul était réconfortant et la porte de sortie paraissait atteignable.
A présent, Drago avait accepté le constat de Macnair, et doutait de pouvoir survivre dix jours de plus. Son corps lâchait, son esprit se perdait, mais surtout Ackerley était devenu un ennemi mortel, et son seul allié semblait être un homme fou à lier qui l'appelait « ma petite Souris » et appréciait, comme tous les autres, de le voir martyrisé.
La clochette d'or avait sonné depuis de longues secondes déjà, mais Drago n'avait pas frappé à la porte du Directeur. Il dressait dans sa tête l'énumération des tâches à accomplir avant de mourir. Il lui fallait absolument tenir au moins jusqu'au dimanche suivant, car il recevrait son salaire hebdomadaire, et pourrait le transmettre à son père, peut-être avec une liste de ses dernières volontés, s'il parvenait à en trouver une ou deux. Il fallait faire disparaitre de sa cellule les objets volés, il fallait dissimuler le savon et la souche, afin que le prochain propriétaire des lieux puisse en profiter. Il y avait un trou dans le mur, près de l'un des anneaux de fer. C'était l'endroit idéal pour dissimuler un message à son successeur. Il n'y aurait pas la place d'être prolixe. Il réfléchit à ce qu'il aurait aimé savoir de son prédécesseur. Un nom, une date. Ça pourrait rentrer. Avant toute chose, il fallait ramener à son père la cire qu'il avait réclamé l'avant-veille. Drago n'avait pu remplir le bocal fourni qu'à moitié. Aujourd'hui, il lui fallait voler un verre pour compléter le niveau et laisser Rosier effectuer l'échange. Lucius Malfoy n'apprécierait pas que Drago passe par cet homme, mais il était le seul qui accepterait.
La porte s'ouvrit brutalement, et le visage interloqué de Potter apparut.
« Je me disais bien que j'avais entendu la cloche. Pourquoi t'as pas frappé ? »
Drago répondit d'un haussement d'épaules et poussa son chariot dans les appartements du Directeur, tandis que celui comportant le petit déjeuner allait sagement se ranger à sa place au bord de la table.
« Assieds-toi », ordonna Potter. Malfoy obéit avec un soupir en se frottant les yeux. « Ça va pas mieux, toi. Tu arrives à dormir la nuit ? Il y a un problème avec ta cellule ? »
Drago haussa de nouveau les épaules avant de se rendre compte que Potter trifouillait dans ses affaires et ne pouvait donc pas le voir. « La cellule est très bien », répondit-il alors.
Un superbe plateau d'échecs en verre fut déposé sur la table. Drago haussa les sourcils et interrogea Potter du regard.
« On va jouer, expliqua celui-ci. Si je gagne, tu restes manger avec nous ce soir. Si je perds, je te toucherai pas de la journée.
– C'est toi qui me fatigues, Potter.
– Ni demain.
– Non, répondit calmement Drago. Je n'ai vraiment aucune intention de vous divertir ce soir.
– La dernière fois, je te l'ai ordonné, rappela Potter avec un sourire canaille. Cette fois, j'essaye de te convaincre. Avoue qu'il y a du mieux.
– J'avoue, admit humblement Drago. Ça ne change rien à ma réponse.
– Trois jours.
– Une semaine.
– Tu veux me faire exploser.
– J'avoue, répéta Drago. J'adorerais voir ça. ».
Les deux hommes se considérèrent en souriant. Potter saisit deux pions, les mélangea dans son dos, puis tendit les poings à Drago en admettant : « Une semaine.
– Main droite, annonça Drago en désignant celle-ci d'un coup de menton.
– Je commence », révéla Potter après avoir révélé le pion de verre translucide dans son poing.
Il reposa les deux pièces sur le plateau et commença par une classique ouverture italienne à laquelle Drago répondit davantage par habitude que par stratégie. Rapidement, toutefois, Potter effectua un mouvement auquel Drago ne s'attendait pas et qui le prit au dépourvu.
« Qu'est-ce qui est arrivé à ton bras ? demanda Potter en désignant la trace de sang sur la manche.
– Je me suis blessé, répondit vaguement Drago en déplaçant une pièce pour renforcer sa défense.
– Tu fais exprès de te blesser parce que tu adores quand je prends soin de toi.
– Non. » Drago s'aperçut que son sourire était revenu. Cette façon qu'avait Potter d'énoncer des absurdités l'amusait beaucoup, et son habitude de présenter leur relation comme une amourette d'adolescents était si ridicule quelle en devenait rafraichissante. Coupez-lui la queue et il serait presque d'une compagnie agréable.
Ils échangèrent quelques coups en silence, si ce n'est les bruits d'aspiration de café chaud et les craquements de toast beurré. Soit Potter jouait les imbéciles et préparait une stratégie qui dépassait Drago, soit il était un joueur franchement moyen. Le fait qu'il ait choisit le jeu et accepté d'augmenter les paris faisait pencher la balance du côté de l'excellent joueur, mais quand la tour de verre dépoli se fit détruire par un pion transparent, et qu'aucune conséquence directe ne se fit ressentir, Drago hésita à nouveau.
« Si je te soigne, proposa Potter, on rebaisse à six jours.
– Non. » Le fait de paraitre si peu sûr de soi faisait peut-être partie de la stratégie. Il fallait garder à l'esprit que Potter était un excellent menteur.
« J'aurais dû te proposer un blind-test, plutôt. Ça te dit qu'on refasse le même pari, mais avec un blind-test ?
– Non. » Drago croisa les bras en attendant que Potter joue. Celui-ci étudia le plateau en silence pendant de longues secondes avant de déplacer un cavalier et de se lever.
« Je vais quand-même mettre de la musique. T'aimes bien quoi ? » il se dirigea vers le tourne-disque.
« Je n'écoute pas vraiment de musique, répondit Drago en étudiant le plateau d'un œil critique avant de poursuivre finalement sa stratégie comme si le dernier mouvement de Potter n'avait jamais eu lieu.
– Vraiment ?! Je vous imaginais bien écouter des concertos de musique classique et ce genre de conneries… » Les premières notes d'une vieille reprise des Bizarr' Sisters se firent entendre.
« Bien sûr, ironisa Drago. Au manoir, on écoutait beaucoup de concertos en jouant aux échecs et en buvant du champagne de fées dans des coupes de cristal. »
Potter ricana en revenant s'asseoir, étudia le plateau et déplaça de nouveau son cavalier. Drago bougea sa tour et le petit cheval se brisa en mille morceaux quand les deux pièces se rencontrèrent. Potter se mordit les lèvres.
« Je ne comprends pas, abandonna finalement Drago. Pourquoi avoir choisi ce jeu si tu es si mauvais ?
– Je ne suis pas mauvais, rétorqua Potter tout penaud. Je suis moyen. Et j'espérais que tu sois également moyen, comme la moyenne des gens moyens. » Il posa ses doigts sur son second cavalier.
« Si tu l'avances, je te le prends en trois coups », annonça magnanimement Drago. Les doigts de Potter quittèrent la pièce.
« C'est pas comme si j'avais eu beaucoup de choix… Tu veux faire une bataille ?
– Non.
– Un blind-test ?
– Joue.
– Je ne vois pas où jouer si je peux pas déplacer mon cavalier.
– Ma stratégie, expliqua Drago, consiste à débarrasser toute cette partie gauche de l'échiquier avant de t'acculer dans ce coin. Tu ne pourras pas contrer ma tour une fois qu'elle aura détruit ces pions. » Drago les lui montra. « Tu peux tenter de bloquer maintenant, avec ton fou, mais j'utiliserais ma dame. Ou bien, tu peux battre en retraite et déplacer ton roi, pour m'obliger à abandonner cette ligne-là.
– Avec quelle technique j'ai le plus de chances ?
– Le repli. Mais la défense seule n'a jamais permis à personne de remporter une victoire... Il faudra que tu contre-attaques, une fois ta défense réassurée »
Potter déplaça vaguement son roi. Ils échangèrent leurs coups suivants sans prononcer un mot, jusqu'à ce que Drago soit effectivement obligé de revoir sa stratégie. Il décida d'asticoter le bloc des pièces de Potter pour le grignoter lentement et lui laisser une chance de tenter quelques offensives faciles à contrer.
Le disque des Bizarr' Sisters s'arrêta sur un ultime riff de guitare électrique. C'était au tour de Potter de jouer. Drago se leva et se rendit au tourne-disque où il remplaça le vinyle actuel par celui d'un vieux rocker qu'il avait entendu à la RITM plusieurs fois, et dont il appréciait la voix éraillée.
Quand il regagna le plateau, il remit laconiquement à leur place les pièces que Potter avait déplacées pendant son absence, mais ne fit aucun commentaire sur cette misérable tentative de triche. C'était un comportement logique et attendu entre Serpentards. Au contraire, il sourit même calmement, rassuré que sa mémoire lui permette encore de se rappeler un motif aussi simple pendant quelques minutes.
Potter gloussa avant de jouer. Au bout d'un moment, il se retrouva coincé dans un coin du plateau, et ne put que faire fuir honteusement ses pièces.
« Est-ce que tu veux déclarer forfait ? proposa Drago.
– Jamais. Je continue à jouer tant qu'il reste une chance. Peut-être que Runcorn va surgir par cette porte et m'informer d'une émeute ou d'un incendie. On serait obligés d'arrêter cette partie, on oublierait de la finir, et on pourrait revenir au statu quo.
– Je vais te donner un conseil d'ami : Tant que tu seras à Azkaban, abandonne tout espoir.
– C'est mignon. On est amis, maintenant ? » Potter le fixait malicieusement.
« Cet espoir-là, abandonne-le pour toujours. »
Entre Rosier et Potter, ça faisait beaucoup trop de nouveaux « amis » en une seule journée.
La partie se termina sans surprise quand le roi de verre dépoli jeta sa couronne à terre. Les éclats brillants s'élevèrent avec élégance, les pièces se reconstituèrent et regagnèrent leurs places respectives. Drago alla ranger l'échiquier sur les tables gigognes.
« Une semaine, rappela-t-il en débarrassant la table. Tu penses que tu vas tenir ?
– Et bien je t'ai dit que je ne te toucherai pas, mais je peux toujours t'ordonner tout un tas de trucs… »
Drago s'immobilisa un instant avant de poursuivre son rangement et de passer un coup de torchon sec sur la table. Il n'avait pas vu venir le coup bas.
« Je rigole », tempéra Potter.
Drago haussa les épaules. Le Directeur aurait tort de se priver. Lui-même n'aurait pas hésité à jouer sur les mots si cela avait pu servir ses intérêts… Une main lui saisit doucement le poignet. Son regard parcourut les doigts solides et bronzés, le poignet fin, l'avant-bras musclé, la manche de chemise blanche et élégante, et l'expression sérieuse et désolée de Potter.
« Je rigolais. Je suis désolé. » Drago haussa de nouveau les épaules et voulut se détourner, mais Potter remonta doucement sa manche pour révéler la blessure dans son bras. Les abords de la plaie étaient rouges et brillants, la bandelette écarlate et brune s'enfonçait profondément dans la chair. Potter grimaça en ôtant la petite cuillère. « Ne deviens jamais Médicomage », conseilla-t-il en déroulant lentement le bandage.
Il dégagea une chaise du pied pour faire s'asseoir Drago et amena la trousse à pharmacie de la salle de bain avec un accio murmuré. Une croute brunâtre avait commencé à se former en emprisonnant les fibres de la gaze, empêchant un episkey direct. L'ancien Auror dût patiemment tapoter la blessure avec de l'huile de damatère pour attendrir les chairs et libérer le tissu. Quand enfin, la protection de fortune pût être retirée, il observa la mutilation où l'on devinait encore la trace des dents.
« Qui ? demanda-t-il simplement en poursuivant ses soins.
– Je me suis fait ça moi-même, répondit très honnêtement Drago.
– Tu sais que tant que tu me dis pas qui s'en prend à toi, je peux rien faire… » Il enlevait les derniers fils emprisonnés dans la plaie avec une pince à épiler sans regarder le prisonnier. Quand il eut fini, il prit le flacon d'essence de dictame pour nettoyer la plaie.
Drago regarda pensivement le balcon. Une dizaine d'albatros attendaient avec tout un tas de paquets.
« Je me suis vraiment fait ça moi-même », répéta-t-il.
Potter prononça un sort de soin que Drago ne connaissait pas, et il grimaça en sentant les fibres musculaires s'agiter et pousser à nouveau. Quand il observa à nouveau son bras, une vilaine cicatrice rose ornait la peau pâle et terne. Potter caressa son œuvre, puis retourna le bras. Au-dessus du poignet, la Marque des Ténèbres s'étalait, décolorée mais toujours visible. Le crâne hurlait désespérément en silence, sa langue remplacée par un serpent qui semblait vouloir l'étrangler.
Drago attendit un commentaire, mais puisque rien ne vint, il décida de se lever.
« Je dois cirer la table, annonça-t-il en se rendant à son chariot de ménage. Je préfère m'en charger le plus tôt possible pour qu'elle soit prête pour ce soir. Alors si tu as des choses à faire, je préfèrerais que tu utilises ton bureau. »
Potter grommela ce qu'il pensait des tables lustrées, puis alla ranger son matériel de soin et se laver les dents.
Quand il revint, il se rendit directement au balcon pour récupérer ses colis. Drago remarqua avec une pointe de jalousie que lui, les albatros n'hésitaient pas à lui manger dans la main. Ils levaient leurs longs cous en se secouant, effectuant des petites danses à la fois ridicules et adorables. Potter leur frottait le crâne et leur baisait le front comme s'il connaissait ces oiseaux depuis de nombreuses années. Il les souleva un par un pour les aider à redécoller, et rentra en provoquant un courant d'air froid aux effluves marines et pimenté à l'odeur de son dentifrice. L'odeur rappela quelque chose à Drago, même s'il n'aurait pas su exactement dire quoi.
Je suis une joueuse d'échec probablement plus moyenne que Harry... J'ai pioché l'ouverture à l'italienne au hasard, et j'ai complètement improvisé le reste de la partie sans savoir si ça faisait sens... J'espère ne pas avoir dit trop d'absurdités sur les stratégies possibles... Si c'est le cas, désolée !
