Lilly Margote : Aw, merci beaucoup beaucoup beaucoup pour cette longue review ! J'espère que la suite te plaira toujours ! J'aimerais beaucoup avoir de nouveau ton avis après le chapitre 63, qui répond à pas mal de tes suppositions ^^
Tu mets le doigts sur plein de trucs auxquels je ne peux pas répondre, ni en te confirmant, ni en te corrigeant, parce que c'est spoil...
Je suis à la fois contente et désolée que les premiers chapitres sur la vie misérable de Drago t'aient autant touché... Je t'avoue qu'ils ont été un peu compliqué à écrire, et que j'ai été incapable de les retravailler le jour ou j'en ai eu besoin... Ils n'ont quasiment eu aucune relecture...

Oznela : Oh, je suis contente que ça t'ait interpelé tout de même ! Comme quoi, parfois, c'est les détails qui fonctionnent !

Holybleu : Merci pour tes encouragements ! J'espère toujours que la suite te plaira !

TW : Guimauve XD


Ce n'était pas la première fois que Potter lui faisait cette proposition.

Drago avait toujours refusé.

Évidemment qu'il avait toujours refusé ! Pour quelle raison aurait-il pu accepter sincèrement de passer la nuit avec Potter ? Quel maléfice ou quelle horreur aurait pu lui faire préférer la présence du Survivant à celle de son lit, de sa cellule, de ses affaires ?

La proposition venait toutefois au moment où Drago était encore plein du soulagement de l'avoir vu revenir. Impossible de nier que son absence l'avait angoissé et que sa présence l'avait immédiatement rassuré, entre autres sentiments encore moins nobles et plus honteux.

Il leva vivement la tête et s'aperçut que Potter l'observait avec des yeux exorbités, comme s'il ne croyait pas au fait que Drago hésite. Il détourna cependant aussitôt le regard en rougissant, et Drago ne fut soudain plus bien sûr de ce qu'il avait eu le temps de voir…

« Je ne pense pas que ce soit une bonne idée… murmura Drago peu assuré…

– Moi non plus, mais ce n'était pas la question. Tu veux passer la nuit ici ? » Potter ne le regarda pas. Le visage embrasé, gêné, était tourné vers la cheminée, et les flammes créaient des reflets chauds et dansant sur les lunettes.

« Oui. »

L'admettre fût la première des épreuves qu'il dût affronter ce soir-là.

Ensuite, Potter lui vola ses chaussures pour les lui cacher.

Il les avait de nouveau ôtées avant de se rendre dans la salle de bain pour se laver les dents. A son retour, les bottines qu'il avait déposées près de l'entrée avaient disparu. Une nouvelle fois, il ne parvint pas à capter le regard du Directeur, mais celui-ci était du rouge de la honte, et ne lui laissa pas le temps de l'interroger avant de filer à son tour dans la salle de bain pour prendre une douche. Drago farfouilla dans tous les coins, dans la penderie, sous le lit, mais ne retrouva pas la trace des épais godillots de prisonnier.

Potter les avait cachés pour empêcher Drago de s'enfuir.

C'était la seule explication, aussi saugrenue soit-elle, au fait que le jeune homme bordélique ait soudainement décidé de déplacer une paire de chaussures qui n'encombrait en rien le passage pour les ranger Merlin seul savait où.

L'épreuve suivante fût celle de la tenue à adopter pour se coucher.

Dans sa cellule, dans son propre lit, il dormait nu. Il appréciait le contact du coton sur sa peau. C'était absolument inenvisageable ici.

Lors du confinement, il avait passé plusieurs nuits dans le lit du Directeur, avec ou sans celui-ci… Il n'avait alors jamais ôté sa robe de prisonnier. La situation était cependant particulière, avec les Surveillants qui se succédaient, et il aurait été inconvenant d'emprunter les vêtements du Directeur devant eux.

Potter lui avait dit d'enfiler ce qu'il voulait avant de l'abandonner dans la garde-robe. Drago avait fouillé longtemps à la recherche d'un pyjama, ou même d'une robe de chambre, mais n'avait rien trouvé. En se souvenant avoir vu Potter dormir vêtu d'un pantalon moldu lors d'une de ces fameuses nuits de confinement, il avait emprunté un pantalon informe et bleu foncé en espérant ne pas commettre d'impair – Les habitudes vestimentaires des moldus étaient un mystère pour lui, et il ignorait si cette coupe large et cette couleur destinaient le vêtement à servir la nuit ou le jour. Il avait complété la tenue d'un t-shirt blanc, sans pouvoir s'ôter de la tête le compliment que Potter lui avait fait la dernière fois qu'il avait porté cette couleur, et se donnant l'impression de jouer les aguicheurs.

Il fallut ensuite véritablement se coucher.

Il avait passé presqu'une heure dans la garde-robe, fouillant, farfouillant, dépliant et pliant les vêtements les uns après les autres, et Potter en avait profité pour se glisser sous la couette. Il avait allumé les lampes de chevet de chaque côté du lit, mais se tenait parfaitement au milieu de celui-ci.

Il dût comprendre la panique de Drago, puisqu'il se déplaça immédiatement après avoir croisé son regard, du côté le plus éloigné au prisonnier.

Drago hésita encore un instant en observant la trace en creux qu'avait laissé son corps, et Potter crut le rassurer en lui affirmant précipitamment :

« J'ai un jogging.

– Pardon ? » Drago leva les yeux, paniqué, vers le visage toujours rouge de Potter.

« Je ne suis pas nu, expliqua Potter. J'ai un jogging. »

Drago laissa son regard dévier vers le torse nu de Potter. La moitié inférieure de son corps était dissimulé sous la couette et pouvait révéler n'importe quoi. « Je ne sais pas ce que c'est, avoua-t-il.

– C'est ce que tu portes, expliqua Potter.

– Ah. » Drago baissa les yeux vers son pantalon informe. Un jogging. On en apprenait tous les jours. Au moins n'avait-il pas enfilé par erreur un vêtement de deuil ou allez savoir quoi.

Il se glissa à son tour dans le lit et éteignit la lumière de son côté. A la suite de quoi, il remonta la couette jusqu'à son menton, se tint aussi droit que possible, les bras le long du corps, n'osant plus rien dire.

Enfin, vint l'épreuve redoutée de ce qu'il se passait dans un lit.

Pour Drago, les choses avaient toujours été simples : Un lit sert à se coucher et à dormir.

C'était une telle évidence qu'il ne lui était jamais venu à l'esprit de réfléchir à cette affirmation.

Addenda : Les couples amoureux pouvaient également y faire l'amour.

Les lits servaient à se coucher et à dormir, ou, à s'y coucher, y faire l'amour, puis y dormir, dans cet ordre précis.

Potter lisait dans son lit.

« Ne me dis pas que tu n'as jamais lu un bouquin au lit !

– Bien sur que j'ai déjà lu un livre dans mon lit ! Ce n'est pas comme si j'avais le choix dans ma cellule ! Mais n'importe qui ayant un fauteuil, lit dans son fauteuil ! »

De plus, quand il était contraint d'utiliser son lit pour toute autre activité que le sommeil, il le faisait dans le sens de la largeur. Mais inutile de rentrer dans les détails.

« C'est absolument ridicule ! Tu peux lire où tu veux ! L'important, c'est que ce soit confortable !

– Potter, il y a un artisan qui s'est passionné sur la fabrication des lits, qui s'en est fait une spécialité, qui a étudié le domaine, et qui a finalement sut choisir le bois le plus adapté, a assemblé les planches selon un plan rigoureux, a créé un sommier souple, résistant, encore une fois en utilisant des matériaux dont on a même pas idée, puis a choisi le matelas idéal, avec le rembourrage parfait, respirant, confortable, tout ça pour que tu puisses dormir dans ce lit ! Pas pour que tu y lises un livre !

– Je pense que cet artisan, qui n'existe pas parce que personne ne met autant de passion à fabriquer un lit, sera très heureux que je trouve son œuvre suffisamment confortable pour apprécier d'y lire un livre !

– Et celui qui a fabriqué tes fauteuils ?!

– Je m'en cogne ! Et lui aussi ! »

Drago se leva.

« Attends, s'écria Potter, tu ne vas quand-même pas faire la gueule parce que je lis un bouquin dans mon lit !

– Non ! hurla Drago, déjà hors de la pièce. Je vais me chercher un livre, moi aussi ! »

Drago avait rallumé sa lampe de chevet.

Il n'était pas parvenu à lire dix pages.

« A Poudlard, tu n'as jamais lu un bouquin, tranquillement dans ton lit, le dimanche matin ?

– Non Potter. Le dimanche matin, j'étudiais. Comme tous les autres jours de la semaine, d'ailleurs, puisque Poudlard était supposé être une école.

– Et le soir, quand tu n'arrivais pas à trouver le sommeil ?

– Et bien je fermais les yeux et j'attendais qu'il me trouve de lui-même !

– A quel moment tu trouvais le temps de lire, dans ce cas ?

– Littéralement n'importe quand ? Mais dans un fauteuil. » Drago eut soudain une affreuse épiphanie : « Est-ce que vous n'aviez pas de salon de lecture dans la tour des Gryffondor ? » La théorie expliquerait pourquoi les élèves de cette maison étaient aussi stupides…

« Bien sûr qu'on avait une salle commune avec des fauteuils et des canapés, et tout ce qu'il faut. Mais on avait quand même le droit de lire où on voulait.

– Et bien nous aussi avions le droit, mais nous choisissions l'endroit adapté ! »

Pour être tout à fait honnête, il avait déjà surpris Theodore Nott à lire dans son lit. Mais Nott était un original qui n'aimait pas se mêler aux autres, et qui passait effectivement le plus clair de son temps libre caché derrière les rideaux de son baldaquin. Blaise Zabini lisait, comme lui, dans le cabinet de lecture, ou bien dehors, sous un préau. Vincent et Gregory n'avaient jamais lu dans leur lit. Il était certes vrai que Drago ne les avait jamais vu lire nulle part.

Qui d'autre aurait-il pu surprendre dans un lit ? Ses parents ? Non, Chez les Malfoy, on ne laissait pas les portes ouvertes.

Quoi que… En y repensant, Grand-Maman Druella Black, quand elle était venue passer ses derniers mois de vie au manoir, ne sortait jamais de son lit et laissait la porte grande ouverte pour pouvoir hurler ses ordres aux elfes de maison et ses récrimination à sa fille et à son petit-fils… La vieille dame lisait au lit. Ceci dit, la vieille dame fumait au lit, et à la vue de l'odeur, peut-être bien qu'elle urinait même au lit.

« Par exemple, reprit Potter après un long silence, entre un fauteuil tout pourri et le lit le plus confortable du monde, réalisé par ce fameux artisan qui…

– Potter, est-ce que parler en lisant fait également partie du rituel ?

– J'ai arrêté de lire, je peux pas me concentrer avec toi à mes côtés ! »

Drago ferma lamentablement l'ouvrage – il aurait été incapable de dire de quoi celui-ci traitait – et le posa sur la table de chevet. Il éteignit la lumière, puis se coucha à nouveau. C'était loin d'être l'expérience la plus insupportable qu'il ait vécu, mais il n'était pas du tout convaincu par le principe de la lecture au lit.

« Et bien je peux te retourner la remarque ! J'ajouterais que tu serais probablement capable de lire plus vite et de mieux retenir ce que tu lis si, en plus de faire ça dans un fauteuil, tu le faisais en silence.

– Le problème n'est pas que tu parles, mais que tu portes ce t-shirt, qui, je te l'ai déjà dit, te va à ravir. »

Drago se cacha le visage des mains, à la fois amusé et affligé. Il repensa à la remarque sur les jolis yeux et ne put s'empêcher un gloussement de lui échapper.

« Potter, il faut vraiment que tu arrêtes avec ce genre de compliments.

– Pas tant que ça te fera rire. »

Drago laissa glisser ses bras et tourna la tête vers Potter. Celui-ci était allongé sur le flanc, le sourire aux lèvres et les yeux pétillants.

« Le blanc ne va pas aux Malfoy, expliqua calmement Drago. Nous avons la peau et les cheveux pâles. Il nous faut des couleurs sombres.

– Je ne suis pas d'accord. Je trouve au contraire que le blanc fait ressortir les nuances de ta peau.

– Ma peau est celle d'un cadavre qui n'a pas vu le soleil depuis trois ans. Je doute qu'il lui reste beaucoup de nuances.

– Peut-être devrais-tu songer à porter des lunettes. Ta peau est superbe. »

Drago rit légèrement.

« Ton visage est superbe, poursuivit Potter. Tes yeux sont superbes. »

Le rire redoubla, et Drago fit gentiment remarquer : « Mes yeux sont gris.

– Et alors ?

– Et alors, personne n'aime les yeux gris ! les gens aiment la couleur, la vie. Les yeux sont censés être le miroir de l'âme. »

Potter avait des yeux verts saisissants et une peau bronzée éclatante de bonne santé.

« Tu n'arriveras pas à me faire croire que tu n'as pas conscience du charisme que tu dégages, Malfoy. Tu es toujours tiré à quatre épingles, à te recoiffer et à faire attention à la façon dont tu te tiens.

– Précisément parce que je ne suis pas naturellement beau. Le charisme, ça peut se travailler.

– Tu es beau, tu es charismatique, et tu as des yeux envoutants. »

Drago se tourna à son tour sur le flanc pour faire face à Potter. Même s'il ne croyait pas à ses compliments, même s'il savait qu'il les prononçait uniquement pour le faire rire, ça restait agréable à entendre…

« Les yeux gris ne font voyager personne, annonça-t-il tranquillement.

– Ils me font voyager, moi.

– Vraiment ? Et où ça ? »

C'était une question stupide et rhétorique à une affirmation d'un lyrisme médiocre, aussi Drago fut-il surpris quand Potter répondit sérieusement :

« Dans un ciel d'orage. »

C'était joli. Kitschissime à souhait, mais avec une forme de poésie romantique qui rappela l'adolescent rêveur au fond de son cœur. Toutefois, si Drago ne répondait rien, Potter devinerait qu'il était touché. Il répliqua donc, dissimulant ses émotions sous l'exubérance, et avec une voix douce :

« Tes yeux me font voyager par-delà les plaines et les forêts. Du plus près du sol où l'herbe palpite jusqu'aux sommets des arbres les plus hauts. Du début du printemps jusqu'à la morte saison. Je voyage. »

Potter sourit, puis surenchérit à son tour :

« Des montagnes aux neiges éternelles, jusqu'aux profondeurs de l'océan, des roches les plus dures aux métaux les plus purs, avec tes yeux, je voyage. »

Ils se sourirent.

Il était difficile de savoir où commençait la sincérité et où finissait la moquerie.

Drago n'était pas sûr de vouloir savoir.

Potter sortit un bras de la couette et caressa doucement sa joue.

« Je suis content que tu aies accepté de passer la nuit ici… »

Drago ferma les yeux. Il était heureux également… Mais ce n'était pas forcément une bonne chose…


Voilà, c'était probablement le plus haut summum de la kikoutrognonnitude que cette fic n'atteindra jamais.
J'adore inventer des poèmes aux gens que j'apprécie, mais c'est impossible (pour moi en tout cas) de faire ça de façon sérieuse, au premier degré... Je ne peux pas m'empêcher d'en faire des caisses pour que les gens perçoivent un second degré et ne soient pas mal à l'aise. Ce qui est drôle, c'est quand qqun qui n'est pas dans le délire nous entend et ne sait pas trop où se placer là dedans...