Victoire, joie, et soulagement, j'ai réussi à me dépatouiller de mon problème de chapitres ! Bon, j'ai dû en rajouter une dizaine pour m'en sortir, ce qui ralentit forcément un peu l'action, mais on va essayer de considérer que vous ne m'en voudrez pas trop d'avoir plus à lire, n'est-ce pas ? (Si vous êtes arrivés jusqu'ici, j'espère, quand-même !)
Je pense qu'il faudra encore que je me relise et que je me corrige (il y a au moins 2 chapitres que j'ai écrit en mode "Bon, ça, je sais pas comment le présenter, mais on va faire au plus simple pour déjà voir si ça s'enchaine correctement avec le reste"), mais ça me rassure de savoir que je vais pouvoir ré-avancer, et qu'au pire, ça sera juste quelques passages moins bons, mais que rien ne s'arrête (quand je fais une pause dans un projet, c'est ultra dur d'y revenir)
Merci encore à tous pour vos petits mots d'encouragement, ça aide vraiment à se motiver !
Les reviews ! (j'ai été gâtée ce week end ^\\\^)
kathvalju : C'est marrant que tu aies eu l'impression qu'on sortait un peu de la prison ! Je n'avais pas prévu ça, mais c'est vrai qu'après tout, Drago a toujours eu des barreaux dans la tête aussi solides que ceux qui fermaient sa cellule...
77Hildegard : Avec le recul, je me dis que j'aurais du faire un prologue avec un flash forward pour justifier par avance toute l'intro très glauque... Ou en tout cas, pour trouver un moyen de faire comprendre plus clairement "ce n'est pas juste un hard lemon porno bdsm malsain" XD tant pis pour moi, je ne sais toujours pas ce que j'aurais pu y mettre de pertinent, utile, accrocheur et sans spoiler... Merci de t'être accroché, en tout cas !
yuishifuji : oush, félicitation pour réussir à bosser la dedans, ça doit être compliqué mentalement ! J'essaye de faire en sorte que Harry enchaine les bonnes attitudes (parce que Harry est tout de même un gentil), les grosses gaffes (parce que Harry n'est pas parfait), et les trucs impossibles à surmonter, même pour lui (parce que Harry a participé à la torture de Drago). Au final, Drago trouvera d'autres alliés sur lesquels se reposer, et j'espère que sa rémission semblera crédible...
Je vous avais prévenu que les Albatros avaient pris un peu trop d'importance dans l'histoire XD Je les aime bien, ils alternent entre le quasi héroïsme et le ridicule complet... Et je trouve qu'ils vont donc très bien à Drago XD
(Je pensais que vous mettriez plus de temps à comprendre pour les passages en italique XD vous êtes trop forts)
Melynee : Et bien l'une de tes théories es la bonne, bien que légèrement incomplète, comme tu vas le découvrir dans ce chapitre :D
Guest : Hey, ça fait trop plaisir de te voir rattraper le train en marche ! Je crois qu'il est possible de mettre tout de même un pseudo, même sans être inscrit sur le site, mais je ne saurais te l'affirmer ni t'indiquer la marche à suivre XD En tout cas, ça m'a fait plaisir de suivre tes réactions presqu'en direct !
Lilly Margote : Une part de moi regrette que ça ait été "si simple" de bananer Lucius... Ceci dit, ca a été simple niveau temporalité, mais compliqué autant pour Drago que Harry niveau psycho, alors ça me va aussi XD
Heureusement que j'ai été gentille avec le jeu des prénoms, parce que ça aurait pu ressembler à "Georges ? / battement d'ailes / Raymond ? / caquètement / Marcel ? / claquement de bec / René ? / regard éloquent" pendant des lignes et des lignes X,D
Vingt-quatre heures.
Selon les recommandations de Nguyen, Drago devait rester éveillé vingt-quatre heures pour laisser le temps à son corps de réaliser l'ampleur des blessures à réparer.
Il aurait été plus logique qu'il les passe à l'infirmerie, afin de laisser la possibilité à Potter de travailler… Ils y avaient forcément pensé tous les deux, mais aucun n'avait émis l'idée à voix haute. Ils mangèrent. Ils lurent.
À un moment, on frappa à la porte. Potter fit entrer Mullan, et tous deux s'installèrent à la table d'acajou pour faire le point sur les évènements de la veille et de la nuit.
Drago, toujours dans le canapé, écouta d'une oreille distraite : L'épidémie de rhumes du corridor des femmes se calmait. Trois détenues avaient réclamé à pouvoir recevoir de la visite, et toutes les trois ne méritaient pas cette chance… La vie se poursuivait à Azkaban.
Potter avait détruit l'équivalent de quatre mois de potion Tue-loup.
Drago se leva et s'installa avec eux pour prendre des notes sur la future commande à passer. Il apprit qu'au moins, ces dépenses-là ne seraient pas retenues sur les comptes de l'établissement, puisque Potter finançait ces soins sur ses propres Gallions, ou plutôt, par l'intermédiaire de la fondation Remus, qu'il présidait et finançait presque entièrement… Il s'obstina un moment à écrire de la main gauche avant d'abandonner et d'aller chercher la plume à Papote.
Quand Mullan en eut fini, Potter changea le bandage de la main de Drago. Celui-ci sentit un vertige le prendre quand il vit les membres raccourcis, tordus, dans des teintes de noir, de rouge, de blanc quand l'os ou le tendon étaient visibles, avec les bulles vertes répugnantes… Il passa toute la séance penché en avant, la tête entre les genoux et retenant des haut-le-cœur pendant que Potter le soignait avec douceur, se demandant vaguement comment le Survivant supportait ce genre de vision.
Barrufio, horreur, Anesthésie, calme.
Ce fut ensuite au tour de Runcorn de venir faire son rapport au Directeur.
Corridor 2 : Deux malades, trois bagarres, un blessé grave, trois blessés légers, deux demandes de visites. Corridor 4 : Une bagarre, huit blessés légers, deux armes retrouvées, un sac de poudre de corne de licorne, trois demandes de visites. Corridor 5 : Neuf malades, un cas possible de Dragoncelle, traitement préventif à prévoir pour l'ensemble des détenus, prix, organisation, douze demandes de visites. Corridor 6 : une tentative de suicide, état stable…
Drago sentit sa tête tourner. Barrufio, Anesthésie.
« Retourne dans le canapé, suggéra Potter.
– Je vais me laver », marmonna Drago en se dirigeant vers la salle de bain.
Il laissa couler l'eau de mer filtrée et tiède, presque froide, dans la baignoire avant de se déshabiller. Ôter sa robe en n'utilisant qu'une seule main fut un calvaire, et Drago se sentit plus faible et inutile que jamais, essoufflé par cet effort ridicule.
Une fois nu, il baissa les yeux vers son corps et eut de nouveau envie de vomir. Son aine, ses cuisses, avaient subi tant de coups qu'ils en étaient violacés et marbrés de rouge. La peau était déformée, avec des bosses et des déchirures. La misérable toison blonde de son pubis recouvrait mal le charnier et rajoutait même une impression de vulgarité sale. La lame n'avait pas tranché la chair, mais elle avait laissé des marques : Des entailles successives le long de son sexe rappelaient l'écorce d'un merisier. Ses testicules n'avaient pas été épargnées : gonflées, d'un violet presque noir, elles semblaient appartenir à un autre animal.
Cela faisait trois ans qu'il n'avait pas vu son reflet.
Cela faisait trois ans qu'il n'avait pas vu son reflet.
Il leva les yeux vers le miroir au-dessus du lavabo, et comprit le mouvement de recul et l'expression écœurée de son père, puisqu'il eut exactement la même réaction.
Il s'était imaginé avec la mâchoire enflée et rougie, avec une, peut-être deux rangées de dents en trop sur un côté…
Son visage n'avait plus rien d'humain.
A gauche, du sourcil au cou, tout était enflé, déformé, dans des teintes allant du rouge au violet. Son épiderme était brillant et parcouru de petites veines bleues largement visibles. Pire que tout, des dents lui avaient poussé à chaque endroit où l'os effleurait la surface de la peau : la pommette, la ligne du menton, même quelques-unes, éparses, au niveau de la tempe… Autour de la mâchoire, certaines dents avaient percé la peau, lui faisant penser à ces Babirusas répugnants qu'il avait vus sur une île de Célèbes… La partie droite de son visage aurait pu rester présentable si la sclère de ses yeux n'avait pas, là aussi, pris la couleur du sang, le gris terne de l'iris produisant un contraste brutal avec le rouge éclatant.
Son visage était écœurant, terrifiant, malsain… Il n'y avait rien d'étonnant à ce qu'il ait perdu toute valeur aux yeux de son père : Personne ne voudrait baiser cette chose !
Il resta là une éternité, incapable de détacher ses yeux de cette vision cauchemardesque.
Trois coups à la porte le tirèrent de sa fascination macabre. Puis une voix :
« Malfoy ? »
Puisqu'il ne répondait pas, la voix, se répéta, puis la poignée tourna, s'agita. Un nouveau « Malfoy ?! » plus fort et angoissé que les précédents, puis la lumière discrète d'un Alohomora, et enfin, la porte s'ouvrit.
Le regard paniqué de Potter se calma aussitôt qu'il vit la silhouette de Drago, immobile, au centre de la pièce.
« Désolé, tu m'as fait peur », marmonna-t-il alors, avant de se rendre devant la baignoire pour fermer le robinet. Drago se rendit compte que le niveau de l'eau avait atteint le té de trop-plein, empêchant tout juste la baignoire de déborder.
« Est-ce que ça…
– Je ressemble à un monstre. » La phrase lui avait échappé.
Le regard de Potter lui parcouru le visage, et Drago réalisa que son expression n'avait pas changé. C'était pour cela qu'il ne s'était douté de rien. Comme si son apparence n'avait pas la moindre importance.
« Ouais… admit-il enfin avec un sourire gêné. Je dois admettre que si tu avais eu cette tête quand on s'est revu, j'aurais mis au moins deux ou trois jours avant de fantasmer sur toi. » Sans cesser de parler d'une voix douce, il se redressa et vint lui caresser la joue. Un geste qu'il avait effectué des dizaines de fois. « Nguyen pense que ça peut se résorber tout seul au bout d'un moment. Si non, il faudra s'en charger, mais ça devrait pouvoir se faire avec des crèmes ou des potions anesthésiantes si tu es en pleine forme… Il restera peut-être des cicatrices, mais… » Il le fixa alors dans les yeux. « T'en fais pas, ça va partir tout seul. Ça a déjà bien dégonflé depuis tout à l'heure. »
Ses paupières s'abaissèrent alors et il approcha son visage.
« Qu'est-ce que tu fiches ?! » Drago s'éloigna avec répugnance.
Embrasser… Ça ?! Était-il sérieux ?!
Potter sembla blessé un instant, puis il se reprit et émit un petit rire gêné.
« Désolé, répéta-t-il. C'est devenu un réflexe. Viens, je vais t'aider à laver tes cheveux. » Il lui tendit alors le bras.
Drago observa à nouveau son reflet son le miroir. Il se souvint que l'infirmier avait parlé de saignements auriculaires, et en effet, de chaque côté de son crâne, ce qui ressemblait à des affreuses dreadlocks rousses pendaient lamentablement. Il ne les avait même pas vues, fasciné par l'aspect de son visage.
Avec sa main blessée, impossible de s'en occuper.
Il regarda à nouveau Potter, sa main tendue, son expression patiente… Il le laissa l'aider à enjamber le bord de la baignoire, puis s'asseoir difficilement dans l'eau tiède et légèrement salée. Potter invoqua une espèce de sac poubelle noir qu'il utilisa pour protéger le bandage de sa main, et qu'il rendit imperméable avec une bande de scotch épais autour du poignet.
Il alla ensuite chercher un peigne en os dans un placard et une bouteille de shampoing dans la douche, puis se mit à l'ouvrage pour démêler les longues mèches amalgamées par le sang. Ses gestes étaient doux, rassurants, patients. Son regard concentré et attentif.
En forçant sa mémoire, Drago parvint à se souvenir que Potter l'avait déjà embrassé devant la cellule de son père, alors que son faciès était déjà aussi déformé. Encore plus déformé, même, s'il fallait le croire. Il observa le beau visage aux traits réguliers, à la peau parfaite, que ne venait abîmer qu'une unique cicatrice, si fine et reconnaissable qu'elle était devenue célèbre et que les gens se battaient pour l'apercevoir…
« Ça… Ne te dégoute pas ? » demanda finalement Drago en serrant ses genoux cagneux contre son torse maigre et également parcouru d'hématomes.
Potter sourit sans lui accorder un regard. « Il en faut plus pour me dégouter… Si tu savais les maléfices que j'ai vus quand j'étais Auror…
– Pas seulement ça, grimaça Drago… Les… Tous les… Je ne pense pas que tu réalises combien d'hommes me sont passé dessus, avoua-t-il enfin.
– Non. Tu ne me dégoûtes vraiment pas, affirma-t-il en levant les yeux avec sincérité.
– Alors quoi ? Ça te… Ça t'excite, au contraire ? » Il venait de parler de fantasme…
Potter parut à nouveau blessé. « Non. Non, ça ne m'excite pas du tout. » Il le fixa un moment pour montrer son sérieux, puis s'intéressa à nouveau à la mèche de cheveux qu'il démêlait soigneusement.
« Donc… Tu t'en fiches ?
– Par Merlin, non, Malfoy, je ne m'en fiche pas. Je voudrais pouvoir exterminer tous ces connards, mais tu refuses mon aide, et je me sens… » Il chercha longtemps le mot, puis se décida sur : « Impuissant ! Je sais pas quoi faire pour t'aider ! Mes pouvoirs ne servent à rien avec toi… Mon Sang ne sert à rien avec toi. Il n'y a pas de prophétie avec toi. »
Il reprit son démêlage tandis que Drago l'observait sans rien dire.
« Je te reproche rien, ajouta finalement Potter d'un ton pourtant grogneur. T'as… Je suppose que tu as le droit de gérer les choses à ta façon. C'est juste que… Que j'ai pas l'habitude de ne rien pouvoir faire.
– Tu ne fais pas rien… murmura Drago.
– En tout cas, j'ai pas l'habitude de faire aussi peu.
– Je t'assure que tu fais déjà beaucoup… »
Potter leva à nouveau les yeux… Et ils se regardèrent.
Drago n'osa pas l'embrasser. Pas avec ce visage, pas avec ce corps, pas après cette discussion… Mais il le voulait. Il approcha juste son visage en espérant que Potter comprenne l'intention, et effectivement, celui-ci posa doucement ses lèvres sur les siennes.
Ouvrir la bouche ou sortir la langue était trop tôt. Ça aurait été trop douloureux. Leur baiser resta donc chaste, infiniment doux.
Potter lui sourit ensuite, le visage à quelques centimètres du sien… Puis il lui apposa un baiser sur le bout du nez, un autre sur la tempe, avant de se redresser et de venir dans son dos pour lui shampouiner l'ensemble du crâne. Ses gestes étaient ridiculement doux et caressants, comme s'il avait peur d'abimer les cheveux magiques en les frottant trop vigoureusement. Ils plaisantèrent sur le sujet et comparèrent leurs natures capillaires à la fois diamétralement opposées mais liées par une magie absurde…
Potter aida Drago à sortir de la baignoire, à s'envelopper dans une serviette, puis à se rhabiller. Il y avait une crème à appliquer sur les régions lésées du sexe et de l'anus, mais il accepta de laisser Drago s'en occuper seul, ce qui lui prit une éternité, seul dans la salle de bain, les yeux fermés pour ne rien voir, à retenir ses haut-le-cœur, et à songer qu'il valait peut-être mieux mourir que de subir cette humiliation.
Ils mangèrent, ils jouèrent aux échecs, ils lurent… Ils prirent tous deux de l'élixir de Barrufio pour ne pas s'endormir. Ils parcoururent ensemble les catalogues de romans, de disques, et de fournitures d'intérieur, et commandèrent tout ce qui leur semblait intéressant, tout ce qu'ils désiraient faire découvrir à l'autre, ou tout ce qu'ils ne connaissaient pas mais qu'ils pourraient vouloir découvrir ensemble.
Potter sortit des catalogues moldus en affirmant que Granger se chargerait de faire l'intermédiaire et d'envoyer leur commande à Azkaban… Drago suggéra de la remercier d'un cadeau, et ils débâtirent longtemps de savoir s'il valait mieux quelque chose d'utile, de symbolique, ou de plus singulier. Drago connaissait un artisan Gallois qui réalisait des pendules sur mesure, avec des aiguilles n'indiquant pas l'heure mais la localisation des personnes chères au cœur de leurs propriétaires. L'idée enthousiasma Potter. Ils rédigèrent une longue lettre à l'Horloger, décrivant le motif de rivière forestière qu'ils souhaitaient, avec des loutres animées gravées dans le bois.
Ils burent du thé, ils discutèrent à nouveau de Poudlard, longtemps.
Ils n'évoquèrent jamais le corridor 3.
Je sais que dans la plupart des fic, les auteurs insistent beaucoup sur le fait que Drago est beau et conscient de sa beauté...
Moi, j'ai décidé qu'il était laid, et surtout, qu'il se voyait laid. C'est pour ça que je l'ai rendu à moitié anorexique, avec des cicatrices partout, des membres déformés... Je pense pas que le fait d'avoir un corps abimé et "anormal" le rendre moins digne d'être aimé, et je ne voulais pas que Harry s'intéresse à lui uniquement pour sa plastique... C'est aussi pour ça que, si vous relisez le chapitre 63 avec les pensées de Harry, il s'attarde beaucoup plus sur les attitudes et les mouvements de Drago que sur son corps en lui-même...
