Guest : Contente que ça te plaise toujours :D

En passant : Tu as bien cerné Drago X,D

77Hildegard : Pour une fois, ce n'est pas Drago qui gâche l'ambiance ! (quoi que... Il est quand même passé par l'étape récurvite)

Attention à la guimauve, ça dégouline de partout, je sais pas ce qui s'est passé dans mon logiciel de traitement de texte :/


« Je sais pas exactement depuis quand je suis amoureux de toi. Avec le recul, je pense que je l'étais déjà quand tu as voulu retourner au corridor 3, mais je l'ai vraiment réalisé il y a pas si longtemps. Je t'ai pas dit « je t'aime » jusqu'ici parce que j'espérais pouvoir te faire une déclaration en bonne et due forme dans un environnement un peu plus romantique qu'un vieux débarras poussiéreux. Je pensais te ramener un repas un peu gastro de Londres, ou un truc comme ça. Mais je pensais quand même que tu l'avais compris. Enfin, ça me semblait un peu évident. T'avais réellement rien deviné ? »

Drago fronça les sourcils et se frotta le visage :

« Je savais que je te plaisais, mais je ne pensais pas que tu avais des sentiments !

–Et oui, je ne suis pas aussi froid et insensible que j'en ai l'air au premier regard, plaisanta Potter. Il m'arrive d'avoir des sentiments. »

Drago le regarda d'un œil, de biais, à travers ses doigts. Il n'était pas sûr que le sarcasme évident de la déclaration signifiât ou non que lui était froid et insensible.

« Est-ce que tu le penses vraiment quand tu racontes tes… » Drago hésita longtemps entre différentes formulations, franchement dénigrantes ou insultantes, avant d'opter pour « … histoires… sur un avenir hors d'ici ? »

Il ne savait pas trop quelle réponse il espérait.

« Ça dépend lesquelles, louvoya Potter. Je suis toujours pas convaincu par ton choix de prénoms, par exemple. De toute façon, si on adopte, je doute qu'on ait vraiment le choix. »

Drago écarquilla les yeux. Ce rappel à une procédure légale et envisageable était un aveu franc.

« Rien ne t'oblige à adopter, contra-t-il. Tu es capable de mettre une femme enceinte.

– J'imagine, admit Potter dans un éclat de rire. Mais je suis pas certain d'être capable d'attendre que les deux mômes soient pondus pour exécuter la mère, puis épouser le nouveau papa. Je risquerais de me retrouver de l'autre côté des barreaux, et… »

Drago n'écouta pas la suite de la plaisanterie. Comme toujours, Potter noyait le poisson. Il recommença à se ronger l'ongle du pouce, pensif. Le problème, c'est qu'il avait eu des heures pour réfléchir, et qu'il en était toujours au même point : Il n'avait aucune idée de ce qu'il attendait de cette relation. Si les choses n'avaient tenu qu'à lui, il aurait souhaité qu'elles ne changent pas.

Il mit un moment à réaliser que Potter s'était tu.

Il tourna de nouveau les yeux vers lui, vers son beau visage, ses beaux vêtements, son sourire honnête, son attente polie…

« Je ne t'aime pas, Potter. »

Le sourire se troubla légèrement mais ne disparut pas. Potter annonça simplement : « Okay.

– Je suis sérieux, insista Drago. J'apprécie ta compagnie, mais ça ne va pas plus loin.

– Okay.

– Et ce n'est pas près de changer : Je ne t'aimerai jamais », affirma-t-il enfin, confus de ne pas obtenir davantage de réaction.

« Okay. »

Drago fronça les sourcils. Il avait utilisé un ton calme et aimable, mais le message ne semblait pas passer. Il hésitait à hausser la voix, mais comment le faire sans heurter les sentiments de cette tête de mule ?!

Potter soupira :

« J'ai pas été clair dans ma déclaration, je vais essayer de reformuler.

« Je veux que tu comprennes que quand je dis « je t'aime », j'attends absolument rien de toi en retour. Que ce soit des sentiments, des gestes, un engagement, ou quoi que ce soit d'autre. Est-ce que ça me ferait plaisir, est-ce que ça me rassurerait ? Évidemment. Je serais franchement comblé. Mais si tu préfères me considérer comme un plan cul ou un flirt, ça me va aussi, parce que je t'aime, et que je veux ton bonheur. Si t'as pas envie de poser de mot sur notre relation, si tu veux juste qu'on continue comme ça, c'est très bien aussi. Le simple fait de te voir apprécier de de passer du temps avec moi est une victoire en soi.

« Quand je te dis « je t'aime », ça a très peu à voir avec ce que je ressens, en fait. Ce que je veux dire, c'est que j'aime ce que tu es, que j'aime tout chez toi. J'aime ce que je connais, j'aime ce que je découvre chaque jour, et j'aime ce que j'ignore de toi. Tes qualités comme tes défauts. Tes forces comme tes faiblesses. Ce que tu me montres, comme ce que tu continues à cacher. Et j'aime ta façon de me cacher tes trucs, parce que ça fait partie de toi.

« Et aussi, ce que je veux dire quand je te dis « Je t'aime », c'est que tu mérites franchement d'être aimé, et que je veux que tu le saches. Et je veux que tu saches aussi que si un jour, tu penses que tu serais mieux sans moi, alors j'abandonnerai la partie, tu n'entendras plus jamais parler de moi. Parce que ton bonheur compte beaucoup plus pour moi que mes sentiments. Mais j'arrêterai pas de t'aimer pour autant, parce que ça fait partie de ce que je suis : Je suis amoureux de toi. »

Drago avait fait installer des tapis dans chaque logement. Il en avait dégoté un vieux élimé dans un débarras, et avait demandé à un Surveillant quelconque de créer une multitude de copies de celui-ci, afin que chaque maisonnette puisse en avoir au moins trois ou quatre exemplaires et que le sol glacé soit une épreuve moins incommodante pour les Sorciers. Chaque tapis était donc un double exact de son voisin, avec les mêmes trous, les mêmes tâches discrètes, les mêmes fils manquants, les mêmes plis disgracieux. Une fois empilés en désordre, on remarquait moins la supercherie.

A cet instant précis, Drago ne voyait que ça : Le fil rouge qui avait servi à raccommoder un pompon décousu, et qui se répétait à l'identique, sur chacun des tapis.

Il ne voulait voir rien d'autre que ça.

Ça faisait trop d'informations à supporter, sinon.

Le fil rouge, c'était quelque chose de simple. Quelque chose sur lequel se concentrer sans avoir à éprouver trop d'émotions contradictoires.

Au bout d'un moment il réalisa qu'une réponse de sa part était nécessaire, au moins par politesse. La réflexion se porta alors sur ce qu'il était opportun de dire. Il était impossible d'envisager une tirade aussi longue que celle-ci. Sa voix aurait craqué, de toute façon. Il n'allait pas non plus répondre « Okay » en imitant bêtement ce que lui avait dit par courtoisie, pour l'encourager à poursuivre.

Il fut tiré de ses réflexions quand la voix s'éleva de nouveau à ses côtés :

« T'es pas obligé de me donner une réponse aujourd'hui. Je veux dire… Je veux pas te mettre la pression. Si t'es pas sûr de ce que tu ressens, si t'as besoin de temps, je vais pas te faire du chantage aux sentiments. Et même, si tu veux que je te laisse tranquille cette nuit, que t'as besoin d'être un peu tout seul pour réfléchir à tout ça, t'as qu'un mot à dire. »

Il réfléchit un instant, puis précisa : « Bon, non. Là, si tu me dis un seul mot, ça risque de pas être clair, non plus. Donc je te pose la question : Tu veux que je te laisse tranquille ? »

Drago gloussa nerveusement devant cette nouvelle tentative de le mettre à l'aise.

« Non, marmonna-t-il en se mordillant les lèvres.

– Cool. Écoute, je vais pas prétendre que je te crois totalement quand tu me dis que tu n'éprouves rien du tout pour moi. J'ai mes raisons de penser que je te laisse pas totalement indifférent. Si ça te va, je vais continuer à te draguer un peu lourdement, et t'auras juste à te laisser tomber tout doucement sous mon charme. Ça devrait être facile, puisque je suis absolument charmant. Est-ce que ça te va, comme programme ? »

Drago secoua la tête en soupirant, puis admit : « C'est parfait.

– Et donc ? Harry ou Potter ?

– Harry, murmura Drago après une inspiration.

– Est-ce que je peux t'embrasser, maintenant ? »

Drago poursuivit son machouillage pensif de babine, avant de se lancer :

« J'ai une question. Mais je… J'ai peur de la réponse.

– Je t'écoute ?

– Comment… Comment est-ce que ça s'est fini avec Weasley ?

– Oh, il est un peu borné, alors il va surement mettre un peu de temps à…

– Pas lui, le corrigea Drago. Ginny Weasley. Pourquoi vous vous êtes séparés ?

– Ah… » La question étonna franchement Harry qui mit donc quelques secondes avant de se lancer. Il se perdit rapidement dans un cafouillage compliqué impliquant presse à sensation, rumeurs insultantes, lettres de menaces… « Ouais, admit-il finalement, la vie avec moi est pas franchement reposante, et cet article-là, ça a un peu été la goutte d'eau qui a fait déborder le chaudron… Surtout que ça mettait toute l'équipe des Harpies dans la même merde. Impossible de porter plainte ou autre, ils ont prétendu que c'était de la satire et qu'on avait pas le sens de l'humour… Bref… »

Au fur et à mesure du récit, Drago était parvenu à tourner de nouveau les yeux vers le visage de Harry, dont l'attention s'était un peu relâchée, comme toujours quand il racontait l'une de ses histoires.

« Donc… reprit doucement Drago. Tu… Il n'y a jamais eu de… violence ? entre vous ? »

Enfin, Harry comprit le sujet qui inquiétait véritablement son amant, et ses traits prirent une inclinaison malheureuse et contrite :

« Non, je n'ai jamais levé la main sur Ginny, et je peux te jurer que plus jamais je ne lèverai la main sur toi. Je peux prononcer un serment inviolable, si tu veux.

– C'est inutile. » répliqua aussitôt Drago.

Trop dangereux. Un accident pouvait survenir, et Drago préférait largement prendre quelques coups malencontreux et regrettés plutôt que de mettre la vie de Harry en jeu avec un serment inviolable. Il sentait son sang se glacer rien qu'à y penser.

« Tu avais évoqué un baiser », observa-t-il finalement pour clore la discussion et alléger l'atmosphère.

Harry lui sourit tendrement, et ses lèvres s'approchèrent.

Comme toujours, il ne savait pas trop où il se dirigeait, vers où et jusqu'où Harry parviendrait à l'emmener… Une chose était sûre cependant : Même si le chemin à emprunter l'effrayait au plus haut point, il n'avait aucune envie de s'en détourner, et faisait confiance à celui qui le guidait.

·

Les jours qui suivirent ne furent pas loin d'être absolument parfaits pour Drago.

Tout juste, le lendemain matin de cette déclaration dut-il supporter un interrogatoire de Granger et Weasley qui attendaient son réveil depuis la table du petit déjeuner. Le Sang-Pur semblait avoir reçu la consigne de se taire, puisqu'il passa toute la discussion à le tuer du regard en silence. La Née-Moldue, en revanche, interrogea le détenu sur la conclusion de leur mise au point avec leur ami.

Se sentant acculé, Drago finit par répondre, affreusement mal à l'aise :

« Et bien, nous avons décidé de prendre le temps de réfléchir à tout ça.

– C'est très bien, prétendit-elle d'un insupportable ton patient. Mais ça ressemble un peu plus à un préambule à la discussion qu'à une conclusion… »

Drago avait de nouveau utilisé l'excuse de Carrow pour s'isoler dans l'une des salles de douche, où il avait prononcé le prénom de la Selkie, étonné de son absence. Elle était immédiatement apparue, perchée au sommet de la cloison qui fermait l'espace, faisant entendre son fredonnement, prétendant qu'elle avait préféré attendre qu'il ait fini sa discussion avec ses humains avant de se montrer. Au bout de quelques minutes, les deux Sorciers semblaient avoir oublié la présence de Drago, la raison de leur réveil matinal, et avaient décidé d'aller se promener sur la plage.

Durant la journée, Harry se comporta comme à son habitude, sans chercher à mettre Drago particulièrement mal à l'aise. Quand il vint cependant interrompre un compte-rendu pour lui demander un dossier imaginaire, Weasley n'était pas loin, avec ses immenses oreilles indiscrètes et son regard suspicieux, et Drago prétendit que le dossier en question avait été rendu le matin-même.

« Vraiment ? s'étonna Harry.

– Vraiment.

– Je ne sais plus du tout où je l'ai posé. Il va falloir me le retrouver, Malfoy… »

Drago avait fait part de sa gêne à Harry dès que les habituels sorts d'intimité avaient été lancés, et ce dernier avait éclaté de rire :

« T'en fais pas ! On fait rien d'inconvenant : Je t'apprends juste un sortilège complexe. »

Le retour du discours sur un avenir en commun avait paralysé Drago, et l'invocation d'un Patronus avait rarement été aussi peu envisageable, alors Harry s'était rabattu sur une autre histoire, plus simple, avec moins d'implications : les différents menus de restaurants Londoniens qu'il avait hâte de faire goûter au détenu.

Il n'évoqua de nouveau ses sentiments que le soir venu, une fois qu'ils furent enlacés l'un contre l'autre dans le lit de Drago, mais celui-ci le supplia de se taire, lui expliqua que ce genre de conversation lui mettait beaucoup trop de pression sur les épaules, et le sujet ne fut plus réabordé.

Quand vint le week-end et l'opération d'accueil du ferry, Drago s'était rongé les Sangs à peu près autant que le Directeur d'Azkaban, qui avait organisé une opération d'une sécurité qui semblait à toute épreuve… Au final, les Détraqueurs qui stationnaient à l'extérieur du dôme avaient été plus dangereux que celui qui hantait la zone incartable entre les deux boucliers, et qui était resté invisible… Il avait toutefois suffi de quelques Patronus pour les éloigner temporairement, et les choses n'auraient pas pu mieux se dérouler.

La liesse qui avait suivi avait été extraordinaire. Les chariots débordaient de denrées alimentaires, potions, onguents, produits de soins, produits d'hygiène, cartons de bougies, de vêtements de rechange, et même de Biéraubeurres, que le jeune Directeur n'avait pas manqué d'ajouter à la liste des livraisons indispensables.

Ils avaient fait la fête, et on s'était demandé s'il était vraiment nécessaire de maintenir une telle organisation alors que les choses semblaient être complètement revenues à la normale…

Harry rit et approuva la supposition, mais quelques secondes plus tard, il échangea avec le Professore Kenaran un regard qui en disait long : Ni l'un ni l'autre ne considéraient qu'avoir remporté cette bataille signifiait avoir gagné la guerre. L'ennemi était toujours présent.


A moins que l'ennemi n'ait été bouloté par une sympathique baleine de passage, mais ça, les héros martiaux de l'histoire refusent de l'envisager, n'est-ce pas ? Se débarrasser d'un méchant sans qu'ils aient pu se battre ? Pfeuh !