Guest : C'est gentil ^^ On est de nouveau dans les chapitres que j'ai eu un mal fou à écrire !
En passant : C'est adorable de ta part ! J'ai essayé de faire qqchose de doux au moment où le Patronus apparaissait pour qu'on sente la magie bienveillante de l'esprit protecteur... Mais qu'on ait tout de même du mal à choisir son camp entre lui et le Détraqueur...
C'était presque trop facile.
Trop facile, trop beau et trop bon.
Harry n'avait jamais éprouvé de plaisir particulier à chasser les Détraqueurs. C'était une tâche désagréable, répugnante, épuisante, et qu'il savait sans fin, car on ne faisait au final que les éloigner temporairement.
Tout était différent avec Drago dans ses bras, avec Drago qui s'abandonnait dans ce rêve de futur à deux, et qui y puisait une force suffisante pour parvenir enfin à invoquer un réel Patronus Corporel. Leurs magies se mêlaient l'une à l'autre, s'enlaçaient, ondulaient… Il avait l'impression de faire l'amour pour la première fois de sa vie. Un amour pur, chaste et puissant.
Drago l'aimait.
Il pouvait nier, mais il l'aimait.
Ça prendrait des années à ce qu'il guérisse, à ce qu'il lui pardonne, à ce qu'il soit prêt, mais Drago l'aimait et Harry l'aimait assez fort pour attendre aussi longtemps qu'il le faudrait.
Drago partirait, parce que c'était ce qu'il y avait de mieux pour lui, mais soit il reviendrait, soit Harry le rejoindrait. Il mettrait à profit le temps qu'ils passeraient séparés : Lui aussi avait des problèmes à régler. Harry purgerait seul à Azkaban la peine que Drago jugerait appropriée, et quand celui-ci déciderait que la condamnation aurait assez duré, ils se retrouveraient, et ils pourraient repartir sur des bases saines.
Tout ce qu'il avait à faire, c'était diriger le Détraqueur vers le goulet de Magie que Vissarion avait déjà préparé. Ensemble, ils scelleraient de nouveau sa cage, et il partirait immédiatement libérer le monstre ailleurs, dans un endroit désert où il ne ferait aucune victime et aurait des années pour se calmer.
Drago lui faisait entièrement confiance pour l'affronter, et Harry, lui, lui faisait entièrement confiance pour deviner comment il fallait faire pour le soigner.
Le Patronus Chimérique était magnifique, à l'image de leur amour. Harry n'avait même pas besoin de bouger sa baguette pour le diriger. Une simple pensée le faisait se mouvoir d'un côté ou de l'autre, accélérer, bondir, attaquer… Chaque battement d'aile forçait le Détraqueur dans une direction nouvelle, chacune de ses respirations l'affaiblissait.
Le Détraqueur perdait de la force et de la vitesse. Le goulet d'étranglement était à portée. Un brame doux et chevrotant sortit de la poitrine du Patronus et le Détraqueur plongea dans le piège qui l'attendait…
Quelque chose se brisa à ce moment-là.
Le Patronus disparut dans un nuage de fumée.
Une deuxième fois, Drago avait levé son sort. Attaquer cette créature le mettait à rude épreuve, et il ne voulait pas s'en prendre à lui une seconde de plus que nécessaire. Harry comprenait mal, mais ça n'avait pas d'importance : Il lança immédiatement un sortilège pour aider Vissarion à fermer la cage. Celle-ci était plus large que la précédente, et ils s'y mirent à deux pour remplir l'espace obtenu de magie concentrée.
Encore une fois, l'impression de pouvoir enfin relâcher toute cette puissance qui l'étouffait dans un espace restreint lui procura un soulagement indicible. Le Détraqueur ralentit ses mouvements au fur et à mesure que la magie prenait possession des lieux, et bientôt, il cessa complètement de bouger.
Il resta abasourdi quelques secondes…
Lors de leur précédent combat, ils avaient étés presque une cinquantaine, et ça avait pris plusieurs heures, avec des blessés graves qu'il fallait évacuer au fur et à mesure, et à la fin, personne n'en pouvait plus…
Cette fois-ci, ça avait été réglé en quelques minutes à peine.
Peut-être qu'il avait eu tort de vouloir à ce point protéger Drago et empêcher quiconque de l'utiliser.
Il se tourna vers lui avec un grand sourire. Il n'allait pas l'embrasser, il n'allait pas lui dire qu'il l'aimait, parce que Drago le lui avait interdit, mais il verrait dans ses yeux qu'ils penseraient la même chose, et…
Les yeux gris étaient écarquillés, les lèvres fines figées dans une grimace de dégout, les sourcils évoquaient la sidération… Une seconde plus tard, c'était comme s'il avait vu un Épouvantard : Il le repoussa en hurlant comme un possédé :
« QU'EST-CE QUE TU FOUS, POTTER ?! »
Le cœur de Harry manqua un battement et son souffle se bloqua dans sa poitrine : Il avait déjà vu cette expression. Il l'avait vue sur les visages des époux Welbert quand leur souvenir heureux leur avait été arraché.
« Non… » marmonna-t-il…
Il se trompait forcément, le Patronus avait fonctionné, il ne…
« JE TE L'AI DIT ET REDIT : JE NE VEUX PLUS QUE TU ME TOUCHES ! JAMAIS ! »
Drago recula et l'expression sur son visage était pire que celle qu'il avait quand ils s'étaient revus la première fois, ou bien quand Harry le forçait : Il n'essayait de masquer ni son dégout ni sa haine.
« JE NE T'AIME PAS ! JE NE T'AIMERAI JAMAIS ! »
Vissarion attrapa le menton de Drago et lui tourna la tête dans sa direction. Ses yeux prient immédiatement la teinte rouge qu'ils revêtaient quand il analysait la victime d'un maléfice.
Harry sentit ses jambes flageoler, et il se laissa tomber sur le sol. Il sentit à peine ses fesses heurter brutalement les pierres.
« Non », répéta-t-il, en espérant par ce simple mot changer ce qui semblait évident.
« Je suis désolé, Monsieur Potter, confirma le Maléfistinien. J'ignore s'il s'agissait d'un souvenir, d'un espoir ou d'une certitude, mais vous le lui avez enlevé. »
Drago s'arracha à la poigne de Vissarion et le considéra à nouveau avec un air révulsé, comme si sa simple vision lui donnait envie de vomir. Il ignorait ce que Harry lui avait enlevé, mais dans tous les cas, il lui en voulait.
« NON ! »
Les cœurs pouvaient vraiment, véritablement, littéralement, se briser.
Il se sentait incapable de détourner ses yeux de l'homme qui lui faisait face. Il allait partir. Il allait partir dans moins d'une heure, et il ne conserverait même pas de lui un quelconque souvenir heureux. Il n'accepterait pas de le revoir, ni même de recevoir de lui un foutu courrier. Il ne garderait même pas cette stupide clochette dorée. Il partirait en colère, blessé, encore plus fragile qu'il ne l'était quand il l'avait trouvé.
Parce qu'il l'avait utilisé une fois de trop.
Il se sentait incapable de détourner les yeux, et pourtant, sous ce regard-là, son visage se baissa malgré lui et il ferma les paupières. Il avait envie de disparaître, de remonter le temps, de mourir une nouvelle fois, de faire quelque chose, n'importe quoi, pour empêcher juste ça… Il aurait dû demander à quelqu'un d'autre, non, il aurait dû ordonner à quelqu'un d'autre de… Non, ils auraient dû s'enfuir cette fois-là, ou bien il aurait pu gagner du temps si…
« Malfoy ? Où est le petit Malfoy ? Est-ce qu'il est là ? »
Un nouveau cri lui échappa, un mélange de rire et de sanglot : Et malgré tout ça, la vie continuait.
« Je suis là, Monsieur Temrah. »
Bien sûr : Avec le vieux, sa voix n'avait pas changé. Il pouvait presque encore voir son expression neutre et polie, sa bouche aux lèvres fines qui souriait à peine, la douceur et l'exactitude dans ses gestes. Il entendit sa démarche souple, sur les pierres qui roulaient, son corps qui s'éloignait déjà.
« Mon petit Malfoy, il faut préparer un chocolat chaud pour notre chère Madame Johnson. Je ne serais pas venu pour embêter pour quelqu'un d'autre, mais enfin, à notre âge, avec nos vieilles dents, on ne peut plus se contenter de chocolat en tablette, vous comprenez…
– Bien sûr Monsieur Temrah, je m'en occupe tout de suite… »
Et voilà, c'était comme ça que ça se terminerait : Les derniers mots qu'il entendrait de sa bouche ne lui seraient même pas destinés.
« Harry, vieux… » La main chaude de Ron se posa sur son épaule. On aurait dit un couperet.
Et puis une nouvelle voix retentit. Une voix tellement haïe qu'elle lui donna l'énergie nécessaire pour ouvrir de nouveau les yeux et lever la tête vers son propriétaire :
« J'aimerais discuter de nouveau de nos conditions de détentions en Italie. Je pense que ce combat aura modifié les expectations de mon fils.
– Fils de pute… » Harry le regardait sans parvenir à en croire ses yeux : Il était si fier, malgré le bandage qui lui cachait la moitié du visage, se tenait si droit, avec sa robe de prisonnier, et il n'essayait pas de cacher son sourire satisfait… « FILS DE PUTE ! »
Il se jeta sur lui pour le frapper et l'étrangler. Il laissa sortir toute sa rage et sa rancœur. Il n'y avait aucun risque, puisqu'il venait de se vider de la dernière once de magie qu'il possédait dans la cage du Détraqueur. Pour le moment, il voulait juste tuer cet homme qui ne voyait que ce qu'il aurait à gagner au fait que son fils unique ait été privé de son plus grand bonheur.
·
Ils se trouvaient de nouveau dans la salle de réunion.
Par tous les Sangs, il n'avait ni l'envie, ni le courage d'affronter ça.
C'était déjà trop dur la première fois : il n'était venu que poussé par une espèce de curiosité morbide… Il voulait savoir à quel point il faudrait lutter pour que Lucius Malfoy ne retrouve pas totalement son emprise sur Drago. Il s'était tenu prêt à supplier Vissarion pour que ce dernier garde un œil sur lui. Il avait éprouvé tant de soulagement quand il avait entendu sa demande : Il avait reconnu toute sa douceur et son intelligence dans ce traitement si doux amer… Que Lucius Malfoy reste emprisonné, qu'il soit privé du moindre soutien, mais qu'il puisse tout de même vivre dans la dignité… C'était beaucoup plus que ce qu'il avait espéré…
Cette fois-ci, il ne se faisait aucune illusion. Il n'était venu que pour pouvoir le voir et l'entendre encore une fois. Drago serait obligé de lui adresser la parole pour lui ordonner de relâcher le Détraqueur, et il se tenait prêt à recueillir son mépris, ses insultes et son crachat comme une offrande. C'était comme ça qu'il avait reçu son regard de haine quand il avait vu qu'il avait profité de son absence pour cogner encore et encore sur le visage déjà blessé de Lucius Malfoy.
L'homme ne retrouverait jamais l'usage de son œil gauche.
Si Nguyen avait été sur pied, il aurait peut-être pu faire quelque chose, mais ce n'était pas le cas. Vissarion avait suggéré de demander l'assistance des gobelins de son carrosse, mais Lucius Malfoy avait voulu attendre. Il avait certainement eu peur de rater le retour de son fils et de ne pas avoir l'occasion de le manipuler à sa guise.
L'homme resterait borgne, et Harry n'avait aucun remord.
Ron avait pris place à ses côtés. Il n'avait rien à faire là, mais avait prétendu que le combat avait épuisé Harry, et que ce dernier avait donc besoin de lui prendre des notes, comme le reste de l'assemblée.
Harry aurait préféré qu'il reste au chevet de Hermione, qui méritait sa présence et son soutien plus que lui. Hermione avait dit préférer l'inverse.
Elle mentait.
Ils s'en étaient aperçus, plusieurs jours plus tôt : Depuis qu'il lui avait révélé la vérité, quelque chose s'était brisé entre eux, et ils n'étaient plus capable d'unir leurs magies pour invoquer un simple avis… Ron en était encore capable, lui… Mais le fait qu'il ait choisi son camp plutôt que celui de Drago avait tellement affecté Harry que cette fois, c'était lui qui s'était retrouvé incapable de produire quoi que ce soit avec son meilleur ami.
En bref, il avait tout perdu, il se retrouvait plus seul que jamais.
Et il aurait été capable de le supporter si au moins l'homme en face de lui en avait retiré quelque chose de positif…
Il faisait semblant de consulter ses dossiers.
Il savait qu'il faisait semblant, parce que ses yeux étaient plus vifs quand il lisait véritablement.
Et Lucius Malfoy avait posé une main sur son épaule, comme s'il avait besoin d'un soutien, alors qu'il était évident qu'il ne faisait que montrer sa possessivité.
« Pouvons-nous reprendre, ou quelqu'un a-t-il besoin de plus de temps ? » demanda Griselda Marchebank de son habituel ton professionnel. Durant le combat, elle ne s'était pas particulièrement illustrée. Elle avait produit un Patronus de husky pour se protéger, et n'avait rejoint l'équipe de protection du château qu'une fois bien réveillée. Au moins n'avait-elle pas eu la couardise des deux présidents étrangers qui avaient fui dans leurs carrosses. Harry avait eu un sursaut de fierté patriotique quand il avait vu le lynx de Shacklebolt attaquer.
La Présidente Italienne Vecchiaforza ne laissa le temps à personne de répondre : Elle prit aussitôt la parole d'une fois rapide et décidée :
« Professore, avec tout le respect que je vous porte et dont vous n'ignorez rien, il est hors de question que cette créature ne fasse qu'approcher de la frontière de mon pays.
– Il va sans dire que je n'en veux pas non plus dans les succursales Maléfistiniennes de France, enchaîna le Président De-Saint-Brasier. Je doute qu'un seul pays Européen accepte, d'ailleurs. Je compte prévenir chacun de mes collègues de la dangerosité de cette chose.
– Pour ma part, j'ai l'intention d'utiliser mon droit d'ingérence pour demander une nouvelle élection anticipée de Grand-Élu, reprit la Présidente. Je ne doute pas que vous conserviez votre poste, mais je ne laisserai pas passer cette énième atteinte à nos institutions. Je ne doute pas que les Professori Scarantino, Meruda et Kimbangu sauront profiter de l'occasion pour vous rappeler les limites de votre fonction.
– Je n'ai jamais été aussi humilié de ma vie. Si Ma Personne avait été blessé sur un sol étranger, l'Armée Française aurait répliqué par un Bain de Sang qui… »
Harry avait entendu parler de la fierté arrogante du Président Français. L'homme s'emporta longtemps sur le sujet de sa valeur incommensurable, puis finit par remercier chaleureusement Shacklebolt pour son intervention :
« J'avoue que de voir le peuple Anglais élire un Auror m'a étonné, mais je reconnais et salue votre valeur, mon cher confrère. »
Shacklebolt hocha poliment la tête.
« J'admets humblement avoir manqué de prudence, admit Vissarion. J'aurais dû prévoir que des perturbations magiques suffiraient à…
– Vous n'avez pas seulement manqué de prudence, mais aussi d'humilité ! Vous auriez dû nous informer immédiatement de l'existence de cette créature ! » trancha Vecchiaforza.
Ce fut au tour de Vissarion de hocher la tête.
« Je doute toutefois que relâcher ce Non-Être dans la nature soit bien plus prudent. Vous savez que…
– Ça ne posera pas de problème », affirma soudain Drago, et Harry leva aussitôt la tête pour mieux l'observer. Voir ses lèvres bouger, encore une fois. Entendre sa voix trainante, son accent méprisant… « Je sais désormais ce qu'il est venu chercher ici. Tout à l'heure, je le lui donnerai, et il perdra toute agressivité. Il sera plus inoffensif que ne l'a jamais été un seul de ses congénères.
– Qu'est-ce que c'est ?
– Vous verrez. C'est l'enfermement et la peur qui l'ont rendu agressif. Si dès le départ, nous l'avions laissé en paix, il aurait encore patienté des siècles avant de représenter un danger.
– Vous semblez bien sûr de vous. Dois-je vous rappeler que…
– Que vous devez la vie à mon Patronus raté ? C'est inutile, je ne l'ai pas oublié. »
Une pointe de satisfaction vint éclairer le désespoir que Harry sentait dans son cœur : Drago avait tout de même ça de plus que quand il l'avait retrouvé : Il avait retrouvé sa morgue et sa fierté. Si Lucius ne le brisait pas à nouveau, il serait capable de faire face à n'importe qui.
« Très bien, admit Vissarion. Je me contenterai du rapatriement de Monsieur Malfoy et de sa participation à mes études.
– Vous vous contenterez de ce que je pourrais vous donner. »
C'était presque son expression de Poudlard, celle que Harry avait toujours détesté… Et pourtant, à cet instant, il le trouvait magnifique.
Griselda Marchebank fit craquer sa nuque, observa chaque membre de l'assemblée au cas où quelqu'un s'opposerait à l'idée, puis reprit la parole :
« Bien. En avons-nous fini ou avez-vous quelque chose à ajouter ? »
Lucius Malfoy ne dit rien, mais le sourire sur ses lèvres s'étira encore. Ils avaient probablement parlé ensemble avant d'entrer dans la pièce, songea Harry.
« Oui. Je n'avais pas prévu ça, mais j'ai une nouvelle demande à vous soumettre », indiqua Drago.
Il ne le regardait pas. Il n'était pas sûr qu'il lui accorderait un nouveau regard avant son départ. Il avait eu raison de profiter de celui chargé de haine qu'il lui avait lancé à son arrivée.
