La neige tombait doucement sur les plaines glacées de Sibérie, recouvrant le sol d'un voile argenté et silencieux. Le vent du nord soufflait avec une force mordante, balayant la surface du lac Baïkal gelé où se reflétaient les étoiles scintillantes.
Un chevalier vêtu d'une armure aux reflets de glace se tenait là, immobile. Ses cheveux blonds ondulaient sous la brise hivernale, encadrant son visage aux traits sculptés par l'adversité. Ses yeux d'un bleu profond fixaient l'horizon, mais son esprit était ailleurs.
Hyoga du Cygne sentait le poids du monde peser sur ses épaules. Il était revenu ici, sur cette terre où reposait sa mère sous les eaux gelées, cherchant des réponses… mais il n'y trouvait que le vide.
Un pas résonna derrière lui. Léger, aérien, presque irréel.
Il tourna la tête et son souffle se suspendit.
Sous la lumière de la lune, vêtu d'un fin tissu rose qui ondulait comme une brume autour de lui, Shun d'Andromède avançait d'un pas hésitant. Ses longs cheveux verts semblaient capter la lueur des étoiles, et son regard émeraude, d'une douceur infinie, se posa sur lui avec une tendresse bouleversante.
— Hyoga …
Sa voix n'était qu'un murmure, portée par le vent comme une prière.
Le chevalier du Cygne resta figé un instant, le cœur battant plus fort qu'il ne l'aurait voulu. Puis il détourna le regard, comme si le voir ici réveillait une douleur qu'il s'efforçait de taire.
— Pourquoi es-tu venu, Shun ? demanda-t-il d'un ton plus dur qu'il ne l'aurait voulu.
— Parce que je ne pouvais pas te laisser seul.
Hyoga ferma les yeux un instant. Bien sûr que Shun viendrait. Shun, avec son cœur pur, incapable d'abandonner qui que ce soit. Mais il ne comprenait pas… Il ne comprenait pas que c'était précisément sa présence qui torturait le chevalier du Cygne.
Parce que chaque regard échangé, chaque souffle partagé, chaque instant passé ensemble ne faisait qu'alimenter ce feu brûlant au fond de lui. Un feu qu'il s'interdisait d'accepter.
— Je vais bien.
— Non, tu souffres.
Shun s'approcha encore, jusqu'à n'être plus qu'à quelques pas de lui. Il leva doucement la main et effleura la joue glacée de Hyoga du bout des doigts.
Hyoga tressaillit.
Ce simple contact, si doux, si tendre, brisa quelque chose en lui.
— Tu es toujours celui qui veut tout porter seul… murmura Shun. Mais tu n'as pas à l'être. Pas avec moi.
Le vent souffla plus fort, et une bourrasque souleva les mèches vertes de Shun. Son regard transperçait Hyoga comme jamais auparavant.
— Je t'aime.
Les mots tombèrent dans le silence comme une pierre jetée dans un lac immobile.
Hyoga sentit son cœur se serrer. Il avait redouté cet instant autant qu'il l'avait espéré.
— Shun…
Il aurait voulu lui dire que ce n'était pas possible, qu'ils étaient des chevaliers, qu'ils avaient un devoir, que le monde ne leur permettrait jamais cela.
Mais les bras de Shun se refermèrent sur lui.
Et alors, Hyoga céda.
Il enlaça le chevalier d'Andromède avec une force désespérée, comme s'il craignait que le vent ne l'emporte loin de lui. Son front vint se poser contre le sien, leurs souffles se mélangeant dans l'air froid.
— Je t'aime aussi… finit-il par murmurer.
Shun sourit, une larme coulant sur sa joue.
Hyoga captura ses lèvres dans un baiser ardent. Un baiser volé à l'univers, interdit et pourtant si évident.
Shun frissonnait légèrement sous la morsure du vent glacial, mais ce n'était pas le froid qui faisait trembler son corps. C'était la présence de Hyoga , si proche, si brûlante malgré l'aura de glace qui l'entourait.
Le chevalier du Cygne plongea son regard bleu dans le sien, et Shun sentit son cœur se serrer. Il y voyait un mélange d'émotions tourbillonnantes : désir, hésitation, peur… et cet amour si intense qu'il en était presque douloureux.
— Shun… murmura Hyoga , sa voix rauque de retenue.
Mais Shun ne voulait plus attendre, plus fuir. Il posa ses mains tremblantes sur la nuque de Hyoga et l'attira doucement à lui, sentant la chaleur de son souffle contre ses lèvres.
Et puis, enfin, ils s'embrassèrent.
Un baiser d'abord hésitant, timide… puis emporté par une vague d'émotions brutes. Hyoga resserra son étreinte autour de Shun, ses mains glissant sur son dos, le pressant contre lui comme s'il voulait fusionner leurs âmes.
Leurs lèvres se cherchaient, se trouvaient, se redécouvraient avec une urgence fiévreuse. Hyoga mordilla doucement la lèvre inférieure de Shun, arrachant un soupir au chevalier d'Andromède, avant d'approfondir le baiser avec une intensité dévorante.
Les doigts de Shun s'accrochèrent aux mèches blondes de Hyoga , le ramenant encore plus près, tandis que leurs cœurs battaient à l'unisson. Une chaleur douce et électrisante se répandait en eux, contrastant avec le froid environnant.
Hyoga quitta un instant ses lèvres, à bout de souffle, et enfouit son visage dans le creux du cou de Shun, y déposant une traînée de baisers ardents.
— Tu es ma seule lumière… souffla-t-il contre sa peau.
Shun ferma les yeux, laissant sa tête retomber en arrière sous l'assaut des lèvres brûlantes de Hyoga .
— Alors ne me laisse jamais…
Hyoga releva la tête, plongea une dernière fois son regard dans le sien, et, sans plus attendre, captura à nouveau ses lèvres dans un baiser encore plus profond, encore plus passionné.
Sous le ciel nocturne, dans cet écrin de neige et de silence, ils se laissèrent aller à cet amour interdit mais inévitable, un amour qui défiait le froid, le destin et même les étoiles elles-mêmes.
