Merci Makiang pour ton commentaire ! Ca me fait plaisir aussi !
Au cas où le premier chapitre n'aurait pas été clair : ça va beaucoup parler de sexe. De beaucoup de manières différentes. Ce chapitre n'y fait pas exception, même s'il n'y a pas de smut à proprement parler.
Silence, ça tourne !
Chapitre 2
Pour les deux heures qu'avait duré le shooting, Loki et Sigyn touchèrent chacun deux cents dollars, et ils signèrent également tous les deux le contrat qui allait les lier aux productions ARC reactor pendant six mois. La société avait une grille de salaires précise et pour deux nouveaux acteurs, le cachet n'était pas très élevé, mais permettait tout de même de vivre modestement à New York.
Ils durent aussi se choisir des noms de scène.
«Eskil Silvertongue, déclara Loki.
—Pourquoi pas, répondit Black Widow qui s'occupait de la partie administrative. Exotique et évocateur. Je pense qu'Iron Man va accepter. D'ailleurs, en parlant d'Iron Man, pour le moment, vous ne connaissez ni l'un, ni l'autre, le nom de vos futurs collègues. Vous aurez le droit de les connaître quand vous aurez signé cet accord de confidentialité. Je pense que vous comprenez aisément que la majorité des gens qui travaille ici ne cherche pas la publicité sur leurs activités.»
Loki hocha la tête et entreprit de lire les trois pages de l'accord. Rien ne sortait de l'ordinaire, il signa.
«Et toi, Sigyn? Un nom de scène? relança Black Widow.
—J'ai déjà eu des noms très classiques. Amber Austen. Ou Candy Rush.
—Non, ça ne va pas. Il faut quelque chose d'un peu plus original.
—Edda Asynja, proposa Loki. Une référence à la mythologie nordique, puisque ton véritable nom en vient.
—Le tien aussi, fit remarquer Sigyn.
—Eskil est le nom d'un saint suédois. Pour Silvertongue, c'est plus une référence personnelle. Mon père dit souvent que ma langue est d'argent et que je pourrais faire croire n'importe quoi à n'importe qui. Mais le double sens sexuel n'est pas perdu non plus.
—Bon, le cours d'onomastique est fini, interrompit Black Widow. Bienvenue tous les deux dans les productions ARC reactor. Je suis Black Widow, ou Natacha Romanov, juriste et avocate pour la société. Voici ma carte, si vous avez des questions d'ordre administratif, sinon, vous avez le contact de James, alias War Machine. Ne demandez pas, c'est Iron Man qui a nommé une partie du personnel. Tiens, en parlant du loup…»
On en voyait le bout de la queue. Ou plutôt non, dans ce cas, Loki savait que la queue allait rester dans le pantalon.
Iron Man les rejoignit, l'air détendu et vaguement curieux.
«Tout est bon? Nickel. Loki, je peux te parler?»
Sigyn, ou plutôt Edda, en profita pour dire au revoir et quitter le bâtiment, escortée par Black Widow.
«Loki d'Asgard… quelque chose à voir avec la famille d'Asgard, à la tête du groupe AVA?
—Exactement la même famille. Je ne pensais pas être découvert aussi vite. Ça pose un problème?
—Non, non. Pas pour moi en tout cas. Mais je ne suis pas certain qu'Odin soit enthousiaste quant à ton choix de carrière.»
Loki eut un petit rire soufflé. C'était le moins qu'on puisse dire.
«Odin n'est pas encore au courant, et je ne pense pas qu'il l'apprenne avant un long moment, à moins que quelqu'un ne vende la mèche.»
Loki leva un sourcil vaguement accusateur, ce qui n'eut pour effet que de faire sourire Stark. Évidemment.
«Dans tous les cas, il devrait bientôt apprendre que je ne me suis pas inscrit à l'université pour ce semestre et ne tardera pas à me couper les vivres.
—Oh, je comprends pourquoi tu es là, alors. Pourquoi n'avoir pas tenté ta chance à Broadway?
—Parce qu'Odin aurait immédiatement fait jouer ses contacts pour m'empêcher d'avoir le moindre rôle, soupira Loki défaitiste. Et puis, le porno, c'est vraiment pour lui faire un immense bras d'honneur.»
Stark rit franchement cette fois, illuminant ses traits d'une jeunesse pourtant de plus en plus lointaine.
«Je vois parfaitement ce que tu veux dire. Bon, les répétitions commencent la semaine prochaine, mais si jamais tu as un souci, on a un système de support pour les acteurs et actrices qui ont des difficultés. On ne voudrait pas perdre un talent comme le tien pour une histoire d'argent.»
Loki bégaya quelques remerciements et sortit.
Mince.
Il trouvait Stark beau.
Il avait même eu des pensées poétiques. D'où elles sortaient celles-là, d'ailleurs?
Loki se connaissait. Il connaissait ses goûts et ses réactions.
Il était foutu.
Son premier réflexe fut de vouloir appeler Amora, avant de se raviser. Ils s'étaient brouillés quelques semaines auparavant, parce que celle-ci s'était subitement entichée de Thor et le draguait très lourdement, même en la présence de Loki. Elle n'était donc pas au fait de ses projets professionnels récents.
Loki n'avait pas beaucoup d'amis. Il avait été un enfant introverti, et ce n'avait été qu'à l'acceptation de sa pansexualité qu'il avait réussi à s'ouvrir aux autres. Il fréquentait un bar LGBT, mais n'y avait lié que des connaissances et aucune amitié vraiment profonde, sauf peut-être Val, la patronne du bar. C'était une femme étonnante, robuste, à la voix forte et rauque, mariée depuis que c'était légal à une certaine Jane.
C'était décidé, Loki avait besoin d'un verre.
Malheureusement pour lui, il prit la décision de d'abord passer par chez lui. Il s'aperçut immédiatement que quelque chose ne tournait pas rond: la porte de son appartement n'était pas verrouillée. Il entra avec précaution, à moitié persuadé qu'il avait été cambriolé, mais rien dans le hall d'entrée ne montrait de trace de vol avec effraction.
L'appartement appartenait à la LLC dirigée par son père. Ainsi, l'empire immobilier formé depuis trois générations d'Asgard était géré à la manière de n'importe quelle société à responsabilité limitée et ne venait pas empiéter sur les autres activités de la famille.
Loki aimait beaucoup son appartement. Il était bien plus petit que la maison de maître familiale à Manhattan, et ne comprenait que deux chambres et une seule salle de bain, mais c'était bien suffisant pour Loki qui y vivait depuis trois ans désormais. Les pièces étaient petites, mais claires, et il avait un balcon qui donnait sur une rue tranquille de Brooklyn.
Il n'avait pas été cambriolé, mais quelqu'un était bien entré chez lui, et l'attendait dans le salon étroit où se serraient un canapé et une télévision.
«Geri, salua froidement Loki. Que faites-vous chez moi?»
Geri Wolf était le bras droit d'Odin, en compétition avec Freki, son frère jumeau, qui était son bras gauche. Tous deux étaient des employés fidèles au patriarche de la famille et Loki les connaissait depuis sa naissance.
«Loki, répondit Geri aimablement. Odin m'envoie.»
Le jeune homme renifla de dédain. Oui, il s'en doutait, merci beaucoup.
«L'université de Columbia a appelé ce matin, révéla Geri. Vous n'avez pas fait le nécessaire pour vous inscrire pour votre dernière année de licence.
—J'avais prévenu Père, pourtant, répliqua Loki. Je lui avais dit que je ne souhaitais plus étudier le droit.
—Et la réponse de votre père avait été claire, jeune homme, rétorqua Geri. Odin veut bien continuer à vous financer à condition de continuer vos études.
—Et une fois que j'aurai fini mes études, il payera tant que je ferai ce qu'il veut, travailler dans une branche tertiaire d'AVA, et ce sera toujours lui qui tiendra les cordes de ma propre bourse. Non, ce n'est pas la vie que je veux.»
Geri poussa un profond soupir. Loki ne doutait pas une seconde que les deux frères au service d'Odin s'étaient attachés à Thor et lui au fur et à mesure des années. Mais il ne doutait pas non plus que leur loyauté envers Odin était plus forte que tout autre chose au monde. Loki se demandait parfois, de manière un peu perverse, si Odin ne couchait pas avec ses deux hommes de main pour avoir droit à un dévouement sans pareil.
«L'ultimatum est très simple, Loki. Soit vous vous réinscrivez à Columbia et finissez d'obtenir votre diplôme, soit votre père…»
Il marqua une pause pour reformuler la menace.
«Soit vous avez jusqu'à lundi pour rendre l'appartement et la voiture qui vous ont été prêtées. Je suis désolé d'en arriver là, Loki.»
Sans un mot de plus, Geri contourna Loki et sortit de l'appartement.
Le jeune homme savait son père inflexible. Il savait que la sanction lui pendait au nez. Il s'y était préparé, mais devant le fait accompli, il ne put stopper la vague de sentiments qui l'envahit. Il était en colère, et triste, et perdu. Pourquoi son père, qui criait à qui voulait l'entendre qu'il aimait ses fils de la même manière, même si l'un était la chair de sa chair et pas l'autre, ce père qui affirmait qu'il ne voulait que le bien de Loki ne pouvait-il pas voir que sa tyrannie ne lui faisait que du mal?
Pourquoi n'était-il pas là, lui-même, pour annoncer à son fils adoptif qu'il le reniait symboliquement en arrêtant tout simplement de provenir à ses besoins?
Loki passa le week-end à trier ses affaires et à remplir deux grandes valises qu'il utilisait habituellement pour partir en voyage. Il retira le plus de cash possible, s'acheta un nouveau téléphone et abandonna tout ce qui appartenait à Odin derrière lui.
Le lundi matin, il se présenta devant les locaux d'ARC reactor, deux valises à la main et deux malles sous les yeux.
Darcy à l'accueil ouvrit des yeux ronds quand elle le vit arriver.
«On dirait que tu es mûr pour habiter au manoir playboy, ricana-t-elle sans méchanceté quand il lui eût exposé sa situation.
—Le manoir playboy? s'alarma Loki.
—C'est comme ça que je l'appelle, expliqua Darcy. Mais rien à voir avec Hugh Hefner. C'est la maison d'Iron Man, et c'est tellement grand qu'il héberge des collègues quand il y en a besoin. Parfois, il fait venir des gens de très loin et c'est là qu'il les loge. D'ailleurs, il est déjà arrivé. Ou il n'est jamais parti, va savoir. Il doit être dans son bureau, au cinquième. Laisse tes valises là, je vais les ranger. Tu les récupéreras ce soir.»
Un peu rassuré par la logorrhée de Darcy, Loki monta dans l'ascenseur et se présenta au cinquième étage. Il n'y avait qu'une seule porte, qui débouchait sur un immense bureau. Le long de la baie vitrée, une table de conférence s'étalait, tandis qu'un bureau était placé un peu plus loin dans la pièce.
«Loki, salua Iron Man. Ou plutôt Eskil. Darcy a appelé pour me dire que tu avais été mis dehors. Ne t'inquiète pas, on ne va pas te laisser dormir dans la rue. Ça tombe plutôt bien, une chambre s'est libérée le mois dernier au manoir. Cap, le décorateur, a emménagé avec son petit-ami. Ce qui n'est pas plus mal, parce que lui et moi, on arrive à travailler ensemble, mais personnellement, on n'est jamais devenus amis. Enfin, considère que tout est réglé. Le loyer est symbolique, vraiment, et ça comprend tout. Y compris la bouffe, sauf si tu as des envies particulières, mais le basique est couvert. Jarvis, mon majordome, oui, j'ai un majordome, fais-moi un procès, s'occupe des courses et il est très à cheval sur l'équilibre alimentaire. De toute façon, s'il ne me nourrit pas… Enfin, voilà. Tu rentres avec moi ce soir, comme ça tu pourras t'installer et je te présenterai à ceux que tu ne connais pas encore. Maintenant que t'es là, on va pouvoir descendre au théâtre pour commencer les répétitions. Avec Skye, la scénariste pour ce projet, on a revu un certain nombre de points ce week-end pour que l'intrigue colle plus avec vos personnalités, à Edda et toi.»
Edda les attendait dans le théâtre en compagnie de War Machine.
«Première chose, annonça-t-il une fois tout le monde assis sur un fauteuil ou sur la scène, on va vous inscrire à des cours d'acting. Vous avez tout les deux de très bonnes bases, mais Eskil, tu es un peu trop théâtral, tu as besoin sans doute de travailler sur les nuances, et Edda, on sent que tu n'as pas eu beaucoup d'expérience en la matière, mais Tony et moi avons aimé tes prestations. Donc pendant quinze jours, vous allez répéter avec Peggy Carter. C'est une très bonne professionnelle qui travaille avec nous depuis des années. Ça, c'est pour la partie acting. Maintenant, pour la partie sexe. Vous avez compris que le scénario n'est pas un prétexte pour une scène de sexe, ou même plusieurs. Au contraire, les scènes de sexe sont au service de la caractérisation des personnages et de l'évolution de l'intrigue.
—C'est une de mes marottes, intervint Iron Man. Quand j'ai fondé ARC reactor, je voulais faire des films qui intègrent le sexe comme élément d'intrigue. Pas comme un vaudeville où on aurait un triangle amoureux, ou comme dans pas mal de films où le sexe est la récompense du héros. Ça n'est pas comme ça que ça fonctionne dans la vraie vie. Le sexe n'est pas une parenthèse qui ne ferait pas réellement partie de la vie.
—C'est pourquoi, quand nous tournons une scène de sexe, nous y accordons autant d'importance qu'à une scène d'action par exemple. Ce qui implique une préparation physique, déclara War Machine. Les scènes sexuelles ne sont pas tournées en une seule fois. On peut tourner une scène sur plusieurs jours, si les conditions ne sont pas réunies. Voici une liste des actes qui vous seront demandés pendant le tournage. Si jamais l'un d'entre eux vous pose problème, on peut en discuter. Néanmoins, même la moindre pénétration demande un échauffement pour éviter les lésions. Eskil, as-tu déjà pratiqué le sexe anal? Sur toi-même, je veux dire.
—Oui. Ça ne me pose pas de problème.
—Très bien. Dans tous les cas, il faudra t'entraîner. Le scénario ne fait pas intervenir d'insertion d'objets volumineux ou insolites, mais exercez-vous quand même. Enfin, si, il y a une scène pour Eskil, mais il faut encore qu'on valide l'acteur en question. C'est pas encore sûr. En plus de cela, vous aurez aussi des séances de sport et d'assouplissement, avec un coach particulier, qui se fait appeler Star Lord.»
Loki jeta un œil à sa liste. À côté d'activités classiques comme la pénétration d'une femme et la masturbation, on pouvait lire des choses un peu moins vanille, comme l'humiliation ou le chevillage. Il y avait aussi la mention de violences sexuelles non érotisées, ce qui l'intrigua beaucoup.
«Excellente question, releva War Machine. Cela nous donne une transition toute trouvée vers le troisième point de cette réunion: l'intrigue.»
Europe à la fin du XIXesiècle. Un couple d'aristocrates anglais s'installe à Vienne et devient l'épicentre de fêtes décadentes et d'affaires économiques et culturelles majeures. Alister Henry Penn Curzon Comte Howe, et son épouse Artemis sont jeunes, beaux et scandaleux. Alister, non content d'être le quatrième Comte Howe, est aussi un homme d'affaires talentueux qui espère conclure l'opération financière qui le rendra plus riche que la couronne d'Angleterre. Artemis, de son côté, est une femme cultivée qui tient salon pour les jeunes filles célibataires de la haute société viennoise, et qui les séduit toutes une par une. Face à eux se dresse le puissant Prince Johann von Eggenberg, qui régnait sans partage sur le monde des affaires de la ville jusqu'à l'arrivée du Comte et de la Comtesse.
«Il y a effectivement une scène de violences sexuelles, qui n'aboutit pas à un viol, continua Iron Man. Von Eggenberg moleste Alister alors qu'ils sont amants depuis quelques semaines. J'avais dit qu'il y aurait de la trahison.
—Qui jouera von Eggenberg? demanda Loki.
—Les castings ne sont pas encore terminés, mais on cherche un profil entre quarante et cinquante ans, un vieux beau en somme. On a plusieurs candidats en lice et l'un d'entre eux se démarque du lot. En parlant d'apparence, Eskil, il faudrait que tu te laisses pousser la barbe. C'est toujours plus simple d'avoir du vrai que du faux, surtout dans les scènes de sexe. Scarlet Witch te dira exactement la longueur qu'elle souhaite pour une barbichette d'époque. Tous les deux, on va vous donner l'adresse de l'institut esthétique qui travaille avec nous. On leur a déjà transmis quel type d'épilation on voulait pour le tournage. Tout est dans l'enveloppe que je dois vous transmettre, oui, voilà.»
La grande enveloppe en papier kraft était épaisse et lourde. Loki y jeta un œil, et vit qu'elle contenait toute sorte de documents, y compris le script du film.
«Je crois qu'on a fait le tour, conclut War Machine. Des questions?»
Ils discutèrent encore un peu du scénario, des acteurs et actrices déjà sélectionnées pour les rôles secondaires et tertiaires, puis Iron Man et War Machine laissèrent Eskil et Edda découvrir leurs rôles plus en profondeur. Ensemble, ils firent une première lecture des scènes qu'ils avaient en commun, et elles étaient nombreuses. Ils découvrirent ainsi que le Comte était soumis sexuellement à sa femme, mais qu'il était aussi un homme de son temps, persuadé que les femmes étaient ses inférieures, un mélange paradoxal qui le poussait à chercher du plaisir dans des bras masculins. Quant à Artemis, ils eurent la surprise d'apprendre qu'elle avait fait le vœu de rester vierge tant qu'elle n'avait pas atteint un objectif très particulier: séduire l'Impératrice Elisabeth, aussi surnommée Sissi. Malheureusement pour elle, quelques mois après leur arrivée à Vienne, l'Impératrice est assassinée, ce qui pousse Artemis dans une frénésie sexuelle qui fait le bonheur des hommes et des femmes qui fréquentent son salon. Jusqu'ici, idole intouchable des soirées orgiaques organisées par le couple, Artemis explore une nouvelle facette de sa sexualité. Loin de perdre en pouvoir, elle accroît au contraire son emprise sur la haute société viennoise, ce qui permet à son époux de conclure de nombreuses affaires. Leur chute n'en est que plus dure.
Tout cela annonçait beaucoup de travail et Loki commençait à se sentir un peu nerveux. Il allait devoir se montrer à la hauteur devant des défis qu'il n'avait jamais rencontrés jusqu'alors, tout en gérant une vie personnelle qui se complexifiait de jour en jour.
Hulk les interrompit brièvement pour leur transmettre à chacun une mallette contenant un petit ensemble de sextoys destinés à leur préparation physique, ainsi qu'un agenda où étaient déjà notés leurs prochains rendez-vous pour les cours d'acting avec Peggy Carter, et leurs séances de sport avec Star Lord.
À la fin de la journée, ils étaient tous les deux un peu sonnés par la quantité d'informations à retenir, mais contents du travail déjà entrepris. Edda souhaita à tout le monde une bonne soirée, et Loki se rendit à nouveau au cinquième étage pour attendre Iron Man avant d'être introduit dans le fameux manoir.
Il arriva devant la porte juste au moment où War Machine en sortait.
«Ah, Eskil. Tu tombes bien. Je voulais voir avec toi une ou deux petites choses à propos de Tony. Jarvis, son majordome, mais qui se comporte bien plus comme son père, m'a appelé ce matin. Tony n'est pas rentré du week-end. Il travaille trop. Ce serait super si tu arrivais à lui promettre d'être ton chauffeur pour les prochains jours. Comme ça, Jarvis prendrait le relai au manoir pour le nourrir et le coucher de force.
—C'est un peu grossier comme technique, remarqua Loki.
—Je sais, je sais. Il ne sera pas dupe, mais il se laissera faire pendant une semaine ou deux, avant de te demander de te débrouiller. Merci d'avance. Bonne soirée.»
Loki commençait à se demander s'il avait bien fait de se présenter pour ce job, s'il devait aussi baby-sitter le patron, mais la vue de ce même patron, concentré à son bureau, fit s'envoler toute réticence.
Merde.
«Je suis prêt quand tu l'es, annonça Loki.
—Hein? se réveilla Iron Man. Ah, oui, le manoir. Bon, ok, j'éteins et je t'emmène. Tu peux attendre dans le vestibule, si tu veux.»
Loki aurait bien répondu qu'il préférerait attendre dans le bureau où il avait une vue imprenable sur la plastique d'Iron Man, mais il s'abstint et obéit sagement.
Pendant qu'il attendait, il en vint à la conclusion que pour remplir la mission qui lui avait été donnée, il allait devoir se montrer plus faible qu'il ne l'était vraiment.
«Je n'ai plus ni voiture, ni compte en banque, ni rien du tout, admit-il une fois ses valises chargées dans la voiture et en route vers le manoir.
—C'est un problème en effet, compatit Tony. Demain matin, je peux t'accompagner à la banque avant ton cours d'acting et on pourra faire le trajet ensemble jusqu'à ce que tu puisses accéder à ton compte et prendre les transports en commun. J'imagine que tu n'as pas du tout d'argent, du coup?
—J'ai le chèque de 200dollars de la séance photo, répondit Loki en omettant de mentionner les cinq mille dollars qu'il avait retirés en catastrophe à des distributeurs automatiques la veille.
—Je vois. Pas grand chose donc. Tu veux une avance sur ton cachet?
—Je vais y réfléchir. J'en aurais sans doute besoin, c'est vrai. Je dois demander à Black Widow?
—Oui, c'est elle qui fera le lien avec la compta et l'intendance. Qu'est-ce que tu penses du scénario?
—C'est intéressant cette manière de mettre en parallèle prospérité économique et prospérité sexuelle, où les rapports de domination se font et se défont en contrepoint. Certains dialogues manquent de matière, je pense.
—On retravaillera ça, si besoin. Bon, je suis content que ça te plaise.»
La conversation s'orienta vers des considérations plus techniques et Loki, qui n'était pas spécialiste, se sentit un peu perdu face à tout ce jargon, mais en même temps, il ne pouvait trouver que fascinant son interlocuteur, si passionné par son travail. À un moment, bloqué dans les embouteillages, Loki se tut et écouta Tony parler.
«Je t'ennuie certainement avec tout ça, s'interrompit Tony après un moment.
—Pas du tout, répondit Loki sincèrement. Je ne comprends pas forcément tout, mais je trouve ça passionnant. Cette technique dont tu parles, le vertigo?
—On peut aussi l'appeler travelling compensé, ou contrarié.
—Mais ça donne un effet de vertige, c'est ça? Tu dis que tu aimes filmer certaines scènes comme ça, comme les orgasmes.
—Ou autre chose, pour exprimer la surprise, la peur.
—Tu n'as pas peur de mettre tous ces sentiments sur le même plan si tu les filmes de la même manière? L'orgasme serait la même chose que la peur, par exemple?
—On utilise des techniques cinématographiques pour plein de raisons. Un très gros plan ne signifie pas la même chose si on filme un sourcil, un gros orteil ou une mouche sur un mur. C'est pareil avec le travelling compensé. En plus de ça, mon intention peut être interprétée différemment en fonction des spectateurs et du produit final. C'est un exercice d'équilibriste assez délicat. Moi je cherche à déclencher des émotions chez les spectateurs, mais ce travail d'interprétation, c'est à eux de le faire.»
Loki hocha la tête, pensif.
«On est arrivés.»
En effet, ils passaient le portail imposant d'un manoir impressionnant, situé au sud de Brooklyn. Un certain nombre de voitures étaient alignées sur des places dans l'allée qui traversait un jardin entretenu au cordeau, mais Tony ne s'arrêta pas et avança vers une porte de garage. Au bord de la piscine à débordement, profitant des rayons d'un soleil de septembre faiblissant, une femme nue bronzait.
«Raven, on t'a déjà dit, pas de nudisme dans le jardin, râla immédiatement Tony. Je te présente Loki, alias Eskil Silvertongue, mon nouveau jeune premier. Loki, tu as peut-être déjà entendu parler ou vu Raven, alias Mystic. Nouvellement ange de Victoria Secret, mais qui a commencé avec ARC reactor. Officiellement, Mystic n'habite plus ici, mais je ne suis pas rancunier, j'accepte qu'elle squatte la piscine de temps en temps.
—Salut, dit la jeune femme au corps correspondant en tout point aux standards de beauté du XXIesiècle. Bienvenue, je suppose.»
Ils entrèrent dans le manoir par la porte-fenêtre ouverte, et immédiatement Tony se mit encore à râler.
«Peter! Pourquoi y a un amas de câbles qui traîne dans le salon! C'est un coup à se prendre les pieds dedans! Je m'absente deux jours et c'est déjà le bordel! Je suis ton patron, pas ton père!
—Désolé, désolé monsieur Stark! Je range ça tout de suite! dit un jeune homme qui arriva haletant d'avoir couru sur le sol de marbre glissant. Ah, bonjour, Monsieur Stark, bonjour, Monsieur grand et ténébreux.
—Peter, tiens-toi bien, asséna une voix dans le couloir.
—Oui, Wade, pardon Wade. Quel est votre nom, Monsieur?
—Loki d'Asgard, répondit Tony à sa place. Wade, tu tombes bien. Il faut qu'on se cale un rendez-vous pour discuter de plusieurs scènes de domination, et une scène de violence pour mon prochain film. D'ailleurs, Loki sera un récipiendaire pour les deux, donc d'une pierre deux coups. Loki, je te présente Wade Wilson, alias Deadpool, mon spécialiste BDSM et sécurité.
—Pour le côté sécurité, ne te fie pas à l'apparence, salua Wade en lui serrant la main. Un triste accident de voiture, et pas une scène qui a mal tourné.»
En effet, Loki ne put s'empêcher d'écarquiller les yeux en voyant l'apparence de l'homme, brûlé gravement sur la quasi-entièreté de sa tête, de ses mains et de son cou, ce qui laissait imaginer qu'il était brûlé ailleurs.
«Peter, alias Spider-Man, à cause des câbles qui traînent, est notre expert en retouche d'images et en effets spéciaux visuels par informatique. Pendant longtemps, c'est moi qui me chargeais de cette partie, mais depuis qu'on a embauché Peter, je n'ai jamais eu à me plaindre.»
Le jeune homme, qui semblait bien trop jeune pour habiter dans un manoir dédié à la luxure, s'illumina sous le compliment. Par réflexe, il se tourna vers Wade qui eut un petit hochement de tête approbateur et son sourire s'agrandit d'autant plus si cela était possible.
«Monsieur Jarvis a demandé que vous vous présentiez à son bureau, dès votre retour, Monsieur Stark, dit soudain Peter en baissant légèrement la tête vers le sol. Il était très inquiet de ne pas vous voir rentrer ce week-end.
—Ah, mince, grogna Tony. Bon merci Spidey. Range tes câbles dans ton bureau, et j'espère que ton poste de travail est éteint, l'heure est passée.
—Mais…»
Le jeune homme fut coupé par le raclement de gorge insistant de Wade, et il baissa à nouveau les yeux.
«Oui, Monsieur Stark. Je range mes câbles et j'éteins mon poste de travail.
—C'est bien, félicita Tony plus légèrement. Merci aussi pour Jarvis. Je sais que tu l'aides beaucoup ces derniers temps, alors que ce devrait être à moi de le faire.»
Il ébouriffa les cheveux du garçon qui retrouva le sourire et invita Loki à le suivre.
La propriété était immense et s'élevait sur trois ou quatre étages. Chaque chambre était une suite avec salle de bain attenante et certaines avaient même un dressing-room. Il y avait aussi une salle de sport, une salle multimédia et un certain nombre de bureaux, tous utilisés par des membres de la maisonnée, à commencer par le propriétaire et ce fameux majordome.
Edwin Jarvis était un vieil homme, à vue de nez septuagénaire, au maintien droit et au regard franc.
«C'est moi qui gère cette maison de fous, se présenta-t-il en se levant lentement de son fauteuil. Tony n'est pas mon fils, mais c'est tout comme, et parfois je me dis qu'il ne quittera pas l'adolescence tant que je serai en vie.
—Ne dis pas ça, J', répliqua Tony joyeusement. Je suis un adulte responsable depuis que Cap' ne tient plus son rôle de père de la maisonnée. Tu peux lui faire faire la visite, J', et lui expliquer les règles de la maison? Je dois encore passer voir Fitz-Simmons pour savoir s'ils ont fini leurs expérimentations.»
Loki regarda son patron sortir de la pièce, et il entendit Jarvis émettre un petit bruit réprobateur.
«Jeune homme, j'ai vu de nombreuses personnes regarder Anthony comme vous le regardez, et beaucoup ont fini le cœur brisé.
—On m'a déjà prévenu, répondit Loki un peu sèchement.
—N'imaginez pas non plus en faire un défi, le mit en garde le vieil homme.»
Trop tard.
