Chapitre 15 Thor

-O'Neill, J'ai attendu que votre ami soit hors de danger avant de vous téléporter à bord de mon vaisseau.

- Ce n'est pas mon ami, marmonna Jack les dents serrées.

- Je vous demande pardon ?

- Rien de grave. Merci beaucoup, Thor. Qu'est-ce qui me vaut ce plaisir ?

Jack fit un pas vers l'extraterrestre, mais des pleurs de bébé le stoppèrent net.

-Jack ! S'écria Charlie en le voyant.

Elle tenait le jeune Jack par la main, qui pleurait tout en marchant vers lui.

Jack le prit dans ses bras afin de le consoler.

-Une odeur fort désagréable se dégage de ce petit humain, dit Thor, en clignant des yeux.

- Avez-vous téléporté son sac à langer à tout hasard ?

- Non, je n'ai pris que les deux plus jeunes humains.

- Avez-vous du tissu ?

- Du tissu ?

- Oui, du tissu.

- Non.

Jack bascula sa tête en arrière tout en râlant.

-Où se trouve l'infirmerie ?

- Je vais vous y conduire.

- Jack, tu sais le petit bonhomme gris est trop rigolo, il nous a laissé regarder la télé et manger des bonbons à la gélatine… mais c'était beurk…

- La télé ?

- En observant votre espèce, j'ai constaté que beaucoup d'humains sont fascinés par cette boîte à images. J'en ai donc déduit que pour garder les jeunes humains calmes, je devais en posséder une.

-Ingénieux.

Arrivés à destination, Jack changea habilement la couche souillée de son jeune homonyme. Il attrapa des compresses et fabriqua une couche propre avec ce qu'il trouva.

Il en avait profité pour l'observer sous toutes les coutures et l'enfant semblait sain et sauf. Après avoir remis le petit Jack au sol, l'homme attrapa Charlie sous les bras afin de la poser sur la table d'auscultation.

-Mais enfin, Jack ! Je ne suis plus un bébé, je n'ai pas de couche !

- Je sais ma toute belle, je veux juste vérifier une petite chose.

- J'ai tous mes doigts d'orteils de pied, regarde !

Et la petite fille remua ses orteils dans ses sandalettes.

Charlie ne présentait pas non plus la moindre égratignure et Jack la serra fort contre lui.

Jack laissa les enfants jouer dans le vaisseau pendant qu'il s'entretenait en tête à tête avec Thor.

-Bon, est-ce que vous avez une explication à me fournir ?

- À quel sujet, O'Neill ?

- Vous ne savez pas ?

- Je sais tout, O'Neill, soyez plus précis, je vous prie.

- Bon, que savez-vous de ma mort et de ma résurrection ?

- Tout.

- Ah d'accord. Vous pourriez être un peu plus explicite ?

- Sur quelle partie ?

- Thor ? Qu'est-ce qui vous arrive ? Vous ne semblez pas dans votre état habituel. Et vous êtes étrange, même dans votre état normal.

Jack connaissait bien Thor et ses réponses courtes et énigmatiques. Cependant, il semblait différent, plus grave qu'à l'accoutumée. Jack était inquiet. Il posa doucement une main amicale sur l'épaule de l'être en face de lui.

- Racontez-moi tout.

- Je vais plutôt vous montrer, O'Neill.

Thor conduisit Jack vers une salle de l'infirmerie, un peu à l'écart.

Les enfants trottinèrent derrière eux, en silence, comme s'ils avaient compris que le calme était de rigueur.

Un Asgard inconnu de Jack était relié à une machine, sous perfusion et sous respirateur. Il semblait au plus mal.

- Quand vous avez été capturé par Ba'al il y a environ 5 années terrestres de cela, la balise que j'avais placé sur vous après votre clonage s'est enclenchée. En scannant le vaisseau mère Goa'uld, j'ai également détecté la présence d'un Asgard que je croyais mort, Odin.

- Votre père ?

- Il l'est, en quelque sorte. J'ai profité de l'explosion du vaisseau pour vous récupérer tous deux et prendre la fuite. Avant de sombrer dans le coma, Odin m'a raconté les tortures que Ba'al lui avait fait subir.

- Dans quel but ?

- Le Grand Maître voulait connaître notre secret pour déplacer des planètes.

- Attendez, on peut déplacer des planètes ?

- Oui.

- Et vous savez comment faire ?

- Oui.

- Vous l'avez déjà fait ?

- Oui. Il y a bien longtemps de cela, quand Odin était encore le commandeur suprême de la flotte Asgard. Nous avions travaillé de concert avec les Anciens. Avec l'aide des Knox et des Furlings, nous avions délocalisé une planète habitée, car son soleil menaçait d'exploser.

Jack réfléchit un moment.

-Pourquoi Baal s'intéresse à ça ? Il compte déplacer une planète ? Mais laquelle ?

- Odin l'ignore, O'Neill. Il a réussi à garder le silence, mais il semble que Baal ait réussi à lire dans son esprit.

- Et lui soutirer ainsi les informations qu'il convoitait.

Thor se contenta de hocher la tête.

-De toute façon, si vous aviez besoin des Knox, des Anciens et des Furlings, le problème est réglé !

- Pas vraiment, O'Neill. Les Anciens nous étaient nécessaires et c'est pour cela que Ba'al vous a aussi capturé, puisque vous possédez leurs gènes. Les Knox nous ont transmis un savoir ancestral, mais ne nous sont plus d'aucune utilité.

- Et les poilus alors ?

- Les Furlings nous étaient utiles, comme main d'œuvre.

Jack observa Thor avec une intense concentration.

- Attendez une minute ! C'est pour ça que vous avez téléporté les enfants ici ? Vous pensez que Ba'al veut utiliser ma fille pour activer une technologie Ancienne ?

Thor hocha la tête.

- C'est exact, O'Neill. Charlotte possède des gènes Anciens très puissants, capables d'activer des appareils qui pourraient déplacer des planètes. Même si nous n'avons plus de contact avec les Furlings, Ba'al est tout à fait capable d'avoir trouvé un moyen de contourner ce problème. De plus, des résidus de Jolinar sont présents dans son sang. Cela en fait une humaine extraordinaire.

Le cœur de Jack se serra.

- Vous êtes en train de me dire qu'il est prêt à déplacer une planète !

- Oui, O'Neill et c'est pour cela que je vous ai renvoyé sur terre. Afin de l'empêcher de mettre son plan machiavélique à exécution !

Jack resta muet face au désarroi de l'Asgard face à lui. Comment sauver le monde une fois de plus ?

SJSJSJ

Sam reconnu la lumière des Asgards lorsque Jack avait disparu, mais cela ne réglait pas le problème des blessures de Jim ni même de savoir où étaient les enfants. Cependant, elle espérait que c'était effectivement Thor qui les avait téléportés et cela serait doute le première chose que Jack vérifierait une fois à bord du vaisseau.

Elle souffla et tenta de reprendre ses esprits. Il fallait emmener Jim et Angela à l'hôpital.

- Comment va-t-on justifier les nombreuses plaies par balles à moitié cicatrisées? Demanda Daniel.

- Pas besoin de se justifier. Je vais appeler Barrett et lui demander d'envoyer ses hommes à Denver. En arrivant avec la CIA, le personnel ne posera pas de questions et ils pourront les protéger.

Effectivement, Malcolm Barrett fut immédiatement d'accord et ne posa d'ailleurs aucune question à Sam. Ils avaient eu leur lot d'ennuis dans le Nevada.

Au moment où Barrett expliquait à Sam comment la Zone 51 avait été attaquée, et comment ils avaient réussi à se barricader, la terre trembla. Sam se tut et après quelques instants, un bruit assourdissant se fit entendre.

- Sam, que se passe-t-il?

- Je… Papa! Hurla-t-elle en voyant Cheyenne Mountain s'affaisser sur elle-même.

- C'est impossible, dit Daniel.

- Je crains que si, ajouta Teal'c tout aussi médusé que ses camarades.

- Malcolm, je vais de voir te rappeler, le SGC vient d'exploser.

La décision de quitter Colorado Springs ne fut pas facile. Ils avaient un blessé grave et Angela était toujours sous le choc. Ils devaient partir pour les conduire à l'hôpital.

Malgré ses larmes, Sam fut la seule capable de prendre le volant. A priori, si Landry avait déclenché l'autodestruction de la base, il n'y avait rien de plus à faire. L'US Air Force ferait le nécessaire mais la priorité de SG1 n'était pas de fouiller les décombres.

Sam conduisait sur l'autoroute, aussi concentrée que possible, Teal'c silencieux à ses côtés. Daniel était installé sur le siège arrière. Angela pleurait en silence à l'autre bout de la banquette, tout en soutenant la tête de Jim.

Sam avait coupé la radio, car aucune musique ne semblait convenir à tout ce qui venait d'arriver dans la même journée. Alors qu'elle se repassait sans cesse le film des évènements, un rayon Asgard la transporta. Daniel hurla à Teal'c de stopper la voiture à tout prix. Une fois sur le bas-côté, Daniel quitta l'arrière du véhicule et pris place derrière le volant. A ce stade-là, plus rien ne l'étonnait. Il soupira.

Avant d'arriver à Denver, il réussit à prévenir Janet de son arrivée et leur voiture fut bientôt rejointe par une escorte d'agents de confiance de la CIA.