On est arrivées assez tard à l'hôpital. Il était vingt-deux heures. Je laissai Léna s'annoncer aux urgences. Elle expliqua qu'elle était la fille de Madame Luthor, admise plus tôt dans la journée, et qu'on l'avait appelée il y a quatre ou cinq heures. La secrétaire l'invita à patienter, assurant qu'un médecin ne tarderait pas à la rencontrer.

Nous nous installâmes dans la salle d'attente, côté famille. Voyant l'air tendu de Léna, je lui demandai doucement :

— Tu veux boire ou manger quelque chose ?

Elle secoua la tête avant de murmurer :

— Juste un café, s'il te plaît.

Je me dirigeai vers la machine à café, glissant quelques pièces dans la fente. Le bourdonnement de la machine remplit le silence. Quand je revins avec les deux cafés, Léna discutait déjà avec un médecin. Je m'assis à une distance respectable, mais suffisamment proche pour entendre leur échange.

— Votre mère a fait un arrêt cardiaque, expliqua-t-il avec un ton mesuré. Son cœur est reparti, mais elle reste très faible. Les prochaines heures et les jours à venir seront décisifs. Vous pourrez la voir demain à partir de neuf heures, lors de l'ouverture des visites. Y a-t-il d'autres personnes à contacter ?

— Non, il n'y a que moi… répondit Léna, sa voix légèrement tremblante. Merci.

Le médecin s'éloigna. Léna revint s'asseoir près de moi et prit le café que je lui tendais.

— Ne réserve pas d'hôtel. On va aller chez ma maman. J'ai ses clés. Et puis… il y a Mimi. Elle doit avoir faim et envie de sortir.

— Mimi ?

— Son chien, un Westie. Il est adorable. Tu verras.

J'hochai simplement la tête, consciente que, pour l'instant, Léna avait besoin d'une présence plus qu'elle n'avait besoin de paroles.

Nous quittâmes l'hôpital. Dans la voiture, je jetai un coup d'œil vers elle. Elle fixait la route avec une concentration presque douloureuse.

Quand nous arrivâmes devant la maison, elle laissa échapper un long soupir, comme si elle essayait de contenir tout ce qu'elle ressentait. Je posai une main légère sur son épaule.

— Ça va aller ?

Elle haussa les épaules avant de murmurer :

— Je n'ai pas le choix.

Elle sortit du véhicule. Je pris son sac et la suivis.

La maison était plongée dans la pénombre. Je restai dans l'entrée, mal à l'aise. Ce n'était pas ma place, après tout. Mais Léna, elle, semblait évoluer naturellement dans cet espace.

Un petit chien blanc surgit en aboyant et se jeta sur ses jambes, fou de joie.

— Mimi ! fit Léna en lui offrant une pluie de caresses.

Elle me fit signe de la suivre dans la cuisine. Elle remplit la gamelle de croquettes pendant que Mimi continuait de trotter autour d'elle. Lorsqu'elle se tourna vers moi, ses yeux brillaient, alourdis par la fatigue.

— Merci énormément de m'avoir conduite jusqu'ici. Je vais te prêter un pyjama et préparer la chambre d'amis.

— Ne t'en fais pas. Je peux dormir sur le canapé sans problème. Je ne veux pas t'embêter.

Léna me dévisagea soudain avec une idée en tête.

— J'ai des duvets. Si ça te dit, on peut dormir dans mon lit. Comme ça, on recharge nos batteries avec un bon matelas.

Je fus surprise par sa proposition, mais je n'avais aucune raison de refuser.

— Vendu. J'ai mal au dos, de toute façon.

Elle éclata d'un petit rire.

— C'est un comble, pour une ostéopathe !

Je souris aussi. Cet échange léger m'aida à relâcher un peu la tension.

Pendant que je me changeais dans la salle de bain, elle installa les duvets.

— Bonne nuit, Kara.

— Bonne nuit, Léna.

Son matelas était digne d'un hôtel quatre étoiles. À peine allongée, je me sentis flotter sur un nuage. Je m'endormis presque instantanément.

Mais je fus réveillée en sursaut par un cri.

— Non !

Je me redressai immédiatement, mon cœur battant la chamade. Léna s'agitait dans son sommeil, visiblement en plein cauchemar.

Toujours enveloppée dans mon duvet, je m'approchai et posai doucement une main sur son dos.

— Léna, c'est juste un cauchemar. Je suis là.

Elle ouvrit les yeux et me fixa, confuse.

— Je suis désolée… J'ai parlé ?

— Ce n'est rien. Je m'inquiétais pour toi.

Je continuai à lui caresser le dos, presque sans m'en rendre compte. Elle me regarda avec reconnaissance avant de se blottir à nouveau dans son oreiller.

— Merci, murmura-t-elle.

Elle se rendormit rapidement. Mais moi, je restai un moment éveillée, incapable de chasser son cri de mon esprit. Que pouvait-elle avoir vécu pour être hantée ainsi ?

Quand je me réveillai, le lit à côté de moi était vide. Dans la salle de bain, je trouvai des serviettes et tout le nécessaire pour me préparer.

Après une douche rapide, je descendis. Léna était assise à table avec un petit déjeuner digne d'un festin : du pain frais, de la confiture, du beurre, des jus, du café et même de l'eau chaude pour le thé.

— Bonjour, lançai-je avec un sourire. Eh ben, c'est un vrai petit déjeuner de princesse ! J'espère que tu ne m'as pas trop attendue ?

— Non. Sinon, je t'aurais réveillée.

Une partie de moi regretta presque de ne pas savoir comment elle aurait choisi de me réveiller.

Le silence du matin était paisible, seulement troublé par le bruit léger de Mimi grignotant ses croquettes dans un coin de la cuisine. Léna me regardait, une tasse de café entre les mains, mais ses yeux semblaient ailleurs.

— Tu as bien dormi ? demandai-je en essayant de briser la tension flottante.

— Aussi bien que possible… dit-elle en haussant légèrement les épaules. Et toi ?

Je pris une gorgée de café avant de répondre :

— Le matelas était un rêve, mais… ton cauchemar m'a un peu inquiétée.

Elle détourna les yeux, son sourire s'effaçant aussitôt.

— Désolée pour ça. Ce n'est pas la première fois que ça arrive.

— Tu veux en parler ?

Elle posa sa tasse et croisa les bras sur la table, visiblement hésitante. Après un moment de silence, elle soupira.

— Quand j'avais 15 ans, mon père est mort d'un infarctus. Ça a été très brutal. Depuis, je… j'ai toujours peur que quelque chose arrive à ma mère. Et là… cette fois, c'était réel.

Je posai doucement ma main sur la sienne.

— Je suis désolée, Léna. Ça doit être horrible d'avoir cette peur qui te suit.

— Ça l'est. Mais j'ai appris à faire avec.

Elle me regarda, et je vis dans ses yeux une vulnérabilité qu'elle essayait désespérément de cacher.

— Et toi, Kara ? Tu n'as jamais eu ce genre de peur ?

Je faillis détourner la question, mais son regard me retenait.

— Si… répondis-je doucement. J'ai perdu ma sœur dans un accident de voiture il y a trois ans. Elle était mon pilier. Après ça, j'ai eu l'impression de perdre pied.

Ses yeux s'élargirent de surprise.

— Kara… je suis vraiment désolée.

Je haussai les épaules, imitant son propre geste quelques instants plus tôt.

— Comme tu l'as dit… on apprend à faire avec.

Un silence s'installa entre nous, mais cette fois, il n'était pas pesant. Il était apaisant. Nous comprenions ce que l'autre ressentait, sans avoir besoin d'en dire plus.

— Tu veux qu'on aille voir ta mère dès que les visites ouvrent ? demandai-je finalement.

— Oui, mais d'abord…

Elle se leva et se dirigea vers un tiroir. Elle en sortit un carnet usé et me tendit un stylo.

— Tu pourrais noter ton numéro ici, au cas où ? Si jamais…

Je pris le carnet et écrivis mon numéro de téléphone, réalisant à quel point ce petit geste semblait important pour elle.

— C'est fait. Tu peux m'appeler, peu importe l'heure.

— Merci. Pour tout.

Ses yeux s'attardèrent sur moi une fraction de seconde de trop, et je sentis mon cœur rater un battement.

Mimi aboya soudainement, rompant ce moment. Léna rit doucement.

— Je crois qu'elle réclame sa promenade. Ça te dit de m'accompagner avant d'aller à l'hôpital ?

— Bien sûr.

Je pris mon manteau pendant que Léna attachait la laisse de Mimi. Lorsque nous sortîmes, l'air frais du matin me fit du bien. Alors que nous marchions côte à côte, je sentis la tension de la nuit s'éloigner peu à peu.

— Tu sais, dit-elle soudainement, je ne te connais pas depuis longtemps… mais je suis contente que tu sois là.

— Moi aussi, Léna.

Et, pour la première fois depuis longtemps, je me surpris à penser que peut-être, juste peut-être, je n'avais plus besoin de porter mes peurs toute seule.

Le ciel était lourd et gris lorsque nous quittâmes l'hôpital. Léna marchait à côté de moi, son silence plus pesant que toutes les paroles qu'elle aurait pu prononcer. Son regard restait rivé sur le sol, comme si lever les yeux l'obligerait à affronter une réalité qu'elle n'était pas encore prête à accepter.

— Tu veux rentrer ? proposai-je doucement.

Elle secoua la tête.

— Pas encore. J'ai besoin de marcher un peu. De respirer.

— D'accord.

Nous prîmes la direction d'un petit parc au bout de la rue. Les arbres nus laissaient entrevoir un ciel menaçant. La fraîcheur de l'air s'intensifiait, mais Léna semblait imperméable au froid. Ses bras restaient croisés contre sa poitrine, mais ce n'était pas pour se réchauffer. C'était une tentative désespérée de se contenir.

Je restais à ses côtés, silencieuse. Parfois, les mots ne servent à rien. Juste être là compte.

La première goutte tomba, puis une autre. En quelques secondes, une pluie fine s'abattit sur nous, perlant sur nos manteaux et sur les mèches brunes de Léna. Elle ne bougea pas.

— On devrait peut-être s'abriter, proposai-je.

— Non.

Elle s'arrêta soudain, au milieu du chemin boueux, et leva les yeux vers moi. Son regard était différent. Plus dur, mais aussi plus vulnérable.

— Je suis terrifiée, Kara.

Ma poitrine se serra.

— C'est normal, répondis-je. Ta mère est…

— Ce n'est pas seulement ça.

Elle inspira profondément et lâcha d'une voix brisée :

— J'ai peur d'être seule. Complètement seule.

Ses yeux s'embuaient, et cette fois, elle ne lutta pas pour retenir ses larmes.

— Mon père est mort. Et maintenant… je pourrais perdre ma mère. Je n'ai plus personne.

— Hé… non. Tu n'es pas seule, Léna.

Je m'approchai d'elle, réduisant la distance entre nous. La pluie trempait nos vêtements, mais je n'y prêtais aucune attention. Tout ce qui comptait, c'était la détresse dans ses yeux.

— Je suis là, d'accord ? Et je ne vais nulle part.

Elle me fixa un instant, comme si elle essayait d'évaluer si mes mots étaient sincères. Puis, d'un geste brusque, elle se jeta dans mes bras.

Je la serrai contre moi, sentant ses épaules trembler sous l'effet des sanglots.

— Laisse tout sortir, murmurai-je en caressant doucement ses cheveux humides. Tu n'as pas à tout porter toute seule.

Elle s'accrocha un peu plus fort, et je sentis ma propre gorge se nouer. La voir si vulnérable réveillait en moi un instinct protecteur que je n'avais pas ressenti depuis longtemps.

Lorsque ses pleurs s'apaisèrent, elle recula légèrement, nos visages à peine séparés. Ses yeux étaient rouges, mais magnifiques malgré tout.

— Merci, souffla-t-elle.

Je hochai la tête.

— Tu n'as pas besoin de me remercier.

La tension entre nous changea, devint plus douce. Mon regard descendit brièvement vers ses lèvres, et je vis le moment où elle le remarqua.

Avant que je ne puisse réfléchir davantage, Léna franchit la distance entre nous. Ses lèvres se posèrent sur les miennes, chaudes malgré la pluie glacée.

Le baiser était hésitant au début, comme si elle testait les eaux. Puis il devint plus profond, plus urgent.

Je m'y perdis, oubliant tout le reste—la pluie, le froid, l'humidité de nos vêtements. Tout ce que je ressentais, c'était sa chaleur contre moi.

Quand nous nous séparâmes, son souffle était court.

— Je suis désolée… murmura-t-elle, évitant mon regard.

Je pris son visage entre mes mains, l'obligeant à me regarder.

— Ne t'excuse pas.

Elle me scruta, cherchant une trace de doute ou d'hésitation, mais je lui offris seulement un sourire rassurant.

— On devrait rentrer, dis-je doucement. On est trempées.

Elle acquiesça et attrapa ma main alors que nous reprenions le chemin vers la maison. Cette fois, son silence n'était plus aussi lourd. Il était confortable, presque apaisant.

Et malgré la pluie battante, je sentis un éclat de chaleur s'installer en moi, un sentiment que je n'avais pas ressenti depuis très longtemps.

La maison était plongée dans une semi-obscurité lorsqu'on y retourna, trempées et frigorifiées. Léna déposa ses clés sur la table de l'entrée sans un mot et se dirigea vers la salle de bain.

— Je vais chercher des serviettes, dit-elle finalement, sa voix basse et presque tremblante.

— D'accord… répondis-je, mais elle était déjà partie.

Je restai un instant immobile, essayant d'ignorer la sensation persistante de ses lèvres sur les miennes et le chaos que ce simple baiser avait déclenché dans ma poitrine.

C'était juste un moment d'émotion, un besoin de réconfort. Rien de plus. Pas vrai ?

Pourtant, une partie de moi savait que ce n'était pas vrai.

Léna revint avec deux grandes serviettes et m'en tendit une sans me regarder.

— Tiens. Je vais allumer le chauffage.

— Merci.

Elle disparut à nouveau, et je profitai de ce moment pour sécher mes cheveux dégoulinants. La pluie avait glacé mes os, mais ce n'était rien comparé au froid étrange qui semblait s'installer entre nous depuis notre retour.

Quand elle revint, ses cheveux encore humides encadraient son visage fatigué, mais magnifique. Elle croisa enfin mon regard et esquissa un sourire timide.

— Tu veux quelque chose de chaud ? Un thé ?

— Un thé, ça serait parfait.

Elle hocha la tête et partit préparer l'eau. Je la suivis dans la cuisine, incapable de rester seule dans le salon avec mes pensées.

— Léna…

Elle s'arrêta, mais ne se retourna pas.

— Tu regrettes ? demandai-je enfin, la gorge nouée.

Elle posa lentement la tasse qu'elle tenait et se tourna vers moi, les yeux brillants d'émotion.

— Non.

Sa réponse me surprit.

— Mais… je ne sais pas ce que ça signifie, ajouta-t-elle rapidement. J'ai l'impression que tout est hors de contrôle en ce moment. Ma mère, l'hôpital, et puis… toi.

— Moi ? répétai-je, m'approchant d'elle.

— Toi. Tu es là, et ça me fait du bien. Trop de bien. Et c'est effrayant.

— Léna…

Je posai ma main sur son bras, et elle ne recula pas. Au contraire, elle ferma brièvement les yeux comme si elle cherchait à s'ancrer dans le moment.

— Je ne vais nulle part, promis-je. Je suis là.

Elle ouvrit les yeux et me fixa, cette fois avec une intensité troublante.

— Je sais. Et c'est ça qui me fait peur.

— Pourquoi ?

Elle hésita avant de murmurer :

— Parce que j'ai déjà trop perdu. Je ne suis pas sûre de pouvoir survivre à une autre perte.

Mon cœur se serra.

— Je comprends. Mais je suis prête à prendre ce risque.

Elle me regarda un instant, comme si elle cherchait à déceler un mensonge dans mes paroles. Puis, lentement, elle s'approcha et posa son front contre mon épaule.

— Je suis fatiguée, Kara.

— Alors repose-toi. Je suis là.

Je passai mes bras autour d'elle, sentant son souffle chaud contre ma peau. Elle resta ainsi un moment, puis se détacha doucement.

— On devrait aller dormir, dit-elle, presque à contrecœur.

— Oui.

Nous montâmes à l'étage, mais cette fois, l'atmosphère était différente. La tension n'avait pas disparu, mais elle avait changé. Elle n'était plus lourde. Elle était… chargée.

Une fois dans la chambre, Léna sortit un second duvet et me regarda avec une hésitation palpable.

— On fait comme hier ? demanda-t-elle.

Je hochai la tête.

— Oui. Si tu veux.

Elle sourit, un sourire plus sincère cette fois, et s'allongea à côté de moi.

La pièce était silencieuse, à l'exception du bruit lointain de la pluie frappant les fenêtres. J'entendais sa respiration s'apaiser peu à peu, mais moi, je restai éveillée, incapable de calmer le tumulte dans mon esprit.

À un moment, je sentis Léna bouger. Elle se retourna vers moi, ses yeux brillants dans la pénombre.

— Kara ?

— Oui ?

— Merci.

— Pour quoi ?

— De ne pas me laisser tomber.

Je tendis la main et trouvai la sienne.

— Je ne te laisserai jamais tomber.

Elle serra mes doigts et, cette fois, je la sentis vraiment se détendre. Quelques minutes plus tard, son souffle devint régulier, signe qu'elle s'était endormie.

Moi, je restai éveillée, le cœur battant un peu trop vite. Parce que, pour la première fois depuis longtemps, je sentais que quelque chose d'important était en train de changer.

Et ça m'effrayait autant que ça m'attirait.

Le jour se leva avec une lumière grise et froide qui perçait à travers les rideaux. Je me réveillai la première, toujours allongée à côté de Léna. Sa respiration calme et régulière me rassura, mais en l'observant, je ne pus m'empêcher de remarquer l'ombre persistante sous ses yeux. Elle semblait paisible dans son sommeil, pourtant je savais que ce n'était qu'un répit fragile.

Je me levai doucement pour ne pas la réveiller et descendis préparer du café. Mimi m'accueillit avec des petits jappements joyeux, brisant le silence matinal. Alors que je remplissais la cafetière, j'entendis des pas dans l'escalier. Léna apparut, ses cheveux encore en bataille et son regard un peu perdu.

— Bonjour, murmurai-je. Bien dormi ?

Elle esquissa un léger sourire.

— Mieux que je ne l'aurais cru. Merci encore pour hier soir…

— Tu n'as pas à me remercier, répondis-je en lui tendant une tasse.

Nous partagions un moment silencieux, seulement troublé par Mimi qui courait autour de nos jambes. Mais ce calme ne dura pas longtemps.

Le téléphone de Léna vibra sur la table. Son visage se figea en voyant le numéro affiché. Elle décrocha immédiatement.

— Allô ? Oui, c'est moi.

Je vis son expression changer en une fraction de seconde. Ses doigts se crispèrent autour de la tasse, et son regard paniqué rencontra le mien.

— Quoi ? Non… d'accord, j'arrive tout de suite.

Elle raccrocha brusquement.

— Ma mère… elle a eu une autre crise.

— Prends ton manteau. On y va.

Je n'eus pas besoin de lui dire deux fois. En quelques minutes, nous étions dans la voiture, filant vers l'hôpital sous un ciel chargé de nuages noirs.


Le couloir des urgences était bruyant et oppressant. Léna marchait vite, presque en courant, et je luttai pour rester à sa hauteur.

— Je suis là, murmurai-je en posant ma main sur son dos pour la calmer.

Elle hocha vaguement la tête, mais je savais qu'elle n'écoutait qu'à moitié.

Un médecin approcha enfin.

— Mademoiselle Luthor ?

— Oui ! Comment va-t-elle ?

Il hésita un instant, et ce silence me mit mal à l'aise.

— Votre mère a eu une nouvelle crise cardiaque pendant la nuit. Nous avons réussi à la stabiliser, mais… elle est dans un état critique.

— Qu'est-ce que ça veut dire ? lâcha Léna, sa voix tremblante.

— Nous devons envisager une intervention chirurgicale d'urgence, mais elle est très faible. Il y a des risques élevés. Nous devons avoir votre accord pour procéder.

Léna semblait paralysée, incapable de répondre.

— Léna ? demandai-je doucement en la prenant par le bras.

Elle tourna vers moi des yeux remplis de larmes.

— Je ne peux pas prendre cette décision seule.

Je sentis mon cœur se serrer, mais je savais qu'elle avait besoin de moi pour rester forte.

— Je suis là. Qu'est-ce que ta mère voudrait ?

Elle inspira profondément, comme si elle cherchait la force de répondre.

— Elle m'a toujours dit qu'elle ne voulait pas abandonner.

— Alors donne-lui cette chance.

Léna hocha la tête et se tourna vers le médecin.

— Faites-le. Sauvez-la.


Nous fûmes conduites dans une salle d'attente privée pendant que l'équipe médicale préparait l'intervention. Léna marchait de long en large, incapable de rester en place.

— Ça va aller, dis-je en essayant de la rassurer.

Elle s'arrêta soudain et me regarda, la peur visible dans ses yeux.

— Et si ça ne va pas ? Et si je la perds vraiment cette fois ?

Je me levai et pris ses mains dans les miennes.

— Tu ne peux pas penser comme ça. Tu fais ce qu'il faut. Tu lui donnes une chance.

— Mais si elle meurt…

— Alors tu n'auras aucun regret. Tu sauras que tu as fait tout ce que tu pouvais.

Elle s'effondra contre moi, et je la serrai aussi fort que possible, comme si je pouvais absorber une partie de sa douleur.


Le bruit de la porte qui s'ouvre brusquement nous fit sursauter. Le médecin était là.

— Comment va-t-elle ? demanda Léna précipitamment.

— L'opération est en cours. Mais il y a eu une complication.

— Quoi ?

— Elle a fait une nouvelle arythmie pendant l'anesthésie. Nous faisons tout notre possible pour la stabiliser.

Léna blêmit et s'accrocha à moi, sa respiration s'accélérant.

— Respire, murmurai-je à son oreille. Respire avec moi.

Je sentis ses mains trembler, mais elle suivit mes instructions, inspirant et expirant lentement.

— Je ne peux pas la perdre, murmura-t-elle, presque inaudible.

— Tu ne la perdras pas.

Et même si je n'avais aucun contrôle sur ce qui se passait dans cette salle d'opération, je savais que je resterais là, peu importe l'issue.

L'attente était interminable. Chaque seconde s'étirait comme une éternité, et Léna n'arrêtait pas de faire les cent pas dans la petite salle. Je la suivais des yeux, cherchant quoi dire, quoi faire, mais rien ne semblait suffisant.

Elle finit par s'effondrer sur la chaise en face de moi, la tête entre les mains.

— Et si ça se passe mal ? murmura-t-elle, presque pour elle-même. Et si je ne peux même pas lui dire au revoir ?

Je me levai et m'agenouillai devant elle, prenant ses mains froides dans les miennes.

— Arrête. Ne pense pas à ça, d'accord ? On ne peut pas contrôler ce qui se passe là-dedans, mais tu dois avoir foi en ta mère. Elle est forte. Elle se battra.

— Comment tu peux en être si sûre ?

Je n'avais aucune réponse rassurante, alors je fis ce que mon instinct me dictait. Je serrai ses mains un peu plus fort et la forçai à me regarder dans les yeux.

— Parce que tu es là. Parce qu'elle sait qu'elle a une fille qui l'aime et qui l'attend.

Léna ferma brièvement les yeux et hocha la tête.

— D'accord. Tu as raison.

Mais malgré ses paroles, je voyais bien que la peur continuait de la ronger.

La porte s'ouvrit enfin, et le médecin entra. Léna bondit de sa chaise, son visage blême.

— Alors ? Comment elle va ?

Le médecin semblait fatigué, mais il offrit un sourire rassurant.

— Elle est stable. L'intervention a été difficile, mais nous avons réussi à contrôler l'arythmie et à réparer les dégâts.

Léna porta ses mains à sa bouche, les larmes roulant librement sur ses joues.

— Elle est vivante ?

— Oui, mais…

Le « mais » me fit frémir.

— Elle est en réanimation pour le moment. Nous devons surveiller de près son évolution. Les prochaines 48 heures seront cruciales.

Le visage de Léna pâlit à nouveau.

— Et si elle ne se réveille pas ?

Le médecin posa une main compatissante sur son épaule.

— Nous faisons tout notre possible. Vous pourrez la voir dans quelques heures, mais seulement un petit moment. Elle a besoin de repos.

Léna hocha la tête mécaniquement.

— Merci, docteur.

Lorsqu'il partit, elle se laissa tomber sur la chaise, comme si toute l'énergie l'avait quittée d'un coup.

Je m'assis à côté d'elle, posant ma main sur son dos.

— Elle a passé la première étape, dis-je doucement. C'est déjà une victoire.

Elle hocha la tête, mais je pouvais voir qu'elle luttait encore contre l'inquiétude.

— J'ai cru que j'allais la perdre.

— Mais tu ne l'as pas perdue, répondis-je en caressant lentement son dos pour la calmer. Elle s'est accrochée, comme toi.

Léna tourna la tête vers moi, et je vis une lueur dans ses yeux—de la gratitude, peut-être même quelque chose de plus profond.

— Kara… je ne sais pas comment je ferais sans toi.

— Tu n'auras jamais à le découvrir, répondis-je sans hésitation.

Un silence s'installa, mais cette fois, il n'était ni inconfortable ni lourd. C'était un silence plein de promesses non dites.


Nous fûmes autorisées à voir sa mère brièvement. Léna me serra la main si fort alors que nous entrions que je crus un instant qu'elle allait se briser.

La femme allongée dans ce lit semblait si fragile, mais il y avait quelque chose dans son visage paisible qui me donna de l'espoir. Léna s'approcha doucement et prit sa main.

— Maman, murmura-t-elle, la voix brisée. Je suis là. Tu vas t'en sortir.

Ses yeux s'embuèrent à nouveau, mais cette fois, elle se retint de pleurer. Je restai en retrait, respectant ce moment intime, tout en étant prête à intervenir si elle avait besoin de moi.

Lorsqu'elle se tourna vers moi, je vis un éclat nouveau dans son regard—une détermination que je n'avais pas encore vue jusque-là.

— Je vais rester ici autant qu'il le faudra. Mais je ne peux pas te demander d'en faire autant.

Je secouai la tête.

— Tu n'as pas besoin de me demander. Je suis là.

Léna sourit faiblement avant de retourner vers sa mère.


Nous étions rentrées à la maison après avoir passé des heures à l'hôpital. Léna était épuisée mais refusait d'aller se coucher. Je l'accompagnai sur le canapé, et sans même réfléchir, elle se blottit contre moi.

— Je suis désolée, murmura-t-elle.

— Pour quoi ?

— Pour m'accrocher autant à toi.

Je souris et embrassai doucement ses cheveux.

— Tu peux t'accrocher autant que tu veux. Je ne suis pas prête à te lâcher.

Elle leva la tête, et nos yeux se croisèrent. Ce moment-là, ce simple regard, me fit comprendre que quelque chose avait changé. Pas seulement entre nous, mais en moi aussi.

Je n'étais plus là par obligation. Je voulais être là. Pour elle. Pour tout ce que nous pouvions devenir.

Et pour la première fois depuis longtemps, je ne ressentis plus cette peur paralysante de m'attacher.

La maison était silencieuse lorsque nous sommes rentrées. Léna semblait épuisée, mais malgré ses cernes et son teint pâle, elle dégageait une force troublante. Je la suivis dans la cuisine pendant qu'elle préparait un thé, ses gestes légèrement tremblants.

— Tu devrais te reposer, dis-je en m'appuyant contre le plan de travail.

Elle haussa les épaules, évitant mon regard.

— Je n'y arriverai pas. Pas avec tout ça dans ma tête.

Je m'approchai doucement et posai mes mains sur ses bras.

— Alors viens te poser avec moi. Juste un moment. Tu n'as pas à affronter ça toute seule.

Ses yeux rencontrèrent les miens, et je sentis une tension électrique passer entre nous. Pendant une fraction de seconde, j'eus l'impression qu'elle allait reculer, mais au lieu de ça, elle s'abandonna.

— D'accord.

Nous montâmes à l'étage et nous installâmes sur le lit, cette fois sans les duvets ni les barrières invisibles que nous avions créées les nuits précédentes. Léna s'allongea à côté de moi, et je sentis la chaleur de son corps se propager doucement à travers nos vêtements encore légèrement humides.

Elle se tourna vers moi, ses yeux brillants dans la pénombre.

— Kara…

— Oui ?

— Je ne veux pas être seule ce soir.

Sa voix était à peine un murmure, mais elle suffisait à faire battre mon cœur plus vite.

— Tu ne l'es pas.

Elle se rapprocha, et cette fois, ce fut moi qui pris l'initiative. J'effleurai doucement sa joue avant de laisser mes doigts glisser jusqu'à sa nuque. Elle frissonna, et son souffle se coupa un instant.

— Dis-moi d'arrêter si tu ne veux pas ça, murmurai-je, ma voix plus rauque que je ne l'aurais voulu.

— Je ne veux pas que tu t'arrêtes, répondit-elle d'une voix à peine audible.

C'était tout ce dont j'avais besoin. Je capturai ses lèvres dans un baiser tendre, mais il ne resta pas tendre bien longtemps. L'urgence, la peur et le désir accumulés prirent rapidement le dessus.

Ses mains glissèrent sous mon haut, effleurant ma peau et déclenchant un frisson qui me fit haleter contre ses lèvres. Je poussai doucement sur ses épaules pour l'allonger sur le matelas, me positionnant au-dessus d'elle.

— Tu es sûre ? lui demandai-je une dernière fois, cherchant la moindre hésitation dans ses yeux.

— Je suis sûre.

Ses mains agrippèrent le bas de mon tee-shirt, et je l'aidai à me débarrasser de mes vêtements. Ses doigts tremblaient légèrement, mais je sentais aussi l'envie brûlante dans chacun de ses gestes.

Je pris mon temps pour explorer chaque centimètre de sa peau, savourant chaque soupir qu'elle laissait échapper. Ses ongles s'enfoncèrent doucement dans mon dos, m'attirant plus près d'elle, et ce fut tout ce qu'il me fallut pour perdre complètement le contrôle.

Nos corps se trouvèrent, s'accordèrent, dans une danse lente et envoûtante. Le monde extérieur disparut, et il ne resta que nous. Je voulais graver ce moment dans ma mémoire, car malgré l'urgence de nos mouvements, il y avait aussi quelque chose de tendre et d'intime, comme si chacune d'entre nous essayait de réparer les morceaux brisés de l'autre.

Lorsqu'elle murmura mon prénom dans un souffle tremblant, je sus que j'étais fichue.

Nous nous effondrâmes enfin, haletantes et épuisées, mais je n'avais jamais ressenti une telle paix auparavant. Je la gardai dans mes bras, jouant doucement avec ses cheveux pendant qu'elle retrouvait son souffle.

— Tu vas t'endormir, murmurais-je en souriant.

— Pas tout de suite, répondit-elle en levant les yeux vers moi.

— Pourquoi ?

Elle hésita un instant avant de murmurer :

— Parce que je ne veux pas que ce moment finisse.

Je l'embrassai doucement.

— Il ne finira pas.

Elle se blottit contre moi, et je la sentis enfin se détendre complètement.

Alors que la nuit avançait, je restai éveillée un peu plus longtemps, savourant la sensation de son corps contre le mien et le son apaisant de sa respiration. Pour la première fois depuis longtemps, je me sentais entière. Complète.

Et malgré tout ce qui nous attendait, je savais que nous affronterions la tempête ensemble.

Le soleil commençait à poindre timidement à travers les rideaux lorsque j'ouvris les yeux. Léna dormait toujours, blottie contre moi, son souffle calme caressant ma peau. Je pris un moment pour savourer cette quiétude, effleurant doucement ses cheveux du bout des doigts.

Mais la réalité s'imposa rapidement à mon esprit. L'hôpital. Sa mère. L'incertitude.

Léna s'agita légèrement, comme si elle avait senti mon changement d'énergie. Ses yeux papillonnèrent avant de s'ouvrir lentement.

— Salut, murmura-t-elle avec un sourire fatigué.

— Salut, répondis-je en souriant à mon tour. Bien dormi ?

Elle hocha la tête mais son sourire s'effaça presque aussitôt.

— On devrait retourner à l'hôpital. Je dois savoir comment elle va.

— D'accord. Je t'accompagne.

Elle me lança un regard reconnaissant avant de se lever pour se préparer.


Le trajet en voiture fut silencieux, marqué par l'anxiété palpable de Léna. Elle ne cessait de jouer avec ses doigts, un tic nerveux que j'avais déjà remarqué chez elle.

Quand nous arrivâmes, elle se précipita à l'accueil et donna son nom.

— Madame Luthor est toujours en réanimation, lui annonça la réceptionniste. Mais le docteur Matthews voulait vous voir dès votre arrivée.

— Ça veut dire quoi ? demanda Léna, la voix tremblante.

— Je vais le prévenir, une minute.

Nous fûmes dirigées vers une petite salle d'attente privée. Léna fit les cent pas, et je savais qu'aucune parole ne pourrait l'apaiser pour l'instant.

La porte s'ouvrit enfin, et le docteur Matthews entra.

— Bonjour, mademoiselle Luthor.

— Comment va-t-elle ? lança-t-elle avant même qu'il ne s'assoit.

Il sourit, ce qui m'apporta un bref soulagement.

— Votre mère est stable. Elle a passé la nuit sans incident. Son cœur répond bien au traitement, et elle montre des signes encourageants.

— Mais ? demanda Léna, les sourcils froncés.

— Mais nous devons rester prudents. Elle n'est pas encore sortie d'affaire. Les prochaines 24 heures seront déterminantes pour évaluer si elle pourra se réveiller sans complications neurologiques.

Léna s'effondra sur la chaise à côté de moi. Je pris immédiatement sa main, la serrant fermement.

— Elle va s'en sortir, dit-elle, plus à elle-même qu'au médecin. Elle doit s'en sortir.

Le médecin posa une main sur son épaule.

— Vous pourrez la voir dans quelques minutes. Une infirmière viendra vous chercher.

Lorsque nous fûmes de nouveau seules, Léna tourna vers moi un regard rempli d'émotions.

— Je suis soulagée, mais… j'ai encore tellement peur.

Je caressai doucement ses doigts.

— C'est normal. Mais elle est forte. Elle s'est battue jusqu'ici. Et toi aussi.

Léna hocha la tête, mais je vis dans ses yeux quelque chose d'autre, quelque chose qu'elle n'osait pas dire à voix haute.

— Kara… murmura-t-elle. Tu resteras avec moi, hein ?

— Toujours.

Elle ferma brièvement les yeux, comme si mes paroles lui apportaient un peu de réconfort.


Lorsque nous entrâmes dans la chambre, je sentis Léna se crisper à côté de moi. Sa mère semblait si fragile, entourée de fils et de moniteurs qui émettaient des bips réguliers.

Léna s'approcha lentement, prenant la main de sa mère dans la sienne.

— Maman, c'est moi, dit-elle doucement. Je suis là.

Elle caressa du bout des doigts la peau pâle et froide de sa mère.

— Tu n'as pas le droit de me laisser, murmura-t-elle, sa voix brisée. Tu dois te battre.

Je restai près de la porte, sentant que c'était un moment qu'elle devait avoir seule. Mais quand elle se retourna vers moi, les yeux remplis de larmes, je sus qu'elle avait besoin de soutien.

Je m'approchai et posai une main sur son épaule. Elle se redressa, s'accrochant à moi comme à une bouée.

— Je ne sais pas si je suis prête à la perdre.

— Tu n'auras pas à la perdre, répondis-je en la serrant doucement.

Elle hocha la tête, mais je sentis ses larmes trembler sur ma chemise.


En sortant de la chambre, Léna semblait un peu plus apaisée, mais toujours vulnérable.

— On peut s'arrêter au café en bas ? demanda-t-elle soudain.

— Bien sûr.

Nous nous installâmes à une table près de la fenêtre, nos mains entourant nos tasses fumantes.

— Kara…

Je relevai les yeux.

— Merci d'être là. Vraiment.

Je pris sa main sur la table, la caressant doucement.

— Tu n'as pas besoin de me remercier. Je suis là parce que je le veux.

Elle sourit faiblement, mais ce sourire était sincère.

— Tu sais… hier soir… ça signifiait beaucoup pour moi.

Je fus surprise par ses mots, mais je serrai sa main un peu plus fort.

— Pour moi aussi.

Et dans cet instant fugace, au milieu de la peur et des incertitudes, quelque chose de plus solide prit racine entre nous.

Le soleil commençait à descendre derrière les fenêtres de l'hôpital, projetant une lumière dorée sur les murs ternes. Léna et moi étions toujours dans la salle d'attente, nos mains jointes sur la table entre nous. Elle n'avait pratiquement pas lâché la mienne depuis notre visite dans la chambre de sa mère, et je n'avais aucune intention de la laisser partir.

Léna jouait nerveusement avec la bague qu'elle portait au doigt, un héritage familial, m'avait-elle confié plus tôt. Son regard restait rivé sur l'horloge accrochée au mur, chaque seconde semblant peser sur ses épaules.

— Tu veux peut-être marcher un peu ? proposai-je doucement.

Elle secoua la tête.

— Non. Si un médecin vient nous chercher, je veux être là.

Je serrai un peu plus fort sa main, essayant de lui transmettre toute la force dont elle avait besoin.


Le claquement de la porte nous fit sursauter. Léna se leva précipitamment en voyant le docteur Matthews entrer avec un sourire rassurant.

— J'ai de bonnes nouvelles, annonça-t-il.

Léna laissa échapper un souffle qu'elle semblait retenir depuis des heures.

— Elle est réveillée.

— Quoi ? souffla Léna, les yeux écarquillés. Elle est consciente ?

— Oui. Elle s'est réveillée il y a environ une demi-heure. Elle est encore faible et légèrement désorientée, mais elle a reconnu l'infirmière qui s'occupait d'elle. Nous sommes optimistes.

Léna porta une main tremblante à sa bouche, essayant de contenir ses larmes.

— Je peux la voir ?

— Oui, mais seulement pour quelques minutes pour l'instant. Elle a encore besoin de beaucoup de repos.

— Merci. Merci infiniment.

Le médecin acquiesça avant de quitter la pièce. Léna se tourna vers moi, les larmes coulant librement cette fois.

— Elle s'est réveillée, Kara. Elle s'est vraiment réveillée.

Je me levai pour l'enlacer, et elle s'accrocha à moi comme si sa vie en dépendait.

— Je te l'avais dit, murmurai-je contre ses cheveux. Ta mère est forte. Tout comme toi.

Elle recula juste assez pour me regarder dans les yeux.

— Je n'aurais jamais tenu sans toi.

— Tu n'auras jamais à le faire.

Son regard brilla d'émotion, mais avant que l'un de nous ne puisse dire autre chose, une infirmière entra pour l'emmener voir sa mère.

— Tu veux venir ? demanda-t-elle, hésitante.

Je souris doucement.

— Non. C'est ton moment. Va la voir. Je t'attendrai ici.

Elle hocha la tête et m'embrassa brièvement avant de partir avec l'infirmière.


Je restai dans la salle d'attente, laissant Léna avoir son moment avec sa mère. Lorsqu'elle revint environ quinze minutes plus tard, ses yeux étaient rouges mais son sourire radieux.

— Elle m'a parlé, murmura-t-elle en s'effondrant dans mes bras. Elle m'a même dit qu'elle aimait mes cheveux.

Je ris doucement tout en caressant son dos.

— Ça veut dire qu'elle est vraiment réveillée alors.

Léna s'écarta légèrement, son sourire s'élargissant.

— Elle est encore faible, mais elle m'a dit qu'elle se battait pour moi.

— Bien sûr qu'elle le fait. Elle a une fille incroyable.

Ses joues rosirent légèrement à mon compliment, mais son expression devint plus sérieuse.

— Kara… je ne sais pas ce qui m'attend maintenant. Mais je sais une chose : je ne veux pas que tu partes.

Je pris doucement son visage entre mes mains.

— Je ne vais nulle part. Je te l'ai promis.

Elle sourit et m'embrassa, cette fois avec plus de passion et de certitude.


De retour à la maison, Léna semblait plus détendue que je ne l'avais jamais vue. Elle s'installa sur le canapé avec Mimi sur ses genoux et me fit signe de venir la rejoindre.

— Tu sais quoi ? dit-elle en me regardant.

— Quoi ?

— J'ai l'impression de respirer pour la première fois depuis des jours.

Je souris et m'installai à côté d'elle, passant un bras autour de ses épaules.

— Et maintenant ? Qu'est-ce qu'on fait ?

Elle tourna la tête vers moi, son regard doux mais déterminé.

— Maintenant, on arrête d'avoir peur.

Je l'embrassai tendrement, savourant ce moment de paix après tant d'incertitudes. Et même si je savais que d'autres épreuves nous attendaient, je savais aussi qu'on les affronterait ensemble.


Voici la partie 2 Je suis désolé pour l'attente ! J'ai déjà écrit un nouvel Os que je publierais d'ici peu ! Je n'arrivai juste pas à trouver l'inspiration pour ce second chapitre ! J'avais trop d'idées pour pleins d'autres histoires hormis celle-ci ! J'ai deux os en cours sur Kara et Léna et je pense qu'ensuite je vais cloturer, car j'ai pas mal d'idées également pour des histoires avec le couple Régina Mills / Emma Swan avec plusieurs chapitres en tête. Merci énormément pour vos reviews, encouragement, ça fait plaisir !